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Policier/Noir/Thriller
Alfin : Mon esprit frère [concours]
 Publié le 22/05/23  -  13 commentaires  -  13163 caractères  -  80 lectures    Autres textes du même auteur

« C’était vraiment un employé modèle, Monsieur William
Toujours exact et toujours plein de zèle, Monsieur William »

Les frères Jacques


Mon esprit frère [concours]


Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière

(informations sur ce concours).



Pas loin de la caricature, Henri était le type parfait. Droit, grand, beau gars, la quarantaine, les cheveux fournis, mais maîtrisés, la barbe taillée quotidiennement à la lame, le sourire sincère pour chaque personne croisée et une touche de discrétion empreinte de respect pour tout le monde. Le plus marquant était peut-être son regard franc sans être scrutateur, direct, sans arrogance, car plein de douceur et d’honnêteté.


J’ai été proche de lui depuis mon engagement chez Consultia. Nous étions ensemble sur des missions d’analyse pour des entreprises moyennes, entre cinquante et deux cent cinquante employés. De par nos déplacements, nous résidions fréquemment dans des hôtels de luxe durant une quinzaine de jours, nous rentrions les week-ends, chacun chez soi et nous retrouvions la semaine à Metz, Bruxelles, Paris, Lyon… Ce que certains appelleraient « La grande vie ».


Dès le début de nos collaborations, son comportement attentionné m’avait fait prendre conscience que nous avions une connexion unique. Nous nous comprenions sur tout. J’avais reconnu en lui mon esprit frère.


Avec lui, je me sentais créatif, les solutions que l’on apportait aux établissements qui nous engageaient étaient sur mesure et inventives ; systématiquement justes et appropriées.


Il était très professionnel, les réunions que nous menions auprès des dirigeants d’entreprise étaient préparées minutieusement, les arguments proposés aux clients étaient concertés en brainstorming préalable, je trouvais les concepts et lui les agençait en présentations magnifiques. Ensuite, il gérait les discussions clients et produisait les rapports. Il mettait toujours dans le mille. Il apportait de la clarté là où il y avait des inquiétudes, tout devait être exact et sans équivoque.


Les soirées passaient vite, confortablement installés au bar de l’hôtel, en dégustant un whiskey irlandais sublime ou une fine champagne, nous nous racontions nos vies, nos idées, nos rêves. Il me parlait de son couple, des problèmes qu’il avait avec sa fille cadette, adolescente tourmentée et angoissante pour un père soucieux. Moi, je lui relatais mes déboires de nouveau célibataire, ma redécouverte des joies et dégouts de la séduction. Toute la platitude de ce besoin animal de posséder.


Il se souvenait de tout ce que je lui disais et n’hésitait pas à mettre en évidence mes contradictions, à me rassurer sur mes choix ou au contraire à les mettre en doute, s’ils n’étaient pas adéquats.


Je me suis rapidement rendu compte qu’il faisait le même effet à tout le monde. Paradoxalement, cela ne me dérangeait pas. Quand nous étions ensemble, il était présent, je veux dire vraiment là, dans l’instant, et focalisé sur nos échanges. Qu’il soit aussi proche d’autres gens par ailleurs me paraissait normal, il émanait de lui trop de lumière pour qu’une seule personne puisse l’emmagasiner. Je prenais celle qui m’était destinée et c’était très bien comme ça.


Henri était éminemment intuitif, il ressentait tout ce que l’autre pouvait percevoir dans ses mots comme s’il se parlait à lui-même. Il trouvait naturellement la formule qui apaise, dynamise, conscientise, ou fait rire. Nos conversations, bien que très subtiles, étaient légères, son sens de l’humour lui faisait placer çà et là les termes justes pour désamorcer, rendre l’échange moins prégnant si la vérité faisait mal ou plus intense quand on touchait une pensée profonde.


Les mois passaient et jamais je ne me suis posé de question sur ce qu’était cette relation. Amitié entre collègues, amitié exclusive, fraternité. Ce dont je me souviens, c’est que cette relation avait un caractère essentiel, nous étions à un degré viscéral de compréhension dont les dialogues n’étaient que la partie visible.


Pendant les congés d’été, nous ne nous sommes pas vus et je me suis senti étonnamment seul. Les amis que je fréquentais habituellement m’ont paru sans relief et mes activités banales.


