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Humour/Détente
Faolan : Une petite histoire grolle
 Publié le 09/03/09  -  23 commentaires  -  6583 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Une femme ; des chaussures.


Une petite histoire grolle


Aussi vrai que je m'appelle Salomé, ma vie sentimentale se résume à une brochette d’amourettes de collégiens et de coucheries d’un soir.

Un désastre…

Cela amuse un temps mais, à trente-quatre ans, j’aspire désormais à autre chose.

Pas nécessairement me faire passer la corde au pied, non, ce que je désire, c’est une relation sérieuse, qui dure.

Loin d’être pantouflarde, des sorties et des rencontres, j’en fais. Plus qu’il n’en faut d’ailleurs, Chabanais (1) ne manque pas d’occasions pour cela.

Mais c’est à croire que les personnes intéressantes fuient les endroits que je fréquente.

C’est sans aucun doute là que le bât bouche, car si la quantité est présente, la qualité fait défaut.

Ah pour sûr, ça se bouscule au bottillon : gravures de mode superficielles ou caricatures de Philip Seymour Hoffman.

Vous parlez d’un choix !

Et je vous passe les détails sur les têtes de mules aux mentons en galoche qui se cramponnent à moi toute une soirée…


Néanmoins, aujourd'hui, j’espère inverser la tendance : speed dating !

Sept tête-à-tête de sept minutes chacun, sept paires de chaussures à considérer.

Comment ?

Vous ne le saviez pas encore ?

Allons, messieurs…

Pourtant, ce sont bien elles que nous, les femmes, regardons en premier chez vous. Pas vos fesses ni vos yeux, non, vos brodequins, socques, tennis ou autres pataugas !


Et en couvre-pieds, je m’y connais, j’ai chez moi une pièce entière dédiée à la godasse, un shoeroom de quatre cent cinquante paires classées par ordre alphabétique : d’abarka à zōri, en passant par découpés, espadrilles et tricounis.

Plus qu’une passion, c’est un véritable culte que je leur voue.

Cela, je le dois à mon père, cordonnier de profession qui, alors que je n’étais pas plus haute qu’une cuissarde, m’initiait déjà aux plaisirs du soulier en me bottant régulièrement l’arrière-train de son quarante-six et demi.

Je ne m’éterniserai pas plus longtemps sur l’éducation spartiate que j’ai reçue car je sens déjà que je pompe l’air de certaines personnes.


Tout à l’heure donc, les rez-de-chaussée des candidats m’en apprendront autant, voire plus, que tout ce qu’ils pourront me dire durant le temps imparti.

Des Derby ? Élégance, simplicité et décontraction. Fonce ! Des Richelieu ? Méfiance. Trop raffiné pour être honnête. Des "bateau" ? Attention, comportement houleux.

Il me faudra cependant garder les œillets en face des trous ainsi que maîtriser mes émotions afin de rester attentive au moindre détail. Cela m’évitera de me faire à nouveau manipuler par des hommes peu scrupuleux comme Thomas, le maître-nageur de la piscine municipale.

Celui-là même qui, un jour, sans-gêne, m’a accosté et prodigué quelques conseils afin de parfaire mes ronds de jambe en brasse.

De quoi se mêle-t-il ? avais-je sitôt pensé, sur la défensive.

Puis, sans que je ne m’en rende compte, par ses regards furtifs, ses sourires timides et ses rougissements craquants lorsque nous parlions, il m’a séduite.

Un soir, alors que nous assistions à la représentation des ‘Fourberies d’Escarpin’, un désir irrépressible nous fit quitter la salle pour la banquette arrière de ma voiture où, pour la première fois depuis notre rencontre, nous avons abandonné nos corps nus et chauds sur le tissu des sièges.

Lui sans lacet, moi l’enlaçant, inlassablement.

Cette nuit-là, toutefois, au moment de lui ôter ses Gucci, j’aurais dû comprendre que je n’étais pour lui qu’une aventure.

