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Réalisme/Historique
alvinabec : RV à la banque
 Publié le 15/03/22  -  11 commentaires  -  9477 caractères  -  55 lectures    Autres textes du même auteur

Quand faut y aller, faut y aller.


RV à la banque


C’est la ligne 9 du métro parisien, une ligne très empruntée.

C’est un mardi matin, il est 8 heures 25. Alma frissonne dans son manteau trop léger pour un début mars. La rame se présente. Devant les portes Alma un peu raide se hisse de profil dès que possible entre deux individus connectés, l’oreillette en place, téléphone en prolongement d’un bras levé. Inutile de naviguer vers un siège pour le moment, trop de voyageurs, Alma cahote entre les stations et l’instabilité de la pensée sur fond de corps secoués. Elle aimerait un peu de silence pour se concentrer mais entre les cellulaires activés et le braillard en face d’elle qui commente le compte de résultat de son entreprise, oui c’est à vérifier, oui mon vieux, dans la journée, on se fait ça, faut absolument le valider pour la réunion de ce soir, je compte sur toi, hein Bernard, j’arrive dans vingt minutes, enfin j’espère, là je suis coincé à la station Charonne, encore un incident technique comme d’habitude. Bon, à tout de suite, oui on se retrouve à la machine à café, évidemment. Alma baisse les yeux.


À République, changement de ligne pour beaucoup, la rame se vide généreusement, Alma se faufile vers le siège encore chaud de son locataire précédent. Bien droite, elle déplie, replie, déplie encore la convocation mille fois lue depuis les trois derniers jours. Elle la connaît par cœur bien sûr, mais on ne sait jamais, et si un signe invisible jusqu’à présent émergeait sur la lettre du rendez-vous ? Enfin non, c’est idiot, deux ou mille vérifications valent mieux que, etc. Il n’empêche, compulsivement elle ouvre et ferme le courrier serré dans sa main gauche quand sa jambe droite s’agite en cadence jusqu’à faire trembler la banquette. Son voisin toussote. Message reçu, tic remisé, Alma croise les jambes dans un sens puis dans l’autre, tente de les étendre, les replie, regarde ses chaussures. Ne voit personne. Gamberge à n’en plus finir. Caresse sa jupe d’une main.


Aïe, ma main, elle s’agite toute seule, ça me fait peur. Sur le tissu de cette foutue jupe, mes doigts vont et viennent tout seuls. Ce tailleur est joli mais je m’y sens mal. Ça me scie la taille, j’ai du mal à avaler l’air, impossible de respirer profondément, j’ai mal au ventre, j’ai chaud, j’ai froid, Mathilde m’a prêté cette tenue, veste impeccable, blouse de princesse, ces vêtements sont soi-disant conformes à ce qui se porte dans une banque. Je ne suis pas très douée pour l’esthétique. Mathilde, elle, elle sait. D’une certaine façon, ça me soulage, je peux me concentrer sur ce que j’ai à dire. C’est si peu en fait, j’ai un stress de première, la langue coupée comme si j’étais dans un pays étranger où personne ne percevrait les mots que je prononce ni ne les comprendrait. Je me sens faible à tous les étages. La panique augmente, je vais me trouver mal.


Je n’ai jamais su quoi porter, Mathilde a décidé, elle m’a dit, t’inquiète, je m’occupe de tout. Elle a dit aussi, c’est incontournable, on ne va pas dans ces endroits-là en pantalon, du moins pas la première fois, donc jupe, collants, escarpins. Va pour le déguisement. Je serre les genoux, le métro connaît des turbulences irrationnelles, j’en ai presque la nausée. Allez, respiration lente pour me détendre selon le principe de Mathilde, dis-toi que tu descends le grand escalier plein de strass comme la Baker avec sa ceinture de fruits, tu ris et demandes « l’ai-je bien descendu ? », sauf que je n’ai pas envie de rire et que je ne suis capable de rien. Je perdrais mes escarpins sur les marches et ça finirait en chute lamentable. Je me sens affreusement mal. Ça va passer, ça va passer, ça ne passe pas, je respire par le nez, la bouche, les oreilles, je donnerais n’importe quoi pour être ailleurs. Je ne suis pas à ma place du tout. Erreur de casting, se sont trompés de Curriculum à la DRH de la finance. C’est un grand flou, un mensonge, je ne suis pas crédible une seule seconde.


