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Brèves littéraires
Concours : Une Histoire comme une autre [concours]
 Publié le 13/06/25  -  6 commentaires  -  3506 caractères  -  22 lectures    Autres textes du même auteur

2. Nous remettre à notre place, ou « récits de la Terre » :

Une brève plongée par flashes dans une Histoire autre que la nôtre.


Une Histoire comme une autre [concours]


Ce texte est une participation au concours n°37 : Écrits des Temps Exaspérés

(informations sur ce concours).



Nuée. Canopée. Feuillages. Branches. Troncs. Racines. Humus.


Avant le verbe.


En l’humus se love le ver. Le ver dévore la viande avariée, le cadavre avancé.


Ver vivant, humus vital.


Quelque part. Une mouche. Une araignée. Noires comme la nuit. La mouche n’a pas peur. Pourtant la toile, pourtant le piège : la mouche est prisonnière, n’a pas eu peur, pas eu le temps, l’araignée mange. Puis attend la prochaine proie. D’autres mouches. Noires comme la nuit. Et papillons, guêpes, moustiques : l’araignée a le choix, la toile est productive. Tisser une nouvelle toile prend du temps, mais il le faudra si l’araignée veut survivre. Survivre.


Ailleurs. Ici, le ciel est infiniment bleu. Bleu intense. La chaleur, le sable. Le sable, la chaleur. Le désert. Un scorpion, un serpent, face à face. Un combat à la vie, à la mort. Finalement le serpent avale le scorpion. Mais ce dernier a le temps de piquer de l’intérieur. Les deux mourront en peu de temps. Funeste équité. Aucun survivant. Survivre, pourtant.


Avant le verbe règne la loi du plus fort. Avant que le verbe et ses hordes de parlêtres n’arrivent, il faut profiter de la Terre.


Encore ailleurs. Ici résonnent des bruits, sourds ou stridents, proches ou lointains, dans cette jungle jeune et farouche. Des cris, des chants, des sifflements et des craquements se font entendre. La pluie se met à tomber. Dru. Encore un peu et le tonnerre gronde et des éclairs déchirent en blanc l’obscurité d’un jour devenu sombre.


La mer a mille poissons, le ciel mille oiseaux et la terre mille et mille petites bêtes et grands animaux. On voudrait dire qu’il n’est de conscience. Pourtant, ce souci de l’oiseau qui nourrit ses oisillons, de quoi est-il fait ?


Il n’est pas de Nom en ce temps d’avant. Nul être, lieu ou temps n’est Nommé. Il faudra pour cela en avoir l’idée et la capacité – la phonation, l’articulation –, ils s’en chargeront. Pour l’instant, tous sont sans verbe et sans Nom. Anticipation : je dis « je ». Une anticipation dans ces temps primitifs où « je » n’existe pas. Pourtant je serai un lézard, un dauphin, une gazelle. Je serai une mouche ou une araignée, un scorpion ou un serpent. Oui, au futur. Pour l’instant, je suis toujours celui ou celle qu’il reste à nommer. Le plus souvent, je suis le mangeur ou le mangé. Mais si je suis feuillage, tronc et racines, je suis le gîte : j’accueille, je protège et je pourvoie.


Antre, je t’abrite. Toujours j’abriterai. La Terre est ainsi faite : parsemée ci et là de cavités de pierre prêtes à protéger le premier qui passe. À quatre pattes ou à plumes, tu es ici chez toi. J’ai creusé la pierre de mes flancs comme pour t’accueillir, animal. Je n’ai pourtant aucune intention. La Terre n’a pas d’intention. Elle ne veut rien. Elle offre.


Et nous, proies et prédateurs, végétaux et herbivores, sommes la vie et nos histoires sont innombrables.


* * *


J’ai traversé la rivière avec plusieurs centaines de mes congénères. Quelques-uns ont péri sous les crocs des lionnes. Plus loin, pourtant, la paix nous attendait : des bosquets, au milieu de la brousse, pour dormir à l’ombre. De la végétation pour nous nourrir. Les lionnes, au loin, rassasiées. Nos petits qui tètent leur mère. Une Histoire comme une autre.


