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Sentimental/Romanesque
Erick : Le détritugoulu
 Publié le 13/06/08  -  12 commentaires  -  33873 caractères  -  60 lectures    Autres textes du même auteur

Il y a des portes qu'on nous dit de ne jamais ouvrir. Que derrière, peut-être, se cache un monstre prêt à nous dévorer. Mais comment savoir sans aller y voir ? Cathy, elle, va franchir la porte interdite... Celle du local à ordures. Et elle découvrira que les pires coins sombres à éviter... se cachent au fond de nos têtes.


Le détritugoulu


C’était la semaine dernière. Le samedi soir j’avais eu du mal à m’endormir. D’habitude moi je m’endors plutôt vite. Enfin je crois, parce qu’en fait je ne me rappelle jamais quand je me suis endormie. Des fois, je m’endors même en plein milieu d’une histoire. C’est comme ça, à la maison. Tous les soirs avant de dormir j’ai une histoire. Et puis après, si je ne dors pas encore, il y a un câlin. Et si je me concentre très très fort pour ne pas m’endormir pendant le câlin, des fois il y a une chanson, aussi. Mais ce soir-là, après la chanson, je ne dormais pas encore. J’ai fait semblant, bien sûr, parce qu’après la chanson si je ne dors pas encore, Papa fait les gros yeux. C’est qu’après la chanson, normalement il n’y a plus rien. Et moi, les gros yeux, je n’aime pas ça du tout.


Seulement samedi soir, l’histoire de Papa, c’était Barbe-Bleue.


D’habitude, les histoires ça ne me fait pas peur. À la fin c’est toujours le gentil qui gagne, et souvent le méchant il est mort ou il est parti très très loin. Comme ça on est sûr qu’il ne peut pas venir nous embêter dans nos rêves. Et dans Barbe-Bleue c’est comme ça. À la fin, Barbe-Bleue il est mort. En tout cas c’est comme ça que Papa a fini.


Et moi j’ai trouvé ça bien. Parce qu’en plus, la princesse elle vit très heureuse avec sa famille avec tout l’or et tous les bijoux qu’elle a pris chez Barbe-Bleue. Alors moi j’aurais pu m’endormir et rêver que je vivais très heureuse avec papa et maman et qu’on avait déménagé de la cité du Bourg-Joli pour s’acheter un château avec juste l’or. Et moi j’aurais gardé les bijoux et j’en aurais juste donné un peu à maman.


Mais le problème, c’est que l’histoire de Barbe-Bleue, avec la petite pièce dans laquelle on n’a pas le droit d’entrer parce que sinon on est morte, eh bien elle m’a fait penser au local à ordures.

Et ça, le local à ordures, ça… ça fait vraiment peur. Pas comme Barbe-Bleue. Des fois je me demande même comment tous les habitants du Bourg-Joli peuvent habiter aussi près d’un endroit pareil et dormir quand même la nuit.


C’est sûrement parce qu’il y a Marcel. Marcel, c’est le gardien. Et c’est lui qui nous a expliqué, pour le local à ordures. Il n’y a que lui qui peut y entrer. Pourtant la porte elle n’est même pas fermée, comme celle de l’histoire de papa. De toute façon elle est cassée et la serrure est toute rouillée. Mais personne ne voudrait y entrer. Parce que dedans… il y a le Détritugoulu !


Quand Marcel nous a parlé du Détritugoulu, on était tous les trois avec Maxime et Hassan. C’était un jour où on s’ennuyait un peu dans le square, et Maxime a proposé une partie de cache-cache. Hassan lui a demandé s’il était sûr, parce que cache-cache quand même, pour Maxime ce n’est pas très facile avec son fauteuil roulant. À part l’arbre des pigeons et les deux bancs, il n’y a pas beaucoup d’endroits où on peut se cacher.


Alors justement, Maxime il a répondu :


- On va dire qu’on n’est pas obligé de se cacher que dans le square. On peut aussi aller dans les halls et dans le local à ordures. Mais pas dans les ascenseurs, parce que là c’est de la triche. C’est Cathy qui colle la première. On compte jusqu’à 40.


J’allais demander pourquoi, d’abord, c’était moi qui collais alors qu’on n’avait même pas fait la plouf, mais Marcel, qui était juste à côté de nous en train de passer une couche de peinture sur un banc, a fait sa grosse voix pour nous dire :


- Tut tut tut qu’est-ce que j’entends ? Personne dans le local à ordures. C’est interdit. Trop dangereux.

- Ben pourquoi ? a demandé Hassan.

- Parce que je te le dis, a répondu Marcel, qui croyait que ça suffisait comme raison.


Mais ça ne suffisait pas. Et Maxime et Hassan, ils lui ont dit. Alors Marcel il a froncé les sourcils, il les a regardés tous les deux en se grattant la moustache, et il a dit :


- Ah ça ne suffit pas, hein ? Eh bien on verra si ça ne suffit toujours pas quand vous aurez fait la connaissance du Détritugoulu ! Ça oui, on verra bien si vous discutez aussi avec lui…


Et il a hoché plusieurs fois la tête en plissant les yeux comme il fait souvent quand il ne dit rien mais qu’il veut dire que ça veut quand même dire quelque chose.


- C’est quoi, le Trituboulu ? qu’il a demandé Hassan.

- Le Dé-tri-tu-gou-lu, a répété Marcel. C’est le monstre mangeur d’ordures du Bourg-Joli. Il y en a un dans chaque cité. Mais le nôtre, il est drôlement gros. Et il est un peu bête, aussi. Alors dans le noir, il pourrait bien vous prendre pour un sac-poubelle, avec vos anoraks à ficelles et vos capuches. Et miam… Il n’y a que moi qui peux l’approcher.