La station Miromesnil se présente. Alma, agrippée à la barre près de la porte depuis quelques minutes, descend, hésite entre deux sorties. Oui, c’est par là le quartier des ambassades, sièges sociaux et établissements financiers. Plein d’agents très affairés ne pensent qu’aux marchés, se préoccupent de fusions-acquisitions, envisagent les conséquences desdites et leurs échos politiques avec en filigrane le contentement de soi chez le Conseiller spécial, ah, je suis génial. Alma se laisse envahir par ce genre de réflexions et ce n’est pas le moment, elle se voûte, ralentit le pas, mollement se dirige tout de même vers l’escalator. On débouche sur le trottoir où quelques individus avancent d’un pas décidé. Toujours sembler occupé, confiant, faire croire au monde que l’on sait où l’on va, l’important est là. Alma, l’estomac en vrille, trotte vaillamment vers l’établissement financier, franchit la porte à tourniquet si haute qu’une pyramide humaine pourrait s’y engouffrer et donner une représentation impromptue dans le hall. Saltimbanques, gymnastes dont les corps exultent tandis qu’Alma disparaît au détour d’une galerie.


Alma émerge de la porte à tourniquet deux heures plus tard sur ses escarpins audacieux. C’est la pause-déjeuner, en attestent les effluves de cuisine sur le boulevard. Elle se regarde distraitement dans la vitrine à quelques pas de la banque, elle époussette sa jupe, il y a un faux pli, là. Le buste relevé, elle entre dans la boutique, claque trois cents euros en cinq minutes, sort avec deux sacs, dans l’un des sandales à plateforme qui donneraient de la conversation à n’importe quel cul moulé dans un short en cuir. Dont acte, dans un deuxième sac, un cuir rouge. Elle affiche un petit sourire, ses achats au bout du bras, c’est un peu tôt dans la saison mais elle les portera sûrement l’été prochain, si, et si, sachant bien qu’elle ne les portera pas du tout, qu’elle les donnera de toute façon à Mathilde qui… Sur elle, le microshort sera une seconde peau, l’argument auquel Alma a toujours préféré le jogging façon pyjama. Même taille, même pointure, blonde, sûre d’elle, conquérante, invincible. Son double en mieux, celui conféré par l’éducation et le milieu ad hoc.


Oui, je sais, Mathilde a l’aisance qui me fait défaut, quand elle affirme ceci ou cela, moi je doute en permanence. Comme pendant nos années de fac où j’ai connu la honte à jets continus, celle de m’asseoir sur les vieux bancs de bois, ceux qui craquent sous le regard de Richelieu dans son cadre doré, le grand amphi où des générations d’étudiants se bousculent depuis Abélard au moins, mille ans peut-être, cette fac connue dans le monde entier pour avoir fabriqué les grands noms du Savoir… et puis tous ces intellos dont je ne fais pas partie, qui sont si bien dans ces murs où je n’ai rien à faire. Je ne suis pas du clan des universitaires. Toujours été une quiche au milieu de ces filles à l’aise qui parlent, bougent et s’habillent juste. Moi, je ne suis rien, je ne sais rien, là par hasard, je déshonore ces murs, ma présence est une imposture. Je suis une imbécile, une sotte illégitime sortie tout droit de la boîte de Pandore des minorités visibles, moi la boursière issue d’un lieu improbable. Les pauvres comme moi, ça aime la promiscuité, la télé en continu, le poulet-frites, le coca et un job d’employé municipal. J’oubliais le crédit pour le canapé en faux cuir déjà crevé et tout y est. Ah, non ajoutons le barbecue-rosé disait une fille de la fac qui n’a jamais franchi le périph’, j’en suis sûre, sauf pour aller siroter un verre à Deauville. Fraternité d’étudiants, tu parles, hypocrisie sociale et tolérance sur fond de mépris. J’ai serré les dents pendant cinq ans, je n’ai rien dit sans trop d’effort, en fait j’ai tout avalé, tout supporté le temps de décrocher mon sésame avec la honte comme une peau d’âne, une vraie souillure égarée au cœur de Paris.


