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Science-fiction
i-zimbra : Nationale 7
 Publié le 21/09/13  -  10 commentaires  -  15846 caractères  -  121 lectures    Autres textes du même auteur

Une rhapsodie en jaune.


Nationale 7


Hier soir, chaque vacancier du Grand Paris a réglé son GPS sur les coordonnées du bungalow avec vue sur la mer à lui réservé à compter de ce soir, quelque part entre les sites de Banyuls et de Menton.

Ce matin à 7 h 15 locales, les premiers étaient dans la circulation. Mais l'A6 étant fermée, le guidage les maintint sur le périphérique, qui se remplit petit à petit. Ceux qui empruntaient l'A86 n'avaient pas plus de succès, et étaient envoyés les rejoindre. Si bien qu'à 9 h 45, le petit anneau était saturé. Et cependant totalement fluide, il brassait vingt mille bulles jaunes dans le sens des aiguilles d'une montre, autant en sens inverse. Même les gens qui passaient une cinquième fois devant le Sacré-Cœur ne s'inquiétèrent de rien, à supposer qu'ils aient remarqué quoi que ce soit.

Nous nous trouvions déjà en ce deuxième étage de la tour Eiffel, prenant des petits déjeuners au Jules Verne. Voyant de sa tombe ce que nous surplombons, le baron Haussmann s'y retournerait. Tout comme Maurice Chevalier, pourtant visionnaire de ce que « Paris sera toujours Paris ».

Mais revenons à nos moutons. En bas de nos écrans, nous vîmes soudain, comme par l'action de l'ouverture d'une bonde, le double flux croisé d'estivants s'écouler par gravité dans les conduits de raccordement à l'Autoroute du Soleil.

À ce moment, j'avais le privilège de me trouver auprès de la duchesse du Pont de Nemours, qui m'a aimablement autorisé à reproduire la teneur de nos entretiens. Quand elle vit son numéro, clignotant sur son écran personnel, repasser sur la rive droite de la Seine, elle parut un tantinet désappointée, tandis qu'à quelques tables de là, le prince Arcilor se réjouissait de voir le sien plonger déjà sur Arcueil.


– Il semble que j'aie déjà perdu, minauda-t-elle du ton inimitable que nous lui connaissons.

– Vous n'avez certes pas eu de chance au tirage, la réconfortai-je, mais il reste le grattage.

– Le grattage ?

– Rien n'est perdu, le dernier peut encore gratter tous les autres !

– Ces petites bêtes n'avancent-elles pas toutes à la même allure ? Ce handicap me paraît tout à fait insurmontable.

– La vitesse de croisière du pilote automatique est de 117 km/h. Mais le conducteur dispose d'une réserve de gaz pour 5 km/h de plus.

– Vous voulez dire que ces automobiles sont toujours pilotables par leurs occupants ?

– Il arrive qu'il leur prenne le besoin de circuler sans savoir où aller. Il y a bien une fonction random sur le GPS, mais ce comportement a pour origine la réminiscence d'un esprit de liberté qu'il faut bien contenter… Vous savez, ils finissent toujours par presser le bouton avec le pictogramme « maison ».

– N'est-ce pas un défi à la sécurité des routes, tout de même ?

– Aucun danger, ris-je. La liberté de ces engins finit là où commence celle des autres. L'ordinateur de bord a le dernier mot. Ils ne peuvent ni se heurter, ni aller dans les décors, ni faire aucune manœuvre qui oblige les suivants à réagir de façon violente. Mais il ne suffit pas aux autos d'être intelligentes pour qu'elles se déplacent en bon ordre, il faut qu'elles soient communicantes. Ainsi, avant qu'une commande, qu'elle soit d'origine humaine ou non, soit transmise aux organes mécaniques, elle est soumise aux véhicules voisins, et de proche en proche à tous les véhicules concernés. Le retour d'information se fait dans un délai maximum d'un vingtième de seconde, donnant autorisation, modification, ou interdit au désir cinétique individuel. C'est ce que nous nommons l'intelligence générale.

