Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


La Philosophie des salades
Nobello : La Philosophie des salades  -  Politocs
 Publié le 28/03/09  -  8 commentaires  -  51511 caractères  -  69 lectures    Autres publications du même auteur

(Définitions* : voir Glossaire, en fin de texte.)

______________________________________



Assis devant ma fenêtre à Soupe, je regarde la Campagne. J'y vois des Politocs qui gestionnent.


Parmi les Zélites - ainsi nommés pour le zèle qu'Ils mettent à préserver un système qui Les fait ce qu'Ils sont -, là, dans les hauteurs, règnent les Politocs.

Les Politocs, membres de la caste des Zélus la plus élevée - en principe ! - dans l'Arrièrarchie, sont donc, en tant que tels, très respectés par la théorie.

On les appelle "Politocs" car ce sont eux qui fondent la Peau Lithique dans des fours spéciaux nommés les Na. Ce doit être très difficile à fondre car, à ce jour, nul n'a jamais vu un Politoc mener à bonne fin une Peau Lithique digne d'être admirée, et surtout pas dans les Na.


On entend parfois des Jan* dire qu'Ils vendent en douce toute leur Peau Lithique aux Étranges.* C'est peu probable : malgré ce que prétendent nos Politocs, leur Peau Lithique intéresse peu les Étranges, qui le sont parfois moins qu'on le dit.


Dans les Na, les apprentis Zélus apprennent à effectuer de grands gestes apparemment inefficaces. À leur sortie des Na, ils ont droit au titre de Grands Gestionnaires et sont immédiatement embauchés par Les Ta* qui les paye pour ça.

Personne n'a jamais vu cette gymnastique étonnante - qui serait ridicule si elle était moins visiblement profitable - générer le moindre résultat probant au bénéfice de la collectivité.

Mais les Politocs ont aussi appris à nous faire croire qu'il y aura des merveilles dès l'année prochaine, ce que beaucoup d'entre nous feignent de gober pour ne pas les peiner. Parce que, contrairement à ce que pourrait laisser augurer leur réputation d'opportunisme égocentré, les Politocs intéressent les gens. Ils font d'ailleurs tout ce qu'il faut pour ça, et c'est donc moins anormal qu'il y paraît.


Les Politocs sont fins psychologues : Ils ont également appris à nous laisser croire que c'est nous qui leur laissons croire qu'Ils nous ont fait croire à leurs salades.

Ça nous permet de croire que nous ne sommes pas dupes, et tout le monde est content. Enfin, c'est ce qu'Ils croient.


Il est un noble jeu, pour les Politocs, auquel seuls les plus élevés dans leur Arrièrarchie interne peuvent prétendre.

Il s'agit, pour ces acrobates de la psychologie citoyenne, de faire - contre toute vraisemblance et malgré leurs engagements solennels - exactement ce qu'ils ont décidé, même et surtout si c'est cynique ou idiot. Les vainqueurs sont ceux qui, après avoir gravi des sommets de malhonnêteté, d'indécence ou de crétinerie, se montrent assez retors pour échapper en toute légalité à une éventuelle réparation, fût-elle symbolique.


Les Politocs sont très joueurs. Ils perdent à leurs jeux des sommes absolument indécentes, mais ça n'est pas très grave car ils ne jouent jamais avec leur propre urgent.


L'urgent est le nom officiel de notre monnaie, mais tout le monde l'appelle "le frisc". L'origine de ce surnom se perd dans la nuit des temps, mais la Tradition raconte que l'on a ajouté une cinquième lettre à "fric", mot antique et populaire désignant l'urgent, afin que tous se souviennent qu'une entité terrifiante appelée "Fisc" exigeait que lui soit remis sans délai un cinquième de l'urgent concerné chaque fois qu'il s'en échangeait quelque part dans le pays. Certains prétendent même que son appétit insatiable, loin de se satisfaire de ce tribut fabuleux, le poussait à inventer mille usages vains et compliqués pour l'augmenter encore.

Mais tout ceci est trop exagéré pour ne pas être qu'un tas de balivernes que les vieux pourraient raconter s'ils n'étaient pas tous plantés devant la fenêtre à Soupe…


Ils se livrent à cette inactivité dans des maisons faites pour les garder inodores, incolores et sans saveur. Ces maisons de re-traite* sont pensées spécialement pour ne pas déparer les rues en y laissant trop de vieux : leur présence fait contraste avec les belles affiches pleines de beaux jeunes Jan présumés nous donner très envie des produits toujours plus renouvelables que nous concoctent les Zélites.

De surcroît, certains égarés irresponsables pourraient y trouver prétexte à exercer leur nature perverse, et se mettre à réfléchir à un mode de fonctionnement plus gratifiant, qui mène éventuellement ailleurs qu'à la désespérance. C'est donc pour satisfaire aux nécessités évidentes du bien-être collectif que la plupart des vieux s'ennuient avant d'en mourir.

C'est ruineux et efficace : désormais, pour la plupart des Jan, la mort - qui ne s'envisage que par accident ou maladie - n'est vraisemblable que pour les autres.

Et encore : la fenêtre à Soupe nous présente souvent un type vêtu d'un Se-moquing* et montant un escalier pour aller chercher un Hochet à Zélites* bien qu'il ait été, la veille, déchiqueté à la tronçonneuse dans un thriller minable. Alors la mort, vous pensez...

Pourtant, mon voisin - qui est un très vieux vieux à présent, mais que j'ai toujours connu vieux - me fait plus croire en la vie que tous ces Jan tellement affairés à essayer de changer de caste sociale.


Quand, après une orgie de Soupe ou un discours de Politoc, je me sens confus et déprimé, je vais à sa rencontre et il me rappelle qui je suis, juste parce qu'il est là.

Il est tellement ridé que ça lui fait un sourire permanent, et ses yeux, fatigués d'en avoir tant vu, parlent et rient pour compenser. Il m'a beaucoup appris, et mon respect lui est probablement moins cher que ne me l'est son amitié.


Je crois que ça le repose, d'être vieux.

Parmi les vieux, certains font tout pour ne pas qu'on les prenne pour des vieux. Mais on voit très bien qu'ils ne sont pas des jeunes non plus. Occupant donc peu de place dans l'esprit des Jan, ils sont bien tolérés. D'autant plus qu'ils ont le tact de ne jamais parler de leur peur de leur mort, ce qui nous évite d'avoir peur de la nôtre.


Moi, je n'ai pas peur de la mort car, pour me prémunir contre les accidents, je paie régulièrement des assurances.

Les assurances me sont fournies par un Jan habillé comme un Zélite, qui m'assure régulièrement que rien ne peut m'arriver. C'est cher, et on doit en prendre de plus en plus pour être vraiment soulagé, mais je ne me sens pas capable de supporter les tortures que les Nymphos* promettent à ceux qui prétendraient s'en passer.

En plus, l'Aloi a rendu certaines assurances obligatoires, et j'essaye toujours de respecter l'Aloi, même si je sais que je n'ai pas l'ombre d'une chance, étant donné sa complexité tant croissante qu'adaptable.


L'Aloi est une grande entité régulatrice qui régit nos existences. Elle est une émanation concrète de la volonté des Politocs passés et présents à qui, du fait, elle voue une reconnaissance indéfectible.

