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Policier/Noir/Thriller
in-flight : L'impasse [concours]
 Publié le 15/09/16  -  18 commentaires  -  5532 caractères  -  142 lectures    Autres textes du même auteur

Un couple au pied du mur.


L'impasse [concours]


Ce texte est une participation au concours n°21 : Et en 13 secondes, tout bascula...

(informations sur ce concours).



Orange… Rouge. Je le connais par cœur ce feu tricolore, sa vieille gueule de victime. Il exécute la mission qu'on lui a confiée : passer au vert toutes les treize secondes. Il fait de son mieux, ce n'est pas à lui que j'en veux, c'est plutôt à l'autre – celle d'à côté – avec sa vieille gueule aussi. Celle qui commande mes faits et gestes, celle qui décide comment je dois penser, comment je dois m'habiller et comment je dois sentir bon. Un parfum différent à chaque Noël, comme autant de fragrances, comme autant d'amants : éteindre la lumière pendant les coïts nocturnes et se penser dans les bras d'un collègue, d'un « ami », d'un phantasme… D'un autre.


C'est un moment de bascule, un jour à péter les plombs. Je suis au carrefour du combat et de la résignation, perdu au milieu de ces phrases qu'on ne peut pas entendre, qu'on ne devrait jamais avoir entendues. Je serre le volant de toutes mes forces, strangulation discrète. Elle s'observe dans le miroir du pare-soleil, passe méticuleusement son rouge à lèvres ; elle se pense belle, je ne vois que laideur. Mon regard se pose sur la rue d'en face, au bout de la rue c'est une impasse et au bout de l'impasse c'est un mur : le mur qui écrasera sa jolie gueule... Le rouge sur ses lèvres aura bientôt une autre saveur. Il suffira d'accélérer, environ 400 mètres pied au plancher, saisir la boucle de sa ceinture de sécurité et au dernier moment, presser le bouton comme on appuie sur la détente. L'airbag c'est fait, je l'ai désarmé côté passager. Moi je m'en remets au sort, si je m'en tire indemne : nouvelle vie. Rien à perdre.


L'attente au feu me semble interminable, comme notre relation. 13 secondes d'attente, 13 ans de mariage, nous deux et plusieurs éternités passées main dans la main. Deux mains qui ne s'aiment plus mais qui continuent de jouer la comédie en société, pour moi la vie s'apparente désormais à une salle d'attente saturée d'espoirs. Treize secondes… Le temps de réflexion que j'aurais dû m'accorder avant de lui passer la bague au doigt :


– Voulez-vous prendre pour épouse…

– Non.

– Dans ce cas monsieur, feu vert ! Vous pouvez continuer. Bonne route !


Nous avons affronté le quotidien comme des obstinés, nous avons combattu ce futur sans lendemain ; j'ai sans cesse tenté d'arracher de la surprise dans ce cycle infernal, changer ma relation au monde, quand elle, se changeait pour d'autres relations. Ma jalousie et sa liberté ont longtemps cheminé côte à côte, les rôles doivent maintenant s'inverser.


Je jette un œil discret sur la boucle de la ceinture, puis sur ma voisine. Elle effectue une sorte de gymnastique avec ses lèvres, puis s'observe dans le miroir avec un air suffisant, l'air qu'elle se donne avant une soirée minable. C'est une bateleuse qui garde toujours au fond de sa gorge un rire d'usage, adapté à la circonstance ou aux personnes présentes. Elle finit d'étaler sa laideur rubiconde dans une chorégraphie bien rodée, et malgré tout, quand j'y pense, qu'est-ce que j'ai aimé la voir faire ça ! Elle range maintenant le tube de rouge dans son sac, je baisse les yeux sur son chemisier orange : ses seins travaillent sous l'effet de ses mouvements. Ses seins que j'ai aimé soupeser dans les moments de doutes, que j'ai aimé sentir lourds. Plus bas, sa jupe verte – très courte – me guide insidieusement vers le haut de ses cuisses. En me penchant discrètement j'aperçois le tissu des délices, sa culotte d'une blancheur outrancière. Qu'est-ce que j'ai aimé aussi… Mes yeux se perdent dans l'émeraude de sa jupe, puis sur son ventre. Ce ventre que j'ai arrondi, que j'ai caressé… Ce ventre qu'elle vient de dégonfler. Et que je ne toucherai plus : la tendresse ne réveille pas les pierres sèches. Il n'y a plus d'amour entre nous mais la passion est intacte, je me sens désormais architecte d'une magnifique destruction.


