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Sentimental/Romanesque
hersen : Elle a ri
 Publié le 05/06/16  -  22 commentaires  -  6104 caractères  -  230 lectures    Autres textes du même auteur

Une soirée…


Elle a ri


Elle est maintenant si hilare qu'il s'en trouve gêné pour elle. Franchement, elle pourrait se maîtriser.


Surtout que l'émission est d'un ridicule, d'un vulgaire ! C'est affligeant.


Elle tente par instant de se calmer, de reprendre son souffle, ce qu'il a pris au début pour une sorte de retenue respectueuse envers son hôte. Mais il comprend avec agacement que si elle tente de se calmer par moments, cela n'a rien à voir avec lui. C'est parce que le bruit qu'elle-même fait en riant si fort l'empêche tout bonnement d'entendre les dialogues des personnages à l'écran.


Il voit avec effroi son intimité violée et ses beaux coussins aux housses de soie sauvage bleu ardoise bousculés d'une manière qu'il n'apprécie pas du tout.


Il regrette amèrement d'avoir proposé son aide. Même sachant qu'il ne pouvait s'y soustraire, il n'aurait pas dû lui proposer son logis mais plutôt le bungalow au fond du jardin.


Elle s'esclaffe une fois de plus. Les personnages bougent et gesticulent à l'écran et elle les suit pas à pas, les colle, rit de tout son cœur.


Enfin, quelques heures. Il sait que la décrue s'amorcera dans quelques heures et qu'alors le bac pourra traverser.


Bien sûr, avec courtoisie, il a offert son aide malgré cependant un fond de contrariété. Il n'aime pas être dérangé inopinément, il n'en a depuis longtemps plus l'habitude. Des années de solitude, un télé-travail, sa maison sur l'île du fleuve.


Et la voilà qui recommence, après une légère accalmie. Elle repart de plus belle. Mais cette fois ne se contente plus de son propre corps pour amortir la crise d'hilarité, elle se jette de trois quarts sur l'accoudoir du canapé et étreint un coussin pour étouffer son rire.


Il est pétrifié.


Il n'a pas su dire non quand elle a proposé de regarder la télévision, pour passer le temps, a-t-elle dit. Et puis, cela lui a semblé une bonne idée car il ne voyait pas ce qu'il aurait pu faire pour tenir agréablement son rôle d'hôte.


Quand il lui a demandé d'enlever ses chaussures, des grosses Doc's, pour ne pas abîmer le parquet, elle a soupiré. Encore un vieux con, l'a-t-il quasiment entendue penser. Mais elle s'est abstenue de tout commentaire et s'est exécutée. Des chaussettes vert pomme aux bouts jaune fluo lui ont fait l'effet, à cet esthète, d'un coup de fouet sur les yeux. Mais il a regardé ailleurs, et a proposé alors de préparer un dîner.


Il avait toujours deux ou trois choses pour, justement, un cas de force majeure. Donc, des spaghetti avec une sauce relevée et un bon petit vin. Il s'est mis au travail. Elle a proposé mollement son aide, qu'il a refusée. Il n'avait aucune envie qu'elle dérange sa cuisine, si simplement équipée fût-elle.


Ils ont mangé d'abord en silence, un peu gênés. Puis il a tenté d'entretenir la conversation mais ses efforts n'ont abouti qu'à des platitudes. Son invitée ne rebondissait sur aucun des sujets qu'il abordait. Puis, comme pour payer son écot en participant à l'ambiance générale, elle a déclaré que c'était super bon, et que le rouge se buvait tout seul. Mais que c'était dommage, ce qu'elle aimait avec les spaghett', c'était du basilic frais. Avec un jardin comme il a, il aurait pu en avoir !


La conversation, de ce fait, est retombée. Le saint-nicolas-de-bourgueil, bu trop vite par son invitée, n'a pas réussi le miracle de détendre l'atmosphère.


C'est alors qu'elle a proposé de regarder la télé.


C'est ainsi qu'en ce moment même, il se trouve à son côté, raide, sur le canapé. Il la regarde avec déplaisir se vautrer sur ses coussins.


