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Policier/Noir/Thriller
emju : Le beau parleur
 Publié le 13/12/19  -  8 commentaires  -  17163 caractères  -  50 lectures    Autres textes du même auteur

Je suis un oiseau de la famille des psittaciformes.


Le beau parleur


Je suis né, il y a dix ans. Ma maison était immense, ouverte à tous. Elle n'avait ni toit, ni murs, juste des arbres séculaires debout au tronc à tronc, pour nous abriter et nous protéger. Chez moi, c'était le paradis avec une nature sauvage, une forêt amazonienne, des chutes d'eau et des milliers de petites choses qui me rendaient la vie belle.


Chaque jour, j'ouvrais les yeux sur un patchwork faunesque et floral dont je ne cessais de m'émerveiller. Pour profiter du spectacle, j'avais installé mon poste de garde sur la branche d'un hévéa, d'où j'observais la vie tout simplement.

Ici, un rongeur se faufilait dans les méandres branchus, là un tatou cuirassé de cerceaux folâtrait et fouinait. Un peu plus bas, un singe-araignée faisait sa gymnastique quotidienne avec des bras tellement longs... un vrai acrobate. Il y avait aussi le jaguar à taches ocellées, le cougar plus communément appelé puma, le caïman au museau court et large, le serpent toujours là où on ne l'attendait pas.

Il y avait des sages comme moi... des oiseaux et des insectes.

Arbitres de l'immense forêt, nous sautillions d'un terrain à l'autre en poussant des cris de réprobation ou en stridulant notre contentement.

Il y avait un animal beaucoup plus calme que nous, un animal étrange, vraiment étrange, affublé de trois noms : le bradype, le paresseux et l'aï. Quand il grimpait dans un muscadier, il me prenait l'envie folle de lui piquer les fesses pour le faire avancer plus vite. Malgré sa nonchalance exaspérante, il m'amusait beaucoup avec son air ahuri et son je-m'en-foutisme


À cette époque, j'étais un perroquet de grande taille au plumage presque tout bleu. Mon abdomen était jaune à gorge noire et mon faciès blanc, sans plumes. Sous mes yeux, des lignes noires comme des cernes. J'avais aussi un gros bec fort et crochu et ma mandibule supérieure était pourvue d'un crochet genre casse-noix. Ma langue était épaisse et cornée ; je possédais quatre doigts opposés deux à deux et une queue, en forme d'éventail, longue et belle. J'étais un mâle très beau et, à un an, j'avais toute la vie devant moi.


Je vivais seul et passais mon temps à observer les environs en mangeant des fruits et des graines. Un jour, tous mes sens furent en alerte car une jolie femelle me lança un clin d'œil que je ne pus absolument ignorer. Le cœur battant, je la rejoignis dans l'arbre à côté. Au début, elle fit l'effarouchée mais ses plumes frémissantes trahissaient une grande émotion. Ma cour fut rapide et, après quelques picotages des plus tendres, nous nous envolâmes ensemble.


Nous nous amusions comme des fous et quand nous étions fatigués, nous nous becquetions. C'était notre façon de nous dire « je t'aime ».

Quelque temps plus tard, nous nous étions isolés à l'abri des regards pour vivre une aventure extraordinaire. Nous avions fondé une famille et mon jabot était toujours plein de victuailles pour les petits becs affamés.


Les années passant, le bonheur ne nous avait pas quittés. Avec ma chère compagne, j'avais eu de nombreux enfants, tous envolés.


Il y avait encore une couvée qui m'attendait sagement dans le nid chaud et douillet avec leur mère. Chaque jour, j'allais faire les emplettes pour nourrir ce petit monde.

Avant de rentrer chez moi, je survolais les alentours pour voir si tout allait bien.

Un jour, au pied de mon arbre, je découvris qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Plongé dans mes craintes, je ne vis pas planer au-dessus de moi une aile de papillon monstrueuse qui, d'un coup, m'engloutit. Surpris, je vomis le petit déjeuner des enfants. En deux temps trois mouvements, je me retrouvais empêtré dans un filet. Autour de moi, de drôles d'animaux sur deux pattes gesticulaient en poussant des cris. Je ne comprenais pas ce qui arrivait. Je tentais d'ouvrir mes ailes, impossible. Je fus soulevé de terre, bringuebalé puis jeté dans un endroit sombre en compagnie d'autres psittacidés. Il y avait une telle cacophonie que je hurlais d'effroi, mes cris se mêlant aux autres suppliciés. Quelques instants plus tard, à bord d'un engin plus que mystérieux, je quittais mon paradis.


