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Aventure/Epopée
Alexan : En cavale [Sélection GL]
 Publié le 27/07/17  -  12 commentaires  -  16144 caractères  -  163 lectures    Autres textes du même auteur

Ils ne me trouveront jamais ici. Jamais.


En cavale [Sélection GL]


Ils ne me trouveront jamais ici. Jamais.

Non, ils ne viendront pas me chercher si loin. Et puis, comment le sauraient-ils ?

Yau Tong, East Kowloon. C’est ici que je me planque. Usines pourries désaffectées, HLM en ruines entre les terrains vagues aux travaux interrompus, et qui regardent désœuvrées les buildings scintillants de Central et Wan Chai, de l’autre côté de ce bras du détroit de la rivière des Perles, sur l’île de Hong Kong. À côté de la jetée, un petit port de pêcheurs comme il devait y en avoir à l’époque de Cendrars. Un minivillage au bord de l’eau, camouflé entre les collines vertes qui s’élancent vers le ciel, et ces vieilles usines grises et brunâtres, abandonnées, aux murs poussiéreux, déchirés par des fissures ressemblant à des cicatrices, et aux vitres si dégueulasses qu’elles paraissent teintées comme pour cacher les rendez-vous secrets, les trafics illicites qui se passent à l’intérieur. Certains carreaux sont cassés, et les bouts de verre s’étalent sur l’asphalte parmi la poussière et les morceaux de béton armé qui s’effritent enfin. Un décor du XIXe siècle en Europe, de la révolution industrielle, un décor de métamorphose soudaine mais jadis délaissée en cours, un décor à la Zola, une toile de Monet quand il peignait les gares parisiennes, les trains enfumés qui envoyaient les chevaux à la retraite, et les chemins de fer qui violaient les sentiers de terre.

Et entre tout cela, le port et le village de pêcheurs au bord de l’eau, telle une Venise abattue, pauvre et délabrée. On dirait que le temps et le progrès les ont oubliés, pendant que Hong Kong grandissait et devenait une ville cosmopolite, moderne, et même futuriste, laissant ce petit lieu derrière les usines échouées, spectateur de leur déroute et agonie.


Non, ils ne me trouveront jamais.

De l’autre côté, sur l’île de Hong Kong, c’est une muraille d’immeubles flamboyants qui se dressent et dominent le détroit. Mais derrière, au-dessus des toits, dépassent les montagnes invincibles qui sous le ventre des nuages dessinent de leurs courbes aux sommets arrondis un horizon qui rapetisse ces gratte-ciel, et les fait ressembler à de simples maquettes.

Ici plus qu’ailleurs à Hong Kong, on se rend bien compte qu’en fait, la modernité urbaine n’a pas vaincu la nature. Car cette dernière domine en dessus, en dessous, derrière, pendant qu’elle laisse l’homme faire des turpitudes qui ne la terrasseront jamais. Elle le regarde comme on regarde un enfant qui fait des bêtises, ou bien comme un dieu qui, serein, observe les humains s’amuser, se débattre, créer, détruire, user de leur libre arbitre, tout en sachant bien que tout cela n’est jamais qu’un jeu. Un jeu divin.

Sur la jetée, les rangées de cannes à pêche tenues par des mains fermes s’avancent au-dessus de l’eau et, comme des girafes relevant la tête, s’alignent dans l’axe des grues géantes qui jaillissent en ombres gigantesques des entrepôts marins aux dunes de ciment où s’approchent de monstrueux cargos chargés de centaines de containers, et entourés de pauvres barques qui ressemblent alors à des fourmis flottantes. Elles sont amusantes à regarder ces barquettes avec leurs gros pneus de roues de voiture attachés à l’avant et à l’arrière en guise de pare-chocs.

Toutes les effluves qui s’évaporent viennent fusionner dans les airs jusqu’à nos narines. Et c’est comme une seule odeur, un parfum unique. Le parfum du Port Embaumé.

J’adore cette odeur. Comprenez bien, ça pue ! Ça chlingue ! Mais pour d’inexplicables raisons, j’adore. Peut-être parce que cela sent un peu comme un sous-bois humide, les fruits de mer, le bon fromage de campagne, la sueur après l’effort… ça sent… ça sent la vie. L’intimité de l’existence qui s’exprime.


Non, non… ils ne me trouveront jamais.