Une pause se dessine puisqu'un des protagonistes de l'histoire vient d'être tué. Elle se remet alors d'aplomb, tenant toujours le coussin dans ses mains.


Avec horreur, il voit sur son merveilleux coussin précieux des traces de larmes et de rimmel. Et de salive, croit-il aussi.


Déjà pétrifié, il n'est plus qu'une statue, tentant de se projeter hors du monde pour ne plus voir. Ni rien ni personne.


Et c'est alors que le film prend un autre tournant. Le mort ne l'est pas. Il revient à lui dans des circonstances incompréhensibles mais déclenchant une fois de plus, avec encore moins de retenue s'il en est possible, une crise de rire si forte, si soudaine, qu'elle en lâche le coussin qui voltige à la gauche de son hôte. Spontanément, elle se penche pour le récupérer, compagnon de rire et mouchoir, tout à la fois.


Elle est encore ainsi penchée devant lui quand une repartie d'un personnage du film déclenche une fois de plus une crise euphorique si forte que quand elle veut s'adosser au divan, dans un mouvement brusque, elle atterrit sur l'épaule de celui qui, alors, ne sait plus que faire, embarrassé au plus haut point. Elle rit, elle rit, elle pleure. Quand par réflexe elle cherche un appui pour sa tête, elle la pose dans son cou. Son cou à lui. Elle rit encore quelques secondes, sur sa lancée, quand elle réalise. Elle se recule vivement, laissant le col de sa chemise à lui mouillé de ses larmes de rire.


C'est avec une pointe de satisfaction qu'il voit qu'elle est gênée de s'être ainsi laissée aller de manière si familière, si équivoque aussi. Il se sent payé de son calvaire de la soirée.


Et il la regarde, se voulant narquois. Mais il est saisi. Elle est là, devant lui, si belle, si rose, si sensuelle. Stupéfié, il découvre ce qu'il ne voulait plus voir depuis tant d'années. La pierre dont il est fait se transforme alors en lave se mouvant doucement, parcourant son corps, tiède.


Elle bafouille un « ch'uis désolée, j'ai pas fait exprès » et déclare qu'elle peut sûrement prendre le bac maintenant, on n'entend plus le grondement du fleuve.


Se retrouvant seul, le coussin taché à la main, il sait qu'il vient de vivre un instant. Que cet instant sera un moteur pour continuer. Pour ne pas désespérer.


Il porte la main au col de sa chemise qui est encore mouillé de ses larmes. De ses larmes à elle. Et peut-être aussi de sa salive.


Elle a ri dans son cou. Son cou à lui.



___________________________________________

Ce texte a été publié avec des mots protégés par PTS.



 
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   in-flight   
22/5/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Vue la catégorie choisit par l'auteur (refex/dissert) je ne savais pas à quoi m'attendre. En fait, en avançant dans ma lecture, je me faisais à l'idée que tout cela allait mal finir: Le type va la frapper parce qu'elle est insupportable devant sa télé à la con. Je m'attendais un final grinçant donc, voire sanglant. Mais à l'arrivée, je crois comprendre que votre intention est plus de dépeindre un narrateur heureux d'avoir des traces d'elle sur sa chemise, ce qui nous placerait en réalisme ou sentimental.
Ce n'est pas que la catégorie soit si importante mais je suis simplement circonspect sur la fin du texte. Je trouve que toute la montée du rire de la femme ne sert à rien en l'état.

   Donaldo75   
23/5/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

La fin m'a paru plus inspirée. L'histoire met du temps à se mettre en place, avec de longues redites, comme s'il fallait insister lourdement pour bien poser une situation. Seulement, au lieu de poser, ça pèse.

Le style est très léché, bien dans l'esprit du personnage principal, celui qui subit la situation. Cependant, l'usage de la troisième personne pour raconter une telle histoire rend trop grande la distance au lecteur. Du coup, il n'y a pas d'empathie.

Dommage.