Aucun Politoc ne saurait être sérieusement importuné par l'Aloi si des Zélites plus puissants ne l'autorisent pas, car personne de sensé ne se mutile volontairement sans nécessité. Cependant, quand une gangrène ou une autre se déclare à un doigt, il serait dangereux de reporter l'opération. Tout l'art de ladite opération consiste à sectionner au bon endroit afin de préserver ce qui peut l'être en se débarrassant intégralement du pathogène. Au nom de l'Aloi.


Il existe plusieurs lectures de l'Aloi. La première nous est destinée : elle est rigide, absconse, et démocratiquement incontournable. La seconde, réservée aux Zélites, est fluctuante, aléatoire et sensible à l'influence personnelle de celui qui la revendique, en même temps qu'à l'épaisseur de son Portefeuille.


Un Portefeuille est une sorte de petit temple portatif duquel nous sortons régulièrement des papiers colorés de telle façon qu'on puisse croire qu'ils ont une valeur autre qu'esthétique. L'Urgent se présente souvent sous cette forme.

Les Zélites nous les donnent contre notre travail ou leur plaisir, et nous les rendons aux Politocs en nous acquittant des taxes, impôts, prélèvements ordinaires et extraordinaires, contributions, cotisations, enregistrements, remboursements, participations, amendes, pénalités, vignettes, intérêts, assurances, péages, redevances et d'autres encore que j'oublie...

S’il nous en reste un peu après les ponctions obligatoires, nous en profitons pour payer en retard un peu de l'intérêt de nos crédos, contractés dans l'ivresse afin d'acheter ces coûteux sacs de billes multicolores que nous nous montrons les uns aux autres avec fierté.

C'est en une référence complice à nos billes que les Politocs ont nommé ces images de papier froissable des "billets de Branque".


Parce qu'ils savent bien que toutes les richesses du monde ne suffiraient pas à payer la contre-valeur indiquée sur les billets de Branque - même si l'on décidait de circonscrire de façon drastique ce remboursement aux monnaies présumées sérieuses - et afin de limiter l'ampleur de notre éventuelle déconvenue, les Zélites préfèrent, conscients qu'ils sont du risque encouru, conserver par-devers eux la plus grosse partie de l'urgent, nous préservant ainsi du danger. Puisse le bien qu'ils nous font leur être rendu au centuple.


L'urgent est donc détenu par les Branquiers, qui sont l'une des sectes des Zélites parmi les plus puissantes, bien que se désirant ardemment comptée parmi les plus discrètes.


Toute l'adresse d'un Branquier consiste à détenir votre urgent en vous faisant croire que vous en avez plus, alors qu'il ne vous a refilé en échange qu'un carnet de papier ou un bout de plastique. L'un et l'autre, soumis aux mystérieux rituels Zélites, sont supposés témoigner de ce que vous êtes toujours possesseur de l'urgent qui, bien entendu, ne bouge plus qu'à regret de chez le Branquier. Lequel Branquier ne peut, souvent, s'empêcher d'en grignoter un peu là où ça ne se voit pas.

Certains Branquiers, manquant de contrôle, croquent beaucoup et cela finit par se savoir, mais tout s'arrange couramment au mieux grâce à la grande solidarité qui unit les Zélites de tous horizons quand ils ne jouent pas entre eux à la Brousse* ou à la Peau Lithique.

Il y eut des cas d'école, comme celui du Sacré Dylionnais dont les dirigeants avaient fait de la fonte de plombs une spécialité.

Mais ils avaient fondu vraiment trop de plombs, et s'étaient servis pour les fondre de l'urgent que les Jan avaient déposé dans leur Branque ; ça faisait mauvais effet sur l'opinion.

D'autant que les autres Zélites tenaient beaucoup à changer leur urgent de Branque, pour ne pas déroger à l'usage qui veut que les Zélites soient toujours les premiers servis, fussent-ils les seuls.


On avait eu beau ruiner quelques milliers de Jan sous des prétextes fallacieux, il était évident que manquait quand même l'équivalent de la rançon de 1216 pharaons de bonne taille, et il fallut aux Politocs beaucoup de courage pour prendre, la mort dans l'âme, la décision de faire payer le contributable*.

Afin d’adoucir le sort des dizaines de millions de Jan qui allaient travailler en moyenne un mois chacun pour avoir le bonheur de restaurer la situation des Branquiers, ceux-ci demandèrent aux Nymphos de ne révéler qu'avec parcimonie l'ampleur de l'absence. Quelques Politocs à l'air renseigné trouvèrent le fait scandaleux, et s'employèrent à en cacher le plus possible afin de nous en épargner la vue.

Dans la fenêtre à Soupe, le Parésident du moment fronça les sourcils en entamant l'un de ces jolis poèmes vides dont les Politocs ont le secret, puis finit dans un bon sourire rassurant.


Rassurés, nous sommes retournés bosser : nous avions eu chaud, mais l'Amorale* triomphait. Les choses reprirent leurs cours, et le Parésident - ainsi nommé parce qu'il n'est, traditionnellement, jamais là - put retourner à son devoir : aller, en missionnaire, serrer les mains des Étranges chez eux en faisant semblant de trouver délicieux les mets infâmes dont ils se nourrissent.



La plupart du temps, la fenêtre à Soupe sert la Soupe, mais elle est aussi l'outil principal des Politocs pour comnouniquer.

Ils en usent avec parcimonie car c'est un outil fascinant mais dangereux pour tout le monde, et qu'ils en constatent sur nous les effets à long terme. Chaque foyer, même le plus humble, possède au moins une fenêtre. Les seuls à être privés de Soupe sont les exculs.


Les exculs ont tant subi de vexations, d'injustices et de malheurs divers qu'ils ont aussi, parfois, perdu la capacité à exprimer leur mécontentement, ce qui pousse certains à les envisager comme s'ils bénéficiaient d'une bienheureuse absence de sensibilité anale. Ce n'est pas le cas, ainsi que les exculs tout frais - qui se retrouvent régulièrement dans la rue afin qu'on puisse les compter - en font quotidiennement la douloureuse expérience.


Les Politocs aiment beaucoup les exculs, et c'est probablement pour cette raison qu'ils ne font rien de vraiment efficace pour en faire diminuer le nombre, donnant même parfois le sentiment d'œuvrer en vue de l'accroître. Cependant, par principe, les Politocs répugnent à toucher les exculs ou à se mettre à leur porte pour regarder midi.

Cela s'explique par le fait que les exculs sont parfois porteurs de pathologies dégoûtantes, et qu'ils n'ont souvent pas de porte.

Les Politocs sont, avant tout, pragmatiques.


Régulièrement, on entend les Jan dire des Politocs qu'Ils sont tous, sinon malhonnêtes, du moins stupides, incompétents et totalement dépourvus d'imagination.

C'est faux : certains sont très intelligents et d'autres appliquent très consciencieusement ce qu'Ils ont appris. Mais, aussi différents soient-Ils les uns des autres, Ils conservent en commun une sorte d'incapacité à discerner chez les Jan autre chose que des Nez-lecteurs* ou des contributables.


Pour moi, un Politoc est comme un Jan avec un pantalon à rayures. Derrière les rayures, il y a quelqu'un. Son goût discutable en matière de pantalons ne me fait pas cesser de l'envisager profond, humain.

