Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Fantastique/Merveilleux
Diafus : Conte de la grande absence : vis et deviens mille fois
 Publié le 25/08/15  -  8 commentaires  -  11803 caractères  -  129 lectures    Autres textes du même auteur

Un troubadour est tiré de son cachot pour une bien mystérieuse mission : porter, en plein hiver, un insignifiant message au cœur des monts du Jura.
Aux portes de la mort lui seront révélées d'étranges vérités, une formidable expérience et un incroyable destin parmi quelques lucidités sur son temps et le nôtre qui lui ressemble fort.


Conte de la grande absence : vis et deviens mille fois


« Tu m’as donné la patience de la pierre et la sagesse de la mort.

Sauras-tu retrouver mon âme dans la multitude des choses et l’avanie de la barbarie humaine ? Souviens-toi ! »


524, plateau de Grandvaux (Jura) :

Je marchais depuis des heures. Le vent, de son haleine glacée, transperçait le cuir graissé de ma cape.

Les épaisseurs de mes vêtements de peaux et de laines ne me gardaient plus de ses morsures. La neige tombait en flocons lourds, couvrant tout d’un égal blanc givré.

Mes bottes, usées depuis longtemps, prenaient l’eau. Elles contraignaient, maintenant, mes pas à une démarche grotesque.

Folie, que ce départ ! Dénué de sens ! Transmettre un message, absurde !

« Par le feu et la prière, plutôt que par le seul fer ! »


Qu’est-ce qu’un luthiste peut bien avoir d’un messager ?

Je suis certes grand voyageur, par obligation, mais mon talent n’est pas là ! Impénitent moqueur des gens de biens, de titres et de guerres : voilà mon office, que pouvais-je avoir d’un porte-parole ?


Bien sûr, elle manquait de lumière cette geôle où l’on m’avait mis, et la maigre paille de ma couche m’en semblait bien humide. Mais j’en avais connu de pires.

Morbleu ! On ne rit pas des grands de ce monde, sans en payer quelquefois le prix.


Mais pourquoi avoir fait déplacer un clerc de Saint-Oyend(4), jusqu'à ma geôle de Clairvaux-les-Lacs ?


– Ah ! Voici notre luthiste ! Te trouverais-tu si bien dans ce cachot que tu n’en veuilles point sortir ?

– Ma foi, Monseigneur ! S’il était en votre pouvoir… (Eh oui ! Être moqueur n’empêche pas d’user parfois d’un peu de flagornerie. Parfois, lorsqu'il la faut !)

– Il est en mon pouvoir de te libérer, oui, mon brave et en oubliant, sur l’heure encore, toutes tes insolences, mais à une condition…

– Que je me taise, sans doute ! Comme toujours ! Or chanter et railler c'est mon gagne-pain, qu’y puis-je ? Il suffit d’en savoir rire.

– Que nenni ! Je ne suis venu, ni pour rire, ni te faire taire ! Au contraire ! Que tu cries et que tu chantes, il m’importe ! Mais que ce soit une fois au moins, au bon endroit, et qu’il s’agisse du texte qu’Antidiole, notre bon seigneur abbé, 5e porteur de ce titre à Saint-Oyend (1), cherche à délivrer à l’abbé Aubert.

– Fort petit service ! Je veux bien le rendre ! Pour ensuite goûter, pour tout l’hiver, meilleur abri que celui-ci…

– Tope là donc ! Tu es notre homme ! Il te suffira d’aller, toutes affaires cessantes auprès de l’abbé Aubert qui, au lac de Grandvaux, fonde une abbaye…


J’étais, disait-il, le seul à pouvoir mener la mission à bien, car je n’étais point soldat... ?


– Seul un fin voyageur peut réussir, là où les gens d’armes d’Antidiole ont échoué. Sais-tu qu’on les a tous retrouvés errants hagards dans la contrée…



C’était hier à peine… Si loin déjà !

