Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Sentimental/Romanesque
FilledeJoie : L'homme en noir
 Publié le 23/03/10  -  8 commentaires  -  16783 caractères  -  104 lectures    Autres textes du même auteur

Elle est belle comme un matin de printemps.


L'homme en noir


Il est vingt-deux heures. L’air est glacé dans la gare, pénétrant. Les passants traversent, foulent cet endroit sans un regard pour l’homme qui se tient debout sur le quai, le regard fixe, placide, glacé comme le temps. Il porte un costume noir et qui semble neuf. Il tangue légèrement, devant les trains qui s’arrêtent doucement. Parfois son regard s’égare sur quelques affiches ; une femme nue, en noir et blanc, à l’effigie d’un parfum, des peintures hollandaises, qu’il a aimées il fut un temps. Et dans tout ce brouhaha de vie et de passage, le vide dans son esprit, total, neuf, un vide où ne danse aucune mémoire. Il attend. En fait, il aimerait sauter, laisser son corps tomber dans les rails, pour ne plus rien entendre, rien qu’un bourdonnement sourd, le calme infini de la mort. Le noir salvateur, pour toujours.

Il pense aux étoiles, oui, peut-être revoir les étoiles avant ce saut mortel, une dernière fois lever les yeux sur cette brillance sublime dans un ciel d’encre. Mais à Paris, les étoiles sont ternes et le toit du monde voilé comme une brume indistincte. Pourquoi se tient-il là ? Personne ne le sait, même pas lui, attiré irrésistiblement par ce trou béant, intime, envoûtant, qui le dépasse, le traverse. Il sait juste qu’à présent, ici, les étoiles ne brillent plus, et le souvenir de leur éclat dépose dans son cœur une trouble mélancolie.

Un chagrin ineffable, qui pèse de tout son poids dans son dos, et l’incite à tanguer plus encore vers l’avant. Il aurait pu choisir l’eau brune de la Seine, mais ici, droit et en équilibre précaire au bord des rails, il se sent presque bien, apaisé, tranquille ; le silence intact dans son esprit contraste avec le bruit, cette dichotomie lui plaît, l’amuse même. Il n’a sans doute pas perdu le sens de l’humour, il s’est seulement assombri, tirant vers le cynisme. Il esquisse un léger sourire, oscillant plus encore. Il a toujours raté ses suicides, même pas foutu de mettre fin à sa vie ratée, il a fallu que ses tentatives de mort le soient aussi. « C’est assez tragi-comique », pense-t-il, et son sourire s’agrandit dans son visage, pâle comme la lune qu’il ne verra plus.

Il est si bien ici, entre deux concepts, entre la vie et la mort, gisant dans une espèce d’éternité tranquille, provisoire. Il sait que d’une minute à l’autre il lui faudra choisir : la vie, la mort, le jour, le soir, la fin, l’achèvement, la terrible continuité d’une vie incolore, affreuse. Sous ses pieds, la vie, devant ses yeux, la nuit. Tic-tac tic-tac. Le temps passe, et il vacille de plus en plus, titubant comme s’il avait bu, bien incapable de se décider. Il ne peut s’extraire de ce monde parallèle où il demeure, ce monde entre deux, empli de beauté, comme retranché dans une bulle au-dessus de la terre, cet instant suspendu dans l’air, ce flottement parfait, exquis.


Puis, soudainement, tout part en lambeaux ; toutes ses convictions se diluent, s’éteignent comme une lumière, s’enfuient…

Il y a des sourires qui nous sauvent, parfois. L’homme ne sait plus, il pensait que la beauté n’était pas de ce monde ; ce jour-là, à cet instant précis, il pensait qu’elle existait seulement dans le mouvement de balancement d’une vie vers une mort, mais certains sourires remettent tout en cause… Cette femme, sur le quai d’en face, il ne peut éluder son image ; elle le fascine telle une apparition divine, comme un ange que l’on n’attendait pas, comme un ange que l’on n’attendait plus. Elle est là, le regardant en souriant, belle comme un matin de printemps. Il ne pensait pas que c’était possible, mais dans cette gare, au bord du précipice, il croise le plus beau sourire qu’il n’ait jamais vu, plus beau que les étoiles encore. Pourquoi tant de mièvrerie à l’aube de sa chute radicale, sans appel, cette chute ultime qu’il prévoit depuis des mois comme un long voyage ?