Il y a, de la même façon, quelqu'un derrière chaque Politoc, mais je ne suis pas certain qu'un Politoc puisse m'envisager comme "quelqu'un".


Car les Politocs nous prennent, a priori, pour des débiles, des moins-qu'eux.


À notre usage, ils pratiquent La Langue du Bois* qui leur permet de se taire avec le plus de mots possible.

La pratique immodérée de ce langage spécifique conduit certains Politocs à se heurter parfois à l'incompréhension populaire, ce qui les contraint à nous ré-apprendre à lire, en tenant compte de certaines finesses sémantiques.

Ainsi, le mot "hausse", lorsqu'il s'applique à un sujet sensible, se prononce parfois "baisse", ou mieux : "allègement".

Il convient alors de comprendre qu'il s'agit, par exemple, d'une baisse de 0,001 % de l'augmentation de 10 % prévue. De même, quand un Politoc parle d'ajuster le tir, et que l'on se sent en droit de s'interroger sur l'identité du lapin potentiel, il y a lieu de ne voir là qu’un aveu d'inanité relatif à son action précédente.

Les Politocs sont de gros consommateurs d'expressions imagées et révélatrices, qu'Ils nous assènent à longueur d'affiches colorées et de discours ternes.


Parfois, Ils nous donnent rendez-vous à la Campagne. Les affiches sont plus grandes et plus nombreuses, les discours pleins de chiffres compliqués et aléatoires qui donnent toujours raison à celui qui les présente.


Pendant cette période, de nombreux Politocs s'adonnent à l'ornithologie* et au particularisme claironnant. Ce dernier point, compte tenu de ce que la vocation première de cette agitation reste, malgré tout, de voir un maximum de Nez-lecteurs se rallier à la bannière de l'orateur, explique en partie l'extrême difficulté de comprendre quoi que ce soit aux déclarations d'un Politoc en Campagne : c'est intenable, même pour des spécialistes de l'ambiguïté rhétorique, ce qu'à l'évidence tous ne sont pas.


Il est très étonnant de constater combien les Politocs désirent ardemment se démarquer les uns des autres sachant que, somme toute, ils mangent au même plat.

Leurs écuelles, par contre, sont différentes : il y en a des bleues, des rouges, des vertes, des blanches. Certaines sont d'un brun sale. D'autres sont tellement bariolées qu'on en discerne mal la couleur dominante. D'autres encore ont été repeintes à de multiples reprises, et leur propriétaire doit mettre un soin particulier à camoufler les couleurs précédentes qui transparaissent toujours plus ou moins à cause de l'usure, car ces écuelles servent beaucoup.


Pourtant, tous peuvent y manger la même chose. Ceux qui bâfrent goulûment en mangent plus et ont souvent les mains sales. À l'opposé, ceux qui tiennent particulièrement à leur réputation de propreté picorent de façon presque ascétique.

À la Campagne, cependant, tous attestent ne se nourrir que de la satisfaction quotidienne du devoir accompli.


D'ailleurs, la Campagne a souvent un effet salutaire sur la manière d'être des Politocs.

L'air qu'Ils y respirent, l'environnement dans lequel Ils évoluent, semblent les rendre optimistes, sympathiques, voire primesautiers. Leur compassion à notre endroit s'éveille alors d'un profond sommeil dont il faut chercher la cause dans le souci constant de notre bien-être qu'occasionne, chez les Politocs, l'exercice du Pouvoir.

Or, pour être ce qu'Ils sont, Ils n'en restent pas moins des hommes, soumis aux limitations humaines. Faute de place disponible dans leurs consciences surmenées, l'altruisme et les autres sentiments associés se trouvent donc parfois tenus de mûrir dans le silence et l'obscurité afin de pouvoir, tel le phœnix moyen, renaître de leurs cendres capables de la formidable énergie dont il faudra faire preuve pour nous convaincre encore lors d'une nouvelle Nez-lecture.


Certains chuchotent que lorsqu'Ils affirment ainsi éprouver cette gamme d'émotions à notre endroit, c'est qu'il convient de surveiller ce qui peut arriver à notre envers. Mais ils sont certainement médisants : il ne peut raisonnablement pas y avoir autant d'hommes et de femmes intelligents et responsables prêts à mentir aussi effrontément pour le seul bénéfice d'un peu plus de puissance, d'influence ou d'urgent.


Car il faut, malgré tout, bien convenir de ce que le gain d'une partie de Campagne, pour un Politoc, reste la promesse du gîte, du couvert et du Pouvoir pendant une durée définie à l'avance. Plus quelques petits à-côtés dont leur modestie légendaire interdit au commun une connaissance autre qu'approximative.


Quand, au terme d'une partie de Campagne, un nouveau Magistrateur Suprême parvient malgré tout aux responsabilités ultimes, il se doit d'imprimer sa marque sur son époque et se livre alors à certains travaux d'envergure, tels le Grand Emprunt des Ta ou l'Anusionalisation.


Le Grand Emprunt des Ta est un rituel Politoc qui vise à persuader les Jan de venir d'eux-mêmes déposer en tas l'urgent qu'ils s'obstinent à dépenser bêtement à des choses indispensables - alors que le Futur attend ! -, puis à l'attribuer adroitement à éponger une partie des conneries de ses prédécesseurs, tout en :

1 °) Se réservant de pouvoir enfin pratiquer les siennes. Ça se mérite.

2 °) Se réjouissant de laisser le tout à son successeur.


Avant tout, Il paie très cher des Initiés. Ceux-ci Lui expliquent comment faire croire aux Jan qu'ils ont décidé eux-mêmes, librement et en connaissance de cause, d'aller poser sous l'aile de l'Aloi les sommes dont les heureux nantis qu'ils deviennent ainsi recevront une partie de l'intérêt payé par les contributables qu'ils restent malgré tout.

Les Nymphos aident beaucoup les Politocs dans cette entreprise.


L'écueil majeur de ce système, c'est que les Jan, lorsqu'ils n'ont plus d'urgent, achètent moins.

Mais quand, après plusieurs années passées à ramer pour nous convaincre que c'était une blague, qu'il faut que tout soit consommé pour croître, et que le Futur attend toujours, le même Chef-Politoc revient nous expliquer sa Vision de notre Avenir d'un air pénétré, tout le monde l'écoute. Sauf les Politocs, bien sûr, mais ça ne compte pas.

Du coup, on se sent pénétrés aussi. Ces chefs sont très forts.


Dans le même état d'esprit, ils peuvent avoir recours à l'Anusionalisation.

L'Anusionalisation, c'est quand les Politocs prennent possession, sous des prétextes futiles, d'une grosse entreprise pour y engloutir le plus de frisc possible, s'aidant pour cette fin des Narks* qui ont fait leurs preuves.

Après un temps variable, quand il n'y a plus dans les actifs de l'entreprise que la moquette et quelques peaux de banane, et que son passif souffre d'une béance financière auprès de laquelle le gouffre de Padirac fait figure de carie dentaire, on procède, grâce à la bonne volonté du contributable, à la Recapitulisation.

C'est-à-dire que les Politocs récapitulent les dettes, ajoutent les indispensables commissions au culte, quelques fleurs en plastique, et nous délivrent le tout petit à petit par le truchement des Nymphos. C'est le début de la Désanusionalisation.