   Marite   
24/5/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Un simple épisode d'une vie contée si simplement que je n'arrive pas à comprendre le classement de cette nouvelle en catégorie "réflexion/dissertation". Sur quoi est-elle supposée nous faire réfléchir ? Le manque de franchise et d'authenticité dans les rapports humains ? En l'occurrence entre cet homme et cette femme ?

   Anonyme   
25/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonsoir !

C'est une bien jolie histoire.

Au départ, je me suis demandée où ça voulait en venir, trop d'insistance sur le fou rire et la description de la jeune femme qui s'y adonne.

Et puis, doucement, j'ai compris qu'en fait l'ermite devait avoir une raison de s'être exclu de la société et que la jeune femme était une forme de reprise de contact avec l'humanité mise de côté.
J'ai du coup bien apprécié qu'il la trouve belle !

Le style me plait, c'est assez bien écrit, même si l'histoire en huit clos fait qu'on se retrouve avec quelques répétitions qui en soi ne sont pas dérangeantes mais sur un format aussi court, se remarquent.

Les personnages sont un rien dans la caricature, surtout la jeune femme, mais ça non plus n'est pas dérangeant.
J'aurais aimé cependant un peu plus de finesse dans le développement des deux protagonistes...

Au final l'histoire est jolie, crédible, et amusante et légère malgré le sérieux de la réflexion en parallèle.

Merci donc, j'ai vraiment passé un bon moment de lecture (c'est quoi ce qu'elle regarde à la télé?).

Bonne continuation !

   widjet   
5/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Décidément, je suis à contre courant à chaque fois et en désaccord total avec les précédents commentaires (sauf celui de Ananas).

Peut-on écrire une romance qui ne soit pas gélatineuse riche en saccharose et autre friandise écoeurante ? Oui Hersen l'a fait et dieu que ce n'est pas facile d'y parvenir.

Voici un texte beaucoup plus sensible et malin qu'il ne semble l’être.

L’auteur, par petites touches subtiles, distille des personnages que personnellement j’ai parfaitement visualisé. Déjà, son traitement de la romcom (comedie romantique) est habile car il prend à contre pied le genre et ses ingrédients : à la place de la fille craquante, on a une véritable tête à claques, sans manière, un poil vulgaire aussi. A la place du beau gosse de service, un type, un célibataire genre « vieux garçon » pétri d’habitudes (retirer ses groles etc..) qui m’a tout l’air d’être en dépression (« Que cet instant sera un moteur pour continuer. Pour ne pas désespérer ») qui est (ou est devenu après une rupture, on peut aussi le supposer, c’est ce qui est bien dans ce texte, il ouvre des tiroirs et des possibilités au lecteur) hermétique au sentiment amoureux (la référence à « la pierre dont il est fait » qui va fondre).

Et si en définitive happy end et romance il y a (rien ne le dit clairement à la fin), elle survient dans les dernières lignes laissées habilement en suspens.

A ce titre, le dénouement est vraiment bien vu car cette éventuelle éclaircie, ce nouveau départ rendu possible grâce à cette fille ou à ce qu’elle a fait (pleurer dans son cou à lui, à LUI et à personne d’autre). La fin ne dit pas vraiment qu’une relation avec cette fille se fera mais en tout cas que désormais le garçon pourrait à nouveau croire en l’amour de façon plus générale (aimé et être aimé) car si quelqu’un (de très différent de lui, même d’un âge bien inférieur au sien comme le texte le sous entend - « encore un vieux con ») s’est d'une certaine façon abandonné à lui et sur lui (un peu comme une chute où nous n’avons pas le temps de paraitre, le fou rire est aussi un vrai moment de vérité et d’authenticité humaine), ça veut peut-être vouloir dire que tout n’est pas perdu, qu’il peut encore être ce réceptacle là, qu’il peut encore plaire.



L’écriture est simple et précise. La scène du rire est plutôt efficace mais y’avait moyen de l’illustrer et de la rendre encore plus visuelle. Enfin, je regrette vraiment que l’auteur ne se soit pas mis à la place du héros (avec un JE à la place d’un IL, l’immersion et l’émotion aurait été plus prégnante, ici, on garde malgré tout une certaine distance, c'est un mauvais choix, je pense)



Bref, voilà ce que j’ai compris de ce texte qui une fois encore est plus fin et astucieux qu’il ne laisse percevoir. 

