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Science-fiction
DADANDSON : Animation
 Publié le 07/04/10  -  15 commentaires  -  5492 caractères  -  111 lectures    Autres textes du même auteur

Histoire d'un petit voyage.


Animation


La caverne était obscure, chaude, humide, animée de sourdes pulsations.

 

Le Dormeur rêvait.

 

Des mouvements spasmodiques agitaient ses paupières, ses membres flasques ondulaient mollement dans le milieu douillet de son repaire.

Un liquide onctueux et nourricier baignait son corps fripé, une houle légère le berçait, le massait et faisait croître en lui le flux de vie qui animait son corps amolli par le sommeil.

Déformés par les plis et replis de la caverne molle et sombre qui abritait le Dormeur, des sons assourdis, graves et irréguliers lui parvenaient et l'entouraient d'une trame rassurante.

Un rythme sourd, familier et rassurant, générait en lui un sentiment de sécurité et de plénitude, un cycle d'éveil commençait.

 

Le serpentin parcouru de multiples connexions qui le reliait à la paroi de sa capsule de survie et lui assurait la distribution des divers et nombreux éléments indispensables à sa survie, remuait souplement contre ses flancs.

 

Le voyage durait depuis si longtemps.

 

Il rêvait, et, dans son esprit endormi et embrumé de rêves informes, défilaient les souvenirs, les impressions fugitives, la grande agitation, l'explosion sauvage, la course folle parmi les siens, êtres flous et vifs, la ruée échevelée vers le sanctuaire, l'abri, le but, le salut, la capsule de vie, de survie.

La recherche désespérée de l'entrée, la lutte sans merci avec ses semblables, et, joie, douleur, épuisé par la course folle, le grand sommeil, le noir, la chaleur, la sécurité.

 

Les époques ont passé, il s'est adapté à ce nouveau milieu, il a changé, il change encore.

 

L'éveil commence.

 

Depuis quelque temps il ressent confusément de plus en plus de changements en lui et autour de lui : la caverne évolue, toujours tiède, rassurante, protectrice pourtant.

Soudain, un choc violent, sa capsule se durcit, le serre d'une étreinte sauvage, le comprime cruellement ; des messages d'alarme, d'urgence, lui parviennent, noyant son cerveau enfiévré d'un flux désordonné d'informations mystérieuses et incompréhensibles.

Que se passe-t-il ? Un bizarre sentiment l’envahit.

 

Les images d'un passé archaïque qui peuplaient ses rêves informes tremblent, semblent vaciller et s'estomper, avant de disparaître, les prairies bleues se noient dans un brouillard orange, les tours déchiquetées et graciles volent en éclats cristallins sur l'écran sanglant de ses yeux bulbeux et aveugles, les rythmes familiers qui le berçaient deviennent heurtés, saccadés, chaotiques, le monde tremble autour de lui, sauvage et terrifiant, la panique monte en lui, le tordant en tous sens.

Le calme revient subitement, mais les images restent floues, ombrées de peur.

Que lui arrive-t-il ?

 

Sa sécurité semble menacée. L'agitation frénétique recommence soudain et il est ballotté en tous sens, comprimé à la limite de la suffocation, et cela dure et s'arrête et recommence, de plus en plus vite, de plus en plus fréquemment.

Il gesticule, se tournant et se retournant à la recherche d'une position sûre, confortable.

Les soleils noirs hurlent dans sa tête, la peur lui ronge les entrailles.

 

Il veut vivre, vivre encore.

 

Soudain, bruit, chocs, fracas, c'est l'apocalypse.

La paroi de sa capsule, jusque-là souple, chaude et rassurante, se tord, se durcit et subitement se rompt, le liquide protecteur et nourricier, sa vie, s'enfuit, se répand sous lui, disparaît.

Une vague lueur commence à poindre, il aperçoit, du fond de sa panique, une vague ouverture, un iris qui s'ouvre, qui se dilate : une issue… vers la vie, vers quel inconnu ?

Les mouvements spasmodiques et incontrôlés de son abri dévasté par il ne sait quel séisme ne lui laissent plus le choix, il doit fuir s'il veut espérer une quelconque chance de salut.

Il se met en position et tente de se glisser dans l'étroit goulet animé de pulsations qui mène à...

À quoi ? Vers quel milieu ? Hostile ou non ?

