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Science-fiction
hersen : Domotique
 Publié le 11/12/19  -  16 commentaires  -  9509 caractères  -  165 lectures    Autres textes du même auteur


Domotique


La coupole des Arwen était illuminée et les invités affluaient.


Alia aimait cette effervescence que provoquaient ces petits événements dont elle était l'instigatrice. Son mari jouait son rôle à la perfection, bien qu'elle sût qu'il n'était pas animé par les mêmes raisons. Il semait ses compliments, ses mots gentils, à des invités flattés d'être parmi les heureux élus. Si Bux acceptait de contribuer par sa présence, son but premier ne variait jamais : asseoir un peu plus sa notoriété d'ingénieur génial qui, à lui seul, détenait quatre-vingt-dix pour cent du marché de la robotique domestique.


Alia fut une collaboratrice exceptionnelle, certainement douée d'un esprit créatif hors norme que Bux n'a jamais pu s'expliquer, mais dont il a fait un grand profit, adaptant les idées fantasques de celle qui est devenue sa femme à une domotique toujours plus délirante à force de fonctions tellement inattendues et qui subitement devenaient, en peu de temps, un must incontournable.


Les invités prenaient place. L'ambiance, bien qu'un peu guindée, comme toujours au début, ne tarderait pas à se relâcher pour finir en fin de dîner par une réelle bonne humeur s'exprimant ouvertement.


La coupole des Arwen n'était pas forcément la plus grande, mais certainement la mieux conçue et la mieux équipée. Bux, sur ce dernier point, y engageait son honneur d'industriel, tandis qu'Alia ne semblait pas y attacher une grosse importance. Maintenant qu'elle s'était retirée des affaires de son mari, elle aimait vivre chez elle et fréquentait peu de monde.


Après quelques boissons colorées et subtiles, légèrement alcoolisées, le service commença. Il était assuré par une brigade de robots à qui Alia aimait à donner des petits noms, tandis que Bux ne se résolvait pas à les appeler autrement que par leur numéro de série. Ainsi, Foufou était 22Z 45YT et Malin 87 Gh Km-5. Naturellement, les robots remplissaient leur fonction au millimètre.


L'entrée fut servie en même temps que s'affichait son nom sur le bord des assiettes : Salade de tomate au basilic saupoudrée de parmesan.


Un silence respectueux accompagna la dégustation de ce mets rare. Certains même le découvraient.


Chacun, très occupé à la sensation de ses papilles gustatives restantes, ne remarquait rien d'autre que le nombre de tranches qui diminuait, à son grand dam, dans son assiette. Alia, elle, compulsait sa montre connectée. Elle souriait à chaque nouveau message. Et y répondait. Bux conversait, entre deux bouchées, donnant l'impression qu'il était habitué à ces saveurs, avec les invités proches de lui, les plus importants dans son monde des affaires. Mais échangeant aussi, de temps à autre, quelques messages avec des plus éloignés, s'enquérant de leur plaisir de ce repas débutant.


22Z 45YT et 6TR 83d, Foufou et Mimi pour les rares intimes, firent leur entrée avec le plat principal, téléguidant un chariot sur lequel trônait un mouton doré luisant et, surtout, entier, de sorte que nul ne pouvait ignorer qu'il s'agissait bien d'un animal. Un grand silence accueillit ce nouveau venu, le sacrifié des temps anciens pour le plaisir de l'assemblée. Les deux robots, postés de chaque côté du chariot, mirent en action le système de découpage de l'animal, afin que chacun fût servi. Gédéon et Hub faisaient le service, s'assurant que le bip-bip de livraison à chaque convive confirma que tout allait bien.


Sur le bord des assiettes s'afficha : Méchoui.


Suivirent de près les légumes, pommes de terre, carottes, petits pois, haricots.


Alia pianotait avec un plaisir évident sur sa montre, envoyant message sur message. Elle informait son correspondant du plaisir de ses invités. Visiblement, la viande de mouton et le parfum des carottes rendirent muets les convives. Que ce goût dans la bouche les transportait loin ! Chaque atome de ces saveurs éclatant joyeusement dans leur bouche ouvrait un jardin dans leur cerveau, un champ d'herbe caressé par le vent.


Il fallut attendre que tous aient fini de manger pour qu'on reprît la parole. Les esprits s'échauffaient, on se sentait bien et soudain, l'envie de converser avec le voisin les prit, mon Dieu, vous habitez à deux coupoles de chez moi ! Et on ne s'est jamais parlé ! Cette Alia, vraiment, quelle magicienne !