Pour profiter tout de même de mes vacances, j’ai réservé deux semaines dans un Airbnb des Highlands en Écosse, le dernier disponible de la région et qui avait plutôt une mauvaise cote. Je m’en foutais, je serais seul pour me plonger dans la nature et cela me convenait. Pas de vis-à-vis, des collines chauves à perte de vue et comme sur une carte postale, un château en ruines.


Ce que les cartes postales n’expliquent pas c’est la prolifération infernale des moucherons. Ils sont d’une voracité que l’on ne connaît pas chez nous. Je devais sortir enveloppé de la tête aux pieds sans un centimètre carré de peau nue et porter une affreuse casquette à moustiquaire, bref j’avais l’air d’un apiculteur. Passé ce désagrément, je découvrais le silence d’une nature laissée à elle-même. Le calme s’installait en moi. Je me retrouvais.


Fin août, quand j’ai repris le boulot, Henri et moi avons été envoyés sur des missions différentes alors que je me faisais une joie de le revoir. Bien que serein, je trouvais la mission fade et mes soirées d’un ennui absolu.


Je me suis rendu compte qu’il me manquait. Il rendait mon quotidien passionnant, près de lui, je me sentais vivre avec plus d’intensité. Il transformait chaque instant en quelque chose de plus dense, me révélait mon potentiel insoupçonné, stimulait mon intelligence comme personne.


Cette constatation me consternait. Étais-je dépendant de lui ?


Début novembre, nous avons enfin été dépêchés dans une société à Anvers, bien établie dans le Benelux. Elle vendait en ligne des produits de toutes sortes à la manière d’Amazon. Leur chiffre d’affaires se tassait et ils cherchaient un nouveau souffle.


Avec Henri, nous avions trouvé l’idée du siècle, on a proposé à l’entreprise de concevoir sa propre concurrence. Le but était qu’ils exploitent des sites internet spécialisés. Par exemple, pour les enceintes et la sonorisation, ils devaient créer un magasin en ligne consacré exclusivement au son. Comme s’il s’agissait du site d’un connaisseur qui dénichait les meilleurs produits de son domaine.


La firme ayant des acheteurs aguerris et incollables sur leurs articles de prédilection, il était inutile de rechercher des vendeurs passionnés, ils étaient déjà dans les murs. Les sites étaient conçus sur base de la personnalité des vendeurs et ceux-ci devaient sélectionner quelques références seulement. Pour autant que ce soient les meilleures de leur catégorie et que toutes les couches tarifaires soient représentées. Moins de références, cela voulait dire également moins de frais de stockage, moins de gammes à gérer et aussi moins d’invendus.


Lorsque le premier magasin spécialisé a été lancé, le carnet d’adresses de la clientèle du site principal a été largement exploité pour les détourner vers le nouveau site. Grâce à ce style plus personnalisé, les prix pouvaient augmenter et le public a suivi. En six mois, l’entreprise a créé cinq sites de plus et a connu une progression à deux chiffres, ce qu’ils n’avaient pas vu depuis cinq ans.


Henri et moi, nous exultions, notre réussite était flamboyante. Chaque soir, après le boulot, nous nous retrouvions dans des restaurants ou au lobby de l’hôtel et, inséparables, nous refaisions le monde à notre image.


Si je n’ai jamais eu de penchant homosexuel, je ressentais le besoin de le toucher, de le prendre dans mes bras, pour la moindre victoire. C’était troublant, désagréable et en même temps réconfortant de le savoir là.


Et puis, à la fin des six mois passés sur ce gros dossier, Henri m’a annoncé qu’il quittait Consultia pour créer sa propre entreprise. Il voulait vendre des semences anciennes dans un petit magasin pour des jardiniers passionnés.


Je n’ai pas compris. Comment pouvait-il renoncer à tout ce que l’on avait construit pour un truc de bobo. Son idée me semblait déprimante et tellement loin de ce que nous vivions. Il désertait notre monde feutré de luxe et de pouvoir, pour devenir boutiquier… Par la même occasion, il sacrifiait notre collaboration fertile et toutes les occasions de passer du temps ensemble.


