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Réalisme/Historique
carbona : Marin
 Publié le 04/06/16  -  11 commentaires  -  9311 caractères  -  78 lectures    Autres textes du même auteur

Quand il l’avait annoncé, tout le monde s’était réjoui. J’avais serré les dents.


Marin


Quand il l’avait annoncé, tout le monde s’était réjoui. J’avais serré les dents. Je savais ce que cela signifiait. J’aurais pu m’attendre à tout mais pas à ça. Pourtant c’était une évidence. La vie ne lui convenait pas sur Terre et ne lui avait jamais convenu.


Son père était soulagé. D’ordinaire peu expressif, les rides qui encadraient sa bouche s’étaient détendues, pour la première fois depuis que les mésaventures de Johan avec la police avaient débuté. Ce jour-là, quand Gérard était rentré à la maison après être allé le chercher au poste, son visage avait changé, d’un coup vieilli, emprunté un air grave qui allait se figer. Johan avait quinze ans. Il avait été interpellé en possession de cannabis. C’était tombé comme un couperet : nous n’étions qu’à l’aube d’une longue série d’ennuis.


Nous n’étions pas dupes, il n’avait jamais été un enfant facile. Benjamin d’une fratrie de trois enfants, il ne trouvait pas sa place, vivotant aux côtés de deux grandes sœurs, aux comportements exemplaires et aux parcours quasi irréprochables.


Il avait été un bébé choyé, peut-être trop, peut-être trop longtemps ou alors pas correctement. Son parcours d’écolier avait été semé de punitions et de sanctions diverses. Je passais mes mercredis matin – que j’avais vaqués dans le but de partager du temps avec lui – à le conduire à ses retenues. Puis il y avait eu ce conseil de discipline qui avait opté pour une exclusion temporaire jusqu’à récidive et exclusion définitive. Le parcours du combattant pour le faire accepter dans un nouvel établissement. J’entends encore ma mère me dire : « Pourquoi a-t-il fallu que tu en fasses un troisième ? C’était trop tard Josiane, il y a un temps pour tout. »


Tous, ils étaient tous soulagés par la nouvelle. Johan allait fiche le camp et ils pensaient que les soucis s’en iraient avec lui. Ce n’était pas du bonheur partagé que je lisais sur les visages de ses sœurs et de son père ce jour-là mais un soulagement égoïste. Et pour cela, je ne leur pardonnerai jamais. Comment pouvait-on se réjouir de voir son enfant prendre la fuite. Prendre le large comme se plaisait à dire sa grand-mère.


Johan avait décidé de devenir marin. Enfin c’est ce qu’il avait déclaré officiellement. Moi j’ai tout de suite compris qu’il avait décidé de nous quitter, de quitter sa vie, ce monde dans lequel il ne se retrouvait pas. Gérard a débouché le champagne et a appelé les filles. Au plus vite nous fêterons les adieux, au plus vite nous nous débarrasserons de lui. Johan affichait une mine de circonstance, réjouie, semblant savourer sa victoire. C’est évident qu’au vu de la réaction des autres, cela semblait être la première réussite de sa vie.


Pas une fois je n’ai pu croiser son regard. La fuite commençait, tout de suite. Il répondait aux questions de ses sœurs et aux sourires de son père comme s’il donnait une interview. Il avait rencontré un certain Joseph qui connaissait tout de la vie en mer et qui lui apprendrait l’essentiel, l’accompagnant les premiers temps puis le laissant voguer librement dès qu’il en serait capable. Les quelques économies dont il disposait sur son livret A lui suffiraient à se procurer le matériel nécessaire.


Pas de destination préparée, il naviguerait au gré des vents et de ses envies. La pêche ? Oui bien sûr qu’il y pensait, c’était un très bon business disait Joseph, cela lui permettrait de mettre du beurre dans les épinards. Non ce n’était pas compliqué, il suffirait de choper la technique. Puis il y avait mille petits boulots qu’il pourrait faire dans les ports mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, il n’aurait pas besoin de grand-chose.


Des nouvelles ? Bien sûr qu’il en donnerait, il nous tiendrait au courant de ses différentes destinations. Surtout pour maman, avait renchérit Gérard, tu connais ta mère. Peur ? Non mais tu rigoles Sophia, les tempêtes c’est l’adrénaline des marins.


À la fin de la conversation, Gérard en était à envier sa liberté, Sophia admirait son courage et Lydie saluait sa détermination. Pathétique. Je les détestais, je les détestais de ne pas voir, et surtout ne pas vouloir voir la vérité, la détresse.