Mariage trop long et feu trop court, mes pensées se bousculent. Je songe à hier soir quand j'ai basculé de l'autre côté du lit, quand j'ai senti son oreiller humide : des larmes de fatigue sans doute, ou du désespoir que le tissu n'avait pu absorber en totalité. Trop plein lacrymal et vide affectif, les choses se sont équilibrées ainsi depuis quelque temps.


Je relève les yeux, elle me fixe d'un air surpris ; je lui souris légèrement, elle n’émet aucun retour. Ses sourires d'avant ont fui dans le lointain, sûrement partis nourrir mes regrets. Elle prend subitement un air sévère, puis prononce cette phrase à la résonance définitive :


– C'est vert !


Un klaxon retentit, j'embraye !


Surprise par l'accélération, elle m'ordonne de ralentir. Je passe la seconde brutalement…


En troisième, je crois qu'elle crie : « Arrête ! », mais la voie est totalement libre.


Quatrième : « Je t'en prie ! » Elle est scotchée au siège, tétanisée.


Cinquième : elle tente de s'emparer du volant, je la repousse violemment et sa tête vient cogner la vitre. J'écrase l'accélérateur.


Elle hurle, elle a compris je pense. Elle me frappe, s'arrache les cheveux. Le mur se rapproche plus vite que je ne le pensais. On pourrait encore s'en sortir sains et saufs – là maintenant ! – avec un freinage maîtrisé, on pourrait éviter le choc. Je doute tout en saisissant la boucle de sa ceinture. Il y a quand même eu de bons moments…


 
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   Donaldo75   
3/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

L'idée est bonne, surtout au vu du thème proposé dans ce concours. La narration est un peu confuse, avec un manque de relief dans les sentiments. Bref, le lecteur a l'impression que ça va décoller, sur le thriller ou la critique sociale d'un mariage asséché, mais il est vite déçu par l'écriture plate.

C'est sympa à lire. C'est tout.

Merci du partage.

Donald

   MissNeko   
3/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette nouvelle est très bien écrite et respecte le thème du concours.
J ai bien aimé la réflexion autour d'un couple où l'amour a fuit.
Heureusement que le divorce existe ! La solution du narrateur est tout de même radicale !
Un bon moment de lecture

   Anonyme   
3/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonsoir,

C'est un peu court, du coup le suspense n'est pas vraiment à son comble, malgré une écriture maîtrisée. Toutefois les personnages collent parfaitement avec l'histoire.

Je pense que cette nouvelle aurait mérité un travail un peu plus poussé, dommage.

Wall-E

   Lulu   
15/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Comme le thème l'annonce, on s'attend à un basculement au bout des treize secondes, mais comme le texte annonce aussi ce basculement, je m'attendais à une autre fin, pensant que la chute serait vraiment quelque chose d'inattendu. Au dernier moment, il pouvait se produire autre chose. Mais j'ai bien compris l'enjeu de ce texte que je trouve pas mal, cependant.

J'ai trouvé intéressant le portrait de la femme du narrateur avec "sa vieille gueule aussi", et surtout son portrait moral. Elle n'est plus aimée et rien ne peut rattraper cela manifestement, surtout dans un temps aussi bref (treize secondes), même si le récit de ce désamour peut sembler long (temps du récit) et nuancé (il l'a pourtant aimée).

Il n'y a pas de style particulier dans ce texte assez simple dans sa narration, mais il se lit agréablement.

Bonne continuation.

   Bidis   
15/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai bien aimé l’écriture, imagée, alerte, entraînante. Mais pour moi, cette histoire est trop mélodramatique, même si la chute reste ouverte, ce qui la rend plus subtile. La séparation, le divorce même, ne sont pas des solutions très difficiles de nos jours. Il aurait fallu ajouter un mobile financier à la haine, c’aurait été plus vraisemblable. De toute façon, la haine qui débouche sur la violence, je trouve cela un peu primaire. Je préfère le machiavélisme, beaucoup plus délectable pour le lecteur. Mais évidemment, là, pour le thème, c’aurait dérapé.

   Alphekka   
15/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai du relire plusieurs fois le premier paragraphe pour comprendre de "l'autre et sa vieille gueule" désignait la femme du narrateur assise du côté passager. Ce passage est un peu confus mais le parallèle entre la femme et le feu est assez amusant.

La progression de la pensée du narrateur est intéressante à suivre... ce qui m'a tout de même poussé à me demander pourquoi il ne demande pas le divorce si sa relation est insupportable. Parce que bon, envisager de tuer sa femme, c'est une manière un peu extrême de résoudre le problème non ?