 
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   Myndie   
20/5/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime un peu
Cette « brève plongée par flashes » illustre bien le thème choisi (Nous remettre à notre place, ou « récits de la Terre » ). Tout au moins la seconde partie car pource qui est de nous remettre à notre place, l'argumentaire fait défaut.
Tout tourne autour du Verbe : avant et après. Mais surtout avant. C'est l'histoire du monde, du minéral, du végétal, du vivant, l'histoire de l 'humanité avant l'apparition du langage.
C'est bien écrit. J'ai apprécié les allitération en « v » et le joliment expressif et fort peu usité « parlêtre ».
Je regrette quand même que ce texte prenne juste la forme d'un constat sans appuyer sur la menace que laisse pressentir ceci : « Avant que le verbe et ses hordes de parlêtres n’arrivent, il faut profiter de la Terre » ou évoquer plus avant les conséquences de cette arrivée.
C'est dommage, j'aurais aimé qu'il ouvre un peu plus la porte à la réflexion.

   Cyrill   
27/5/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Un « je » non défini dans un monde d'avant la nomenclature. Pourtant ici c'est bien le verbe qui est à l'honneur. Le paradoxe semble assumé. « je » parle au nom de la terre et de tout ce qui y vit, il devient « nous ». Puis il devient un particulier au milieu de ses congénères dans le dernier paragraphe.
J’essaie de démêler, c’est compliqué de parler au nom de qui n’a ni de nom ni de « parlêtre », et de comprendre la position d’un locuteur sans verbe.
Le ton est distancié. Il donne, puis semble presque se dédire : « Antre, je t’abrite. Toujours j’abriterai »… « La Terre n’a pas d’intention. Elle ne veut rien. Elle offre ». Elle reçoit, ou recueille, offrir supposerait une volonté.
Je reconnais volontiers à ce texte une belle écriture. Des qualités descriptives, des effets de style et du rythme. Mais je reste circonspect à propos des questions soulevées.
Merci pour le partage.

   Donaldo75   
27/5/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
C'est une manière poétique de traiter le thème. J'aime bien l'utilisation de rythmes différents, avec du très court, comme des instantanés, et du plus littéraire.

"Avant le verbe règne la loi du plus fort. Avant que le verbe et ses hordes de parlêtres n’arrivent, il faut profiter de la Terre."

C'est un message. Il peut sembler naïf mais je le trouve rousseauiste. C'est bien de ne pas uniquement philosopher mais également de prendre les allures du conte oriental, avec ce qu'il peut paraitre de naïveté.

Merci

   Robot   
13/6/2025
Un vrai beau récit qui aurait aussi bien pu figurer en poésie.
En contrepied d'autres récits celui-ci ne nous parle pas de vengeance des éléments. Bien au contraire il nous parle de ces éléments protecteurs "Nuée. Canopée. Feuillages. Branches. Troncs. Racines. Humus." C'est la terre qui abrite et protège et assure la vie malgré cette évidence: "Avant le verbe règne la loi du plus fort."
Une fort belle phrase pour achever le récit sur une vérité: "La Terre n’a pas d’intention. Elle ne veut rien. Elle offre."
Merci pour ce texte qui ne fait pas dans la "sombritude" mais nous ramène à une belle réflexion sur la finalité de l'univers même si c'est un univers miniature de "Nuée. Canopée. Feuillages. Branches. Troncs. Racines. Humus."

   papipoete   
13/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour concurrent
Ne serait-ce que pour la dernière ligne, où lorsque tout commença, chaque créature avait ce qu'il lui fallait pour vivre pacifiquement ( des proies à chasser, de l'ombre en plein désert, de l'eau et le soleil pour tous ) mais l'homme...
" la Terre n'a pas d'intentions ; elle ne veut rien ; elle offre " quelle sagesse dans vos propos !
NB une histoire de la Terre en géographie, en science naturelle, en logiques réflexions, en images simples ou spectaculaires ( le serpent qui mange le scorpion, mais se fait piquer de l'intérieur ( fallait le trouver ! )
Il y avait à manger pour tout le monde ; pas besoin de lorgner chez le voisin, mais...
un très bon moment de lecture, dans un langage qui pourrait sembler ordinaire ? non, du très bon Français !

   Charivari   
13/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour. C'est une jolie prose poétique, avec de belles trouvailles. J'aime l'idée de "avant le verbe" en contradiction avec "au début était le verbe" de la Genèse. Pas grand chose de plus à dire, pour moi il manque quelque chose, qui relève de l'histoire, disons que ce serait un très bon début de quelque chose de plus grand, comme un prélude à une nouvelle ou un roman, mais pas une nouvelle ni un récit en soi.


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