Les pensées, les idées, les couleurs, les sons, tout cela autour de lui, en lui, magma informe et inconnu, le heurtent, le bousculent, le malaxent, lui font perdre le peu de lucidité qu'il pourrait encore avoir.

Il rampe, se contorsionne pour échapper à l'étreinte mortelle de son câble nourricier et se force, tête la première, un chemin vers l'inconnu.

Une nouvelle convulsion le tord, le broie, c'est trop bête de périr ici et maintenant. Un dernier effort.

Une vague de lumière blanche, aveuglante, agressive, telle qu'il n'en a jamais ressentie auparavant le meurtrit, il apparaît dans le froid, dans le vide.

Il se sent saisi, transporté, il se contracte, une douleur subite, rapide.

Il hurle sa peur, sa douleur, crache spasmodiquement le mucus qui lui encombre le nez, la bouche, une brûlure sèche lui envahit le corps, il sent la vie qui pénètre en lui à nouveau et en même temps monte vers son esprit enfiévré et torturé une grande paix, les souvenirs d'ailleurs et d'avant disparaissent, s'effilochent en brumes impalpables : les prairies bleues, les soleils noirs, le néant, la course folle, l'explosion cataclysmique, le sommeil, le...

 

- C'est un beau garçon, madame Michu ! s'exclame la sage-femme en coupant d'un geste adroit le cordon ombilical reliant encore le robuste bébé au placenta humide et sanguinolent.

 

Il dort, apaisé, épuisé, après un long renouveau, il repose, changé, purgé de son ancienne existence, être neuf, terrain vierge et pourtant si ancien, oublieux de son héritage, ignorant de son devenir.

 

 

 

 

1996

Yannick Delpierre

 


 
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   Anonyme   
22/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
« Des mouvements spasmodiques agitaient ses paupières, ses membres flasques ondulaient mollement dans le milieu douillet de son repaire.
Un liquide onctueux et nourricier baignait son corps fripé, une houle légère le berçait, le massait et faisait croître en lui le flux de vie qui animait son corps amolli par le sommeil. »

Je ne sais pourquoi mais il me semble que « ondoyaient » à la place de « ondulaient » et « alangui « à la place de « amolli » ? auraient donné plus de force à ce texte.
« Déformés par les plis et replis de la caverne molle et sombre qui abritait le Dormeur, des sons assourdis, graves et irréguliers lui parvenaient et l'entouraient d'une trame rassurante. » : essayez « cocon » à la place de « trame ».
Ce texte pourrait gagner en poésie :  Déformés par le drapé de la caverne molle et sombre qui abritait le Dormeur, des sons assourdis, graves, baroques et capricieux lui parvenaient et l'entouraient d'un cocon émollient. D'autant plus que vous réutilisez le mot « rassurant » tout de suite après.
Draper : Décorer d'une étoffe en la disposant en plis harmonieux. (http://www.cnrtl.fr)

« Le serpentin parcouru de multiples connexions qui le reliait à la paroi » : « doté » et non « parcouru ».

« Le serpentin parcouru de multiples connexions qui le reliait à la paroi de sa capsule de survie lui assurait la distribution des divers et nombreux éléments indispensables à sa survie remuait souplement contre ses flancs. «  : phrase trop longue, on peine à arriver au bout.

« Il rêvait, et, dans son esprit endormi et embrumé de rêves informes, défilaient les souvenirs, les impressions fugitives, la grande agitation, l'explosion sauvage, la course folle parmi les siens, êtres flous et vifs, la ruée échevelée vers le Sanctuaire, l'abri, le But, le salut, la capsule de Vie, de survie. »  : pour celle-ci j'aurais aimé un peu plus de tension.
Comme par exemple : Il rêvait ; son esprit endormi, embrumé, envahi de rêves informes, de souvenirs, d'impressions fugitives, revivait l'explosion, sauvage ; l'agitation grandissante, la course folle parmi les siens, êtres flous et vifs, la ruée vers le Sanctuaire, l'abri ultime, le salut, la capsule survie...de Vie.
J'ai inversé des mots pour des raisons de cohérence du texte.
« il a changé, Il change encore. » : il a changé, Il mue encore. (suggestion).
Les phrases suivantes suggèrent une suite d'évènements rapide :
« Soudain, un choc violent, sa capsule se durcit, le serre d'une étreinte sauvage , le comprime cruellement ; des messages d'alarme, d'urgence, lui parviennent, noyant son cerveau enfiévré d'un flux désordonné d'informations mystérieuses et incompréhensibles . Que se passe t’il ? Un bizarre sentiment l'envahit . »
Suggestion : Soudain un choc violent ; la capsule durcit, l'étreint sauvagement, cruellement ; des messages d'alarme lui parviennent noyant son cerveau enfiévré dans un flux désordonné d'informations mystérieuses, incompréhensibles.