Je regrette l’accueil peu chaleureux de ce texte qui mérite mieux, beaucoup mieux.

Son précédent texte (« à la guerre comme à la guerre ») m’avait déjà plu. Hersen récidive. Un auteur qui a une sensibilité intéressante. A suivre. Je suivrai donc.



W

   plumette   
5/6/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour hersen,

j'ai lu avec plaisir ce texte, bien écrit, qui met en scène une rencontre de "hasard". La situation est bien campée. on entre d'emblée dedans et c'est une sorte de zoom arrière qui permet de comprendre ce que cette fille fait sur le canapé de cet homme.
au fil du récit, on apprend des choses sur cet homme solitaire, un peu coincé, esthète, ce qui explique que malgré sa solitude il a un décor soigné et des coussins de soie sauvage bleu ardoise sur son canapé. je comprend le parti-pris de l'auteur mais je me suis demandé pour qui ce raffinement? Pour lui seul?
Le retournement de la fin m'a paru un peu spectaculaire. Il commence par être dégoûté par cette fille qui se vautre sur son canapé et sur lui et puis voilà qu'il a une sorte d'illumination.
Vous aurez compris que si j'ai trouvé cette histoire assez rigolote et bien racontée, j'ai eu un peu de mal avec la psychologie du personnage principal.

un détail: que regardent-ils à la télé? Une émission comme dit au début ou un film ( ce qui parait être le cas finalement avec le fait qu'un personnage meurt et ressuscite)
En savoir un peu plus, permettrait de donner du crédit à cette crise de fou rire.Ils pourrait regarder un comique culte qui rase copieusement cet esthète, comme les visiteurs ou le père noël est une ordure...

le style enlevé, le thème traité me donnent envie de vous lire à nouveau.

Plumette

   Lulu   
7/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,

j'ai trouvé cette lecture fort plaisante. Comme dans la vie, où les rires sont communicatifs, j'ai souri, ici, face à l'hilarité de la jeune femme. Même si je n'en connaissais pas précisément la raison, j'ai trouvé cela très communicatif. Un récit qui fait sourire, pour moi, est un récit réussi.

Je trouve, par ailleurs, le contraste avec l'autre personnage vraiment génial. C'est à se demander ce qui a pu les réunir, mais il en va parfois aussi ainsi dans la vie...

J'ai aimé le fait que l'histoire soit courte. Il n'était nullement besoin de faire plus, je pense. L'essentiel, ici, c'était de découvrir un aspect de chacun de ces personnages que je trouve particulièrement réalistes.

Pour être honnête, j'ai souri dès la première phrase... avec le "Franchement, elle pourrait se maîtriser".

Bonne continuation !

   Anonyme   
5/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

vous racontez un moment, une rencontre un peu loupée (ils ne s'épousent pas)  mais réussie aussi du fait qu'il lui en reste quelque chose, à lui...

Ce que j'en pense…pas évident à expliquer. Mais je vais faire un effort. Ben non, je vais plutôt vous raconter une histoire...un jour que je faisais 'la route' dans le midi de la France, j'ai rencontré une jeune-fille qui 'zonait' aussi, je l'avais remarquée à la fête des cerises d'un village près du Pont du Gard...et puis vers le soir je l'ai suivie sans oser lui parler..elle allait vers la rivière (le Gard)...il y avait là quelques clodos qui squattaient l'endroit. Plus loin nous avons passé la nuit sur une petite plage, sans trop parler, en se regardant - à l'époque je croyais que je pouvais communiquer en regardant les gens dans les yeux...- elle s'appelait Claire.
Nous nous sommes quittés deux ou trois jours plus tard, aussi facilement que nous nous étions rencontrés. Il ne c'était pas passé grand-chose, et pourtant je ne n'ai jamais oublié cette rencontre un peu comme une pause dans le cours du temps, ou comme un prototype d'échec.