Malheureusement, l’idiote naïve que j’étais n’a pas pris garde aux deux boucles dorées présentes sur chaque applique. Cet abject élément aurait dû éveiller chez moi les pires soupçons.

Deux mois plus tard, alors qu’il me l’annonçait, les yeux lâchement baissés vers ces mêmes mocassins en daim, j’associais enfin les anneaux à l’adage : ‘Homme en chaussures à boucles, homme en couple.’ (2)

Si rage il y a eu au moment de notre rupture, je ne m’en souviens plus. Elle fut en tout cas immédiate et définitive, annulant par ailleurs notre voyage à Santiago.

Bien des semaines après, je l’avais toujours et bien malgré moi, dans la peau.

Lorsque je me promenais dans la rue, une vague impression… lui dans mon dos, prêt à me serrer dans ses bras.

Est-ce Thomas dans mes talons ? me demandais-je, le cœur battant.

Cependant, quand, enfin, j’osais me retourner, je ne trouvais derrière moi que les cent dalles du trottoir.


Et me voilà, une overdose de chocolat plus tard – oui, j’ai compensé –, indécise, devant mes quatre cent cinquante modèles, à me demander lequel je choisirais pour mes rancards de dix-neuf heures.

Bien sûr, j’en ai pour chaque occasion : demi-bottes zippées ou bottes "Hox" pour les sorties en boîtes de nuit ; chaussons pour mes cours de savate ; ghillies pour les soirées irlandaises ; saut de lit pour l’intérieur ; pompes funèbres pour les enterrements ou encore, ballerines pour la danse classique.

Mais pour les rencontres amoureuses rapides et en série, que mettre ?

Le choix est crucial, en aucun cas je ne voudrais paraître cavalière.

Alors…

Femme fatale en talons aiguilles ? Sûrement pas. À mes dépens, j’ai pu constater que cela attirait les coups d’un soir ou faisait fuir la gent masculine. Dans les deux cas, je suis perdante. Sixties en chapeau melon et bottes de cuir ? Éculé. Princesse d’un soir en pantoufles de verre ? Non. Je ne voudrais pas passer pour une fille fragile et, de toute façon, trop risqué si la soirée se prolonge au-delà de minuit.


Finalement, la plus simple des solutions serait que je garde celles que je porte pour l’instant. Mais si mes souliers sont rouges, signe que je recherche une relation durable, je ne préfère pas les porter en de telles circonstances. Je me les réserve pour des moments comme maintenant, quand la pression monte, quand plus rien ne va, quand tout va de guingois.


Mais j’y pense… les souliers verts, à talons hauts.

Où ai-je bien pu les ranger ?

Chanel, genouillère, moon boot, …

Ah ! Sandalettes.

Voyons ce que cela donne…

Discrètes, gracieuses et sensuelles. Parfaites !

Les lanières enlacent admirablement mon pied de Vestale et le mettent en valeur, l’ensemble dégageant même un petit côté femme au foyer qu’un homme avisé ne manquera pas de remarquer et d’apprécier.

Là c’est sûr, je ne peux que plaire.


Bien, il ne me reste plus qu’à choisir mes sous-vêtements et je ne vois pas ce qui pourrait empêcher un grand, blond à la chaussure noire de me rouler un patin.

Qui sait ?



* * *


(1) Charente, France

(2) Mao Tsé Tong


 
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   Menvussa   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une lecture où l'on prend son pied. Humour et belle écriture y font bon ménage et chacun devrait y trouver chaussure à son pied. Un pied de nez à la littérature guindée, un délice.
Encore un texte qui va me faire passer pour laxiste auprès des critiques pointilleux.

Je ne vais pas relever tous les jeux de mots, ils sont légions.
Et l'exercice consistant à jouer sur les sonorités pour placer "un pied, une chaussure, une allusion pédestre" en place du mot attendu, est parfaitement réussi.