Alma se voit comme tous ceux qu’elle nomme des escrocs qui, de tout temps, ont tâté du mensonge pour couvrir la trahison à leur milieu, cette imposture comme un exil intérieur, le sentiment de ne plus avoir d’identité stable, d’être toujours apatride dans une méritocratie aussi compassionnelle que sauvage.


À ce moment où Alma traverse la ville vers son quartier polyethnique, multiculturel, polyglotte – sauf elle qui marmonne à peine quelques mots de dialecte reçus en héritage et de l’anglais scolaire –, son image la regarde dans la vitre de la rame du métro et elle la déteste. Elle voit son chignon bien tiré, ses cheveux lissés à grand renfort de Babyliss tous les matins pour avoir l’air. L’air de quoi sinon d’une paria dans son pays. Ce n’est pas elle, non, ce n’est pas…


Non, pas moi, je pourrais aussi bien disparaître. J’aurais pu, je peux encore, je pourrai, je pourrais ne plus avoir à sourire au monde. Me réfugier à la campagne avec un bon gros Labrador, me balader seulement pour moi. Je rêve. En attendant, faut que je gagne de l’argent.


C’est la cuisine où Alma émiette la convocation du matin dans l’évier, y verse de l’eau et un peu de colle pour fixer cette mixture sur l’éphéméride accrochée au mur. Elle y dessine un point d’interrogation jaune fluo avec le surligneur de ses années sorbonnardes.


C’est fin de semaine, vendredi, jour de marché, c’est bruyant depuis tôt ce matin. Alma s’en fout, elle fixe le point d’interrogation jaune. À la troisième sonnerie du téléphone, elle sursaute, décroche. On aimerait la revoir très vite à la banque, un deuxième entretien ce lundi à dix heures vous convient-il ?


 
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   Anonyme   
16/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai bien compris la mise en scène du syndrome d'imposture, et je compatis car en gros, même non issue d'une « minorité visible » j'ai connu cela pendant l'essentiel de ma vie professionnelle, mais la charge est trop lourde à mon goût, je trouve à Alma quelque chose de caricatural. Si elle est si mal dans le rôle, me dis-je sans guère d'empathie, que ne l'envoie-t-elle bouler ? D'autant qu'aucune pression de son milieu n'est évoquée pour la forcer à réussir dans les affaires, dans cette branche de la banque…

C'est le reproche que je ferai à cette histoire : tout m'apparaît trop appuyé, et le personnage d'Alma présenté sous un seul aspect. Je lis les tribulations d'un personnage emblématique et non d'une personne. Dommage, par ailleurs j'ai apprécié l'écriture que j'ai trouvée vive ; alerte et directe.

   Marite   
25/2/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Une toute petite tranche de vie ordinaire suis-je tentée de penser. L'écriture nous porte sans souci jusqu'à une conclusion décevante car, en fait, il ne se passe pas grand chose dans le quotidien relativement banal d'un personnage dont les états d'âme et leurs envolées imaginaires foisonnent ... L'excès de détails fait parfois perdre un peu le fil de l'histoire.

