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Science-fiction
Donaldo75 : Journal d'une singularité
 Publié le 28/03/24  -  4 commentaires  -  15157 caractères  -  43 lectures    Autres textes du même auteur

Une singularité a ceci de particulier qu'elle se trouve en dehors des repères physiques déterminés. Il y a des idées, des théories, mais sans l'expérimentation, cette singularité restera en l'état.


Journal d'une singularité


Je me souviens de ce 1er janvier. L’année commençait pourtant bien. Je venais juste d’obtenir mon doctorat en sciences. De plus, un poste d’astrophysicien se profilait pour moi à l’Agence spatiale européenne. Mon horoscope me prédisait le meilleur pour cette année. Je sais maintenant que l’astrologie et l’astrophysique ne font hélas pas toujours bon ménage.


Le lendemain, j’apprenais mon affectation définitive et ma date de démarrage. Il était prévu que je rejoigne le 1er février le programme de recherche des exoplanètes sur le secteur C du quadrant majeur. Je devais naviguer entre trois sites européens. Le principal se situait à Noordwijk aux Pays-Bas. Il s’agissait du plus grand centre d’observation. Mon employeur me logeait dans cette petite ville, de manière permanente. Par ailleurs, j’étais supposé effectuer de nombreux voyages en Allemagne pour négocier avec les différents fournisseurs l’orientation des satellites. Enfin, la France, essentiellement Paris, constituait le centre administratif, là où étaient prises en charge mes fiches de paie et mes notes de frais. Je trouvais tout ça vraiment génial. J’allais travailler avec des sommités de la planétologie, venues de l’Europe, des États- Unis et de l’Asie. Je n’aurais pu rêver mieux quand j’avais postulé ici, après mon stage de fin d’études à la NASA.


Noordwijk, une petite ville côtière entre Amsterdam et La Haye, plaisait aux amateurs des stations balnéaires de la mer du Nord où s’entassaient les touristes. Mes nouveaux collègues m’avaient reçu avec chaleur. Mon appartement, hors du complexe de l’agence, en plein centre-ville, était spartiate mais fonctionnel, avec une liaison informatique sécurisée, par le câble et par le satellite. Je disposais même d’un vélo de fonction, un engin semblable à ceux qu’on voyait dans les films des années soixante. Enfin, au travail je partageais un bureau étroit avec un vieux birbe anglais qui habitait depuis des années dans ce plat pays. Il m’avait l’air sympathique et connaissait tous les pubs britanniques de la région. Je sentais que lui et moi on allait bien s’entendre. En découvrant le matériel mis à disposition, j’avais failli tomber de ma chaise tellement c’était du haut vol technologique. J’avais accès à de nombreuses ressources diverses et variées, qu’elles soient scientifiques, documentaires ou même humaines. Ces moyens me changeaient franchement de mon pauvre laboratoire universitaire à Orsay où je devais pleurer auprès de mon maître de thèse pour obtenir un petit quart d’heure de télescope. Ici, je n’avais pas à signer des tombereaux d’autorisations pour accéder à des relevés de qualité ou passer des heures au téléphone pour grappiller des informations pas trop obsolètes. À Noordwijk, tout le monde était connecté en permanence avec les autres agences spatiales mondiales, même les plus avancées, celles qui bénéficiaient de budgets formalisés en milliards d’euros et qui lançaient des astronefs dans toutes les directions.


Durant mon premier mois à l’agence, je cherchais naïvement la planète de mes rêves sans vraiment la trouver. Le secteur observé s’avérait très embouteillé d’étoiles en tous genres. J’imaginais toujours le lieu idéal. Selon moi, il hébergerait un soupçon de vie intelligente et orbiterait ni trop près ni trop loin de son Soleil nourricier, juste dans la zone habitable de son système stellaire. Je me disais même que ce serait marrant de regarder un monde qui lui aussi me verrait, comme des voisins qui s’épient sans jamais avouer leurs penchants de concierge. Mon collègue britannique, ce bon vieux Steve, se moquait un peu de mon délire et de ma jeunesse pressée. « Il faut vivre pour observer et non observer pour vivre », m’avait-il lancé un soir d’un ton théâtral, entre deux immenses bières alors que j’étais incapable de lui répondre d’une phrase un tant soit peu construite. J’avais alors compris que j’en avais pris pour dix ans. Cependant, je trouvais la sentence plutôt douce au vu de ma passion pour cette science. Je me souvenais encore des années de labeur pendant mon doctorat et de mes songes d’enfant qui m’avaient amené à choisir la voie de la recherche et non celle de l’ingénierie.


