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Fantastique/Merveilleux
DaisyLewis : La douleur de l'eau [concours]
 Publié le 07/02/09  -  25 commentaires  -  4509 caractères  -  198 lectures    Autres textes du même auteur

La complainte de l'eau qui meurt sans l'amour des Hommes.


La douleur de l'eau [concours]


Ce texte est une participation au concours nº 8 : Les brèves d'eau (informations sur ce concours).



Il fut un temps où les hommes m’aimaient. Ils me désiraient, me regardaient pendant des heures, s’enthousiasmaient du moindre de mes mouvements, tremblaient en me caressant et entraient en moi en conquérants farouches et fiers. Et moi, je les aimais. Je leur ai tout donné, tout ce que j’avais. Ils m’ont tout pris sans honte ni remords, me vidant peu à peu de ma substance pour ne laisser de moi que quelques traces humides sur des rives asséchées.

Pour eux, je me suis faite petite et délicate courant au cœur des montagnes, fertile et nourricière aux creux des vallons, changeante selon les saisons, mouvante selon les pays. Pour moi, ils ont inventé des dieux pour expliquer mes colères et en ont créé d’autres pour m’apaiser. Ils me priaient pour que je vienne, ils me suppliaient pour que je parte, mais ils savaient mes colères rapides et que de ma fureur renaîtrait la Terre.


Il fut un temps où les Hommes me trouvaient mystérieuse et ne pouvaient résister à mon appel. Pour eux, j’avais inventé la mer, l’océan, des êtres fabuleux, des créatures étranges et des mondes enchantés. Ils écoutaient mes sirènes, partaient à leurs poursuites, rêvant toujours plus fort de trésors immenses et de cités en or. Je les ai laissé me parcourir, tout entière offerte à leur exploration, ne leur cachant que mes plus secrètes profondeurs.

Certains ont voulu me dompter, me soumettre à leurs désirs. Ceux-là me faisaient rire et je les ai laissés se perdre et disparaître dans mes bras. Certains étaient plus tendres et savaient me murmurer des poèmes dans le creux de mon onde claire. Ceux-là me faisaient soupirer et ont obtenu de moi toutes mes faveurs et toutes mes richesses.


Ils m’ont peinte, ils m’ont chantée, ils m’ont célébrée sans trop oser s’approcher. Et puis, ils se sont enhardis. Ils m’ont déshabillée, exposée. Ils ont chassé mes créatures et les ont enfermées. Ils ont cru connaître mon monde, mais ils n’ont trouvé que le silence. Désormais, je n’ai plus de mystère pour eux. Ils pensent connaître jusqu’à la plus intime de mes équations.

Parce qu’ils me croyaient immortelle, ils ont puisé tout ce que j’ai pu leur donner. Ils ont vidé mes océans. Ils ont détourné mes rivières. Ils ont souillé mes rivages et massacré tous les êtres étonnants qui peuplaient mon royaume. Peu à peu, les Hommes ne m’ont plus vue comme la vie, l’origine de toute chose, mais comme une bouteille en plastique que l’on vide et remplit au gré des besoins. Je n’étais plus l’amante, mais une servante. Ils m’ont négligée, délaissée, salie.


Aujourd’hui, je me recroqueville doucement, me retirant peu à peu de la surface de la Terre. Je n’ai plus la force de combattre les déserts, le Soleil ou les vents qui brûlent les Hommes. Je ne sais plus les apaiser par une pluie fine ou le murmure plaisant d’une de mes sources. Ils ne me voient plus. Ils m’oublient. Jusqu’à ce qu’un jour, ils doivent se battre pour m’avoir. Mais, ils ne le font plus par amour. Ils le font pour l’orgueil de me posséder et me vendre. Alors, je me meurs. Je meurs doucement de ne plus être aimée.


Pourtant chaque fois que l’un d’entre eux s’approche de moi, me prend doucement dans le creux de ses mains, quelque chose en moi bouillonne, ronronne et jaillit. Je l’aime tant celui qui pose ses lèvres sèches sur moi et s’abandonne aux caresses de mes fontaines. Celui qui rit en tournant son visage vers la pluie et chante en sautant dans les flaques. Je suis une vieille folle qui a l’espoir insensé de plaire encore à de jeunes amants.

Pourtant, je sais que je peux toujours les faire rêver. Je mettrai à mon pôle des aurores boréales. Je peindrai sur mes étangs mon plus bel arc-en-ciel. Je lisserai vivement la surface de mes lacs. Je libérerai les moutons argentés de la mer et j’arrangerai avec soin mon lit défait. Je leur murmurerai de nouvelles histoires pour les étourdir et qu’ils glissent à nouveau dans mes bras. J’attendrai le coucher du soleil pour tamiser doucement sa lumière et cacher un peu les rides de mes deltas. Et si cela ne suffit pas, j’irai leur dévoiler au plus profond de mes abysses, quelques nouveaux secrets pour les ensorceler.