- N’importe quoi, a dit Maxime. Les ordures, c’est les éboueurs, qui les prennent. Je le sais. Même qu’ils passent le lundi et le jeudi.

- Tu penses ce que tu veux, a répondu Marcel. N’empêche, tu devrais réfléchir un peu. Avec tous les appartements qu’il y a au Bourg-Joli, ça en fait, des poubelles. Si le Détritugoulu n’était pas là, c’est tous les jours, qu’ils devraient passer, les éboueurs. Alors que là, ils ne viennent chercher que ce qu’il recrache, ou ce qu’il ne veut pas manger. Les épinards, par exemple.


Alors ça, ça nous a impressionnés !


Pas seulement d’imaginer le monstre en train de manger toutes les poubelles des gens du Bourg-Joli. Mais tous ces sacs plein d’épinards ! Parce que c’est sûr : avec tous les enfants qu’il y a dans la cité, il doit y en avoir, des épinards, dans les poubelles. Mais à ce point-là !… Beeeerk.


En tout cas, ça nous a fait réfléchir, cette histoire-là. Parce que même si un monstre qui n’aime pas les épinards ne peut pas être un monstre complètement méchant, on n’avait quand même pas trop envie de faire sa connaissance. Nous on n’est pas des épinards, et pas sûr qu’il aurait envie de nous recracher… Au début les garçons ils ont rigolé, et ils ont dit qu’ils n’y croyaient même pas, à cette histoire de monstre. Mais ce qui est sûr, c’est que pendant la partie de cache-cache, aucun de nous trois ne s’est approché du local à ordures. Après tout, s’il y avait bien un monstre dedans, ça expliquait pourquoi personne n’entrait jamais dans le local, et pourquoi du coup toutes les poubelles traînaient toujours dehors devant la porte. Si même les grandes personnes n’osaient pas entrer, c’est qu’il devait être drôlement effrayant, ce monstre.


Pauvre Marcel ! Lui, il était bien obligé d’y aller, dans le local. Au moins pour rentrer les poubelles et nettoyer. Peut-être que le monstre le connaissait. Peut-être qu’il l’avait dompté, comme les lions au cirque, et qu’il le faisait sauter par-dessus les poubelles. Peut-être que le monstre l’aimait bien parce qu’il lui donnait à manger dans sa main des boîtes de sardines, des vieux papiers, des épluchures de pommes de terre… En tout cas moi, je me suis dit qu’il était drôlement courageux, Marcel ! En plus quand j’ai demandé à papa et maman, même s’ils ont souri, ils m’ont dit que bien sûr c’était vrai. Et si même eux ils disent que le Détritugoulu existe, alors c’est sûr : il existe.


Mais jusqu’à samedi dernier je n’y avais pas trop pensé, parce que je n’ai aucune raison d’y aller, moi, au local à ordures. C’est maman qui descend les poubelles, le matin, quand elle part faire le repassage chez la maman de Mathilde. Alors s’il n’y avait pas eu cette histoire de Barbe-Bleue, j’aurais même pu finir par oublier. Mais là, j’ai mal dormi. Et ce n’est pas tout. Mal dormir ça n’aurait pas été bien grave, puisque le lendemain de samedi c’est dimanche. Le dimanche on peut dormir, si on veut. Et d’ailleurs il n’y a pas grand-chose de mieux à faire. Parce que le dimanche, au Bourg-Joli, il n’y a pas grand-monde. Tout le monde s’en va. Même Maxime, qui va manger chez sa grand-mère. On dirait que les grandes personnes elles ne l’aiment pas tellement, leur maison, pour partir comme ça dès qu’elles ont le temps d’y rester. Et comme elles emmènent leurs enfants, pour ceux qui restent ce n’est pas très drôle. Nous des fois, on va faire une promenade dans les bois. Et quand on revient papa fait des pâtes. Mais dimanche dernier, on n’est pas sortis. Il faisait trop froid.


Dès que j’ai regardé dehors en me réveillant, j’ai su qu’on n’irait pas dans les bois. Il y avait du vent et le ciel était tout gris. Et dans ces cas-là, papa, il dit :


- Non non non, Cathy. On ne va pas sortir par ce temps-là, tu attraperais la mort.


C’est bizarre, comme idée. En plus j’ai demandé à la maîtresse, ça ne s’attrape pas, la mort. D’après ce qu’elle m’a dit, c’est plutôt elle qui vous attrape. Mais je ne suis pas sûre d’avoir tout compris.


En tout cas papa, lui, je sais bien ce qu’il attrape quand il ne fait pas beau le dimanche. Ses mots croisés. Ou la télécommande de la télévision. Et maman, elle, elle fait du repassage. Un peu comme le reste de la semaine, mais à la maison. Et moi ? Moi je m’ennuie… Alors je joue avec mes poupées, et quand elles en ont assez d’être enfermées, s’il ne pleut pas, je les emmène un peu faire de la balançoire dans le square. C’est ce que j’ai fait ce dimanche-là. Cette fois-ci c’est Pauline, que j’ai emmenée faire de la balançoire. Pauline c’est ma préférée. Je l’ai eue pour Noël. Elle est blonde avec des yeux bleus. Elle a les doigts articulés, et quand on lui appuie sur le dessus de la main elle dit :


- Tu veux bien être mon amie ?


