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Horreur/Épouvante
AimeeHell : Disparition
 Publié le 27/06/13  -  6 commentaires  -  19203 caractères  -  337 lectures    Autres textes du même auteur

Perdre sa femme, c'est horrible. Perdre la tête, encore plus.


Disparition


C’est terminé, je n’ai plus de force, j’abandonne. Haletante, je m’appuie contre un arbre pour reprendre mon souffle. J’ai du mal à respirer, mes poumons me brûlent atrocement. Je suis terrifiée, je le sens tout près. Il arrive, je le sais. J’ai peur, je vais mourir ! Un haut-le-cœur me surprend et je vomis dans un tapis de feuilles mortes. C’était une si belle journée, fraîche et ensoleillée, comment les choses ont-elles si mal tourné ? Dans ma tête, une petite voix que j’ai maintes fois refoulée me répond : « Allons… tu sais bien qu’il y avait une ombre au tableau depuis quelques jours. Tu croyais qu’en feignant de ne pas le voir, il repartirait. Tu voulais croire qu’il n’existait pas, mais tu savais qu’il se rapprochait, tu savais que plus jamais tu ne dormirais en paix. Celui qui l’aperçoit est déjà condamné. » Je chasse aussitôt cette pensée. Je dois rester calme. Mission impossible. La douleur dans ma poitrine s’apaise un peu, laissant place à celle qui provient de la partie inférieure de mon corps. J’ai mal. Armée de courage, je baisse les yeux. Tout d’abord, je ne discerne que le sang qui, sous l’éclairage sombre de la forêt, semble presque noir. Des genoux en descendant, je suis couverte de lacérations assez profondes. Je soulève ma jambe gauche. La course m’a étourdie, je titube légèrement. Horrifiée, je constate que le dessous de mon pied est complètement à vif. Dans la chair déchiquetée sont plantés de petits morceaux de branches et des cailloux pointus. Je suis étourdie et je vomis de nouveau. Pas la peine de nettoyer mes plaies, je suis foutue de toute façon… et je m’écroule par terre.


Ssshhhhhh


D’abord faiblement, j’entends ses pas qui se rapprochent, faisant craquer le sol automnal. Ce bruit est accompagné d’un glissement qui rappelle le son d’un râteau qui ramasse les feuilles. Ses longs doigts.


Ssshhhhhh


Pétrifiée, je ne pense plus à rien. Une terreur pure, insupportable, explose dans ma tête comme un coup de fusil faisant frissonner tout mon être d’effroi. Je hurle à m’en fendre l’âme jusqu’à ce que ma gorge irritée semble se déchirer, jusqu’à ce qu’il ne me reste plus un seul son à hurler dans la nuit.


Il est là.


***


Il est quatre heures du matin et je rentre bredouille du poste de police. Vingt-quatre heures… vingt-quatre putains d’heures, qu’ils m’ont dit. Je leur ai pourtant expliqué, à ces enfoirés de policiers, que jamais ma femme aurait pu avoir l’idée de ne pas m’aviser qu’elle ne dormait pas à la maison. Pourquoi passerait-elle la nuit ailleurs de toute façon ? Nous ne connaissons même pas encore le nom de nos voisins ! Où est-elle ? Comme tous les soirs, elle est sortie faire une balade qui ne dure jamais plus d’une heure, deux tout au plus. Elle n’est jamais revenue. Je deviens fou ! Quelque chose d’horrible est arrivé, je le sens dans tout mon corps, je le sens qui plane dans l’air. Ce n’est pas comme si notre relation battait de l’aile, non, nous venons tout juste d’emménager ici et nous nous aimons sincèrement. C’est un quartier fantastique, notre maison est splendide et notre cour arrière est en bordure d’une petite forêt. Moi et Lydia aimons nous y promener. Merde ! Où est-elle ? J’ai passé la soirée à sa recherche, j’ai refait son trajet de marche habituel à plusieurs reprises en espérant la trouver, j’ai même crié son nom comme un demeuré jusqu’à réveiller tous les gens des rues environnantes.