Ses cheveux sont roux, sa peau claire et lumineuse, ses lèvres vermeilles, elle a l’air d’une enfant égarée, mais son sourire entendu est celui d’une femme qui a vécu et refuse la peur. Son sourire serein envoie des milliers de frissons dans son corps ; il ne sait plus, et si ça valait la peine de vivre, juste pour croiser des sourires pleins de joie et de douceur comme celui-là ? Non, il ne doit pas se laisser distraire par une belle femme, certainement pas ! Le train arrive, bruyamment, l’homme avance un pied…

Et si la beauté, c’était cela ? Cet ultime instant, délicat, fragile, au bord de l’abîme ?


*


Sa bouche forme muettement une phrase : « Ne sautez pas », elle s’envole dans le courant d’air du train comme une écharpe s’accroche au vent. La femme se lève, cherche à voir de l’autre côté, mais c’est impossible ; elle se rassoit, légèrement tremblante. Son livre tombe au sol, ses cheveux volent doucement, ondulation rousse dans tout ce gris, comme une flamme, une lueur d’espoir. L’homme a-t-il sauté ? Elle n’entend rien, depuis l’enfance elle n’a jamais rien entendu, muette dès la naissance. Comment savoir s’il y a de l’agitation en face ?

Puis le train repart, terriblement lentement ; ses mains tremblent comme jamais. Elle pense à son père, dont la mort fut violente et volontaire, elle se souvient de l’oreiller mouillé de ses larmes, et de sa chambre emplie de chagrin, l’odeur de la tristesse ; sa fenêtre ouverte, par laquelle elle espérait revoir son père, les yeux au ciel.

Elle n’a que faire de tout en cet instant, tout a disparu, s’est noyé dans son émotion pour l’homme en costume. Sa mémoire s’est enfuie, son cœur est lourd. Elle attend seulement que le train disparaisse dans le tunnel noir…

Enfin, l’homme en noir se tient toujours de l’autre côté, au bord de la mort mais toujours dans la vie. Elle ne sait pas ce qui l’a fait changer d’avis, à une seconde de la fin de tout, du néant. Elle soupire, son sourire s’élargit dans son doux visage parsemé de taches de rousseur.

L’homme a la tête baissée, les bras ballants, le corps las et désarticulé comme une poupée de chiffon. Ses cheveux mi-longs flottent dans le courant d’air.

Dans la tête de Framboise : le silence, total. Dans les yeux de Framboise : les cheveux noirs et la beauté splendide de cet homme au bord du quai, au bord du gouffre ; elle ne voit rien d’autre, seulement lui, dont le corps semble avoir traversé les temps, dont les jambes ont effleuré la mort, comme revenu d’un monde lointain ; dans cet ample brouhaha, ne demeure que l’homme en noir.

Le monde autour d’elle semble brouillé comme de l’eau renversée sur une peinture. Et au cœur du tableau : le miracle, l’homme tant attendu.

Il lève la tête, doucement, et ses yeux d’un gris perçant semblent embués de larmes.

Framboise le regarde, hypnotisée, par ses yeux, son air de survivant.

Ses mains tremblent de plus en plus, elle se souvient de son père, douloureusement, du trou béant que sa mort a formé dans son petit cœur de petite fille. Et l’homme est toujours là, sombre et intense ; il est le seul à dénoter dans ce paysage urbain, il n’y a que lui, lui et son père, dont les images se confondent.

Sans plus réfléchir, elle saute dans les rails, traverse le quai, attrape l’homme dans ses bras ; il est gelé jusqu’aux os, mais dans ses yeux semble brûler une légère braise. Elle ne peut pas parler, il ne comprendra pas ses signes, alors elle transmet toute sa douceur, sa chaleur dans ses paumes qu’elle pose sur ses épaules, son visage, comme on accueille un amant retrouvé, un mourant, un rescapé. Elle voudrait hurler « Ne sautez pas, ne sautez pas, ne sautez plus » mais ses cris s’envoleraient dans les airs comme un nuage de fumée. Alors elle le regarde dans les yeux, de toutes ses forces elle tente de lui communiquer son humanité, sa générosité. Elle l’emmène, il la suit. Il est égaré, totalement perdu, à demi vivant. À demi mort. Entièrement beau, dans son espérance de l’autre monde, dans son désœuvrement.