Je ne sais si Faolan chausse du 32 ou du 46, mais sa chaussure me va comme un gant, histoire de ne pas perdre la main.

   Selenim   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Quel pied!

De l'humour, encore de l'humour, toujours de l'humour comme dirait l'autre.

Jeux de mots en rafale, ton léger et esprit frais, tout ça me plaît.

Bien sur, pour placer tout ce petit monde dans un si petit texte, il faut faire des concessions sur la structure et certains jeux de mots sortent un peu de la manche de Gérard Majax.

Le sourire reste accroché jusqu'à la fin ce qui est plutôt bon signe.

P.S: Les souliers verts sont-ils un clin d'oeil à Linda Lemay?

   Anonyme   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bravo ! J'ai cliqué sur la nouvelle, vaguement inquiète, m'attendant à touver un texte relatant les mésaventures d'un petit être d'héroïc fantaisie.
Mon chagrin : arriver à la fin de ce texte.
Félicitations !
Et comme d'habitude dans ces cas d'engouements excessifs, je ne sais pas critiquer. Qu'y a-t-il à critiquer ? Je passe mon tour, je laisse ça aux pros. Moi j'ai aimé. le style, le fond, la forme, l'impertinence, l'humour et la recherche.
Lol ! Je viens à peine de piger le titre. Merci Faolan pour ce très bon moment de lecture.
(sincèrement, je ne suis pas certaine de mater les chaussures de ces messieurs... en premier ; mais il est vrai que lors d'un entretien d'embâuche elles disent beaucoup et vu le genre de CDI que la narratrice recherche...)

   liryc   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Vraiment drôle, surprenant, imaginatif.
Le texte semble couler sans difficulté, pourtant mûrement réfléchi, gommé et retouché. Sans doute. Beau travail.

Que donneront les sept tête-à-têtes? :-)

   Anonyme   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Assez d'accord avec ce qui précède.
Cependant, loin de moi l'idée de donner un coup de pied dans la fourmilière, ou de venir avec mes gros sabots, mais quand même :

Tout d'abord, il serait étonnant que le premier regard d'une femme sur un mec s'abaisse à ses panards. Ou alors, ces Messieurs auraient vraiment levé le pied...
Ensuite, un petit oubli, me semble-t-il, à "Celui-là même qui, un jour, sans-gêne, m’a accosté" : un petit e n'irait-il pas comme un gant à accostée ?
Enfin, la pointure de sitôt me semble un peu juste pour chausser confortablement la locution avais-je pensé : un aussitôt apparaît d'emblée comme meilleure chaussure à son pied.

   Anonyme   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Jubilatoire... les cent dalles j'ai vraiment aimé, pourtant je m'y attendais)

mes souliers sont rouges aussi, mais j'aime bien alors pas de tracas...

trop facile de dire ici que j'ai pris mon p... mais oui ce fut bon...

Pourtant je suis pas fan fan d'un tel enchaînement de jeu de mots callembordesques

   Anonyme   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une bonne idée, bien exploitée.
Une écriture agréable.
J'ai bien aimé.

   xuanvincent   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cette nouvelle m'a paru bien écrite, bien située dans l'époque contemporaine, et sans doute assez drôle.

Toutefois, je reconnais qu'il m'a été un peu difficile d'accrocher à ce récit (ce texte ne doit en fait pas vraiment correspondre à mes goûts de lecture).

   Anonyme   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Hilarant! J'ai vraiment accroché à cette histoire au point de la relire deux fois pour retrouver les jeux de mots que j'avais pu rater!

Il y a des trouvailles géniales, d'autres plus classiques, mais on ne tombe jamais dans le "prét à porter" de l'humour.

Je mets mes hommages à vos pieds homme ou femme Faolan!

