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Aventure/Epopée
Concours : Le grain de poussière dans une spirale évolutive [concours]
 Publié le 17/06/25  -  4 commentaires  -  6081 caractères  -  25 lectures    Autres textes du même auteur

2. Récits de la Terre.


Le grain de poussière dans une spirale évolutive [concours]


Ce texte est une participation au concours n°37 : Écrits des Temps Exaspérés

(informations sur ce concours).



Il cause, il cause…



« Je me gèle au fond de cette grotte, et je m'ennuie. Ce ne sont pas les quelques poils sur ma peau qui suffisent à me tenir chaud, pas plus que mes bouillies d’ocre, que je barbouille sur la roche à peine éclairée par le jour, ne m’occupent assez pour chasser mes pensées moroses. De rage ou de désespoir, en jetant des cailloux l’un sur l’autre, j’ai mis le feu à la forêt qui m’entoure ! Ah, c’est malin… mais… c’est génial ! Attendez, je vais claquer deux cailloux l’un contre l’autre et paf ! Mon bouquet de brindilles rougit ! Tac ! Ça chauffe et ça éclaire ! Je suis un génie.

J’ai même fabriqué des outils avec des pierres pour tuer les bêtes qui pullulent partout. En plus je me protège du froid avec leurs fourrures sur ma peau. J’ai même eu l’idée de griller la viande sur mon feu. Gloups ! Un délice ! »


Quelques poussières de millénaires plus tard :


« Aujourd’hui, il n’y a plus de bêtes sauvages. Je suis obligé de les fabriquer moi-même, de les enfermer dans des enclos et de cultiver de l’herbe pour les nourrir, mais qu’est-ce qu’elles produisent comme quantités de fumier ! Quand il y en a trop, le jus verdâtre s’infiltre dans la terre et glisse jusqu’à la mer, laissant des algues puantes sur le sable. Leurs gaz montent jusqu’au sommet de l’atmosphère et font des trous dans l’ozone. J’m’en fiche.


Dans la mer, je pêche les poissons en jetant des filets de plusieurs kilomètres. Je tue tout ce qui passe : dauphins, baleines, requins… pour attraper quatre sardines et deux thons – faut bien ça et vu qu’il n’y en a presque plus dans les eaux, je les parque dans des bassins. Ils se reproduisent parce que je les insémine. Les vaches, les chevaux, les moutons aussi, tous en cage !


Je suis content d’avoir inventé le clonage. Comme ça, j’ai un plus grand nombre d’animaux du sexe, de la couleur, du goût que je préfère. Mon espèce aussi je l’insémine dans des labos, je fabrique des fœtus « in-vitro », la seringue a remplacé l'amour. Idéal pour choisir le sexe, la couleur des yeux, des cheveux, de la peau, la taille, etc. de ma descendance.


Je fabrique mes propres cultures pour becqueter. Gare aux herbes indésirables, aux bébêtes grignoteuses ! Les champignons ne sont pas les bienvenus non plus. Alors, avec des gros engins, je pulvérise des produits qui tuent. Sauf que ça ne tue pas que les indésirables… Mais je m’en fous ! Du rendement d’abord, c’est prioritaire. Pour le reste, je verrai ultérieurement.


Marre des marécages et des bestioles ! J’ai planté des pins soiffards d’eau. La sève et le bois ça rapporte. Depuis, le bois ne suffisant plus pour mes besoins énergétiques, j’ai creusé le ventre de la Terre et des Océans pour vider leurs cuves des résidus des époques antédiluviennes qui portent le joli nom de pétrole. Après tout, ces déchets liquéfiés ne servent à rien dans ces profondeurs.


Depuis, les motos, les autos, les fusées, pétaradent, les usines fument à tout-va, inondant le ciel de panaches gris. Parfois, des bateaux coulent, leurs cuves pleines de ce liquide noir et visqueux. Même que des oiseaux s’engluent dedans quand il envahit les côtes. J’ai fabriqué plein d’objets inutilitaires en transformant cette liqueur. Des polymères, qu’ils disent les savants : des molécules qui s’agglomèrent toutes seules et hop ! Des bouteilles, des boîtes, du bazar de toutes formes et de toutes couleurs – il y en a pour tous les goûts et tous les usages. En pleine mer, les poissons en mangent, paraît-il…


Le top du top de mes inventions, c’est un truc super qui s’appelle la fission de l’atome.