Je ne pouvais pas m'envoler car on m'avait ligoté les pattes, les ailes et même le bec. Seuls mes yeux étaient libres et ce qu'ils voyaient me glacèrent de peur. Nous étions une dizaine de volatiles alignés sur le sol, dans une rue grouillante de monde.


Un bipède à l'allure convenable se planta devant moi. Il était tout blanc avec un drôle de truc sur la tête. Il me caressa le bec en piaillant de drôles de sons. Le vendeur, pour me rendre plus présentable, m'avait déficelé et j'avais le bec ouvert.

L'homme répétait sans cesse : « Bonjour... répète bonjour ». Surpris, je le regardais et je me demandais bien où il voulait en venir. Puis, je compris. Il voulait que je répète ce qu'il me disait. Je me raclai la gorge y cherchant au plus profond, les mots attendus. Pour me remercier, il me tendit des graines que j'avalai prestement, n'ayant rien mangé depuis la veille.

Pour m'encourager, il souffla sur mes plumes. J'étais ému devant son acharnement à vouloir me faire dire quelques mots tout simples, tout bêtes. Pour lui faire plaisir, je tentai un salmigondis qui sembla le réjouir. Moi, je n'étais absolument pas sûr de ma performance. Déçu, je le vis partir. Tant pis pour moi si je n'avais pas su le séduire. J'étais triste car il était bien le seul à m'avoir témoigné quelque compassion.


Pendant des heures, je restai debout sous un soleil de plomb et mes ergots me faisaient terriblement souffrir. Je sentis que j'allais me trouver mal car ma tête se mit à tourner. Je me revoyais chez moi, là-bas dans la forêt, avec ma chère compagne et mes petits. Je tombai sur le côté en poussant un cri aigu. C'était fini, j'allais mourir ici, seul, loin des miens, dans un endroit hostile. Je me laissais aller quand, soudain, sans savoir comment, je fus de nouveau sur pattes. L'œil vacillant, la vision floue, je parvins quand même à distinguer l'homme en blanc, mon beau parleur. Il me souleva et m'installa au creux de son épaule.


Tout en conduisant, l'homme chantonnait. Entre deux refrains, il me disait « bonjour, répète bonjour ». Seul à l'arrière, je m'entraînais pour passer le temps. Puisqu'il était gentil avec moi, j'allais faire tout mon possible pour ne pas le décevoir. Et puis, peut-être qu'un jour, il me rendrait ma liberté ?


Quelques heures plus tard, je découvris ma nouvelle demeure. Mes yeux s'écarquillèrent devant tant de beauté. C'était un vrai château. Tout autour, s'étalait un parc magnifique planté d'arbres grimpant dans le ciel. Mon œil vira à trois cent quatre-vingts degrés et repéra celui qui m'accueillerait bientôt, enfin, je l'espérais.


Assurément, j'étais allé trop vite en besogne car le beau parleur avait prévu autre chose pour moi. Après un bref aperçu que je n'étais pas près de revoir, il me fit entrer dans une petite pièce au milieu d'un fatras de choses hétéroclites. C'était un débarras, purement et simplement. Une petite fenêtre dans l'angle me donna un peu d'espoir, je n'étais pas tout à fait coupé du monde. La porte se referma brutalement sur ma vie.


Que voulait-il exactement ? Que je parle ? Si c'était ça qu'il voulait, j'y arriverais, je le jurais, pour retrouver ma liberté.


Avec le temps, je commençais à regretter mon jugement par trop hâtif car sa bonté était bien loin de ce que j'avais imaginé. Je ne fermais pas l'œil de la nuit, en proie à de terribles cauchemars. Je me voyais en train de mourir de faim, oublié dans le réduit qui me tenait lieu d'habitat. La lune discrète compatissait à mes tourments, m'épaulant du mieux qu'elle pouvait avec sa clarté blafarde.