Son départ fut pour moi un coup de massue, une plongée dans un gouffre sombre et amer. Je l’ai appelé quelques fois, il était heureux de m’entendre, mais je sentais qu’en dehors du boulot, nous n’avions pas grand-chose à partager. Curieuse sensation que de parler à un étranger qui était mon frère quelques semaines plus tôt. Et comme il ne me rappelait jamais, j’ai finalement arrêté de le contacter.


Mes résultats s’en sont ressentis rapidement et six mois après son départ, j’étais viré.


À partir de ce moment, il était devenu mon obsession, je voulais comprendre pourquoi il m’était aussi indispensable. J’en ai reparlé avec d’anciens collègues de Consultia qui regrettaient aussi son absence. De fil en aiguille, en discutant avec eux, j’ai découvert qu’il était une personne différente avec chacun, parfaitement adapté pour être celui que son interlocuteur espère. Un vrai caméléon et selon moi, un manipulateur.


Ma descente aux enfers continua de la sorte pendant quelques mois de plus, de trop. Je le suivais sur Instagram où il participait à des conférences sur la permaculture. Et puis quoi encore, que pouvait-il savoir de la permaculture, lui qui ne m’avait jamais parlé d’une quelconque passion pour les secrets de la nature.


Il paraissait heureux et arborait un sourire sincère et chaleureux comme d’habitude, ce sourire que je ne pouvais plus voir, qui me consumait de rage. En me remémorant nos rencontres et notre travail en commun, j’ai compris qu’il profitait de ma créativité, de mon sens des affaires. Il reprenait tout ça à son compte. C’est vrai que je n’avais pas de preuve, mais c’était évident.


Je décidai d’aller l’observer. Pas vraiment le surveiller, mais voir ce qu’il faisait.


Je me garai devant son magasin, m’enfonçai un peu dans le siège pour ne pas être vu. Il était là et accueillait les gens avec la même expression sincère que lorsque j’étais son interlocuteur privilégié.


Après une semaine, j’y passais mes journées entières. Je notais ses déplacements, le nombre de personnes qui entraient. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était pas la crise pour lui, les clients partaient du magasin avec des tas d’articles, bouquins, pelles, râteaux et sans doute des graines rares et chères…


Le dixième jour, vers onze heures du matin, il sortit du magasin et me vit. Je pris un air étonné et le saluai mollement. Je suis sorti de la voiture et j’ai prétexté un rendez-vous chez un dentiste dans une rue perpendiculaire pour disparaître le plus vite possible.


Je ne pouvais pas continuer à le surveiller, je devais retrouver le cours de ma vie. Le lendemain j’achetai une caméra de surveillance reliée à Internet par la 4G et la fixai pendant la nuit, bien en hauteur, sur un lampadaire en face de sa boutique. Comme ça je pouvais regarder de temps en temps ce qui se passait chez lui et reprendre ensuite mes activités.


La qualité de l’image était incroyable et l’angle de vue parfait. En poussant plus loin l’observation, je complétais ses horaires. Toutes ses habitudes étaient consignées et j’avais pu créer un semainier assez fiable. Par exemple, tous les jeudis, il partait vers 22 h 30, récupérait sa voiture dans un parking souterrain de la rue et disparaissait jusqu’au lendemain. À d’autres moments, je zoomais pour identifier ses interlocuteurs. La caméra permettait aussi de voir les étages et je compris qu’il résidait dans l’appartement du premier. Je devais aussi de temps en temps me rendre sur place pour changer les batteries. Je le faisais le jeudi après son départ.


J’y consacrais à nouveau tout mon temps, cela me consumait, je devenais fou, je mangeais des crasses à réchauffer au micro-ondes, je dormais peu, je ne me lavais plus, je ne cherchais pas de boulot, je ne sortais plus du tout. Il était temps d’en finir. Radicalement.


Lui faire livrer un colis piégé… ridicule.

Le renverser en voiture… trop aléatoire et aucune chance d’éviter la case prison.

L’empoisonner ? Comment ?


Je ne voyais qu’une seule issue possible, l’arme blanche. Ce n’est pas très propre et demande beaucoup de détermination. Ça tombait bien, j’en avais à revendre.


Je l’attendis un jeudi soir dans le parking. Une position on ne peut plus classique, derrière une colonne de béton, entre la porte d’accès et sa voiture.