On avait débarrassé les flûtes, rangé les petits gâteaux, les filles étaient rentrées chez elles, pesant dix kilos de soucis en moins qu’à leur arrivée, Gérard s’était endormi avant même d’avoir éteint la lumière et Johan s’était couché tôt. Il partirait le lendemain matin avant que le jour se lève. Vous ne serez pas réveillés, avait-il dit. Bien sûr, ce serait plus facile ainsi. J’ai pleuré toute la nuit sans fermer un œil, à quelques mètres de mon fils qui passait sa toute dernière nuit à mes côtés.


Une année s’était écoulée depuis le départ de Johan. Les nouvelles étaient rares mais régulières. Une carte postale par mois. Toujours la même chose. Une photographie d’un phare écrasé par une mer déchaînée avec juste sa signature au dos. Des destinations à peine lisibles que je peinais à découvrir sur le tampon qui occultait le timbre.


Je ne vivais plus, je fonctionnais tout au plus. Personne ne comprenait le mutisme dans lequel je m’enfermais peu à peu. On soupçonnait les effets de la cinquantaine, la lassitude de mon travail de comptable, mais on refusait de s’avouer les sentiments de culpabilité et de désespoir dans lesquels le départ de Johan m’avait plongée.


Comment vivre le mal-être de son enfant. Comment accepter de sourire quand on n’a pas su s’y prendre, pas su faire, pas su aimer. Les filles étaient plus égoïstes que jamais, me tenant des heures au téléphone sur leurs soucis de couple, de carrière et d’ongles cassés, tandis que Gérard restait égal à lui-même, les rides en moins. Je haïssais son indifférence, du moins celle qu’il feignait. Je me raccrochais à l’espoir sourd mais humain qu’il ait comme moi un trou dans le cœur.


Les choses ont basculé un soir de novembre quand le téléphone a sonné. Gérard avait décroché. La police nous annonçait qu’ils avaient retrouvé des affaires de Johan avec ses papiers d’identité le long du Douro. Douro, le Portugal, sa dernière destination. Des vêtements déchirés par la tempête qui avait sévi quelques jours plus tôt. La police maritime avait effectué des recherches dans le fleuve mais n’avait trouvé aucune trace de son corps. Il était trop tard.


Non ce n’était pas possible. Ce n’était pas vrai.


Nous nous rendîmes le lendemain au port du Douro. Les côtes étaient dévastées. Les policiers nous remirent ses affaires – des lambeaux de tissus – et sa carte d’identité, fourrée droite dans son ciré déchiqueté. La thèse des policiers était simple et foudroyante. Johan était au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils nous ont ensuite conduits aux restes de son embarcation restée péniblement arrimée où nous avons pu recueillir toutes ses affaires personnelles. Un peu de shit, un briquet, trois bouquins et une petite Vierge, celle qu’il avait reçue lors de sa première communion. J’ignorais qu’il l’avait encore. J’ignorais vraiment bien des choses, trop de choses. La honte m’envahit plus forte encore que le chagrin qui ne venait pas. La situation était trop irréelle. Nous retournâmes en France aussitôt. Gérard l’imposa. Nous avions besoin de retrouver les nôtres.


Je devais faire mon deuil. Tout le monde me le rabâchait. Il fallait avancer. Peu à peu, me reconstruire. Mais Johan était toujours là, vivant et j’en étais persuadée. Il fallait que je voie un psy, que je me fasse aider, pour accepter. Mais il fallait que je retrouve Johan. Les autres ne comprenaient pas. Je ne les détestais plus. Ils m’indifféraient. Il n’y avait plus sur cette Terre que mon fils et moi. Nous devions nous retrouver.


Je partis un matin, à l’aube sans un bruit, avec un sac sur le dos, mon passeport, la petite Vierge et les douze cartes postales que Johan m’avait envoyées. Et je décidai de reprendre son parcours étape par étape pour comprendre, pour vivre ses pas, respirer sa vie.


Je m’arrêtai dans tous les ports, visitai les phares, arpentai les côtes et découvris les villes. Je vivais de peu de choses mais n’avais jamais été aussi comblée. Je me rapprochais de son monde. Je passais des journées entières attablée aux brasseries à écouter des histoires de marin.


Je menai cette vie-là pendant plus de six mois quand arriva ma dernière destination. Le port du Douro. Il avait un goût différent des précédents. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Ni revenir en arrière, ni aller de l’avant.