Le petit village. Des bouis-bouis, des magasins, restaurants de nouilles et de fruits de mer, des marchés et des ruelles, dédales, labyrinthes… On se croirait non pas en plein milieu d’une mégapole célèbre, mais plutôt sur une île de l’Asie du Sud-Est. Les restaurants de fruits de mer entassent leurs poissons et crustacés dans des containers d’eau. Certains sont de véritables monstres ! Des crabes terrifiants, d’énormes araignées aquatiques, des cafards géants ! C’est Alien ! Starship Troopers ! Quand on voit ce qu’on peut rencontrer dans les profondeurs de la mer, cela dissuaderait presque de faire de la plongée. Mais surtout, à les observer tous agglutinés dans l’espace si restreint de leurs bocaux en plastique, les uns sur les autres sans même pouvoir bouger, gesticuler, et même si ce ne sont que des bêtes, on se dit qu’il y a vraiment des existences atroces.

Les maisons en pierre aux toits de tôle s’éparpillent le long de l’eau, et de l’extérieur on ne peut se rendre vraiment compte de la densité du village, de ses passages secrets, et de ses allées sinueuses et interminables regorgeant de petits trésors cachés à l’image de cette quincaillerie aux mille et une pièces et outils. Le mec qui la tient est un vieillard, un minuscule Chinois à la barbichette pointue, aux petites lunettes rondes, et au sourire sans dents. Si vous lui demandez la vis, le câble ou le fil qui manque à votre baladeur des années 90, il l’aura forcément quelque part dans sa caverne trouve-tout dont il n’a sûrement jamais rien jeté depuis des décennies.

Et on se perd dans les ruelles étroites, escaliers et passerelles de ce souk asiatique aux pots de fleurs devant les maisons et boîtes aux lettres innocentes accrochées aux fenêtres. Certaines rues peuvent être de vrais foutoirs : bidons d’essence qui traînent par terre, portes cassées, plantes sauvages qui poussent un peu partout, grillages rouillés, portails en métal déglingués, murs à moitié détruits où se devinent encore de vieux caractères chinois quasiment effacés… et le linge qui pend en compagnie des sardines. Et il y a aussi dans les galeries marchandes ces petits passages incroyables, sublimes, splendides, où l’on fait griller clandestinement le poisson à peine pêché par le mari juste derrière la boutique, là, au bord de l’eau qui s’incruste sous les portes, la canne à pêche à la main, les bottes en caoutchouc aux pieds, assis le cul enfoncé dans un vestige de pneu. Et quand on habite l’un de ces logis, on entend son voisin même s’il chuchote, et ici, en principe les gens ne chuchotent pas. Les autochtones sont pêcheurs, ou restaurateurs, ou commerçants…

Plus loin, sur la jetée, non loin de la plagette et du petit phare, là où la péninsule s’étend en pointe de sable, de graviers et de roches, on trouve des restaurants chics pour amateurs de fruits de mer qui s’assoient autour de grandes et somptueuses tables en bois, dans des salons à la moquette rouge et aux nappes blanches qui cachent les cuisines fouillis où se démènent cuistots et plongeurs débordés.

Mais du côté de l’eau et des collines, c’est le même coucher de soleil pour tout le monde. Certains ont juste un peu plus de temps pour l’admirer.


Non, ils ne me trouveront pas.

Les escaliers en pierre mènent vers des hauteurs, où pas un seul instant on ne se douterait que le village continue. Et pourtant si ; il recouvre la colline de ses maisons qui poussent de manière improbable, en équilibre entre les rochers, l’herbe, et le vide, défiant les lois du feng shui. À Hong Kong, et jusqu’ici même, il y a toujours des travaux quelque part. Une construction est en cours avec des ouvriers torse nu, casque jaune sur la tête, qui soulèvent une poutrelle et traversent une passerelle de planche pendant que d’autres jouent du marteau et à la perceuse. En fait, on ne sait pas bien s‘il s’agit d’ouvriers professionnels ou juste de voisins.

De larges bâches imperméables pendent des maisons, des magasins et des bric-à-brac, attachées par deux clous, et l’on se précipitera pour les accrocher aux quatre coins dès la première violente averse.

