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Réalisme/Historique
Andromaque : C'est la vie
 Publié le 10/01/08  -  7 commentaires  -  6919 caractères  -  14 lectures    Autres textes du même auteur

Je m'appelle Pétula Fouét et voici une petite fenêtre sur ce que fut et est ma vie...


C'est la vie


C’est la vie…


Généralement, on commence ce genre de nouvelles modernes très populaires par : « Tout a commencé… » ; eh bien je vais jouer la carte de l’originalité.


Rien n’a commencé. Voilà qui est fait. Mais présentons-nous plutôt. C’est la moindre des choses. Je m’appelle Pétula Fouét. Comme vous le voyez, mes parents ne m’ont pas gâtée en matière de patronymes. Des noms minables… Non, disons originaux, pour une vie… originale. Actuellement, je suis une belle blonde dont la taille de soutif fait 90D et je mesure les quelques modestes 1m83. Précisons que je suis (un peu) menteuse. En somme, je ne change pas des millions de filles vivant sur cette planète. Par contre, hormis le nom, je peux vous donner mon âge sans complexe : j’ai glorieusement atteint les 21 ans. Glorieusement car il m’aura fallu du courage pour affronter cette vie qu’est celle du 21ème siècle. (En vérité, j’ai un peu vécu le 20ème siècle, mais j’actualise). Où en étais-je ?


Oui, vous vous doutez bien qu’après cette introduction pour le moins réussie (se jeter des fleurs est la base du bien-être dans la vie), le sujet de ces quelques lignes sera ma vie. Et quelle vie mes enfants ! Une vie rocambolesque, enrichissante, pleine d’aventures et de bonnes leçons… Vous vous rappelez ? Je vous ai dit que j’étais (un peu) menteuse.


En vérité je n’ai rien à raconter. Du moins, rien de sérieux. Alors j’espère que j’arriverai au moins à vous faire sourire par mes mésaventures.


Rien n’a commencé, donc, le 4 mai 1987 à Chamborg les Blés, petit village perdu du Jura. 15 êtres humains pour exactement 68 vaches et 20 moutons. Et sur les 15 humains, nous compterons 85% de retraités. Non pas que leur enseignement et leur conversation furent inintéressants, je veux juste mettre en valeur le fait qu’on ne peut pas grandir normalement quand notre compagnon le plus jeune a dépassé les 50 ans. Pour tout vous dire, mon jeu favori était la belote (et l’est toujours, mais ça je ne le dis pas.). J’ai donc grandi tant bien que mal (plutôt bien car je suis une fervente supportrice de la campagne) sans jamais connaître les mots « mode », « cinéma » ou encore « préservatif ». J’étais donc totalement pure et innocente lorsque j’ai fait mon entrée au collège (et oui, j’étais la seule élève de mon école municipale, enfance privilégiée !) et nullement préparée aux rudes années de l’adolescence.


La première chose qui me valut d’être la risée de tous mes petits camarades fut… mon look, tout simplement. Pour être bien, il fallait être comme tout le monde, c’est à dire porter des vêtements de marque et ne pas aborder une ridicule coupe boule que votre mère vous avait forcé à faire. On aurait pu penser qu’il y aurait une autre petite fille perdue, mais non. Je me retrouvais seule face à cette bande de rats ! Pardon, cette bande d’adorables enfants, éblouissants de tolérance et de gentillesse. N’est-ce pas ça le cliché de l’enfance, tant prôné par les auteurs classiques ? Si vous voulez mon avis, les auteurs du romantisme auraient mieux fait de se déchaîner contre les enfants plutôt que sur les femmes. Si tu m’entends de là-haut, Zola, durant tes brèves années romantiques et ensuite naturalistes, ben TU T’ES COMPLÈTEMENT PLANTÉ !