Je découvris ce lieu millimètre par millimètre. Je voulais m’en imprégner de toute mon âme. Jamais je n’avais autant dégusté. J’avançais de quelques pavés par jour et j’étais rassasiée. Et heureuse, car à ce rythme-là, il me faudrait la vie entière pour fouler l’ensemble du port. J’apprenais à sentir, à observer, à écouter.


Au bout d’un mois je parvins au centre-ville. Je grimpais un étage supplémentaire de mon mille-feuille quand j’ai croisé son regard. Adossé à un mur de brique rouge, un béret entre les jambes, il attendait. J’ai sorti quelques pièces du fond de ma poche, les lui ai données puis me suis assise à ses côtés. Je mourais d’envie de le serrer dans mes bras mais ne voulais pas le brusquer. Ne plus jamais le faire fuir. On prendra le temps qu’il faudra. Autant et plus encore qu’il n’en avait fallu pour nous défaire.



 
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   Anonyme   
11/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien
C'est une histoire touchante, racontée avec sobriété, je trouve. D'un point de vue narratif, à mon avis la partie
Je partis un matin (...) je parvins au centre-ville.
est trop longue. Elle ne l'est guère pourtant, c'est vrai ! Mais trop centrée sur la narratrice, le bonheur qu'elle ressent à chercher son fils alors que c'est purement de lui qu'il est question dans le texte.

J'aime bien la fin ouverte, qui laisserait supposer que la narratrice va rejoindre Johan dans sa vie d'errance, non le ramener dans le "droit chemin" (du reste, l'insistance sur la joie qu'elle trouve à voyager sert à ancrer cette idée... mais je persiste à penser que la partie où elle s'ancre gagnerait à être plus resserrée).

Un texte intéressant selon moi, plus insolite qu'il y paraît au départ.

   Lulu   
4/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Carbona,

j'ai bien aimé cette nouvelle qui nous plonge au cœur d'une relation entre une mère et son enfant.

J'ai trouvé étonnante la réflexion de la grand-mère, peu délicate, qui dit à sa fille "il y a un temps pour tout"..., comme si son petit-fils ne comptait pas plus que ça. Mais il faut faire avec ce genre de personnes, parfois, dans la vraie vie... malheureusement.

J'ai bien aimé le cheminement de la narratrice, ses pensées, son parcours, le fait qu'elle refasse le voyage effectué par son fils pour essayer de comprendre. Puis, cette rencontre, à la fin, qui pourrait l'éclairer, la rapprocher de son fils perdu.

Dans la forme, j'aime assez la simplicité de votre écriture. On ne se prend pas la tête à chercher à comprendre. Tout coule facilement et cela est appréciable. Mon seul regret, c'est de voir que vous utilisez autant le passé composé que le passé simple, y compris dans un même paragraphe. J'aurais opté pour l'un ou l'autre pour plus de cohérence.

Enfin, je trouve que votre texte a une dimension universelle quant à l'inquiétude maternelle. Ici, c'est relatif à un choix de vivre en mer, ce qui peut susciter une grande inquiétude, mais au-delà de votre texte, on peut lire toute forme d'inquiétude relativement à l'émancipation de l'adolescent, surtout quand ce dernier a posé problème antérieurement.

Bref, une belle réflexion et un chouette récit dans l'ensemble.

Bonne continuation dans votre travail d'écriture.

   vendularge   
4/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Voilà un exercice complexe; amasser en quelques lignes le contenu de toute une vie (ou presque), mettre des mots sur la frustration intense, la culpabilité violente d'une mère face à l'errance d'un enfant (fut-il adulte). Ici, la narratrice décide de chercher, de partir, de comprendre comme on enfile le pull d'un être disparu pour finalement trouver un enfant qui est peut être lui ou peut être pas.

Un bémol de mon point de vue, ce n'est pas un sujet de nouvelle, je veux dire que c'est trop court (et donc, plein de coupes franches et cependant déterminantes dans ce cheminement). Je crois que la complexité ne peut pas être "dite" en quelques lignes.

Au plaisir de vous lire à nouveau
Vendularge

   plumette   
4/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Carbona,

Une lecture facile pour un sujet difficile, une langue simple et qui dit ce qu'il y a à dire. Je me suis très vite attachée à cette mère qui souffre en silence. Sa perception de la "fuite" du fils, que les autres vivent comme un soulagement l'isole.
La mère redoute dès l'annonce du projet la disparition de son fils, et elle vit avec cette inquiétude sourde qui ronge sa vie et vient appuyer sur sa culpabilité.
la mère est également la seule à ne pas ( vouloir ?) croire à la mort de son fils. elle entreprend un voyage sur ses traces pour le retrouver au moins symboliquement.