Je regarde pour la millième fois par la fenêtre espérant la voir revenir… en vain. Subitement, la vue de l’extérieur en pleine nuit m’emplit d’une peur intense. Depuis quand ai-je peur du noir ? Les ténèbres semblent menaçantes comme la gueule d’un prédateur qui tenterait de m’engloutir et j’ai le sentiment que si ce soir je m’avançais dans cette pénombre je n’en sortirais jamais plus. Je m’éloigne de la fenêtre, hébété. Une fois de plus, je ressens cette certitude qu’il est arrivé quelque chose de grave à Lydia et pour une raison que j’ignore, je suis persuadé d’être le prochain sur cette liste macabre. Le sang glacé dans les veines, je ne m’assoupis que lorsque le ciel se teinte d’un mauve couleur aurore.


Jour 1


Il n’y a pas de pire cauchemar que celui qui se prolonge au-delà du réveil. Dans la brume du sommeil de ce matin, j’ai momentanément oublié dans quel enfer je me trouvais la veille. Cela ne prit que quelques secondes pour que ma position assise et cet affreux torticolis me ramènent à la réalité. Ma femme n’est toujours pas rentrée. Quelle heure est-il ? 7 h 50. J’ai dormi quelques heures. Puisqu’il est toujours trop tôt pour que je retourne au poste de police, vingt-quatre heures, putain… je n’en reviens toujours pas, je décide d’entamer mes propres recherches. De toute façon, il est hors de question que je reste ici à me morfondre. Je dois bouger. Je bondis hors de ma chaise. La tête me tourne. Peut-être devrais-je d’abord penser à me nourrir. Dans la cuisine, je prends place à une table qui me semble désormais trop grande, grignotant tristement mes céréales, fixant cette chaise vide où devrait se trouver ma bien-aimée.


Avant de repartir arpenter la ville à la recherche d’indices, je prends soin d’appeler toutes les personnes susceptibles d’avoir accueilli ma femme la nuit passée : amies, famille et même ses anciens collègues. Aucune trace de Lydia. Tous me proposent une aide qui me semble inutile face à l’ampleur du désastre qui s’abat sur moi. Je veux retrouver ma femme ! Je refais le même trajet que la veille, je fais le tour des rues, je vais dans la forêt, je marche jusqu’au ruisseau, je regarde sous le pont qui le traverse. Rien. L’idée qu’elle puisse avoir été enlevée prend de plus en plus de place dans mon esprit. S’il lui était arrivé un accident, je le saurais, non ? Les autorités m’auraient appelé… Peut-être qu’elle est incapable de parler ? Les pires scénarios me semblent plausibles, l’espoir se détériore, se fait mince et fragile, je me sens au bord du désespoir. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé, Lydia ? De retour à la maison, la défaite pesante sur le cœur, je remarque un détail qui m’avait jusque-là échappé. Derrière la maison, où je suis pourtant passé plusieurs fois, je constate que les chaussures de randonnée de ma femme sont sur le paillasson. Cela est impossible ! Je rentre à l’intérieur et je compte. Une, deux, trois, quatre. Quatre paires. Les quatre paires de chaussures de ma femme sont à l’intérieur. Elle n’a donc pas eu le temps d’enfiler ses souliers de randonnée et peu importe où elle se trouve, elle est pieds nus. Ce simple détail me frappe sauvagement. Je l’imagine, seule et vulnérable… sans chaussures… Qu’a-t-elle bien pu voir pour partir ainsi ? Mon regard se tourne vers la forêt, par réflexe, comme une réponse.


Jour 2


Je suis couché sur le dos dans ce grand lit que je maudis d’être si confortable. C’est normal, le matelas vient d’être changé et la couette, remplie d’un moelleux duvet, est flambant neuve elle aussi. Nous avions décidé de payer une fortune pour avoir le lit le plus douillet qui soit, prévoyant y passer de nombreuses heures dans notre nouvelle maison. Cette couette, c’est Lydia qui l’a choisie… Cette pensée déclenche un sanglot que je rejette sans retenue sur les jolis oreillers. Après plusieurs minutes, ou peut-être des heures, je réussis enfin à m’extirper de cette souffrance paralysante. Je marche jusqu’à la salle de bain. J’ai une gueule à faire peur, je suis horriblement fatigué, je ne suis pas parvenu à fermer l’œil la nuit dernière. Quand je ne ressassais pas les pires scénarios dans ma tête, je me sentais oppressé par l’obscurité et je me réveillais, en pleine terreur, n’arrivant pas à me souvenir du cauchemar m’ayant mis dans cet état. Je ne supporte plus la noirceur et cela me fait penser à Lydia qui, depuis une semaine, réclamait une lumière pour dormir.


