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Fantastique/Merveilleux
Bleuet : Amy
 Publié le 10/02/16  -  7 commentaires  -  15866 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur

– Ça m’étonne que t’aies remarqué. La plupart des gens, ils voient pas quand elle est passée.
– Qui ça ?
– Celle qui fait que les choses changent.


Amy


Ça avait commencé par un après-midi de mai, au bord de la rivière qui descend au travers de la ville. C’était une belle rivière, assurément. Pleine de ci, de ça, avec de l’eau qui miroitait sous le soleil et qui la trouait de lumière.


Amy y était, au bord de la rivière. Elle avait seize ans, trois cheveux blonds filasse, des yeux gris, surtout pas bleus, et un T-shirt tout aussi gris qui moulait son corps d’adolescente. Elle s’ennuyait souvent, alors elle allait sur le bord de la rivière, pas loin du pont où les jeunes hippies poilus allaient pêcher les après-midi d’été. Elle partait de l’école durant le dîner, au moment où ça commençait à se répéter, et passait sous les bretelles d’autoroute en prenant son temps pour regarder si de nouveaux graffitis étaient apparus, pour se rendre sur la berge, où elle mâchait en moyenne trois paquets de gomme par après-midi pour s’occuper. Elle aurait bien fumé, juste pour l’image, mais sans travail et sans parents collaboratifs, c’était plus compliqué à trouver. Alors la gomme, c’était bien. Ça lui semblait beaucoup plus productif que l’école, beaucoup plus intéressant aussi. Parfois, les vieux qui passaient la regardaient un peu comme si elle était un lampadaire dans un champ agricole, mais elle s’en fichait. Elle se fichait de pas mal de choses en fait.


Sauf. Hier, elle était venue exactement au même endroit, pour répéter exactement le même rituel. Et quelque chose était différent. Pour être plus exact, l’arbre était différent. C’était un chêne qu’il y avait là, et qui y était depuis au moins ses douze ans, âge auquel elle avait commencé à comprendre que l’école, c’était juste un autre endroit où elle passerait du temps. Sauf que là, c’était un bouleau. À peu près de la même taille, qui occupait un espace semblable, mais quand même un bouleau.


Amy s’approcha, bien prête à se dire qu’elle essayait juste de contrer l’ennui avec cette histoire d’arbre. Elle cracha la gomme sur le tronc, juste pour s’assurer qu’elle n’hallucinait pas. Elle tâta les branches, observa les feuilles, et finit par conclure qu’elle avait bien là un beau spécimen de bouleau.


– Qu’est-ce que tu regardes ?


Il y avait une autre fille en arrière, plus vieille à en juger de sa voix.


– Le b… l’arbre.

– Moi aussi. J’adore les bouleaux.


Et elle vint s’asseoir à côté d’Amy, en face de la rivière en gruyère. Une grosse tignasse noire, des yeux qui mangeaient son visage, et la grâce d’une marmotte enfumée à la marijuana dans son terrier.


– Ça m’étonne que t’aies remarqué. La plupart des gens, ils voient pas quand elle est passée.

– Qui ça ?

– Celle qui fait que les choses changent. Tu devrais pas être à l’école ?

– Oui.

– Mais t’y es pas.

– Ben non.

– Et tes profs ils disent rien ?

– Ils passent la journée à dire plein de choses.


Le soleil descendait. Amy devait partir pour continuer à faire croire à ses parents que ses notes étaient dues à un acharnement exemplaire à l’école. Elle reprit une gomme, en offrit une à l’inconnue, qui la refusa, et repartit.


Pour la première fois depuis des mois, elle ne s’ennuyait pas.