Alors ils partent, ils quittent le train et cette lumière artificielle, déchirante. Ils retrouvent les étoiles au-dehors, voilées par l’étoffe de Paris. Ils respirent enfin, comme après une longue apnée. Les yeux de l’homme sont toujours embués, mais les larmes ne coulent pas, alors c’est Framboise qui pleure, de tout son soûl. L’eau dégouline sur son visage, se mélangeant avec la pluie, coulant sur ses lèvres mûres comme des cerises bien rouges.

L’homme aimerait dire : « Ne pleurez pas, ne pleurez pas » mais en cet instant irréel, en cet instant terrible où la nuit l’a écorché, il ne peut rien dire, il reste muet, il voudrait dire quelque chose, un mot, un souffle, un poème, un soupir, un simple son de réconfort, mais rien ne sort, ses lèvres sont cousues ; lui aussi, ce soir, à vingt-deux heures quinze, sous la fadeur des étoiles éclipsées, aux côtés de cette femme dont les larmes perlent sur ses malicieuses taches de rousseur, c’est un être muet.


*


Ils se retrouvent dans le jardin du Luxembourg, dans la fraîcheur aiguë de cette nuit d’hiver. Leurs mains sont gelées, leur corps telle une sculpture de glace mouvante. Pourquoi ne rentrent-ils pas ? Peut-être ont-ils besoin d’un endroit neutre, loin de chez eux, un endroit désincarné où la vie n’est qu’une brume de passage, où nos traces se font éphémères et fugaces. Ils marchent lentement, sans un mot, Framboise tremble toujours, en revanche l’homme, lui, demeure rigide ; droit et fort, comme aguerri par quelque peine.

Framboise lui prend la main, doucement, elle a peur qu’il la rejette, qu’il la méprise, enfermé dans sa prison de chagrin. Elle voudrait tellement dire quelque chose, en même temps, elle ne saurait quoi, parfois être muet ça a du bon ; demeurer dans un gouffre de mutisme, ce n’est pas plus mal en certaines circonstances. Le silence est parfois plus beau et plus intense que n’importe quelle virtuosité. Soudain l’homme s’arrête brutalement, il regarde Framboise ; dans ses yeux se reflètent la lune et son âme ravagée.


- Allons boire un café, murmure-t-il.


Sa voix est grave, sensuelle, c’est la voix d’un homme comme elle les aime, se dit Framboise.


Et l’homme parle, il ne s’arrête pas, il se déverse, il s’épanche dans le silence. Framboise écoute, sans en perdre une miette, elle écoute l’homme comme elle n’a jamais écouté personne.

« Les beaux paysages me manquent vous savez, je n’arrive plus à apprécier quoi que ce soit, tout a perdu de sa couleur, de sa chaleur, de sa vie, je suis devenu aveugle ; il n’y a plus d’amour en moi. »

Ce furent ses dernières paroles.

Il se fiche bien que Framboise ne parle pas, du moment qu’il peut contempler ses immenses yeux noirs comme deux lacs de pétrole, doux et naïfs comme ceux d’une enfant. Il y a en elle comme un déséquilibre ; entre la courbe des lèvres et la profondeur des yeux, la ride du front et la rondeur des joues.

La femme et la douceur de l’enfance semblent encore se disputer dans sa chair.


Sous la nuit bleutée comme un tapis de velours, ils rentrent ; le ciel s’est découvert, on peut voir les étoiles…

Framboise ne sait où aller : rentrer chez elle, dans sa mansarde d’étudiante, retrouver ses lectures, se renfermer dans ses rêveries, ou suivre cet être de chair et de sang, dévasté, consumé par la vie, la vraie vie.

Cette fois c’est l’homme qui attrape la main de Framboise, il la sert douloureusement, comme si la fin du monde était proche.


- Suivez-moi, s’il vous plaît.


Comment savoir ce qui l’attend, avec cet inconnu ? « Non, se dit-elle, je ne suis pas en danger. » Pour une fois, elle connaît un peu d’aventure, un peu d’humanité. Le silence n’est plus souverain.