Mais à Hong Kong, ce qu’il y a vraiment d’unique, c’est qu’au milieu de cette campagne un tantinet urbaine, dans ce village mi-sauvage mi-civilisé, ce port rural aux usines désertées, on trouve à la fois des parcs aménagés pour les enfants où il est interdit de fumer, des bancs réservés aux personnes âgées, des toilettes publiques modernes et nickel, des passages pour handicapés à côté des escaliers, et même des terrains de basket flambant neufs… mais aussi, à deux pas de là, des chemins qui ressemblent à des terrains vagues, des décharges foutoirs où sont éparpillées poubelles, roues de vélos orphelines, chaises et tables à deux ou trois pieds… et puis, plus loin, un petit escalier qui mène à de modestes baraques, splendides, dont les jardins improvisés sont perchés entre les arbres, là où la nature triomphe, et d’où l’on peut jouir de la vue sur cette extraordinaire ville d’immeubles de béton et de glace qui poussent au-dessus de l’eau, et en dessous des montagnes.


Non, ils n’y arriveront pas. Jamais, jamais, ils ne viendront jusqu’ici.


Ma piaule est proche du temple de Lei Yue Mun. J’aime bien y aller parfois, pour méditer, ou prier, ou les deux peut-être. Et ce qu’il y a d’impressionnant lorsque assis devant le Temple je regarde la vue de la ville, c’est que de là je peux voir le delta qui s’élance tel un fleuve jusqu’à Lantau, mais surtout, de chaque côté de l’eau, l’île et la péninsule qui se font face.

En effet, de ce côté-ci, du côté de Kowloon, les maisons usées regardent les immeubles neufs et droits qui se dressent, fiers, sur l’île de Hong Kong. On croirait voir deux navires qui se défient et s’intimident avant de passer à l’abordage, ou encore une bagarre entre le gang des géants riches et celui des nains pauvres. Mais dans les deux cas, ils sont de nouveau soumis par la nature ; les géants par les montagnes, et les nains par les arbres. Et c’est comme si ceux-ci se disaient : « Laissons-les se battre, va ! Après tout, ils ne se feront pas bien mal. »

Ma piaule… oui. Je crèche chez un mec d’ici qui me loue une chambre. Il doit avoir la quarantaine. Il est plutôt sympa, mais distant. Il parle peu. Tant mieux. Il lui reste trois pièces dans la maison, mais il préfère dormir dans sa barque avec son chien sur le ventre. Le soir, je m’assois sur la jetée, je fume une cigarette, et je les regarde, lui et son chien, qui dorment comme deux amoureux. Sur cette partie de la jetée, il n’y a quasiment jamais personne. À part lui, son chien, et moi.

Devant la baraque un sac de frappe est attaché à une corde tel un pendu. Quand je me sens angoissé, je me mets torse nu, et je frappe, je frappe, ma rage, ma colère, je frappe ! Puis en sueur je rentre dans la salle d’eau vétuste aux murs fissurés, dont la douche crache un petit jet radin, et je reste là une bonne demi-heure avant d’aller me sécher au soleil, ma serviette attachée au niveau des hanches. Puis je vais dans ma chambre, m’enferme, et m’allonge sur le lit. Et je me demande bien comment, oui, comment ? Comment me trouverait-on ici ?

Quand la nuit tombe, tout scintille comme des étoiles. La brise marine vient rafraîchir la peau brûlante, les odeurs de poissons grillés et de vapeurs se mêlent au bruit des vagues poussées par les bateaux nocturnes, et les voix qui s’exclament fusent des maisons ; les voix des marins, des pêcheurs, les voix des ménagères, des patronnes, les voix des voisins et des voisines qui ici sont comme des oncles et des tantes.

Et quand je marche dans ces allées presque désertes à peine éclairées par des lanternes rouges baignées dans l’encens qui purifie l’air et chasse les mauvais esprits, la nuit devient pourpre et parfois même étrangement turquoise. Alors je me sens transporté par une atmosphère, une ambiance si particulière, en ce village de pêcheurs qui dort doucement, dans le silence seulement rompu par les vagues et quelques voix qui se perdent en échos, à deux pas de l’effervescence de TST, Wan Chai, Mong Kok, Lan Kwai Fang. Dans ces ruelles qui semblent presque brumeuses, où la brise salée se faufile dans les dédales, je me prends pour un espion, un voleur, un chat, et quand une maison se pousse au fur et à mesure que j’avance et que la rue se courbe en zigzag, je distingue en levant la tête le village qui grimpe dans les hauteurs, et se blottit en dessous des arbres. Et seulement parfois, au milieu de la nuit, lorsque je regarde vers les maisons de la colline, je devine une chambre éclairée d’une faible lampe, ou d’une bougie. Et j’imagine une jeune fille allongée sur son lit, seule, solitaire, et qui lit. Et je me dis que peut-être, peut-être, elle me comprendrait.