Tout ça pour dire que votre nouvelle me fait penser outre à cette histoire, à une scène de film (un court-métrage), où par l'image les choses ne sont pas dites, mais suggérées, où l'on est confronté à la solitude, et à la difficulté de trouver l'autre, et pourtant à l'urgence de le trouver, toujours, comme un aiguillon.

Bref, je ne me suis pas bien exprimé. Mais j'aime votre texte, car il suggère beaucoup, il laisse un goût en bouche à la fin...on ne sait pas trop quoi...une ouverture sur la poésie, ou une issue poétique, cette présence dans l'absence, juste du goût de la vie, et de son manque ressenti, une pointe de nostalgie. 

Bravo et à vous relire.

c.

   Charivari   
5/6/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour.

J'ai trouvé l'idée très intéressante de faire d'un ensemble de petites gênes et d'a prioris négatifs le point de départ pour une grande histoire d'amour entre êtres absolument pas faits l'un pour l'autre, ça désacralise le sentiment amoureux, très bien.

Cependant je ne peux pas dire non plus que j'aie pour autant aimé ce texte. Surtout au debut d'ailleurs, avec tous ces "il" et "elle", j'ai trouvé ça assez peu élégant. Ensuite, je crois que vous auriez pu donner un peu plus de pistes sur la situation, pour réussir à nous faire comprendre un peu mieux la scène. L'homme est venue en aide à cette fille et l'a accueilli chez elle, mais pourquoi donc ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je crois qu'on n'aurait rien perdu du côté étrange et impromptu de la rencontre, mais surtout ça aurait permis au lecteur de visualiser mieux le contexte et d'entrer dans le jeu plus vite. Là, personnellement, à la lecture du texte, j'étais complètement en dehors me demandant jusqu'à la fin ce que la fille faisait chez lui. Dommage.

   jfmoods   
6/6/2016
Une tonalité comique porte l'ensemble du texte.

La cohabitation forcée à laquelle le lecteur assiste - cohabitation liée à des circonstances météorologiques particulières ("... la décrue s'amorcera dans quelques heures... alors le bac pourra traverser.") - était aisément évitable ("Même sachant qu'il ne pouvait s'y soustraire, il n'aurait pas dû lui proposer son logis mais plutôt le bungalow du fond du jardin."). Ce comique de situation apparaît dès lors comme un clin d'oeil amusé, comme un signe du destin au personnage masculin.

La disparité des comportements saute immédiatement aux yeux du lecteur, mettant en lumière un comique de caractère. À la retenue excessive de l'un (rythme ternaire : "Des années de solitude, un télé-travail, sa maison sur l'île du fleuve") répond la personnalité trop exubérante de l'autre (champ lexical de l'insouciance totale assorti d'un effet de gradation : "hilare", "en riant si fort", "s'esclaffe", "rit de tout son coeur", "la crise d'hilarité", "étouffer son rire", "une crise si forte", "une crise euphorique").

Un comique de mots naît de la vacuité des échanges (centres d'intérêt incompatibles : "Puis il a tenté d'entretenir la conversation mais ses efforts n'ont abouti qu'à des platitudes. Son invitée ne rebondissait sur aucun des sujets qu'il abordait."). Même dans le domaine plus convivial du culinaire, c'est l'échec : la maladresse de la jeune femme est aggravée par l'utilisation du discours indirect libre ("Avec un jardin comme il a, il aurait pu en avoir ! / La conversation, de ce fait, est retombée.").

L'homme demeure immobile, sur la défensive ("pétrifié" x 2, "raide", "la pierre dont il est fait") tandis que la femme, débordante de vie, prend progressivement possession d'un territoire inconnu ("son intimité violée", "ses beaux coussins bousculés", "elle se jette de trois quarts", "étreint le coussin", "se vautrer sur ses coussins", "elle en lâche le coussin qui voltige à la gauche de son hôte", "elle atterrit sur l'épaule", "elle la pose dans son cou"). Le contraste dans la gestuelle constitue un autre aspect comique de la nouvelle.