Les verres s'entrechoquaient, Gusto et Bellâtre officiaient en sommeliers. Alia tapotait. Bux conversait.


Puis il y eut le dessert. Brume d'orange au-dessus de marbrine s'afficha. Seul le mot « brume » était familier aux invités. Cette brume persistante dans laquelle ils étaient continuellement englués, depuis que leur monde s'était scindé. Une brume épaisse, collant à tout ce qui était hors des coupoles. Celles-ci restaient le havre dans ce brouillard épais, dans cette saloperie qui empestait, qui obligeait à porter un masque dès lors que l'on était dehors et à se fier au téléguideur pour ne pas se perdre.


Saleté de brume.


Alia : non, tu l'as fait exprès, pour la brume ?

Mirlit': ah ah, je t'ai eue, hein !

Alia : oh que oui, tu verrais la tête des invités !

Mirlit': tu me raconteras, hein ?

Alia : oui, je te laisse, ils commencent à goûter…


Quelques aventureux avaient porté un peu de cette brume à leurs lèvres. Ils restèrent figés. Le temps de se rendre compte du chemin que suivait cette mousse, du délice, du plaisir qu'elle procurait. Un fruité acidulé qui d'un coup réveillait tout le monde, là, au fond du palais, qui générait un grand désordre de pensée. Encore, encore ! Accompagnée du chocolat, dont chaque parcelle de fève de cabosse éclatait dans un camaïeu allant du beige le plus somptueux jusqu'aux bruns les plus foncés. Ce dessert était une apothéose.


Quand tout fut mangé, les langues changèrent d'activité et se délièrent. Les invités s'apostrophaient, devisaient, soudain se connaissaient.


– Comment tu fais tout ça, Alia ?

– Si tu le savais, Bux, où serait la magie ?

– Tu as réponse à tout, je t'aime !

– En es-tu si sûr ?


Bux n'eut pas le temps de réagir qu'Alia se trouva encerclée d'admirateurs de son art ; comment réussissait-elle ce prodige, quand tout le monde avalait gelées et gélules pour se sustenter ? La maîtresse de maison remercia, accepta les compliments, le rose aux joues. Une lumière au fond des yeux. On ne la lâchait plus, on la courtisait car ce qui, dans l'instant, semblait le plus important dans leur monde se résumait à briller auprès d'elle afin de bénéficier d'une prochaine invitation. Le souvenir de ce repas planerait longtemps dans les esprits, comme une évasion de ce fog immonde.


Les premiers départs commençaient. Les robots s'affairaient à ouvrir et fermer le sas de la coupole, donnant un masque à chacun et actionnant un ventilateur pour repousser cette maudite brume afin qu'elle ne pénétrât pas dans l'habitat, lorsqu'un cri retentit. Un cri à la fois de surprise, d'indignation, de dégoût.


L'hôtesse, encore entourée, se fraya un passage et courut vers la cuisine, un étau lui étreignant le cœur. Elle avait reconnu la voix de Bux. Dans la cuisine.


Un attroupement s'était formé à l'entrée de l'office. Alia donna des coups de pied, mordit, tira des cheveux pour qu'on la laissât passer. Il ne restait rien de la maîtresse de maison avenante au sourire agréable.


Bux faisait face à Mirlit'. L'incrédulité se lisait sur son visage. Quoi ? Ce rebut ? Un modèle si ancien de ses débuts ? Un monstre obsolète ? Dans la cuisine de sa femme. Ses plus proches collaborateurs étaient toujours agglutinés sur le seuil. Un drame, certainement, se préparait et l'arrivée violente d'Alia le leur confirmait. Elle n'eut que le temps de tapoter sur sa montre, déconnectant Mirlit', qui émit un gruiiik des temps anciens, avant que Bux n’eût le temps d'effacer toutes les données que recelait cette antiquité. Il ne comprenait pas que sa femme le protégeât. Elle, un génie de l'informatique.


Justement, un génie de l'informatique.

Hors d'elle, et devant tous ces témoins gênants, elle lui cria :


– Tu touches pas à Mirlit' ! Je te préviens, tu touches pas à Mirlit'.

– Mais enfin, Alia, c'est un tas de ferraille ! Où est le 61fg-0 que je t'ai offert la semaine dernière, justement en prévision de ce dîner ?