Quoi qu’il arrive, il ne faut pas qu’ils me retrouvent. Jamais.


Et pourtant… C’est un matin que c’est arrivé. Je l’ai senti, je l’ai même vu. J’en devenais parano comme si j’étais soudain persécuté, comme si des yeux étaient posés sur moi, comme si je venais de recevoir des menaces de mort. J’entendais comme des rires qui me tourmentaient, et des cris affreux, terribles, effrayants, qui m’écorchaient quelqu’un de l’intérieur.

J’ai tout de suite compris. Ils étaient revenus.

J’ai fait mon sac à toute vitesse. J’ai regardé l’heure. Il était tôt. Je pouvais peut-être prendre un visa et entrer en Chine continentale, ou bien aller au Viêt Nam, ou alors Manille, ou un bateau au hasard, un cargo partant en mer, n’importe quoi ! Oui juste un moyen de fuir, vite !

En l’espace de quelques instants, des millions d’idées me sont passé par l’esprit, même les pires, oui, surtout quand mes yeux se sont posés sur le couteau de cuisine, et c’est là, à ce moment précis, que j’ai vraiment eu peur. Oui, peur de mon regard, peur de ce à quoi j’étais en train de penser, de considérer, de concevoir ! Peur de moi… Oui, ça y est, je viens de comprendre qui est véritablement mon seul ennemi.

Je me suis assis. Je me suis calmé. J’ai même un peu souri, avec un peu d’ironie. Comme dans ces moments où l’on réalise sa folie, sa peine dérisoire et, après tout, le manque d’importance des drames. Et on se revoit avec recul, détachement, se débattre face à soi-même, se saisir par la gorge pour détruire son chagrin avec haine en l’étranglant pour qu’il se taise.

Et on regarde ça en se demandant : « C’est bien moi ? »

Et on sent quelque chose. C’est la même chose, peut-être… mais on a changé. Alors… ce n’est plus vraiment la même chose, en fait…

C’est plutôt comme une main posée sur son épaule. C’était là avant, on l’avait vu, oui, mais on ne l’avait pas reconnu. Et là… enfin, c’est comme la Grâce.

Je regarde mon sac que j’ai fait à une telle vitesse, pris dans la panique. Je ris, un peu à deux doigts de l’hystérie. Mais c’est bon, ça fait du bien. Cela peut être un grand soulagement que de perdre ce que l’on gardait précieusement caché comme un trésor vierge. Oui, un grand soulagement… quand sa plus grande peur arrive enfin à se produire. Car en vérité, qu’y a-t-il de pire que la peur ? Même la plus grande des horreurs ne fait pas le poids face à l’appréhension menaçante qu’elle provoque.

Quand on a perdu, au moins, on n'a plus peur.

Et ils sont bien là. Je le sais. Ils m’ont déjà trouvé.

J’ai tout le temps à présent. Plus de raison de se presser.

Il me faut prendre un vol ; un avion de retour au pays. S’ils peuvent m’atteindre ici, alors partout où j’irai, partout, ils me retrouveront. Ce n’est plus la peine de fuir. Se rendre ? Oh non… non ! sûrement pas ! Pas se rendre. Poser les armes devant mon adversaire et m’avouer vaincu ? Ça jamais ! Au contraire, un nouveau combat commence maintenant. Faire face ! Oui… prêt pour l’affrontement, tel un guerrier, un samouraï… Ce sera ma guerre ! Oui… sans doute la guerre de ma vie. Il n’y a rien d’autre à faire, il est là, mon destin. J’ai bien essayé de le fuir, mais… là-bas ou ici, je vois bien…


Oui… ils sont bien là. Je le sais, je le sens… Ils m’ont retrouvé.


Je sors de chez moi. La brise du delta de la rivière des Perles effleure les poils de ma barbe qui dansent sur mon visage. Et l’odeur… ce parfum unique du Port Embaumé… Cela va me manquer. Mais un jour, peut-être, je reviendrai. Et alors, tout sera différent.


Oh oui, ils m’ont bel et bien retrouvé. Mais sans doute ne m’avaient-ils jamais quitté.


