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Réalisme/Historique
donquichotte95 : Sammy et Madame Renaud
 Publié le 30/05/09  -  5 commentaires  -  7503 caractères  -  27 lectures    Autres textes du même auteur

Une rencontre pleine de mystères et de non-dits entre un adolescent, Sammy, et une femme, Sophie Renaud.


Sammy et Madame Renaud


La sonnette retentit.

Même si elle s’attendait à sa visite, Sophie Renaud tressaillit légèrement dans son fauteuil. Brune, la trentaine, visage avenant et silhouette élancée : une femme ordinaire au physique ordinaire. Elle déposa sur la table basse le magazine qu’elle feuilletait distraitement et se leva. Elle emprunta le vestibule d’entrée et ouvrit la porte. Un jeune homme se tenait sur le seuil. Dix-sept ans, peut-être dix-huit. Un look de skateur, avec la mèche rebelle, le piercing à l’arcade et les vêtements qui vont avec. La caricature parfaite de l’ado désinvolte et insouciant.


- Il fait chaud aujourd’hui, dit-il en guise de salut.

- C’est le mois de mai, répondit-elle simplement, s’effaçant pour laisser entrer le garçon.


Il s’essuya mécaniquement les chaussures sur le paillasson et pénétra dans la maison, se dirigeant vers le salon, comme il en avait l’habitude. C’est toujours là que Madame Renaud le recevait à chacune de ses visites hebdomadaires.


- Assieds-toi Sammy, je t’en prie, intima-t-elle d’une voix douce. Veux-tu une limonade ?

- Je veux bien oui, merci, répondit-il avec un sourire timide.


Deux grands verres et une bouteille de limonade étaient déjà disposés sur la grande table du salon. Elle le servit et s’assit dans un fauteuil, en face de lui. Pendant de longues minutes ils ne prononcèrent pas un mot. Elle l’observait en silence pendant qu’il buvait sa limonade. Lui n’osait pas la regarder en face et faisait semblant de s’intéresser à une des peintures murales qui ornaient le salon. Elle trouvait qu’il avait mûri ces derniers mois : ce n’était plus un gamin mais un jeune homme qui se tenait face à elle. Et pour la première fois elle se fit la remarque qu’il était beau.


- J’aime bien celui-ci, dit-il en montrant du doigt une reproduction d’un tableau de Van Gogh.

- Il s’appelle « Nuit étoilée ».

- C’est joli comme nom, se contenta-t-il de répondre.


Puis il se remit à siroter sa limonade, laissant à nouveau le champ libre au Silence. Pensive, elle le regardait toujours du coin de l’œil. Elle se demandait pourquoi il venait toujours la voir. Depuis tout ce temps... Cela faisait maintenant près de onze mois qu’il venait systématiquement lui rendre visite le samedi après-midi à quatorze heures. À chaque fois il restait peu de temps : quinze à vingt minutes, parfois une demi-heure... Seul l’enterrement de sa grand-mère maternelle l’avait obligé à annuler son rendez-vous hebdomadaire lors du mois de février.


- Alors, vous pensez bientôt reprendre le travail ?


Sophie Renaud se raidit. Cette question, Sammy la lui posait régulièrement à chacune de ses visites mais elle provoquait toujours le même émoi chez elle.


- Je... je ne sais pas encore… Peut-être au mois de septembre, dit-elle d’une voix peu assurée.


Ne sachant quoi répondre, Sammy détourna la tête et se replongea dans la feinte contemplation des peintures murales. Depuis plusieurs années, Sophie Renaud multipliait les arrêts de travail : les nerfs qui lâchent, la tête qui ne suit pas... Elle ne savait pas si elle arriverait un jour à reprendre le travail sans risques de rechute. Elle ferma fort les yeux quelques secondes pour faire disparaître les images qui venaient hanter son cerveau. Avec le temps et une thérapie efficace, elle avait appris à chasser rapidement les fantômes du passé qui venaient régulièrement la harceler. Elle reprenait le dessus, finalement.


- Tu veux une nouvelle limonade ? demanda-t-elle vivement, surjouant la femme heureuse et dynamique.

- Non merci Madame Renaud, je n’ai pas fini mon verre.


Elle se cala confortablement dans son fauteuil tout en ne lâchant pas des yeux Sammy. Elle n’avait plus peur de lui. Au début, bien sûr, la simple évocation de son nom la terrifiait. Mais au bout de longues semaines elle avait réussi à surmonter progressivement cette peur insidieuse, une peur qui était devenue colère, une colère qui était devenue méfiance, une méfiance qui était devenue…, etc., etc. Désormais, elle voulait comprendre, tout simplement. Mais elle n’avait toujours pas compris. Et elle était quasi certaine qu’elle ne saurait jamais.


- Ça ne vous dérange pas si j’envoie un texto ? Je sais que ce n’est pas très poli mais...

- Mais non, ça ne me dérange pas, réussit-elle à dire en esquissant un sourire.

- Merci.


Il sortit son téléphone portable et pianota sur son clavier. Sophie Renaud porta à nouveau un regard inquisiteur sur son invité. Que faisait-il ici ? Pourquoi venait-il la voir après tout ce temps ? Dans quel but ? Ces questions, elle se les posait tous les samedis lorsque le jeune homme débarquait chez elle, et elles restaient toujours sans réponse. Au début, il était hors de question pour elle de revoir Sammy, encore moins à son propre domicile. Un beau jour, il lui avait écrit pour lui proposer de venir lui rendre visite tous les samedis afin de discuter, de réfléchir, de comprendre... Écœurée, elle ne lui avait pas répondu mais, dès le samedi suivant, Sammy vint sonner à sa porte. C’est son mari qui lui ouvrit et qui lui referma la porte au nez, lui demandant de filer et de ne jamais revenir, le menaçant d’appeler la police. Ainsi, pendant près de deux mois, Sammy, obstiné et déterminé, vint au domicile de Madame Renaud le samedi à quatorze heures. À chaque fois, le jeune garçon se faisait congédier sur le champ par Monsieur Renaud, et à chaque fois, respectueux et plein d’humilité, il acceptait la sentence et repartait aussitôt, sans insister ni faire le moindre commentaire.


