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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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18/09/2016 01:52
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Quelques corrections ça ne compte pas comme une nouvelle proposition j'espère. C'est tellement mieux ainsi il me semble, merci pour votre indulgence! ;)

Libourne - Samedi 4 Juin, 2h27

Breizito :
- Voilà Jojo, c'est parti en distribil, j'suis dans le Lagen… t'avais raison. C’est comment à Brest ? Y pleut sans cesse j’suis sûr ! M’en fous j’suis à Libourne. Mais vous inquiétez pas, j’reste solidaire moi-aussi je suis sous l’eau. J'vous fais un pok les potos


Brest – Jeudi 2 Juin, 15h31

Jojo:
- Enfin quand même Breizito, nom de doué, piquer du business aux marseillais, t'es pas dingo! Y’a assez de pigeons ici pour pas t'en aller chourer ceux des rascasses encore, c’est quoi c’t histoire toujours ? Tout ça pour de la bigaille j’parie…


Il se fâche bien comme il faut l’poto, moi ça me fait marrer. J’suis pas un p’tit nouveau dans les affaires, j’pars pas sans être chargé. Elle est vieille la pluie d’où j’suis né !

Nan il insiste, l’Jojo :
- Mais quel Torr-penne suissi vas-y toujours Breizito! J'irai pas pleurer sur ton derch' quand tu s'ras plombé kek part j’sais pas où toujours sale grignon !

Mais moi j'ai flairé le bon coup et puis faut que j'me refasse. Z'y verront que chti les Marsellos. En plus le deal se fait à Libourne, du côté Bordeaux c'est pas leur territoire aux rascasses. Et c'qu'ils ne savent pas les potos c'est que moi le temps breton ça commence à me gonfler.

Bref je leur dit:
- Ce plan là, y tombe fiscal les gars. J'envoie la came, je ramasse le blé et j'rentre. Faut s'bouger le derch' si on veut se renouveler en affaires. Marre des rues de Brest en large, long et re large et re long. Je vais voir du pays et j’rentre j'vous dit.

Puis ça s’annonce bien. L’gars au bout du fil a l’air posé, y’m dit :
- 2h22 du mat' Port Moran. Juste à la sortie du pont sur ta gauche, tu prends l'allée des jardins, tu laisses les lotissements, tu files le long des quais et tu tombes sur la zone. Hangar 5FB. 2h22pile, à 2h28 on sera barrés. Compris P’tit Lu? On paye cash et on est discrets, tu vas voir on est de mecs cool, avec nous ça coule.

Bref, n’en plaise à Jojo j'y vais .

Libourne - Samedi 4 Juin, 2h19
J’prend le pont, tout ça, les quais, j’arrive au hangar. J’regarde que mon flingue est OK, j’vérifie la came, tout y est. Le trip hangar j’sais pas si c’est sensé m’faire de l’effet, y m’en faut d’autres, j’en ai vu des tempêtes par chez moi ! C’est pas les vignerons qui vont m’la faire toujours !

J’me pointe dans le hangar, deux types là-bas au fond. M’attendent, me font signe, RAS. J’m’approche, les salue la main sur mon flingue au cas où… Quand là dans mon dos j’entend :
- Peuchère Fatche de con ! Vé moi cette tête de gobi. Alors gros tu emboucannes la rascasses il paraît ?

Les potos y’a des fois ça ne dit pas que des conneries.

Contribution du : 27/09/2016 01:14
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Ce qui doit être sera
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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La nuit tombait. Dans cette banlieue de Nantes privée d'électricité, ça pouvait être mauvais, se retrouver en pleine nuit, seul. J'avisai une porte et me mis à cogner dessus. Des bruits de pas. Je demande l'hospitalité, on ne veut pas de moi. Je repars.
J'ai fait toutes les maisons du quartier, et personne pour m'ouvrir. Les gens ici n'ont pas encore compris ce qui se prépare. Ils n'en sont pas encore au même point que là-haut, dans le nord.

J'ai poussé la porte d'une caravane pour trouver une mère adolescente, désabusée. Elle a un petit générateur, on mange sous l'ampoule nue en silence, excepté sa fille, qui piaille, ça nous use et nous fait sourire de la voir pleine de vie. La petite couchée, la mère se confie, deux semaines qu'elle attend des nouvelles de son mari, il avait été enrolé pour partir là-haut. Je la rassure comme je peux.

Le matin je repars. J'aurais aimé faire quelque chose pour elles mais je n'y peux rien, et je ne dois pas ralentir. Sortir d'ici. Foutre le camp, passer la frontière, gagner la chaleur, partir encore plus au sud.

La route est bonne, mais aucune voiture, plus d'essence, je fais une grosse trotte. La région n'a pas encore trop souffert, les magasins sont ouverts, je complète mon matériel de bivouac et surtout de provisions pour le feu. Les gens m'observent. La plupart des hommes jeunes combattent, au nord. Suis-je un déserteur ? Il n'y a pas de fuite, juste de la survie. On ne peut pas lutter contre ça. J'évite de m'attarder et je reprends la route.