Et si on appuie encore, elle demande :


- À quoi on joue ?


Alors là j’ai appuyé une seule fois, je lui ai dit « D’accord », et je lui ai mis son manteau rouge, celui avec la fourrure, pour qu’elle n’attrape pas la mort en sortant.


J’ai dit à papa que j’allais faire de la balançoire, mais il était tellement concentré sur ses mots croisés qu’il ne m’a même pas entendue. C’est vrai qu’il faisait froid, dehors. Il y avait beaucoup de vent et les feuilles que Marcel n’avait pas ramassées voltigeaient dans tous les sens.


Mais aux balançoires il y avait quand même Hassan. Lui non plus, il ne part pas le dimanche. Quand je l’ai vu sur la balançoire, j’ai d’abord cru que c’était pour ça, qu’il faisait la tête. Il ne se balançait même pas. Il regardait ses pieds, et il ne m’a pas vue m’approcher. Alors pour lui faire une blague je suis passée derrière lui et j’ai appuyé deux fois sur la main de Pauline. Hassan, ça ne l’a pas fait rire. Il a failli tomber de la balançoire, et il m’a regardée d’un air méchant.


- C’est même pas drôle !


Il a dit ça d’un air de garçon pas content. Moi je me suis dit que c’était chez lui, qu’il devait y avoir quelque chose de pas drôle. Parce que ce n’est pas son genre, à Hassan, de parler méchamment. Même quand on lui fait des blagues. Alors je lui ai demandé ce qui se passait, et il m’a expliqué que son papa et sa maman avaient jeté son vélo à la poubelle, parce qu’il prenait trop de place dans l’appartement.


- C’est vrai ? j’ai demandé. Juste pour ça ?

- Ben il était un peu abîmé, il m’a répondu. Mais moi je l’aimais bien, ce vélo. C’est vrai, quoi. C’est pas grave s’il n’a plus de selle. Je peux en faire debout. En tout cas, maintenant je n’en ai plus du tout. Mon père il l’a jeté ce matin. Alors entre un vélo sans selle et pas de vélo du tout, moi je préférais garder celui-là.


Alors là, je comprenais bien qu’il soit triste, Hassan. Les parents, des fois, ils ne se rendent pas compte quand ils font des choses comme ça. Moi, quand j’ai eu Pauline, maman elle a jeté Jessica sans me demander mon avis. Un soir je suis rentrée de l’école, et quand j’ai voulu jouer avec mes poupées je ne l’ai trouvée nulle part. Et puis maman m’a dit qu’elle l’avait jetée. Comme si elle parlait d’un objet, d’une vieille chose dont on peut se débarrasser parce qu’elle est usée. Alors moi j’ai crié très fort, je lui ai dit que jamais elle ne ferait ça avec mamie, et que pourtant mamie aussi elle était vieille et usée, et que moi Jessica je l’aimais sûrement autant, et… et ce soir-là je suis allée me coucher sans même une petite histoire. J’ai pleuré très fort. J’espérais que Jessica m’entendrait, de là où elle était, et qu’elle remonterait bien vite jusque dans mon lit pour me consoler. Et puis j’ai serré très fort Pauline dans mes bras, j’ai fini par m’endormir, et Jessica n’est jamais revenue. Bon, c’est sûr, un vélo ce n’est pas pareil. Ce n’est pas une personne, comme Jessica.


Mais je sais que les garçons, des fois, ils peuvent aimer des choses comme si c’était des personnes. Par exemple papa, notre voiture il l’appelle « ma Titine ». Et je suis sûre que le jour où il faudra la jeter il sera triste, lui aussi. Alors un vélo pour Hassan, c’était sûrement comme la voiture pour papa. Je lui ai demandé s’il avait un nom, son vélo, mais il m’a regardée comme si j’étais la fille la plus bête de la Terre.


Alors je n’ai pas insisté. Je lui ai juste mis Pauline sur les genoux, pour qu’elle lui fasse un câlin, mais il lui a donné une claque et elle est tombée par terre. J’ai crié très fort :


- Ça ne va pas, non ? Elle ne t’a rien fait, Pauline !

- Excuse-moi, il a répondu. Mais moi j’en ai rien à faire, de ta poupée. Moi ce que je veux… c’est mon vélo.


Je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est peut-être juste que ça me faisait de la peine, de le voir comme ça. Alors j’ai ramassé Pauline, et j’ai dit la première chose qui me venait à l’esprit et qui pourrait lui faire plaisir. Des fois quand on a un ami qui est triste, on se sent triste, aussi. Et ça peut faire dire ou faire des choses qu’on regrette après, quand il est trop tard. Là, à le voir comme ça qui regardait ses pieds, ça m’a donné envie de l’aider, et j’ai dit :


- On n’a qu’à aller le récupérer, ton vélo. C’est dimanche, aujourd’hui. Les éboueurs ne passent pas. Il doit encore être au local à ordures. Comme ça au moins tu pourras jouer avec aujourd’hui. Et puis si tu veux, je demanderai à papa et maman s’ils veulent bien qu’on le cache dans notre cave, pour les autres jours.


C’était idiot, de dire ça. Je savais bien que papa et maman ne seraient pas d’accord. Ils diraient que ce n’étaient pas leurs histoires, et que si les parents de Hassan avaient décidé de jeter son vélo c’était sûrement qu’il fallait le faire. Et si je parlais à papa de sa « Titine » et que je lui disais que c’était pareil, je risquais juste de me retrouver encore au lit sans histoire, comme pour mamie. Mais je l’aime bien, Hassan. Et là, pour lui redonner le sourire j’aurais dit n’importe quoi.