L’appartement est magnifique, clair, spacieux ; les rayons de lune projettent des ombres sur les murs, faisant danser cet espace comme si des fantômes se l’étaient approprié. Des peintures contemporaines ornent le salon, la pièce est un monochrome de blanc et de noir.

Naïvement, Framboise se demande pourquoi l’homme est si malheureux, pourquoi ses pensées sont-elles aussi noires, alors que sa vie semble joliment éclairée comme ici. Évidemment, elle soupçonne tout cela de n’être qu’une illusion.

L’homme sourit devant l’émerveillement de Framboise : ça n’a rien à voir avec sa petite chambre miteuse, sa modeste vie où rien ne brille.


- Je vais vous faire un thé.


Framboise secoue la tête, non, elle ne veut rien de ça, elle voudrait seulement mieux connaître cet homme qui a voulu mourir, elle est saisie d’une espèce de curiosité malsaine, d’une fascination pour cet être qui a frôlé l’autre monde. En cet instant elle aimerait tant parler, dire à l’homme ce qui lui passe par la tête ; partager ses espérances, ses pensées...

Pendant quelques minutes, le silence, profond, seuls quelques feux d’artifice au-dehors troublent cette paix intime.

Framboise se lève du beau canapé noir, elle fait comprendre à l’homme qu’elle revient ; elle va s’isoler dans une autre pièce. L’homme la laisse faire, il tombe de sommeil, il ne sait pas pourquoi il a amené cette jeune fille ici, il n’en a aucune idée, c’est une impulsion qui l’a forcé à glisser sa main dans la sienne ; elle était douce, frêle, comme celle d’une enfant. Quand il y réfléchit, rarement sa vie n’a été guidée par des impulsions, rarement il commit des actes spontanés : toujours stoïque et d’une froide distance.

Ce soir, une douce chaleur se diffuse dans son corps, rien à voir avec ce courant brûlant qui l’aspirait dans les rails, mais une fièvre de plaisir, sur son visage, une flamme sereine, à l’endroit où les paumes de la jeune fille se sont posées.

Ses paupières se ferment doucement. La porte de la salle de bain s’ouvre, faisant jaillir un rayon de lumière se confondant avec celui de la lune.

Framboise avance lentement, frissonnante, démunie, la lune dévoile petit à petit sa chair blanche et nue. L’homme se lève, surpris, Framboise s’avance vers lui ; son corps est fin, marmoréen, il semble doux au toucher… Elle attrape la main de l’homme, la guide vers son sein. Dans ce silence, on entend seulement la trouble musique de leur souffle embrassé…

L’homme la repousse, il ne veut pas qu’elle s’offre ainsi, par pitié, par un simulacre d’amour, avec cette gravité-là. Alors il l’éloigne de lui, il baisse la tête, mal à l’aise, pour éviter que ses yeux troubles ne se posent sur ce corps d’un charme si émouvant. Il murmure « Non, non… » Elle respire fort, puis ses soupirs se transforment en sanglots.


- Non, ne pleurez pas…


Il la recouvre d’une couverture et ils s’allongent dans le canapé, étroitement enlacés.



*



Le lendemain matin, ce sont les rayons du soleil qui éveillent l’homme. Il se sent épuisé et las. Il se lève laborieusement, étirant tout son corps. Il a l’impression d’avoir dormi des années… ou peut-être toujours… Framboise n’est plus là. Il inspecte chaque pièce de la maison : aucune trace de la jeune femme.

Sur la table de la cuisine il trouve un petit papier blanc. L’homme s’approche et lit le message : « Je reviendrai, en attendant tâchez de rester en vie. Framboise. » Il sourit, béatement, heureux peut-être, sans doute. Heureux comme jamais en fait, il ne saurait décrire cette émotion qui le submerge, un truc fort en tout cas, qui l’accroche à la vie. Mais soudain… elle ne connaît pas son nom ! Comment le retrouvera-t-elle ? Une angoisse inonde son cœur, et s’il ne la revoyait plus ? Elle fut sa sauveuse, la femme d’une nuit, et peut-être d’une vie… Naïvement il commence à l’espérer, il est comme fou, fou d’elle, il ne comprend rien, il sait juste qu’il doit la retrouver, qu’à ses côtés, pour la première fois, sans qu’il ne se l’explique, il s’était senti complet, enfin. En une nuit, il a perdu dix ans, il se sent indiciblement attaché à cette fille, énamouré comme un adolescent. La veille il avait voulu mourir, et ce matin il se rend compte que sa raison et sa froideur sont mortes dans les magnifiques sanglots de Framboise.

