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Science-fiction
Donaldo75 : Document un
 Publié le 05/06/23  -  9 commentaires  -  5355 caractères  -  52 lectures    Autres textes du même auteur

#1


Document un


Ceci est le premier document. Je ne sais pas s’il y en aura d’autres. L’ordinateur portable fonctionne sur la batterie. J’écris à la lumière de quelques bougies retrouvées dans de vieux cartons. Cette maison ne me rappelle rien. Je me demande comment je me suis retrouvé ici. Mes derniers souvenirs sont confus, malgré une impression de déjà-vu. De la neige, du soleil, un taxi, des images instantanées s’affichent en diaporama dans ma tête. Je ne vois rien d’autre, pas de visage humain ou de présence amicale. Je ne me souviens pas réellement de mon réveil. Pourtant, je suis certain de m’être endormi, ici, au milieu des meubles en bois, des ustensiles de bric et de broc pleins de poussière. Il n’y a aucune trace de vie. J’ai fouillé cet endroit de fond en comble mais cela ne m’a rien appris sur sa nature. Je le définirais de prime abord comme un placard. Il y a des fenêtres mais pas de porte. Les rares meubles semblent fonctionnels mais sans identité propre. Les vieux cartons, dispersés un peu partout, contiennent une multitude d’objets du quotidien.


Mon premier réflexe a été de regarder à travers le carreau. Le paysage est morne. La terre enneigée s’affiche à perte de vue. Au début, le soleil a brillé dans un ciel sans nuage, une sorte d’hiver tranquille et silencieux. Ensuite, l’horizon a pris sa place et la nuit est tombée. Je ne peux pas ouvrir une fenêtre. On dirait que tout est scellé comme dans une maison de Lego dont je serais l’intrus. Bizarrement, je me suis habitué à mon sort, parce qu’il n’y a rien à comprendre. Je ne sais pas pourquoi je suis enfermé ni quand je suis arrivé et encore moins comment tout cela va finir.


J’ai trouvé cet ordinateur portable. Ensuite, je l’ai mis en route, sans me préoccuper de son alimentation. Enfin, j’ai fouillé dans ses entrailles. Cet appareil se réduit à sa plus simple expression. Il contient juste un éditeur de texte et un système d’exploitation basique, tel un banal cahier électronique. Je me suis décidé à l’utiliser, pour écrire ce que je vis et ne pas oublier. Il n’y a ni à manger ni à boire. En fait, qualifier ce lieu de maison ne sert qu’à me rassurer, au cas où je commence à craquer. Il n’y a pas d’eau courante, de toilettes ou de lampe au plafond. Peut-être que je suis dans un container, perdu dans une zone déserte, largué par un camion anonyme.


Mon cerveau forge des hypothèses. Il tente de donner du tangible à l’inconnu, de provoquer un choc salutaire dans ma mémoire défaillante. Je sais qui je suis. C’est déjà ça. Mon passé d’étudiant revient à la surface. Je revois des visages familiers sans arriver à leur donner un nom. Visiblement, j’ai poursuivi des études dans une université de province. Ma logique ressemble à celle d’un physicien. Je formule des hypothèses puis je les étaye par des faits. Je ne crains pas l’inconnu. J’ai même l’impression que la découverte me motive.


J’ai maintenant faim et soif. Des images d’œufs brouillés et de toasts grillés commencent à germer dans mon crâne. Je vais devoir me concentrer sur autre chose. Je ne veux pas devenir obsédé par l’envie de manger et de boire. Les choix ne sont pas nombreux. Côté pratique, j’ai réussi à m’arranger une sorte de lit dans un tapis, avec des serviettes et des serpillières. Il ne fait pas froid, malgré la nuit et la neige dehors. Côté imagination, je n’arrive pas à décoller de l’image du container perdu dans la steppe. J’ai l’impression d’avoir lu une aventure similaire dans un vieux roman. Pourtant, sorti de ce déjà-vu, je ne comprends rien à rien.


