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Laboniris
aldenor : La fo0oOooo0Oorme des galets [concours]
 Publié le 02/11/24  -  11 commentaires  -  8272 caractères  -  84 lectures    Autres textes du même auteur

Récit illustré.


La fo0oOooo0Oorme des galets [concours]


Ce texte est une participation au concours n° 36 : Des courts littéraires atypiques

(informations sur ce concours).



Elinar essuie les vitres des voitures dans une station d’essence de Batroun. Les automobilistes s’inquiètent des courbes et des sauts qu’effectue sa spatule. Ils ne se doutent pas que le jeune Égyptien trace sur leurs pare-brises des vers invisibles. Pourtant avec ses longs cheveux bouclés, ses sourcils hirsutes, ses lunettes rondes sur un nez en forme de robinet et son air indécis, Elinar est manifestement poète.

Jugez-en vous-même, le voici dans son ciré « Total » noir :


????
?????????

??? Ŏ – Ŏ ???
??? . . R . . ???
???? . . w . . ????
N
o-----o
I
R
ToT
aL.aL


Il passe ses pauses de midi à rêvasser dans les rues de la ville, rasant les


M
U
R
S
comme une ombre.
comme une ombre.


*


Batrounaise d’une lignée de scaphandriers pêcheurs d’éponges desquels elle perpétue la sûreté du geste et l’esprit d’aventure, Ranile s’occupe du club d’échecs. Les yeux pensifs, les cheveux ramassés en pompon surélevé à la Bobette, le nez grec, le corps parfaitement symétrique, elle ressemble un peu à ceci :


O
iiiiiiiiiiiii
II . . . . . II
II . . o . o . . II
III . . . Φ . . . III
III . . _ . . III
III . . . . . . III
c
o.!.o
r . ! . r
p . ! . p
s . . ! . . s


À court de café, elle va d’un pas souple vers le souk, quand l’aborde un couple de vacanciers traînant un garçonnet au futur ombrageux.


– Nous cherchons la plage municipale, dit le mari.

– Ici nous l’appelons « les galets »…

– O0oOooOo, gémit la femme, je déteste marcher sur les galets ! Si au moins on les faisait tous de la même taille !

– Bon, coupe le mari, alors où est cette plage ?

– Facile, dit Ranile en sortant un échiquier de sa poche, nous sommes sur la case c4 où je pose mon doigt, le limonadier Hilmi, et vous voulez aller là, en h7. Prenez un fou sur la diagonale c4-f7 puis une tour sur la rangée f7-h7. Ou une dame pour tout le trajet. Gardez l’échiquier, j’en ai d’autres.


*


En e6, le mari improvise :


– Avec un cavalier nous y serons en un bond !


Ils aboutissent en f8 sous le rempart phénicien.


– Toi et tes fichus raccourcis ! s’exclame la femme. Prenons un fou.

– Il n’y a rien ici non plus, constate le mari, sauf une ombre gesticulante en costume « Total »…


*


Elinar imagine une technique pour voler comme un oiseau, en pianotant avec les mains levées. Survient un malotru moustachu et malfaisant, coiffé avec une raie au milieu, comme ceci :


;;;; ! ;;;;
,, . . . . . . . ,,
, . . q . q . . ,
Q
www
u


– Hep, mon gars, nous cherchons la case h7 !

– Mais Alfred, ce miséreux n’y connaît rien ! s’interpose sa femme Daphné, longiligne et grincheuse, les bras en croix pour souligner son exaspération :


Ô
T
w----oIo----w
H
HH
HHH
o . . o
o . . . o
o . . . . o
w . . . . . w


– H7 ? C’est la 2e case à la droite des noirs.

– Tu vois qu’il sait ! Les échecs sont un jeu du petit peuple. Mais encore mon brave, où sommes-nous, si Hilmi est sur c4, et la plage sur h7 ?

– Hmm, il vous faudrait un damier à cent cases.

– Et voilà Daf, nous sommes perdus, tu as eu tort de jouer le fou !

– Et puis zut Alf ! Ça m’embrouille moi les pièces d’échecs. Ç’aurait été plus clair avec une donne EONS de bridge.

– Mais où veux-tu que je trouve un paquet de cartes dans ce patelin ?

– Grotesque ! Il n’y a qu’à géolocaliser notre chemin, suggère le gosse au futur ombrageux en consultant un écran portable :


g O O g
l
e


*


Le groupe s’éloigne, abandonnant l’échiquier. Elinar s’en saisit. « Propriété du club d’échecs de Batroun », lit-il.


Il pousse la porte du club. Ranile est là, de profil, sirotant son café turc dans une tassette sans anse.


II
II . . o
III . . Φ
III . . _
. . . . . . .U


– C’est pour le cours sur « La défense Tchigorine » ?

– Non, je vous ramène cet échiquier qui m’empêche de voler.