Le taux d’adrénaline explosait dans mes veines, j’étais aux aguets, prêt.


Il vint.

Mon geste fut vif.

Sa réaction également. À tel point que la lame termina sa course dans ma gorge.

D’abord, pas de douleur, ni lui ni moi ne bougions.


Pendant quelques secondes, son visage était tout près du mien. Il n’était ni surpris ni effrayé.


Un liquide chaud se répandit rapidement sur mon torse, imbibant ma chemise. C’était irrémédiable. Il relâcha lentement le couteau et avant de perdre conscience, je le vis avec un sourire sincère et le regard plein de douceur et d’honnêteté.


 
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   Anonyme   
10/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
En fin de lecture, je me suis dit que le renversement était un peu facile... sauf que je ne l'avais pas du tout vu venir. La chute est donc bien trouvée à mes yeux, elle m'a apporté le twist que j'attends d'une nouvelle policière.

Pour la façon, je la trouve, si je puis dire, normale : rien qui m'éblouisse, rien qui m'afflige. Deux réserves :
- selon moi, le développement des liens avec Henri, la manière dont le narrateur devient dépendant de lui, est exposé un peu trop longuement ; la descente aux enfers du narrateur après séparation en revanche, l'obsession qui s'installe, très bien ;
- il y a toujours un problème technique à faire parler à la première personne et au passé un narrateur destiné à mourir, sauf bien sûr dans les histoires de vie après la mort ; comme tel n'est pas le cas ici, je me permets de vous suggérer d'écrire la scène finale au présent : le narrateur a préparé son coup, il passe à l'action ; en outre je crois que la conclusion serait plus dynamique ainsi ; à vous de voir bien sûr (ou non, rien ne vous oblige à tenir le moindre compte de mon avis), souverain(e) auteur ou autrice.

   Vilmon   
11/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour, je crois comprendre que la lumière et l’ombre sont représentées par la perception de la relation du narrateur avec Henri. Malheureusement, j’ai un peu de difficulté à croire qu’il ait assez de haine pour mener vers cette fin. Récit bien écrit et développé. La description du voyage en Écosse m’a paru superflue, elle n’a pas de lien avec la relation avec Henri qui est le sujet principal de ce récit.

   plumette   
11/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une histoire très intrigante qui m'a tenue en haleine du début à la fin.

Pour le respect du thème, je penche pour "l'ombre de mon ombre" ou encore le contraste entre le côté lumineux d'Henri et sa perversité.

le récit progresse tranquillement, d'abord avec cette estime professionnelle, qui devient progressivement autre chose; Cet Henri est si lisse que cela devient suspect et le narrateur réalise peu à peu le piège qu'l n'a pas vu venir.
Henri est un être maléfique, prédateur qui phagocyte très subtilement ses victimes pour ensuite les abandonner.
j('ai bien aimé qu'on reste dans le point de vue du narrateur et qu'Henri reste finalement mystérieux pour le lecteur. On ne saura les raisons de la reconversion professionnelle d'Henri, on ne saura jamais ce qu'il fait à jour fixe tous les jeudis, on ne saur rien de sa vie sentimentale.

pour moi, une nouvelle réussie!

   Angieblue   
13/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
J’avoue ne pas avoir vraiment vu de rapport avec le thème « l’ombre et la lumière ». Vous avez peut-être voulu jouer sur le fait que le narrateur se sentait dans l’ombre de son collègue qui lui était lumineux, alors qu’au final c’était l’inverse. Mais bon, ça n’est pas assez évident.
L’écriture est maîtrisée, mais elle m’a semblé un peu froide et rigide. Ça n’est pas assez imagé, par exemple. Par ailleurs, même en ce qui concerne la psychologie des personnages, on ne comprend pas clairement. À un moment, vous nous mettez sur la piste d’un manipulateur, peut-être pervers narcissique, puis, finalement, ça n’est pas clair, non plus, et c’est plutôt l’autre personnage qui dévie en devenant un assassin, même si d’une certaine manière c’est l’attitude de l’autre qui l’y a poussé.
La dégringolade et l’attitude obsessionnelle du narrateur sont bien décrites, mais ça manque quand même d’émotion. Bref, je n’y ai pas vu suffisamment clair, et je suis restée un peu dans l’ombre.
En somme, une écriture, en apparence, maîtrisée, mais à laquelle il manque quelque chose pour me captiver et m’emporter dans son univers un peu noir.