Les jours suivants, je ne tardai pas à connaître le véritable dessein du beau parleur. Il avait une marotte, m'apprendre à parler. Pas comme un perroquet dressé mais comme un homme, comme lui. Son obsession me terrorisait car je savais très bien que, malgré ma bonne volonté, je n'y parviendrais jamais.


Chaque matin, à la même heure, il était là son bâton à la main. De dompteur, il passait à chef d'orchestre et vice-versa, selon son humeur. Il scandait des mots et des phrases tout en jouant de la baguette. Il avait parfois des moments de tendresse, il caressait mes plumes mais c'était très rare. Bien souvent, trop souvent, d'un coup sec il déployait mes ailes et les frappaient.


Le matin, quand le soleil pointait à l'horizon, je redoutais sa venue. Un jour, il s'était tellement acharné sur moi, qu'il avait abîmé ma jolie queue. Des plumes gisaient par terre et les voir ainsi ne me remontait pas le moral.


Au début, je déprimai très fort puis j'eus une idée géniale. Je décidai de faire de l'exercice en voletant et en sautillant. C'était la seule façon de rester en forme pour survivre. L'espace était restreint mais rien ne m'arrêtait, même si je me cognais la tête contre le mur ou me tordais les pattes sur les fils de fer qui traînaient par terre.


Un jour, il s'est passé quelque chose d'extrêmement bizarre. Tôt le matin, il y eut une grande agitation à l'extérieur. C'était la première fois, depuis des mois que j'étais enfermé, que j'assistais à une telle effervescence. Juché sur une vieille armoire, j'observai par la fenêtre et vis toute la journée des engins de toutes formes, de toutes couleurs, débouler au bout de l'allée.


J'étais content car mon beau parleur n'était pas venu me donner sa leçon. Las du spectacle répétitif, je quittai mon poste et m'installai par terre, sur une couverture à l'odeur bizarre. Je somnolais quand, tout à coup, la porte s'ouvrit à grand fracas. « Alors, pépère, tu es prêt ? Aujourd'hui, c'est le grand jour et tu as intérêt à être à la hauteur ». Je ne comprenais rien à son galimatias car ce n'était pas le genre de paroles que j'avais l'habitude d'entendre. Sa voix était méchante et sans appel. Il m'attrapa, lissa mes plumes et m'installa comme au premier au jour, au creux de son épaule. Nous descendîmes un escalier recouvert d'un tapis rouge. En bas, c'était la liesse générale. Des bipèdes clinquants et dorés nous accueillirent à bras ouverts. Chacun voulait me prendre dans ses bras mais le beau parleur refusa tout net. « Vous allez voir de quoi est capable mon pépère », répétait-il à la cantonade.


Devant les invités, j'étais un perroquet savant qui devait montrer ses compétences. Il est vrai que les jours précédents, les leçons avaient été intensives et prometteuses. Le beau parleur pouvait être fier de moi car, dorénavant, j'étais « presque » aussi éloquent que lui.


Pendant une bonne heure, j'enflammai l'auditoire avec des tirades tirées de La Mégère apprivoisée, Macbeth, Roméo et Juliette et j'en passe. Les applaudissements fusaient de toute part, on en voulait encore et encore. La langue et le gosier secs, je ne faillis pas à ma réputation et recommençai mon numéro. Le show terminé, il me raccompagna en ma demeure en me jetant comme un paquet de linge sale. Il marmonna : « Tiens-toi prêt pour demain... de nouvelles leçons t'attendent... je veux que tu sois le meilleur ».


Épuisé, je me dirigeai en clopinant vers la couverture douteuse où je me pelotonnai. Je m'endormis aussitôt sans penser à demain. Toute la nuit, je fis le même rêve horrible. J'étais prisonnier de phrases grandiloquentes qui me tuaient à petit feu. Il me venait sans cesse ce leitmotiv « être ou ne pas être » une des toutes dernières leçons enseignée par le beau parleur.


Après un sommeil agité, je me réveillai tout engourdi par ma prestation de la veille. N'ayant pour repère que la lumière croissante ou décroissante du jour, je constatai qu'il était levé depuis plusieurs heures. Le soleil me poussa à faire un gros effort pour sauter sur le haut de l'armoire. Dehors, tout était calme, les engins avaient disparu. Je me rendis compte alors que le beau parleur n'était pas venu. Je ne lui en voulais pas, bien au contraire. Je m'en trouvais même fort heureux. La récréation inespérée me poussa vers la couverture où je m'installai du mieux que je pus avec cette odeur persistante de mort. Sans m'en rendre compte, je m'endormis la tête sous l'aile. J'aurais pu dormir longtemps si ce n'est que mon estomac lui ne sommeillait pas. De terribles gargouillis m'obligèrent à me mettre debout car j'étais affamé et je commençais à me sentir mal.