Il vit tous ces spectateurs agglutinés et voulut les faire partir.


– Ah ah, cria Alia, pas de témoins, hein, c'est ça, pas de témoins, comme quand on vote pour l'eugénisme, tous de la même taille, de la même intelligence, on vient tous du même bocal. Que tu fabriques et vends. On se fait chier, dans ton monde, Bux, tu comprends ça, on se fait chier à mort.


Chacun se regardait, se questionnait du regard. Qu'est-ce qu'elle raconte ?


Bux tenta de toucher sa femme, qui se recula vivement.


– Ne me touche pas ! Jamais tu n'as voulu écouter mes idées, tu les as toutes vidées de leur substance, tu les as transformées en coquilles vides programmées. Alors tu touches pas à mon chef-d'œuvre. Tu touches pas à Mirlit'. Sais-tu que bientôt je ne serai plus là, je pars sur la planète des tomates et du basilic. Oui, vous autres, écoutez, tout ça existe encore, on vous le cache, le nez dans votre brume, mais il y a d'autres mondes. Ils sont foireux, mais vivants. Toi, Bux, tu sors de ma cuisine. Tout de suite.


Les invités s'écartèrent pour laisser passer Bux, qui sortit le plus dignement possible. Ils n'éprouvaient plus de plaisir à être témoins de cette scène entre les Arwen.



Seul leur restait dans la bouche ce goût de brume…


 
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   ANIMAL   
23/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un classique de la SF, cette histoire de nantis vivant dans une bulle protégée du reste d'un monde invivable ou presque.

J'ai bien aimé la façon d'aborder le thème, la place donnée à la nourriture "vraie" qui ravit ceux qui ont l'habitude de se nourrir de pilules. Et le couple d'hôtes, si parfait en apparence, qui se lézarde tout à coup car la femme a gardé un vieil androïde, nanti d'après ce que j'ai compris d'anciennes recettes de cuisine introuvables.

Le mari féru de dernières nouveautés robotiques créées sur des idées de sa femme mal interprétées, ne fait pas le poids face à la colère de madame.

Et l'on apprends ainsi à la fin que ces nantis vivent plutôt comme des prisonniers dans leur isolement. Puisque madame le dit.

Une très bonne nouvelle, bien écrite, bien menée, dans un style agréable et qui appelle une suite.

en EL

   maria   
24/11/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

en lisant cette nouvelle, j'ai oublié que j'étais dans la catégorie science-fiction.
On y prône le plaisir à bien manger, et le droit de l'épouse à disposer de sa cuisine. Avoir "Une chambre à soi", en somme.
Les "gélules et gelées" ne changent pas beaucoup des repas de midi d' aujourd'hui. Alia ne veut plus des nouveaux robots. Elle préfère son Mirlit, comme si elle laissait le micro-ondes pour un four traditionnel.

Je retiens de cette histoire, vivante et bien écrite, celle d'une femme qui tient à avoir son jardin secret, qu'elle refuse qu'il serve à asseoir la situation de son époux. Je suis peut-être loin des intentions de l'auteur(e) !
Que la femme s'épanouisse en préparant des bons repas avec de bons produits peut déranger certaines féministes. Moi pas.

Merci pour le partage et à bientôt.

   cherbiacuespe   
28/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je remarque l'absence nécessaire d'un avertissement :"lecture rigoureusement interdite pour les ventres affamés".

Sinon? Une écriture et un récit agréable, tout y est bien pensé, pesé, décrit (trop si on a faim trop tôt). On se doute d'une fin (et pas d'une faim) à l'opposée de la joie régnante autour de cette tablée, mais personnellement, cette conclusion-là m'a quand même bluffé. Et ça, c'est bien...

Je note en aparté que la robotique devient un sujet obsessionnel dans notre société. Sans doute parce que, sans y croire complétement, tout un chacun sent poindre un chamboulement de notre approche et notre conception de la vie. Et même dans la cuisine!

