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Les silences de Colombe
Maëlle : Les silences de Colombe  -  II - Passe croisée
 Publié le 06/08/10  -  13 commentaires  -  3898 caractères  -  278 lectures    Autres publications du même auteur

La place restera vide. Pedro a voulu s’y mettre. J’ai refusé.

Un jour en arrivant Colombe s’est installée à côté de Maïwen. Première mi-temps. Où est l’arbitre, qui a sifflé la faute, est-ce que quelqu’un a filmé, je veux voir le ralenti. Colombe à longueur de jour maintenant me tourne le dos.

La veille encore elle était dans mes bras. La veille encore elle me piquait mon taille-crayon, sans un mot, et me le rendait avec un bisou à la sauvette, dans le dos du prof qui n’avait jamais exigé que nous soyons séparés.

Et maintenant, pâle, fatiguée, elle m’évite. Je peux même pas être sûr qu’elle a les yeux rouges. Je ne peux plus m’approcher d’elle : Cindy, Élisa, Maïwen, même Sarah barrent le passage. Protègent sa fuite. Et moi, comme un con, sans savoir quoi dire, j’ai envie de taper sur les murs jusqu’à ce qu’ils s’écroulent, tout pourvu que cette fichue boule dans la gorge, dans le ventre, se dénoue.


- Lorisseau, je vous ai posé une question.


Forcément ça ricane. Forcément, ils le savent, eux. Forcément ils se moquent, tous. Ils pensent : Colombe n’est plus là pour souffler. Elle me soufflait pas. Jamais.


- J’sais pas, m’sieur.

- Rappelez-moi ce que vous voulez faire, plus tard, monsieur Lorisseau ?

- J’sais pas, m’sieur.

- Vous irez loin, Lorisseau. Meyer ?


Je n’écoute pas ce que Joachim raconte. Il y avait Colombe, à côté de moi, sérieuse, chaude, dense, attentive. Je voulais tout partager avec elle, même les cours de géo, alors j’écoutais. Elle est loin, maintenant, je peux voir son dos, sa natte, joli serpent que j’enroulais autour de mon poignet, son oreille… Jamais elle ne se retourne. Elle est à l’autre bout du monde, je ne sais même pas pourquoi elle est partie.


+++


C’est elle qui a souligné « aimer », elle qui a écrit « désir », et moi qui ai demandé :


- C’est différent ?


Je savais qu’on ne parlait déjà plus du poème. Son T-shirt un peu court avait dévoilé une petite bande de peau, très blanche, visible seulement quand elle se penchait. J’avais terriblement envie de passer le doigt là, de sentir la chair chaude et élastique, douce. Elle ne répondait pas à ma question. Elle a mordillé son crayon, s’est tournée vers moi, m’a embrassé, dans le cou, sur le menton, sur les lèvres, et j’ai espéré très fort m’être bien rasé le matin. J’ai osé poser un doigt sur son dos, juste entre le pantalon et le haut et je l’ai promené, deci delà, sur la peau nue. J’ai remonté son T-shirt, juste un peu. Quand elle s’est retournée pour m’embrasser mieux, un stylo est tombé. On a compris que le français, ce serait pour plus tard. J’ai avalé ma salive, un peu difficilement, et j’ai proposé :


- On va dans ma chambre ?


Elle a hoché la tête, et ça voulait dire oui.


+++


Cordons-bleus - épinards. Hors de question. Je refuse. De toute façon j’ai pas faim. Pedro me rattrape alors que je m’éloigne.


- On se fait un kébab ?


Je secoue la tête. Envie de rien. Sauf que Pedro insiste, avec sa tête de petit chien.


- Si, allez, j’t’invite.


Il fait la conversation tout seul. Les profs, les épinards, Octave de seconde E qu’a pété sa chaise en cours d’anglais, Bertin était furax. Il raconte avec tellement de verve qu’il arrive à me faire rire. Forcément, ensuite, on parle rugby.

Je picore une frite après l’autre. Plus je mange, plus j’ai faim. Pedro a raison, faut qu’on assure pour le prochain match. On est pas assez précis, même si en mêlée on craint plus personne. En tout cas… si les autres sont restés au même niveau. C’est la première année qu’on a une équipe capable, ce serait con qu’on arrive pas au moins au match inter-région. Pedro me fixe. Je baisse la tête. J’ai compris.