– Reste à savoir si mon numéro a un pilote, dégourdi si possible. Quelqu'un qui soit pressé d'arriver à la plage.

– Pressé ? Tenir un volant pendant six heures, ou bien faire n'importe quoi de plus… comment dirais-je… gratifiant, pendant six heures trente, qui serait assez puéril pour choisir la première option ?

– Eh bien alors, quoi, mais c'est vous qui m'avez parlé de « conducteur » !

– Si fait, madame, mais il y a une réponse à ma dernière question.

– Voui… Qui serait assez puéril ?… Il est vrai que certains le sont probablement.

– En particulier les enfants de deux à cinq ans.

– Oh je vois ! Cela me rappelle ma prime enfance, quand ma grand-mère me payait des tours de tacots. Je tournais le volant dans tous les sens, j'étais si heureuse bien que mon engin ne quittât jamais son rail ni ne rattrapât celui qui le précédait. Dites-moi, se reprit-elle, j'ai la curiosité de savoir ce que fabriquent mes passagers sur leurs sièges.

– J'ai devancé votre intérêt pour eux et je viens d'accéder à quelques informations. Il y a eu trois connexions internet à bord depuis qu'ils sont en route. Il semble que le père ne soit pas encore tout à fait en vacances.

– Que fait-il donc de sa vie ?

– Apparemment de la maintenance robotique assistée par humain. Un de ces métiers qui disparaîtront avec lui. La mère n'est pas non plus en vacances de ses activités extraprofessionnelles, elle visite les réseaux sociaux des hospices, en contact visuel avec des personnes âgées. L'aménité d'un visage accort, accompagné de quelques smileys choisis, leur est un puissant réconfort. La troisième connexion concernait la mise à jour pour casque à électrodes du jeu Enhanced GP. Probablement un enfant. Connaissez-vous la réalité augmentée ?

– Apprenez que je ne vis que d'idéalité.

– Eh bien, la réalité, c'est ici une collection de grands prix tels qu'ils se sont déroulés ; et augmentée parce que le joueur peut les disputer aux commandes d'un bolide virtuel.

– Ne puis-je en savoir plus sur mes petits protégés ? Recherchez donc mon numéro dans le fichier des cartes grises.

– Je suis si heureux de voir que vous vous prenez au jeu, duchesse. La protection des données individuelles ne me permet pas un accès direct, mais je vais faire de mon mieux.


J'allais lui faire part du fait qu'un foyer standard avec deux jeunes enfants se trouvait embarqué sous son égide, quand elle réalisa subitement :


– Je suis déjà à Boulogne et les derniers à Neuilly. Youpi ! J'ai un pilote, n'est-ce pas ?

– Son prénom est Georgia et elle a trois ans. Son frère en a huit.


À présent, le périphérique était vidé, et rendu aux autres usagers. Vers 10 h 15, le satellite freina les véhicules de l'avant et interdit les dépassements, afin de compacter le peloton. Les petites bulles furent bientôt agglutinées, et leur éclat jaune impérial se diluant dans le bleu guède du macadam, l'œil ne voyait qu'un fil de vingt mètres d'épaisseur s'allongeant sur quarante kilomètres au sud de Fresnes.

À 10 h 25, depuis le cours céruléen de l'École qui figurait pour nous la ligne de départ virtuelle, la course véritable fut lancée. Jadis, l'inertie humaine eût empêché les derniers d'avancer avant une heure, phénomène du « bouchon ». Là, il ne fallut que douze secondes, et toute la harde se rua en direction de la forêt de Fontainebleau. Dont, faute de toute signalisation sur la route et de notion géographique dans l'esprit des usagers, ceux-ci ignorent l'existence. Sans compter qu'ils opacifient volontiers leurs vitres.