J’appelle au poste. L’officier m’indique que des dizaines d’hommes sont présentement en train de ratisser la ville à la recherche d’une piste quelconque. Il m’informe également que les médias lanceront un avis de recherche dès aujourd’hui dans les journaux, ainsi qu’à la télévision. L’idée qu’une foule de gens participent à retrouver Lydia me rassure, mais rend par le fait même la disparition de ma femme plus officielle, plus concrète. Aujourd’hui, je ne sors pas de chez moi, profitant du travail des policiers pour m’apitoyer seul sur mon sort. Je me permets de sombrer dans une déprime semi-consciente où le chagrin m’est beaucoup plus supportable. Cela dure toute la journée. Au souper, je mange une soupe froide à même la canne en regardant le visage de Lydia défiler dans les nouvelles.


C’est la nuit, je me réveille en sueur. Paniqué. J’entends des bruits au rez-de-chaussée. En quelques secondes, toute angoisse déserte mon corps, remplacée par un rêve qui m’émeut jusqu’aux larmes. Lydia. Je bondis hors du lit et je me dirige à toute vitesse vers les escaliers. Je me percute au cadre de porte, mais je ne sens rien, envoûté à l’idée de revoir celle que j’aime éperdument, ma belle disparue. En voulant descendre les marches, je glisse, tombe et rebondis trois fois sur le derrière. Je me retrouve assis, au milieu des escaliers, dans la pénombre. Alors seulement je retrouve mes esprits et je suis d'un coup submergé d’une intuition qui me hurle à tue-tête : « NE DESCENDS SURTOUT PAS ! » C’est alors que je la sens encore, cette terreur, plus pure et plus dense que jamais et je n’arrive plus à bouger, car je sais que peu importe ce qu’il y a en bas, ce n’est pas ma femme et si je vois ce que c’est, je ne verrai plus jamais rien d’autre. J’ouvre grand la bouche pour hurler.


C’est la nuit, je me réveille en sueur. Paniqué. Un cauchemar. Les deux lampes, sur chacune des tables de chevet, sont toutes deux encore allumées et j’en remercie le ciel. J’abandonne l’idée de me reposer, je n’arriverai plus jamais à dormir après un tel rêve. Je descends du lit et constate une douleur à mon pied. Alors, je me souviens, je me souviens de mon rêve durant lequel je me suis heurté au cadre de porte. Comment cela est-il possible ? Je descends les marches avec précaution, attendant de ressentir cette même peur qui m’a étranglé dans mon sommeil, mais cela ne vient pas et je réussis à me rendre jusqu’au premier étage. En vérité, la peur est toujours là, mais plus faible, pareil au parfum de quelqu’un qui aurait quitté la pièce. Je sens une brise fraîche sur ma peau. Suivant la source de ce courant d’air, je me retrouve devant la porte arrière, entrouverte. En la refermant, je baisse les yeux sur les souliers de Lydia qui attendent toujours sur le paillasson, pour éviter de jeter un œil vers la forêt qui se dresse, toute noire, en cette nuit sans lune de novembre.


Jour 3


Le manque de sommeil se fait sentir. Même si je n’ai plus aucune envie de fermer l’œil, ma vision se trouble de plus en plus. J’ai l’impression que cela fait des semaines que ma femme est disparue. Que m’arrive-t-il ? Je perds la notion du temps. Je dois me ressaisir. Aujourd’hui, je décide de sortir pour aider aux recherches. Avec ce que j’ai éprouvé la nuit dernière, je n’ai aucune envie de rester seul. Après deux cafés et trois cigarettes, le seul petit déjeuner que je réussisse à consommer, je me retrouve au poste de police et demande à voir l’inspecteur Chouinard, le responsable de l’enquête. À ma vue, l’officier affiche un air surpris qui évolue rapidement en air de compassion, voire de pitié. Visiblement, mon allure extérieure reflète parfaitement mon état intérieur. Heureusement, ce dernier qui me propose gentiment « de me reposer » puisque l’enquête « est entre bonnes mains », réalise assez tôt qu’il n’est pas question que je rentre chez moi aujourd’hui et que rien ni personne ne me fera changer d’avis. C’est alors que nous partons rejoindre les équipes de recherche.