Au moins j’ai mes affaires.

On passe prendre des chocolatines à la boulangerie.


- Trop diététique !

- Si avec ça on pionce pas tout l’après-midi !


Ça fait du bien.


 
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   placebo   
6/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
j'ai eu un peu de mal avec les premiers paragraphes, croyant que c'était véritablement dans un stade. remplacer ''place'' par ''chaise'' changerait beaucoup je pense, mais la comparaison serait moins vraie.

manque une virgule sans doute après ''en arrivant'', peut être d'autres.

''Cindy, Élisa, Maïwen, même Sarah barrent le passage.'' le pluriel fait bizarre, peut être mettre un ''et'' avant même ?

Lorisseau... ouah, j'ai l'impression de lire ''les quatre cents coups'' ou un folio jeunesse qui a bercé mon enfance ^^

les négations ne sont complètes qu'à certains moments, les plus graves (ou denses) : c'est voulu je pense ? par contre, ''Je peux même pas être sûr qu’elle a les yeux rouges. Je ne peux plus m’approcher d’elle'' ça détonne un peu.

très épuré, plus encore que l'autre. la brièveté rend la relecture aisée, mais bon... est-ce que ''quelque chose'' s'est, par exemple, ''brisé'' en elle lors de sa première (?) fois ?... j'espère que l'auteur a réussi à trouver une suite intéressante, je lirai volontiers les chapitres suivants.

bonne continuation,
placebo

   brabant   
15/8/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Maëlle,

Bon j'ai compris, ça fait du 15 ans et il y a de l'eau dans le gaz. Le garçon "comme d'hab" est le dernier à savoir ou comprendre pourquoi... Les autres chuchotent ou se marrent ou font les deux. Bien vu.

Bien ! le rappel du poème et le petit jeu amoureux (jeu de mots) : "désir".
Qu'a-t-il bien pu se passer dans cette chambre ? Bonne idée que d'ouvrir une piste. Je rappelle que Michel Sardou lui-même n'avait pas voulu : Tu voulais faire l'amour. Comment fait-on l'amour ? Tu n'avais pas seize ans. Je ne suis pas un géant... etc... Alors ? Qu'est-ce qui a pu ne pas se passer, que le benêt il a pas compris ?

On est heureux de voir qu'une péripétie ? amoureuse ne coupe pas l'appétit d'un gamin de quinze ans.


Bon, y a pas encore le feu à la maison. Ni au roman. (lol)

   Anonyme   
15/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Difficile de commenter les bouts d'un "tout"... j'aime vraiment toujours bien, le ton, qui ne me fait pas douter un seul instant de l'univers qu'il décrit, des sentiments, cela fonctionne toujours à merveille pour moi...

   Perjoal   
1/9/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien le ton mais l'ambiance me fait peur. J'espère ne pas deviner la fin, elle ne me plairait pas...

   Anonyme   
28/11/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est mieux déjà, il y a plus d'assurance.
L'expression "deci, delà", trop poétique, trop littéraire, m'a dérangée : ça ne colle pas avec le registre employé dans le reste du texte.

"C’est elle qui a souligné « aimer », elle qui a écrit « désir », et moi qui ai demandé :

- C’est différent ?

Je savais qu’on ne parlait déjà plus du poème."

Joli ...

Une Colombe à tresse, ça me fait penser à un personnage de Malikfa Ferdjouhck dans "Enid".

   Anonyme   
16/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Coup de cœur. J'ai lu les autres commentaires mais personnellement, je n'ai rencontré aucun problème à la lecture. C'est clair, précis, ca va droit au cœur. On se sent directement dans la peau du personnage (pourtant je suis une fille) et on a vraiment envie de le comprendre.
Le seul passage que j'ai trouvé délicat dans le sens était : "Je n’écoute pas ce que Joachim raconte. [...] je ne sais même pas pourquoi elle est partie." Un peu délicat dans le mélange du passé et du présent, souvenir et réalité, mais en faisant attention aux temps cela passe très bien, et cela correspond parfaitement à l'ambiance.
D'ailleurs, j'apprécie beaucoup cette ambiance, crée aussi grâce à un style d'écriture assez particulier. J'aime beaucoup !