Cette nuit, dans le champ, je me suis réveillé en sursaut. Cette impression d'être épié, par des animaux dont les yeux phosphorescents me sondent. Après avoir respiré profondément, j'allume la torche et la braque vers l'extérieur. Pas un chat. Je me recouche en m'autorisant à serrer contre moi le doudou de ma fille. Pas pu me rendormir. La pluie crépitait sur la toile de la tente, pour la première fois du voyage je me suis senti seul au monde. La nature, immense, reprenait ses droits sur nous.

Au matin, une caravane passe, ils me prennent avec eux. Direction l'Espagne. Le gars allume la radio. Pas de nouvelles des scientifiques sur le terrain, ni de la milice. On ne sait plus où est le front. Vannes ? Rouen ? Poitiers ? Je précède le mal de quelques jours. Mes amis n'ont sans doute pas eu cette chance.
Page météo. Selon les satellites, depuis deux mois, il pleut sur Brest. Je m'en fous, je suis à Libourne, maintenant ! Je lève la tête vers l'épouse du chauffeur, assise avec moi à l'arrière. Dans ses yeux, un éclat bleu phosphorescent.

Contribution du : 28/09/2016 18:58
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Mon blog, mis à jour toutes les semaines.
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Merci Placebo d'avoir réactualisé ce "jeu"...Voici ma très modeste contribution.

Il pleuvait tant sur Brest, tu t’en rappelles Barbara ? Mouaif, pas sûr qu’elle s’en rappelle la môme Barb’, avec sa tronche éclatée au 11.43, et son corps à moitié tronçonné en lamelle façon jambon d’Aoste. Quant à moi je dois dire que je m’en fous de tout ça, du ciel qui se déverse, qui se répand, du canapé couvert de sang et de l’horreur découverte au petit matin quelque part à côté de la Rue de La Soif.
Je m’en fous parce que je suis à Libourne. Quand on y repense ça a une gueule de cavale ma fuite précipitée de l’Arsenal, cette longue dérive atlantique, avant d’échouer dans ce coin moche et décati de la Gironde.

Libourne, sous-préfecture, traversée par la Dordogne, 24 000 habitants, une église du XIIéme et l’ennui qui suinte à chaque carrefours. Je vais faire quoi moi, maintenant ?
Je sais qui a tué Barbara, je sais pourquoi, et je ne peux pas en parler. Sinon, je vais moi aussi me retrouver avec les tripes en guirlande façon sapin de Noël gore, les yeux passés à l’acide et la langue tranchée pour apprendre les vertus du silence.
Barbara, putain, Barbara…Je repense aux jours d’avant, quand nous étions encore des gamins, quand la blanche n’était pas entrée dans nos vies, quand nous avions des rêves et des envies. Des rêves qui ne consistaient pas à dévaler une montagne de poudreuse birmane en surfant sur le manque et des délires opiacés.
Ma fuite ne semble plus avoir de limite, la pluie non plus qui déjà heurte mon crâne. Il pleuvait hier à Brest, il pleut aujourd’hui à Libourne, je pleure les yeux verts de Barbara.

C’est ce porc d’Andoni qui l’a tué, ou qui l’a fait tuer.

Romano Andoni, citoyen de la République Italienne, grand brun gominé, chaîne en or sur torse velu. Une caricature de Rital, mais une caricature dangereuse, ma gonzesse en témoignera à Saint-Pierre. Elle avait, à mon avis, un peu trop raconté partout que le Andoni question bagatelle il était plus fort pour parler que pour faire. Une mauvaise langue en somme. Et quand on remet en cause sa seigneurie, elle ne s’embarrasse pas d’explications, elle débarrasse plutôt. Surtout quand le « souci » est une pute croate accroc à l’héroïne. Quand même, c’est une belle enflure Don Romano, parce qu’il me fait porter le chapeau, à moi, qui n’ai rien fait de mal. Ou si peu. J’ai juste pas su tenir une prostituée…et emprunté 1 kg de came. C’est peut-être même ça qui l’énerve le plus le Patron en fait.
On ne sait jamais avec ces gens là et leur susceptibilité.
Il pleut sur Libourne après Brest, et il va pleuvoir partout maintenant pour moi, parce que j’ai Il Signore à mes basques, la vie est une chienne.
Je vais reprendre la route, parce qu’en définitive la Gironde est trop triste.

Dans l’autoradio Brel chante « T’as voulu voir Vesoul ».