L’inspecteur et moi nous retrouvons à fouiller la forêt dont je commence à connaître presque tous les recoins et y retrouver ma femme me semble de moins en moins probable. Malgré cela, je préfère être ici, à cultiver de faux espoirs, plutôt que d’être chez moi avec… avec quoi au juste ? Après quatre heures de randonnée pédestre infructueuses, je m’écarte légèrement du groupe dans le but d’être un peu seul. Je m’accoste contre un arbre et je fixe le ruisseau devant moi, le regard dans le vide. C’est alors que je crois le sentir le parfum de Lydia. C’est avec un ridicule qui ne m’effleure même pas l’esprit que je me retourne vivement pour renifler l’arbre derrière moi comme l’aurait fait un chien. Je vais jusqu’à prendre de grosses poignées de feuilles et de terres pour les humer en espérant y déceler encore une trace. Ne réussissant pas à retrouver la provenance de l’odeur, je me prépare à me laisser lâchement retomber sur le sol lorsqu’une silhouette à ma droite m’arrête dans mon mouvement. N’étant pas loin des équipes de recherche qui se sont rassemblées pour dîner, j’entends leurs voix qui me parviennent sans que je puisse comprendre tous les mots. La personne qui vient au loin est un officier de police facilement reconnaissable grâce à son uniforme et je conclus qu’il vient se joindre au reste de la troupe. Je ne peux m’empêcher de le regarder fixement à cause de sa démarche qui me semble anormale. Est-il blessé ? Ses pas sont saccadés et son dos est voûté vers l’avant. Plus il s’approche de moi, plus je discerne l’expression de son visage. Ses yeux sont grands ouverts et sa bouche aussi. Alors que son regard exprime la terreur, sa bouche arbore un sourire de dément. Plus il s’approche et plus je recule vers l’arbre, tentant presque de m’y enfoncer. À environ deux mètres de distance, l’étrange policer s’arrête enfin, ferme sa bouche immense, tourne sa tête sur le côté et sans cesser de sourire, me dit : « Plus d’espoir pour ta femme, il l’a prise et la gardera, plus d’espoir pour toi, celui qui l’aperçoit est déjà condamné. Il approche. » Brusquement, le visage du policier reprend son expression normale, comme si quelqu’un avait fermé l’interrupteur. Une deuxième voix retentit derrière moi : « Vous devriez manger quelque chose. » Je me retourne et vois Chouinard qui me tend un sandwich au jambon. « Non merci », que je réponds simplement et je me retourne vers l’autre agent. Sans cet air de folie, il semble tout à fait normal et déclare : « Il n’y a rien de ce côté non plus, chef. Désolé, monsieur », ajoute-t-il en s’éloignant. Tout au bout du chemin, je distingue un autre homme. Pas un policier cette fois. Même s’il est à une bonne distance, je remarque tout de suite qu’il est très grand. Il porte un costume gris acier et une cravate plus foncée. Je n’arrive pas à voir son visage.



Un dernier, ce n’est que le cinquième. Devant moi, la bouteille de scotch descend à une vitesse vertigineuse. Je suis rentré il y a de ça trois heures. Après de longues minutes à me morfondre, j’ai finalement décidé de piller notre mini-bar encore intouché. J’aurais souhaité en profiter en des circonstances plus festives et dans ma tête se défilent toutes ces soirées anticipées avec Lydia qui n’ont plus aucune chance de se produire. Cela fait seulement trois jours qu’elle est partie et déjà, il me semble que tout ait changé, comme si ce bonheur n’avait en fait jamais existé. Quelle est cette angoisse qui ne me quitte plus ? Quelles sont ces choses étranges que je vois désormais ? L’épuisement, sans doute, oui.


Toc toc


Qui peut bien cogner à une heure pareille ? Arrivant tant bien que mal à me lever du divan, l’effet de l’alcool décuplé par le manque de repos et de nourriture, j’entends la porte de devant s’ouvrir à toute volée, la poignée allant même jusqu’à faire un trou dans le mur. La bouteille de scotch encore à la main et avec un air surpris et sans doute un peu stupide, je regarde dehors à gauche et à droite, cherchant une solution à ce phénomène, mais la rue reste silencieuse et mon visiteur, invisible.