Une tradition établie, lorsqu'un barbare étranger au sérail vient poser des questions désobligeantes sur certains points précis de l'opération, consiste à faire brûler les sièges. Mais c'est ennuyeux parce qu'alors plus personne de conséquent n'accepte de s'y asseoir de crainte de se brûler les fesses.


Quoi qu'il en soit, le sympathique contributable déjà cité viendra envers et contre tout verser son obole et participer ainsi à l'édification du gigantesque Hochet - tout en billets de Branque - dont l'édification est absolument indispensable si l'on veut conjurer le sort. C'est une conjuration extrêmement efficace : la preuve en est que l'on n'a pas osé procéder autrement.

Ensuite, on propose au même contributable de se rendre propriétaire d'un petit bout de la formidable idole pour le tiers de son coût, ce qui est une très bonne affaire. On prend son urgent en le félicitant, puis on lui remet un diplôme officiel d'Acheteur de Bout de Hochet Géant, lequel est une preuve opposable aux sarcasmes. Car l'heureux privilégié ne peut arguer de sa possession en l'exhibant : l'idole est vendue morcelée en indivision.

Il ne peut pas non plus prétendre à influer sur le devenir du colosse, même très modestement, car les Politocs ont toujours la sagesse de ne confier les organes de commande qu'à des amis sûrs, afin de préserver l'entreprise des visées perverses et mégalomanes d'affairistes concupiscents.

Les principes fondamentaux de la Démocrassie sont ainsi maintenus, à la satisfaction quasi générale des Zélites.


La Démocrassie est une grande idée. C'est même une très grande idée. Tellement grande que l'on ne distingue jamais vraiment ce qui se passe au sommet.

On a, par contre, une vue imprenable sur son fondement, mais cela ne facilite pas pour autant l'observation minutieuse de ses rouages qui, seule, permettrait d'en vérifier le fonctionnement optimum.

La Démocrassie est là, entre autres, pour protéger les Con-sommateurs* contre ceux qui voudraient prendre l'Àme au Nopole. Elle prend donc parfois elle-même l'Àme au Nopole afin de couper l'herbe sous le pied des imbéciles désireux de perdre autant d'urgent qu'elle parvient souvent à le faire dans cet exercice.


Elle permet aussi de garantir à chacun le droit théorique de faire valoir ses idées sans être inquiété plus que d'habitude. Ses ennemis les plus farouches se servent donc très légalement de ce droit imprescriptible pour revendiquer très haut leur droit à vouloir l'abolir.

Afin qu'ils puissent le revendiquer à l'abri, la Raie Publique* met à leur disposition et à celle de tous les autres Zélus issus des Érections Légistes Hâtives* - on les nomme "Parle-menteurs" pour des raisons évidentes aux initiés - un très vaste et très luxueux local appelé "La Semblée Nationale".

La Semblée Nationale est un endroit très calme, sauf le mercredi où la présence des Nymphos fait sortir les Parle-menteurs qui de sa partie de poker, qui de sa sieste plus ou moins crapuleuse, afin de se livrer à des pitreries de sauvageons devant les caméras.

Hors ce bruyant moment ponctué de beuglements incivils, de sifflets qualifiants et de claquements de pupitres tapageurs, l'endroit est d'un calme qui pourrait être déprimant si l'on songeait à ce qu'il coûte : huit cents S.M.I.C.* par Zélu et par an. Même tout compris, et sachant qu'ils sont presque six cents, ça fait cher l'heure d'absence.

Car les Zélus ont la possibilité de se remplacer par des bouts de papier qu'ils confient à celui de leur clan qui, du fait d'une digestion laborieuse, préfère malgré tout finir sa sieste dans Les Mi-cycles*, quitte à subir les ânonnements de l'orateur du moment.

Certains prétendent que cette pratique est difficile à justifier relativement au particularisme claironnant revendiqué plus haut.

Les Politocs, cependant, parviennent très efficacement à convaincre les Zigouilleurs de Zoziaux de Passage ou les Éleveurs de Poireaux de Combat, voire les Amateurs de Salade Vierge, qu'Ils se sont occupés personnellement de leurs desiderata particuliers. C'est leur métier.


Parfois, dans des cas exceptionnels, quand Ils ne peuvent vraiment plus faire autrement ou qu'Ils sont sûrs de l'emporter, les Politocs en place ont recours au Révère-un-homme. Ce jeu - qui n'est pas gagné d'avance - consiste en nous convaincre que, bien que parvenus aux Affaires, Ils sont devenus honnêtes, responsables et intelligents et que, en conséquence, c'est agir sagement que d'approuver ce qu'Ils décident.

Afin de pas saturer notre compréhension, Ils nous proposent alors d'exprimer notre avis par "oui" ou par "non", ce qui est malaisé pour répondre précisément en son âme et conscience à une question comme :


Pensez-vous que l'indispensable augmentation de l'indemnité Parlementeuse doive être financée par l'incontournable diminution de l'aide aux nécessiteux, ou qu'il est préférable de dégager ce budget légitime en faisant payer le bon citoyen productif et méritant - vous, peut-être - ?

Après l'angoisse tendue du Dépouillement, à l'occasion duquel les représentants des partis en présence se cherchent des poux dans la tête, on annonce avec soulagement que la raison l'a emporté. C'est bien le moins, au regard des sommes faramineuses englouties au cours de la Campagne afin de nous indiquer autant de fois que nécessaire où se trouve ladite raison, ce qu'elle mange et comment il convient de l'envisager.

Le Politoc à l'origine de l'affaire reçoit donc les honneurs qui lui sont dus, en rosissant du plaisir d'être, une fois encore, l'homme que l'on révère.

Cette pratique malgré tout courageuse est cependant tombée quelque peu en désuétude depuis qu'un vieux et très grand Chef Politoc y a, contre toute attente, perdu ses Pouvoirs. Les lois de la Raie Publique sont ainsi faites.


La Raie Publique est la représentation hautement subjective de nos aspirations communes aux Politocs. Elle se situe – virtuellement - sur la ligne de démarcation qui sépare, à la Semblée Nationale, les deux tendances majoritaires, d'où son nom. Notre Semblée Nationale adopte souvent la raie au milieu - ou quasiment -, même si elle prétend le contraire.

La Raie Publique est Une et Invisible, Elle est un concept, le ciment qui unit tous ceux qui sont nés ici même s'ils sont parfois nés ailleurs, et qui parlent la même langue avec plus ou moins de bonheur.

Beaucoup de nos ancêtres et de ceux de nos voisins sont morts pour Elle, et nous devons être prêts à en faire autant. Même si les ardeurs martiales individuelles se sont tempérées depuis que les affiches brillamment illustrées d'allégories glorieuses ont fait place aux gros plans de tripes humaines éparpillées que les Nymphos nous distillent à l'heure des repas, entre deux Pubs* prônant l'efficacité de serviettes périodiques, de dragées laxatives ou d'un nettoyant W.C., démonstration à l'appui.


Les Politocs ploient sous le poids de responsabilités qui seraient insupportables à n'importe quel être humain normalement constitué. Les conséquences de leurs actes sont parfois très lourdes, et Ils doivent, une fois de temps en temps, en justifier devant l'opinion.