- C’est vrai ? il a dit. Tu ferais ça ?


Et ça y était, j’avais gagné : il avait un beau sourire et les yeux qui brillaient. Je me sentais toute fière. Un peu comme quand, dans les histoires, les princesses sauvent les chevaliers. Même si je n’en connais pas beaucoup, des histoires comme ça. Peut-être parce que les parents des chevaliers ne se permettent pas de jeter leurs chevaux à la poubelle sans leur demander leur avis.


Mais moi, là, debout toute droite devant Hassan, je me suis sentie bien grande et bien forte quand j’ai plissé les yeux et que j’ai dit sans hésiter :


- Évidemment que je le ferai.


Et j’ai soupiré à l’intérieur de ma tête en pensant : tant pis pour mon histoire. Pourtant Hassan, il n’est pas resté souriant bien longtemps. Il a recommencé à regarder ses pieds, et puis il a secoué la tête et il a dit :


- C’est pas possible.


Moi à ce moment-là j’étais encore super forte. Et pour moi tout était possible. Il suffisait de le vouloir. Alors j’ai failli lui dire que si, bien sûr, il fallait y aller. Et puis tout d’un coup je me suis souvenu… Barbe-bleue, Marcel, le Détritugoulu… Je me suis revue dans mon lit, la veille au soir, après l’histoire. Et c’est vrai que j’avais déjà beaucoup moins envie d’aller le récupérer, moi, ce vélo, avec toutes ces images-là dans la tête. Mais sans même que j’aie eu le temps de parler, Hassan a relevé la tête, il m’a regardée dans les yeux avec l’air du garçon qui ne veut pas avoir l’air d’avoir peur devant une fille, et il a dit :


- Mais si, tu as raison, bien sûr, que c’est possible. Il suffit de le vouloir. Il faut y aller !


Alors on y est allé. Pas bien vite. Un peu en traînant les pieds. Un peu comme en marchant à reculons dans le mauvais sens. Un peu en faisant attention à ce que ce soit l’autre qui soit devant. Alors du coup, comme on faisait attention tous les deux, on marchait côte à côte, mais tout doucement. Seulement même en allant doucement, j’avais encore l’impression de voir la porte se rapprocher à toute vitesse. Comme si c’était elle qui courait vers nous. Comme une bouche entrouverte qui aurait voulu nous avaler tout cru. Et il y avait le vent qui soufflait dans notre dos, avec l’air de dire « Allez, allez, avancez ! On vous attend là-bas, c’est l’heure du repas… ».


Trois fois au moins j’ai failli dire à Hassan de s’arrêter. Après tout, un vélo ça ne valait quand même pas de se faire dévorer. Surtout un vieux. Surtout sans selle. Mais comme c’était moi qui avais eu l’idée je n’ai rien dit. J’espérais juste que ce serait lui qui abandonnerait en premier. Et à force d’attendre qu’il se décide, j’ai fini par me retrouver avec lui devant la porte du local.


- C’est toi qui as eu l’idée, c’est toi qui entres la première, a dit Hassan.


- Non ! C’est ton vélo ! C’est toi qui veux le récupérer. Moi je m’en fiche, si tu n’entres pas je remonte chez moi.


De toute façon je savais bien que je gagnerais. Ça, c’est un des avantages qu’on a à être une fille. Les filles, ça a le droit d’avoir peur. Et ça peut même le montrer. Des fois même, les garçons ils aiment bien quand on leur dit qu’on a peur. Parce que comme ça ils peuvent faire semblant que eux non, et ça leur donne l’impression d’être plus forts que nous. Mais en fait les plus fortes, c’est nous. Parce que du coup quand il faut faire quelque chose de dangereux ou d’interdit, c’est toujours un garçon qui s’y colle. Sauf quand il n’y a pas de garçon. Là, bien sûr, on est obligé de faire la plouf. Mais je n’ai jamais vu papa et maman faire la plouf pour tuer une araignée à la maison. C’est toujours papa qui s’en occupe. Il fait la grimace, mais il s’en occupe.


Alors bien sûr, c’est Hassan qui est entré le premier. Et Pauline et moi, quand même, on l’a suivi. C’était tout noir, là-dedans. Et ça sentait mauvais. On avançait sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit. Au bout d’un moment on a commencé à voir un peu mieux. C’est comme ça, quand on est dans le noir : nos yeux, quand ils se rendent compte qu’il fait trop sombre, ils allument une toute petite lumière, juste comme il faut pour qu’on voie mieux et qu’on ait moins peur. C’est pratique le soir, quand on est au lit et que papa et maman ne veulent pas qu’on laisse la lampe allumée dans le couloir. Mais moi, là, j’avais quand même encore peur. Alors je serrais très fort la main de Pauline. Et Pauline, quand on lui serre la main, elle ne peut pas se retenir. Et même si elle a une toute petite voix, quand elle s’est mise à parler dans le local à ordures j’ai eu l’impression qu’elle hurlait !


- Tu veux bien être mon amie ?


Il y a eu un grand bruit au fond du local, comme si on renversait des tas de cartons, et des bouteilles et d’autres choses encore. Je pense qu’Hassan et moi, à ce moment-là on a eu très très envie de courir. Le problème, c’est que nos jambes, elles, elles n’étaient pas vraiment d’accord. Ou alors elles avaient juste tellement envie de partir n’importe où, que comme elles n’arrivaient pas à se décider sur le chemin à prendre elles tremblaient dans tous les sens. Et le temps qu’on essaye de leur faire comprendre qu’il fallait se décider à sortir du local en vitesse, de derrière les poubelles qui venaient de s’écrouler Il s’est levé. Et on s’est retrouvé nez à nez avec Lui… Le Détritugoulu !


