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Policier/Noir/Thriller
Cyberalx : Poudre
 Publié le 31/05/07  -  20 commentaires  -  2531 caractères  -  148 lectures    Autres textes du même auteur

L'histoire courte d'un cocaïnomane.


Poudre



La journée est enfin terminée :

Mains serrées, au revoir, bonjour, bonne fête, sourires, repas, échanges, hypocrisie.


Un peu fatigué, un brin mélancolique, l’homme regarde son vice avec envie.

Assis dans son fauteuil en cuir, il contemple le fruit du travail de lointains paysans colombiens, tout ce chemin parcouru pour arriver à la table basse.


La poudre.


Elle est blanche, comme la neige, comme la couleur de cheveux des anges, blanche et pure : sa drogue dure.


Juste une fois au début, juste une fois la fois d’après et juste une fois toutes les autres fois, juste une fois mais tout le temps…


La migraine revient, il voudrait tant pouvoir réfléchir, il ferme les yeux et tente de faire refluer les vagues de douleur violettes et acérées, la douleur qui est plus vive à chaque pulsation.


Le sang bat à ses tempes, il entend son cœur :

« Boum, boum, boum, boum… »

Son nez le chatouille, sa tête penche en avant.

Automatisme programmé par la faiblesse.


Il inspire, sait qu’il va le faire, mais attend.

Il attend parce que la poudre blanche est chère, trop chère pour la consommer vite.


Le brouillard s’épaissira bientôt : apaisant, se lovant autour de la douleur jusqu’à l’étouffer complètement.


Préliminaires.


De l’index, il caresse délicatement le petit tas parfait de poudre.

Souvenirs :

Plage, vacances, enfance, parents, règles, transgression, torture, punition, plaisir.


La fille lui dit quelque chose.

La fille ?

Il l’avait oubliée :

Sale, trottoir, vulgaire, maquillage, provocation, prostitution, attirance, danger, police.


Il quitte son trésor des yeux un instant pour la regarder : elle a l’air d’être à deux doigts de mourir, des larmes coulent sur son visage tuméfié mais elle ne fait aucun bruit.


Il essaye de se souvenir d’elle, comment elle est arrivée ici :

Agression, douleur, plaisir, couteau, menaces, soumission, résignation.


Il entend rire quelqu’un, se retourne, personne.

Il se penche sur sa poudre : plus de poudre, elle a disparu.

Quelqu’un rit, un homme, un rire de désaxé :

Peur, asile, fou, médicaments, malsain.


Il regarde la fille, elle est morte : plus de visage, du sang partout.

Il a mal aux mains, les regarde : sang et poudre sur les mains, lambeaux de chair sous les ongles.

Il entend rire à nouveau, il connaît ce rire.


C’est le sien.


Sirènes de police, on court dans le couloir de l’immeuble, la fille morte, du sang sur ses mains :

Absences, rage, peur, regrets.


« Oh, Maman, qu’est-ce que j’ai fait ? »



 
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   Ninjavert   
31/5/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Hmmm... Y a quelque chose que j'ai trouvé presque terrifiant dans cette nouvelle, c'est la rupture entre le "juste avant" et le "juste après".
Le sentiment que tout peut basculer en quelques secondes, alors qu'on se figure que tout va "bien".
J'ai bien aimé, l'écriture sobre et directe renforçant l'action assez molle. Le sentiment d'accoutumance est bien rendu (j'adore la phrase "Juste une fois au début, juste une fois la fois d’après et juste une fois toutes les autres fois, juste une fois mais tout le temps…").

J'ai jamais pris de drogues dures, mais de ce que j'en ai entendu dire le fait d'énumérer les sentiments qui défilent traduit bien ce que disent ressentir les gens qui en consomment.

Bref, une nouvelle efficace qui porte un message plus profond que ne le fait paraître la lecture si on n'y réfléchit pas.

Bien joué Cyber :)

   Ten   
1/6/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'adore ce style épuré et terriblement efficace.
Comme Ninjavert, la phrase des "fois" ne m'a pas laissée indifférente et je l'ai trouvée justement utilisée.

L'idée de traduire des sentiments et des souvenirs par une succession de mots est très bonne, et même si à un certain moment je l'ai trouvée un peu maladroite par sa répétition, son utilisation à la fin rattrape tout.

Je reste quand même un peu frustrée sur la longueur du récit(quand on aime...) et j'espère voir vite l'arrivée d'une version longue.

   oxoyoz   
2/6/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Glacial ! Est-ce que tu as vue Requiem For a Dream ? un film terrible qui parle de drogue et qui utilise le même effet que toi : succession de répétition saccadé. C'est une pratique qui traduit efficacement l'idée de décalage chez le drogué plus la notion d'habitude, d'accoutumance. Ca rend bien quoi.