Je me mêlai aux autres invités, surveillant toujours de loin madame la duchesse qui semblait se passionner pour la course. Au kilomètre 100, le parcours entre en Bourgogne et devient curviligne. Après l'aire de Senan, l'autoroute contourne par la droite une imposante colline où fleurit un champ de boutons d'or, semés de façon à figurer un smiley géant, ce sourire de base père de tous les smileys. Les ordinateurs de bord ont commandé la dépigmentation des vitres et envoyé un jingle, que l'on imagine les vacanciers reprendre en chœur :

« L'amour joyeux est là qui fait risette, On est heureux, Nationale 7. » (*)

Personne ne sait pourquoi « Nationale 7 », et c'est aussi pour ça qu'« on est heureux ». C'est la force du gimmick.

Un quart d'heure plus tard, j'aperçus la duchesse, prise de vapeurs, qui venait me rejoindre.


– Mon cher ami, j'ai l'impression que tout le monde nous double, que se passe-t-il ?

– Ils ont tout simplement pressé le bouton « arrêt pipi ». J'avais oublié de vous signaler cet autre aléa de la course.

– Comme c'est trivial !

– Car tristement indispensable. Cette nuée jaune passant en une seule grappe nous a d'ailleurs obligés à installer temporairement des lieux d'aisance supplémentaires sur les aires de repos. C'est le poste principal du budget de l'organisation.

– Ça y est, elle est repartie ! s'enthousiasma-t-elle, se désolant tout aussitôt. Oh mais elle a reperdu tout le terrain gagné…

– Rassurez-vous, tous feront un arrêt. Prions pour qu'elle n'en fasse pas un second, en ce cas elle aurait certainement course perdue.

– Y a-t-il d'autres aléas ?

– Je ne crois pas, mais tout ce qui fait obstacle est un aléa si l'on ne sait pas l'anticiper. Par exemple, j'ai remarqué qu'elle évitait les légères turbulences autour des voies d'accélération des sorties des aires de repos. À ces endroits, les bulles se poussent plus pour laisser passer les rentrants que pour laisser doubler les suivants. Je la trouve assez expérimentée. Vous suivez l'image satellite, mais le dirigeable est passé tout à l'heure à son aplomb et la caméra est restée sur elle pour faire admirer comme elle utilise l'aspiration dans ses dépassements.


Pour nous, la réalité est ce sur quoi l'on a un contrôle, pour les gens ce doit être le contraire. La jeune Georgia l'ignorait encore à son âge, et dans sa réalité diminuée, elle obtenait des résultats plus tangibles que son frère dans sa réalité augmentée. Pour ne pas donner de fausses joies à sa noble commanditaire, je gardai pour moi les calculs sur les temps de passages qui la plaçaient dans les tout premiers favoris.

Sur un écran latéral, deux cent cinquante correspondants de notre filiale Événements se succédaient pour recueillir les impressions des propriétaires successifs du ticket en position de leader. Simple prétexte pour nourrir la convivialité au sein du gotha, et faire partager des vues des lieux magnifiques où s'étaient réunis les uns et les autres. C'est ainsi que la duchesse découvrit l'île de Socotra, y reconnut un ami qui en était l'hôte, et lui envoya un texto pour le prévenir qu'elle était à ses trousses.


Selon le mot fameux d'Henry Ford, l'automobiliste était à l'origine libre de choisir la couleur de son auto, pourvu qu'elle fût noire. L'idée a perduré, mais le monde a évolué, et le jaune est infiniment plus gai. Lorsque Publicom présenta la nouvelle coque du véhicule du peuple, on nous objecta que la pénétration dans l'air n'était pas idéale. Or ce qui était vrai au temps de la conduite individualiste ne l'est plus aujourd'hui que les gens se déplacent en pelotons, car grâce à la mobilité communicante, la distance de sécurité n'est jamais supérieure à trois mètres.