L’homme attrape ses clés, son manteau, il sort, il quitte cet endroit terrible de solitude, et il court, court, court, pour la retrouver. Il court jusqu’au jardin du Luxembourg, dans le froid incisif de ce matin. Il aimerait la remercier, en l’embrassant…

Sa course est folle, éperdue ; il arrive enfin à destination. Il regarde autour de lui, fiévreux, bouleversé… Les lieux semblent tourner autour de lui, comme dans un manège, un carrousel. Mais où est-elle ? Il a le vertige du désespoir.


Et enfin, un peu plus loin, assise sur un banc… Il croit reconnaître une silhouette rassurante, familière, aux cheveux flamboyants comme un incendie ; Framboise lui sourit.

Elle est belle comme un matin de printemps.


FIN



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   NICOLE   
16/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
L'idée est jolie, mais je crois qu'elle aurait gagné à se débarasser de certains clichés. J'aurais préféré que seul l'intérêt que lui manifeste la jeune fille le retienne de sauter, et non sa beauté ; ça marche dans l'autre sens aussi : elle aurait pù avoir une envie viscérale de le sauver...juste parce qu'elle est capable de s'interesser à un autre être humain. Il me semble que si l'auteur avait un peu moins insisté sur la beauté des personnages, il se serait plus surement affranchi du style roman de gare (sans mauvais jeu de mot).
Ensuite, la scéne où l'héroine sort entièrement nue de la salle de bain...pour qu'on puisse il croire, il aurait fallu installer un climat de tension érotique, et même comme ça, on aurait quand même eu la tenace impression de banalité que laisse en général cette scéne pas franchement innovante.
C'est vraiment dommage, parceque j'aime bien cette idée qu'une seule seconde d'attention puisse inciter un homme à continuer à vivre. Une belle idée, qui aurait mérité davantage de sobriété pour mon goût...mais une belle idée tout de même.

   Anonyme   
17/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour

Certes, c'est bien écrit. L'histoire se lit tranquillement, voire même plusieurs fois sans heurts.
Cependant, je suis très mal placée pour juger objectivement, étant donné que je trouve l'histoire trop sirupeuse, trop romantique et bien trop longuette. Certaines phrases auraient pu être rétrécies sans nuire à l'histoire.

Il n'en reste pas moins que ça relate une belle rencontre, originale du fait de cette jeune femme muette. Je n'ai pas aimé la fin. Je trouve qu'il n'y a pas de quoi, en fait, paniquer, puisqu'elle sait où il habite et qu'elle pourra revenir, si vraiment elle le désire.
La fin est ce qu'elle est - à mon sens - pour enrichir encore le côté romantique de l'histoire et c'est en fait tout ce que je lui reproche.
Bonne continuation à l'auteur et bon courage pour la suite.

   Anonyme   
20/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ecriture maitrisée et souvent poètique.
L'amour comme rédemption ! L'amour comme sens à la vie ...
Le thème est intéressant : vouloir mourir face à une vie vaine, triste, et terne..et rencontrer l'amour qui donne la vie ...Et ce printemps comme une renaissance ...
L'introduction est très bien faite, et nous donne l'appétit pour la suite.
L'idée, l'image du vacillement est belle..Le suspense aussi, et le point de vue de framboise de l'autre côté du quai aussi ...
Quelques invraisemblances : sauter sur les rails d'un métro parisien me semble juste impossible ...La jeune femme est annoncée comme "Elle n’entend rien, depuis l’enfance elle n’a jamais rien entendu, muette dès la naissance."
alors que " « Allons boire un café » murmure t-il.
Sa voix est grave, sensuelle, c’est la voix d’un homme comme elle les aime, se dit Framboise. "On comprends qu'elle n'est pas sourde mais muette seulement.
Les personnages sont intéressants mais ills pourraient gagner en force et en émotion.

   florilange   
20/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte est très joli et surtout très optimiste. Voir la beauté pour rester vivant. Une beauté qui n'aurait pas besoin de mots pour s'exprimer? On pourrait aussi dire qu'il est un peu naïf, comme un peintre est dit naïf, c'est à dire charmant.
Le style accuse quelques petites imperfections qui n'ont pas empêché la lecture d'être aussi aisée qu'agréable.