C’était sûr, maintenant : Marcel n’avait pas menti. Papa et maman non plus. Il existait ! Et il allait se rendre compte qu’on n’était pas des épinards. Et il allait nous avaler tout cru avec deux peaux de saucissons et trois carottes pourries ! J’en ai fait pipi dans ma culotte. Mais je ne m’en suis même pas rendu compte sur le coup, tellement j’étais occupée à ouvrir grand les yeux pour essayer de voir à quoi il ressemblait, ce monstre qui allait me manger. C’est sûr que ça ne servait pas à grand-chose. Mais je ne pouvais rien faire d’autre. Un dimanche où il ne faisait pas beau, j’avais vu un reportage sur les animaux avec papa à la télé. Il y avait un serpent qui allait manger une souris. Et la souris, au lieu de courir se cacher dans son trou, elle restait là à le regarder comme si elle ne comprenait pas ce qu’il avait derrière la tête.


Moi bien sûr j’avais crié « Cours, souris, cours ! Il va te manger ! ». Mais non. Elle était restée là, dans la télé. Et le serpent l’avait mangée. Je l’avais trouvée bien bête, cette souris. Mais là, dans le local à ordures, je comprenais mieux pourquoi elle ne s’était pas dépêchée de se sauver. Parce qu’elle ne pouvait pas, c’est tout. Je ne sais pas ce que la souris a pensé de celui qui l’a avalée, mais moi j’ai été surprise, quand j’ai vu le Détritugoulu. Je ne l’imaginais pas du tout comme ça, avant de le rencontrer. Je pensais qu’il serait un peu comme ce qu’il mangeait. Une sorte de tas de cochonneries vertes toutes molles qui bave et qui avance en faisant des bruits mouillés, avec une grosse bouche pleine de dents et deux gros yeux rouges. Mais pas du tout. En fait… on aurait presque dit un monsieur.


Je dis presque, parce que je ne voyais pas très bien, même avec les yeux grands ouverts. Mais ce que j’ai vu, c’était comme un monsieur, avec même des habits. Mais très très sales. Et tous déchirés-recousus. Et puis plein de poils : des grands cheveux bruns complètement emmêlés, une barbe un peu grise et un peu jaune pleine de saletés, et des tout petits yeux plissés pour essayer de mieux nous voir, Hassan et moi.


Il s’est mis à tousser très fort et à cracher, et je me suis dit qu’il devait avoir quelque chose coincé dans la gorge. Peut-être le vélo d’Hassan, qu’on n’avait pas aperçu depuis qu’on était entrés. En tout cas ça sentait mauvais, quand il toussait. Un peu comme l’odeur que je déteste, à la maison, quand papa invite ses collègues. Moi ces soirs-là je mange une pizza, et puis je vais me coucher et je les entends qui parlent et qui rient très fort jusque très tard dans la nuit. Des fois même ils chantent. Et le matin, quand je me lève, il y a des bouteilles partout dans le salon, et des gobelets en plastique et des cendriers, et ça sent très mauvais. Eh bien le Détritugoulu, quand il toussait, ça sentait le matin après les collègues de papa. Ça m’aurait presque rassurée, cette odeur que je connaissais. Mais je me suis dit qu’en fait, c’était parce que les bouteilles et les gobelets et les cendriers, papa et maman devaient les mettre à la poubelle, après. Et il y avait sûrement plein d’autres grandes personnes au Bourg-Joli qui avaient des collègues et qui remplissaient leurs poubelles de bouteilles et de gobelets et de cendriers. Le Détritugoulu avait dû en manger une comme ça pour son petit-déjeuner. Avec un peu de chance il n’avait plus faim. Mais je n’avais pas envie de le savoir.


Alors comme mes jambes ne se décidaient toujours pas à courir jusqu’à la porte, j’ai fait un effort terrible pour ouvrir la bouche et j’ai dit très vite :


- Excusez-nous, monsieur le Détritugoulu. On ne voulait pas vous réveiller. C’est juste que les parents d’Hassan ils ont jeté son vélo à la poubelle, et nous on voulait le récupérer, et les poubelles elles sont ici, et nous on voulait retrouver le vélo sans faire de bruit, mais c’est ma poupée qui…


- Foutez le camp les mioches !, qu’il a juste répondu en se grattant la tête.


J’avais raison : il avait déjà mangé ! La chance ! Ça pour le coup, ça m’a redonné des forces. Pour ne pas lui laisser le temps de changer d’avis je me suis retournée et j’ai voulu bondir vers la porte. Mais je me suis cognée dans Hassan, qui avait mis un peu plus de temps que moi à retrouver ses jambes, et comme j’allais tomber je me suis rattrapée à lui. Mais les jambes d’Hassan elles n’étaient pas encore redevenues bien fortes. Alors c’est lui qui est tombé en arrière, et on s’est écroulés tous les deux sur une vieille mobylette qui a fait un bruit énorme en s’écrasant par terre. Le bruit a dû effrayer le Détritugoulu, parce qu’il a fait un bond en arrière et lui aussi il s’est retrouvé les quatre fers en l’air. Dans son nid. Enfin je pense que c’était son nid. Il y avait un vieux matelas tout moisi, qu’il avait recouvert de papier journal. Et posés dessus, plein de cartons dans lesquels il était peut-être emballé avant qu’on arrive. En tout cas, vu comme ça, étalé sur le matelas, il était déjà beaucoup moins effrayant. Ça a fini de me redonner toutes mes forces, et je me suis dit que c’était vraiment le moment ou jamais de sortir de là avant qu’il retrouve ses esprits et qu’il nous saute dessus. J’ai attrapé Hassan d’une main, et de l’autre j’ai cherché à tâtons où Pauline avait bien pu voltiger quand nous étions tombés. Et puis je l’ai vue. À mi-chemin entre le monstre et moi.