Boum !


C’était maintenant la porte de derrière. Titubant, je fais demi-tour pour aller à la source du nouveau bruit. Je m’arrête subitement. Dans la cuisine, le plancher est souillé d’empreintes vaseuses. Je remarque aussitôt la petite taille des pieds qui ont laissé ces traces, une pointure six, environ. Comme si cela était évident, je regarde sur le paillasson et m’aperçois que les souliers de Lydia ont disparu. Dans la pelouse rendue marécageuse par la pluie, je constate que les empreintes s’en retournent dans les bois. Je prends une nouvelle gorgée d’alcool fort et je m’élance vers la forêt. J’arrive ma chérie.


Je m’enfonce dans les arbres sans même prendre soin de trouver le sentier. Je me déplace maladroitement et par endroits, le sol est tellement inondé que mes pieds tentent de rester prisonniers dans la boue. Sans crier gare, le parfum de Lydia que j’ai humé ce matin m’envahit de nouveau, mais cette fois, l’odeur est forte et distincte et elle arrive même à couvrir celle des feuilles mortes mouillées. Je sais qu’elle est là. Tout près. Je continue alors à avancer de plus en plus dans cette masse humide et sombre. Tout à coup, j’entends un son, semblable à un frottement, qui se distingue du clapotement de la pluie.


Ssshhhhhh


Entre les branches qui pendent lourdement, je vois une silhouette qui me semble familière. C’est un homme, très grand. Dans la pénombre, je le vois s’approcher. Il porte un complet cravate d’une teinte sombre et à ce moment précis, l’image de la personne que j’ai aperçue aujourd’hui même dans les bois me revient comme un flash… Cependant, quelque chose détonne avec son air soigné et je comprends rapidement de quoi il s’agit. Ses membres sont exagérément étirés. Ses poignets atteignent la hauteur de ses genoux et ses longs doigts traînent sur le sol, alors je comprends qu’ils sont la source du bruit que j’ai entendu. Entre ses longues phalanges sont restés coincés de petits morceaux de feuilles mortes et de terre. Alors que mon regard continue de balayer ce mystérieux et effrayant inconnu, mes yeux se posent soudain sur son visage et à mesure que je décrypte cette vision impossible, la certitude que je vais mourir prend sauvagement le contrôle de mes pensées. Son visage n’en est pas un. Il n’y a ni yeux, ni bouche, ni nez. Sa peau est pâle, grise et légèrement transparente révélant une ossature presque humaine. Sur sa tête, quelques longues mèches noires strient ce crâne dégarni et malgré l’absence de ses yeux, je sais qu’il me regarde et malgré l’absence de sa bouche, je sais qu’il me sourit. Alors, je sens que la peur atteint un niveau que mon être ne peut supporter et que la folie me guette comme une bête qui n’attend que le moment opportun pour me saisir. La créature s’avance vers moi et pointe son interminable index vers le ciel. Suivant les indications de la chose, je regarde en l’air et je la vois, Lydia, tête en bas, suspendue à un arbre, morte, son corps ballottant au gré du vent, un rictus d’épouvante gelé sur son visage et je sais qu’à ce moment-là, j’arbore et arborerai exactement le même…


… à jamais.



Fin


 
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   Anonyme   
26/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Une bonne histoire d'épouvante, pour moi. Rien d'inattendu là-dedans, il est dit d'emblée qui est condamné, mais vous faites bien monter la tension et la description du monstre est efficace à mon avis. L'écriture est un peu lourde par moments à mon goût (cf. mes remarques ci-dessous).

"Ce bruit est accompagné d’un glissement qui rappelle le son d’un râteau qui ramasse les feuilles" : je trouve cette phrase lourde, avec ses deux relatives imbriquées introduites par "qui".
"je sens que la peur atteint un niveau que mon être ne peut supporter et que la folie me guette comme une bête qui n’attend que le moment opportun pour me saisir" : là aussi, je trouve la phrase lourde, trop articulée avec ses subordonnées "que que que qui que".

   alvinabec   
10/6/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,
Il y a de l'idée, c'est pas mal sur l'attente, la peur, l'incompréhension du héros. On ne sait pas très bien ce qui l'effraie mais ça n'enlève rien à la tragédie.
Pour ce qui est de l'écriture, vous pourriez alléger vraiment, sans dommage pour votre prose, bien au contraire. Vous cherchez à faire de belles phrases qui plombent plus le récit qu'elles ne le rendent meilleur, plus tonique, effrayant comme vous en aviez l'intention. Relisez le 'horla' et vous constaterez que l'auteur emploie un langage tout simple, ah, ce Maupassant!