 
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   Anonyme   
8/7/2017
 a aimé ce texte 
Pas
J'ai trouvé le style très ampoulé, chargé à l'excès d'adjectifs et de descriptions pas toujours très heureuses : "les chemins de fer qui violaient les sentiers de terre".
Il en ressort une impression touffue où il est difficile de suivre le cheminement de l'histoire. D'ailleurs il n'y a pas d'histoire, juste les cogitations d'un individu qu'on finit par comprendre fou, du moins pourchassé par des démons intérieurs.
Pas très intéressant tout ça. Il manque de la clarté et un véritable scénario pour ma part.

   Marite   
13/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Véritable aventure que ce récit.
Lu d'une seule traite, sans pause et sans ennui, le narrateur nous entraîne et nous fait pénétrer dans un lieu si dense et si fourmillant de vie qu'effectivement il sera difficile de le retrouver ... celui qui est en cavale mais pour fuir qui ? quoi ? Les fantômes du passé ... ? Les cauchemars qui hantent la mémoire ... ?
D'innombrables descriptions, à profusion, sans répit, se succèdent comme s'il ne fallait surtout pas laisser un seul espace libre dans les pensées qui se bousculent.
Et puis : " C’est un matin que c’est arrivé ... c’est là, à ce moment précis, que j’ai vraiment eu peur ... Peur de moi… oui, ça y est, je viens de comprendre qui est véritablement mon seul ennemi.Je me suis assis. Je me suis calmé ... on se revoit avec recul, détachements, se débattre face à soi-même, se saisir par la gorge pour détruire son chagrin avec haine en l’étranglant pour qu’il se taise."

Que dire de l'écriture ? Pour moi je la trouve magistrale car elle m'a portée, sans faillir, tout au long de l'aventure.

   hersen   
14/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'ai pas apprécié ce texte d'emblée, il m'a fallu peut-être un peu trop de temps pour comprendre et ce temps perdu a été au détriment de mon plaisir de lecture.

Et pourtant, l'idée d'essayer de se cacher dans un lieu grouillant, sans pourvoir parvenir à se cacher à soi-même, est une très bonne idée.

les descriptions sont bien rendues mais sur la longueur, on finit vraiment par être frustré de ne pas savoir où l'auteur nous emmène.

Je salue cependant ce travail d'écriture.

   Anonyme   
27/7/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Histoire: 2/5 Arrivé aux 2/3 du texte, j'ai pensé que le personnage principal était Hong-Kong et que le narrateur n'était que faire-valoir. Cela me plaisait. Et puis, il y a cette fin, cette prise de conscience de ses démons intérieurs, pas très réussie. Trop rapide mise au regard du long début.

Personnages : 2/5 J'aurais aimé que le texte reste centré sur cette description jouissive d'Hong-Kong. Cela aurait été original et l'auteur semble aimer cette ville et nous le rend bien. Mais le narrateur finit par prendre le pas, et là je suis perdu. Qui est-ce? Qu'est-ce que cette folie intérieure, ou cette sagesse soudaine? Un peu facile, un peu plaqué et pas assez fouillé.

Style: 2/5 Texte très descriptif, pas d'action, pourquoi pas. Mais abus de comparaisons (les "comme ...", "telle.." "on dirait un..."), métaphores, envolées lyriques qui alourdissent le propos. Digressions sur Dieu mal à propos (trop ou trop peu développé)

Ressenti global: une matière épaisse qui m'a donné envie d'Hong-Kong que je ne connais pas

Avis éminemment subjectif d'un lecteur lambda

   Anonyme   
27/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Un tableau minutieux des lieux, aux images fouillées parfois un peu emphatiques.
L'idée est intéressante ; cet homme qui tente de fuir ses démons qui le persécutent mais se rend compte qu'il vaut mieux parvenir à les vaincre " Mais un jour, peut-être, je reviendrai. Et alors, tout sera différent."


J'ai trouvé la description un peu trop longue qui, à mon sens, étouffe la raison de cette "cavale".

   Jean-Claude   
27/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Alexan.

Je vais commencer par une question. Eux sont-ils dans sa tête ? J'ai relu et je n'ai pas su trancher. Ce n'est pas forcément dérangeant.

Belle et longue description qui pose un climat, entretient l'attente mais au détriment d'une histoire dont l'objectif n'est peut-être que le climat, pas l'histoire, menant à une fin ambiguë.