   Jean-Claude   
3/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

L’histoire est désordonnée : les choses et les personnages sont jetés sans liaisons, sans ordre, sans cohérence. Par exemple, l'introduction donne des éléments tout en demeurant trop imprécise.
L’histoire improbable aboutit à une fin mal construite, où la psychologie des personnages est trop simplifiée, voire éludée. Le final tombe donc à plat.
Il y a des problèmes de conjugaison. Trop d'imparfaits dont certains à la place de passés simples pour des actions finies, non durables. Je n'ai rien contre le subjonctif, bien au contraire, mais il faut le mettre uniquement là où c'est pertinent. Et aussi quelques problèmes sémantiques et syntaxiques, des phrases lourdes...
La finalité est de dénoncer un monde formaté mais l'esclandre dans la cuisine n'est pas crédible. Même en science-fiction, l'histoire et sa chute doivent être crédibles en fonction du contexte.
Je pense que cette nouvelle mériterait d’être retravaillée.

Quelques commentaires entre {}
"La coupole des Arwen était illuminée et les invités affluaient." {Un rapport de cause à effet ? Une coordination logique ? Non. Et non. Ils affluaient sous ou dans de la coupole ?}
"Son mari jouait son rôle à la perfection, bien qu'elle sût qu'il n'était pas animé par les mêmes raisons." {Cette phrase lourde mériterait d'être remaniée. On n'est pas obligé de tout faire passer par les verbes conjugués.}"
"de robots à qui Alia aimait à donner{aimait donner} des petits noms"
"très occupé à la sensation{aux sensations} de leurs{ses - c'est chacun} papilles gustatives restantes{On comprend que le goût a plus ou moins disparu mais il aurait fallu une introduction de ce fait.}, [...], à leur{son - c'est chacun} grand dam, dans leur{son} assiette"
"Alia, elle, compulsait{On ne feuillette ni analyse une montre. Un autre verbe.} sa montre connectée.{Question : elle garde les yeux dessus en permanence ?}"
"Gédéon et Hub{On ne les a jamais vus. On ne jette pas des noms sans les amener.} faisaient{firent - c'est une action délimitée dans le temps} le service, s'assurant que le bip-bip de livraison à chaque convive confirmât{Pas de subjonctif après « s'assure que », ce n'est pas hypothétique.} que tout allait bien."
"Elle informait son correspondant{Quel correspondant ? On n'a pas été présenté.} du plaisir de ses invités."
"Les esprits s'échauffaient, on se sentait bien et soudain, l'envie de converser avec le voisin les{Qui ? C'est très désordonné.} prit,"
"Gusto et Bellâtre{Encore des robots non présentés. Là, ça passe à peu près.} officiaient en sommeliers"
Enfin, on a des explications qui auraient du venir plus tôt : "Puis il y eut le dessert. Brume d'orange au-dessus de marbrine s'afficha. Seul le mot « brume » était familier aux invités. Cette brume persistante dans laquelle ils étaient continuellement englués, depuis que leur monde s'était scindé. Une brume épaisse, collant à tout ce qui était hors des coupoles. Celles-ci restaient le havre dans ce brouillard épais, dans cette saloperie qui empestait, qui obligeait à porter un masque dès lors que l'on était dehors et à se fier au téléguideur pour ne pas se perdre."
"Alia : non, tu l'as fait exprès, pour la brume ? Mirlit{D'où il sort celui-là ? Pas d'introdcution. Peut-être est-ce le fameux correspondant anonyme.}': ah ah, je t'ai eue, hein !"
"quand tout le monde avalait gelées et gélules pour se sustenter{On est content d'avoir la confirmation de soupçons. Mais ces gens ont mangé trop facilement l'extraordinaire.}"
"Les premiers départs commençaient{commencèrent, c'est très bref. Ceci dit, est-ce qu'on peut dire que les départs commencent ?}. Les robots s'affairaient{verbe superflu} à ouvrir et fermer le sas de la coupole"
"L'hôtesse, encore entourée, se fraya un passage et courut{puis courut OU pour courir - problème de sens} vers la cuisine,"
"[...] avant que Bux n'ait le temps d'effacer toutes les données que recelait cette antiquité.{Où est la cohérence ? Pourquoi voudrait-il effacer ? Avant même de savoir quoi que ce soit ?}"
Etc.

Au plaisir d'une relecture.

   plumette   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour hersen

je suis entrée sans peine dans cette histoire malgré mon peu "d'appétit" pour la SF.
Il semble que nos codes sociétaux n'aient pas évolués en même temps que la robotique dans la répartition des rôles dans le couple!
Tout ce qui est descriptif est plaisant, tu fais passer une ambiance aseptisée et harmonieuse, le lecteur se demande quand va se fissurer ce beau décor, et puis soudain, le mot "saloperie" fait une incursion brutale dans cet océan lénifiant, cela m'a mise en alerte.