***


Les semaines passèrent tranquillement pour tout le monde sauf pour Amy. Une fois le bouleau constaté, elle remarqua également un changement dans un journal du jour. Elle reconvertit un de ses nombreux cahiers vides des notes des cours auxquels elle n’avait jamais assisté, et se mit à y écrire tout, de la décrépitude des feuilles aux horaires du commis du dépanneur. Chaque détail lui semblait plus vivace, plus coloré alors qu’elle devenait attentive à la lumière de la Lune sur les toits, à la texture des aubépines et à la démarche des chats de gouttière. Parfois, elle avait l’impression que son carnet lui chuchotait, la poussant encore plus loin dans son souci du détail maniaque :


– Non, non, regarde, ce n’est pas précis… Et là, les deux affichettes n’indiquent pas le même numéro de téléphone lundi et mardi… Ici, tu as oublié de regarder la forme de ses lunettes, et aussi de compiler les couleurs des chats du voisinage. Comme c’est excitant… Regarde, regarde, regarde…


Et elle l’écoutait, de plus en plus empressée, réunissant une documentation complètement invraisemblable, ne mangeant que lorsqu’elle le devait, accumulant des quantités de paperasses telles qu’elle dut jeter des vêtements en cachette pour pouvoir continuer à les accumuler.


– Ajoute le nombre de feuilles dans l’imprimante ici, regarde… et aussi l’avancement des travaux sur le parlement, regarde, regarde, regarde…


Elle arrêta complètement d’aller à l’école, préférant se balader dans la ville, compter le nombre de marches des escaliers jusqu’à la haute ville, déterminer de la forme exacte des bancs, recopier les dépliants touristiques au complet.


– Ici ! Ça a changé, la peinture s’écaille ici et elle ne s’écaillait pas… attends un instant… le 28 juin ! Regarde, ça marche, tu trouves, regarde, comprends-tu ce qui se passe, regarde, regarde plus…


Amy était effrénée. En moins de deux mois, sa chambre complète fut couverte et remplie de tout ce qu’elle voyait chaque jour. Le temps semblait s’allonger, se distordre, créant une petite bulle dans laquelle elle se sentait à l’aise, le monde extérieur lui semblant de plus en plus terrifiant, mouvant, hors de son contrôle. Elle craignait à tout instant qu’il vienne l’avaler, lui enlevant la bienveillante clairvoyance qui lui permettait de voir ce qui se passait. La nuit devint le moment où elle ne pouvait aller voir dehors trop souvent, de crainte d’éveiller les soupçons, et où elle ruminait en tentant de faire les liens entre toutes ses observations. Elle dormait de moins en moins, jusqu’à cesser complètement, ne s’assoupissant que lorsque ses nerfs la lâchaient et qu’elle ne pouvait plus paraître normale aux yeux tendres de ses parents, qui conclurent avec une bonne foi accablante que les examens la stressaient.


– Rends-toi à l’évidence petite fille : ton monde change tranquillement et personne ne s’en rend compte… continue à regarder, regarder tout, tu vas le voir, tu manques encore plein de choses… tu es la seule qui sait ce qui se passe. Regarde, tout ce que tu ne regardes pas est perdu à jamais, regarde, REGARDE.

– Qu’est-ce qui se passe ? demandait Amy, fascinée, le teint de plus en plus hâve, comparant des clichés montrant le même bourgeon éclosant quatre fois en une semaine.


Elle ne comprenait pas comment elle avait pu manquer cela aussi longtemps. Parce que maintenant, une terreur crasse accompagnait le moindre de ses mouvements, la moindre de ses décisions. Si les choses changeaient, pourquoi ne changerait-elle pas elle ? Pourquoi l’escalier ne disparaîtrait-il pas d’un coup ? Elle devint de plus en plus prudente, et hormis son itinéraire d’observation habituel, où elle traversait les autoroutes, le pont, s’arrêtait un bref instant au bord de la rivière, sous le bouleau, pour voir si l’inconnue revenait, puis quadrillait l’ensemble de la vieille ville avant d’aborder la périphérie des grandes maisons à piliers, elle refusait de sortir. Ce serait du temps perdu. Elle était incapable de mettre tout ce qu’elle voyait en lien, tout ce qu’elle ne voyait pas, et elle tentait de tout ordonner. Elle ne parlait plus qu’avec son carnet, écrivant, en plus de ses observations, ses hypothèses.


– Je crois que c’est la faute des pesticides.

– Petite idiote.

– Pour le bourgeon je voulais dire, pas pour le numéro de porte qui change. Bon, OK.

– Va regarder.

– Je suis fatiguée.

– J’en ai rien à foutre. La réalité ne va pas se conserver toute seule. Regarde.