Détail pratique : en général on ne met pas de "," avant les "et".
Le cas typique est ", et qui regardent désœuvrées" car ça coupe la liaison claire avec HLM et n'établit pas la relation avec Usines.
Bien sûr, il faut garder celles des incises comme ", et même futuriste,".
Par contre , pour "gesticuler, et même si ce ne sont que des bêtes, on se dit", ce n'est pas une incise puisqu'il y a "on se dit" ; il faudrait "gesticuler et, même si ce ne sont que des bêtes, on se dit" ou "gesticuler, et, même si ce ne sont que des bêtes, on se dit" (ici la virgule avant n'est pas spécialement gênante et l'incise est après le "et").
Toutefois, pour l'essentiel, la règle s'applique quand le "et" précède le dernier élément d'une énumération.

A une prochaine lecture.

   Solal   
28/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Pour ma part, j'ai trouvé la description de Hong Kong magnifique. Les mots ont captivé mon imaginaire. J'ai presque cru sentir la puanteur des ruelles boueuses et être ébloui par le soleil se reflétant sur les façades en verre des gratte-ciels.
Une ville avec plusieurs visages pour un narrateur à la personnalité dissociée. J'aime ce parallèle que , il me semble, vous n'avez fait qu'esquisser.
Quel dommage car le désarroi dans lequel est plongé votre personnage résonne plutôt comme une excuse pour écrire sur Hong Kong.

   Anonyme   
28/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Alexan,

Alors comme ça tu as pris le prétexte de la fuite en avant pour nous faire rêver de Hong Kong.

Pari réussi pour moi.

Soit tu connais la ville et la racontes bien, soit tu imagines très bien.

Quoi qu’il en soit le voyage avec tes yeux et tes ressentis pour guides a été dépaysant au possible. Les odeurs, les couleurs, les bruits, les paysages de la cité tentaculaire, tout y était.
Tu m’as emportée dans les méandres de tes pensées. J’étais dans l’évasion hors norme, hors des sentiers battus.

J’ai aimé cette ville au travers l’amour que tu lui portes. J’ai encore dans le nez l’odeur du « poisson grillé clandestinement à peine pêché dans les dédales de ces petits passages incroyables, sublimes, splendides… », et dans la figure, « La brise du delta de la rivière des Perles effleure les poils de ma barbe qui dansent sur mon visage. »

Pour le seul plaisir, je recopie ici un extrait, le plus romantique à mon goût, mais il y en a tant :
« Alors je me sens transporté par une atmosphère, une ambiance si particulière, en ce village de pêcheurs qui dort doucement, dans le silence seulement rompu par les vagues et quelques voix qui se perdent en échos, à deux pas de l’effervescence de TST, Wan Chai, Mong Kok, Lan Kwai Fang. Dans ces ruelles qui semblent presque brumeuses, où la brise salée se faufile dans les dédales, je me prends pour un espion, un voleur, un chat, et quand une maison se pousse au fur et à mesure que j’avance et que la rue se courbe en zigzag, je distingue en levant la tête le village qui grimpe dans les hauteurs, et se blottit en dessous des arbres. Et seulement parfois, au milieu de la nuit, lorsque je regarde vers les maisons de la colline, je devine une chambre éclairée d’une faible lampe, ou d’une bougie. Et j’imagine une jeune fille allongée sur son lit, seule, solitaire, et qui lit. Et je me dis que peut-être, peut-être, elle me comprendrait. »

Pas vraiment une histoire, mais un tableau très riche, grouillant de vies et de vie. Un tableau plein de rythme, foisonnant de détails. J’aime assez que l’on m’offre des décors de cette envergure pour m’évader à ma guise.

Une belle écriture, gouleyante et riche à souhait, comme je les aime.
A te relire.

Merci du partage.


Cat

   Tadiou   
2/8/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
(Commentaire tardif. Commentaires précédents non lus).

Que de minuties dans les multiples descriptions ! Cela évoque les paysages, les maisons... détaillés avec tant de soin par Balzac.

Toute cette peinture exotique d'une région que le narrateur connaît bien et décrit avec passion, a un côté attachant. Mais les phrases sont souvent inutilement longues avec un style linéaire, uniforme, journalistique, qui ne présente pas de charme pour moi. J'ai continué à lire jusqu'au bout malgré tout, "en faisant un effort".