La différence d'âge entre les protagonistes est annoncée par le texte (remarque peu amène : "Encore un vieux con"). De fait, le rapport de chacun à l'image qu'il entend donner à l'autre est bien différent, ce qui engendre un comique de moeurs. La décontraction désinvolte s'impose d'un côté ("Des chaussettes vert pomme aux bouts jaune fluo") ; de l'autre, c'est l'attention scrupuleuse à l'expression du bon goût ("beaux coussins de soie sauvage bleu ardoise", "cet esthète", un "merveilleux coussin précieux").

Contre toute attente, c'est cet amoncellement de disparités qui va créer les conditions nécessaires à un choc salutaire. C'est ce contraste absolu qui va précipiter l'obturation prévisible de la perspective vers une ouverture aussi vigoureuse qu'inattendue (marqueur d'intensité : "Elle est là, devant lui, si belle, si rose, si sensuelle.", image de la lave, reprise insistante de mots : "un instant... cet instant", "Dans son cou. Son cou à lui."). Cette brève et intense rencontre était bien un clin d'oeil amusé, un signe du destin.

Merci pour ce partage !

   Pouet   
6/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

L'ensemble est agréable à lire.

Le personnage masculin, qui ne sort pas beaucoup, un peu seul, un peu maniaque, un peu coincé, qui voit débarquer cette "furie" qui dérange son petit intérieur mais qui finalement "bouleverse" son intérieur, au propre comme au figuré...

Tout cela est finement fait, simplement, délicatement, pudiquement.

La dernière phrase et la répétition de " Son cou à lui" est émouvante, bien sentie.

Une jolie nouvelle.

   Anonyme   
6/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une petite histoire l’air de rien qui m’a accrochée dès la première ligne. Première ligne pleine de promesses et bizarrement je ne sais pas dire pourquoi. Pour l'humour sous-jacent peut-être, ou bien parce que c’est hersen qui écrit, et que hersen, maintenant je sais combien son univers me touche. ^^

Dans son habit simple l’histoire est jolie. Tout se dit en touches légères. Nul besoin d’appuyer là où l’auteure me laisse la liberté d’imaginer la vie autour.

Le vieil ours à tendance maniaque et la fille nature avec son rire communicatif forment un duo très plausible. Moi, j'y crois à fond ! J’ai pris du plaisir à broder un avenir romantique à cet épisode drôlement bien écrit qui n'a pas eu besoin de glisser dans la guimauve pour épancher tout son rose.

A vous relire, hersen.

Merci

Cat

   henriette   
6/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour
Rencontre fortuite joliment évoquée , avec poésie , finesse , une décrue qui réveille un bois si sec , qu'il lui faut la folie d'un rire pour
prendre à nouveau - il ne faut jamais désespérer . Le zouave du pont d'Alma doit approuver !
Un instant de bascule dans une vie amenée dans un style en pointillé
Merci

   Anonyme   
6/6/2016
Bonjour Hersen.

Je suis désolé, mais je n'ai à aucun moment réussi à rentrer dans votre histoire. Une impression de vous parler à vous-même, et d'en rire, sans que moi, qui vous lise, n'y comprenne rien à tout cela, ni le sens , ni l'intérêt de ces deux êtres , que j'ai trouvé complètement inintéressant.

On dirait un paragraphe sorti d'un livre, mais sans connaître l'histoire de ce que raconterait ce livre.

Alors la dernière solution qui me vient à l'esprit, c'est un sujet imposé,
et là, vous vous seriez bien amusée à traiter ce premier.
On sent d'ailleurs l'écriture soignée, un brin rigide, et un plaisir évident à bien écrire.
Si c'était cela, ce serait plus un professeur qui saurait noter votre écrit à sa juste valeur.
Donc je ne noterai pas, n'ayant pas assez compris le sens de votre nouvelle.
A vous relire Hersen, bonne soirée.

   hersen   
6/6/2016

   Bidis   
7/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je ne peux pas trop préciser mon impression mais je ressens comme une sorte de relâchement général dans l’écriture.
Sinon, je trouve le fond subtil et j’aime beaucoup les textes qui montrent sans expliquer, quand les caractères se dessinent par les comportements.

