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Réalisme/Historique
Camille-Elaraki : Une vie pour rien
 Publié le 10/03/18  -  6 commentaires  -  12604 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur

Quand la vie nous ennuie, on pense qu'ailleurs, tout irait mieux.


Une vie pour rien


21 mars, 20 h 45

Le cœur est vidé. Fragile. Froid. Comme du verre. Le cœur, qui hier était vif, aujourd’hui, est indolore. C’est un cœur que l’on ne ressent pas. Il n’y a rien. Plus rien à l’intérieur de ce cœur, et de ce corps. L’œil est sec. La peau, de pierre. Ola est un fantôme au drap trempé, au doigt gouttant. Autour d’elle, les néons déchirent la nuit, le moteur des autobus fait gronder le silence, une jeune femme sort son Smartphone une troisième fois pour vérifier que son billet est bien téléchargé, un homme bâille à s’en tordre le visage et une vieillarde présente une feuille de papier froissé au contrôleur qui l’invite à monter. Le portable vibre contre la cuisse d’Ola. Elle porte la main à sa poche humide, hésite, puis se décide. Six appels manqués, trois messages vocaux. Un seul texto : « Qu’est-ce que tu fous ? » L’image de Grégoire qui s’énerve dans le hall du cinéma frappe Ola en plein visage. La phrase résonne dans son crâne : mais qu’est-ce que tu fous ? Elle retourne son téléphone et le déboîte. La carte Sim glisse entre ses doigts et tombe au sol sans un bruit. Ola pose un pied dessus et tend son billet.


– Cadix... Vous n’avez pas de bagage en soute ?

– Non.

– Place 51.


Bientôt, le moteur démarre et les lumières s’éteignent. Ola ferme les yeux et se laisse porter hors de la ville froide et noire de Paris.

Une morsure au cœur. C’est ça. Exactement ça. Une morsure qui fait sursauter et saigner. Ce n’est pas le cœur métaphorique, celui bien dessiné, bien net, d’une couleur uniforme. C’est l’organe, la chair gonflée d’hémoglobine et griffée de nerfs. Ola le sent, au fond de sa poitrine. Avec précision, avec douleur. Elle n’est pas la première à le sentir fléchir. À sentir cette morsure qui en un instant ébranle le reste du corps. Le ventre se creuse. Les yeux piquent et le visage fond. La poitrine se noie dans une nausée d’angoisse bloquée au niveau de la gorge. Elle ne sortira pas. Ou plutôt si, mais seulement après avoir fait chavirer l’âme, l’avoir rendue malade à en crever. Alors la nausée sera vomie. Elle emportera avec elle la marée montante des larmes et les cris. Elle désertera le corps, le videra jusqu’à ce qu’il n’y reste rien. Plus une once de douleur. Plus de tristesse. Plus de joie. Plus de vie non plus. Et enfin, Ola connaîtrait la paix de nouveau.

Mais rien ne sort. Le visage d’Ola s’est crispé et sa bouche s’est ouverte dans une grimace muette et grotesque. Sa voix, ses larmes, l’angoisse s’embouteillent dans sa gorge. Elle étouffe. Alors elle fuit. Sans comprendre où ni comment. Elle déserte sa propre existence, laisse à la France ce qu’elle a été et ce qu’elle aurait pu devenir pour se reconstruire, se resculpter de la terre chaude et sèche de l’Andalousie.


23 mars, 10 h 30

La cathédrale de Cadix se découpe sur le ciel atone. Sur la mélodie incessante des vagues brisées. Un arrière-plan de carte postale, un décor de plateau où se joue la vie des habitants. L’odeur de fritures de crevettes, de calamars et de sardines. Le tintement des glaçons dans les verres de tinto de verano. Les éclats de voix qui se mêlent sans se rencontrer. Les chaussures compensées, les couettes nouées, les chemises entrouvertes, les yeux détournés, les sourires, et les voix, toujours les voix. L’avant-scène. Mais c’est la cathédrale qui domine tout. Son ombre voile la place. Ses cloches font vibrer le pavé.