Mais ni moi ni mes associés ne revendiquons la paternité du concept. Cette forme était reconnue comme l'icône de notre Civilisation dès l'An 1. Et pour ce qui est de notre manifestation caritative, elle n'est pas non plus tout à fait originale : des courses de canards de bain eurent déjà lieu à la fin de l'ère christique ; on en compta jusqu'à deux cent cinquante mille sur la Tamise. À la même époque, on les utilisa pour étudier les courants océaniques. Les bébés aussi étudiaient sa façon de flotter à la surface des choses, s'identifiant au sympathique volatile. Même Elisabeth II en avait un dans sa baignoire, avec une petite couronne. Le canard de bain nous rappelle comme nous sommes heureux de suivre le courant.


En début d'après-midi, des indigènes chassant le daim sur la roche de Solutré regardèrent passer l'insolite cortège, qui croisait le gros des gens qui leur avaient laissé les clés des bungalows.

Notre amie Georgia était encore treize millième. Mais toutes les deux secondes, elle faufilait son bec vermeil entre deux ailes jaunes, remontant la tête de course à la vitesse d'un bon marcheur. D'autres pilotes de son âge, un peu moins persévérants, ayant opté pour une autre activité ou s'étant endormis après leur lunch, avaient rendu leur engin au gré du courant.

Lyon, première mégalopole au sud de Paris dans notre civilisation archipel, fut bientôt atteinte sous un soleil de plomb. L'accès de l'autoroute, qu'on aurait pu rebaptiser Autoroute du Cagnard, fut barré durant une heure aux Lyonnais, puisqu'ils ne concouraient pas.

À 14 h 45 GMT, on franchissait la Drôme. Nos amis californiens nous rejoignaient pour le dernier sprint autour d'un brunch matinal, tandis que sur les rivages occidentaux du Pacifique, on prenait les digestifs en attendant l'apogée de la soirée. Tous purent suivre la fin de course au plus près, car aux images du dirigeable et du satellite venaient de s'ajouter celles de caméras mobiles installées sur les glissières de sécurité.

Une demi-heure plus tard, cela ne se jouait plus qu'entre une centaine de souriants canetons, et nous multipliions les gros plans sur les prouesses des plus hardis.


Enfin, à hauteur de l'antique cité d'Orange, la ligne d'arrivée n'était plus qu'à une minute. Je voyais la duchesse exulter, son canard de bain s'étant échappé. Avec trois kilomètres d'avance, il ne pouvait plus être repris.

Seul sur la large bande de bitume, il eut peut-être un accès d'agoraphobie : ce qu'il fit, c'est qu'il rétrograda violemment, s'immobilisant un court instant dans un spectaculaire triple tête-à-queue, et repartit plein gaz vers ses congénères.

J'ai personnellement imaginé que la drôlesse a pu vouloir répondre aux moqueries de son frère en lui montrant ce que c'était que le « vrai truc ». Celui-ci n'a peut-être pas eu le temps de faire une jaunisse, car bien entendu, il ne fallut pas une demi-minute au pilote automatique pour reprendre les rênes et faire volte-face, à quatre hectomètres du peloton lancé à plus de trente mètres par seconde, à temps pour retrouver une allure de sécurité au moment de la jonction.

Avant que la gamine ne récupère l'usage des gaz, la masse jaune l'avait absorbée. Il était trop tard.

Elle se classa cinquième. La duchesse l'avait mauvaise.


– Couac ! trompeta-t-elle, et elle se précipita vers moi, comme si j'avais du pouvoir sur les faits de course ou peut-être une responsabilité dans ses déboires.

– Votre Grâce, fis-je, rougissant, je suis atterré par ce qui vient de se passer…


Mais déjà, elle se voyait à l'écran le centre du monde, et prenait aussitôt le parti d'en rire. Un peu jaune.


– Ah elle est formidable, celle-là !


Celle-là fut bien la première à arriver sur la plage pour gonfler sa bouée-canard, mais cette performance ne fut pas saluée. Et Georgia ne saura jamais quelles émotions elle a causées à la marraine de son périple. Ni ses parents ce qui valut à leur petite délurée une visite chez le pédo-neuro-thérapeute.