- J’organise une sortie au bowling ce soir, dit Sammy en glissant son portable dans la poche de son baggy.

- Pardon ? sursauta Sophie Renaud, perdue dans ses pensées.

- J’envoyais un texto à un copain pour lui proposer un bowling ce soir, reprit le garçon.

- Ah oui... C’est bien le bowling.

- Je vais inviter une copine aussi... Je peux ? demanda-t-il en ressortant son portable.

- Oui oui, vas-y...


Aussitôt, Sammy se mit à tapoter sur le clavier de son téléphone à vitesse grand « V ». Sophie Renaud soupira. Cela faisait un quart d’heure qu’il était là et elle avait envie qu’il parte. Elle replongea dans ses pensées et se remémora le jour où ce fut elle qui vint ouvrir la porte à Sammy. Les semaines précédentes, elle avait parlé de la situation avec son psy, sa famille, ses amis, ses collègues de travail. Puis elle avait décidé de le recevoir et de l’écouter. Ce jour-là, il resta à peine cinq minutes et ne prononça pas un mot, tout comme son hôtesse. Craintifs, sur la réserve, ne sachant que dire, ils s’étaient contentés de s’observer. Puis il revint le samedi suivant, et ainsi de suite...


- Tu veux une autre limonade ? demanda-t-elle à nouveau.

- Non merci Madame Renaud. Il est temps que j’y aille, dit-il en se levant prestement.


La honte, les remords, le pardon, la rédemption, le sentiment de culpabilité... C’est tout cela qui amenait Sammy au domicile de Sophie Renaud. Elle le savait bien d’ailleurs. Mais à quoi bon ? Le mal était fait, et on ne peut pas revenir en arrière.


- Vous saluerez votre mari de ma part, lança Sammy arrivé à la porte d’entrée.

- Bien sûr Sammy. Bonne journée.

- À vous aussi Madame Renaud. À samedi prochain.


Sophie Renaud, sur le seuil de son perron, regarda partir Sammy qui, quelques années auparavant, alors qu’il avait quatorze ans, l’avait menacée avec un couteau de cuisine et avait tenté de le lui planter dans le ventre devant tous ses camarades de classe, horrifiés et impuissants.



 
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   xuanvincent   
30/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
A vrai dire, les lignes d'introduction m'ont fait penser que cette nouvelle serait plus riche en rebondissement... J'ai failli trouver l'histoire un peu ennuyeuse mais, heureusement, l'idée de la chute m'a plu.

Après relecture, cette chute m'a paru rendre intéressante cette nouvelle, en faisant contraster la banalité des propos échangés entre les deux protagonistes au temps présent et la violence entre ces deux mêmes personnages, qui a dû se passer dans le passé.

Ce texte m'a paru dans l'ensemble convenablement écrit (assez sobrement il m'a semblé).
Détails : quelques termes, en particulier "limonade" et "peintures" m'ont paru se répéter plusieurs fois dans le texte.

Peut-être que l'histoire s'arrête un peu vite ?
Sinon, le lecteur peut imaginer une autre histoire, le passé de ce jeune homme, avant ce paisible rendez-vous avec la vieille dame.

   Selenim   
30/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Dommage, dommage, ça partait plutôt bien.

Sur la longueur, l'auteur n'arrive pas à garder son ambiance intacte. Il manque des détails, l'écriture ne décolle pas vraiment.

J'ai la désagréable impression que l'auteur a bâtit toute son texte sur la chute. Il meuble comme il peut mais les deux protagonistes donnent plus la vision d'un couple de Playmobils stéréotypés qui se lancent des banalités.

C'est vraiment décevant, d'autant plus que l'écriture est loin d'être désagréable. Il manque juste de la matière, un sujet, un souffle qui anime les personnages.

Selenim

   florilange   
31/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
D'abord, j'ai cru que la dame était psy & le gamin, son patient. Quand j'ai saisi mon erreur, je n'ai plus compris le texte : comment 1 personne traumatisée par 1 acte violent peut-elle, depuis des mois, recevoir calmement & régulièrement, chez elle & sans témoin, l'auteur de cette violence? Elle est capable de ça mais pas de reprendre le boulot? Contraire à toute réalité, sauf à être le Pape, rencontrant en prison celui qui a attenté à sa vie.

Tout est bâti sur la chute qui, bien sûr, surprend. Une nouvelle peut-elle être construite seulement sur 1 chute étonnante? Faut ohoisir : est-on dans le réalisme ou dans l'imaginaire? Mais peut-être est-ce seulement mon ressenti?

Style agréable & facile à lire, dialogues bien rédigés, dommage, je n'ai pas accroché. Désolée, donquichotte95, à 1 autre fois!
Florilange.

   marionb   
10/7/2009
Je n'ai pas adhéré, le style est pourtant simple et il tient la route, tout est uen question de goût .. Au plaisir de te lire !
Peut être pour une prochaine fois..

   Manuel   
10/7/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Assez d'accord avec Florilange et Marionb...il n'y a que la chute qui sauve le texte; le reste c'est du bla bla bla.
Je crois que quelqu'un, agressé par un couteau de cuisine, ne supportera plus jamais de rester seule en présence de son agresseur.


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