On est beaucoup dans les sentiments de cette narratrice et je me suis demandé si la nouvelle n'aurait pas pu nous en dire plus sur l'univers " marin". J'ai été étonnée de la description du projet de Johann qui ne s'incarne pas vraiment:" un certain Joseph qui connaissait tout de la vie en mer et qui lui apprendrait l’essentiel, l’accompagnant les premiers temps puis le laissant voguer librement dès qu’il en serait capable. Les quelques économies dont il disposait sur son livret A lui suffiraient à se procurer le matériel nécessaire " Voilà le projet qui me parait assez peu réaliste. Johann va -t-il pouvoir s'acheter un bateau? Va-t-il apprendre les rudiments de la navigation sur le bateau de Joseph?
je comprends que " marin " pour Johann sera une façon de voyager et non pas un métier. Mais là n'est pas l'essentiel du propos et du texte!
J'aurais aussi aimé savoir l'âge de Johann dont on évoque les premiers ennuis avec la police à l'âge de 15 ans.

Voilà les questions que je me pose en tant que lectrice car finalement je ne sais pas grand chose de ce Johann, si ce n'est que c'est un enfant réputé difficile.

A vous relire,

Plumette

   hersen   
4/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime beaucoup cette nouvelle qui dit l'amour inconditionnel que l'on porte à nos enfants.

Les difficultés de se réaliser à un certain âge impliquent bien des dissensions dans la famille mais l'amour reste la valeur sûre.

Carbona a vraiment su mettre en avant cela par une écriture simple mais pas seulement. Elle réussit à dire l'essentiel qui va porter la nouvelle.

je n'ai aucun mal à ma retrouver dans cette mère de famille. Elle a été jusqu'à Porto mais aurait été bien plus loin si cela avait été nécessaire.

Mon seul petit regret : que l'auteur ne se mette pas à écrire du plus long. Je crois qu'elle a la capacité de développer davantage. Dans cette nouvelle par exemple, j'aurais bien aimé aussi qu'elle aille un peu plus loin avec les personnages.

Merci pour cette lecture.

   Charivari   
4/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour. J'ai beaucoup apprécié, surtout le debut. Simplement écrit, mais profond et touchant, une psychologie assez fine, ça sonne vrai. Ensuite, et c'est mon reproche, la recherche de cette mère est trop rapide à mon goût, et la fin, dont l'idée qui me plait (on ne sairt pas si elle va continuer cet espèce de "road movie" avec son fils ou le ramener au bercail), trop vite amenée. Ces six mois de pérégrinations de la mère m'ont paru vraiment trop vite résolus, alors que justement, je crois qu'il y avait matière à écrire quelque chose de beau là dessus.

   Anonyme   
7/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Comme souvent dans vos récits, du moins ceux que j'ai lu, il n'y a pas assez de développement. Tout est traité d'une façon tellement expéditive qu'il en ressort pour ma part une impression de froideur. Un comble pour un thème qui se veut émouvant ! Les sentiments sont exprimés au strict minimum, les caractères brossés à la va-vite et l'intrigue emballée en deux temps trois mouvements. Je ne sais pas si vous faites ça pour répondre à la tendance, attirer l'internaute adepte du format court, mais moi ça me laisse sur ma faim.

Pourtant l'intrigue est intéressante, pleine de promesses, elle aurait vraiment méritée davantage de lignes. D'un point de vue tout personnel, je n'apprécie guère ces mères qui focalisent maladivement sur un enfant et en oublient le reste de la famille, allant jusqu'à les détester ! Qu'un enfant ait des problèmes n'est pas une raison pour délaisser les autres, eux aussi ont besoin d'amour. En vérité c'est la mère qui est égoïste, totalement repliée sur sa douleur.