Il y a quelque part, j’en suis certaine, un doux rêveur prêt à m’aimer. Un seul me suffira pour tout leur pardonner.


Viens, chantent mes sirènes, je t’attends.


 
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   widjet   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Attention, talent !
Voilà un nouvel auteur qui a le sens et l’amour des mots. Le thème est certes commun, mais toute la différence (et le challenge) est là : il y la forme pour sublimer le fond. C’est d’une grande délicatesse, d’une subtile sensualité et d’une douleur sourde (à ce titre, j’ai bien aimer…le titre). Une écriture simple, vraie et raffinée.

Voilà un texte exquis., parmi les mieux écrits du concours.

Bravo Daisy et dommage pour toi : je t’ai à l’œil maintenant.

Widjet
(auteur indaisyrable)

   Bidis   
7/2/2009
L’écriture est impeccable : agréable, planante… L’idée aussi est excellente. Mais...
Mais j’aurais trouvé beaucoup plus fort et plus juste aussi de mettre l’accent sur la pollution, car je crois que c’est cela en fait le problème majeur en ce qui concerne l’eau sur la terre (et de quoi l'eau pourrait le plus se plaindre). Je ne m’y connais pas et je n’ai pas étudié le sujet, mais je crois qu’au contraire de la raréfaction de l’eau que le texte évoque, la mer va empiéter sur la terre et ce sont les inondations qui menacent la planète (on parle de Venise sous eau, des mesures prises depuis longtemps par les Hollandais, etc.)
Donc j'ai regretté de ne pas avoir lu, sous la plume lyrique de DaisyLewis, un passage fort et "scotchant" sur la façon dont les hommes font de l'eau un dépotoir de toutes leurs scories.

   Anonyme   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Dans les premières lignes je me suis laissé prendre au piège. J'aime bien cette forme d'entrée en matière.
La suite de la lecture est un vrai régal.
Ce texte est un redoutable candidat au podium.
Bravo et merci.

   Menvussa   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ode à l'eau. Un texte superbe plein de poésie, plein de vérités aussi.

Bravo

   Anonyme   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Daisy.

Voilà une leçon de vie qui n'est ni trop moralisatrice, ni trop larmoyante, et ça j'aime bien.
j'aime le concept, l'idée de donner la parole à l'eau, quelle qu'elle soit...
Et puis en même temps, si j'apprécie le sujet et le traitement, sisi, j'ai comme un gout de trop peu.
Tout me semble un rien trop impersonnel.
voilà
Parce que quand j'ai commencé à lire, je me suis dit : ah, on va avoir des exemples d'eau (genre le Nil ou quoi), une personnalisation de la douleur... et puis non.
Mais c'est un détail, premier texte que je lis de l'auteure et belle découverte au demeurant, à surveiller, comme le dit Maitre W.
Merci pour ce petit moment poétique.

   Flupke   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une très jolie plume arrive sur Oniris.
Très bien écrit et très agréable à lire. Il y a de la beauté, de la poésie et de la nostalgie dans ce texte. Bonne piste de réflexion sans tomber dans des excès moralisateurs.
Welcome sur Oniris et Bravo ! ! !

   Anonyme   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très joli ce texte tout en finesse et poésie qui n'en fait pas trop et nous emmène au fil de l'eau là où il veut.
Merci beaucoup
Xrys

   Malka   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'eau adulée,adorée devient banalisée, commercialisée...puis se fait séductrice à la recherche d'un doux rêveur pour retrouver la ferveur d'antan. Un texte superbe qui m'a tranportée par son originalité et sa poésie.

   jensairien   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
c'est tellement bien écrit et ressenti que je n'ai pas du tout fait attention qu'il s'agissait d'une métaphore sur l'eau. Je pensais vraiment que l'auteure parlait d'elle.
un instant j'étais suspendu aux mots. La fin m'a un peu déçu, je n'aurai pas voulu qu'elle vieillisse...

   Liry   
7/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un très beau texte, poétique et très agréable à lire.
Merci beaucoup pour ce moment de lecture

   estelane   
8/2/2009
Tout ou presque a été dit : c'est superbe, lancinant de beauté et de réalité. ce texte se lit avec autant de plaisir que celui que l'on a à regarder la toile d'un Maître où tout est suggéré, où tout est dit.
Bravo Daisy : tu es loin d'être un fantôme écrivant !

   Faolan   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une belle écriture pour un texte intelligent.
Bravo. Merci.

   xuanvincent   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Voici un joli texte, où l'eau est aussi vivante qu'une femme, j'ai bien aimé !

   Nongag   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Écrit comme un poème lyrique ou l'eau serait une entité telle un dieu s'exprimant sur les relations qu'elle a avec les humains. J'aime bien. Je trouve l'écriture ample. Cela donne presque au texte une saveur de légende.