   jeanphi   
14/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

J'aime bien le mode de rédaction formelle et peu soutenue au sens littéraire strict. Cela permet d'attirer l'attention sur le fond, enfin je trouve qu'il y à un côté polar américain traduit en folio. Les phrases ont une bonne longueur, tous les paragraphes sont organisés de manière à optimiser la compréhension rapide.
J'ai lu la première partie comme on survol trois lettres de motivation, jusque là, j'entends siffloter la chanson reprise par Ferré citée en exergue.
Votre personnage entre en fascination pour son collègue. La narration poursuit avec ce même ton performatif du professionnel efficace. Maraude ou non sur les appels d'offre et le bidouillage commercial, j'adore.
Une seule déception franche : le paragraphe qui met en lumière ce collègue/caméléon sous un jour nouveau. En effet, il me semble passer beaucoup trop vite, déterminant toute la suite de votre schéma narratif. Ce passage à dû vous poser la question puisqu'il développe cette espèce de paranoïa qui conduira où l'on sait. C'est alors le choix de l'auteur que de dissimuler en quelque sorte la confusion de cette étape du récit pour créer cette tension et ce doute dont la résolution semble encore obnubiler ce monsieur William du 21ème siècle.

Merci pour cette lecture

   cherbiacuespe   
15/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une histoire à vous glacer les os et le sang. Terrible!

Le choix de style est indiscutablement le bon. Il permet une souplesse de lecture, un confort d'immersion dans cette histoire.
Si le narrateur ne parvient pas à définir clairement ce qu'il ressent pour monsieur William, il semble pourtant bien s'agir d'amour. Platonique, peut-être, mais d'amour. Il s'ensuit un effet de jalousie extrême, de perte des réalités, d'étiolement de la personnalité, de fuite vers un non-retour. La réaction finale issue de son trouble général n'est donc pas si étonnante. L'attitude d'Henri suscite, quand à elle, un questionnement sur le réel intérêt qu'il porte à son entourage. Est-il sincère ou un habile comédien? La fin n'apporte pas de réelle réponse.

Un bonne histoire!

Cherbi Acuéspè
En EL

   Donaldo75   
17/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Je trouve que la narration manque de force, je trouve, essentiellement à cause du style employé. C’est dommage, surtout au vu du thème, de cette relation entre Henri et le narrateur. L'émotion, la passion, la folie, il y avait tout pour raconter un drame plus puissant. C'est presque shakespearien dans l'idée mais la réalisation aplatit tout ça, avec en plus des passages pas forcément motivés, à l'instar du voyage en Ecosse dont je me demande encore à quoi il sert. Le style bénéficie d'une écriture propre, sage, qui relate plus qu'elle ne raconte. De ce fait, la narration est linéaire alors que l'histoire permet des incidentes, du relief, des accélérations et des décélérations.

   Asrya   
22/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Dans l'optique du concours, le choix de la thématique est dans la subtilité, et tant mieux ! Pour une fois, on est ni noyé de lumière, ni plongé dans l'ombre, non, on suit simplement l'histoire de deux individus, l'un dans l'ombre de l'autre qui "déborde" de lumière.
Donc, merci pour l'angle de vue choisi.

L'idée est intéressante qui plus est, très séduisante. Cette emprise qu'a le collègue sur votre personnage, ce désir malsain de vouloir comprendre l'origine de cet attachement, jusqu'à souhaiter s'en détacher par la mort de celui-ci.
Il y a quelque chose de brillant, bravo pour la démarche.

En revanche, la réalisation me paraît assez déconcertante.
Si la tonalité n'est pas à blâmer et qu'elle guide le récit de manière très satisfaisante, il y a dans la succession des différents événements beaucoup de points qui me paraissent manquer de précision, de développement.
La psychologie des personnages n'est pas très travaillée, alors qu'il y avait de quoi la nourrir, imaginer, raconter des situations cocasses et autres trouvailles alléchantes pour le lecteur ; certains passages sont plus qu'anecdotiques et n'apportent rien au récit (voyage en Ecosse), le passage de Henri à la permaculture très flou (on sent davantage l'envie de l'auteur de partir sur cette voie pour s'amuser, plus que pour donner quelque chose d'impactant à l'histoire - après, tant mieux si celui-ci y a pris plaisir), la solution "miracle" pour redonner un essor à l'entreprise (trop de détails pour franchement pas grand chose...).
La connivence entre les personnages est projetée, mais ne peut pas être vécu par le lecteur, on y attache assez peu d'importance.