L'histoire est bref mais c'est très direct, efficace. La sonorité, le rythme, le délire du personnage.. hum.

Mais le "maman" de la fin me trouble. J'aurai préféré un "oh putain de bordel de merde". ^^

   Pat   
5/6/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'aime vraiment bien le style. Effectivement, on peut le rapprocher de Requiem for a dream (entre parenthèse, connais-tu Hubert Selby, l'auteur du roman? Il a écrit des trucs qui font passer les trucs les plus gores de ce site pour des bluettes !).
Bon revenons-en à nos moutons (flocons?). J'aime le rythme, les mots, la progression dramatique de l'histoire, son efficacité (tout est dit en quelques mots qui laissent une part à l'imaginaire de ceux qui lisent (la part du lecteur, fondamental !)). Les expériences sur ce qui est décrit ne sont pas superposables, même s'il y a des points communs. Je trouve que la fin est très bien, contrairement à Oxoyoz. Le décalage est tout à fait intéressant, signe de régression ou plutôt retour à la réalité d'un mec qui se montre là dans ce qu'il est peut-être réellement : un sujet fragile dépassé par les événements, lueur de lucidité... Bref, tout à fait plausible (ça me rappelle certaines personnes que je fréquente, professionnellement parlant).

   Ama   
8/6/2007
J'aime beaucoup les suites de mots, j'aime ce procédé pour l'avoir utilisé avec une certaine délectation. J'aime ce procédé pour l'effet qu'il fait, l'effet qui est, je trouve, nouveau. Ce sont ce genre de procédés qu'il faut retrouver, parfaire, inventer, mettre en oeuvre et la littérature y gagne.

Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai, l'embiance de ce texte retrouve celle de Requiem for a dream.

Pareil que oxoyoz, sans aller jusqu'au putain de bordel de merde, j'aurais simplement préféré sans le "maman". Qu'est-ce que j'ai fait?

   Maëlle   
18/7/2007
Ca sonne bien. Juste? à Voir. C'est trop court, mais là ce n'est peut-être pas un défaut: on se retrouve éjécté à peine lorsqu'on commence à comprendre, ce qui pourrait être volontaire. Frustrant quand même.

   Lariviere   
18/7/2007
Rien à redire. Tout a été dit.. Terriblement bon, comme récit.
Sans que cela soit sujet à nouvelle source de débat, je trouve que pour la fin, tu as eu raison de mettre le "Maman"... Pour exactement les même raison que Pat...
Sinon, petit pinaillage pour la forme :
Le coeur fait Boum Tac ! et non Boum Boum !
Le corps humain est une belle machine respectez la donc un petit peu, bordel !!!
Hum !
C'est par ici ?...
OK, OK... Ne nous fachons pas...

   guanaco   
14/8/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
ce texte est pour moi comme ce qu'il y a sur la table basse: très linéaire malgré les phrases courtes. De toute façon, lorsqu'on est en état de dépendance, le monde n'est qu'un kaleïdoscope en noir et blanc qui n'attend que la poudre blanche pour redonner des couleurs à ses hallucinations.
Juste: le titre est trop explicite à mon goût.

Bon travail en ce qui me concerne.

   Bidis   
23/9/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
"Juste une fois mais tout le temps"... L'enfer de toute addiction...

Quand on lit un bon texte, on va lire tous les commentaires comme pour prolonger le plaisir qu'on a éprouvé.

Je n'ai pas de critique à émettre. Mon coeur fait-il "boum boum" ou "boum tac", question existentielle j'en conviens, mais je ne me la suis pas vraiment posée à la lecture...
Et le "Maman..." final est plus que normal, il ramène à l'Humain quelqu'un qui vient de perdre un peu de son humanité...

   Anonyme   
6/3/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’aime bien l’idée des énumérations. Au fil du texte elles deviennent de plus en plus sombres et folles. Au début, on ne se doute pas de grand-chose, tout est "normal" : "mains serrées, au revoir, bonjour, bonne fête, sourires, repas, échanges, hypocrisie". Mais, progressivement, tout fout le camp : "agression, douleur (…), peur, asile, fou, médicaments, malsain".
La nouvelle est très courte, mais elle est à la fois très intense ! Tout va très vite. Personnage sensible, monde barbant, dorgue, sniffer, addiction, folie, junkie, meurtre, incarcération…
Ça m’a plu !

   widjet   
23/4/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une histoire qui fait très "clip"..en fait. Fulgurance de l'instant. Scènes "cuttées" (coupées quoi). Ca donne de l'efficacité au rythme mais (revers de la médaille) empêche l'émotion de jaillir....mais je respecte le choix et le traitement puisque c'est volontairement froid, glacial. Comme la mort.