Cela conduit éventuellement à de terribles punitions qui peuvent aller jusqu'au Blâme Officiel.


Dans les cas les plus ignobles, lorsque certains Politocs dévoyés ont pris illégalement plus d'intérêts ou trafiqué plus d'influence qu'il n'est raisonnablement admissible, les sanctions sont impitoyables. Au-dessus d'une certaine somme et en l'absence d'appuis sérieux, il arrive qu'Ils soient condamnés à la même peine qu'un voleur à la tire récidiviste ou que le petit copain d'une prostituée, même s'il la croyait chaisière au parc Monceau.

Encore la Justice s'acharnera-t-elle sur le Prince déchu en lui interdisant pour un temps raisonnable de raconter des salades aux Nez-lecteurs : rien n'est trop dur pour celui qui se fait prendre !


Les Politocs ont une haute idée de la Justice. Afin d'être certains de l'adhésion de celle-ci à l'image qu'Ils se font de la moralité, Ils nomment aux postes de décision des pro-Zélites dévoués qu'Ils n'hésitent pas à faire chercher en hélicoptère si le besoin s'en fait sentir. Jusque dans l'Himalaya, s'il le faut !



Sectaire par nature, un Politoc conçoit difficilement l'existence d'options différentes de la sienne à propos du cours des choses, fut-Il confronté à l'évidence du contraire.

Pourtant, tout aussi sensible que le premier imbécile venu aux influences pernicieuses, il arrive qu'Il cède à l'appel de sirènes dont la première vertu est d'avoir su mieux que les autres le caresser dans le sens du poil. L'intéressé clamera alors volontiers son adhésion pleine et entière à son nouveau credo, ce qui n'a rien d'une périphrase : fasciné par sa conviction toute neuve, Il s'y cramponnera contre vents et marées, tendance arapède.

Ainsi, après avoir été longtemps des adeptes convaincus de la laïcité, de nombreux Politocs sont devenus en quelques décennies les tenants irréductibles d'une religion dont l'objectif avoué est de prospérer encore et toujours, jusqu'à ce que ce que rien ne se puisse plus concevoir en dehors d'elle.

Elle a pour nom Déconomie, mais certains l'appellent "le Libéralasthme", peut-être en référence à la sensation d'oppression thoracique dont souffre une forte proportion de Jan dans les secteurs qui lui sont acquis. Il est à noter - sans, d'ailleurs, vouloir en tirer de conclusions hâtives - que plus les Jan sont pauvres et moins ils respirent facilement en sa présence, alors que les Zélites semblent s'y épanouir. Avec, cependant, le souci constant d'éviter la crampe maxillaire qui les guette du fait de la permanence de leur large sourire.


Les lois de Déconomie, qui sont, en substance, un garde-fou social contre les inconséquents qui voudraient édifier des garde-fous sociaux, prônent donc la liberté de laisser crever de faim, de honte ou d'ennui ceux qui, par laxisme ou mauvaise volonté, se refusent à l'imprégnation bienfaisante en sa Suave Vérité.

Chacun y est libre de faire ce qu'il veut, surtout s'il est riche, étant entendu qu'il reste aux autres toute latitude à s'y essayer tant mal que pire.

Afin de nous rassurer sur notre avenir, nous bénéficions régulièrement des Prévisions Déconomiques, qui sont à la pertinence sociale ce qu'un préservatif en soie brodée est à la dissémination des maladies sexuellement transmissibles.

Ces prophéties nous sont régulièrement délivrées avec largesse par les Nymphos, et rappelées par les Politocs pour servir d'étais à des théories plus ou moins stables. Ces mêmes Politocs, tournés qu'Ils sont vers l'avenir, perdent facilement de vue les Prévisions qui jonchent le chemin parcouru, et cessent totalement de faire allusion aux dernières en date aussitôt que s'en profile une nouvelle salve à l'horizon. Sauf le cas très rare d'une Prévision exacte…


Il est largement reconnu que les Politocs souffrants d'amnésie sélective - la quasi-totalité d'entre eux, en fait - sont aussi sujets à des accès de colère plus ou moins froide et toujours indignée vis-à-vis des indélicats qui, sous prétexte de débat libre ou d'interview-vérité, ont le mauvais goût de provoquer une crise très inconfortable pour le pauvre malade, en exhumant une actualité obsolète qui semble le desservir aux yeux de l'opinion.

Le malheureux est bien à plaindre qui, faute de se souvenir, se trouve dans l'incapacité de se justifier de façon cohérente !


Comme tous les enfants de toutes les écoles de notre Nation, les Politocs aiment avoir une belle image. La satisfaction des premiers s'avère toutefois moins coûteuse, à maints égards : outre les cours de travestissement de l'allure, du comportement, des émotions et de la diction dispensés avec condescendance par de hauts spécialistes résolument hors de prix, les Politocs cèdent à leur toujours perfectible quête d'Image un temps qui, payé par le contributable, devrait être occupé par l'élaboration enthousiaste du bonheur commun.

Imaginons, un instant, le temps et l'urgent nécessaires à faire passer de façon crédible un velléitaire colérique en humaniste bienveillant, ou un lâche affairiste confit en traîtrise en chevalier de la Morale prônant l'abnégation altruiste...


Les Politocs sont donc extrêmement soucieux de leur image, mais c'est dans l'air du temps*.

Afin de l'illustrer, on peut citer l'habitude désormais ancrée dans les mœurs qu'exerce celui qui, après avoir marché plus ou moins innocemment dans ce à quoi même le cul d'un chien ne trouve plus d'intérêt, se hâte d'aller l'essuyer sur un autre paillasson que le sien par crainte de passer pour un ignoble dégueulasse.

Car nul ne peut nier être plus ou moins dégoûté par ceux qui, mal inspirés, essuient la chose - au su de tous ! - en conservant le corps du délit jusqu'à la prochaine poubelle. L'Image, toujours.

Il se vend, paraît-il, de petits nécessaires à repeindre en rose fluo les matières inopportunes, afin de laisser fonctionner l'imaginaire des Jan à partir de prémisses plus sympathiques.


C'est dans cet état d'esprit que nombre de sociétés commerciales voient dans la pratique du changement d'Image un moyen de gagner des parts de Marché.*

Prenons l'exemple d'une vieille société dont l'activité de départ consistait en la fourniture d'épouses aux officiers supérieurs décédés. Le nom de la société, "La Générale des Os", est judicieusement choisi pour son rapport évident avec l'objet social.

Cependant, au fil du temps, la société diversifie puis recentre à plusieurs reprises ses activités pour finir sur l'évidence d'un constat accablant : l'entreprise est dorénavant axée exclusivement dans le sens d'une culture effrénée du blé et de l'oseille, ce qui n'a plus qu'un très lointain rapport avec le message initial véhiculé par son nom. Lequel nom se trouve par ailleurs plus ou moins encombré des casseroles diverses qui lui sont accrochées, ainsi qu'il est courant dans le monde du Profit* maximum.

L'obligation se fait jour pour elle d'un changement d'Image.

Ses dirigeants, le front barré d'un pli soucieux et responsable, font alors appel aux Créatifs* les plus riches du moment - parce qu'il n'y a pas de fumée sans feu - afin qu'ils accouchent dans les dollars* du nom convoité.