En retrait, Ola contemple le spectacle des vies qui se déroulent. Derrière elle, une grille bleue la sépare d’un vieux patio. Du faux marbre, une fontaine asséchée, vrombissant de moustiques, du carrelage. Les volets sont fermés. Ni la chaleur ni les regards ne s’immiscent dans les foyers.


– Bienvenida a Cadi !


Ola se retourne. La propriétaire est une petite femme aux épaules carrées. Sa face est plate comme celle d’une chouette. Son sourire, large, fendu. Ses yeux ne plissent pas.

Inma explique qu’elle possède les appartements qui entourent le patio. Qu’elle les entretient avec l’amour d’une mère. L’accent andalou ampute les mots de leurs lettres, il glisse sur les consonnes pour mieux échapper à l’oreille étrangère. Mais l’attention d’Ola s’agrippe. Son espoir renaissant ne lâche pas.


23 mars, 16 h 16

« Un pourboire pour toi, gamin. » Pedro laisse tomber trois bonbons au-dessus du bar. José relève les yeux. L’aspect bonhomme du vieillard l’insupporte. Sa peau de terre cuite, son haleine d’éthanol, son cul fondu, tout le met hors de lui. Il s’apprête à pousser une gueulante, à chasser à la force de sa voix cet habitué non désiré. Mais la porte claque et le courant d’air le ramène à sa nature simple et aimable de serveur.


– Un café, por favor.


Le tabouret près de Pedro crisse sur le parquet. C’est une jeune fille qui s’installe à côté de lui. Elle n’est pas d’ici. Son articulation est trop appliquée. Ses cils battent comme deux papillons sur ses yeux rougis. Elle est fatiguée. Ses cheveux blonds, remontés au-dessus de sa nuque s’emmêlent. Cette fille est une accidentée. Comme lui.


– Caramelo ?


Ola tourne la tête.


– Excusez-moi ?


Un sourire édenté, une voix vibrante, prête à se briser. Et un regard brillant de vie. Le vieil homme sort de sa poche une poignée de friandises.


– Prends.


Il déverse sa main dans celle d’Ola. Elle, sourit, un peu gênée.


– Merci.

– Tu es gentille, toi.


José passe devant eux. Sans relever les yeux, il fronce des sourcils agacés.

Le jeu des questions et des réponses s’engage. Bien sûr, Ola ne dit pas pourquoi. Elle ne dit pas qu’elle est une obsédée du mouvement. Qu’il lui faut toujours avancer plus vite, plus loin. Elle ne dit pas qu’elle n’a pas supporté ce moment où tout s’arrête et où rien ne s’écroule. Ola dit qu’elle est française. Parisienne. Elle ne dit pas que sa mère est espagnole. Elle ne dit pas non plus que ce qu’elle cherche, c’est une vie construite de calme et de ciel bleu, une vie tranquille et inutile. Une vie pour rien. Elle dit qu’elle a besoin de changement. Qu’elle vient d’emménager, là, au 17 calle Arboli. Pedro s’esclaffe : lui y vit depuis trente ans ! Vraiment ? De l’autre côté du patio ? Avant, il vivait dans le village d’à côté, à Jerez. Les mots s’échangent, les voix se tâtent et apprennent à se reconnaître. Le rire se libère. Et pour la première fois depuis sept ans, Pedro existe en dehors de lui-même.


24 mars, 2 h 08

Pedro fixe les lattes du plafond. Il tourne un visage de cire sur l’écran de son radio-réveil. Deux heures du matin. Pedro n’a jamais été un dormeur. Tout petit déjà, il savait que dans son sommeil résidaient les créatures de son imaginaire. Des écailles vertes. De la salive marécageuse. Des griffes. Des dents. L’obscurité l’écorchait. Alors il veillait. Puis elle était arrivée. Le matelas, près des courbures de son corps, plus jamais ne serait froid. Le sifflement léger de sa respiration suffisait à éloigner la mort. Les ténèbres se taisaient. Jusqu’à cet après-midi de mars. Ce jour où les angoisses de la nuit se réveillèrent pour ne plus jamais se rendormir.