Lui aussi il la regardait. Et il s’est passé une chose bizarre. Tous les deux, le Détritugoulu et moi, comme si on ne s’intéressait plus à rien d’autre, on s’est mis à courir à quatre pattes vers Pauline pour l’attraper.


Comme il était plus grand que moi il est arrivé le premier, et il l’a prise dans ses grosses mains sales et pleines d’ongles. La pauvre devait mourir de peur.


D’un seul coup j’ai repensé à Jessica, à maman qui l’avait mise à la poubelle. Quel sort horrible elle avait dû subir ! Et maintenant ça allait être le tour de Pauline.


J’en ai oublié que j’avais peur et j’ai crié :


- Rends-la-moi !


Le Détritugoulu m’a regardée, il a regardé Pauline, il lui a caressé les cheveux comme s’il voulait la rassurer, ou moi… Et puis il me l’a tendue doucement. Il a dit :


- Tu sais, avant j’en fabriquais, moi, des trucs comme ça. Puis j’aimais bien ça. J’aimais bien penser aux mioches et à leurs yeux qui brillent quand ils ouvrent le paquet… Mais un jour elle a fermé, l’usine. Ouais, elle a fermé… C’était y a longtemps, tout ça. Ouais, c’était y a longtemps. Allez, foutez le camp, maintenant.


Je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’il racontait. Mais j’ai tendu la main sans le quitter des yeux, je lui ai arraché Pauline, et après, tout s’est passé très vite. Hassan s’était relevé, on s’est regardés et on s’est mis à courir vers la porte. Le Détritugoulu n’a pas bougé. Je le sais, parce qu’au moment de sortir je me suis retournée et je l’ai vu. Il était toujours sur son matelas, le dos tout rond, la tête penchée… et il pleurait !


Une fois dehors j’ai fait promettre à Hassan qu’il ne raconterait rien, et surtout pas que j’avais fait pipi dans ma culotte. Mais il n’y avait aucun risque, je l’ai compris quand il est parti. Il n’a même pas parlé de son vélo. Il m’a dit « À plus tard, Cathy », et il s’est dirigé vers son hall. Sur son pantalon à lui, c’était une grosse tache marron qui s’étalait derrière. À ce moment-là sa maman est sortie et elle a dit en nous apercevant :


- Alors Hassan ? Où étais-tu passé ? On t’a cherché partout. Bonjour Cathy ! Bon, allez, dépêche-toi jeune homme, on a une course à faire avec toi… il y a des magasins de sport ouverts le dimanche.


Elle lui a fait un clin d’œil et ils sont rentrés tous les deux, Hassan en serrant les jambes.


Moi aussi je suis rentrée à la maison. Je me suis changée, et je suis allée dans ma chambre. J’ai repensé tout l’après-midi à ce que le Détritugoulu avait dit quand il tenait Pauline dans ses griffes. Et à la tête qu’il faisait quand nous sommes partis. Il avait vraiment l’air triste. Mais je ne comprenais toujours pas pourquoi. Alors je suis allée m’asseoir sur les genoux de papa, dans le canapé, et on a regardé un documentaire sur des gens dans un pays très loin, qui mangent ce que les cochons ne veulent pas manger.


C’était vraiment une drôle de journée.


Mais en tout cas la vraie surprise, c’est lundi, que je l’ai eue. Quand papa est rentré du travail, on est allés ensemble à la bibliothèque. La bibliothèque, c’est à côté de la mairie. Avec maman on y va à pied, mais quand c’est papa on prend l’autobus. J’aime bien l’autobus. La mairie et la bibliothèque, c’est l’arrêt « Youri Margarine ». C’est rigolo, comme nom.


En descendant du bus, j’étais en train d’imaginer un gros bonhomme qui rit tout en beurre quand Papa m’a dit :


- Attends, Cathy. Deux minutes.


Il a fouillé dans sa poche, il en a sorti une pièce, et il est allé vers un monsieur que je ne voyais pas bien parce qu’il était assis par terre, de dos, à côté de la poubelle de l’abribus. Je l’ai suivi, et quand je me suis retrouvé à côté de lui face à la poubelle, j’ai tout de suite reconnu celui à qui mon papa était en train de tendre une pièce. Aucun doute. C’était le Détritugoulu du Bourg-Joli ! Il avait une pancarte sur les genoux, et j’ai réussi à lire ce qui était écrit dessus : Une petite pièce pour manger, s’il vous plaît. J’ai réfléchi, et je me suis dit que bien sûr, comme on était lundi, c’était le jour des éboueurs. Il n’y avait plus rien à manger, dans le local à ordures du Bourg-Joli. Alors le Détritugoulu était sorti, et comme il avait très très faim il demandait à manger aux gens dans la rue. Mais pourquoi des pièces ? Peut-être que pour lui c’était comme les bonbons pour nous. Tant qu’à faire de réclamer, autant demander quelque chose qu’on aime manger. Même si des fois ça ne marche pas et qu’on se retrouve avec des épinards dans son assiette. Quand papa lui a donné la pièce, le monstre a levé la tête. Il a regardé papa et il a dit :


- Merci m’sieur.