On ne met pas à découvert un troubadour au cœur de l’hiver, chacun le sait : sauf les cruels ! Mais je ne pouvais pas même m’en plaindre. J’avais fait un choix ! À moi, dans la tempête et le froid, de le porter.

La traversée de la forêt de la Joux(2) avait été plus éprouvante que prévu. J’étais, pourtant, encore bien loin de mon but et la lumière du jour baissait déjà !

Y arriverais-je seulement ? Le lac de Grandvaux : deux jours de marche en été, un improbable lointain en hiver ?


J’abordais les premiers sapins géants de la grande forêt, lorsque je chus… lamentablement.

Agenouillé, face dans une congère, je n’étais pas plus qu’une fourmi, au pied de ces majestueux princes noirs et blancs, serrés comme des compagnons d’armée, hauts de plus de cent pieds.

Ils me semblaient prêts à refermer, sur moi, leurs grands bras lourds de neige.

Le délire ? Déjà ! Je n’étais pas au meilleur, c’est vrai ! Je devais bien me l’accorder. Le pain sec des prisons et leurs maigres brouets n’ont rien pour vous rendre gaillard.

Je me relevai, vérifiai qu’Ivhiel mon luth, sous ma cape, n’avait point souffert. Tout allait bien de ce côté-là. C’est pourtant sans doute là, lors de cette chute, que je perdis mon coutelas, celui qui jamais ne quitte le routier, sa dernière ligne de défense, en somme !


Ces bois, où j’allais m’engager, étaient l’objet de fantastiques fariboles, de ces légendes que l’on colporte, pour son plaisir et celui de ceux qui vous écoute, sans jamais trop y croire, sans non plus être certain de pouvoir douter…

Mais la nuit venant et la plainte sinistre des loups, au loin, m’avaient décidé à chercher leur protection. L’ombre s’insinuait comme un brouillard rampant dans le paysage.

Pour ne point risquer de crouler sous leurs charges de neige, je louvoyais entre les branches basses des épicéas géants, en suivant, très incertaine, ce que j’espérais être la piste.


Il n’est pas de voyageurs qui survivent, sans quelque sens aigu des choses qui les entourent.

Rien, le plus souvent, qui leur vienne jusqu'à la conscience. Mais quelques humeurs qui les avertissent, tout soudain, d’un danger ou leur indique une aubaine.

Pour moi, ce fut… un silence ! Pas la seule absence de bruit. Non ! Plus profond ! Une omniprésence diffuse.

Face à elle, impossible de fuir, inutile de m’arrêter ! Pour me rassurer, je n’avais que le seul vacarme de mes pas.

L’épuisement et la crainte me gagnaient. La fin approchait, je le sentais ! Quelle qu’elle pût être !

Tant que j’en fus capable, je levai un pied pour l’arracher à la masse froide du coton blanc où je pataugeais parfois jusqu'à mi-cuisse…

Et puis, je mordis la neige pour la dernière fois, épuisé ! Le froid m’avait gagné. Le sommeil m’enveloppait de ses bras pleins de fausse miséricorde.

Le visage brûlé de froidure, en sang, griffé de toute part ! Le corps engourdi de trop de douleurs, je pleurai la vanité de l’instant.

Maudit soit le clerc ! Et l’imbécile qui l’avait écouté ! Je n’avais échappé au cachot que pour mieux embrasser la Faucheuse (3).

Mais, comment mourir ? Puisqu’on en était là !

En barde, bien sûr !


J’étais pour le moins libre, libre de pleurer quelques complaintes. J’en connaissais de fort tristes.

J’empoignai Ivhiel, mon luth ! Oh ! Ivhiel ! Fidèle et ultime compagnon…

Sans souffle et les doigts gelés, j’accompagnai mes dernières forces d’une vague mélodie.

Assurément sans grande harmonie… Le timbre du luth, pourtant, m’emportait au loin… Ou peut-être passais-je, déjà, la porte entre les mondes…


« C’est alors que je vis tes yeux de feu, louve ! Je ne craignais plus rien. Ta dent me ferait une fin rapide !