Le leitmotiv "Ils ne me trouveront jamais ici. Jamais." perd de sa force, étant répété, identique à lui-même, comme dans l'indifférence.

Je ne ressens pas d'émotion à la fin, comme si le narrateur n'en éprouvait pas, totalement résigné.

Le style, uniforme, parfois bien lourd, procure quelque ennui.

Et on pourrait se dire :" Tout ça pour ça?" car on reste largement dans le virtuel et ces gens qui sont censés retrouver le narrateur restent terriblement absents.On pourrait tout à fait imaginer que le narrateur fantasme et que rien n'est réel.

Il me semble que ce serait intéressant de reprendre ce texte, en en modifiant l'équilibre descriptions/actions, en donnant quelques clés et en impulsant de l'émotion.

A te relire avec intérêt.

Tadiou

   vb   
10/8/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Alexan,
votre nouvelle ne m'a plu qu’un peu. L'idée est bonne et m'a fait penser au Cœur régulier d'Olivier Adam où l'on raconte aussi l'histoire d'un personnage qui trouve le repos d'âme en extrême orient. Cependant, il y a beaucoup trop de fautes techniques pour que j'aie pu m'en détacher et vraiment entrer dans l'intrigue du récit.
Voici donc une liste non exhaustive des points qui m'ont gêné.
1) L'asphalte et le béton armé n'évoquent pas pour moi la gare Saint Lazare de Zola et de Monet qui était en pierre mais plutôt les monstres inspirés du Bauhaus et du Corbusier.
2) "violaient" est à mon goût une image trop forte.
3) Venise. Si vous décriviez des temples chinois ou des palais rococo, je veux bien ; mais, ici, vous parlez de ruines industrielles. Pour moi, ça ne cadre pas.
4) Je supprimerais soit la virgule avant le "et" qui suit "gratte-ciel" ou bien le "et" lui même en laissant la virgule. (Dans une énumération, il n'y a pas de virgule avant le "et" final. Sauf exceptions comme par exemple lorsque le dernier terme de l'énumération est une action conséquente de celles qui précèdent.)
5) L'expression "en fait" est en général du verbiage que l'on peut souvent supprimer sans perte de sens.
6) "modernité urbaine" : soit "modernité" soit "urbanité"
7) "Car cette dernière ... jamais" Le lecteur n'aime jamais qu'on lui explique les choses. Il préfère les sentir. On sent trop l'auteur.
8) "Elle le regarde comme on regarde... ou bien comme un dieu..." Le premier comme se rapporte à "regarde" le second à "Elle". Ce n'est pas bien construit.
9) "ou bien": on peut se passer du mot "bien"
10) "tout en sachant": on peut se passer du mot "tout"
11) "Un jeu divin": trop d'emphase. À votre place j'enlèverais le point précédant et le remplacerais par une virgule.
12) "Sur la jetée ... flottantes" Phrase trop longue et mal structurée, peu claire. Je mettrais "tenues par des mains fermes" entre virgules. Il y a deux subordonnées imbriquées et la conjonction "et" précédée par une virgule. C'est très confus.
13) Double génitif "de roues de voiture". Supprimer "de voiture"! Qu'elles soient de voitures ou de camions n'intéresse pas.
14) "à l'avant et à l'arrière". Où pourraient-ils être d'autre?
15) "dans les airs" ou "jusqu'à nos narines" : l'un ou l'autre pas les deux.
16) "Port Embaumé" : lourd. Peut-être fusionner ce bout de phrase avec la phrase précédente.
17) "bon fromage" : image trop positive. "fromage bien fait" serait plus clair.
18) "des magasins, restaurants" Ajouter "des" avant restaurant.
19) "magasin" n'éveille aucune image. Remplacer par "bazar" ou quelque chose du genre ayant plus de sens.
20) les mégalopoles sont d'habitude célèbres. Supprimer célèbre.
21) "mais plutôt... Est." oui, et alors? On sait bien que l'on est en Asie du Sud-Est?
22) "Fruits de mer", "Poissons et crustacés", etc... Trop on a bien compris. Réduire la liste.
22b) "Certains": grammaticalement certains devrait remplacer containers. J'ai trébuché.
23) "presque de faire de la plongée" supprimer "presque" qui ne fait que diminuer l'impact du propos sans apporter de sens notable.
24) "Mais surtout" supprimer "surtout" pour les mêmes raisons.
25) "et même si" Les virgules devant les "et" sont souvent suspectes. Ici j'hésite. Je me demande s'il ne faudrait pas une virgule de plus après le "et"
26) "le long de l'eau, et..." Soit supprimer la virgule, soit mettre un point virgule, soit mettre un point et faire deux phrase (ma préférence).
27) "vraiment" peut être supprimé.
28) Enlever la virgule avant passages secrets.
29) "mec" ne correspond pas au ton du narrateur mettre homme, bonhomme, vieillard (et supprimer vieillard un peu plus loin) ou proxénète.
30) Supprimer "forcément" et "sûrement": c'est du verbiage.
31) "souk asiatique" Supprimer asiatique.
32) "foutoirs" : ne correspond pas au ton du narrateur.
33) "et le linge qui pend en compagnie de sardines" Belle image mais sans connexion avec le paragraphe: mettre ailleurs ou supprimer.
34) "Et il y a ... pneu." Phrase trop longue et peu claire. Les groupes nominaux s'imbriquent. "qui" se rapporte à "eau" et "assis" se rapporte à "mari". Ajouter une virgule après "marchande"
34b) "Et quand ... commerçants". J'ajouterais, pour la clarté, une virgule après le premier "Et" et entre le deuxième "et" et "ici"
35) "Plus loin ... débordés" Phrase trop longue et alambiquée. J'ajouterais une virgule après "nappes blanches"
36) "l'herbe, et le vide" supprimer la virgule.
37) "À Hong Kong, et" supprimer la virgule.
38) "et à la perceuse" remplacer "à" par "de".
39) "En fait, on" supprimer "en fait" Ici on pourrait poser une question rhétorique au lecteur : "S'agit-il d'ouvriers..."
40) "modernes et nickel" nickel ne convient pas au ton du narrateur.
41) "triomphe, et" supprimer la virgule.
42) "l'eau, et" supprimer la virgule.
43) "lorsque assis devant le temple je" Mettre des virgules autour de "assis devant le temple" ou écrire "lorsqu'assis ... temple" avec ou sans virgule après temple.
44) "de là" mettre des virgules autour
45) "voir le delta" remplacer par "voir non seulement le delta"
46) "chez un mec d'ici" remplacer "mec" par quelque chose de plus sensé (un pêcheur, un boxeur, un charcutier).
47) "son chien, et" supprimer la virgule
48) "courbe en zigzag" contradiction
49) "qui m'écorchaient quelqu'un de l'intérieur" Compliqué, je n'ai pas compris.
50) "ou un bateau" remplacer par "ou prendre un bateau"
51) "des millions d'idées me sont passé" Accorder passé avec idées
52) "horreurs" pour moi horreur est un synonyme de peur. Je ne comprends pas.
À bientôt,
Vb