Je suis plus réservée sur la fin, je n'ai pas vraiment cru à cette scène dans la cuisine et à cette évocation de la planète des tomates et du basilic. Mais j'ai apprécié ce qui sous-tend cette histoire , une autre fin peut-être qui ne soit pas une " rivalité" de robot?

J'ai bien aimé l'humanité d'Alia qui donne des petits noms à ses androïdes mais la contrepartie qu'il y a beaucoup de noms qui perdent un peu le récit !

   Anonyme   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Dans la coupole des Arwen débute l'histoire, et déjà se dessinent les prémices d'un huis-clos étouffant. Ou alors c'est mon agoraphobie qui se réveille en imaginant la coupole dans le contexte SF signalé, comme une bulle protectrice, donc forcément avec dangers extérieurs dont il faut se protéger, etc...

Le fait est que lorsque arrive la brume et son fog environnant, je ne suis qu'à moitié surprise.

Je trouve cette nouvelle bien menée. Tout est dit clairement grâce à une écriture précise, et le tableau est présenté avec soin à un lectorat appâté dès les premiers mots (en plus des tomates basilic :))

Dans la coupole des Arwen, donc, tout se passe comme de nos jours, l'ingénieur ambitieux et son épouse reçoivent ; lui pour asseoir sa position de meneur prétentieux, elle pour le seconder, le mettre en valeur, mais pas que... et ce tapotement continu sur sa montre connectée intrigue. Mais avec qui converse-t-elle ainsi sans cesse ? Même si les convives ne semblent pas prêter attention à ce comportement, et que je sois la seule, en tant que lectrice, à me poser la question...

J'aime bien comment l'auteur nous allèche, au fil d'un menu hors des normes en vigueur, pour faire monter le suspens autour de la question qui est sur toutes les lèvres de l'assemblée : ''Mais comment fait-elle pour dénicher de telles merveilles gustatives ?''.

Mais, et c'est là mon seul bémol, si on comprend l'attachement qui la relie à Mirlit', la fin ne me convainc pas. Car c'est au lecteur de trouver finalement les vraies fonctions de ce robot antique (en plus de l'attachement aux vraies valeurs de Alia). Ce que je n'ai pas manqué de faire, mais du coup je suis redescendue un peu trop précipitamment de mon petit cheval.

J'ai bien aimé aussi les petits noms donnés à la domotique domestique, histoire d'humaniser un milieu déjà suffisamment matriculé, et d'insister par la même occasion sur le fait que la maîtresse de maison n'a pas encore perdue tous ses bons vieux sentiments du temps jadis.

Merci pour le partage, hersen.
A te relire.


Cat
éternellement fidèle ^^

   ours   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Salut Hersen

J'avais lu ta nouvelle en EL, et j'avais hésité à la commenter. Je m'étais ravisé car si l'ambiance et le thème SF m'avaient beaucoup plus : cette brume, le repas mondain, les discussions convenues, les êtres humains coincés dans des problèmes qu'ils ont eux-mêmes créés... l'émancipation ?

Car c'est là que j'ai coincé, est-ce qu'il s'agit de parler de l'émancipation de la femme avec Alia qui vit dans l'ombre de son mari. Si c'est le cas, je me suis dit, pourquoi reste-t'elle confinée dans sa cuisine ? pour finir sur 'Toi, Bux, tu sors de ma cuisine' Est-ce à dire que les hommes créent des robots en piquant les idées des femmes pour résoudre des problèmes domestiques jadis réservées aux femmes qui restent finalement dans les bras des femmes ? Dans ce cas pourquoi Alia n'envoie pas tout valsé, Bux et ses fichus robots ?

Comme je sais que tu ne laisses rien au hasard, et que mon interprétation a ses limites, j'espère que tu nous laissera quelques clés de lecture en forum.

Par contre j'ai aimé le rythme et le fil du récit bien mené. Les descriptions de sensations gustatives aussi, l'émerveillement des convives, il y a beaucoup de bons éléments.