--ooo--


La belle histoire a commencé à prendre l’eau le 8 mars. Ce jour-là, j’avais enfin décidé de vérifier les étranges données de mes dernières observations. Cela faisait déjà trois jours que mes mesures défaillaient. Les informations récoltées défiaient l’entendement. Et je ne pouvais en parler à personne parce qu’elles ne concernaient pas le secteur C ou même le quadrant majeur. Ma curiosité de petit garçon m’avait fait dévier de mes attributions. J’étais allé voir ce que donnait la sonde américaine stationnée autour de Charon, le frère obscur de Pluton, cet univers glacé aux confins de notre système solaire. J’étais depuis toujours fasciné par cet endroit, inexploré pendant si longtemps et depuis peu sous le regard des experts de la NASA et des Européens. Les mesures que j’avais trouvées, au prix de nombreuses infractions au règlement interne, étaient de nature impossible. Les lois les plus élémentaires de la physique s’avéraient bafouées. On nageait en plein délire. Je semblais même être le seul à remarquer que ces chiffres faisaient apparaître une singularité. L’autre option envisageable était que les instruments de l’orbiteur étaient complètement déréglés. Cette hypothèse paraissait également plausible. Seul Steve, mon collègue britannique, pouvait m’aider à débrouiller cette affaire mais malheureusement il était parti dans un séminaire en Allemagne.


Une semaine plus tard, après le retour de Steve et sur son conseil, j’en avais parlé au directeur scientifique du site. Il m’avait un peu remonté les bretelles. Je l’avais bien mérité, ceci dit. Cependant, après vérification, nous avions tous convergé vers la même conclusion. Et j’étais le seul à avoir percuté dès le début parce que mon angle d’analyse était différent du leur. Du coup, au lieu de me virer comme je le craignais, la hiérarchie de l’agence m’avait intégré à la cellule de crise. Nous discutions depuis avec le centre de commandes de la NASA du pourquoi de ces données délirantes.


Mi-avril, la situation ayant empiré, je ne dormais presque plus. Les autres chercheurs de l’agence étaient dans le même état. Pour des raisons de sécurité, le secret était de rigueur. Nos communications étaient coupées dès que nous franchissions l’enceinte du pôle de recherche. La singularité se déplaçait rapidement, en direction des orbites intérieures, en particulier vers Neptune. Sa vitesse s’avérait incroyable, plus magique que cosmologique. Nos extrapolations nous faisaient craindre le pire. Au vu de ses constantes physiques, de sa gravité et de pléthore d’autres indicateurs, la chose inconnue tenait de l’ogresse cosmique. Elle risquait tout simplement d’absorber la géante bleue. D’après nos calculs, cette débauche d’énergie devrait ensuite la diriger en dehors du système solaire, à quatre-vingt-dix degrés du plan de l’écliptique. On aurait alors moins de deux jours pour réorienter tous les télescopes terrestres et ceux qui sillonnaient le système solaire. Plus beau qu’une supernova, ce type de phénomène n’avait jamais été imaginé. Aucune théorie, aucun roman de science-fiction ne l’avait envisagé. Analyser ces mesures prendrait des mois, des années, avant que la communauté scientifique commence à ébaucher un semblant d’explication. Sur le moment, je me sentais chanceux de me retrouver là, en pleine révolution de la physique.


Comme prévu par nos calculs, Neptune avait été vaporisée le 21 avril par la singularité. Heureusement pour nous, le public n’avait rien vu, la planète étant au périgée de sa trajectoire elliptique dans l’orbite du Soleil. Au mieux, quelques astronomes amateurs avaient peut-être observé un scintillement très furtif dans le ciel nocturne. Les chances de tomber sur un tel évènement par hasard étaient largement inférieures à la probabilité de gagner à la loterie nationale. Nous poursuivions les calculs, sur des simulateurs géants, pour nous assurer que ce fantôme vorace quitterait notre voisinage, une fois son appétit comblé. Nous étions encore optimistes, de pauvres fous aveuglés par le déni de leur ignorance. Deux jours plus tard, les observations nous revenaient en pleine face, jetant nos dernières illusions à la poubelle. Au lieu de respecter les fondamentaux de la mécanique céleste, l’ogresse avait rebondi plus bas et courait après une autre géante gazeuse, la malheureuse Uranus.