Elle tenta de faire part de ses observations à un ami, qui la regarda avec un grand air d’incompréhension. Elle captura un gros crapaud, qu’elle prévoyait observer pour être sûre que les changements n’arrivaient pas aux êtres vivants. Il creva de faim après qu’elle l’ait oublié dans une autre transe frénétique de trouver des liens. Elle en captura un autre, qui subit le même sort, même si elle l’avait attaché par les quatre pattes pour l’empêcher de partir.


Et ses milliers de pages annotées lui chuchotèrent, un soir de juillet :


– Sors dehors, tu vas voir. Un autre changement, tu vas pouvoir le noter.

– Sûr ? Mes parents pourraient entendre…

– Sors. Regarde, regarde, tu manques tellement de choses, tu es grossière, tu ne comprends rien, regarde…


Elle sortit, encore en pyjama, sur le balcon. Descendit les marches en les comptant, et tâtant du bout du doigt l’écaillement de la peinture. Arriva sur la rue, fit quelques pas sur l’asphalte. Rien, juste le ciel qui la louchait.


– Qu’est-ce que tu fous là ?


L’inconnue. Amy oublia momentanément le changement qu’elle devait observer.


– Je regarde.

– Ouais j’ai bien vu ça. C’est plus juste les arbres hein.

– Avant c’était juste les arbres ?

– Non, pas du tout, t’es juste un peu plus maligne.

– Pourquoi ça arrive ?


L’inconnue soupira.


– Parce que la réalité est en train d’être remplacée par une autre réalité. Comme un serpent qui change de peau, sauf que entre les deux, y a des trous, des faux raccords. C’est ça que tu vois.

– Comment tu sais ça ?

– Parce que je suis tombée dans le trou, au lieu de suivre gentiment le mouvement. Enfin, pour être plus claire, le trou m’a poursuivie et m’a bouffée. J’étais pas vraiment intelligente à l’époque, je faisais des recherches, comme toi, bien à l’aise dans ma petite vie, sans réaliser qu’il me regardait. Ça avait commencé un peu comme toi, en me rendant compte que mes souvenirs n’étaient pas nécessairement compatibles. Je voyais des gens à des endroits où ils n’auraient jamais dû être, des affiches qui changeaient en une fraction de seconde. Alors j’ai fait comme toi, simplement j’ai été plus intelligente et j’ai tout gardé dans ma tête. Pendant des années, au travers du monde, j’ai pris note d’une réalité. Je me suis mise à voir que ma réalité se faisait manger par une autre, la tienne, par un espèce de ver sans faim qui grugeait parce qu’il ne sait rien faire d’autre que le chaos. Tu imagines ça ? Une dimension complète qui ouvre grand sa gueule sans dent, juste de la chair rose et palpitante de toutes les possibilités, et qui grignote des bouts qui se font envoyer dans le placard des réalités pour la remplacer par la sienne. Et qui digère tranquillement, mélangeant toutes ces facettes d’un seul monde pour imposer la leur. Ça prend du temps manger une dimension, surtout quand elles sont toutes en train de se déglutir l’une l’autre. Comme un tas de poissons sans yeux qui se jettent sur leur seule possibilité d’exister. Ils déchirent leurs chairs blanches, se digèrent, se font manger, et nous, au travers de ça, on se rend jamais compte qu’on est dans une autre réalité que dans celle où on est nés. Mais, entre tous ces gros bestiaux agonisants, voire en putréfaction, qui continuent quand même de se battre pour un petit bout de vie, il se crée des vides, des moments où la peau flasque se colle à un appendice osseux, et où la greffe ne marche pas. Et ces failles, c’est ce que tu vois. Faut juste éviter de te retrouver dedans. Moi, je ne savais pas, alors j’ai fait toutes tes erreurs, sauf une : tout est dans ma tête. J’ai toute une dimension, juste dans ma tête, c’est formidable non ? Mais ça ne m’a pas empêchée d’être mangée.