Ces Léviathans de la matière grise concoctent alors une prouesse scripto-émotionnelle : la vieille société austère, glacée, subira un lifting total et sera désormais appelée "Vive endive".

Si l'on peut convenir de ce que ce nom n'a que peu de rapports avec les préoccupations réelles de l'entreprise - ce qui n'est peut-être pas si déraisonnable qu'il y paraît -, il faut bien admettre qu'il représente, sur le plan de l'émotion pure, une réussite éblouissante.


"Vive endive" !

Ce "vivant" qu'on entend sans le voir emporte notre sympathie instinctive, de même que tous ces "i", si gentils, si petits, nous laissent en bouche, à les prononcer, un parfum de joie enfantine. Aucune autre voyelle ne sait faire ça. La preuve : l'aurait-on nommée "Veuve courgette" que l'impression d'ensemble en eût été sérieusement altérée. Même "Vive andouille", pourtant plus proche et véhiculant l'idée de joyeuses ripailles, aurait été malvenu. À quoi tiennent les choses...


Pour parachever l'ouvrage, l'un des petits génies du subliminable proposa de remplacer les points sur les "i" par des accents circonflexes, mais à l'envers.


Un autre, pétri d'émotion devant ce petit graphisme qui semblait soudain suggérer immanquablement le vol d'un oiseau (… Excellent pour l'Image !) ou la pousse d'un jeune plant de poireau (... Plus discutable…), démontra qu'il fallait le faire tendre un peu vers la droite et vers le haut, ce que tous les spécialistes avertis savent être un signe de dynamisme conquérant, même si les autres l'ignorent et s'en foutent. L'idée sembla si bonne qu'on en mit quelques autres pour à peine plus cher et que l'on en habilla le "V" initial.


Le miracle agréé, imprimé, attaché-de-pressé, fut aussitôt asséné avec toute la douceur requise sur tous les supports possibles afin que le Jan de base s'en imprègne à satiété avant de payer d'une façon ou d'une autre les frais conséquents générés par cette comnounication essentielle.


Malgré leur aspect caricatural et préfabriqué, ces opérations dites de Marquettering * fonctionnent très bien, d'où l'intérêt marqué des Politocs pour cette discipline.


Les Politocs sont très actifs. Persuadés d'être personnellement appelés à effectuer de Grandes Choses, Ils n'ont de cesse d'occuper la place la plus élevée possible, dans le souci constant de l'efficacité nécessaire à leur action future. Malheureusement, Ils passent souvent leur vie à œuvrer à cette progression et il ne leur reste visiblement qu'assez peu d'énergie à dépenser pour le bien commun quand Ils atteignent enfin la position recherchée.



Pauvres Politocs... !

Nous savons tous qu'Ils ne sont les maîtres des nations qu'à la façon dont Arlequin est maître du théâtre : responsable du succès de la représentation, rémunéré pour cela, mais absent à la comptée des recettes.

Tout au plus leur est-il permis de grappiller quelques miettes de Pouvoir à la table des plus-qu'eux, comme notre Arlequin recevra quelques sièges "oubliés" pour mieux apprivoiser une prochaine conquête, ou gagner quelques fifrelins en les vendant moitié prix à l'épicier du coin.

Les possesseurs des murs et les gérants du fonds, moins soucieux de notoriété que d'efficience financière, ferment les yeux avec une condescendance amusée sur l'irrépressible besoin de reconnaissance publique de leurs affidés.

Ils sont au-dessus de ça, plus que nous, Plus-que-tous. Au moins le croient-Ils...


Pauvres Plus-que-tous qui s'admirent au-dessus de la mêlée, tellement occupés à tirer des ficelles qu'Ils en oublient qu'un pantin marionnettiste reste un pantin malgré tout.

Car, aussi cyniques et mégalomanes qu'Ils puissent être, Ils n'en restent pas moins affiliés, eux aussi, à cette humanité qu'Ils veulent ignorer.


Or, les Seigneurs Régnants n'ont pas de ces faiblesses.


Pauvres, pauvres Plus-que-tous...

Ils ne voient rien de ce que nous, Jan de rien, distinguons si nettement. La faute en est, sans doute, à leur proximité de ce qui nous est si lointain. Le gigantisme du Phénomène excuse largement cet aveuglement : la fourmi occupée à "traire" un puceron n'a vraisemblablement qu'une conscience très limitée de l'influence sur son devenir qu'esquisse la chaussure du randonneur, qui la broiera pourtant l'instant d'après.

Lequel randonneur n'éprouve, d'ailleurs, aucune animosité particulière à l'encontre de cette fourmi. Elle est seulement là, participante à la normalité des choses. Et si, soudain, elle n'y est plus, il s'en fout.


Le fait même qu'ils se constatent interchangeables devrait pourtant mettre la puce à l'oreille de nos maîtres : plus rien d'humain ne commande désormais aux chemins majeurs de l'Humanité.

Les entités qui y président n'ont en commun que leur totale indifférence à l'égard de nos états d'âme, et leur souci constant d'expansion et de pérennité - c'est, d'ailleurs, l'un des rares parmi leurs traits caractéristiques qui nous soit familier.

Les vrais Maîtres, les Seigneurs Régnants, sont partout, férocement affrontés pour un peu plus de Pouvoir ou de Puissance, pratiquant l'alliance opportune et la trahison de circonstance.

Ainsi, Cités, Nations, Sociétés Commerciales hypertrophiées, Grands Courants Idéologiques et Puissantes Associations sont au fil du temps devenus des monstres, doués de peu de conscience d'eux-mêmes mais capables de tous les machiavélismes pour être encore, plus, plus fort.


Je suis à ces êtres incompréhensibles ce que m'est l'une de mes cellules musculaires : utile, mais pas indispensable, parce qu'éminemment sujette à remplacement.

Je le sais, et je m'en gratte allègrement l'astragale droit. Si les Politocs considèrent qu'il est plus honorable d'être une cellule nerveuse, que grand bien leur fasse. Que nos plus hauts Zélites continuent de ne pas vouloir discerner que leurs enfants souffriront les mêmes affres que les nôtres du fait de décisions ignobles, prises au nom de valeurs étrangères à l'humanité : tout ce qui pourra éveiller ce qui reste en eux de conscience comateuse est utile, précieux, urgent, fut-ce l'ombre du pire.


Un jour, contraints par cette urgence, forcés au-delà de leurs limites par l'instinct de survie, nos Zélites se découvriront enfin organiques, condition indispensable à la révélation que le Pouvoir, même outrancier, ne protège que très peu des poisons divers qu'instillent dans les corps et les esprits certaines pratiques en voie de généralisation.


En attendant ce jour béni, je crois avoir trouvé une sorte de mode d'emploi.

Il ne sert à rien de chercher à réunir quelques velléitaires décidés à changer les choses : à quelques-uns, jusqu'à quelques milliers, nous ne comptons pas.

Au-delà, nous provoquerions l'effet inverse du but recherché, en suscitant une entité nouvelle née qui serait vite indépendante des objectifs auxquels nous prétendrions la soumettre.

D'autant que chacun de nous est déjà compté plusieurs fois au nombre des très infimes constituants de l'une ou l'autre de ces entités. Ainsi, je suis une part minuscule de plusieurs de ces organismes, dont je sais n'avoir rien à craindre au-delà de l'habituel tant que je leur laisse l'impression d'être ce qu'ils attendent de moi.