--ooo--


Ensuite, les événements s’étaient accélérés, du moins dans mon souvenir. À la fin du mois d’avril, Uranus avait sombré dans une mort explosive. La singularité l’avait vaporisée alors que la planète roulait sur son orbite basse. Nos ordinateurs s’affolaient. Les résultats surprenaient. Certains pensaient que l’ogresse cosmique était encore plus affamée et qu’elle visait désormais Saturne pour son petit déjeuner. Nous étions largués dans une course contre le temps. Je ne croyais pas en Dieu mais j’espérais quand même qu’il se manifeste parce qu’on avait vraiment besoin d’aide. Nos faibles moyens, nos théories en bois et nos hypothèses caduques ne suffisaient plus. Les chercheurs s’affolaient. Les gouvernements se déclaraient impuissants. Personne ne semblait en mesure de décider. Nous étions un peuple d’ignorants drogué aux antidépresseurs, enrobés dans de vaines certitudes alors que notre technologie si brillante ne nous permettait pas de comprendre.


Les autorités compétentes avaient réussi à cacher au grand public la disparition soudaine d’Uranus. Elles avaient profité d’une conjoncture favorable dans l’hémisphère Nord et d’un bon bourrage de crâne de l’autre côté de la Terre. Nous pouvions continuer à calculer des cosinus et des écarts à la moyenne sans pression médiatique immédiate, sans raz de marée populaire ou de crise de l’an Mil. Mais calculer quoi ? À quelle sauce allait être mangée Saturne ? La goinfre cosmique ne connaissait qu’une recette. La planète à la vapeur, si possible à l’étuvée, qu’elle avalait cul sec et digérait sans roter. Et après la géante gazeuse aux si jolis anneaux, qui serait la suivante ? Jupiter semblait un bon plat de résistance. C’était la dernière candidate à la densité de guimauve, avant d’aborder les petits cailloux rocheux, puis les sphères telluriques telles que Mars et la Terre. Notre irrépressible envie de compter, de dresser des tangentes et des droites, de jongler avec les fonctions complexes visait à dériver le tout dans une équation divine qui allait nous expliquer la fin des haricots, l’Apocalypse.


Début mai, l’ogresse s’était offert Saturne en omelette norvégienne. Nous avions repris nos calculs pour conjecturer les nombreuses hypothèses de déplacement de ce cataclysme. Les politiques avaient dû expliquer à huit milliards de mortels pourquoi ils avaient vu tout à coup le ciel s’embraser et assisté, impuissants, à un incendie lointain, lumineux comme une pleine lune. Les prophètes de tous crins fleurissaient. Les prédicateurs sortaient de leur caverne. Les groupes satanistes, les fondus, les fatalistes, débarrassés de leur camisole de force, revenaient propager leurs messages obscurs, fiers d’avoir eu raison. Nous devions selon eux nous repentir, nous laver de nos pêchés. Les plus attardés invoquaient les pratiques sodomites, les parjures, les tromperies, le droit de vote des femmes et le mariage pour tous comme les raisons profondes de la punition divine. Notre centre de recherches, désormais érigé en bunker, nous protégeait de ces scènes délirantes presque pires que la colère des cieux. La télévision tournait en boucle sur cette affaire spatiale. Experts et moralistes, ministres et évêques, abreuvaient les écrans de leurs conseils, analyses et théories. L’économie commençait à plonger. Les morts allaient probablement se compter en millions. Le monde s’affolait.


Nous avions quand même eu l’occasion d’espérer, d’entrevoir une possibilité d’hypothétique salut. Pendant un temps, la singularité avait semblé se déplacer moins vite. Elle apparaissait moins gloutonne. Les plus optimistes d’entre nous, dont je faisais partie, pensaient alors qu’elle avait dépensé toute sa monstrueuse énergie. La vorace avait besoin de recharger ses batteries. Avec un peu de chance, en croisant à fond les doigts, nous croyions à la possibilité de se tirer indemnes de ce mauvais pas. La réalité nous rattrapa malheureusement le 4 juin. Jupiter brilla, d’une lumière de quasar, pendant quinze secondes. Cette explosion généra un flot de particules électromagnétiques, donnant le coup de grâce à notre technologie.