Quoi qu’il en soit, ce fut un calvaire quotidien. Pour me donner une allure plus féminine, je pris le parti de mettre un serre-tête bleu (qui jurait horriblement avec ma surchemise jaune moutarde) mais le jeu fut bientôt de viser du haut des escaliers puis de cracher dessus quand je passais. Je dois avouer que certains visaient beaucoup mieux que d’autres. D’ailleurs, je crois bien que l’un d’entre eux est devenu champion de lancer de noyau. Un destin encore plus éblouissant que le mien, en somme. Durant ces années, j’avais une imagination fertile et étais capable de trouver 20 sujets de romans en une journée. En classe, on nous demanda de réaliser un poème sur le modèle de je ne sais plus quel auteur. Ma prof retint le mien et celui d’une autre fille, coqueluche de la classe qui n’était pourtant qu’une sale… Qu’une adorable jeune fille, née d’un milieu aisé et n’en tirant absolument aucun snobisme. Son poème était d’une banalité effarante, retraçant les séries américaines faisant fureur à l’époque et que je n’ai jamais regardées de toute ma triste vie. J’aurais peut-être dû. Quoi qu’il en soit, j’avais pour ma part choisi de traiter des eaux, relevant d’une thématique écologique. J’étais précurseur à l’époque. Lorsque nous procédâmes à un vote à mains levées, commençant par le mien, je vis avec, comment dire ? Une certaine amertume, les bras comme morts sur leurs tables. Mais quand arriva le tour de l’adorable jeune fille, née d’un milieu aisé mais n’en tirant absolument aucun snobisme, ce fut une véritable explosion, on n’aurait pas réservé de meilleur triomphe à Bush annonçant qu’il s’était enfin trouvé un cerveau. Hum, je m’égare.


Encore une fois, je fus victime de mon manque affolant de popularité. Même la fille qui bavait avait des amis. Mais on ne pouvait pas lui en vouloir, c’était un problème au niveau des glandes. Je crois bien qu’elle s’est fait opérer depuis… Le summum fut atteint au début d’un cours d’anglais, en 5ème. Je cherchais quelque chose, baissée sur mon sac, mais je n’avais pas encore pris l’habitude de m’accroupir. Cet en… Cet en… Non, je n’y arriverais pas. Cet enfoiré, donc, ne trouva rien de mieux que de mettre sa tête sous mes fesses. Quand j’y repense, j’aurais dû l’étouffer ou lâcher quelque chose de toxique. Je suis désolée, mais quand je m’énerve, mon registre a tendance à se dégrader. Bref je vis la fin de ces années collégiennes arriver avec soulagement. Je me disais que le niveau d’intelligence serait un peu plus haut au lycée. Que nenni ! Bien qu’il y eut une certaine amélioration dans mon statut. Je passai du statut de bouc émissaire au statut d’invisible. Sauf pour cette satanée… bienveillante psychologue scolaire. Je fus sans doute sa meilleure patiente. Grâce à mon profil psychologique, elle aurait pu écrire un bouquin. Et dire qu’elle et moi sommes passées à deux doigts du succès…


Et les amours, me direz-vous ? Il a bien fallu que je connaisse aussi l’humiliation aussi en amour ? Vous avez raison, mais comme je ne sais pas à combien de caractères j’ai droit, je vais abréger.


Étrangement, je ne souhaitais pas poursuivre mes études et pris un emploi de caissière dans un supermarché. Là, je fus la proie des vieux vicieux en tout genre, qui allaient jusqu’à me proposer de les branler. J’ai toujours refusé, j’ai ma fierté ! (Je suis ironique, je ne voudrais pas qu’on me prenne pour une déséquilibrée ! Quoi ? C’est déjà fait ?) J’ai démissionné.


Aujourd’hui, je travaille dans une usine de stores où mes perspectives d’avenir sont motivantes, mes collègues tellement gentils que quand je pense à eux, j’ai envie de hurler et je vis toujours chez mes parents. C’est la vie…


 
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   Lariviere   
10/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime bien cette courte nouvelle !

Le ton d'écriture et de narration colle bien au récit. C'est un ton neutre, sobre, presque... domestiqué pour être sage, et pourtant... derrière cela, on sent ce dégager avec intensité la mélancolie, la lassitude paroxistique (désolé, je peux pas m'empêcher), l'ironie mordante, la rancoeur, le dédain,... bref...