Mais de mort prompte, il n’en vint pas : tu restas longtemps, bleue nuit, sous un reste de lune visible…

Tes yeux, dans les miens, s’immisçaient jusqu’en mon âme abandonnée. Puis tu t’avanças ! Je jouais toujours, je n’avais plus peur… Sur ma poitrine, tu posas tes pattes, énormes. Crocs visibles, absolue, impérieuse ! Et de ton corps chaud, tu épousas le mien, puis je sombrai dans l’inconscience… »


Quand je me réveillai, car je me réveillai !? Magie !

Autour de moi, régnait un improbable printemps. Une impossible tiédeur baignait ma couche de mousses.

Mes membres brûlaient presque.


"Image changeante, danse d’apparences inutiles ! Tantôt louve, ou néant, tantôt femme, tu resplendissais d’une parure diaprée, baignée de ce silence que j’avais ressenti dans les bois.

« Je suis l'âme du monde,

Et l'esprit du lieu,

La nuit et l’aurore,

La mort et la vie.

Au même instant et l’hiver et le printemps.

Ici, rien ne survit, ni ne meurt que je ne le veuille,

Je suis tout et chacun : animal et végétal. »

Je restai coi… C’était en moi que je t’entendais parler.

« J’ai sondé ton âme, baladin…

J’y cherchais l’homme, et n’ai trouvé que douleurs,

Et la soif du beau !

Sur ton corps, j’ai quêté les traces du fer.

Et tu ne portais aucun de ses ordinaires insignes.

Dénuement et abandon, voici ce que j’ai trouvé.

Rien que peaux et bois, comme il se doit. »

Quel bonheur que le mien d’avoir tout perdu, jusqu’à mon couteau !

« Au contraire des soldats,

Car il en est venu en nombre,

Hommes bardés de fer.

Tous en sont morts ou se sont égarés en leur raison.

Le combat avec leur engeance est à son comble.

Elle avance la maudite horde du fer

Et devant elle, fuit le peuple de la vie. »

Ma raison aurait dû se perdre aussi, comme celle, sans doute, des gens d’armes… "

"Comment recevoir de telles paroles. Il n’y avait là que pure poésie.

Or j’étais poète.

Sublime musique, et je ne vivais heureusement que pour elle !

Parfaite sagesse, je ne pouvais que t’entendre."


« Je sais le cours du temps,

Notre saison n’est plus.

Demain, avec tous ceux du petit peuple

Commence le temps du retrait.

La magie de la vie s’éloigne des hommes.

Nous ne laisserons, ici, que souvenirs et songes.

On croira nous apercevoir encore,

À l’aile d’un conte, au gré d’un rêve,

Mais nous ne serons déjà plus…

On croira nous vaincre,

Quand nous serons loin depuis longtemps…

Il durera, pour nous, le temps d’une pensée, cet exil,

Des éons et une éternité pourtant !

Et lorsqu’à la fin des âges humains, (Car il viendra !

Quand en maîtres, ils croiront, de toutes choses, avoir triomphé.

Et qu’ils n’auront en fait créé que les instruments de leur perte.)

Alors dans le chaos dernier,

Ils goûteront l’humiliation salutaire !

Et nous pourrons rebâtir, peuples unis,

Ensemble, une ère sereine ! »


J’avais vu tant de choses, et j’étais, de tant de misères, fatigué. J’étais, en fait, las de vivre, dans ce temps sans lumière, sans grandeur ni beauté. Or elle était la Lumière : la Grandeur et la Beauté. Alors j’osai :

« Emmène-moi ! Oh ! Merveille ! Emmène-moi ! »


Mais du bout d’un silence, vint ton jugement.

« Ton cœur, homme, est, certes, tout d’amour.

Mais tu n’es pas prêt. Et mon heure n’est pas tienne.