Je décroche cependant un peu à partir du paragraphe commençant par: "Aujourd’hui, je me recroqueville doucement...". Je trouve que cela tombe dans un lyrisme un peu facile même si la beauté de l'écriture persiste.

Globalement, un bel exercice.

   Ephemere   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour, je reste toujours critique malgré toutes les qualités, de la belle eau.
Le sujet : des comparaisons et des détails mais pas tous vrais : l'homme n'a jamais pensé qu'il connaissait tout de l'eau (surtout quand elle se nomme mer). L'eau douce se raréfie pas l'eau !
Le style : je me disais, enfin, on peut écrire sans ajouter ces affreux adverbes ; à partir de "Aujourd’hui, je me recroqueville doucement", ils s'enfilent comme des perles dont "doucement" qui apparait trois fois en dix lignes... et une petite faiblesse : "savaient me murmurer des poèmes dans le creux de mon onde claire", me est de trop.
J'ai aimé cette eau qui nous parle, les rides du delta ; les abysses en recèlent des secrets et des amoureux la mer en possède encore beaucoup. Nous aura-t-elle pardonné ?
FMR

   marogne   
8/2/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un plaisir pur.

Un thème banal parce que tellement politiquement correct, mais sublimé par une écriture magnifique et une originalité remarquable.

Oui, on peut faire dans le "fleur bleue" quand on le fait avec talent, et ici, au delà du cliché c'est un texte qui porte.

   melonels   
11/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle écriture, un vrai talent. L'humanisation de l'eau est une belle idée pour ce concours. De plus elle n'est pas n'importe quel humain, elle est une femme, élégante, grande dans différents sens du terme, elle est de pouvoir, elle est la force, elle est la vie...
Bravo et merci pour ces lignes.

   David   
12/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour DaisyLewis,

L'eau est très bien divinisé, un joli morceau dans ce concours.

   Anonyme   
12/2/2009
Je veux bien t'aimer.
Et de toute façon, je t'aime.
Bravo DaisyLewis, ce texte est la raison d'être de ce concours.

   guanaco   
14/2/2009
Un beau plaidoyer.
Des mots simples mais d'une grande portée émotionnelle et sensuelle.Message d'espoir: si l'eau est capable de pardonner, pourquoi l'Homme ne serait-il pas capable de se racheter?
Un joli texte.
Merci
Guanaco

   aldenor   
16/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Il y’a certes de beaux élans poétiques dans ce texte. L’ idée même pour commencer.
Mais le style est entaché de trop d’ approximations. Ces « pour moi » « pour eux » « de moi » sont lourds ; et souvent inutiles.
« Pour moi, ils ont inventé des dieux pour expliquer mes colères et en ont créé d’autres pour m’apaiser » Pourquoi cette nuance entre inventer et créer, au lieu de simplement « … et d’autres pour m’apaiser » ?
« Il me priaient pour que je vienne, ils me suppliaient pour que je parte, mais il savaient mes colères rapides et que de ma fureur renaitrait la Terre » : Je n’y ai rien compris.
« Désormais, je n’ai plus de mystères pour eux. Ils pensent connaitre jusqu'à la plus intime de mes équations ». J’y vois une contradiction, la première phrase étant affirmative : l’eau n’a plus de mystère ; tandis que la suivante nous révèle qu’ils pensent seulement avoir levé tous les mystères…

   Perjoal   
21/2/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe texte !
Mais désolé, la fin est peut-être poétique mais ne tient pas avec le reste. Des milliards d’hommes la pleurent et rêvent de la retrouver comme avant.
En plus, le faite de dire qu’un seul « doux rêveur prêt à m’aimer » changerait tout, alors que l’on vient d’écrire un si beau texte, cela donne un manque de modestie.
Un appel à une conscience de toute l’humanité serait nettement plus porteur.
Mais je reviens, à ma première phrase : ce texte est magnifique.

   Ariumette   
22/2/2009
D'abord félicitation d'avoir relevé le défi de ce concours !
Mon avis : L'idée est bonne mais je trouve dommage que le ton imagé n'arrive qu'en fin de texte. En fait je trouve que le dernier paragraphe ne colle pas avec la nouvelle, et perso, j'aurais préféré une nouvelle pleine de métaphores, d'images au lieu de ces mots qui disent tout directement. Donc merci pour l'idée poétique.

Pas de notation cause concours

   kullab   
15/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce texte est magnifique, j'ai beaucoup aimé.
Dès la toute première phrase, on se perd, tellement on pourrait croire que l'auteur parle d'elle. L'attaque (la totalité du premier paragraphe) est vraiment splendide.
Zut alors, je suis passé à côté de ce texte lors du concours.
La plume est vraiment très, très belle.

   Anonyme   
18/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

je souhaiterai pouvoir utiliser ce textes dans le cadre d'une bande son sur le thème de l'eau et donc souhaiterai être mis en relation avec l'auteur du texte.

merci de me contacter par mail david.decourt@soirsdefetes.com.

D'avance merci, Cordialement.


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