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Humour/Détente
dancarau : Petites fictions n°6
 Publié le 24/07/07  -  2 commentaires  -  6988 caractères  -  15 lectures    Autres textes du même auteur

Le match de tennis.


Petites fictions n°6


Le match de tennis



Je reviens chez nous après une absence de quelques jours. Mon mari, Franck, est au travail, je suis seule à la maison. Tout est calme et tranquille. Je remarque que mes plantes ont soif, il faut leur donner à boire. Je m’assieds quelques minutes pour fumer une cigarette. Je suis heureuse d’être rentrée. Cela fait déjà sept ans que nous vivons ici, et nous y sommes très heureux.


Ma fille, Angélique, est allée au cinéma avec des amis. Quand je pense qu’elle a déjà dix-neuf ans ! Le temps a passé si vite ! Pendant que je range notre salon exposé plein sud, je me souviens de la petite Angélique. Je tombe sur l’un de ses livres qu’elle a oublié derrière la corbeille à fruits. Cela me rappelle qu’elle adore travailler en bibliothèque. Elle dit qu’elle y est tranquille pour travailler et qu’en plus elle y retrouve ses camarades de faculté. Elle est très studieuse. C’est sa première année de médecine. Elle adore toutes ces séries télévisées où les scientifiques aident la police à résoudre des affaires criminelles. Elle voudrait devenir médecin légiste. Elle est si différente de moi ! La vue du sang m’effraie.


Je ne la connais pas si bien. Quels sont ses rêves ? Déjà, quand elle était enfant, elle faisait preuve d’une volonté extraordinaire. Elle nous surprenait souvent. Avec Franck, nous l’avons initiée au tennis dès l’âge de quatre ans. Elle apprenait assez vite car, comme elle disait :


- Je veux jouer avec papa !


Son père l’a beaucoup gâtée. Dès qu’elle gagnait un point, il lui offrait une sucrerie. Quand elle gagnait un jeu, c’était un gâteau, et quand c’était un set, c’était un beignet ! J’avais peur qu’elle devienne obèse, mais heureusement elle ne mangeait que les douceurs que lui donnait son père sur le court de tennis.


Je me rappelle que vers l’âge de douze ans, son père l’avait inscrite à son premier tournoi. La veille de son premier match, au dîner, il lui avait servi des pâtes de blé complet, avec une sauce tomate dont j’ai le secret. À la fin du repas, pendant qu’elle grignotait du fromage avec de petits morceaux de pain, il révisait avec elle la stratégie à mettre en place. Au fond, ce qui lui plaisait le plus dans ce sport, c’étaient ces moments partagés avec son père.


Quand j’allai lui souhaiter bonne nuit dans sa chambre, je lui dis qu’elle ne devait penser qu’à une chose : regarder la balle. Si jamais elle perdait malgré toute sa volonté de gagner, elle apprendrait beaucoup de ce premier véritable match. Elle répondit qu’elle était sûre de sa victoire, parce que son père l’avait bien entraînée. J’insistai quand même pour qu’elle porte un pendentif qui m’avait souvent porté chance. Je lui répétai avant qu’elle ne s’endorme qu’elle devrait savoir remettre en cause sa stratégie si celle-ci ne marchait pas. Il faudrait alors respirer profondément et se rappeler que l’adversaire peut avoir un jeu imprévisible qui déjoue tous les schémas tactiques.


Cela l’intéressa et lui rappela le sujet de sa dernière rédaction, où elle avait eu la meilleure note de sa classe :


Vous êtes en retard pour un contrôle capital pour votre passage en classe supérieure, mais sur le chemin un non-voyant vous demande de l’aider à se rendre à la Mairie. Que décidez-vous ?


Elle avait réussi à résoudre ce problème insoluble en dirigeant le non-voyant vers le policier posté devant son école !


Avant de s’endormir, elle me remercia pour mes conseils. Elle ajouta qu’elle savait bien que les conseils de son père servaient surtout à le rassurer, lui. Quant à elle, elle ne comptait que sur sa volonté de gagner. Une fois de plus, son intelligence me frappa. Elle ne se perdait pas en conjectures.