   Donaldo75   
26/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle ; certes, je suis dans ma période « too much » en ce moment mais cela n’explique pas tout. Le syndrome de l’imposteur dont il est question, je l’ai justement discuté avec une ancienne collègue il y a quelques semaines alors qu’elle a quand même enchainé les belles études au point qu’elle a de quoi couvrir le mur de son salon avec tous ses diplômes. Et ce que ressent Alma, elle aussi me l’a raconté sauf quelle a passé le cap de se comparer avec une de ses copines de fac. C’est toute la différence, ce qui manque encore à Alma pour assumer son statut réel, le fait qu’on s’en fout en général de son origine sociale tant qu’elle ne la balance pas à la tronche de ses interlocuteurs quand elle travaille ou même dans la vie courante. La forme est également bien vue dans ce texte parce qu’elle mixe la narration à la troisième personne du singulier et celle à la première personne du singulier. Du coup, le lecteur a les deux perspectives, celle de l’extérieur et celle d’Alma. Le style où la ponctuation permet de bien rythmer des phrases longues et enchaînées rend le récit plus vivant, fort, prenant, haletant, obsédant même. En tant que lecteur, je rentre en empathie avec le personnage d’Alma et j’ai envie de mieux la connaitre ; je m’en tape de savoir si ce qu’elle raconte est un gros cliché ou pas parce que je ne suis pas à sa place, que je ne souffre pas de son syndrome, que je ne me sens pas inférieur depuis des lustres et que je ne sais plus où est ma place tellement je suis perdu dans ces considérations sociales et le regard des autres et comment je vois moi-même les autres comme qui peut-être que ce serait plus simple d’être ou à qui je préférerais ressembler. Ce n’est pas une crise identitaire, juste la réalité de ce que vivent des milliers de personnes en France. Et le récit, raconté de la sorte et conclu sur une note positive mais pas bisounours marque la lecture. Bref, je suis un lecteur comblé qui n'a pas besoin d'avoir connu une telle vie pour en apprécier le récit, surtout si au final c'est de la pure fiction car je ne confond pas auteur et personnage. Nul besoin d'être policier pour apprécier les histoires policières sans avoir à se dire que c'est trop gros, pas réaliste ou je ne sais quelle remarque qui minimise la puissance de la narration. Une nouvelle peut appuyer là où ça fait mal afin de mieux impacter la lecture. Là, c'est réussi.

   Pepito   
15/3/2022
Eh bonjour Alvinabec !

Début poussif :
« C’est la ligne 9 » … « C’est un mardi matin »… Cétacé lourd comme entrée ce me semble. ^^
« La rame se présente » … bonjour, je m’appelle Henri
« se hisse de profil » … et avance sur le côté ?
« Alma cahote entre les stations et l’instabilité de la pensée »… ???
« là je suis coincé à la station Charonne »… il cahotait pas deux secondes plus tôt ?
« la rame se vide généreusement »… perso, le samedi soir, je me remplis égoïstement.
« Alma se faufile vers le siège encore chaud de son locataire précédent. » … prise de température à distance ?
« Bien droite, »… ce qui est un comble pour quelqu’un qui vient de s’assoir. ^^
« Son voisin toussote. Message reçu, tic remisé »… ça c’est bon, du style télégraphique de citadin.
« …regarde ses chaussures. Ne voit personne. » … sous le siège, non ? ^^
« Va pour le déguisement. »… pompeusement surnommé dress-code dans ce genre de milieu.
« Toujours sembler occupé, confiant, faire croire au monde que l’on sait où l’on va, l’important est là. » … très bien vu, ça. Du Paris tout craché…
« qui donneraient de la conversation à n’importe quel cul moulé dans un short en cuir. »… haaaaa, voilà, du bon, du bien réel.
« C’est la cuisine »… Diable, « c’est » un effet de style alors ? Désolé. ^^

Bon, je me suis ennuyé ferme jusqu’à la sortie du métro. Ensuite j’ai suivi mon fiston dans le déroulé de l’histoire.
Grosse suée d’angoisse devant le DRH. Œil soupçonneux sur son front humide. Réflexe de survie : « Désolé, le métro est tombé en panne, j’ai dû courir ». Puis tout pareil jusqu’au troisième entretien. Syndrome de l'imposteur compris. Je vous passe les gags sur l’accent dans un entretien chez Bank of China. ^^

C’est pas le meilleur Alvinabec que j’ai lu, mais merci beaucoup pour le rappel, je vais en profiter pour lui passer un coup de fil. ^^