Comme tous les organismes évolués, les Seigneurs Régnants possèdent des systèmes de régulation interne propres à éradiquer sans effort toute source de dysfonctionnement dès son apparition. Il ne fait, par conséquent, pas bon les démanger.

Par contre, il est possible de vivre à leurs dépens dans la mesure où, comme l'un de ces virus sournois qui profitent parfois de notre involontaire bienveillance métabolique, nous parvenons à profiter de nos hôtes sans faire ni vagues ni bruit.


Alors, je m'entraîne à faire n'importe quoi, mais pas trop. Toute inspiration contraire à ce qu'On attend de moi est bienvenue, dans la mesure où je n'en supporte aucun préjudice, car je n'ai pas l'âme d'un héros. Ou alors d'un tout petit.

En définitive, je ne pourrais pas jurer que nos vies sont vaines, ni même désagréables.

Tout n'est peut-être pas au mieux, c'est vrai. Mais ne paniquons pas : pour cesser d'être con, il faut l'avoir été. Incontestablement, tous les espoirs nous sont permis !


En attendant, cette Campagne est grise comme une fenêtre éteinte. Je crois que je donnerai ma voix à celui dont le nom m'échappe mais qui porte toujours un nœud papillon.


Parce que c'est gai et distingué.



-----------------------------------------------------



GLOSSAIRE


- Les Jan

Ce singulier invariable est, malgré sa majuscule, un nom commun donné par les uns pour qualifier les autres. Un Politoc dira plutôt "les Nez-lecteurs". Un Zélite parlera, lui, de "con-sommateurs".

Bref : les Jan, c’est nous…


- Les Étranges

Les Étranges sont ceux qui viennent d'ailleurs. On les divise ainsi :

- Ceux qui bossent et se taisent dans le respect du Droit Collectif. Ceux-là sont, en théorie, tolérés.

- Ceux qui profitent honteusement de notre bienveillance.

- Ceux qui viennent dépenser leur frisc chez nous. Ils sont bienvenus.

- Ceux qui, pauvres, restent chez eux avec dignité. Ils sont nos frères très aimés, de loin.

- Ceux qui, riches, restent chez eux avec mépris. Les plus odieux.


- Les Ta

Ce pluriel singulier est un concept commun créant une entité unique. Entre autres caractéristiques extrêmement spécifiques, cette entité se doit, sous peine de disparaître, de changer régulièrement de tête. Elle montre donc souvent des symptômes de désintégration motrice dont une difficulté patente à distinguer sa droite de sa gauche n'est que la manifestation la plus anodine.


- La re-traite

Consiste à traire de nouveau ceux qu'une première traite d'une quarantaine d'années avait un peu fatigués.


- Se-moquing

Panoplie d'otarie mondaine.


- Hochet à Zélites

À certaines occasions, les Zélites se décernent entre eux des titres valorisants symbolisés par un objet souvent hideux et toujours inutile qu'ils se remettent en se passant dans le dos des pommades diverses dont certaines sont particulièrement nauséabondes.


- Les Nymphos

Très appréciées par la grande majorité des hommes adultes, les Nymphos font la démonstration pluriquotidienne de leur propension à se jeter sur le premier sujet qui passe, surtout s'il est fort ou plaisant ou excitant ou nostalgique ou dur ou cruel ou insupportable ou autre, et de préférence avant les copines.


- La Brousse

La Brousse est une sorte de jungle urbaine au sein de laquelle des Zélites initiés aux lois de Déconomie font circuler virtuellement un urgent qui n'existe pas, dégageant de cette étrange opération des bénéfices réels et conséquents. Ils se les partagent en espérant qu'il se trouvera de bonnes volontés pour produire, par leur travail futur, les intérêts qu'Ils sont en droit d'attendre de ce patrimoine, selon l'usage.


- Contributable

Comme son nom l'indique.


- L'Amorale

Code de conduite commun aux Zélites, qu'Ils respectent beaucoup plus que le code de la route.


- Nez-lecteur

Quand l'équipe de Politocs qui détient le pouvoir depuis un certain temps a fait suffisamment de bêtises, il est fait appel au jugement des Jan pour le choix des prochains Gouvernants, afin que ceux-ci puissent mener leur action en toute légitimité. C'est par ce biais qu'Ils parviennent aux Responsabilités sans avoir à en répondre.

Ces Aspirants-Dirigeants, persuadés que le Jan moyen ne distingue rien au-delà du bout de son appendice nasal, nous collent donc leurs évidences personnelles sous le nez ce qui, d'une part, ne nous en facilite pas la compréhension et, d'autre part, nous crée des difficultés à respirer.


- La Langue du Bois

Ainsi nommée parce qu'on s'y laisse avoir comme au coin du même nom.


- Ornithologie

Connaissance des noms d'oiseaux et de la signification de leurs chants.


- Les Narks

Aliens issus des Na.


- Les con-sommateurs

Les con-sommateurs sont des acheteurs normaux de denrées et fournitures normales, mais qui ont la particularité de se grouper en associations puissantes pour sommer producteurs et fabricants - qui n'en ont rien à foutre - de mentionner sur des étiquettes vengeresses les perversions sexuelles du chef comptable de l'entreprise.

C'est con, d'où leur nom.


- La Raie Publique

Ce n'est pas ce que vous pensez et nous en reparlerons. Soyez patients.


- Les Érections Légistes Hâtives

Au moment de cette Nez-lecture, les postulants déclarent à qui veut les entendre avoir retrouvé au-delà de toute espérance le désir d'honorer l'Aloi, et être prêts à se jeter à corps perdu sur la besogne. Ces bonnes résolutions, cependant, sont souvent revues à la baisse du fait des dispositions naturelles des intéressés.


- S.M.I.C.

Soutien Monétaire Insuffisant aux Crèvent-la-faim.


- Les Mi-cycles

Nom donné à la salle de la Semblée Nationale où sont parfois débattues les affaires du Pays. Ce nom vient de ce que cette salle n'est pas tout à fait assez grande pour qu'on cède à la tentation de s'y déplacer à vélo, preuve de sagesse que tend à confirmer la présence de nombreux escaliers.


- Pubs

Petits messages incitatifs qui sont l'apanage exclusif d'une corporation jalouse de sa philosophie et dont les membres se reconnaissaient autrefois par le port simultané d'une queue de cheval et d'une calvitie.

Chez ces gais-là, une lettre ne vaut que par son enveloppe et le sourire du facteur.

À l'origine, les pubs s'appelaient "la Raie clame", un nom déjà révélateur de l'origine de ses comnounications. Elle est devenue "la Duplicité", qui était un vocable bien plus explicite mais que la ménagère de moins de 73 ans a vite transformé en la Dup', plus rapide mais moins significatif.

Entre eux, les alopéciques pilo-caudés la nommaient affectueusement la Put', sobriquet qui déborda très vite du cercle professionnel pour être adopté par toujours plus de Jan.

Les prostituées de métier déposèrent alors une plainte commune, car leur réputation somme toute respectable souffrait des confusions que cette homonymie ne pouvait manquer de provoquer dans l'inconscient collectif. Elles arguèrent avec justesse de ce qu'elles, au moins, délivraient toujours ce qu'elles avaient promis, tout en comparant avec avantage le budget nécessaire pour se faire baiser par l'une ou les autres. Elles eurent gain de cause et l'on remplaça la dernière lettre du sobriquet par la première consonne de l'alphabet.