   David   
17/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Ultra rapide, mais assez fort, la "scène du ban" au début, entre les deux ados, celle des émois aussi, encadré comme un poème avec les deux points d'interrogation, l'un en suspend, l'autre assouvis, c'est pas mal... j'ai toujours pas compris le truc de l'image footballistique, qui se fait dribbler dans cette passe croisée...

   Anonyme   
6/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve que c'est un petit peu mieux. J'aime bien l'intrigue de savoir la suite, de voir ce qu'il s'est passé. Ca ressemble à la réalité car on dit que tout le monde se moquent de lui et en réalité, dans chaque classe, il y a toujours quelqu'un de qui se moquer même si là c'est pour une chose spécial. J'ai fort bien aimé, je trouve que c'est facile et agréable à lire.

   monlokiana   
18/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C’est un peu mieux que le premier chapitre. On sent plus les personnages, les émotions, ce qui se passe.
Le « français-parlé » revient mais je le comprends mieux dans cette deuxième partie que dans la première…
Petite remarque :
Je peux même pas être sur qu’elle a les yeux rouges. Je ne peux plus m’approcher d’elle. »

Je ne comprends pas pourquoi l’auteur a omis le premier « ne » et pas le dans la deuxième phrase. Ce serait : « Je peux plus m’approcher d’elle. »
Comme dans le premier chapitre, c’est toujours la même écriture fluide, rythmé, même si je me suis un peu ennuyée de sa conversation avec son ami.
L’envie de connaître la suite est toujours en moi. N’est-ce pas le plus important ?

   Anonyme   
11/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un deuxième chapitre qui nous laisse sur notre faim (haha, pas comme le narrateur!). Le changement d'attitude est un peu brusque, mais bon, c'est vrai qu'avec un bon pote, on peut provisoirement mettre ses problèmes entre parenthèse. A ta place, j'aurais seulement fait correspondre le changement d'humeur au changemen de style : tu le laisses très haché, comme au début, et c'est dommage puisque la correspondance s'effiloche !
Je ne tiens plus, je vais au chapitre 3!

   carbona   
5/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien
"Un jour en arrivant Colombe s’est installée à côté de Maïwen. Première mi-temps. Où est l’arbitre, qui a sifflé la faute, est-ce que quelqu’un a filmé, je veux voir le ralenti. Colombe à longueur de jour maintenant me tourne le dos. " < est-on vraiment dans les gradins d'un match ?

Les scènes s'enchaînent sans préavis dans ce chapitre : le stade, la salle de classe, le déjeuner et le flash-back déjà présent au premier chapitre. Je ne m'y retrouve pas trop mal, sauf le doute pour le stade de foot dont il est fait allusion que très rapidement.

J'aime toujours ici le ton vivace et léger.

En relisant je crois que nous ne sommes pas sur un stade de foot mais bien en classe, l'allusion à l'arbitre sert juste à montrer que le narrateur veut savoir comment ce changement de place s'est instauré.

En ce qui concerne l'écriture, je pense qu'ajouter les marques de négation dans les passages narratifs serait un plus même si le narrateur a 15 ans.

ex : Je peux même pas être sûr qu’elle a les yeux rouges. < je ne peux

Dans les dialogues l'absence de négation n'est pas gênante.

Prête pour la suite !

   MissNeko   
7/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le roman m'intéresse toujours autant.
Une intrigue comlenc à poindre.
À suivre

   Donaldo75   
12/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien
C'est toujours du brut - ce qui va bien avec le rugby par ailleurs mais je passe sur ce coup - et la narration sonne juste alors que je reviens seulement maintenant sur cette nouvelle et que je devrais normalement avoir du mal à m'accrocher; c'est donc bon signe, celui que mon cerveau a enregistré ce style dans ses favoris et a décidé de l'adopter facilement à la lecture même après avoir délaissé la nouvelle pendant plusieurs semaines. J'ai presque hâte de savoir ce qui va suivre, de voir le pitch dramatique prendre une forme plus tangible, de me poser la question du pourquoi et du comment alors que le style est déjà prenant comme des polaroids placés ça et là sur la table.


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