Les changements ont commencé à se rapprocher de moi, tranquillement, mais je n’y ai pas pris garde, en me disant que c’était aléatoire. Mais elle savait ce qu’elle faisait. Elle a commencé par changer la couleur de ma porte. Puis elle a rendu mon lit plus dur. Et finalement, un jour, je me suis retranchée dans ma cave, tremblante. Elle avait ajouté une trappe, pour m’emmener ailleurs. Je l’ai ouverte, et je suis descendue… n’avais-je pas la mission de conserver ma réalité ? J’ai abouti dans un couloir, assez bas, mais je me disais que si j’avançais un peu il finirait par remonter. Je me suis mise à marcher, lentement, en tâtant chaque aspérité. Je sentais l’humidité des murs de béton sous mes paumes, la moisissure sous mes pieds… Quand j’ai voulu rebrousser chemin pour chercher de la lumière, la trappe n’était plus là, naturellement, alors je n’ai eu d’autre choix que d’avancer, plus loin, plus loin, elle savait que j’allais pousser jusqu’au bout. Les ténèbres étaient omniprésentes et je sentais que quelque chose me… me sentait. Elle ne me regardait pas, elle n’avait pas d’yeux, elle n’avait rien, rien d’autre que ce conduit chaud qui m’engloutissait peu à peu, me conduisait à ma perte volontaire. Le plancher de béton devenait de plus en plus mou, jusqu’à ce que finalement je comprenne que j’étais désormais dans un conduit de chair hachée, que mes pieds s’embourbaient dans cette matière gluante. Mais je continuais à avancer alors que des deux côtés les murs de béton semblaient se rapprocher. Étais-je dans quelque monstrueux œsophage ? Dans ma cave ? Je sentais le millepertuis alors que mes pieds clapotaient par terre, et que je sentais autour de moi s’agiter des membres de quelque chose sans yeux et sans tête qui me jaugeait, me sentait dans quelque horrible respiration. Les ténèbres semblaient solides, presque aqueuses, les murs de béton étaient devenus quelque chose d’autre, quelque chose que je n’avais jamais senti. Elle me testait, mais je tentais encore d’avancer dans cette aberration, car devant j’avais l’impression que se dressait la vérité, la seule réalité, celle qui me permettrait de mettre toutes ces réalités ensemble. Il fallait que j’y aille, que je la voie, que je la touche, mais je trébuchai et je sentis la peau autour de mes yeux me démanger. Je sus que j’étais devenue aveugle, que jamais plus je ne verrais, que je resterais à jamais dans ce couloir devenu monde, mais je me relevai, sentant comme la patte d’une araignée velue me frôler, et je tentai de courir. Naturellement, j’ai encore trébuché, et j’ai fini par vomir tous mes souvenirs soigneusement triés, qui m’ont déchiré la gorge et les sinus alors que je me roulais dans cette chair inconnue. C’est probablement là que j’ai définitivement perdu la raison, et la conscience.

En me réveillant, j’étais ici, dans cette réalité incompréhensible, où la même chose se répète. Après avoir été renvoyée dans ce ici-ci, j’ai tenté de retrouver les failles, pour retourner dans la mienne, mais je crois qu’elle a été mangée. Je t’ai trouvée toi, à la place, qui te retrouves entre plein de choses qui te dépassent et qui vas inévitablement te faire avoir.


Amy n’écoutait plus, elle remontait les escaliers quatre à quatre. Elle saisit son carnet, tout ce qu’elle put arracher précipitamment des murs et redescendit, échevelée, repassant devant l’inconnue qui l’observait tranquillement. Il fallait qu’il y ait des gens, qu’elle trouve des gens éveillés, réels, qui parlent et qui appartiennent au monde. Elle ne se ferait pas avoir si elle restait proche de gens. Elle courut plus vite que jamais au travers de la ville éclairée par la douce lumière des lampadaires, craignant à chaque instant que ses pieds ne s’enfoncent au lieu de claquer sur l’asphalte, les poumons en feu de voir défiler un paysage si connu qu’il devenait épouvantable.


– Regarde, regarde encore, tu peux lui échapper et maintenir cette réalité, regarde, regarde…


Elle monta les escaliers vers la haute ville, dévala les rues jusqu’à arriver à la fontaine, s’y trempa les mains, le souffle court, essayant de se voir.


– Regarde !


Quelques couples se promenaient tranquillement, inconscients.


– Regarde !