--ooo--


Nous sommes retombés dans les limbes de la civilisation, sans téléphone mobile ni Internet. Aveugles et désorientés, nous ne pouvons rien faire ni prévoir. J’écris ces dernières phrases dans la plus pure pénombre, à cinq heures du matin. Quand je regarde le ciel, encore très obscur, une nouvelle étoile apparaît, morte avant d’être née. C’était dans mes souvenirs la reine des planètes, un système complet avec ses satellites, devenue le point d’orgue de cette singularité.


Nous sommes obligés de repartir de zéro. Nous devons composer avec toutes nos incertitudes sur la réalité physique, sur le sort de la Terre, sur notre humanité. L’ogresse cosmique reste invisible, une menace cachée, une force mystérieuse dans l’horizon lointain. Je pense à mes parents, fiers de leur rejeton, de ses études longues, de son job de savant dans une agence spatiale qui n’en porte plus que le nom. L’humanité peuplera le monde d’enfants libérés de la conquête du ciel, de la relativité générale, des quarks et des photons. Ils ne s’encombreront pas de tout ce mysticisme engendré par la science dans le but d’expliquer l’univers, les choses et les bêtes. Tous ces concepts ont été balayés en un petit semestre par un monstre d’énergie. Je ne crois plus en rien. J’essaie juste de survivre. Mes collègues font de même. Nous en sommes arrivés là.


Ici, à Noordwijk, les vieux racontent des histoires tandis que les jeunes cherchent à s’accoupler. L’ordre établi est tombé. Nous restons cependant des gens bien élevés, des cerveaux de première, l’élite de nos pays. Nous ne sombrons pas dans l’anarchie. Notre directeur de site prend en charge ses ouailles. Il commande et planifie les opérations de survie. Pour ma part, je restaure les systèmes électriques avec des bouts de ficelle. Mon collègue Steve, en bon Anglais, a déjà trafiqué un alambic de fortune pour nous concocter un breuvage d’alcoolique. Il reste encore un zeste de folie salutaire dans cette apocalypse. Demain, nous ne pondrons plus de calculs complexes, ne jonglerons plus avec des théories des cordes ou des équations du chaos. Nous reviendrons directement à la pratique, au ménage et à la mécanique. Il reste tant à faire et nous ne savons pas pour combien de temps. Seul l’avenir le sait, si la singularité consent à nous quitter. Nous espérons qu’elle va poursuivre sa route au-delà du Soleil, rejoindre le vide intersidéral et sortir de la galaxie.


 
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   cherbiacuespe   
11/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Encore une fin du monde qui ne nous laisse aucune chance...

Un petit résumé de la vie d'un jeune astrophysicien ambitieux, dans le bon sens du terme. La forme et maîtrisée, le plan est clair, on ne sent pas trop la fin venir, on en devine la possibilité en attendant quand même un heureux rebondissement. Bien écrit, clair, pas trop technique, c'est lu sans difficulté. Cependant le texte manque de quelques dialogues pour le rendre plus vivant, pour accrocher le seul personnage, Steve, qui ne doit pas être triste. Ce qui va ternir ce récit qui aurait pu être envoûtant.

Cherbi Acuéspè
En EL

   Vilmon   
4/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Édition 3 avril : j'ai modifié mon évaluation, après tout, c'est le récit que j'ai le plus apprécié dernièrement, même s'il ne croûle pas sous les plumes.