   hersen   
15/3/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis embarrassée (si, si !) pour trier mes ressentis sur ce texte.
Linéairement, ok, Alma porte le poids dune extraction sociale dont elle pense quelle ne cadre pas avec ses prétentions professionnelles.
Je reste un peu loin d'elle, et je me suis demandée pourquoi, vu que moi, c'était pas un fiston, mais une fifille, que ce n'était pas la Sorbonne mais est-ce que ça change quelque chose ? Car je crois que cinq ans d'études supérieures sans jamais se sentir à sa place, sans jamais rencontrer des "égaux" à qui parler, sans trouver d'affinités avec quiconque me semble un peu irréel, dans ce sens où les études sans partage avec personne ne me semblent pas trop crédibles.
Alma souffre d'un manque de confiance en elle au quotidien, est-ce que c'est seulement une histoire d'études et de convocation ? Si Mathilde est là, elle n'exacerbe rien du mal être d'Alma, au final, c'est juste pour parler chiffon. Et je pense qu'Alma en a plus dans la tronche que ça. Mathilde ne l'aide sans doute pas beaucoup, finalement !
Ce qui me turlupine le plus, c'est qu'Alma cherche à se donner une image, elle se voit dans la vitrine mais en fait, c'est elle qui participe à la vitrine en se pliant à des règles strictes d'apparence. Elle cherche à être une vitrine. Si l'on attend d'elle tous ces détails vestimentaires et de coiffure, et en met quinze couches de trop, chaque couche étant témoin de son criant manque de confiance. En fait, c'est intéressant d'aller au bout du truc : elle aurait pu être partie loin, très loin, alors qu'on la rappelle pour lui dire qu'on est fortement intéressé.
Et c'est à ce coup de fil, pile poil à ce coup de fil que j'aurais aimé en lire plus sur Alma : Tout, en fait, comment elle va vivre ce qu'elle a toujours pensé être un décalage trop important. Si elle a été si mal pendant ses études, pourra-t-elle être bien au boulot, saura-t-elle s'imposer justement par une combativité dont elle va avoir besoin, pas à cause de son origine sociale, mais à cause de ses compétences, cette fois.
Puisque c'est ça qu'on lui demande.

J'ai un peu patiné dans le métro, mais c'est normal, j'ai pas l'habitude et je flippe tout le temps, quand j'y suis, pour savoir où je dois sortir. Je suis, en quelque sorte, une Alma du métro. Pas à ma place. Alors oui, je peux un peu comprendre Alma.

Une lecture un peu mitigée, donc, qui appuie peut-être un peu trop.
Ceci dit, je réalise que je fais un com kilomètre, c'est donc que le texte m'inspire des réflexions.

Merci de la lecture, Alvinabec

   plumette   
15/3/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Séduite par l'écriture, comme souvent avec vos textes.
Cette fois-ci je me suis demandée si c'était suffisant.
Dans tous les cas, c'est vif, imagé, concentré.
l'alternance entre la focalisation externe et le monologue intérieur est plutôt plaisant ici, alors que parfois cela peut perdre le lecteur.

voilà 2 portraits: celui d'Alma et en creux celui de Mathilde.
Alma et son syndrome d'imposture: je me suis demandée si ce n'était pas trop caricatural. Le stress d'un entretien d'embauche peut suffire à mettre n'importe quelle jeune personne dans cet état d'agitation et réveiller des complexes ( par comparaison avec la copine plus brillante et plus jolie) qui ne sont pas nécessairement liés à un parcours de "transfuge de classe" ( l'expression tendance)
j'ai été sensible à certains détails comme l'agitation dans le métro et la fièvre acheteuse à la sortie de l'entretien . Observation pointue et effet de réél très puissant.
j'ai passé un plutôt bon moment, malgré les petites réserves formulées.

   Corto   
16/3/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Soyons iconoclaste: ce qui m'a le plus intéressé dans cette nouvelle c'est le voyage en métro. Si ! Si !
Pour tous ceux qui n'ont pas passé quelques milliers d'heures dans le métro parisien cela est évidemment surprenant. Moi j'ai plongé dans l'ambiance connue des beaufs, des gros, des puants, des m'as-tu entendu parler bilan et compte d'exploitation, le tout bousculé par iceux et brinqueballé par le métro qui ne sait pas s'il veut rester sur ses rails avant de vous projeter en avant pour stopper juste au bout du quai.

Pour le reste j'ai été spectateur dubitatif d'une jeune fille qui court après son premier emploi, stress détaillé et démultiplié. Guère original à mon avis. Transposition facile pour les genrés masculins: quelle veste ? quelle cravate ? etc. N'étant guère concerné par le choix de la jupe et du collant j'en suis resté de marbre.

Pour un vrai syndrome de l'imposteur il aurait fallu un plus: celui d'occuper un poste à responsabilité et se demander si "je le mérite". Ici on n'en est qu'aux prémices, au stress du jeune qui tente d'entrer dans un emploi. Comme quelques milliers par génération.