– Mais je te reconnais, tu travailles à la station d’essence ! dit-elle en levant la tête. Tu voles ? Comment fais-tu ?

– Ce n’est pas encore au point, mais je vais te montrer.

– Attends ! Tu ne comptes pas voler dans cette pièce exiguë ?


Ils sortent. Du conservatoire, sur la case adjacente, proviennent des notes de piano. Le ciel est translucide comme un prélude de Chopin.


– Prête ?

– Prête.

– Alors allons-y, lève les mains et agite les doigts, comme on fait quand on cherche des idées. De plus en plus vite. Ainsi :


o 0 o 0 o 0 o . . . . . . . . . . .o 0 o 0 o 0 o
0 o 0 o 0 o 0 . . . . . . . . .0 o 0 o 0 o 0
0oo0oo0oo0 O . . . . . .O 0oo0oo0oo0
0 0 0 0 0 0 0 . . . . .0 0 0 0 0 0 0
- - - - - O . O - - - - -


– Je ressens un certain élan ascendant, convient Ranile. Mais mobilisons le reste du corps. Courons.


Ranile et Elinar courent et agitent leurs doigts jusqu’à la plage et soudain, dans le rrrrroooooouuuulement sous leurs pieds de ces galets que l’eau a façonnés en tremplin de rêves, ils s’élèvent gracieusement vers des espaces non quadrillés, déployant leurs bras désormais ailés.


D . . . . . . . . . . . . . . ???
iiii . . . . . . . . . . . . . . ???? . . .
II . . . . . . . . . . . . . . . ?? . . . . .
II . . o . . . . . . . . . . . ?? . Ŏ . . . .
III . . . Φ . . . . . . . . . ??? . . R . . .
III . . _ . . . . . . . . ??? . .. . v . .
ssssssssSSSS . . . . . ssssssssSSSS . . . . . . . . . . . . . . .
sssssSSssssss . . . . . ssssssssSSssss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ssssssSS . . . . . . . . . . . ssssssSS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


 
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   Donaldo75   
23/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
S’il y a quelque chose que je retiens de ce texte proposé dans le cadre du concours, c’est qu’il colle bien avec l’intitulé dudit concours : des cours littéraires atypiques. Le premier paragraphe commence de manière classique, avec un style propre et appliqué. Puis vient le premier élément graphique, introduit ceci étant dit au passage dans un style d’écriture assez documentaire. Et c’est un calligramme-like, je veux dire l’esprit du calligramme sans sa poésie, qui s’expose aux yeux du lecteur. Ensuite, le deuxième élément graphique est amené de manière plus succincte mais mieux intégrée dans l’ensemble, le rendant alors plus pictural. Puis le troisième élément graphique est amené comme le premier, introduit par une phrase assez neutre. Viennent les dialogues ; ils sont importants car ils changent la dimension narrative, utilisant l’univers de l’échiquier, une bonne idée à la base. Et le récit suit cette approche, entre éléments graphiques et analogie au jeu d’échecs. Je le répète, l’idée est bonne et je trouve que dans le cadre de ce concours elle rend l’écrit particulièrement adapté. Après, au vu du style quand même assez neutre, du genre de la rédaction propre sur elle et appliquée pour respecter les règles grammaticales, ce qui aurait pu m’emmener dans un univers à la Lewis Carroll disparait et je m’aperçois que je me suis fait un film, que ceci reste un texte écrit dans le cadre d’un concours. Je suis un peu déçu mais ce n’est pas grave car je trouve la forme aboutie.

   Robot   
2/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Alors là, on est vraiment dans l'essence du concours. Originalité, inattendu, littéraire et atypique.
Moins séduit par l'écriture plutôt basique, j'avoue que je me suis régalé des calligrammes qui correspondent bien pour illustrer chaque chapitre du récit.
Le dernier est particulièrement réussi et évocateur.

   BlaseSaintLuc   
2/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
En plein dans le mille "bornes" du concours, en plus c'est poétique,
Alliant le surréalisme au style naïf, cette expression artistique apporte une fraîcheur inédite, avec une pointe d'utopie et un air d'onirisme vieilli, en relation avec ONIRIS et son univers. Épaté, surprise, les doigts dans la prise, ça électrise !

   Catelena   
2/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Quel travail de titan. Bravo la prouesse !!!

Il n'est pas sans me rappeler celui du camarade L. qui nous avait proposé en son temps un tout aussi parfait tableau.

En plus d'être originale, cerise on the cake, l'histoire jouée sur l'échiquier dégage une impression indéfinissable de ''chaque chose à sa place''. À la manière des tableaux de Hopper qui ont inspiré Hitchcock pour ses films, le récit teinté de poésie délicate est en osmose avec les portraits.

Cela commence fort avec le jeune égyptien qui trace ces vers sur les pare-brises, puis vient Daphné longiligne, Ramile avec ses cheveux « ramassés en pompon à la Bobette », et le portrait particulièrement émouvant de l'envol sur les notes de Chopin...