Également vous revenez trop sur les mêmes choses, comme par exemple : « La paroi de sa capsule, jusque là souple, chaude et rassurante », d'une manière certes un peu différente mais on a l'impression de relire plusieurs fois la même chose.
« s'il veut espérer une quelconque chance de salut. ... disparaissent , s'effilochent en brumes impalpables: » : les ponctuations simples sont sans espace avec le mot qui précède, les doubkes avec espace avant et après. La phrase pourrait être : « s'il veut espérer le salut ». La longueur d'un texte ne garanti en rien sa qualité. Vous gagneriez à le rendre plus dense.
Un récit qui, une fois retravaillé, pourrait devenir un bon texte.

   ANIMAL   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ca commence comme un récit de science-fiction, on s'attend à un être-méduse ou polypodes, et qui nous arrive au final ?

C'est bien vu, ce pourrait être ça, ça l'est peut-être si l'auteur arrive à remonter dans sa mémoire in-utero.

Je regrette un peu de ne pas m'être envolée vers des espaces interstellaires ; me voilà les pieds bien sur terre après avoir lu ce récit.

Bellement racontée, en tous cas, cette émergence d'un nouvel être à la vie.

   florilange   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonne description, assez bien imaginée, de la vie du foetus durant la gestation puis la naissance. L'idée n'est pas mauvaise et pas mal rendue. Le style est correct.
De là à dire que j'ai été passionnée... C'est une histoire connue.

   Anonyme   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte de très bonne facture je trouve. J'aime cette idée de montrer l'accouchement par le prisme d'un Voyage de Science Fiction.

L'écriture est fluide, on lit sans peine. Il y a bien quelques défauts de ponctuations (la place des virgules notamment) mais une relecture rapide pourrait arranger celà.

Bref, pour moi un récit de SF original et novateur qui m'a plut vraiment.

   marogne   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Sympathique, mais sur l'histoire elle même, le traitement ne permet pas vraiment de trouver beaucoup d'intérêt à une enième variation sur le thème, et qui se comprend au bout de quelques lignes.

Je comprends le vocabulaire utilisé : cabine, serpentin, caverne, .... mais dans le contexte, alors que l'on sait qu'il s'agit d'une naissance, il me semble faire trop plaqué, trop artificiel.

   placebo   
7/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
un texte correct, la place des virgules ne m'a pas gêné, au contraire, les phrases relativement longues m'ont paru faciles à lire. En revanche, j'ai trouvé pas mal de répétitions : caverne, lueur, lumière, vague deux fois dans la même phrase, entre autres.

Dans l'optique d'un voyage de SF, j'ai été gêné au début de ne pas me représenter les choses, et la course éperdue des spermatozoïdes a été la seule que j'ai visualisé (mais biaisé, comme le voulait l'auteur, en pensant que c'était une fuite vers l'espace). Cela est du à un vocabulaire des plus flous, qui doit faire jouer l'ambiguïté entre voyage et grossesse, c'est donc mieux passé après relecture, mais la première fois c'était laborieux.

''Il repose'' me parait bizarre. Ce ne serait pas un verbe transitif?

D'où viennent les prairies bleues sinon?

à peaufiner à mon avis
bonne continuation

   Anonyme   
7/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Il me semble que le thème traité ici a été de nombreuses fois mis à l'honneur dans des nouvelles oniriennes.
Le coup du on s'aperçoit à la fin qu'en fait le narrateur est un chien ou comme ici qu'il s'agit en fait d'une naissance et non d'un voyage ou je ne sais.
Personnellement je ne suis guère friand de ce genre de nouvelle car j'ai souvent l'impression que le texte n'est basé que sur la chute.

J'ai trouvé le texte assez bien écrit dans l'ensemble.