Et puis il m’a regardée moi, et il a fait un grand sourire. Je crois qu’il m’avait reconnue. Ce sourire-là, il m’a fait tout drôle à l’intérieur. Et puis j’ai vu ses dents, et je me suis dit qu’il aurait quand même eu drôlement du mal à nous croquer, Hassan et moi. Elles étaient toutes jaunes et noires, ces dents-là, et tellement usées que sur le devant on aurait dit qu’il n’en avait même plus du tout. En partant vers la bibliothèque j’ai demandé à papa s’il le connaissait, ce monsieur à qui il avait donné une pièce, et il m’a répondu :


- Non. Mais ça ne peut pas faire de mal de donner un petit quelque chose à quelqu’un qui en a plus besoin que soi. Tu sais Cathy, on ne peut jamais savoir si on n’aura pas un jour besoin de quelqu’un qui nous aide.


Là, je me suis posé encore plus de questions. Est-ce que ça voulait dire qu’on n’était pas un Détritugoulu toute sa vie ? Qu’on pouvait le devenir ? Est-ce que moi aussi je risquais un jour de devenir une Détritugoulue et de devoir manger les poubelles d’une cité qui ne serait peut-être même pas la mienne ? J’étais un peu inquiète, et j’aurais bien demandé tout ça à papa, mais on était arrivés à la bibliothèque.


J’ai quand même cherché à D dans le dictionnaire, pour voir si on en disait un peu plus sur les Détritugoulus. Mais je n’ai rien trouvé. Alors j’ai regardé les livres d’aventure, et en rentrant à la maison je ne pensais presque plus à ce qui s’était passé à la descente du bus. Juste assez pour me demander quand le Détritugoulu de notre cité allait revenir à son nid.


Et puis j’ai eu une idée.


Peut-être à cause de ce sourire qui m’avait fait tout drôle en dedans, peut-être à cause de ce que papa avait dit, je ne sais pas. Après la douche et le repas j’ai sorti une belle pièce toute neuve de ma tirelire. J’ai pris Pauline avec moi, j’ai dit à maman que je descendais faire de la balançoire cinq minutes tant qu’il faisait jour et je me suis dirigée vers le local à ordures. Dehors j’ai croisé Maxime et Hassan, qui ne m’ont même pas remarquée parce qu’ils faisaient la course, le premier dans son fauteuil, l’autre sur un VTT rouge tout neuf.


Arrivée au local j’ai glissé la pièce dans la main de Pauline, j’ai bien refermé ses doigts dessus, je lui ai fait un gros bisou sur le front et je l’ai déposée à l’intérieur en passant le bras par la porte entrouverte. Je lui ai dit « N’aie pas peur, je reviendrai vite te chercher ». Je lui ai appuyé sur la main et je suis repartie en courant jusqu’à mon hall.


Le lendemain matin, en partant à l’école, j’ai demandé à maman si elle voulait que je descende la poubelle. Je crois qu’elle a trouvé ça bizarre, mais au moment de sortir je l’ai entendue qui disait à papa :


- Elle devient grande, notre fille, la voilà qui veut participer aux tâches ménagères. C’est bien. Il faudra l’encourager. Tu as une petite pièce ?


Quand je suis arrivée au local j’ai retrouvé Pauline exactement là où je l’avais laissée. Il ne l’avait pas mangée. Et elle n’avait même pas l’air effrayé. Dans sa main, il n’y avait plus rien. J’ai recommencé tous les jours jusqu’à hier soir, et tous les jours la pièce a disparu, mais Pauline est restée à sa place, à m’attendre sagement. Il n’y a que ce matin que je ne l’ai pas trouvée. J’ai eu beau tâter dans tous les coins, c’était sûr, elle n’était plus là.


Alors j’ai appelé doucement « Pauline, Pauline ». Et d’un seul coup j’ai entendu, du fond du local, une petite voix qui me répondait :


- Tu veux bien être mon amie ?

- À quoi on joue ?


Mais je ne suis pas entrée. Je crois que ce matin je n’étais pas tout à fait prête. Il m’a fallu la journée pour y penser. Et me dire qu’au fond il n’avait pas l’air d’être si méchant que ça, ce monstre-là. Et puis que voulez-vous ? Je suis une fille. Et on dit que les filles sont curieuses. Moi en tout cas je le suis. Alors c’est sûr ce week-end, j’en parlerai à Papa et Maman. Je suis sûre que Papa sera d’accord pour m’accompagner. On ira ensemble. La prochaine pièce, c’est moi qui l’aurai dans la main.


Et si vraiment il veut jouer avec moi, alors notre premier jeu sera un jeu… plein de questions.


 
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   i-zimbra   
13/6/2008
 a aimé ce texte 
Passionnément
Mais il fallait arrêter après le dernier « Tu veux bien être mon amie ? » !
C'est un gâchis !!

   widjet   
13/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Ce qui séduit et touche particulièrement dans cette histoire, c'est surtout ce langage enfantin et incroyablement réaliste qui rend la fillette très attachante et si vraie. Etrangement j'ai pensé au petit Momo de La vie de vant soi d'Emile Ajar/Romain Gary (la grossiéreté en moins). L'auteur a parfaitement su s'approprier ce langage là. A cela s'ajoute les interprétations pleins de bon sens, d'espièglerie, de naiveté amusante de Cathy qui je le répète est admirablement bien rendue sous la plume de EricK. Rien que pour cette performance là (car c'est du boulot que de coller à autant d'authenticité), le texte mérite d'être lu et reconnu.