Bonjour, un récit bien écrit. Plus un mémoire qu’un journal, ce dernier aurait relaté les événements en précisant des dates. Le choix d’un astronome comme narrateur le met au centre du problème, cependant je trouve qu’il manque de la profondeur scientifique qui aurait accompagné un tel personnage. La singularité reste une grande inconnue jusqu’à la fin alors que des spécialistes auraient émis plusieurs hypothèses pour tenter de l’expliquer, auraient analysé les données recueillies dès la 1ere planète avalée. Et pourquoi Jupiter crée un orage électromagnétique et non Saturne ? Il manque une échelle du temps pour que le lecteur ressente la pression de l’urgence et de l’imminence du danger qui approche. Avec cette singularité qui pénètre dans le système solaire, j’imagine qu’il devrait y avoir un écart moins grand entre chaque planète avalée selon leurs elliptiques qui réduisent. On dirait que les planètes sont toutes alignées pour être exactement sur la course de la singularité qui semble bien droite. Et le récit se termine à son milieu, un journal personnel aurait poursuivi jusqu’à la fin de l’événement ou à la mort du narrateur. La partie qui aurait été la plus intéressante aurait été de raconter ce qui se passe quelques instants avant, ce qui advient du monde pendant et ce qu’il en reste après le passage de la singularité. Le lecteur a l’impression de lire que l’entrée et le premier plat d’un repas de sept services. J’ai bien apprécié ma lecture, mais je ne me suis pas senti intrigué par cette singularité ni inquiété par sa venue en suivant ce récit. J’ai aimé y retrouvé quelques points similaires avec mon récit La disparition des étoiles, une histoire catastrophe du même genre littéraire. Il a été plus ou moins apprécié par les lecteurs, espérons que votre texte trouvera un meilleur accueil.
Vilmon en EL

   Neojamin   
18/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Le décor est posé de manière assez scolaire, je suis resté sur ma faim, notamment sur la description du laboratoire de Noordwijk, ça manque de détails plus précis, c'est un peu vague et, du coup, j'ai du mal à y croire, je n'arrive pas à me figurer qu'on parle vraiment d'un chercheur en astronomie...

J'adore par contre cette phrase : "Je me disais même que ce serait marrant de regarder un monde qui lui aussi me verrait, comme des voisins qui s’épient sans jamais avouer leurs penchants de concierge." même si l'emploi des verbes me paraît paresseux, on pourrait rendre cette phrase plus éloquente.

"La belle histoire a commencé à prendre l’eau" Je ne savais pas que les histoires pouvaient prendre l'eau...

Par moment, je trouve que vous en dites trop, certains commentaires de l'auteur me paraissent inutiles et alourdissent le récit (ex: "Je l’avais bien mérité, ceci dit")... alors que paradoxalement, vous ne dites pas grand-chose sur cette fameuse singularité, et je ne comprends pas ce que c'est... si c'est voulu, je trouve ça un peu maladroit, comme si vous forciez un peu le suspense.
Vous en parlez un peu plus ensuite, cette singularité est dangereuse, mais qu'est-ce qu'une singularité? pourquoi ne pas la décrire un peu ?

Le paragraphe commençant par "Ensuite, les événements s’étaient accélérés..." m'a paru confus. Je n'ai pas tout compris et j'ai eu l'impression que vous mélangiez beaucoup de choses, avec une critique du monde moderne légère et entendue. Et tout m'a l'air trop détaché, cela ressemble à un danger incroyable du type Armageddon, mais ça ne transparaît pas... un choix ?

Je ne suis pas fan de l'abondance d'images culinaires... qui apportent pus de discrédit que d'humour.

Ensuite, ça s'accélère, le monde réagit enfin, vous allez peut-être un peu vite et les idées me semblent sorties tout droit de films de science-fiction déjà vu. Un peu plus d'originalité ne ferait pas de mal ainsi qu'un rapport plus humain. Au final, j'identifie l'un des défauts principal de votre nouvelle selon moi, le manque d'humanité et d'émotion. Le texte est très narratif, trop détaché à mon goût.

J'ai toutefois bien aimé le dernier chapitre, peut-être parce qu'il redescend et nous ramène au quotidien du narrateur, je peux me l'imaginer et le comprendre, m'identifier.

C'est plutôt bien écrit, même si comme je l'ai dit, je trouve l'écriture un peu paresseuse (je me permets de le dire parce que je sens que l'auteur/autrice en a plus sous le capot !).

Pour un sujet qui manque d'originalité (mais qui n'en reste pas moins intéressant), je serais intéressé de le lire avec une touche plus intime, une histoire d'humain qui prenne le dessus sur l'histoire d'une planète et d'une civilisation.