Le "vrai/faux" voyage sidéral ne mas pas passionné en revanche, je n'ai rien vu "d'original" en terme de science-fiction (un peu de Matrix pour le "cocon nourrissier", un poil d'Alien pour la planète hostile)

Bonne continuation

   Anonyme   
8/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
De la SF, enfin ! Cela faisait longtemps.

Malheureusement, si j'ai lu facilement et avec plaisir cette histoire, je n'ai pas été plus convaincue que ça. C'est trop court, en fait, pour que la lectrice que je suis parvienne à s'inquiéter du sort du dormeur. Le suspens ne prend pas et, si la chute est bien choisie, elle ne m'a, personnellement, pas vraiment surprise.

Concernant l'écriture, elle est très agréable à suivre, mais les juxtapositions noms/épithètes sont trop nombreuses et trop systématiques à mon goût.

Cela dit, cela reste une lecture agréable. De la SF oui, sans en être au sens strict du terme. C'est plutôt original en fait.

Bonne continuation !

   Anonyme   
9/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Sujet plusieurs fois traité, rarement classé en SF, et pourquoi pas en somme ?
Ecriture fluide, agréable mais quelque chose fait que je n'ai rien ressenti de spécial à la lecture. Pas d'empathie particulière. Peut-être à cause des "il".
J'ai été un peu gêné par le choix du terme "Dormeur" vu qu'on sait que ce petit personnage est souvent très actif.
Bonne continuation à l'auteur.

   zorglub   
10/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

L'écriture est plutôt agréable, et le parcours du dormeur est bien représenté. Toutefois, étant donné que la chute apparait très vite, peut-être aurait-il été préférable de ne pas essayer d'entretenir le mystère, en se retenant un peu sur l'écriture.

Du coup, j'ai un peu de mal à le considérer comme un texte de SF. Pour moi, c'est une agréable nouvelle réaliste.

   Mistinguette   
13/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Sympa le parallèle entre le fœtus et la science fiction.
Dans l’ensemble j’ai trouvé l’écriture agréable.

Une répétition m’a sautée aux yeux, le mot survie dans la phrase :…qui le reliait à sa capsule de survie et lui assurait la distribution des divers et nombreux éléments indispensables à sa survie… C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de synonymes. Peut-être : survivance ? (bien que ça soit de la même famille) ou conservation ?

En résumé, une lecture plaisante, même si j’avais deviné la chute vers le milieu du récit.
Bonne continuation à l’auteur.

   dvb   
20/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir compris bien trop tôt le principe de ce voyage ou si c'est cet emprunt un peu trop appuyé au vocabulaire de la SF, mais cette nouvelle ne m'a pas vraiment emballé.

Pourtant le parallèle entre ce personnage et un voyageur des étoiles est plutôt bien trouvé et la narration bien tournée.

Mais c'est sans doute que je suis devenu trop exigeant sur les contenus SF ^^

   Anonyme   
2/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime beaucoup cette idée de donner une tournure SF à quelque chose qui ne l'ai généralement pas. J'ai vraiment apprécié ce texte, il transporte dans ce qu'il raconte.

En revanche il y a quelques moments dans l'incipit où tu te répètes et c'est parfois agaçant.

Pour moi en tout cas, c'est un texte fort agréable, une plutôt belle réussite.

   Pascal31   
23/3/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai compris dès les premières lignes de quoi il retournait. En fait, le "liquide onctueux et nourricier" qui "baignait son corps fripé" est déjà en soit une quasi révélation.
Du coup, j'ai lu ce court texte avec une vision très terre à terre, nullement baigné par l'atmosphère "science-fiction" que l'auteur a voulu donner. C'est dommage, car l'écriture est bonne...

   Anonyme   
23/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
La dernière phrase me paraît de trop, affaiblir la fin du texte. Sinon, évidemment, le sujet est presque d'emblée évident, mais cela ne me gêne pas pas plus que ça. Ce qui m'ennuie davantage, c'est le style élaboré, léché, avec une pléthore d'adjectifs, pour tenter de transmettre les sensations vagues d'un Dormeur dans une chaude obscurité. Il me semble qu'en tant que lectrice j'aurais mieux été immergée dans la situation avec des phrases plus simples, des sonorités mieux en adéquation avec le sujet.
Je préfère la description de la catastrophe, la frénésie me semble bien rendue.


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