   Anonyme   
8/6/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,
C'est écrit légèrement, sans grande recherche de style.
C'est un peu une scène de "l'ours et la poupée" que j'ai l'impression de revoir là, la ravissante idiote et le célibataire, endurci juste en surface, mais en moins drôle, en moins intéressant même.
Je suis navré de ne pas m'attarder davantage à commenter cette nouvelle tristounette, et pour moi bien peu romantique.
Désolé. Mais à vous relire sans aucun doute.

   Robot   
8/6/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Heureusement l'histoire est courte et j'avoue que cette rencontre entre une ravissante idiote et un vieux con (car je perçois l'homme ainsi) ne m'a pas emporté plus que ça. Finalement, je préfère cette fille qui se lâche à ce type coincé et misanthrope.
Pour moi, j'aurais aimé quelque chose de plus pimenté. Avec plus de folie. Il manque à l'histoire le dérèglement et les quiproquos d'un vaudeville.

   Anonyme   
9/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
La situation est bien imaginée : une femme extravertie réfugiée sous le toit d'un misanthrope. Choc des opposés, propice à tout un tas de situations. Ce n'est pas déplaisant mais je trouve quand même pas mal de défauts. En premier lieu cette crise de rire qui s'éternise et qui finit par devenir soûlante. Vous auriez dû faire plus court à ce niveau et travailler davantage la psychologie de l'homme, son passé dont on ne sait rien par exemple. Les trois-quarts du récit décrivent les accès de rire, c'est trop. On veut lire autre chose.

La révélation soudaine du misanthrope est amenée de façon trop abrupte, ça manque de subtilité. J'aurais apprécié des échanges verbaux qui l'amènent doucement à prendre conscience que la vie n'est pas morte, qu'elle revient à lui à travers cette inconnue.

En définitive je pense qu'il y avait matière à mieux faire. Votre histoire souffre de sa rapidité d'exécution.

   kass   
29/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Salut
ça commence par des rires et ça finit par des larmes et peut-être un peu de salive sur... un col de chemise.. voici les menus détails qui singularise une fiction. Mais il faut les intégrer là où il faut, les coller à des personnages attachants en une relation qui devrait progresser en distillant du plaisir, et ce texte l'a fait.. le plaisir de lire/voir l'ermite dont la carapace se fissure petit à petit sous l'effet d'un rire inattendu..
J'ai apprécié ces petits gestes de "rien" qui ont abouti à cette fin/début d'une romance car la femme a laissé un peu d'elle-même..
Merci

   Brume   
27/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

La fin est trop mignonne.
Ça alors! j'adore l'héroïne, elle explose, elle rigole fort, sans gêne.
Le contraste entre elle et l'hôte est saisissant.
Et puis son rire donne le sourire, d'ailleurs il m'a donné un peu plus que le sourire vu l'absurdité de l'extrait du film sur ce passage:

"Et c'est alors que le film prend un autre tournant. Le mort ne l'est pas. Il revient à lui dans des circonstances incompréhensibles mais déclenchant une fois de plus, avec encore moins de retenue s'il en est possible, une crise de rire si forte, si soudaine, qu'elle en lâche le coussin qui voltige à la gauche de son hôte."

Les 2 personnages je les vois avec clarté, l'une solaire, et l'autre outré. Le changement d'humeur du monsieur est surprenant et arrive d'une bien tendre manière. Et j'entends les rires de la fille. Une nouvelle qui met de la bonne humeur.

   Louise   
21/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

Merci pour ce joli texte, je reviendrais à coup sûr en découvrir d'autres.
Les personnages prennent vie, ils sont merveilleusement humains, admirablement imparfaits et donc touchants, c'est un régal tout en simplicité! Le titre, mystérieux au début, contient tout ce qui fait une rencontre, une connexion entre deux personnes. Vous avez saisi un instant de vie, merci beaucoup de l'avoir partagé!


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