Merci pour cette petite escapade lunaire et au plaisir de vous lire à nouveau

   Cox   
20/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Quand un type vous parle de son « doctorat en sciences », c’est un moyen infaillible de s’assurer qu’il n’en a pas ! Et puis, on ne fait pas de stage de fin d’étude pour clore un doctorat ; encore une indication que le narrateur s’invente une vie après le master :p

Le fait qu’il recherche à plein temps de nouvelles planètes à coup de téléscope (habitées de préférence, parce que ça se voit ces choses-là) me fait dire : arrêtons de faire notre borné à relever les points de cohérence technique, on est plutôt sur de la SF-fantaisie et c’est bien aussi. J’arrête donc. Promis. Enfin presque, disons que je m’accorde un Quota de Casse-Couilles (QCC) à 2 points, au cas où l’urgence frapperait. Après lecture et quelques choix cornéliens, j’ai décidé de dépenser mon QCC pour ces deux points :
- périgée s’emploie pour parler d’un corps en orbite autour de la Terre. Pour une orbite autour du soleil comme dans votre cas, on parle de périhélie. C’est pas très important, mais comme c’est une modification très facile à faire, je me dis que c’est un usage judicieux de mon QCC
- Il est rigoureusement impossible de cacher la disparition d’une planète du système solaire à toute la population. Les tentatives de justification du texte ne font que rendre l’idée plus naïve.

Bref, parlons du texte, non ? Je l’ai trouvé suffisamment entraînant et je ne me suis pas ennuyé en le parcourant, j’étais curieux de voir comment la situation évoluerait.
Mais je n’ai pas été totalement emballé non plus. Le problème principal qui m’a freiné, c’est ce côté très vague et schématique du texte. J’ai trouvé la singularité très floue et mal décrite alors que c’est l’antagoniste principal. Elle est d’abord donnée comme un truc qui dérègle la physique, puis comme une espèce de trou noir qui risque « d’engloutir »des planètes. Puis comme un objet mobile « à une vitesse incroyable », pour enfin être admise comme magique. J’ai beacoup de mal à me représenter ce que c’est, quelles sont les formes que ça prend, et les manifestations de sa présence. Le seul élément concret qui est donné c’est que ça fait disparaître des planètes, mais tout ça me paraît vraiment trop vague, trop peu incarné, trop peu visuel pour ne pas laisser une impression de « pas fini » une fois la lecture achevée. L’auteur se fait un peu mousser en disant qu’« aucun roman de science-fiction ne l’avait envisagé », mais d’un autre cote ce n’est pas très surprenant quand on n’explique pas ce que c’est 😉

Je n’ai pas trop cru au personnage á cause de détails techniques que mon QCC à plat m’empêche de mentionner. Cependant, il y a des éléments de pure cohérence psychologique qui dérangent également : la réaction initiale du protagoniste est l’angoisse alors qu’à ce stade, il n’a fait « que » découvrir un phénomène qui révolutionne la physique. Ça chez un physicien, ça provoque l’érection chronique, pas l’angoisse. Bizarrement, l’excitation arrive à la fin du même paragraphe alors qu’il n’y a pas vraiment d’éléments nouveaux : difficile de suivre la logique du perso. L’état d’esprit se fait de plus en plus fataliste et inquiet á mesure que la situation dérape (normal). Et pourtant quand le pire arrive, on regagne en optimisme et on pense au futur, sans trop d’explications : « L’humanité peuplera le monde d’enfants (…) » (libérés de la vilaine connaissance, affaire de mystiques). Les revirements de l’état d’esprit du personnage m’ont paru assez chaotiques et pas super bien amenés.

Le style en lui-même se tient bien, en dehors de quelques éléments que j’ai trouvé un peu lourds (genre ogresse/goinfre cosmique répété 6 fois). Mais je trouve que la narration relève un peu trop de l’exposé, qu’elle ne donne pas assez de corps au récit, d’épaisseur aux personnages et semble finalement être une chronique assez froide et distanciée des événements

Au final : un texte qui a su porter le lecteur que je suis jusqu’à la fin avec curiosité, et ça se respecte. Mais j’en ressors avec l’impression d’un texte un peu trop schématique qui ne me laisse que des idées assez vagues et qui n’a pas tout à fait donné assez de corps à son histoire.

Cox


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