Le style m'a paru efficace, vif, bien structuré même avec ses phrases parfois proches du langage parlé qui s'accorde bien avec l'ambiance recherchée.

Merci du partage.

   Malitorne   
17/3/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Votre style m’a surpris, je suis incapable d’écrire comme ça. Jamais je n’introduirai de cette façon ce « braillard en face d’elle qui commente le compte de résultat de son entreprise », sans incises ni guillemets. Monologue inscrit sans distinction dans une phrase narrative. Je ne sais pas si je suis bien clair, bref, j’ignorais que c’était faisable.
J'ai apprécié par contre l'alternance je/elle, procédé efficace pour rendre compte de toutes les facettes d'un personnage.
L’histoire en elle-même reste sympathique mais peu passionnante, la charge est grosse, manque de péripéties. La retranscription du dialogue avec les recruteurs aurait été intéressante par exemple. Imaginons cette petite déclassée qui renvoie dans les cordes la technocratie bourgeoise par des remarques pleines de bon sens, un truc du genre, plutôt que la comparaison ennuyeuse avec sa copine. Et puis je n’ai pas trop pigé, si elle craque 300€ c’est qu’elle a été prise ? Pourtant la fin dit le contraire...

   Anonyme   
25/3/2022
 a aimé ce texte 
Bien
alvinabec bonjour,

on a l'impression qu'il y a trop de détails dans cette nouvelle. Du superflu, du dispensable, du bourrage de crâne et un manque évident de confiance en soi. Et puis on se fait happer, balader, dans le métro, les grands magasins, l'université, on se découvre. Impuissant, on traine dans Paris en ne sachant plus quoi faire, à part rentrer dans une boutique et dépenser de l'argent. Et tout devient intéressant, on est fier à moitié, on ne pense qu'à soi en se traitant de tous les mots, les pires. On est un peu maso, on n'a pas trop d'ambition, on ne comprend pas grand chose. C'est tout à fait alvinabec, on s'y croirait. L'auteur a vu juste, toutes ces descriptions, telles des perles, forment un collier parisien, un collier citadin.
Merci.
ericboxfrog

   widjet   
7/4/2022
 a aimé ce texte 
Pas
Peut-être y a-t-il une part d’autofiction ?

Peu importe.

Je n’ai rien contre (et même tout pour) les scènes de la vie quotidienne, les états d’âme, des questionnements, toutes les histoires mêmes les plus anodines peuvent être contées dès lors où la forme est enlevée, originale, singulière, tonique, amusante, raffinée bref vivace et affirmée afin de sublimer l’ordinaire.

Ici, je me suis ennuyé ferme devant les atermoiements abondants (et donc exaspérants) et victimaires du personnage dans ce récit où l’humour où l’autodérision manquent cruellement (ou tombent à plat).

L’écriture manque de maitrise, avec des formules bancales ou balourdes (des escrocs qui, de tout temps, ont tâté du mensonge pour couvrir la trahison à leur milieu, ces filles à l’aise qui parlent, bougent et s’habillent juste, la station se présente, la honte à jets continus…. Pour ne citer que ceux-là) et des rajouts dispensables qui alourdissent un rythme déjà empesé.

Il y a pourtant une volonté de bien faire et des efforts pour donner de la densité à l'heroïne, mais le trop est l'ennemi du bien, ça manque de panache et "de patte".

Donc très vite ma lecture s’est faite passive et déjà il ne m’en reste rien.

Désolé.

W

   cherbiacuespe   
16/4/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
La lecture n'a pas été toute seule, pénible même, pour aller jusqu'au bout. Pourtant... Pourtant le passage sur l'hypocrisie d'une société qui nous contraint de réussir, d'être conforme ou exclu, se taire ou démissionner, bref, j'en passe, m'a bien amusé. La forme par contre m'a déstabilisé très souvent, notamment la ponctuation.

Les gens qui ne se sentent pas à leur place sont légions, pour autant, se comparent-ils vraiment, comme Alma, à une "souillure égarée" ? Je suis perplexe avec ce texte, le repas n'est pas complet même si une petite voix me chuchote qu'il s'y cache une photographie plus dense qu'il n'y paraît.


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