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Humour/Détente
colette : Prosper et Nestor - 1. La station lunaire
 Publié le 03/04/08  -  4 commentaires  -  7633 caractères  -  15 lectures    Autres textes du même auteur

Prosper, du haut de ses cinq ans, découvre les contraintes de la vie. Il en discute avec Nestor, son ours en peluche.


Prosper et Nestor - 1. La station lunaire


- Chut ! Ne fais pas de bruit.

- Pourquoi ?

- L’ennemi est là, tout près.

- Pfff ! On est mal mis ici. J’ai une patte qui dort. Et en plus il fait noir et j’ai faim.

- Le voilà !

- Attention il est armé !


- Montre-toi petit merdeux ! Je sais que tu te caches par ici.

- Florentin, as-tu vu ton frère ?

- Non, Maman ! Je te trouverai, tu ne perds rien pour attendre.

- Florentin, dépêche-toi Mami t’attend. N’oublie pas son parapluie qu’elle a laissé hier.

- À tout à l’heure maman !


- Ouf ! Nous avons deux heures de sursis.

- Nous pouvons enfin sortir d’ici !

- Ha ! Prosper, te voilà ! As-tu rangé ta chambre ?

- Je te promets que je le ferai tantôt. J’aimerais aller un peu au jardin avec Nestor.

- Je t’assure que si au moment du souper, ce n’est pas fait, j’y vais moi-même avec un grand sac-poubelle et je commence par Nestor.

- Assassin ! Ma mère est une criminelle !

- Et en plus je te prive de télévision.

- Tu n’as vraiment aucune psychologie avec tes enfants.

- Mais qui es-tu pour me faire la leçon ?

- Ton fils et donc le premier concerné par le problème.

- Fiche le camp dehors ou je vais devenir folle.

- Viens Nestor. Je crains qu’on ne puisse rien faire pour elle.


- Vois-tu, Nestor, il n’y a que nous deux dans cette ville à être un peu intelligents !

- Surtout toi !

- Bien sûr ! Mais tu apprends chaque jour à mon contact.

- C’est vrai.

- Il y a mademoiselle Judith, mais elle, c’est normal : c’est son métier d’être intelligente.

- Moi je n’aime pas mademoiselle Judith parce qu’elle ne veut pas que j’aille à l’école avec toi.

- Elle m’a expliqué que c’est pour ton bien, que les autres te feraient du mal.

- C’est pas vrai, elle a dit que les autres se moqueraient de toi.

- Tu devrais apprendre à ne pas écouter les conversations qui ne te sont pas destinées.

- C’est exactement ce que ta mère t’a dit hier.

- Ho ! Ça suffit ! Laisse-moi réfléchir. Le grand débile va revenir de chez Mami, il faut trouver le moyen d’y échapper… Nous pourrions peut-être partir très loin.

- On ne serait pas rentrés pour souper !

- Ou bien nous pourrions… Ho ! Je ne sais pas ce que nous pourrions faire.

- En attendant de trouver mieux, on peut toujours rester à la cuisine près de ta mère.

- C’est vrai que même les reproches de Maman valent mieux que les tortures de Florentin.

- Et en plus, ça sent toujours bon quand elle prépare le souper.

- Bon ! D’accord pour cette solution. Mais d’ici demain, il faut absolument que nous réglions ce problème définitivement.


- Maman ?

- Oui, Prosper.

- Pourquoi les grands de douze ans cherchent-ils toujours à persécuter les plus petits ?

- À qui penses-tu ?

- À tout le monde et à personne en particulier. Mais Florentin par exemple, il n’est pas toujours très tendre avec moi !

- Tu aimerais qu’il joue plus souvent avec toi ou qu’il te prête ses jouets ?

- Non ! Je voudrais juste qu’il comprenne que je suis un être humain digne de respect et qui mérite un peu d’égard.

- Mon Dieu Prosper ! Où vas-tu chercher des choses pareilles ?

- Nulle part. Je ne fais qu’exprimer ce que je ressens du mieux que je peux. J’essaye de comprendre ce qui se passe autour de moi afin de mieux m’armer pour ma vie future.

- Ha ???

- Oui vois-tu, si je pouvais résoudre cette situation de conflit, il me semble que dans l’avenir je pourrais éviter ce type de relation pénible.

- Demande à ton père quand il rentrera.

- Bon.


- Bonjour Papa ! As-tu passé une bonne journée ?

- Oui, merci. Quelque chose me dit que tu as à me parler.

- On ne peut rien te cacher.

- Bien ! Allons nous asseoir au salon. Je t’écoute.

- Voilà mon problème : il y a sur terre des injustices flagrantes.

- La maîtresse vous a parlé de la faim dans le monde aujourd’hui ?

- Pas du tout.

- Du travail des enfants alors ?

- Non plus.

- De quoi s’agit-il alors ?

- Je veux parler des relations intra-familiales conflictuelles.

- Pardon ? Peux-tu me donner un exemple ?

- La relation entre mon frère et moi est un excellent exemple de relation intra-familiale conflictuelle.