Merci à l'auteur.

Widjet

   marogne   
7/8/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une bouffée forte de plaisir que de lire cette nouvelle, le fond n’est certes pas joyeux, mais le texte est remarquable. Je ne suis pas sur que la sensation, le sentiment que l’on ressent quand on essaye de se convaincre que l’on pourra résister au vice est suffisamment rendu avec force, mais cela aurait sans doute demandé plus de « volume » , peut être mon seul regret.

   Flupke   
4/1/2009
Intéressant mais thème un peu trop proche de Morceaux de Dieu qui m'a davantage plu et qui est davantage réaliste. Dans celle-ci les sirènes de police arrivent d'on ne sait où. (s'il s'agissait d'un tueur en série d'accord, mais là on a l'impression d'un espace clos ; à moins qu'il s'agissait d'un lieu public ? Mais rien ne semble l'indiquer).
J'ai toutefois bien apprécié les effets de styles avec les phrases sans verbe constituées d'énumérations.

   Anonyme   
17/2/2009
Le problème c'est que le héros est assis dans un fauteuil en cuir et la fille qu'il a blessée - ou tuée - et auprès de laquelle il se trouve - puisqu'il l'entend gémir, git sur le trottoir.
Cela dit, bcp de fauteuils finissent leur vie sur un trottoir.

   Menvussa   
14/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Oh Cyber qu'est-ce que t'as fait.

Je trouvais cela très bon (non pas la poudre) mais ce rythme saccadé , ces absences entre de moments de lucidité.

mais ce : " oh maman" a jeté une note presque comique dans cette horreur (la situation, pas le texte) et du coup, ça m'a coupé la chique.

Ah aussi, ce début un peu décalé, ils sont où tous ces gens qu'il salue, ils sortent de chez lui dans quel cas, incohérence avec la fille, à moins que ce ne soient tous des truands... ou bien se remémore-t-il sa journée, dans quel cas comment a-t-il récupéré la fille.

Bref c'est un peu nébuleux, mais j'ai bien aimé la façon de créer l'ambiance.

   Anonyme   
30/4/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Ouèch pas convaincue ma nouille!

Déjà, j'aime le format, c'est court, ça claque, ça tient son rythme.
Ensuite, j'aime le côté décousu, assez proche des afflux de souvenirs post prise de chose.

Par contre, je suis pas convaincue par l'introspection qui précède la prise. Et pas trop convaincue non plus par la fin.

J'apprécie en fait plus la construction que le contenu, je trouve l'image plus crédible que les mots. Et il est certain que tu maitrises le rythme.

Pas convaincue donc.

   carbona   
5/8/2015
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime beaucoup le rythme, c'est un texte court, vif très agréable à lire.

J'adore le passage des préliminaires. L'attente avant le "plaisir".

Je n'aime pas trop le passage où le narrateur entend un rire qui en fait est le sien. Mais peut-être cela se passe-t-il comme ça en réalité.

Le "maman" à la fin dépote un peu !

J'aurais peut-être préféré ne pas lire au préalable "histoire d'un cocaïnomane" et deviner au fil des premières lignes qu'il s'agit d'un drogué.

Merci pour cette lecture !

   Anthyme   
5/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ça ne se fait pas en commentaires ‘in situ’ mais tant pis : je remercie Carbona d’avoir su retrouver ce texte dans la naphtaline où il s’oubliait depuis quatre ans.

_______________________________________________

Le thème est des plus rebutants — pas de commentaires à ce sujet ; c’est l’efficacité de la rédaction qui m’impressionne.

Le texte se reçoit comme un patchwork dont le désordonné reconstitue avec vraisemblance les perceptions parcellaires qui pourraient être celles d’un éthylique, ou d’un drogué :
Le mirage d’une rationalité décousue puis recomposée dans un ‘snif’ 100% pure … émotion.


Bravo pour ce bel exemple technique, au demeurant utile pour la plaidoirie de l’avocat …

… … … …

Alcool, drogue …
Facteur aggravant ou atténuant ?

Les jurés, je ne sais pas …
… Cyberalx semble plaider pour les mamans.

   SQUEEN   
10/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Beaucoup de concision c'est le moins qu'on puisse dire, pour moi une indication de trop: "C’est le sien." Lecture agréable, les mots isolés sont très forts, j'aime moins les énumérations. Mais bravo: tout un univers en si peu de signes, une vraie histoire, sordide. Merci.

   cherbiacuespe   
4/5/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'en ai lu d'autres sur ce sujet. Celle-là, courte et efficace fait parti des meilleures, sans contestation. Terrible cheminement vers le néant absolu en passant par la folie. J'ai, dans, le passé, eu un témoignage près de moi . Terrible, effrayant, démoralisant.


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