Soupir. Pedro jette ses deux jambes, raides comme du bois, sur le plancher et se traîne jusqu’à l’entrée de son appartement, près de la bonbonnière. Des années qu’elle est posée là, gagnée par les relances de loyers impayés qui s’accumulent et débordent. La bonbonnière, cela avait été son idée, à elle. Les petits-enfants en passant la porte, se souviendraient que chez los abuelos, il y a plein de confiseries. Les vacances leur laisseraient un goût sucré.

La dernière fois que Pedro avait vu les petits, ils riaient, guindés dans leurs costumes de deuil. Leur mère les grondait. Ils se taisaient alors, le temps de quelques minutes, puis perdaient leur tristesse de convenance pour rire de plus belle. Pedro n’entendait pas ce qu’ils pouvaient bien se dire pour être si heureux. Il aurait aimé le leur demander, savoir leur secret, pour que lui non plus n’ait pas à regarder cette bière massive. Pour que lui aussi puisse oublier. Qu’il oublie ce jour, sa vie, leur histoire. Qu’il oublie ce moment où il l’avait croisée pour la première fois. Ce moment où il venait d’avoir dix ans. Une sensation de vieillir, mais sans nostalgie. Juste la fierté, l’orgueil de devenir un homme. Ses parents pour l’occasion avaient invité toute la famille. Un événement digne d’un mariage. Et puis, il l’avait vue. À l’autre bout de la table. Elle triait sa paella. Refusait de manger les petits pois.

La bonbonnière était restée pleine toutes ces années. Le sucre fond, englue son emballage argenté. Et personne, jamais, ne passe la porte pour les réclamer.

Pedro enfourne une poignée de friandises dans la poche de son pantalon. Que ce bol de verre se vide, qu’il se vide aussi vite et aussi pleinement que sa mémoire. Il sort. Ce soir, José gagnerait son poids en sucre !


24 mars, 3 h 38

Ola sursaute. On frappe à la porte. Il est trois heures du matin. Elle repose son livre sur le canapé et ouvre. Pedro. Les joues rouges et le sourire tranché. Il lui prend la main et y glisse une friandise. Le contact de la peau sèche et lâche libère un frisson dans le corps d’Ola. Il entre.


– T’es gentille, toi. Très gentille. Pas comme les autres.


Ola ne répond rien.


– Toi, t’écoutes quand je parle. Et même, tu réponds. Et puis, tu souris. Les autres, ils me cracheraient à la gueule. T’aurais vu ! T’aurais vu comment il m’a parlé ! Il m’a hurlé dessus. Sale gosse ! Un hijo de puta ! Moi qui vais toujours à son bar !


Les paroles de Pedro se déversent. Lui, qui jamais n’adresse un mot de trop, ou un regard, il la pénètre de ses yeux. Un silence, puis, une phrase, comme une sentence : « T’es vraiment gentille, toi ! » Pedro élance ses bras sur Ola. Sa main gauche se noie dans ses cheveux, la droite se cramponne à une épaule. Il attire le visage à ses lèvres, mais c’est un poing qu’il reçoit. Les liens se distordent, le corps maigre est envoyé en arrière. Ola est face à lui, le souffle haché, les joues humides. Horrifiée. Pedro bredouille, il essaie de lui dire qu’il est désolé. Qu’il avait cru... Mais plus un mot n’arrive jusqu’à sa bouche. Il se relève et sort.


25 mars, 9 h 52

Il y a trois ans, Ola a déterré sur une photo de Cadix d’un album de sa mère. La légèreté du ciel, la fraîcheur blanche des murs, l’onde voluptueuse de l’océan l’avait amenée ici. Elle s’était arrachée à la vie qui commençait à l’envelopper. Une vie calme, sans surprise. Elle avait misé son existence contre un billet de bus et elle avait perdu. Cadix, la « perle de l’Andalousie » lui est tombée dessus comme un rocher. Le visage de sa mère, de Grégoire se reconstituaient peu à peu dans sa mémoire. La silhouette de son pavillon de banlieue. L’odeur des barbecues en été. Les aboiements de son chien. Tout ce qui lui avait paru si pâle adoucissait aujourd’hui sa pensée. Cadix la rejette. Chaque pas posé sur son sol lui brûle la plante des pieds et remonte jusqu’à son crâne. Le sang bout. L’Andalousie devait rester un rêve lointain. Un mirage…


– Vous ne pouvez pas partir comme ça !