Amy se retourna. L’inconnue était encore là, s’approchant les bras ouverts comme pour lui faire un câlin.


– Je suis aussi une réalité, un petit bébé réalité, avec tout ce que j’ai retenu… J’ai besoin de grandir aussi. Viens me voir…


Et Amy ne put plus bouger, complètement abasourdie par la grandeur, l’immensité de ce qui se passait.


 
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   hersen   
19/1/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Dans la mesure où je ne comprends pas vraiment ce qui se passe, je ne peux pas apprécier l'histoire.

Je dirais qu'il me faut faire trop d'efforts pour émettre une hypothèse en même temps que je lis.

J'ai l'impression que l'auteur essaie de créer une ambiance mais en cherchant seulement à faire du sensationnel.

Je ne ressens donc aucune émotion.


Je suis complètement hermétique à la fin.

Désolée. j'ai dû passer à côté.

   carbona   
25/1/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Des hauts et des bas dans cette nouvelle mais globalement, je n'ai pas accroché.

J'ai aimé le début, la jeune solitaire qui squatte à la rivière et qui mâche de la gomme et j'ai aimé le premier paragraphe du discours de la "fille" (le fait de percevoir les failles) mais le paragraphe qui suit est "imbuvable", d'autant plus que j'ai cru qu'il s'agissait des paroles d'Amy.

Voilà pour les plus. Sinon l'obsession d'Amy n'est pas palpitante et la voix qui lui parle est agaçante et peu crédible.

Côté écriture, je dirais que c'est assez inégal comme l'intrigue.

Désolée,

Carbona

   Perle-Hingaud   
30/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'idée est bien amenée, très progressivement. J'aime le suspens qui se met en place: Amy est-elle folle ou la réalité change -t-elle ? La présence de l'inconnue amène un semblant d'explication, mais cette inconnue existe-t-elle ? J'ai juste trouvé en partie inutile et trop long son discours (la trappe et le tunnel). L'existence d'une "elle" malfaisante suffit. Quelques répétitions ou maladresses (ex: "sors dehors").
Une lecture prenante, merci.
Avez-vous lu "Esprit d'hiver" de Laura Kasischke ? Peut-être aimeriez-vous ce roman.

   Coline-Dé   
10/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Com Amy
J'ai vraiment aimé cette histoire étrange où l'on cherche à se raccrocher à des éléments symboliques sans tout à fait y parvenir ; Oui, le monde de l'adolescence est d'un ennui fou jusqu'à ce qu'on se mette à observer la réalité. Et là, il commence à devenir angoissant : tout change imperceptiblement. Soi-même, on risque de changer, quelle horreur !
Mais il y a aussi des éléments que j'ai plus de mal à interpréter: qui est cette « elle » qui change tout sur son passage ? Et ce bébé -éalité qui tend les bras ? Bien des éléments me demeurent obscurs ( ce qui ne me gêne pas plus que ça d'ailleurs quand l'histoire est cohérente avec elle même et que l'écriture me plaît) ne pas tout comprendre fait partie du charme du genre merveilleux !

J'ai trouvé un peu long le passage où la deuxième fille raconte comment elle est arrivée dans la réalité de la première.
En revanche, les notations sur l'école me paraissent très réalistes : «  juste un endroit où elle passerait du temps » ( c'est hélas très bien vu!)
Beaucoup aimé aussi l'acharnement à tout noter pour comprendre le monde dans lequel elle vivait jusque là sans se poser de question, les détails que vous donnez sont très intéressants dans leur variété : quand on ne sait pas ce qui est important, il devient important de tout noter !

En même temps certains éléments du texte laissent penser qu'il y a une pathologie mentale : elle vire les vêtements pour avoir la place de mettre tous ces papiers dans sa chambre, l'observation devient compulsive, l'angoisse s'accroît, elle sent qu'il faut qu'elle se rapproche des gens pour être plus en sécurité... La frontière en tre merveilleux et pathologie est mince , on peut souvent en avoir deux lectures (le Horla, la Métamorphose etc...)
L'écriture qui alterne descriptions et réflexions a un bon rythme, quelques jolies trouvailles :

Cet ici-ci : j'adore !

Bref, vous l'avez compris, je suis très intéressée par votre monde et suvrai avec plaisir vos prochains textes.