Le cagibi était dans la pénombre car le soleil avait disparu pour faire place au croissant de lune qui flottait dans le ciel. Je glanai, ici et là, quelques graines desséchées qui ne suffirent pas à contenter ma faim grandissante.


La joie de ne plus voir le beau parleur et le besoin de nourriture s'affrontèrent en moi. Je dus me rendre à l'évidence, j'avais besoin de lui pour manger.


Du bruit se fit entendre derrière la porte, la clef tourna dans la serrure.


Il se tenait debout dans l'encadrement. Il avait dans la main un drôle d'objet qui n'était pas le bâton dont il était coutumier. Apparemment, il avait un coup dans l'aile car il venait vers moi en titubant. Pour ne pas tomber, il se pencha en arrière et s'agrippa au chambranle de la porte. Son faciès ne me disait rien qui vaille car il était très rouge, les yeux exorbités et la bouche écumante. Il en sortit un chapelet de mots inconnus « sale volatile, je vais t'étriper » « viens ici que je t'égorge » ou encore « alouette je te plumerai ».

Au bout du bras brillait, sans conteste, l'instrument de ma mort.

Je me dirigeai vers un tas de vieux sacs en décomposition. Le coin était sombre, encombré de boîtes, de chiffons, de tuyaux, un vrai parcours du combattant pour le beau parleur éméché. D'où j'étais, je le voyais bien. Il était appuyé à la porte, les yeux dans le vague. Soudain, mû par une forte animosité, il s'élança et s'affala de tout son long sur la couverture. Je crus que ma dernière heure était venue car, si je m'y étais trouvé, il m'aurait écrasé avec ses cent kilos et plus. Il gisait maintenant sur le ventre les bras en croix.


Longtemps je restai caché, n'osant pas bouger de peur qu'il ne se relève. À force de surveiller le moindre de ses mouvements, j'avais très mal aux yeux. Il me vint un besoin irrésistible de les fermer, un besoin irrésistible de dormir. J'essayai de lutter mais, malgré moi, ma tête tomba sur le côté.


J'étais sur le point de succomber quand, tout à coup, par je ne sais quelle prouesse, il se retrouva sur le dos. Son changement de position fut pour moi un coup de fouet qui me réveilla. Pour un peu, je me serais fait prendre au piège. Je présageais le pire car il allait se mettre debout et reprendre ses esprits. Je devais m'enfuir par la porte ouverte.


Pour sortir, je devais le contourner et mes ailes abîmées ne m'aidaient pas pour aller plus vite. Impatient, j'attendis. Le beau parleur ne bougeait toujours pas. Je me demandais s'il n'était pas mort. Puis, je me dis que je n'allais quand même pas rester planté là à attendre qu'il me fasse la peau, s'il était vivant. Sans faire de bruit, je sortis de l'ombre et avançai prudemment pour ne pas heurter les objets éparpillés par terre.

Le souffle coupé, j'étais tout près de lui et l'observais. Je le trouvais presque attendrissant avec ses paupières frémissantes et sa poitrine qui se soulevait par à-coups. Je réalisai soudain qu'il était en vie et décidai de ne pas traîner plus longtemps dans les parages. Tout en ne le quittant pas des yeux, je contournai la silhouette prise dans le faible halo lunaire.


Comme s'il avait senti ma présence, il ouvrit les yeux et je compris que si je ne déguerpissais pas, ma fin était proche. Son regard me lança des éclairs chargés de haine. Tout retourné, je me mis à trembler de toutes mes pauvres plumes. Je suivis sa main qui tâtonnait pour récupérer l'arme du crime. Hypnotisé, je surveillais la progression des doigts boudinés qui se fermaient sur le néant. Le coutelas avait glissé trop loin. Ça l'avait tellement épuisé qu'il retomba dans une hébétude prostrée et ne bougea plus.


J'allais quitter ma prison mais revins sur mes pas pour accomplir une dernière prestation.


