ANIMAL #840 => Bravo,l'idée est originale avec une tension bien amenée à la fin.

Maria #849 => Cela me rappelle le stage d'aide-soignant que j'ai fait dans une maison de retraite. Je suis bouleversé en lisant ce que vous avez écrit car vous avez réussi à me mettre réellement à la place de la personne et je me rends compte à quel point c'est une situation parfois humiliante et triste.

@maria#849. "La vieillesse est un naufrage" avait dit un jour le Grand Charles. Triste fin ! Hâtons-nous donc de rire... le temps presse. Quelle courage il faut aux soignants pour affronter cette déchéance tous les jours. Bravo maria pour ce terrible récit.

Bon, je vous livre ma contribution, un peu plus gaie -enfin façon de voir les choses-. :

Thème de la semaine : LE JOUR SE LEVE


Faut pas pousser…

Je veux bien assumer mon éthylisme mondain, mais je ne m’arrondis tout de même pas du matin au soir et lycée de Versailles (Ha ! Ha !)… ni quotidiennement ; seulement les jours pairs, -un peu plus les années bissextiles, il est vrai-, et pas avant d’avoir bu mon café du matin, enfin celui de 6h35, veux-je dire.

@ maria post 849

La dépendance traitée en si peu de lignes, bravo. Une terrible histoire d'un réalisme poignant.

@ dream post 852

Un vice-versa façon Bérurier, nous voilà dans l'ambiance avec cette histoire ultra courte d'alcoolique mondain.

Merci Annick, Robertus, dream et ANIMAL pour vos retours.

L'inconfort de ces vielles personnes est double : dans leur corps et dans leur regard gêné.

dream post 852
Encore un qui prend son alcoolisme à la légère. Il n'est pas drôle mais pathétique.
Dommage que ta micro soit si courte.

maria #849 : vieillir ainsi, dans tel état de dépendance, est criminel. Merci de tant de réalisme.

dream #852 : un discours entendu maintes fois, de façon moins littéraire. Bonne micro.

LE JOUR SE LEVE

Dans sa poche se trouvaient Les Soliloques de Jehan Rictus, son unique lecture, en ces temps troublés.

"Malheur aux riches/Vive les poilus sans pognon"... Mais à quoi lui aurait servi de l''argent, ici ? Quant à sa barbe, le port du masque à gaz prohibait la pilosité sur le visage...

Edouard souffrait le martyr : les balles des chleus lui avaient criblé les jambes quand, héroïque, il avait tenté de ramener ses compagnons blessés vers la sécurité de la tranchée, après l'assaut. Sans succès. Il avait fourni une cible idéale aux fusils ennemis ; ses blessures lui interdisaient tout mouvement, désormais. Il attendait que le jour se lève pour revoir une fois encore la lumière, avant de rejoindre un monde meilleur...

Ses dernières heures ne furent que souffrance. A l'agonie, désespéré, il appella sa mère, qui connaîtrait sous peu la douleur de ne plus jamais revoir son fils cadet.

Après une nuit interminable, le jour se leva sur le champ de bataille.

Edouard avait déjà succombé depuis une heure.

1000 Caractères.

Dugenou#856. Oui, ils ont souffert dans l'enfer de la Grande Guerre les pauvres poilus, alors que les généraux étaient à l'arrière bien planqués. C'est bien d'en parler afin que nul n'oublie, et même si tu nous as habitué à des bluettes bien plus drôles. Merci !

"... tu nous as habituéS" bien sûr.

@ Dugenou post 856

Eh bien, l'ambiance est morose ce dimanche. Encore une micro-nouvelle terrible de réalisme... Dommage pour ce pauvre gars.

Donc, histoire de repartir sur une note positive (!) :

LE JOUR SE LEVE

A peine entré dans la chambre, il la vit, endormie. Son coeur se mit à battre la chamade : il était en train de tomber amoureux. Il s'approcha, en silence, comme lui seul savait le faire, du grand lit à baldaquin.

Il resta quelques heures à regarder la poitrine féminine se soulever et s'abaisser. Puis il décida de passer à l'action, de troubler quelque peu le sommeil paisible de sa jeune invitée : il embrassa sa gorge offerte, encore, et encore, toujours plus, se rapprochant imperceptiblement de la jugulaire.

C'est le moment qu'elle choisit pour s'éveiller. Plutot que de hurler, le voyant penché sur elle, elle soupira du désir de lui appartenir. Lui y répondit, en la mordant ; le sang coula dans sa gorge, un sang qui lui donnerait la vie éternelle, et dont il s'abreuva, jusqu'à la dernière goutte.

Puis, laissant le corps de sa bien-aimée, sans vie, dans sa couche, il retourna dans les profondeurs du château, s'étendre dans son cercueil, juste avant que le jour ne se lève...

985 Caractères.