J'ai adoré ce petit bijou. Un vrai de vrai laboniris.

Re bravo, l'artiste !

   papipoete   
2/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour concurrent
atypique, vous avez dit atypique ?
en " pas si courts que cela ", vu la dimension que représentent tous ces dessins, ( sans dépasser la ligne ) cette ode à un laveur de carreaux, qui sait voler... de fenêtre en fenêtres, est si éblouissant !
NB le sujet, le cheminement via un jeu d'échecs, et l'originalité méritent une palme spéciale à mon avis !
je ne sais apprécier le contenu lyrique de " foOoO... " mais suis admiratif devant un tel déploiement de savoir-faire.

   Eskisse   
3/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un univers barré plein de douceur et de fantaisie.

Je suis séduite par l'inventivité, le rythme rapide et l'extravagance à la Queneau.
L'écriture est cartoonesque, apparemment simplifiée ( dans le lexique ) mais décalée et poétique : " en tremplin de rêves" / " Prenons un fou."

Particulièrement aimé la trouvaille de l'échiquier qui démultiplie les plans de "réalité".

   Provencao   
3/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Admirative de cette nouvelle qui épouse brillamment la consigne demandée.

Tout est à réinventer, à retrouver, à relire. Pas d'épuisement dans la construction de votre nouvelle, elle révèle l'infini déploiement, affirme son ingénieuse inventivité, son rythme ...

Concept très original qui m'a littéralement enchantée.

   plumette   
3/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
quelle inventivité!
c'est à la fois poétique, drôle, esthétique.
je n'imaginais pas que l'on puisse ainsi illustrer un texte avec des lettres et un clavier.

le fond de l'histoire disparait un peu derrière la forme, mais la forme est tellement séduisante que cela n'a pas d'importance.

je pense au surréalisme, je suis emballée!

   Cox   
3/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Ce texte fait partie des quelques tentatives concours qui se démarquent pour moi parce qu'il arrive à proposer quelque chose d'original, sans pour autant perdre de vue qu'il faut que ça ait de l'intérêt pour le lecteur.
Bon, je dois dire que je n'ai pas été convaincu personnellement par les éléments graphiques: je respecte la prouesse technique, mais ils n'ont vraiment pas apporté grand chose à ma lecture, si ce n'est peut-être qu'ils participent à renforcer une certaine candeur dans le ton, qui sert bien le fond merveilleux. En dehors de ça, les limitations techinques font que je ne trouve pas ça hyper-joli (mais j'ai des goûts de chiottes, donc prenez ça comme un compliment), ni hyper-pertinent.

Mais c'est le texte qui m'a bien plu. Une espèce de petit délire éthylique qui a sa propre cohérence (je me suis insurgé qu'on puisse incriminer le raccourci du papa: d'accord on ne peut pas jouer Ce6-h7 directement, mais une fois en f8 il pouvait tout à fait rejoindre sa destination avec un bond de plus!).
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé l'idée des jeux comme moyen de transport, même si j'aurais été curieux de voir comment ça se transposait au bridge ;) Je suis un tout petit peu moins fan du personnage d'Elinar qui fait caricature de poète du quotidien au pays des merveilles; le doux rêveur barré assez classique. Mais sa technique de vol a le mérite d'être visuelle et rigolote!
Le monde suggéré est intrigant, et le texte nous laisse avec une certaine curiosité qui est bien dosée en cela qu'on a des questions mais qu'on se fout des réponses, puisqu'on se doute qu'elles n'existent pas.

Ce qui me manque pour que je sois emballé, ce serait une sensation de liant; l'impression de lire un tout, plutôt qu'un ensemble de fragments parfois bizarrement reliés. Bizarrerie en partie volontaire, mais elle me laisse avec la sensation d'avoir regardé défiler une diapo de photos de vacances, plutôt que d'avoir vraiment visité les lieux: une vision un peu hachée qui donne à voir les idées que l'auteur veut mettre en avant sans tout à fait réussir à m'immerger dans l'ambiance

Mais ça reste pour moi un souffle d'air frais sur ce concours, merci pour la lecture!

Cox

   in-flight   
4/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
À travers ces calligrammes, l'auteur valide les critères du concours (sauf la longueur).
Sur le fond, l'ambiance est assez lunaire mais on finit par rentrer dans l'univers (les cases devrais-je dire).
Un texte original.
Merci

   Cleamolettre   
15/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Merci pour cette lecture à la fois touchante et souriante, j'ai vraiment aimé les mini aventures de Ranile, D'Elinar et de leurs touristes bougons. Il y a du naïf, de la poésie, de l'enchantement et du dépaysement dans ce texte remarquablement illustré étant donné les moyens du bord (j'admire vraiment cette mise en forme, j'en suis incapable).
C'est original et inventif, et on comprend les personnages en peu de mots, sans grandes descriptions, tout ce que j'aime !


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