Tranquille, je n’ai plus peur d’être attaqué par les ennemis, puisque tout le monde a sa bombinette à neutrons. C’est à celui qui fera le plus peur aux autres : "Attention, mes cocos, si vous m’énervez, j’appuie sur le bouton !" Pour l’instant, ça va. Ils se tiennent tous à carreau. »



Voilà comment il se la raconte ce cerveau sur deux pattes. Il cause, il cause, mais il est la cause de ses problèmes.


Ce qu’ils ignorent, ce bipède génétiquement modifié et ses congénères assez stupides pour se massacrer entre eux, c’est qu’une seule météorite heurtant mon ventre rond suffira à les exterminer, c’est déjà arrivé, à moins que la fièvre qui commence à me faire suer devienne incontrôlable.


Que ce soit l'une ou l'autre catastrophe, le feu brûlera leurs édifices de béton, l’océan et les mers déborderont sur leurs couloirs d’asphalte, emportant leurs tours qui grattent le ciel. Le sol se fendra sous leurs pieds, les volcans vomiront leur lave, le monde se couvrira de magma et tout finira sous les cendres.


Le summum de leur stupidité reste d’avoir envoyé dans le cosmos des disques compacts gravés indiquant ma position au sein des galaxies avec des descriptions précises de leur état de vivant intellectuellement « avancé », au cas où une entité encore plus avancée qu’eux intercepterait le module errant, déchiffrerait le disque et pourrait ainsi venir leur faire une petite visite.


Quand je vois comment ils s’insupportent entre peuples de la même espèce, le pire reste à imaginer. Et quelle aubaine que mon corps si beau et si riche pour des voyageurs venus d’ailleurs !


Mais ils sont assez joueurs et stupides pour déclencher, avant ça, un feu d'artifice nucléaire.


Ils disparaîtront.


Et tout recommencera… sans eux.


Mes continents se reformeront, mes montagnes verdiront, mes océans onduleront, mes sols s'enrichiront, de nouveaux animaux, de nouvelles fleurs, apparaîtront et il y aura bien quelques petites créatures rescapées cachées dans les souterrains de grottes profondes qui pointeront le bout de leurs museaux.


Peu m’importe, je suis encore jeune et j’ai tout le temps devant moi.


_________________________________________

Ce texte a été publié avec un mot protégé par PTS.


 
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   Gouelan   
4/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Le bipède s'en fout. Il ne pense pas qu'il emprunte la terre à ses enfants, à ses petits-enfants, à tout le vivant à venir.
En "mettant le feu", son avenir ne sera que cendres.

Un récit de la Terre lucide et alarmant. On est pourtant nombreux à l'entendre (en dehors des lobbyistes et autres guerriers fous), mais il semble que nos préoccupations quotidiennes, terre à terre (mais pas pour la Terre), nous rendent "cons", nous, les "évolués".

Merci pour cette nouvelle au ton blasé, indifférent. Il reflète bien notre bêtise.

   Charivari   
17/6/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Un texte sympathique, au ton volontairement décalé et anachronique, comme dans "pourquoi j'ai mangé mon père". Plaisant, se lit tout seul, mais pas très original.

   Robot   
17/6/2025
Une description des maux causés par l'homme qui rebat un certain nombre de poncifs du genre. Rien de nouveau dans ce texte dans lequel un observateur émet l'espoir que tout soit retenté dans la renaissance d'une virginité planétaire.
C'est oublier que la terre et le système solaire sont comme le reste destiné à disparaître dans le maelström galactique.
Le mérite de ce récit c'est la vivacité de l'écriture et son optimisme régénérateur.

   Laz   
17/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Le constat n’est malheureusement pas original mais j’aime le ton détaché-je-m’en-foutiste du soliloque acharné. J’ai passé un bon moment de lecture, merci.


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