S'il y avait une ébauche de délire possible, celui-ci s'est fait complètement absorbé par le déroulement narratif qui manque de consistance, de structure, de folie.
Et il y avait de quoi !

La chute est bien sentie, la mort du narrateur est inattendue suffisamment bien élaguée pour amener du mordant au récit ; mais la démarche qui l'amène à se résoudre à un tel crime manque de cohérence à mon sens.

De bonnes choses donc, j'en retiens surtout l'idée, sur la forme, je suis sur la réserve.
Merci pour le partage, au plaisir de vous lire à nouveau et bonne chance pour le concours !
Asrya.

   Cyrill   
22/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,
Monsieur William : paroles de Jean Roger Caussimon ! Rendons à César ce qui lui appartient. Léo Ferré pour la musique.
Je me suis pas mal ennuyé à la lecture de ce texte. Je trouve la manière de raconter assez insipide alors que le scénario promettait.
Certes, vous auteur avez eu soin de ménager une chute inattendue en double retournement de situation, ça avait de quoi surprendre et pourtant elle ne m’apporte pas le frisson que j’étais en droit d’attendre à la lecture de l'incipit. Je ne suis pas fana des narrateurs qui s’analysent, et ici je vois que ce choix narratif annihile l’aspect fictionnel, me fait davantage l’effet d’un témoignage. Aurait-il fallu du dialogue pour mieux incarner la relation entre le narrateur et lui, vécue comme troublante ? Il me semble.
L’histoire s’étire en longueur ( vacances ) sans faire monter la tension. Les précisions apportées au sujet de la nouvelle mission n’apportent rien, pour moi, l’idée d’un travail mené à sa réussite par les deux personnages et leur apparente bonne entente suffisait à ma curiosité.
À partir du départ de Henri de l’entreprise j’ai eu enfin un regain d’intérêt, j’ai senti une montée en tension et un narrateur enfin concerné par ce qu’il raconte. Son obsession se perçoit.
Merci pour le partage.

   Disciplus   
23/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Style narratif simple. Ecriture sans anicroche. Lecture aisée. Bons points.
Rapport très indirect avec le thème du concours.
Mais pourquoi diable, n'y ai-je pas cru? Le beau gosse, efficace, souriant, adulé par ses pairs, bon père, bon mari, bon voisin... ne manque que le sportif accompli, président d'association, membre d'un groupe de musique sympa, sans oublier le poster en pied avec l'abbé Pierre. Certes, il fallait le rendre sympathique... Devant sa dépendance émotionnelle, le narrateur s'auto-psychanalise (longuet) et décide... de le tuer (radical) ! Mauvais choix. Le type est également expert en arts martiaux ! La si célèbre "goutte d'eau"...

On eut pu : éviter les digressions (Écosse - sites Internet - surveillance) - Amener d'une phrase ou deux une passion, un intérêt pour l'horticulture - Trouver un horrible "cadavre dans le placard" plutôt que le meurtre.
Mais que serait l'émotion sans l'outrance.

   Vincente   
24/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
J'ai trouvé excessif le regard quasi amoureux du narrateur pour Henri, et surtout trop insistant dans la manière de l'évoquer. Peu de subtilité ainsi dans la présentation de la relation entre les deux collègues, même si on peut imaginer une telle "l'emprise" possible, réaliste donc ; mais vraiment plus de nuance, et une progressivité plus maîtrisée dans son enfermement aurait été bénéfique au récit. Dès le premier tiers, je me suis dit que l'on avançait dans un tableau assez caricatural.
Et rien ensuite n'a réussi à me remettre sur un meilleur chemin, alors j'ai espéré que le final libère un salutaire dévoilement… J'ai trouvé très décevant cet épilogue qui mène à une tentative de meurtre, là, pour le coup, peu crédible, complètement disproportionnée vus les éléments disséminés par l'auteur.