Je te donne, pourtant, de t’ouvrir à l’éternité, et à sa patience !

Dans l’attente de mon heure, tu perdras jusqu’à ta mémoire,

Pour entrer en celle de l’infini.

Ce n’est qu’après long temps d’absence,

À mon retour, homme de rêve, homme de poésie !

Que, pur, tu embrasseras ma vie ! »


Sur mes joues, amères, coulaient des larmes. Elle partait déjà…


« Comment deviendrai-je sage ? » criai-je encore.


Alors, se penchant, comme un alizé sur ma laideur : son souffle se mêla au mien, en un baiser sans limite. Et dans mon esprit, coururent tes dernières paroles :

« Je te donne ma vie.

Je partage avec toi l’infini de mon temps,

Et te livre la multiplicité de mes formes.

Vis, et cent mille fois, deviens !

À la porte des temps,

Nous serons Uns à nouveau ! »...


Puis tout printemps disparut ! Comme fuit un rêve au réveil des hommes ! Je me retrouvai dans le froid, sans plus de joie, aucune !


Je ne sais comment j’arrivai au bord du lac : Grandvaux.

Mais là je compris tout : Aubert et ses gens avaient fait dans les bois environnants d’ignobles saignées. Ils défrichaient à tour de bras, au nom de la croix civilisatrice.

Arrogante croix de fer élevée comme un défi à la verte contrée pleine de vie magique qui l’entourait encore ! Antidiole, par le message que je portais, enjoignait ces fous, pleins de morgue et de violence, au nom des siècles à venir, à violer la vie, à plus grands pas encore. Je restai là, à l’écart, malade… Jusqu’à comprendre !

« Je ne pourrai jamais plus vivre parmi les hommes ! Condamné à la solitude, à des milliers de morts et de naissances ! En m’ouvrant sous mille formes, et ce, jusqu’aux temps annoncés, à la sagesse des mythes et des mystères.

Je n’ai plus aujourd'hui d’autre hâte, ma louve, ma lumière, que ton retour !



(1) Antidiole : 5e abbé de Saint-Oyens

(2) Forêt de la Joux

(3) Figuration allégorique de la mort au Moyen-âge

(4) Ancien nom de Saint-Claude (Jura)


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   AlexC   
11/8/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Hello,

Un texte aux accents médiévaux plein de charmes. Le style aux inspirations d’antan ne pèse pas trop, comme on pourrait le craindre, sur la lecture. Celle-ci s’avère relativement fluide et agréablement dépaysante. La formule du Conte est maitrisée, avec sa vocation moralisatrice, ses côtés surnaturels et ses interludes en chanson. Le thème n’est certes pas original, mais toujours d’actualité. La fin, fataliste et langoureuse, dénote un peu à mon goût. Mais rien de dramatique.

Du bon travail. Félicitations.

   Blacksad   
25/8/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis bon public pour les contes =)

Celui-ci se lit très agréablement... une teinte pré-médiévale (524, c'est vraiment le tout début du moyen-âge) bien rendue, un côté mystico-écologiste (rien de péjoratif) qui donne une touche originale. Tiens, au passage, la louve m'a fait penser à celle de Princesse Mononoké dans le registre, simple parenthèse personnelle.

J'aurais préféré un peu plus de suspense et de mystère lors de la traversée de la forêt enneigée et un discours de la louve un peu moins long...

Je ne sais que penser de la fin, qui reste ouverte, très ouverte même. Sous quelle formes va donc errer ce luthiste pour les siècles à venir ? Mais finalement, ce sont les meilleures fins...

Un texte lu avec plaisir, une histoire simple, des images qui font rêver, du surnaturel bien dosé. Bon travail =)

   Shepard   
25/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'aurais souhaité rester plus longtemps dans cette ambiance glacée. Oui, j'ai bien aimé ce voyage en blanc, et les galères qui vont avec.

" J’abordais les premiers sapins géants de la grande forêt, lorsque je chus… lamentablement.