   FANTIN   
23/2/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Dès le début les descriptions prennent le pas sur une intrigue longtemps ramenée à un simple leitmotiv artificiel: "Ils ne me trouveront jamais..." L'exotisme des lieux et des noms ne suffit pas à faire une histoire.
Quelques remarques sur la langue et le style: l'argot employé ici et là sonne un peu faux et forcé. "Effluve" est du masculin. Il y a aussi une maladresse de construction: on peut écrire "peur de ce à quoi j'étais en train de penser", mais pas "peur de ce à quoi j'étais en train de considérer", etc.
La fin est très confuse et confirme l'absence de réelle intrigue. C'est ce qui manque cruellement à cette nouvelle.

   mirgaillou   
18/10/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Oui, les descriptions sont très longues mais on aime à s'y perdre. Une histoire à la Kessel ou de tant d'auteurs voyageurs.
L'évocation du parfum du port me touche particulièrement, ce mélange d'eau croupissante, de poisson, d'huile, cela forme une fragrance inoubliable et typique.
L'étonnant mélange des quartiers luxueux quand subsistent des bidonvilles qui gardent un charme grâce à une nature qui se faufile partout...
Vous vous êtes vous-même un peu perdu dans cette ville aimée et connue et on ne peut pas vous le reprocher. Il faut savoir prendre le temps avec vous.
Finalement on apprend, après avoir fini par comprendre : "l’œil était dans la tombe et regardait Caïn".
je suis toujours plus sensible à l'ambiance d'un texte qu'à sa perfection rédactionnelle qui est pourtant loin de m'être indifférente car cela forme une musique d'ambiance, mais chacun ses goûts!


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