Contribution du : 29/09/2016 13:42
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Bonjour,
Très joli texte MonsieurF. Je viens de lire Prévert, et vous l'avez superbement incorporé dans le thème de la semaine. Cela donne de l'épaisseur dans votre histoire, mais votre plume y est pour beaucoup.
Perso, je suis passé complètement à côté, car pas très inspiré par le sujet. Mais c'est le jeu ma pauv'Lucette. Et c'est ce qui en fait tout l'intérêt d'ailleurs, se creuser les méninges pour affronter l'inconnu.
Joli Ora aussi. San-antonio poussé à son paroxysme. J'ai pas tout compris mais c'est pas grave. Je vais vous faire une confidence pour San-Antonio, j'ai jamais réussi à dépasser la page vingt, si c'était pas la dix.
Votre balade était sympathique Placedo, mais ça fout les jetons un peu, quand même.
Pour finir, j'ai été à Vesoul, bah... J'irais voir Libourne.

Contribution du : 29/09/2016 20:12
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Bonsoir et merci Personne pour votre petit retour. C'est ma première mini nouvelle sur ce site :) J'ai pris du plaisir à l'imaginer, l'écrire la partager. Savoir comment elle est reçue m'intéresse aussi.
Vivement le prochain défi!

Contribution du : 29/09/2016 20:23
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Merci Personne :)
Je vais aller lire les textes de mes comparses, pas eu le temps encore.

Contribution du : 30/09/2016 08:23
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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Moi aussi, je suis ravie que ce forum ait été relancé ! Je vais me lancer moi aussi... et puis aller lire à présent les textes précédents, ce que je me suis vivement empêchée de faire pour éviter le découragement devant les productions habituellement de qualité de ce forum.
Bon, j'espère seulement que mon texte sera crédible, je suis très nouvelle en nouvelles.


La pluie. Les barreaux de la cuisine. La pluie.
Les barreaux de la chambre. La pluie. Les barreaux des toilettes.
Encore l'eau. Foncine se retourne sur sa vie et ne voit que ça. Ne sent que ça. L'eau le long des vitres, l'eau sous sa peau, elle qui a vidé toute sa jeunesse dans ses larmes, elle qui ne pleure plus mais qui coule en dedans. Oh ! Non, elle ne s'effondre pas, la Foncine, ça non qu'elle n'est pas une qui se laisse couler. Non, elle veut dire que cette humidité de partout coulait comme à l'intérieur d'elle la haine contre lui.
Lui, René. Foncine ne sort pas. Il pleut. Il est jaloux. Il l'a gardée sous les verrous de leur rez-de-chaussée à Brest. Là où il pleut souvent sur la vie de Foncine. René l'a voulue pour lui seul, il a plu des coups sur Foncine - c'est sa faiblesse à Foncine, la violence, elle ne peut pas. Elle cède. Il pleut dans ce souvenir aussi.
Car voilà qu'aujourd'hui tout ça n'est que souvenir, surtout la pluie, et tout ce qui allait avec. Ah ! Elle a bien préparé sa revanche, la Foncine ! Et ce miracle du facteur qui lui a refilé par la fenêtre, un court instant où René était dans la cour, justement son courrier à elle, rien qu'à elle ! SON héritage ! Le début du rayon d'un soleil. Et ce miracle du René, peut-être repéré par les flics, qui adoucit sa séquestration et finit par tolérer les visites de Bretta, la voisine allemande du dessus. Bretta fut son soleil, avant celui d'ici qui lui réchauffe les épaules.
Elle a accompli pour Foncine toutes les démarches pour débloquer cet héritage : une petite maison de paysans en pleins champs à Libourne.
Un soir, Foncine était prête à redevenir Alphonsine. Elle a guetté l'arrivée de René dans la cuisine, tapie derrière la porte. Il est entré, furieux qu'elle ne réponde pas à ses appels. Elle l'a eu au couteau sous la gorge. Un grand coup bien profond, par surprise. Saigné comme le porc qu'il a été toute sa vie. Le bruit de la pluie a définitivement cessé entre les oreilles d'Alphonsine. Elle a rejoint vite fait sa maisonnette. Et là, tend les bras ouverts au soleil qu'elle est allée elle-même s'arracher pour désormais mener sa vie loin de la pluie.
En sirotant sa tasse de thé, Alphonsine songe "Il pleut sans cesse sur Brest, je m'en fous je suis à Libourne".

Contribution du : 02/10/2016 18:27
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L'homme est conduit par l'aveugle qui est en lui- J.Claude Izzo
Poésie et carnets artistiques : https://papiers-relies.assoconnect.com/
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Bonjour MissNode,
Et bien pour une nouvelle de nouvelles, j'ai trouvé ça plus que réussi.
Vous avez su rendre une atmosphère sombre, avec le coupable que vous tuez sans vergogne, bien fait pour lui, et finissez à la fin, libérée, en sirotant votre thé sous le farniente de Libourne.
Félicitation, j'ai beaucoup aimé vous lire.

Contribution du : 02/10/2016 19:58
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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18/09/2016 01:52
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Bonsoir MissNode, moi aussi j'ai beaucoup aimé votre nouvelle :)
Me suis agréablement laissée happer par Foncine et son histoire.

Contribution du : 02/10/2016 23:46
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Très belle histoire MissNode, bravo aux autres aussi !

Contribution du : 03/10/2016 09:22
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