   FABIO   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai vraiment bien aimé, on a l'impression d'être intime avec l'auteur
d'être son meilleur ami(e). Et tout cela grâce a une façon d'écrire originale. Chaque lignes est imprégnées du caractère du personnage.
Tout cela parait simple mais a du demander un long travail.BRAVO

   Nongag   
9/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Sympathique. Une jolie verve. Quelques beaux sourires. Plein de jeux de mots assez réussis.

Pas grand chose à dire. Bien écrit. Une lecture agréable.

   Anonyme   
10/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai aimé.
J'ai juste un regret pour le shoeroom... pas très subtil... mais sinon le reste...
Les jeux de mots, mais pas trop pour ne pas alourdir, une belle petite histoire (de) grolles.
les souvenirs, les annecdote, "c'est là que le bas bouche...", bien!
Sympa, frais (fait rare pour une histoire de pieds...) et fluide.
un petit divertissement sans prétention, bien sympa.

Merci Faolan, décidément, y a de l'idée derrière ce pseudo.

   Malka   
10/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte amusant où les jeux de mots sont bien trouvés.
A écouter en musique sur quelques notes du groupe trad. "Mes souliers sont rouges" !

   Anonyme   
10/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
C'est drôle, tu n'en fais pas trop, les jeux de mots sont bien amenés
J'aime bien shoe room ...
Merci

   jensairien   
10/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
un vrai bonheur ce petit texte bien sympathique. Le titre est très fort. Même si tout tourne autour des jeux de mots, la plupart sont très drôles, si cette nouvelle est réussie, à mon avis, c'est parce que l'on sent vraiment une personne derrière les mots, une histoire, et pas seulement un exercice autour de la chaussure.
J'aime bien aussi l'idée de tomber amoureuse d'un maitre nageur, profession qui ne nécessite point de godasse. Sinon, il aurait pu s'appeler André.

Ah oui, les souliers verts, c'est pas du Lynda Lemay ça ? (bonne chanson d'ailleurs)

   Flupke   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Sympathiques ces jeux de mots sur un champs lexical (même si c’est un peu au détriment de l’histoire elle-même).
Bonne idée les italiques, à la relecture je me suis rendu compte que j’en avais raté un. (et j'ai failli rater Mao).

   Anonyme   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un super moment de lecture ! Le pied, en quelque sorte !
Bizarre quand même que les demoiselles d'aujourd'hui définissent leur choix à partir de ce détail vestimentaire, à moins qu'elles ne rêvent d'un mariage en "grandes pompes"!

   victhis0   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Pas mal...Moi qui suis un malade de chaussures (je les dessine moi même!!!) je ne peux qu'aprécier cet hommage maîtrisé aux jeux de mots ni faciles ni médiocres

   Anonyme   
12/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je sais gré à l'auteur de ne pas avoir chaussé le cothurne et j'avoue que cette histoire m'a bien fait prendre mon pied.
Tout du long. Sans coup de pompe.

   aldenor   
13/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Drôle et original. Mais je trouve que ca manque parfois de clarté et la construction des paragraphes et des sauts de lignes est assez déroutante.

   widjet   
15/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Contrairement à d’autres textes dans le genre « Devos », j’ai trouvé celui-ci plus convaincant et les trouvailles plus recherchées.
J’ai aimé ces jongleries de mots ainsi que l’écriture et le rythme dans son ensemble (malgré en effet une construction plus bancale).
Voilà un texte original, prometteur et plutôt plaisant.

Widjet

   Anonyme   
18/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une histoire qui donne le sourire aux lèvres du début à la fin. Des jeux de mots très amusants. Beaucoup de recherche et de travail pour cette nouvelle.
Bravo à toi Faolan ! Je ne peux dire qu'une chose : encore ! Vivement les prochaines ! ;))

   in-flight   
7/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Effectivement on pense tout de suite à Devos, non pas que vous ayez pompé (mais de quoi il se mêle celui là?) mais vous avez trouvé la juste pointure dans l'humour pour ne pas lasser le lecteur.

Voilà pour ce petit coup de cirage.


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