Ours 'un peu' désolé de ne pas avoir tout saisi

   hersen   
11/12/2019

   Pomme_d_Adam   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'adore
Futuriste
Alarmant
Le texte est magnifiquement structuré
Le thème abordé est important surtout les gélules ;)
Merci

   Shepard   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Salut Hersen,

Forme :
Quelques phrases qui mériteraient une nouvelle coupe de cheveux, mais c'est plus qu'une histoire de goût (haha) qu'autre chose. Ex : "Chacun, très occupé à la sensation de ses papilles gustatives restantes, ne remarquait rien d'autre que le nombre de tranches qui diminuait, à son grand dam, dans son assiette" -> Un peu trop haché à l'oral. "Un fruité acidulé qui d'un coup réveillait tout le monde, là, au fond du palais, qui générait un grand désordre de pensée." -> Un peu pareil. Y'en a un peu partout. Je suis plus fan des "." que des ",". Je cherche la petite bête, après c'est une question d'équilibre. Mais je ne me suis pas perdu, c'est très compréhensible, quelques petits coq à l'âne parfois... Perso ça ne me dérange pas.

Plus objectivement, j'ai une répétition ici "Une brume épaisse" puis "brouillard épais".

Détail : On voit que l'auteur préfère les desserts =))) Une description complète de la brume d'orange mais alors pour le mouton on a "Chaque atome de ces saveurs éclatant joyeusement dans leur bouche ouvrait un jardin dans leur cerveau, un champ d'herbe caressé par le vent." Outre les atomes qui éclatent 'joyeusement' (tu sais ce qui arrive quand un atome éclate ? ! =)), j'ai souri au champ d'herbe caressé par le vent... C'est pas le premier truc qui me vient en mangeant le méchoui... Citron, herbe de Provence, charbonné... plutôt.

Dans l'ensemble, ça reste efficace.

Fond : Alors je dois dire que je suis resté bloqué sur le moment en cuisine. Je me suis demandé où tu voulais en venir mais moi, les détails techniques m'obsèdent. Au final, je ne vois pas d'où proviennent ces ingrédients "très rares", ni pourquoi le fait d'utiliser un robot plus ancien apporterait une solution au problème. Ni pourquoi ça serait un tel scandale d'utiliser un vieux machin. Mais ok, je peux mettre ça de côté, après tout.

Je me concentre un peu sur le dénouement à la place, avec cette tirade qui sort de nulle part :" Ah ah, cria Alia, pas de témoins, hein, c'est ça, pas de témoins, comme quand on vote pour l'eugénisme, tous de la même taille, de la même intelligence, on vient tous du même bocal. Que tu fabriques et vends. On se fait chier, dans ton monde, Bux, tu comprends ça, on se fait chier à mort."

"Chacun se regardait, se questionnait du regard. Qu'est-ce qu'elle raconte ?"

Ce fut aussi ma réaction. Y'a deux secondes on me parlait de robots en cuisine et là je me retrouve dans un monde ou on pratique (apparemment) l'eugénisme. Ça colle bien avec l'idée de tout très propret mais du coup, je me demande vraiment de quoi on parle.

Par extension, je commence à me demander ce que font ces deux oiseaux-là en couple ?? Si l'un pourrit la vie de l'autre depuis des années, et qu'en plus ils s'opposent à ce point sur des choses fondamentales de la vie alors... Un autre secret tout juste effleuré. En terme de construction narrative c'est lourd, ça fait beaucoup en un paragraphe.

Sur le premier niveau de lecture, je ne suis pas trop emporté.

Ensuite, sur le second, le propos peut-être interprété différemment. Une sorte de critique du tout formaté ou de la perte des sens face au trop moderne, peut-être. Je m'attendais à quelque chose sur le sujet de la domotique, mais au final... Est-ce vraiment le sujet ? Il y aurait à dire là dessus, au sujet de la "sur-assistance" - ne plus rien faire, rester dans le canapé pendant que les machines font tout à vôtre place. Puis, ne sortez plus... les machines... etc...

Le second niveau de lecture m'a laissé perplexe, peut-être car je ne suis pas vraiment rentré à 100% dans le premier.

Je pense que la conclusion est trop vague. Si le texte peut se permettre de laisser le lecteur dans le brouillard (encore un) sur plusieurs aspects qui ne sont pas clé pour ce que tu veux dire (ex : la relation entre les personnages, le fond politique, la brume), la fin devrait être plus franche. La dernière réplique d'Alia reste des plus sibyllines. L'absence de réaction de Bux n'aide pas non plus. Le message à emporter à la maison devrait ressortir dans l'ultime paragraphe mais ce n'est pas le cas... A mon avis.