Il faut bien entendu féliciter à nouveau le gagnant, qui se trouvait au château de Balmoral. On se souvient que le Cheikh Ali Jaqwat s'y vit remettre, en mondovision, son lot : l'île grecque d'Hébéphrênos, prélevée sur le reliquat des saisies effectuées par le Gouvernement Mondial à l'époque de la chute des États. C'est de là que son nouveau propriétaire se joint aujourd'hui à nous en compagnie de ses invités.

Je gage que la deuxième édition de cette manifestation rencontrera cette année le même vif succès aristocratique. C'est sans doute la participation populaire qui a causé un engouement si fort pour cette tombola, annonçant de nouveaux horizons créatifs en matière d'entertainment.

Pendant que le périphérique finit de brasser à nouveau quelque quarante et un mille petites bulles jaunes, il me reste à vous remercier, chers amis, du nouveau milliard que vous venez de donner pour la recherche sur les maladies neurodégénératives. Le monde en a vraiment besoin.



(*) Ce jingle de Charles Trenet, Route Nationale 7, est tombé dans le domaine public cette année-là.


 
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   Anonyme   
1/9/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bien vu ! Voilà de la science-fiction comme je l'aime : sarcastique, donnant à entrevoir par la bande l'univers où l'histoire se passe. Le coup des bagnoles en forme et couleur de canard de bain, c'est la classe !
J'aime bien aussi le contraste entre le Gotha et les clampins qui l'amusent... Cela dit, tout cela reste peut-être un peu trop gentil à mon goût, puisque personne ne risque rien ; des riches désœuvrés désinvoltes, je les aurais bien imaginés accueillant un peu de chaos, et les organisateurs de la course prévoyant quelques plages où l'ordinateur relâche comme par hasard sa surveillance, autorisant par-ci par-là des collisions. Après tout, les robots nettoyeurs arrangeraient vite le coup, non ?

Mais bon, au final j'ai lu une histoire fort plaisante de science-fiction, bien menée, avec un bon mouvement à mon avis.

   Acratopege   
17/9/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Eh bien vous méritez le maillot jaune de la fantaisie débridée. Votre histoire est cocasse, fourmille de détails délirants, mais le style reste impeccable. Aucun laisser aller dans cette histoire qui semble conduite par un logiciel implacable. Et puis l'idée de faire survivre l'aristocratie, le "Jules Verne" et Charles Trenet dans un monde où toutes les voitures sont jaunes, et celle de distribuer des îles grecques en guise de prix, rien à dire, c'est brillant. Seule ombre au tableau, le côté encore une fois franco-français et parisiano-parisien de votre histoire, comme si toute l'humanité se concentrait, Nationale 7 oblige, entre l'Ile de France et la Côte d'Azur. Vous citez bien Balmoral et je ne sais quel Cheikh, mais cela reste anecdotique!
Bravo donc. Refaite beaucoup d'autres rejetons de cette trempe.

   Pimpette   
21/9/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
je me suis tellement amusée de votre humour que je regrette moins d'être loin de tout comprendre!

Les gens qui passent cinq fois devant le sacré choeur m'ont donné d'emblée la gaieté qu'il faut avoir devant votre fantaisie inaltérable et ce mélange détonnant de réalité et d'informatique§

UN ton qu'on voit rarement ici mais qui plaira fort à quelques uns...je ne donne pas de nom!

ENCORE!

   Pepito   
21/9/2013
Forme : excellente écriture, pas un poil qui dépasse, normal au vu des œuvres précédentes.
Pour chipoter le "à lui réservé" m'a fait tiquer, en début de texte on est peu un plus sur ses gardes.