Mes yeux commencent à papillonner. Je vais bientôt éteindre l’ordinateur. Je termine. J’ai décidé de sauvegarder mes premières impressions, sous le titre laconique de « Document un ». Je ne sais pas si c’est un signe de désespoir, de résignation ou juste ma personnalité. J’aime bien ce titre. Il est sobre et va droit au but, l’inverse de ma situation actuelle.


Je relate ma vie d’insecte enfermé dans une boîte d’allumettes au milieu de nulle part. Je ne me demande même pas si j’ai envie de poursuivre. Je ne sais pas si demain je vais raconter ma deuxième journée passée à rechercher des souvenirs dans une mémoire défaillante. Je continuerai probablement à inventer des raisons à mon isolement. J’élaborerai des théories sur le pourquoi du comment. Je mettrai de la science dans une situation inhumaine.


La batterie clignote, signe du passage en mode économique. Là vont s’arrêter mes tentatives de journalisme réaliste. Peut-être que ce récit me survivra. Dans quelques milliers d’années, quand un archéologue retrouvera mes restes desséchés dans une maison de Lego. « Qu’est-il venu faire dans cette boîte ? » se diront ses assistants. Leur maître de thèse leur expliquera l’intérêt du site. Il évoquera la beauté supposée de la situation où un fossile humain se retrouve enfermé dans un container, avec les objets de son époque et un témoignage sur le vif.


À leur tour de forger des hypothèses. Ils partiront de mes questions pour bâtir des théories sur mes origines. Ils finiront mon histoire. Je deviendrai un objet archéologique, un morceau d’humanité perdu au sein d’un univers d’objets enfermés dans un volume. Finalement, je devais être fait pour la science. Je ne sais pas si ça me rassure mais je n’ai plus faim, ni soif, juste sommeil. Pour la postérité, je serai le « Document un ».


 
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   jeanphi   
20/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
L'idée est là ... mais pas le développement.
Cette absence détermine ma notation assez basse.
À considérer qu'il ne s'agisse pas d'un micro récit, cette nouvelle me laisse l'impression d'une structure hypertrophiée dénuée de support. Ceci dit sans jugement négatif. Le contenu et la tournure corroborent ce minimalisme.
Le personnage semble gagné de plusieurs certitudes qu'aucunes sources ne viennent étayer, la neige extérieure, la dimension scientifique de sa condition.
J'aime l'idée bien qu'inquiétante, et la déduction menée. J'eus encore préféré que ce récit soit bordé de descriptions sinon explicatives, du moins, figuratives, de mises en perspectives. Cette sobriété me paraît néanmoins efficace et dans le cadre S.F.

   cherbiacuespe   
21/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
C'est "le prisonnier", en pire... Ou le port de l'angoisse, au choix.

C'est bien mené, scénario simple, bien écrit sans être du Flaubert, efficace. Inutile de s'étendre.

Problème pour moi, on se perd vite faute d'horizon. On ne sait ni qui, ni quoi, ni comment, ni quand. D'ailleurs le passé est dérisoire, le présent un mystère - quoique -, le futur, la mort si personne ne vient avec un ouvre-boîte. Plutôt qu'en SF, j'aurais plutôt classé épouvante, et, à cette condition, ce récit aurait eu du sens.

Cherbi Acuéspè
En EL

   Asrya   
24/4/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
aime un peu
A priori, le document un restera le seul document ; difficile d'imaginer que la batterie tienne le coup par la suite.

Le fait que le récit soit "court" colle assez bien au fond, c'est à dire le fait que l'ordinateur n'ait pas beaucoup de batterie. Cela aurait pu être encore plus abouti en faisant en sorte que la dernière phrase ne se termine pas par exemple. Bon, vous avez fait un autre choix : la postérité, le style, "je serai le "document un"" ; ok.

Sur le fond, l'initiative est intéressante, mais n'est pas neuve. Pour que le sujet soit mis en valeur, il faut nécessairement marqué par quelque chose, un procédé. Soit en terme de narration, de style, de panache, soit dans la finalité du récit.
En l'occurrence, j'ai trouvé que cela manquait de "saveur" ; cela reste assez "fade" et il n'y a pas réellement quelque chose de suffisant pour ne pas oublier ce texte à la fin de la lecture.

Ceux qui liront ce "document un" seront, à mon sens, assez déçus du résultat.