   Anonyme   
8/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Quel beau parcours que celui de cette mère, une vraie mère ! Un enfant, un fils, même moins que rien, reste un enfant plus la somme des erreurs de ses parents ou de leurs réussites. Mais au dessus de cela, il y a l'amour, le vrai, le désintéressé, et cette nouvelle nous le montre si bien.
Je savais moi aussi que ce n'était pas inéluctable, que le fils avait suivi une autre voie que cette fin, presque annoncée par sa vie décousue. Peut-être était-ce volontaire cette mise en scène pour rompre définitivement avec cet intime au fond de lui que peut être une famille avec ces comptes à lui rendre même s'ils ne sont pas clairement exprimés, ni exigés ?
Tout cela est bien rendu bien que l'écriture soit un poil trop sobre pour moi.
Et il manque dans votre narration un petit quelque chose en plus qui pourrait nous faire aimer davantage ce fils. On sent l'amour d'une mère, irrationnel, viscéral, mais on souhaiterait peut-être l'aimer à notre tour, sans juste cette compassion que nous éprouvons pour lui à cause de l'attitude égoïste du reste de la famille. En fait, on se rend compte qu'on le connaît bien peu, ce garçon. D'où peut-être le drame de cette fuite en avant ? Et du désintérêt de son père ( ce qui est crucial pour un fils) ? Beaucoup de questions apparaissent ainsi en nous à la lecture de votre texte.
Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié cette histoire pleine d'émotions fortes.
Bravo pour cela en tous cas. A vous relire bien entendu et toujours avec plaisir .

   Alice   
10/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis plutôt du genre anti-maternelle comme personne, mais je dois dire que c'est vraiment raconté avec juste le bon mélange de sincérité et de sobriété, avec quelques images qui se glissent en arrière-fond, qui nous font sentir l'air marin. Du reste il y a dans ce texte, à mes yeux, autre chose de plus profond qu'une simple relation mère-fils (en autant que ça puisse être simple), une relation entre des natures profondes qui s'entrechoquent. On est tous un peu Johan, on est tous à un moment donné, en moins condensé, la honte de la famille, et on s'éloigne pour cesser d'exister d'une façon qui nous blesse, parmi les attentes de gens qui ne nous connaissent jamais aussi bien qu'ils le pensent. Au final, ici, ils empêchent Johan de se connaître lui-même. En famille, il fait le miroir.

J'aime comme les deux mondes, le plus rêveur, la fuite perpétuelle, et le sérieux, la routine, se rejoignent peu à peu, c'est très subtilement mené, le rythme sied très bien au tout.
J'aurais peut-être apprécié que le texte soit plus long, et peut-être un peu plus poétiser encore concernant Johan (mais bon, je me connais et sais que c'est bien de ma faute, je suis juste trop accro aux images), pour encore mieux rendre l'émotion. Mais la sobriété marche aussi. En prenant séparément plusieurs phrases, ça va bien, ça coule bien, sans plus, pas tant d'émotion, pas de retour pour lire une phrase particulièrement forte (sauf celles de la fin). C'est en mettant toutes les phrases bout à bout, en observant combien leur ordre est bien mené, combien tout s'emboîte judicieusement, qu'on sent selon moi vraiment la force du style.

On suit d'une manière extrêmement aisée le personnage dans ses développements. On est à l'inverse des réactions de sa famille en même temps qu'elle, on déteste et méprise en même temps qu'elle, on s'ennuie en même temps qu'elle, et pour finir on se fiche du reste du monde en même temps qu'elle. On attrape vraiment le même vent, et le fond est très réaliste, très tangible.

La fin est vraiment superbe. Elle est digne de l'avoir retrouvé.

Bravo à vous,

Alice

   widjet   
29/6/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un récit linéaire qui coule suffisamment bien pour être lu d'une traite sans encombre. L'écriture est simple, parfois trop académique, mais on ne tombe jamais dans les grandes envolées lyriques et la mièvrerie ce qui est une bonne chose. Je regrette de ne pas avoir eu plus de matière pour me représenter psychologiquement Johan qui n'existe et ne vit qu'au travers du regard de sa mère (qui hélas nous donne peu d'éléments pour nous aider à ressentir ce personnage clé pourtant).

Il me semble important surtout dans un texte aussi lent (la lenteur est une qualité dans la littérature en ce qui me concerne) de bien travailler l'intériorité des personnages et l'ambiance pour créer l'immersion puisque les rebondissements ou l'action sont discrètes voire quasi absentes.

Mais bon, c'est fluide globalement soigne et en dépit de son manque d'identité véritable ce texte est, de par son traitement et son final assez raffiné, somme toute correct.

W

   Bidis   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve cette nouvelle, à la chute assez scotchante et qui se lit facilement, mal équilibrée. Le départ du personnage prend les trois quarts du texte, le temps qui passe, la disparition et la quête de la mère n'en prenant que le dernier quart. Or, à mon avis, ce devrait être l'inverse. Quant à l'écriture, elle m'a semblé agréable et facile à suivre. Je n'ai pas passé un mauvais moment, pas du tout, mais ce déséquilibre que je viens de dire plus avant m'a gênée.


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