   Anonyme   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est une belle histoire, cependant, je trouve qu'elle manque en épaisseur.
Tout me parait superficiel, rapide, survolé, et un peu "froid".
J'ai ressenti un manque de chaleur, comme une distance entre les personnages malgré ce qu'ils viennent de vivre. Une distance que j'ai ressenti aussi entre ces personnages et moi même. Comme une difficulté à pouvoir m'approcher d'eux.
La scène de la salle de bain n'est pas très bonne, et la fin un peu fade.
L'écriture est plutôt de qualité, même si je crois qu'elle aurait pû gagner en simplicité à certains moments.
Dans l'ensemble, un bon moment, mais avec un je ne sais quoi de "courant d'air frais qui vous arrive dans le dos" et vous dérange un peu.

   Margone_Muse   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Dans l’ensemble, l’idée et l’histoire ne m’ont pas plus emballée que ça. Je trouve la narration un peu trop molle à mon goût… En plus, il y a des choses qui m’ont interpellé (avec deux L, mdr, encore, merci Pat) dans les descriptions. Je n’arrivais pas à faire mon « film », ça bugguait :
- Si elle est face à lui sur le quai, elle l’a forcément vu sauté (ou pas) devant le train qui arrivait « pour lui » (ou bien un train arrivait sur son quai à elle au même moment ?) J’ai pas saisi le passage où elle attend et se demande ce qui c’est passé.
- Autre bug quand c’est à lui de paniquer, parce qu’elle ne connait pas son nom. Comment va-t-elle le retrouver ? Ben… Elle était pas chez lui ? Ca ne devrait pas être trop dur non ? (mais disons que c’est sympa qu’ils se retrouvent tous les deux dans le même parc, si c’était ça l’idée).
En ce qui concerne les personnages, je ne saisi pas pourquoi elle le trouve beau, et pourquoi elle le désire et s’offre à lui (entre nous, heureusement qu’il refuse (et ça colle au personnage, donc pas de couac ce coup-ci pour moi) et le passage file bien sous mes yeux) parce qu’il lui rappelle son père… De la pitié, peut être, mais du désire ?... J’ai du mal, mais ça n’engage que moi (et en plus, il m’a l’air bien plus vieux qu’elle… On peut être attirée par quelqu’un de plus vieux qui a du charisme, par ex, mais pas par quelqu’un de plus vieux au bord du suicide (ça ne réengage que moi)).
J’ai noté aussi quelques phrases trop longues qui, je pense, auraient pu être coupées en plusieurs (remplacer la profusion de virgules par des points). Ex : « Ce soir, une douce chaleur (…) jeune fille se sont posées. »
Par contre, fin du récit et un paragraphe bien tournée me réveille (enfin un peu d’action) : « Sa course est folle (…) du désespoir. » Je me représente parfaitement la scène, j’ai l’impression de voir François Cluzet dans Ne le dis à personne quand il a rdv avec sa femme dans un parc. J’ignore pourquoi, mais la phrase m’a sauté aux yeux, parfaite.
Accessoirement : « ineffable »… connaissais pas. Merci.
Sinon, jolie histoire quand même…
(Faut que j’arrête de faire long moi…)

   Automnale   
25/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé cette histoire. Certes, j'ai trouvé des petites imperfections mais c'est tellement agréable de lire un récit fort bien raconté et, pour finir, ensoleillé. Pour cela, merci Fille de Joie (quel pseudo !).

Au début, je me suis arrêtée sur les petites imperfections, justement, des détails en fait. Par exemple : "Il porte un costume noir ET qui semble neuf". Je supprimerais le "et". Je mettrais des virgules à "il tangue, légèrement,...". Dans le même paragraphe, j'ai trouvé deux fois le mot "temps"... (glacé comme le temps... et qu'il a aimées il fut un temps)... Je ne mettrais pas de virgule après hypnotisée (hypnotisée par ses yeux).