Grosso modo mon cœur me dit "bien", ma tête me dit "un peu"... =)

   Anonyme   
12/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,

D'emblée la science fiction n'est pas mon domaine de prédilection. cependant curieuse, je suis passée.

Si l'histoire ne me semble pas très originale pour le fond (d'après l'idée que j'ai de la SF), je trouve que son traitement, sa forme est brillante.
Le choix des conjugaisons est vraiment un plus, pour moi.

Des détails :
"mais dont il a fait un grand profit" -> "tiré" plutôt que "fait" ?

" les langues changèrent d'activité" étrange, les langues ne sont pas les éléments physiques les plus évidents dans l'action de manger.

"Alia donna des coups de pied, mordit, tira des
cheveux pour qu'on la laissât passer", -> cette violence soudaine est trop soudaine. J'aurais vu cette scène dans une foule plus grande, plus menaçante, là au point du récit, la foule (relative) est plutôt curieuse, intriguée.

"Les tomates au basilic" sont savoureuses !
Les noms des personnages m'on entraînée outre-Atlantique, je crois que notre vieille Europe doit pouvoir engendrer les mêmes 'issus du bocal".

Un bel ensemble, le repas que tu nous sers, ici, est goûteux, merci !

Éclaircie

   jfmoods   
12/12/2019
"Alia aimait cette effervescence que provoquaient ces petits événements dont elle était l'instigatrice." -> Alia aimait cette effervescence que provoquaient les petits événements dont elle était l'instigatrice.

"Alia fut une collaboratrice exceptionnelle, certainement douée d'un esprit créatif hors norme que Bux n'a jamais pu s'expliquer,
mais dont il a fait un grand profit, adaptant les idées fantasques de celle qui est devenue sa femme à une domotique toujours plus délirante à force de fonctions tellement inattendues et qui subitement devenaient, en peu de temps, un must incontournable." -> Alia fut une collaboratrice exceptionnelle, certainement douée d'un esprit créatif hors norme. Bux n'avait jamais pu s'expliquer cet état de fait, mais il en avait tiré un grand profit, adaptant les idées fantasques de celle qui était devenue sa femme à une domotique toujours plus délirante. Des fonctions tout à fait inattendues s'étaient révélées, en peu de temps, un must incontournable.

"L'ambiance, bien qu'un peu guindée, comme toujours au début, ne tarderait pas à se relâcher pour finir en fin de dîner par une réelle bonne humeur s'exprimant ouvertement."
-> L'ambiance, bien qu'un peu guindée (comme toujours au début), ne tarderait pas à se relâcher pour se métamorphoser, en fin de dîner, en une réelle bonne humeur s'exprimant ouvertement.

"La coupole des Arwen n'était pas forcément la plus grande, mais certainement la mieux conçue et la mieux équipée."-> La coupole des Arwen n'était pas forcément la plus grande, mais c'était certainement la mieux conçue et la mieux équipée.

"Gédéon et Hub faisaient le service, s'assurant que le bip-bip de livraison à chaque convive confirma que tout allait bien." -> Gédéon et Hub faisaient le service, s'assurant que le bip-bip de livraison à chaque convive confirmait que tout allait bien.

"Visiblement, la viande de mouton et le parfum des carottes rendirent muets les convives." -> Visiblement, la viande de mouton et le parfum des carottes rendaient muets les convives.

"qui obligeait à porter un masque dès lors que l'on était dehors et à se fier au téléguideur pour ne pas se perdre." -> qui obligeait à porter un masque dès lors que l'on était dehors, et à se fier au téléguideur pour ne pas se perdre.

"Accompagnée du chocolat, dont chaque parcelle de fève de cabosse éclatait dans un camaïeu..." -> Cette brume était accompagnée de chocolat, dont chaque parcelle de fève de cabosse éclatait dans un camaïeu...

"Bux tenta de toucher sa femme, qui se recula vivement. – Ne me touche pas !" -> Bux tenta d'établir un contact physique avec sa femme, mais celle-ci se recula vivement. – Ne me touche pas ! / Bux tenta de toucher sa femme, qui se recula vivement. – Ne pose pas la main sur moi !