Fond : que les puissants du futur fassent dans la course caritative, rien de neuf. Qu'ils assistent à 6 heures d'une épreuve aussi ennuyante, aucune chance. Car comme dirait mon grand-père, le suspense de cette course casserait pas trois pattes à un canard. Quant à l'épaisseur des personnages, ils sont vraiment taillés pour la vitesse;=).

Pour le reste, géolocalisation, voiture autonome, réalité augmentée, ... rien de nouveau ni de vraiment SF.
Pour l'offre d’îles grecques en cadeau de tombola c'est, malheureusement, carrément du passé, mais c'est très bien d'y avoir fait allusion.

Bien gentillet le futur que vous nous proposez là. Pourvu que vous ayez raison.

Merci pour la lecture.

Pepito

   Anonyme   
22/9/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'idée est très intéressante, avec ces voitures-canards de bain en pilote automatique, et la chute (où l'on apprend que la course est en fait organisée par une organisation caritative) nous prend vraiment par surprise : on sent tous ces nobles, qui font très Versailles, se divertir d'une course dont les concurrents semblent même ignorer l'existence !
J'ai vraiment été enchanté par ce texte, malgré quelques tournures de phrases qui m'ont un peu gênées :)

   David   
25/9/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour i-zimbra,

La chanson de Trenet devrait passer dans le domaine public en 2071, l'histoire se déroulerait dans un avenir proche où le progrès a enfin permis la création... d'automobiles jaunes en forme de canard ??? Je crois que ça m'a quand même moins surpris que la fonction random du GPS, ou son pictogramme "maison", mais il y avait aussi cette phrase toute faite et la lecture qui en est amené par le narrateur :

"La liberté de ces engins finit là où commence celle des autres. L'ordinateur de bord a le dernier mot. Ils ne peuvent ni se heurter, ni aller dans les décors, ni faire aucune manœuvre qui oblige les suivants à réagir de façon violente."

Ça m'a fait penser à un autre "discours sur la servitude volontaire", qu'écrira peut-être cette Georgia, si elle surmonte sa pedo-neuro-psychiatrie et s’interroge sur le sens d'un monde pareil.

Pour l'humour noir aussi, ça roule, entre "Mais revenons à nos moutons." et "Pour nous, la réalité est ce sur quoi l'on a un contrôle, pour les gens ce doit être le contraire." :)

   dowvid   
30/9/2013
Moi, j'aime ça.
Je ne connais pas vos références,la Nationale, les routes de France. Mais j'ai entendu des histoires de bouchons sur les périphériques quand tout Paris part en vacances en même temps. Transcender un fait divers comme ça en une fable imaginative, ça me plaît. J'ai trouvé le texte sarcastique et critique, mais c'est peut-être juste une vue de mon esprit mal tourné. 8-)
Pour moi, une nouvelle n'a pas besoin de suspens. Elle a besoin d'atmosphère, d'images.
Je me suis contenté avec la vôtre.
Merci

   Ninjavert   
22/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
C'est une jolie route, que celle où tu nous emmènes i-zimbra :)

J'ai trouvé l'écriture quasiment irréprochable, pointue, propre et sans bavure. On sent la maîtrise des mots, le vocabulaire qui va avec, et je n'ai rien trouvé qui me donne l'impression d'avoir été jeté là par hasard.

J'ai néanmoins buté sur le même pli dans le tapis que Pépito :

les coordonnées du bungalow avec vue sur la mer à lui réservé à compter de ce soir

Il y a quelque chose de pas naturel dans cette tournure qui m'a fait trébucher, mais comme c'est exceptionnel, ça se remarque à peine.

J'ai beaucoup aimé les éléments technologiques : ils n'ont pas grand chose de science-fictif étant au mieux des évolutions / projections de technologies actuelles, mais ils sont parfaitement intégrés à l'univers que tu décris. C'est un critère important dans la SF à mes yeux : que la technologie semble naturelle et utile. Là, tout est logique, tout est parfaitement imbriqué, et je n'ai rien trouvé qui fasse soit faux, soit gratuit.