Tout un tas de sentiments et de ressenti violent qui vont, je pense, si on avait accès à l'intérieur du personnage, jusqu'à la haine la plus puissante...

C'est aspect "tout en retenu" dans l'écriture, qui va jusqu'à la censure (ironique) de la narratrice/personnage avec ces modifications de vocabulaires en milieu de phrases, quand elle parle des autres (copains de classe, enfant...), est justement là pour mettre en évidence tous ces sentiments négatifs...
C'est bien pensé et c'est bien réalisé... L'intensité et l'émotion sont aux rendez vous...

Sur le fond, rien d'extraordinaire...
J'aime bien... J'aime beaucoup... C'est toujours plus difficile, il me semble, de faire une narration de quelque chose de banal (l'existence humaine) que d'asperger le récit de scènes d'actions et d'effets spéciaux...
Le résultat est moins "palpitant" à la lecture, encore que personnellement, mes ventricules ne battent pas particulièrement pour "les petits hommes verts", mais plutôt pour ce genre d'histoire simple, réaliste, incroyablement cruelle mais lucide sur la condition humaine...

Le personnage est cohérent... Son vécu aussi... Cela fonctionne...
L'écriture se déroule.
Elle est donc sobre et maitrisé. Le rythme n'est pas suffocant... Tout en contraste avec le contenu du monologue...
Parfait...


A un moment, je pensais que la fin n'allait pas être à la hauteur, et puis les dernières phrases (notamment avec le petit écart de langage, judicieusement approprié, à ce moment, je pense, pour donner un peu de souffle provoquant au récit...) m'ont fait penser le contraire...

C'est bien... "C'est la vie"...
Félicitations, c'est prometteur quand à la qualité des récits que tu peux nous soumettre sur Oniris !...

Et surtout j'attend te te lire avec impatience dans un registre plus long !...

   Cassanda   
13/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Joli travail d'écriture ! Il n'est pas évident de raconter des choses banales ou des événements qui peuvent s'avérer marquants dans le développement de quelqu'un sans tomber dans le mélo-dramatique, et c'est réussi avec brio dans cette courte nouvelle !

Petite remarque sans grande importance : le "et" de "Et dire qu’elle et moi sommes passées à deux doigts du succès…" me semble de trop, mais ce n'est que mon avis !

C'est fluide, ça se lit très bien, et cela semble prometteur pour tes prochains écrits que j'attends de lire avec impatience. Merci :)

   Anonyme   
28/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quel style! Energique, on est conduit jusqu'à la fin les yeux rivés sur les mots. C'est très bien écrit, une écriture adapté au texte. On traverse les années de Pétula Fouêt au pas de charge et comme annoncé l'auteur joue la carte de l'originalité. jusqu'à la fin chute comprise. Des détails amusants que l'on imagine parfaitement comme celui du serre tête bleu et la chemise jaune moutarde: un plaisir. L'amélioration du statut: de bouc émissaire à celui d'invisible. Ce texte est plein de trouvailles; On en reprendrait une ou deux page rien que pour le plaisir

   Anonyme   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je rejoins le commentaire de cassanda.

La banalité est un sujet que j'affectionne en littérature...

Je trouve l'écriture fraîche et coulante.

L'émotion est bien présente. Un agréable moment de lecture.

   pounon   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime bien c'est alerte et sans gêne. Presque banal quoi ! C'est vrai que voir son avenir à travers des lamelles de store on se sent découpée...
Bref, Chamborg les Blés je n'ai pas trouvé dans l'annuaire du Jura. Déja que les parisiens nous considèrent comme une réserve d'indiens...Alors...

   Menvussa   
14/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est bourré d'ironie et d'auto-dérision mais je trouve néanmoins l'écriture un peu trop superficielle.

   Anonyme   
23/3/2019
Modéré : Commentaire hors charte (se référer au point 6 de la charte).


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