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I) La parfaite soirée futuriste d'un couple

1) Un repas exceptionnel
2) Des serviteurs zélés

II) Une parodie de vaudeville

1) Un mari soupçonneux
2) Un drôle d'amant dans le placard

Merci pour ce partage ! 🐬

   Malitorne   
14/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Hersen quitte le registre sentimental et s’essaie à la science-fiction. C’est pas commun, audacieux, et ça a donc soulevé mon intérêt. J’ai bien apprécié la première partie de l’histoire, ce repas original qui ravit les convives et les ramène à des temps anciens. Le décor est campé, avec une brume extérieure qu’on associe aux conséquences de la pollution. Le style est clair, sans anicroche.
Puis, changement de rythme, de ton, à partir de « un attroupement... ». Alia jusqu’ici calme et avenante, mord ses invités, tire les cheveux, hurle ! Cassure surprenante, presque incohérente dans le sens où ça ne colle pas au reste. Le récit perd son équilibre, sort de la science-fiction pour aller vers une scène de ménage pas très bien menée où l’on s’accuse d’eugénisme comme un cheveux sur la soupe. Enfin « la planète des tomates et du basilic » parachève ce qui ressemble à une farce.
C’est dommage, vous teniez quelque chose de subtil dans le genre, prometteur, malheureusement gâchée par une fin peu sérieuse. La SF demande un minimum de rigueur pour tenir la route.

   placebo   
14/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Hersen,
J'ai bien aimé le texte. Les histoires de robot me font toujours penser à Asimov, ici aussi c'est le cas, avec un vieil exemplaire qui a des compétences que les nouveaux n'ont pas.
Ce n'est pas évident de raconter le dîner avec beaucoup de convives. Une espèce de discussion en ligne a lieu en parallèle en plus. Mais on s'y retrouve.
Les descriptions culinaires se tiennent aussi.
J'ai un peu de mal à comprendre certaines phrases comme celle au du troisième paragraphe : arrivé à "à une domotique toujours plus...", j'ai du relire deux fois.
Bonne continuation,
placebo

   Donaldo75   
17/12/2019
Bonjour Hersen,

Je suis mitigé après plusieurs lectures de cette nouvelle. Le thème ne m’a déjà pas spécialement passionné et j’ai dû prendre sur moi pour passer cet obstacle. Je trouve cependant la narration désordonnée et c'est ce qui m'a marqué en premier. Peut-être également que les plaisirs de la table me sont étrangers, que ce manque d’intérêt pour la description d’un repas et tutti quanti m’influence dans ma perception de l’histoire ; c’est une explication plausible diraient de nombreux analystes du comportement humain et spécialisés dans le lectorat.

Le côté « happy fews » du contexte va avec le reste ; ce n’est pas spécialement ma tasse de thé de lire comment un microcosme largué de la réalité s’extasie devant des plats, aussi raffinés soient-ils.

Je reviens à la narration ; son retournement, quand ça commence à chauffer entre les Arwen, arrive comme un cheveu sur la soupe, sonne artificiel comparé à ce qui précédait. En fait, c’est comme si l’auteur avait joint deux pièces séparées de tableaux différents pour en faire une composition originale. On ne voit certes pas les raccords mais ça jure ferme.

Ai-je aimé ? Je ne sais pas ; en tout cas je n’ai pas d’avis sur la question. Je ne sais pas comment cette nouvelle aurait dû être écrite pour me plaire, vu que la première partie n’est pas portée par un thème que j’apprécie – j’emploie volontiers les euphémismes sur Oniris où la bienveillance est de mise – et que la seconde se termine trop vite alors qu’elle promettait de relever l’ensemble.

Une autre fois.

   Pepito   
29/12/2019
Salut Hersen, a ne pas lire avant un repas de réveillon.

A ne pas écrire après, non plus. ;-)

- "Alia ... inattendues et qui subitement devenaient, en peu de temps, un must incontournable." ... ouf, cru mourir de manque d'air... sinon, veut dire quoi la dernière proposition ?

- "remplissaient leur fonction au millimètre." ... "près", je suppose ?

- "très occupé à la sensation de ses papilles gustatives restantes (quoi ça y'en a vouloir dire ?), ne remarquait rien d'autre que le nombre de tranches qui diminuait" ... faudrait savoir "occupé à" ou "concentrées sur" ?

- “découpage de l'animal” répet d’animal > la bête

- “ce goût dans la bouche”... à ne pas confondre avec “odeur dans le nez” ou “bruit dans l’oreille”... ;-))

Gentille fin. Un texte à ne pas à mettre en haut du sapin, mais se laisse lire tout de même.

Bon réveillon ! ;-))


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