   Anonyme   
27/6/2013
 a aimé ce texte 
Bien
alors là j'ai lu votre nouvelle sans jamais m'ennuyer, il y a du suspens, de la peur, des bruits étranges, tous les ingrédients pour faire un bonne histoire d'épouvante. ha bien sûr j'ai lu le "Horla" qui m'a fait trembler durant toute la lecture, et pour être honnête votre nouvelle n'a pas atteint le niveau d'une peur prégnante, folle, oppressante.
il n'y aurait-il pas une erreur de pointure sur cette phrase qui se situe à la 5ème strophe après Jour 3: "Je remarque aussitôt la petite taille des pieds qui ont laissé ces traces, une pointure six, environ", c'est pas plutôt une pointure trente-six environ?
Quand j'ai lu la petite phrase sous le titre: "Perdre sa femme c'est horrible, perdre la tête encore plus"
je pensais vraiment lire un homme saisi d'une folie ayant atteint un degré de paroxysme, mais ici sa folie est effleurée, je trouve que vous ne vous êtes pas assez attardé(e) sur ces émotions qui sont la peur, la folie, l'angoisse, tout est immédiatement rejetées pour passer directement à l'action suivante.
mais malgré tout j'ai aimé le suspens, même la fin qui pour une fois ne nous laisse pas dans le brouillard comme la plupart des nouvelles d'épouvantes.

   Pepito   
28/6/2013
Forme : pas un style grandiose mais lisible sans problème.
Attention aux gros pavés qui sont un peu indigestes, surtout sur ordi.

Fond : Ben je ne suis pas rentré du tout dans le (les) personnages. J'ai lu pour savoir qu'elle était la "chose". Peut-être un truc marrant style X-Files et pfuiiit un horla ! Ouaif ... D'accord un horla à petits pieds, mais un horla quand même...

" - Dans le bois derrière chez moi, savez vous quoi qui y'a ? La, la, la, ...
- Ben un horla, ben un horla et pourquoi ? "

Surement une autre fois, bonne continuation.

Pepito

   brabant   
2/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour AiméeHell,


J'ai aimé le travail sur la progression et l'intensité de la terreur qui envahit le personnage principal sans jamais le lâcher, bien analysée dans peut-être un trop grand amoncellement, un trop grand foisonnement qui risque d'asphyxier voire de lasser un peu le lecteur qui peut trouver cela répétitif alors que cela ne l'est pas réellement, ou alors juste ce qu'il faut, ajoutant à chaque fois une nuance supplémentaire, d'ailleurs Stephen King ne procède pas autrement où l'on a plus d'une fois la tentation de sauter quelques pages.

A côté de cela il y a cependant quelques maladresses de style et, à mon sens un certain manque de maturité voire une certaine puérilité du héros ainsi que des réactions et pensées surprenantes, peut-être inappropriées, quant à certaines remarques que vous faites donc.


L'absurde va bien avec l'horreur. Je ne vous reprocherai donc pas cet aspect du texte. Que le rationnel reste bien cloîtré dans la partie gauche du cerveau et la folie à l'asile. Je vous souhaite en conséquence de délicieux cauchemars, en espérant que mon évaluation n'en fera pas partie.

Lol

   Anonyme   
30/7/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé le côté angoissant de l'histoire, la peur qui s’immisce et qui devient de plus en plus prégnante.
Par contre, je trouve que les phrases sont parfois un peu longues et c'est plus difficile à lire sur écran.

En tout cas, je ne me suis pas ennuyée. Je me pose cependant quelques questions : comment sont-il choisis pour mourir ? Pourquoi eux et seront-il nombreux ? J'imagine que c'est le premier cas en ville car la police n'a pas l'air d'avoir connu d'autres cas similaire.

Fateata


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