Et d'un autre côté, que raconter en si peu de temps ? Que choisirait-on de dire, d'écrire s'il n'y avait que quelques minutes/heures d'autonomie à un ordinateur.
Le sujet mérite réflexion et c'est là que tient la qualité de ce texte : l'idée.

Pas convaincu sur la forme, je pense qu'il y a beaucoup de choses à développer, un autre angle de vue à appréhender pour pouvoir marquer les esprits, mais le thème est là, il faut seulement l'appuyer.
Merci pour le partage.

   Vilmon   
25/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bonjour, désolé, je suis resté sur ma faim. Le récit nous décrit une situation particulière et intrigante pour nous laisser sur le carreau avec aucune action ou évolution de la situation, si ce n’est que cette inquiétude pour la batterie qui s’épuise. Ça manque de volonté de poursuivre et de mener le lecteur sur un chemin qui attise son intérêt.

   Marite   
5/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ce récit a attisé ma curiosité et la forme utilisée rend la lecture aisée avec ses paragraphes bien dosés pour permettre au lecteur de se mettre dans la position du personnage placé dans une situation qui pourrait susciter de la panique. Beaucoup de questions en suspens à son sujet d'ailleurs et j'espère que nous aurons le plaisir de trouver les réponses dans le Document deux ...

   Alfin   
1/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une nouvelle comme je les aime, simple, à l'écriture limpide. L'histoire est énigmatique et, tout comme le narrateur, nous ne saurons pas de quoi il retourne. (sauf que nous, nous sommes tranquille devant notre ordi qui a encore de la batterie...)
Bien vu !

Merci pour le partage
Alfin en EL

   Malitorne   
5/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Je ne vois pas trop l’intérêt de ce micro-récit, il manque quelque chose qui apporte davantage de substance, un élément permettant de prolonger cette situation réduite à son strict minimum. Son classement en science-fiction m’interpelle également, rien ne le justifie, ça pourrait être tout aussi bien du fantastique que du réalisme.
L’idée en tant que telle n’est pas nouvelle mais potentiellement riche car on peut imaginer mille scénarios, or tu n’en fais quasiment rien. L’ordinateur sera vite à court d’énergie et le narrateur crèvera de soif, alors tu essaies d’alimenter comme tu peux en imaginant l’après.
Beaucoup d’indigence dans ce développement, en tout cas trop maigre pour prétendre au statut de vraie nouvelle. L’écriture est efficace mais hélas brasse du vide.

   JohanSchneider   
5/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Je sais bien qu'il y a ici de la gravité à revendre et que le sujet ne prête pas précisément à rire : on ne badine pas avec le post-apocalyptique, n'est-ce pas ?
Pourtant cette nouvelle (qui paraît plus une ébauche de nouvelle, d'ailleurs) m'a fait penser à L'homme fossile (https://youtu.be/Nu4hHx8azrQ) interprété par Reggiani, texte de Pierre Tisserand.
Assez difficile de s'intéresser à un récit qui ne raconte rien, et à un narrateur qui semble se foutre royalement de tout, à commencer par de ce qu'il écrit.

   Cyrill   
13/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut Don,
Comme je prends rarement un texte pour ce qu’il dit, celui-ci n’a pas échappé à cette règle dans un premier temps. Autant que le protagoniste/narrateur spécule en vain sur les raisons qui l’ont amené dans ce container, je spécule moi-même sur l’intérêt de ce récit, en vain également. Comme lui également, je bloque quand il s’agit d’imaginer ceci ou cela, de broder sur un tel minimum.
Du coup, je finis par me dire que l’argument est exactement là : l’auteur place son ou ses lecteurs dans la situation ô combien inconfortable du narrateur ne sachant pas ce que diable il vient faire dans cette galère. À l’image de celui-ci futur objet archéologique, moi et mon commentaire allons devenir objet d’étude pour l’auteur : arg !
Pas étonnant cette impression de déjà-vu, ou de mise en abîme.
Piteusement et avec l’impression de m’être bien fait avoir, j’arrête l’ordi, de toute façon ça n’a jamais été ma came. Je dis pas merci.


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