Je fais confiance à David qui a fait le calcul et situe l'histoire en 2071. Ça me paraît une bonne estimation (toujours technologiquement parlant) de ce futur relativement proche. On attendait des voitures volantes en l'an 2000, et on les attendra encore longtemps. Mais cet univers là semble mûr, doté d'une technologie fiable, qui repose sur quelques décennies de progrès à petits pas.

Bref, bien joué.

Sur le fond, je me suis aussi amusé avec cette course molle qui semble se faire aux dépends des gens qui y participent. De (très) très loin, j'ai retrouvé quelque chose de Running Man dans cette télé-réalité qui s'ignore (Le tout, dans le quasi-respect des données individuelles, bien sûr).

Les personnages sont à peine ébauchés mais d'une ébauche stable, qui ne les rend pas bancals. J'ai aimé l'enthousiasme enfantin de notre baronne, pour le coup plus puérile que Georgia. J'ai également apprécié sa relation avec le narrateur. Je me suis demandé qui il était : parvenu jouissant du privilège de fréquenter cette élite à laquelle il n'appartient pas ? Journaliste venu couvrir l'événement ? Au final, j'aime assez qu'on ne le sache pas.

Le texte est bourré de petites anecdotes (et de délicieuses pointes acides), aussi bien trouvées que véridiques : les canards de la Tamise, ceux utilisés pour déterminer les courants (même s'il me semble que c'est le naufrage d'un navire transportant les dits canards qui a amené à cette découverte, non ?), Henry Ford et sa couleur noire... je me suis délecté de ces multiples anecdotes qui s'intègrent parfaitement au texte, en trouvant toujours leur propos et sans jamais faire étalage de confiture.

J'ai quand même été un peu surpris que le pilote automatique laisse Georgia faire un demi-tour aussi cavalier à la fin. Il y a dans cette cascade une prise de risque (même si elle se fait loin des autres estivants) qui m'a semblé incohérente avec le principe de sécurité embarquée. Il y a moyen, dans un spectaculaire triple tête à queue effectué à 122 km/h (même ceinturé) de se faire mal dans l'habitacle. De plus, la route semble être à sens unique et il me semble qu'une conduite à contresens ne devrait pas être autorisée par l'intelligence générale.

Au final -et à nouveau comme Pépito- j'ai trouvé ce futur bien mignon, loin des jeux cruels auxquels l'aristocratie passée a pu se livrer. On ne ressent aucune misère, et même si ce monde semble entaché d'une navrante superficialité, c'est loin d'être le pire scénario envisageable.

Merci donc pour cet entertainment délicieusement rupin.

   i-zimbra   
24/10/2013

   fergas   
22/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo I-Zimbra,
voilà une histoire fluide, facile à lire, imaginative, et faisant preuve d'un langage maitrisé. Que demander de plus?

Au début du texte, je vous aurais bien taxé de parisianisme pour les références que vous donnez (nulle offense: j'ai moi-même été parisien), mais tout ce qui suit est de bon aloi.

Le fait de considérer la foule comme le jouet d'une élite n'est pas, loin s'en faut, dénué de réalité si l'on se réfère à la politique ou à la religion. Mieux vaut en rire.

Un de vos commentateurs rappelle les prédictions des futurologues de notre enfance, avec les voitures volantes qui étaient censées nous permettre d'aller faire notre marché au Kamtchatka le matin, et d'aller sur une plage californienne l'après-midi. La réalité s'est révélée plus prosaïque. On en viendra surement et rapidement au contrôle total du flux automobile que vous décrivez. Est-ce un mal, est-ce un bien? Encore une fois, on constate que, contrairement au dicton populaire, si la fiction ne dépasse pas toujours la réalité, en tout cas elle la précède toujours. Il ne peut en être autrement, et vous en faites la brillante démonstration.
Je vous donne la meilleure note que j'aie décerné sur ce site depuis mon arrivée il y a peu.


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