Par contre, intéressant ce retournement de situation, où le meurtrier est le prédateur tapi dans la personnalité du manipulateur. Mais tout de même pour le reste, tout cela est plutôt cousu de fil blanc.

Ah, aussi le paragraphe sur le montage marketing, cette "idée du siècle", judicieuse dans son principe effectivement mais expliquée de façon confuse et laborieuse.

   Anonyme   
25/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Parfois je me demande si Maupassant aurait eu une chance de nos jours, face aux fleuves insipides et mal écrits dont on nous abreuve régulièrement. Heureusement qu’il y a de temps en temps des petits bijoux comme le vôtre !
Votre nouvelle respecte tous les critères du genre : c’est impeccable et rassurant. Bien mieux, votre façon de lier des fils contradictoires — le rapport entre l’évolution de la tendresse et le mode d’emploi d’un produit de supermarché — nous offre une bien belle variation thématique. Vous naviguez habilement du compte-rendu d’une tranche vie progressivement dégradée vers une forme particulière de folie et ça balance le lecteur du miroir aux alouettes au miroir « chirurgical ». De la séduction au crime mélancolique ! Le terme de suicide serait ici un abus de langage et vous l’évitez avec fermeté. Bravo !
Le « doublage symétrique » et finaud a plu au comité, vous avez de la chance. C’est bien écrit et conforme à un plan de récit, le dénouement n’est pas une surprise au sens classique, mais on sait, on y va, on sait qu’on y va, on n’y peut rien, c’est un ordinaire inexorable et pétrifiant ! Mais basta, on n’a pas besoin d’un « effet de choc » ! La stérilisation du verbe par des normes fonctionnelles et politiques, par l’affirmation fascisante des étiquettes, cherche en ce moment à l’emporter sur la liberté créative ! La nouvelle est un des derniers remparts contre ces dérives marchandes s’étalant jusqu’à la nausée.
Dans ce genre, l’auteur se doit d’être subtil, sans gros sabots et d’amener doucettement, mais inéluctablement la fin, ordonnée par le destin et l’aveuglement ; que cette fin soit banale, souriante, cinglée ou inquiétante, voire qu’elle reste en suspens, tout cela est alors acceptable. Dans votre histoire, on est ainsi porté de manière subliminale et c’est un joli tour de passe-passe ! À vos qualités il faut ajouter que la technique choisie, la demi-teinte notamment, demande de l’opiniâtreté et beaucoup de travail : la ligne de développement est contraignante, elle ne tolère aucun écart de « conduite », aucune complicité avec des facilités narratives et/ou des labels qui appâteraient le client. Encore bravo !
Moi qui suis méfiant face aux attitudes actuelles quant à l’écriture, me convaincre de cette manière provoque mon respect. D’ordinaire je suis méchant pour ces façons de faire, mais là vous m’avez pris au débotté, séduit et offert un chouette moment. Ça donne de l’air dans mes rigidités et je vous en suis reconnaissant.
Français de bonne tenue. Quelques inhabiletés stylistiques dans le corps du texte, mais rien qui nuise à la qualité de l’ensemble. Juste une chose pourtant : au nom du ciel, pourquoi ce titre qui annonce la couleur et ne rend pas justice à votre œuvre. Ça empêche l’envoûtement si on y reste accroché une seule seconde ! Vous n’êtes pas obligé de faire ça ! Si les lecteurs ne sont pas capables de discerner que votre nouvelle correspond excellemment au sujet du concours, un forçage imprudent n’amènera rien de plus pour entrer dans la catégorie. En fait, être accepté à tout prix n’est jamais une option ! Ça mène à la maladresse.
Très belle histoire bien rédigée. Merci à vous.

   hersen   
26/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Ce n'est pas que je n'aime pas le sujet, je trouve intéressant ce parcours jusqu'à la lucidité et cette fin extrême, mais j'ai trouvé au fil de la lecture un manque de punch dans l'écriture.
les § très courts séparés par une interligne cassent le fil, je ne crois pas qu'un tel découpage soit nécessaire.
Il y a des tentatives de mises en ambiance, mais le tout est très formel et un peu monotone à lire, ce qui enlève de la force au sujet.
merci de la lecture


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