Le personnage du SDF souffre en revanche d'un traitement moins poussé et on peut regretter le peu d'échange avec la fillette mais l'auteur a prit le parti de laisser le lecteur imaginer la suite de la relation et finalement pourquoi pas. L'histoire, d'actualité, demeure classique mais là encore bien traitée, avec sensibilité, nuance et sans mièvrerie ni trémolos(en revanche je n'aurais pas donné d'explication sur ce qui a conduit l'homme à devenir SDF...le lecteur pouvait facilement se l'imaginer....bref pas grave) mais il lui manque quelque chose pour (me) convaincre pleinement.

En tout cas, cette histoire humaniste, avec de bons sentiments (mais sans la guimauve je précise) racontée à travers les yeux petillants d'une gamine est une jolie réussite et je comprends l'enthousiasme qu'elle a pu provoqué auprès des correcteurs.

Vraiment une bonne nouvelle.
Je n'irai pas à la qualifier d'exceptionnelle (on abuse franchement des superlatifs en ce moment sur Oniris) mais je ne doute pas qu'elle rencontre un fort succès qui me parait aussi naturel que pleinement mérité.

Bravo.

Widjet
(attend avec beaucoup de plaisir la prochaine)

   David   
13/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
ça ne me laisse pas indifférent, et c'est bourré d'esprit, bravo !

   Marian   
13/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le style enfantin a ses hauts et ses bas au cours du texte. Autant, si les tournures semblent globalement authentiques, certaines reflexions de la gamine ne me paraissent pas tout a fait coherentes. Par exemple, le fait qu'elle ne soit pas capable de se dire "ca pue l'alcool", qu'elle ne comprenne pas que le detritugoulu n'est qu'un sans-abris... Je crois qu'un jeune enfant est beaucoup plus rationnel que ca.
Ce n'est qu'un commentaire, un point de vue.

L'histoire est amusante. J'ai du mal a determiner si elle s'adresse plutot a des enfants ou a des adultes. Je pencherais pour la seconde possibilite. Le texte utilise (parfois tombe dans, parfois fait reference a) quelques prejuges que les adultes ont a propos des enfants.

Enfin, les descriptions minutieuses, les nombreux details bienvenus donnent au texte une certaine epaisseur litteraire.
J'ai beaucoup aime.

   studyvox   
13/6/2008
J'ai trouvé ce texte "exceptionnel".
Et je n'abuse pas des superlatifs, car c'est lapremière fois que j'utilise cette appréciation élogieuse!
Pasun mot de plus, si ce n'est que j'aimerais être à la place de l'auteur.

   colette   
14/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a beaucoup de sujets abordés et qui pourraient être plus développés dans un récit plus long.
Une belle richesse, une belle histoire.

   Manonce   
15/6/2008
Ben nous, c'était Belphégor qui nous empêchait d'entrer (et nous attirait) dans les caves des immeubles. Une autre époque peut-être ?
J'ai beaucoup aimé le texte et le style.
Merci pour cette histoire. Je me souviendrai longtemps de Détritugoulu.

   Pattie   
15/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci pour cette histoire ! J'adore les histoires avec des enfants narrateurs. J'aime l'univers que vous créez, avec le Bois-Joli. J'aime le style, l'histoire, le Détritugoulu. Comme le dit i-zimbra, j'aurais préféré que l'histoire se termine après le dernier "Tu veux bien être mon amie ?" qui permettait à chaque lecteur de se faire sa fin. Alors que là, ça sombre (légèrement) dans le bof-mouais. Parfois, faut pas finir son histoire, pour que le lecteur joue lui aussi !
Mais mon histoire préférée, même si j'adore le "Détritugoulu", c'est la prochaine qui sera publiée. Un régal, je trouve. (L'auteur peut râler tant qu'il veut pour les risques de l'effet d'annonce ! Il n'avait qu'à pas poster trois bonnes histoires les unes après les autres, et même les unes mieux que les autres, à mon avis ! :-)

   clementine   
15/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je partage l'avis des autres.
J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle. Délicieuse (la nouvelle), la petite qui raconte a le ton juste, lire ses expressions est un bain de jouvence.
Merci Erick. Une réussite.

   aldenor   
17/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un régal. Jusqu'à la dernière journée où l’humour baisse et qui verse dans une certaine facilité. En particulier, je suis d’accord avec les commentaires précédents au sujet de la conclusion, assez ratée.

   xuanvincent   
20/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Beaucoup de commentaires ont déjà été écrits sur cette nouvelle.

J'ai tardé à la lire... Mais je dois reconnaître que, malgré sa relative longueur (pour un texte humoristique), je l'ai trouvée bien écrite et amusante !

"Le détritugoulu", qui pourrait être un mot d'enfant, le titre à lui seul est drôle !

J'ai surtout apprécié la manière dont l'auteur s'est glissé dans la peau de la narratrice. On dirait bien une enfant (bon, une fillette qui cogite pas mal) qui s'exprime.

   Menvussa   
14/1/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Encore un texte d'une grande fraîcheur, tranche de vie.
Je pense également que le texte aurait dû s'arrêter juste après le :

- Tu veux bien être mon amie ?

Mais j'imagine que ce récit comme les deux autres que j'ai lu, font partie d'un "roman" relatant les aventures de ce petit "club des trois" et que la dernière phrase sert peut-être de transition pour la suite.


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