Inma piaffe, saute sur place pour se faire plus imposante. En rythme, ses lunettes retombent sur son nez minuscule.


– Gardez la caution.

– Mais je n’ai personne pour vous remplacer !


À peine vingt minutes après son appel, Inma a déboulé dans la chambre d’Ola : elle devait repartir, raisons personnelles. Elle était déjà bien énervée, mais la vue du sac rembourré et de la pièce vidée l’a rendue hystérique. Ola fait la sourde. Elle laisse Inma s’exciter. Elle rejette son sac par-dessus son épaule, pose les clés sur la table et précise : « J’ai fait un plein de courses hier. N’hésitez pas à vous servir. » Elle ouvre la porte et traverse le patio. La grille de la sortie l’attire. Elle accélère. Et la grille s’ouvre au-devant d’elle. Un homme en costume et au visage fermé se dirige vers le premier logement du 17 calle Arboli. Inma se jette sur lui. « Monsieur l’huissier ! Arrêtez cette gamine ! Elle n’a pas le droit de partir comme ça ! Elle a signé un bail d’un an ! » L’homme repousse le corps tassé de la propriétaire d’une main. Il s’excuse, il est là pour faire son travail. Il sort une clé qu’il introduit dans la serrure. La porte se décapsule et aussitôt, l’huissier manque de tomber en arrière. Ola lâche la poignée de la grille et avance quelques pas.

Dans l’entrée de l’appartement, les éclats de verre, les bonbons tapissent le parquet. Des centaines de bonbons, de toutes les couleurs. Des pieds encore chaussés se balancent dans le vide. L’œil de Pedro est sec. Tendu vers les lattes du plafond. Son visage calme, comme endormi.


 
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   plumette   
21/2/2018
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Pourquoi Ola quitte-t-elle Paris? on ne le saura pas.

cette entrée en matière avec la description de son coeur vidé fragile et froid m'a un peu déroutée.

Je me suis demandée si cette histoire ne prenait pas place dans un texte plus large, si ce n'était pas juste un bout de texte, ce qui expliquerait cette impression de débarquer de nulle part.

On saura vaguement pourquoi Ola vient à Cadix, du moins ce que moi lectrice j'imagine: sans doute retrouver ses racines espagnoles.

Qui est Pedro? On ne le saura pas non plus vraiment: un vieux, seul, qui agace tout le monde et qui distribue des caramels, qui est ignoré par ses propres enfants et petits enfants.

vous demandez beaucoup à votre lecteur! Il faut deviner des choses qui sont simplement effleurées.

L'écriture est hachée par moments, elle va dans des rythmes et des registres différents, j'ai plutôt aimé.

Je n'ai pas du tout adhéré à la fin :L'incursion de Pedro dans la chambre d'Ola, sa tentative pour l'embrasser et les conséquences dramatiques de ce rejet, le retournement d'Ola qui veut aussi sec rentrer à Paris. Pour moi, Il manque des maillons.

désolée, il y a de la matière pourtant,

   Tadiou   
22/2/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
(Lu et commenté en EL)

« Noir, c’est noir » chantait quelqu’un. Ici, tout est noir, mais je le perçois comme artificiellement noir : pourquoi Ola a-t-elle de tels problèmes existentiels ? Je ne vois pas d’explicitations à part l’incipit « C’est mieux ailleurs », mais c’est un peu court. Les plaintes intérieures d’Ola me semblent bien fumeuses.

Idem pour Pedro : j’en sais trop peu sur lui et il me semble que c’est comme un personnage venu de nulle part.

On se doute un peu d’une telle fin pour lui.

Quant à Ola, la fuite continue. Mais ça me semble bien artificiel, sans autres précisions sur le personnage.

L’écriture est fluide et le récit se lit aisément.

Mais vous aurez compris que je reste largement sur ma faim à cause de vos personnages insuffisamment incarnés.

En tout état de cause, merci pour cette lecture et à vous relire.