Le lendemain matin, Angélique fut la première levée. Elle avait déjà fini ses exercices d’étirements quand j’entrai dans sa chambre. Elle portait sa jupe de tennis favorite et sortait ses poignets roses. Elle avait suivi les conseils de son père en mettant une raquette, un clip et un grip de rechange dans son sac de sport. J’allai dans la cuisine pour lui rapporter des bananes, du chocolat noir et plusieurs bouteilles d’eau. Son père était prêt, lui aussi. Le temps que je m’habille, il l’emmena dans le jardin pour faire quelques balles. Quand je les rejoignis, j’aperçus ma fille en pleine séance d’échauffement, sa concentration m’impressionna.


Franck conduisait pendant qu’un lourd silence régnait. Je ne trouvais pas les mots pour détendre l’atmosphère.


En arrivant au stade, on nous enregistra et on procéda au tirage au sort. Le hasard fit qu’elle tomba sur une fille plus âgée qu’elle d’un an. Quand celle-ci arriva sur le terrain, je vis tout de suite qu’elle avait un regard mauvais. J’appris par la suite qu’elle en était à son troisième tournoi. Je craignis que ma fille ne fût pas à la hauteur, mais Angélique me surprit. Elle exploitait les failles de son adversaire à son avantage. Elle gagna le premier set 6/3. Mais au début du second set, elle perdit d’emblée son service. C’est alors que l’autre se réveilla et se mit à rattraper toutes les balles. Mais ma fille fut courageuse, elle profita de son aisance au filet pour enchaîner les volées gagnantes. L’autre n’arrivait plus à suivre. Il y eut un tie-break.


Angélique sut contenir son désir de gagner. Elle respira comme je le lui avais recommandé et reprit une stratégie classique : des balles longues et profondes, légèrement liftées ; des services sur le revers. Son adversaire, qui avait dû tant courir au filet lors du jeu précédent, mit quatre points pour s’adapter à cette nouvelle tactique. Ma fille menait 4-1. Elle dut sentir que son adversaire s’adaptait mieux. C’est alors qu’elle eut l’intelligence de reprendre son jeu au filet. Elle gagna aisément. Elle reçut les applaudissements du public. Nous étions fiers, mais ce n’était que le premier tour. Il fallait remporter trois matchs pour arriver en finale.


De retour à la maison, nous fêtâmes cette première victoire. Elle alla se coucher de bonne humeur, sans parler de ses impressions.


Quelques jours plus tard, elle nous apprit qu’elle ne voulait plus continuer la compétition, à cause de ses études. Elle adorait les matières scientifiques et elle sentait que le tennis lui prenait trop de temps :


- Jouer pour le plaisir, d’accord ; jouer pour gagner, c’est trop sérieux.


Son père fut étonné, mais il se consola en pensant qu’elle n’avait pas l’esprit de compétition, et qu’il valait mieux qu’elle ait toujours envie de jouer plutôt que d’être dégoûtée du sport. Quant à moi, je découvris un nouvel aspect de la personnalité de ma fille. Elle disait qu’elle voulait devenir médecin pour aider les gens et que cela lui demanderait beaucoup de travail, alors que le tennis n’apportait qu’une satisfaction personnelle.


À partir de ce jour, toute son extraordinaire volonté se dirigea vers ce seul but. Et aujourd’hui, je peux dire qu’elle est en train d’y parvenir.


À bientôt, Carau


 
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   Maëlle   
9/1/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Texte trés vivant, et à la fois posé, calme, vraiment agréable. Presque une fable réaliste.

   Anonyme   
12/2/2009
J'aime beaucoup le côté entomologiste de la mère. J'ai l'impression de me voir en train de décortiquer mes ados.
J'aime bien le style, il y a quelques petites choses qui ne vont pas, mais c'est fluide, tranquille. Je ne sais pas si les autres nouvelles sont dans le même genre (elles sont numérotées) et présagent d'une suite (?) aussi je vais aller les lire.
Très agréable moment de lecture.


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