Je grimpai sur sa poitrine, déployai comme je pus mes ailes, dressai la tête et ouvrit le bec. Il ne bougeait pas. J'allais lui dédier mon dernier rôle, celui du beau parleur tueur.


Tout en récitant une tirade, je me pris pour Sganarelle dans Le Médecin malgré lui de Jean-Baptiste Poquelin.


« Et vous êtes un impertinent, de vous ingérer dans les affaires d'autrui : apprenez que Cicéron dit, qu'entre l'arbre et le doigt, il ne faut point mettre l'écorce. » et me sentant l'âme de Molière, je palabrais.


« Et monsieur le beau parleur, vous êtes un méchant homme de vouloir m'apprendre vos strophes et vos vers sibyllins. Sachez que moi, oiseau de la famille des psittacidés, du nom d'ara ararauna, je ne céderai pas à vos caprices ».


Tout en débitant un texte improvisé dont j'étais fier je picorais ses yeux. La douleur devait être insoutenable car son corps tressaillait comme un oiseau blessé en train de mourir.


J'y mis tant d'acharnement que, bientôt, il ne resta plus que deux trous béants et sanguinolents.


Les yeux du beau parleur ne verraient plus, le beau parleur n'était plus.


 
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   ANIMAL   
24/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Cette nouvelle commence un peu comme un documentaire animalier vu par un ara qui mène sa vie tranquille et heureuse d'oiseau dans sa jungle natale.

Puis le drame s'installe pour le pauvre ara capturé par des trafiquants d'animaux et qui essaie en vain de s'adapter à sa nouvelle condition d'esclave. Mais on lui en demande bien trop et au moment où il voit sa fin proche, il se rebiffe.

J'ai apprécié cette manière de personnaliser l'oiseau et cette verve typique des perroquets qui le fait régurgiter avec à-propos ces mots qu'on lui a inculqués de force. Voilà qui donne à cette histoire l'allure d'une fable, si ce n'est que je trouve sa morale un peu outrée. J'aurais vu l'ara filer à l'anglaise, imaginant mal ce volatile crevant des yeux à l'instar d'un corvidé. Mais la maltraitance peut pousser à tous les extrêmes, je pense que c'est ce qui se dégage de ce texte.

Qu'est devenu notre ara bleu après cette vengeance ? A-t-il pu se servir de ses ailes meurtries, retrouver sa jungle et son bonheur après tant d'avanies ?

Voilà le petit détail qui me manque à la fin de cette nouvelle dont l'écriture est plaisante et la lecture intéressante.

en EL

   maria   
27/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

L'histoire est sympathique : un perroquet tue celui qui l'a capturé pour le faire parler comme un homme. Le déroulement des évènements est cohérent et clair.

J'ai été surtout séduite par l'écriture de cette nouvelle. Je la trouve magnifique.
Le perroquet soigne la description de son environnement :"un patchwork faunesque et floral". Il se présente avec la même délicatesse : "J'étais un mâle très beau et, à un an, j'avais toute la vie devant moi." Même son auto-suffisance est charmante.
L'oiseau est attachant et sait émouvoir :"Je me revoyais chez moi, là-bas, dans la forêt, avec ma compagne et mes petits."
J'ai eu envie de lui pardonner son crime.

J'ai été charmée par la finesse du style de l'auteur(e).
Merci pour le partage et à bientôt.

Maria en E.L.

   plumette   
13/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte nous emporte au début dans un univers exotique dont je n'ai pas l'habitude.
Tout en reconnaissant la qualité de l'écriture, j'ai eu du mal à envisager que cela puisse être "la voix" de l'oiseau. paradoxalement, le texte m'a paru trop écrit!

L'environnement est dépaysant et l'histoire progresse d'une manière que j'ai trouvé prenante : La première phase de la belle vie, presque trop idyllique, puis la capture et la captivité, la troisième phase avec l'apprentissage et la maltraitance, et enfin le dénouement qui permet à l'oiseau de se délivrer en se vengeant.
j'ai été surprise que l'oiseau soit lui-même un si beau parleur lorsque son "maître" le donne en spectacle car dans l'apprentissage, on a l'impression que l'oiseau n'arrive pas vraiment à parler, qu'il ne répond pas aux attentes de son dresseur ?

j'ai imaginé que l'oiseau avait participé à un concours d'éloquence et qu'il avait perdu, ce qui expliquerait la dernière scène: l'état d'ébriété , le projet de tuer l'animal ?