Agenouillé, face dans une congère, je n’étais pas plus qu’une fourmi, au pied de ces majestueux princes noirs et blancs, serrés comme des compagnons d’armée, hauts de plus de cent pieds. "

Ce passage raconte tout ce qu'il faut, pour moi. L'immensité de la forêt noire, oppressé par des sapins !

Mais voilà, l'aventure se termine trop vite, a peine commencée que notre homme sombre aux portes de la mort.

"Assurément sans grande harmonie… Le timbre du luth, pourtant, m’emportait au loin… Ou peut-être passais-je, déjà, la porte entre les mondes…"

Ça aussi, tristesse et humour, une fin digne d'un barde.

Le réveil, enchantement, pourquoi pas, mais le "dialogue" (ou monologue, je ne suis pas sûr) qui suit est assez confus. J'ai l'impression que le troubadour a ses répliques mais elles ne sont pas indiquées, du coup le tout n'est pas franchement aisé a suivre. Ce passage est un peu long, mais je crois que c'est surtout sa mise en place qui rend la lecture plus laborieuse qu'elle ne le devrait.

La chute est intéressante, mais trop rapidement expédiée une fois de plus. J'attendais le "message" du barde, altéré par son expérience. Un dernier échange avant de se retirer, entre lui, messager du bois et les défricheurs.

Pour moi c'est une bonne histoire avec un joli style (j'aime écrire du "moyen-âgeux" et vous gérez bien la chose, j'aimerais en faire autant...). Dommage que certaines parties soient sous-développées, vous aviez encore de la place... 3-4K caractères de plus avant que la lecture ne devienne trop longue. Elle aurait ainsi pu bénéficier d'un côté plus épique, votre balade.

   Mare   
28/8/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai vraiment aimé cette lecture. Vous êtes parvenu à créer une ambiance dès les premières lignes: j'ai presque senti le froid, la fatigue. La narration a un ton très précis, qui m'a fait voyager dans le temps. Cela aussi j'ai aimé.

Juste une petite remarque (il en faut bien une), mais c'est vraiment un détail. Pour le dialogue, je l'aurais vu un peu moins en "mitraillette". J'aurais laissé de courtes pauses narratives entre les différentes répliques. Cela aurait mieux cadré, je pense, avec le style et le rythme du reste de la nouvelle.

Merci pour ce conte glacé!

   Alice   
30/8/2015
Une idée originale, un ton qui est habilement maintenu jusqu'à la fin. Ça s'empêtre un peu trop dans le lyrisme pour moi par moments, un foisonnement d'accumulations stylistiques m'empêche parfois de bien savourer, ne serait-ce que la dernière phrase et l'effet d'avalanche de "ma louve, ma lumière" mis côte à côte. Je n'ai aucun doute que dans un autre contexte ça peut très bien plaire.
L'esprit environnementaliste au Moyen Âge m'a plutôt fait rire, un cerveau bien contemporain pour l'époque dans tous les genres de réflexions, selon moi. Ne serait-ce que l'adorable mais plutôt improbable emploi du mot magie dans "Quand je me réveillai, car je me réveillai !? Magie !". J'ai eu l'impression d'y entendre la voix extasiée ou ironique d'un jeune de mon âge à l'école, lors même que je ne suis pas convaincue que le mot était doté d'une connotation positive, encore moins légère, à l'époque.
Il est vrai qu'on aurait avantage à comprendre que quelque soit l'époque le monde était toujours bien peuplé d'humains, et non pas de stéréotypes. Je salue donc l'originalité du traitement qui s'assume complètement, mais je pense que le style, un brin larmoyant, rejoint un peu trop le cliché du poète tourmenté d'autrefois pour qu'on puisse accueillir à bras ouverts l'idée d'une mentalité aussi proche de celle de plusieurs gens de nos jours. Ça aurait peut-être avantage à être l'un ou l'autre, le nouveau regard et l'adaptation contemporaine ou l'immersion totale dans le cliché.