Et puis, pour le plaisir, j'ai relevé certaines phrases, idées : "Il y a des sourires qui nous sauvent parfois"... Ou, encore : "Et si ça valait la peine de vivre juste pour croiser des sourires pleins de joie et de douceur comme celui-là ?"... "Et si la beauté c'était cela ? Cet ultime instant, délicat, fragile, au bord de l'abîme ?"... J'ai également apprécié particulièrement la description de cette jeune fille aux cheveux roux.

"Dans son petit coeur de petite fille"... Peut-être que la répétition de l'adjectif a été faite sciemment ? Ah ! Oui, "elle saute dans les rails"... Ne serait-ce pas mieux d'écrire sur les rails ou entre les rails ? Et "lui aussi, ce soir, c'est un être muet" (je supprimerais le c').

C'est très joli de comparer la vie à une brume de passage... J'ai trouvé joli également, et sonnant bien, juste, la phrase évoquant les beaux paysages... "Vous savez, je n'arrive plus à apprécier quoi que ce soit, tout a perdu de sa couleur, de sa chaleur, de sa vie, je suis devenu aveugle, il n'y a plus d'amour en moi". Oui, c'est vraiment très juste.

"Naîvement, Framboise se demande pourquoi l'homme est si malheureux, pourquoi ses pensées sont noires" (j'ai supprimé le "sont-elles aussi". Enfin, il doit manquer un verbe pour que la phrase, évoquant "le silence profond, seuls quelques feux d'artifices", soit correcte.

Pardon, Fille de Joie, pour l'énumération de ces légers détails qui peuvent tellement facilement s'arranger. En revanche, tout le monde ne possède certainement pas le talent qui est le tien pour raconter, brosser des portraits en finesse, poésie et beauté. Et, pour cela, j'espère que tu nous feras le plaisir de nous faire découvrir d'autres textes de toi. En tout cas, celui-ci m'a touchée.

Je vais noter "Bien +", mais cela frôle, à mon sens, le "Très bien -".

   Reggio   
28/3/2010
L'homme en noir.
Quand j'ai vu le titre, j'ai directement embrayé sur la tour sombre de Stephen King, craignant un parallèle trop gros pour être avalé.

Eh ben c'était pas ça.

Je trouve que l'histoire relève du fantasme de base de deux êtres qui ont besoin l'un de l'autre, deux morceaux de vie brisés qui cherchent à se rejoindre pour être à nouveau complets.
J'aurai pu trouver ça mièvre, comme je trouve presque toujours ce genre de texte, mais il y a quelque chose qui m'a plus. Je sais pas quoi.

Je pense que c'est la logique qu'il y a dans le comportement de cet homme en noir. Il veut être sauvé. La preuve, il ne saute pas dans la Seine, ce qui serait se faire engloutir dans l'oubli, et qui en soit ne dérangerait pas grand monde. Non. Il va dans une gare, endroit de passage, flottement entre la destination et le point de départ. En soi avec des gens qui ont un sentiment si pas pareil, au moins analogue au sien. Et puis se jeter sous des rails, c'est une des manières les plus efficaces pour graver le souvenir de soi dans pas mal de têtes.
Donc, lui est "logique".

Elle, je sais pas, je ne préfère rester dans l'effleurement de sa compréhension.

Par contre, une chose que je regrette, c'est le peu que l'on sait des personnages. Je me serais sentit beaucoup plus immergé dans le texte si j'avais pu en savoir plus sur eux, si j'avais pu être un peu plus proche dans leur douleur, leur vécu, leurs émotions. Décrits de façon moins superficielle, ils auraient été vraiment attachants.

Oui, je pense que c'est ce que je pourrais reprocher au texte. Il est trop froid.
Je conseillerai à l'auteur de ne pas avoir peur de se mouiller dans sa production. Mieux vaut parfois trop que trop peu.
Personnellement, lorsque j'ai une répulsion quant à ce que j'écris ou désire écrire, j'essaye de savoir si c'est une forme de pudeur qui me pousse à voiler une partie de moi-même, ou si j'ai vraiment écrit que de la merde et que je m'en rend compte.


Oniris Copyright © 2007-2023