Donc quelques questions qui restent en suspens sur le scénario lui-même, mais au final, une lecture plutôt agréable.


Plumette

   placebo   
13/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour, joli texte, j'ai apprécié l'histoire.
"Après un bref aperçu que je n’étais pas près de revoir" : la construction me semble bizarre.
"je-m'en-foutisme" : manque un point à la fin.
"mes cris se mêlant aux autres suppliciés" mes cris se mêlant à ceux ?
Bonne continuation,
placebo

   Malitorne   
14/12/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Je ne suis pas du tout convaincu par ce récit qui ne sait pas sur quel pied danser. Entre documentaire animalier, conte pour enfant qui se termine en horreur, on ne comprend pas très bien ce que vous nous proposez. Plusieurs choses sont maladroites à mon avis : l’anthropomorphisme du perroquet, le tire-larme de l’animal captif, la caricature des méchants humains. Et puis ce final où le malheureux volatile se venge cruellement de son bourreau. Bien fait pour lui, l’était trop vilain !
Non, franchement, tout ceci est trop naïf, sans grand intérêt. Reste un style qui se parcourt sans déplaisir.

   Corto   
14/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour emju.

Cette nouvelle est écrite dans un style très travaillé, un peu trop pour attribuer à ce bel oiseau un tel langage "j'ouvrais les yeux sur un patchwork faunesque et floral dont je ne cessais de m'émerveiller". A mon avis on sent trop que l'auteur veut prêter à l'ara des sentiments ou des émerveillements parfaitement humains.
L'ara vit comme ses congénères dans ce cadre, je doute qu'il continue à le trouver si extraordinaire.

Par contre le paragraphe de la capture "Un jour, au pied de mon arbre, je découvris qu'il se passait quelque chose d'inhabituel" semble plus réaliste. L'oiseau ne comprend pas ce qu'il se passe.

A partir des séances de dressage le ton devient aussi plus crédible, mais surtout lorsqu'on parle de l'homme et non de l'animal " De dompteur, il passait à chef d'orchestre et vice-versa, selon son humeur."

Dans la scène finale certaines descriptions sont réalistes "Pour sortir, je devais le contourner et mes ailes abîmées ne m'aidaient pas pour aller plus vite". Il s'agit surtout d'éléments factuels.

L'irruption de "Sganarelle" est une belle facétie et toute la suite est une envolée où l'on s'amuse volontiers à voir l'animal acquérir plus qu'un langage, une vraie mémoire, même une pensée...

Au total sauf vers la fin j'ai eu du mal à apprécier cette histoire baignée d'anthropomorphisme. Mais je reconnais volontiers votre qualité d'écriture et une solide construction du récit.

Merci pour ce partage.

   Donaldo75   
15/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Emju,

Raconter une histoire du point de vue d'un volatile, c'est souvent un exercice difficile. Je trouve que tu t'en est bien tiré. Mon impression de lecture est agréable car la narration est truculente, les tribulations de ce ara sont marrantes et l'ensemble est fort enlevé.

Je ne m'attends pas forcément à un conte social ou philosophique dans ce cas précis, parce que la déconnade a quand même pris le pas sur le sérieux; ce n'est pas plus mal, entre nous.

Merci pour le moment de détente.

Donaldo

   Anonyme   
18/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
La plume alerte est plaisante, c'est un fait. Mais le scénario ...
Une leçon de choses très détaillée pour commencer qui montre un savoir dont le lecteur que je suis se fout. IL ne la retiendra pas, de toutes façons. Planter un décor oui, mais avec moins d'infimes détails lassants. La plume, parvient à me dissuader d'arrêter la lecture.
Bref, tout va bien jusqu'à cette fin bizarre. Il est sauvé, notre volatile de toutes les couleurs, puis revient crever les yeux de son tortionnaire.
On croirait l'expression d'une victime d'un charlatan qui se défoule en écrivant, après avoir revêtu le costume bariolé du héros-assassin.
Pas de plan préalable, l'inspiration du moment. La méthode d'un profane pour une plume émérite. Ça donne un résultat fort mitigé. Du moins, pour moi.


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