   Shepard   
11/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Bleuet !

J'ai bien aimé votre nouvelle, surtout dans sa seconde partie. La première m'a dérangé à cause de certaines tournures de phrases...

Ex (l'entrée du texte) : C’était une belle rivière, assurément. Pleine de ci, de ça, avec de l’eau qui miroitait sous le soleil et qui la trouait de lumière. -> Le plein de ci, de ça, je ne vois pas trop.

Le passage sur le bouleau un peu insistant (trop). 'c'était un bouleau' -> 'mais quand même un bouleau' seconde fois dispensable à mon avis.

Remarque (détail) : Amy offre une gomme à l'inconnue... qui est de l'autre côté de la rivière.

Le reste se déroule bien, mis à part plusieurs répétitions de 'comme toi' dans le paragraphe explicatif de la fille mystérieuse. Peut-être voulu après tout.

Dans l'ensemble l'écriture ne rebute pas, un peu scolaire dans la construction des phrases un peu symétriques mais finalement efficace. Le point fort du texte est qu'on a envie de savoir la suite, cela prend le pas sur la rédaction en elle-même - pour moi en tout cas -

L'ambiance est bien rendue et l'esprit compulsif d'Amy très bon, c'est là que réside l'essence fantastique du texte : cette fille pourrait être juste bonne à enfermer, le doute subsiste tout le long de l'histoire.

J'apprécie beaucoup l'aspect 'Lovecraftien' inéluctable, une dimension qui mange une autre dimension, petit à petit, et ceux qui s'en aperçoivent perdent la raison, la psyché humaine n'étant pas préparée à ce genre de phénomènes. Avec ce passage dans le ventre de la bête.

L'idée finale, ou l'inconnue se transforme elle-même en bébé réalité prête à engouffrer Amy soulève encore plus de questions. Bien sûr on aimerait en savoir plus, mais les réponses sont difficiles à donner et vous ne vous y êtes pas aventuré, ce qui n'est probablement pas plus mal car très glissant.

Un texte qui pour moi représente très bien l'archétype du fantastique (un archétype un peu oublié aujourd'hui) avec une très bonne idée. Le seul bémol est le style qui mériterait d'être plus léché dans ses descriptions et dans la construction des phrases.

Envoyez-en d'autres du même tonneau =)

   Anonyme   
2/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai bien aimé cette nouvelle. Une ado qui perd l'insouciance de sa vie en prenant conscience de la réalité qui l'entoure. C'est l'enfance qui fuit. Le monde adulte angoissant qui se met en place. La descente à la cave de la seconde fille m'a fait pensé à cette introspection dans l'inconscient lors d'une psychanalyse.
J'ai apprécié également le style léger, de petites choses bien vues comme: "Et tes profs ils disent rien ?
– Ils passent la journée à dire plein de choses"
La fin n'est pas d'une clarté époustouflante mais bon, que se passe t'il vraiment dans la tête d'une personne qui perd les pédales. Et cette seconde fille existe t'elle vraiment ? N'est elle pas le futur d'Amy ?
A bientôt, Bleuet, pour de nouvelles aventures. Je reviendrai vous lire sans faute.

   Brume   
21/8/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Bleuet,
Votre nouvelle est sublime, étrange, poétique.
Le dialogue entre l'inconnue et Amy est riche, génial, j'adore:
- "Ça m'etonne que t'aies remarqué. La plupart des gens, ils voient pas quand elle est passée.
- Qui ça?
- Celle qui fait que les choses changent. Tu devrais pas être à l'école? "

Amy est prise d'un comportement obsessionnel, un souci maladif des détails. Le lecteur est emporté dans sa schizophrénie. J'ai été fascinée par l'étrange réalité d'Amy et de l'inconnue.
J'ai aimé l'incroyable anecdote contée par l'inconnue. Le lecteur ne peut comprendre leur pathologie, leur monde, mais peut faire preuve de sensibilité.
À la fin je trouve rassurant qu'Amy cherche à fuir pour ne pas sombrer. C'est si angoissant.
Merci Bleuet pour la lecture. J'ai aimé l'émotion, l'écriture, et Amy que je trouve touchante.


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