Lors de mes deux lectures, j'avais parfois l'impression que certaines bonnes choses du texte étaient arrivées là inconsciemment, ou alors que je les inventais en filigrane. Mais si un texte donne quelque chose à inventer en filigrane, c'est déjà bon signe. Et le fait de mettre des bonnes choses inconsciemment, lors même qu'on mise sur autre chose, est commun et souhaitable en art.
Par ailleurs j'ai vu d'authentiques belles tournures, et une prédisposition pour les phrases courtes aux métaphores brèves, ne serait-ce que l'"improbable printemps", qui n'ont cependant pas été privilégiées dans ce texte, au milieu d'un certain dégoulinement qui doit avoir son charme pour beaucoup de lecteurs.

Je préfère ne pas noter, ne me trouvant pas très qualifiée pour offrir à ce genre de texte une note représentative.

   Mills   
1/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très beau texte.

On retrouve tout des romans moyenâgeux. L'humour subtile, la croyance à l'excès. Un personnage simples et en phase avec la nature.

Le passage de la rencontre est à éclaircir au niveau de sa forme, car effectivement on a parfois du mal à saisir. Et cela pourra donner des indications sur ce qui se passe : Apparition divine ou fabulation ...

   Anonyme   
3/9/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
L'histoire est sympathique sans que sa morale ne soit follement originale. Pourtant, cela n'a rien de péjoratif, tout se tient plutôt bien. La fin est un peu flou à mon sens, le discours sans fin de la louve nous perd un peu, j'avoue avoir du le relire plusieurs fois, je décrochais à chaque fois.

Le style façon conte du Moyen-Age ne m'emballe pas particulièrement, même si je reconnais qu'il aide à mettre dans l'ambiance de l'histoire. Par contre, le dialogue entre le troubadour et le clerc du début, dans la prison est d'un lourd! Là aussi, je n'ai pu m’empêcher de décrocher une fois ou deux. Le dialogue parait trop forcé, trop peu naturel.

"Pour moi, ce fut… un silence ! Pas la seule absence de bruit. Non ! Plus profond ! Une omniprésence diffuse." ... " Pour me rassurer, je n’avais que le seul vacarme de mes pas" Parmi toute les formulation que j'ai apprécié, celle là est une pépite. Les mots sont simples, mais l'ambiance est là, presque palpable. Quelques fulgurances disséminées dans le texte que j'ai particulièrement aimé. Mais le style trop lourd m'empêche d'apprécié à sa juste valeur le fond.

Chapeau bas pour le travail fourni, je lirai les prochains textes avec grand plaisir

Manon

   Anonyme   
28/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour !

Bravo pour ce texte rondement mené. Vous avez une bonne maîtrise des comparaisons qui fleurissent à travers cette épaisse couche de neige, rivalisant toutes d'ingéniosité.

Si je devais chercher la petite bête, je vous dirais que j'ai trouvé le dialogue/monologue un tantinet long, qu'il y a un peu trop de points d'exclamations et de phrases très très courtes (ce qui hache un peu le rythme du récit)

Sinon, mais ça c'est personnel
"Agenouillé, face dans une congère, je n’étais pas plus qu’une fourmi, au pied de ces majestueux princes noirs et blancs, serrés comme des compagnons d’armée, hauts de plus de cent pieds.
Ils me semblaient prêts à refermer, sur moi, leurs grands bras lourds de neige."

Cette métaphore est sans nulle doute ma préférée, et j'ai été très déçu qu'elle ne soit pas filée dans la phrase suivante. On retrouve l'anthropomorphisme avec les "grands bras" mais le "lourd de neige" casse totalement une image qui était pourtant exceptionnelle !

Enfin voilà, mais ce ne sont que broutilles, encore bravo, surtout qu'écrire un texte médiéval qui ne soit pas "pompeux" est chose bien difficile !

Amicalement.


Oniris Copyright © 2007-2023