- L'air du temps

Impalpable, incompréhensible et non quantifiable, c'est ce sur quoi certains parient fortune et notoriété en laissant libre cours à leur fantaisie. C'est souvent casse-gueule, ce que peut confirmer Noufertutut, prostituée et prêtresse d'Isis, actuellement réincarnée par erreur dans le corps d'un couturier sur métal géophile et planteur hypothétique de stations orbitales.


- Parts de Marché

Le Marché est une sorte de gâteau divisible en parts de nombre et d'épaisseur variables dont il est louable, pour une entreprise, de priver ses pareilles. Outre l'éclairage projeté sur la morale intrinsèque d'un système que certains voudraient nous faire avaler comme une panacée, il est à noter que les Marchés, qui sont gonflables sans être extensibles, possèdent une fâcheuse propension à muter de manière soudaine et imprévisible pour les naïfs.


- Profit

Dans la valeur totale de quelque chose, c'est la part dont on a spolié le précédent propriétaire en la passant sous silence, ou le détenteur suivant en la créant de toutes pièces.


- Les Créatifs

Les Créatifs sont des Jan qui ont plus d'imagination que ceux qui les payent.


- Les dollars

Les dollars sont de l'urgent, mais en mieux.


- Marquettering

Le terme "marquettering" est à rapprocher du mot "marqueterie", inusité depuis la suppression des variétés d'arbres trop peu productives. La marqueterie était l'art de couvrir un meuble de bois commun d'une multitude de petites pièces d'essences différentes formant un ensemble flatteur.



 
Inscrivez-vous pour commenter ce roman sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
28/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Nobello,
Commencer le week-end avec une telle lecture a quelque chose de jouissif.
J'aime le ton mordant, and so, so, so British !!!
Rien à dire de constructif hélas.

J'ai ri, j'ai eu parfois l'impression d'écouter un mec assis au coin d'un zinc et qui n'en était pas à son premier - ni dernier - verre mais il était tellement lucide, tellement cynique, que l'écouter n'a pas été un déplaisir.
Il y a des trouvailles excellentes, Branquier, la fenêtre à soupe, c'est clair, Les Ta (pourquoi pas un s à ta, histoire de bien asseoire le jeu de mots) ; la définition de langue du Bois... pour n'en citer que quelqes uns et préserver la découverte des oniriens ; et d'autres qui m'ont moins plu (la semblée nationale, le hochet des Zélites)
Comnouniquer.... ! Celui-là, c'est du velours.


J'ai aimé l'insolence, bien sûr et évidemment la pertinence et le ton, surtout le ton.

Désolée, pas franchement constructif tout ça.

Je pense qu'après quelques coupes (mais ce serait dommage et je ne crois pas que tu puisses t'y résoudre) tu pourrais en faire une lettre à diffuser largement sur internet.
C'est insolent, et ce qui est très agréable, c'est que j'ai ri et qu'à la fin de la lecture, je ne me suis pas sentie déprimée par le sujet lui-même.
Pourtant, il y a de quoi.
Merci pour ce moment, bonne continuation !

   Menvussa   
28/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ô Nobello, cruel ! Qui tout en soulignant l'absurde, l'abjecte, le révoltant, ne manque pas de préciser, sinon la vacuité de la révolte, l'inutilité de la révolution. Il est vrai que ces dernières n'ont jamais servi qu'à mettre en place des despotes, souvent pires que leurs prédécesseurs.

Quel talent, quel travail sans doute aussi. l'humour cette profusion de jeux de mots, ces allusions.

Bref j'en suis baba.

Nobello, une littérature qui devrait être remboursée par la sécurité sociale. Pratique illégale de la guérison.

Philosophe et amuseur public, dont les propos s'ils ne sont à prendre au sérieux sur la forme le sont sur le fond.

   myrtille   
10/4/2009
Et bien, je me suis laissé surprendre une fois de plus.
Un compte philosophique, une satire dans toute sa splendeur, la politique bien sûr, mais tout y passe, de l'économie aux sans-abris, en passant par la télévision, pour finir par nous interpeler nous.
Des tonnes de jeux de mots, de néologismes, de petites expressions bien tournées...
Bravo !
(et puis la "langue du bois" entre autres, c'est génial, très bien trouvé)

   Pat   
13/4/2009
Pour discuter et approfondir vos points de vue sur ce texte, merci de le faire ici

   nico84   
17/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Point positif : l'insolence, et l'humour pourtant proche de la réalité.

Point négatif : Une tonne de vocabulaire qui a fortement ralenti ma lecture, j'ai eu un peu de mal à suivre l'histoire et il a fallu lire et relire, ce qui m'a pris beaucoup de temps.

Mais au final, une bonne réflexion intelligenre et légère. Bravo.

   Anonyme   
26/4/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Nobello

Tout de suite une question me vient à l'esprit
As tu lu Rien d'étonnant avec Sol?
Je ne retrouve pas le livre snif sinon je t'en aurais copié un extrait.
Ta feuille m'a fait penser à cela...
J'y retrouve le même humour jouissif, les jeux de mots (au sens littéral), les dénonciations un peu désabusées.
Sauf que toi tu m'as tout l'air d'un incurable optimiste ...
Te dire que j'ai adoré c'est faible

Merci.

Xrys

   horizons   
25/6/2009
Je tire mon chapeau à cette exercice de style qui réunit virtuosité, ironie et profondeur. Même si effectivement la lecture est un peu ardue, les jeux de mots sont si bien trouvés qu'on raccroche à la lecture de paragraphe en paragraphe, jusqu'à la fin. Le glossaire est exceptionnel, j'en rigolais tt seule devant mon ordinateur. Une critique de la politique qui évite vulgarite et facilité, nos humoristes devraient en prendre de la...graine.
Bravo Nobello, un énorme travail (j'imagine) d'une excellente qualité...face auquel on se sent tt petit.
H

   Anonyme   
13/1/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ingénieux et donc prometteur. Je retrouve ici la grace de l'écriture de Nobello. Il faut ajouter à cela un fil de pensée dans lequel, encore, je me retrouve. On a cette distance qui permet de penser qu'il s'agit d'imaginaire, d'analyse, de récit, mais qu'il ne s'agit pas de juger. L'auteur examine, observe, de loin, de près, il connaît. Des jeux sur les mots à n'en plus finir, mais pas dans le vide, toujours au service de la poésie de la plume et au service de l'idée, comme ici :

"Parce qu'ils savent bien que toutes les richesses du monde ne suffiraient pas à payer la contre-valeur indiquée sur les billets de Branque - même si l'on décidait de circonscrire de façon drastique ce remboursement aux monnaies présumées sérieuses - et afin de limiter l'ampleur de notre éventuelle déconvenue, les Zélites préfèrent, conscients qu'ils sont du risque encouru, conserver par-devers eux la plus grosse partie de l'urgent, nous préservant ainsi du danger. Puisse le bien qu'ils nous font leur être rendu au centuple."

Je vais lire l'ensemble que je pressens du même niveau.


Oniris Copyright © 2007-2023