Tadiou

   Eva-Naissante   
10/3/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
J'émets quelques réserves sur le rythme.
Un rythme qu'Ola justifie en expliquant qu'elle est une obsédée du mouvement. Cela fait sens.
Toutefois, il doit me manquer une clef, si elle est cherche une vie calme, tranquille et inutile, même si les souvenirs de sa mère laissent penser qu'elle pourrait y trouver ce qu'elle cherche , pourquoi quitter Paris la torture autant, et pourquoi repart-elle si vite (4 jours), pourquoi une altercation avec Pedro fait tout basculer alors qu'elle ne le connaît pas ? Je suis passée à côté, sans doute....

A mon sens le lien mère-fille mériterait d'être un peu développé parce que sauf erreur, il constitue le fil.

Les descriptifs, les premiers surtout, me paraissent attirer l'attention et sont bien écrits. On peut ressentir ce qu'elle ressent mais arrivée à Cadix...

On regrette enfin la fin, qui à mon sens est trop rapide...et qui nous laisse sur notre fin... (...)

Merci pour ce texte,
A vous lire de nouveau,
Eva-N

   Anonyme   
10/3/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour

J'ai bien eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire. Le bus de Cadix
m'ayant attiré et comme je connais un peu la ville, j'espérais autre
chose que le quartier de la cathédrale.
Je pense que trop de détails nuisent à l'ensemble, ils m'ont perdu
dans les dédales de cette histoire.
Histoire que je n'ai d'ailleurs pas bien saisie sinon que l'héroïne semble
être un vrai courant d'air en semant les regrets sur son passage.

Je reste persuadé que moins de détails et un vrai but aurait
largement suffi à cette nouvelle.

   Donaldo75   
14/3/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Camille-Elaraki,

Je suis mitigé quant à cette nouvelle. J'aime beaucoup le style, l'écriture, le découpage. Le début est prenant. Ensuite, et c'est là que le bat blesse, j'ai du mal avec le passage de Pedro puis la fuite d'Ola. En gros, il y a une sorte de "trou noir" temporel entre le 24 mars, 3 h 38 et le 25 mars, 9 h 52. Je comprends la volonté de suggérer au lecteur une scène possible dans cet intervalle mais la fin est trop abrupte, frustrante. En tant que lecteur, je ne veux pas forcément savoir mais pas tomber directement dans une scène de quasi-fuite, sans habillage aucun, avec juste une chute pour nourrir ma curiosité.

C'est dommage, parce qu'il y a du style.

   Lulu   
1/4/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Camille,

J'ai vraiment bien aimé cette nouvelle, du fait de son style, d'abord, qui m'a accrochée dès les premières phrases, puis du personnage dont on devine tout plein de choses. Même sans savoir précisément ce qu'elle fuit, on devine un désir fort de vivre autre chose, de trouver la paix. Cela m'a fait penser à un roman que j'ai lu il y a longtemps, de Pascal Quignard...

La destination de l'Andalousie m'a fait rêver, par ailleurs. L'arrivée du personnage en quête de dépaysement ou de paix (ou des deux) me semble très visuelle avec ces senteurs de crevettes ou autres sardines...

Je me suis prise au jeu de cette narration qui m'a emmenée jusqu'en Espagne et de ce premier dialogue que j'ai trouvé bien rapporté. Le style est là, rien n'est lourd ou bancal. On suit...

J'ai juste été perturbée dans le fil de la narration au moment où on passe de 10h30 à 16h16 le 23 mars... On passe du point de vue de notre Ola à celui de Pedro, et s'il est vrai que les dates suffisent pour faire avancer l'intrigue, on n'est pas préparés à ce changement de point de vue... Cela m'a semblé, du coup, un peu abrupt à la première lecture.

Dans l'ensemble, j'ai aimé cette opposition entre Paris, même si on ne s'y attarde pas, et Cadix avec ses mots et son lien avec Ola, ou la mère d'Ola... Cadix n'a pas été choisi par hasard au vu du personnage, et dépayse un peu.

Mais en définitive, Ola s'en va encore. Elle rompt avec tout et avec tous, et, à la fin, je me demande quelle portée peut avoir cette fuite qui semble n'être qu'un début.

Le titre me semble, à cet égard, un peu pessimiste, d'autant que l'héroïne de cette histoire semble jeune. N'a-t-elle pas la vie devant elle pour se construire ? C'est la question que je me pose, finalement...

Mes encouragements.


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