- Allons bon ! Que s’est-il encore passé ?

- Je crois qu’il fait une fixation sur une certaine construction tridimensionnelle réalisée récemment en Lego. Il semblerait que je l’ai malencontreusement accroché et il m’en tient rigueur.

- As-tu détruit sa station lunaire sur laquelle il travaille depuis deux semaines ?


- « Détruit » est un bien grand mot, je dirais plutôt légèrement endommagée.

- L’as-tu fait exprès ?

- Je désirais tester la résistance de cet engin, mais il semble qu’il n’était pas encore prêt à supporter les contraintes d’un voyage intergalactique.

- Prosper, file dans ta chambre !


- Voilà bien les adultes. J’essaye très raisonnablement de trouver une solution à un problème qui me touche de près et tout ce que je récolte c’est une soirée de jeûne.

- Pourquoi as-tu avoué avoir cassé la station lunaire ?

- Il me semblait avoir entendu que l’honnêteté paye toujours. Je dois avoir mal compris.

- C’est sûr. Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? Il est trop tôt pour dormir.

- Je vais te raconter des histoires.

- Chic, chic, chic !

- Laquelle veux-tu ?

- Celle avec les ours.

- Encore ! Tu ne préfères pas celle de Robin des Bois ?

- Si tu veux !

- Bien ! Installe-toi. Il y a longtemps, vivait dans la forêt de Sherwood…


- Prosper ! Prosper !

- Mmm

- Il est l’heure de se lever.

- Ne pourrais-je pas rester à la maison aujourd’hui ?

- Tu ne te sens pas bien ? Tu es malade ?

- Non, j’aurais juste aimé passer la journée avec Nestor mais il ne peut pas venir avec moi à l’école.

- Ne t’inquiète pas pour Nestor, je veillerai sur lui.

- C’est qu’hier, tu as menacé de le mettre à la poubelle !

- J’étais fatiguée et en colère. Je te promets que je ne mettrai pas ma menace à exécution. Tiens, un bisou à Nestor pour me faire pardonner.

- Je suis heureux que vous soyez réconciliés tous les deux.

- Alors tu te lèves maintenant ?

- Oui, maman.


- Bonjour les enfants !

- Bonjour mademoiselle Judith !

- Aujourd’hui nous allons parler des abeilles. Qui peut me dire à quoi ressemble une abeille ?

- À une mouche.

- À une guêpe.

- C’est jaune et noir et ça a des ailes pour voler.

- Ça fabrique du miel.

- Bien, bien ! Et savez-vous où vivent les abeilles ?

- Dans les arbres ?

- Dans les grottes ?

- Dans les maisons ?

- Non ! Les abeilles vivent dans de petites constructions fabriquées exprès pour elles qu’on appelle des ruches. Regardez ici. Cela ressemble à de petites maisons. À l’intérieur…


- Ça c’est bien passé à l’école aujourd’hui ? Qu’est-ce que vous avez fait ?

- Mademoiselle Judith nous a parlé des abeilles.

- C’est formidable les abeilles.

- Tu trouves ? Je ne vois vraiment pas comment elles peuvent supporter de vivre les unes sur les autres dans un si petit espace. Mon problème multiplié par mille, quel cauchemar !

- De quel problème parles-tu ?

- Des relations intra-familiales conflictuelles bien sûr !

- Encore ? Je croyais ce problème réglé !

- Réglé d’une manière peu adéquate : j’ai un repas de retard, cela pourrait nuire à ma croissance, de plus la punition n’a rien à voir avec la faute commise, je pourrais donc ne pas comprendre le pourquoi de cette privation et en garder un traumatisme qui me poursuivra toute ma vie et spécialement lors de mon adolescence. Et là, c’est vous-même que vous punissez.

- Va jouer avec Nestor !!!


- Tu as entendu Nestor ? J’essaye de lui expliquer les choses pour qu’elle ne commette plus les mêmes erreurs, mais elle ne comprend rien !

- Tu es trop intelligent pour elle !

- Oui, mais elle ne fait aucun effort !



 
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   nico84   
6/4/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Merci colette, j'avais donc malencontreusement oublié de lire la premièrre partie qui me plait tout autant, j'adore cette contradiction entre le forme et le fond.

Tu manies bien la langue, tu maitrise le rythme aussi de l'histoire, les dialogues sont réussis. J'adore.

   Ariumette   
7/4/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Surrealisme encore pour ce chapitre précedent "l'intelligence"! J'aime le côté explication limpide de l'enfant... Une légère préference pour ce volet qui comporte un peu moins de dialogue superflus (à mon goût of course!!).

   Maëlle   
4/5/2008
Moi j'accroche pas du tout. Pas moyen de s'en sortir entre le gamin qui parle comme un livre et les autre autour qui le traitent tout à fait normalement (donc pas comme un surdoué).

   Menvussa   
31/10/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le Nestor en question... il n'aurait pas des airs de Marguerittes ?
C'est fort sympathique ce petit récit, je m'en vais lire la suite des aventures de Surdoué et de son... Nestor.


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