Mais bon, le texte était court, percutant et assez fun à lire, je dois l'admettre.

   plumette   
15/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
encore une nouvelle qui nous vient d'outre-tombe, ou de l'hôpital!
il faut dire que le thème du concours se prêtait bien à ce qui me semble une gageure ( suis-je la seule?) faire raconter au présent une histoire par un narrateur mort!( ou très sérieusement blessé).

Il est vrai que l'histoire s'arrête avant le choc et que l'auteur nous a laissé avec le doute, ce même doute qui étreint le narrateur au moment où il saisit la boucle de la ceinture de sécurité.

j'ai bien aimé l'écriture alerte, imagée, qui décrit bien à quel stade de haine conjugale se trouve le narrateur. Une agréable lecture mais pour une histoire qui ne me convaint pas.

je pense que la narrateur aurait pu se contenter de fantasmer "d'aller dans le mur" et nous produire une chute différente de celle annoncée.

le thème du concours est là, mais je le trouve un peu lourd, avec ces 13 secondes entre le rouge et le vert.

et puis, franchement, un feu tricolore à vieille gueule de victime, cela ne m'évoque rien, pas d'image, rien, je ne vois pas le rapport! Un peu de lourdeur aussi dans cette annonce
"C'est un moment de bascule, un jour à péter les plombs."

Dommage

Plumette

   Charivari   
15/9/2016
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Bonjour.
Je trouve cette idée du feu rouge très intéressante, et je crois que ça aurait dû en rester là, une réflexion de 13 secondes, le temps d'un feu rouge. Hélas, pour moi la fin fait tout rater. Pas du tout cohérente, -pourquoi il ne divorce pas, tout simplement ?- grandiloquente, facile... J'aurais préféré un texte plus long, plus complexe, mais le texte comme le personnage du récit a préféré foncer droit dans un mur. Tant pis.

   placebo   
16/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai du mal avec phantasme "ph" au lieu de "f" mais apparemment les deux écritures existent, un mystère de plus résolu :)

Un texte trop linéaire je pense.
"Ce ventre que j'ai arrondi […] qu'elle vient de dégonfler" pas sur de la signification (un enfant avorté ?). De manière générale beaucoup d'allusions, de pistes, mais ça ne suffit pas à s'imaginer quelle a pu être leur vie, comment s'est opéré le basculement de l'amour à la haine (ou au désespoir, à l'humiliation).
Le double suicide ne me pose pas de problèmes en soi dans cette histoire, mais il y a la question de la crédibilité.

D'un autre côté, j'apprécie les textes-action car je m'y frotte très peu, donc rien que pour l'essai je félicite.

Bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
17/9/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai un goût de pas assez en lisant ce texte. L'idée est bonne, le théme est traité pour moi, mais ça va trop vite et ça manque d'épaisseur. C'est dommage parce que l'écriture est sympa, assez vive et agréable.
Il faudrait plus de corps à tout ça.

   Anonyme   
26/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonsoir.

J'ai apprécié ma lecture, la narration m'a aidée je pense, ainsi que le format court. J'ai aimé les expressions utilisées, le thème respecté d'une manière bien gérée (bien vu pour les feux).

Même si... secrètement, j'aurais aimé en savoir plus (y a eu un bébé? qu'en est-il?) et en même temps, j'aurais épuré le second paragraphe pour laisser planer le doute sur l'issue de la nouvelle. En effet, ce dernier en révèle pour le coup beaucoup trop et casse le suspense et le rythme que l'auteur aurait pu imprimer à l'ensemble.
Un flou m'aurait paru plus juste, dans le ton.

Merci pour la lecture et bonne chance pour le concours !

   Anonyme   
3/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour in-flight,

Une histoire qui va droit dans le mur.
J'aime bien votre façon d'écrire avec tous ces petits détails de la vie très juste parfois, à peine exagérés à d'autres moments. J'aime bien en général vos réflexions un rien désabusées sur la vie, le monde.
J'ai adoré ce passage en court dialogue: "Voulez-vous prendre pour épouse…
– Non.
– Dans ce cas monsieur, feu vert ! Vous pouvez continuer. Bonne route !"
J'aime bien d'habitude vos histoires, vos personnages un rien déjantés. Oh oui, mais là, il est tordu le gars. Et pourquoi donc passe t-il à l'acte en fin de compte, lui qui a été assez lâche pour se laisser mener à la baguette depuis longtemps apparemment ("Celle qui commande mes faits et gestes, celle qui décide comment je dois penser, comment je dois m'habiller et comment je dois sentir bon."). Avec cette petite phrase, " Je serre le volant de toutes mes forces, strangulation discrète.", on aurait pu penser, on était en droit de penser que le type avait ici étanché toute sa haine. C'était logique, cohérent, avec son niveau de courage.
Je m'attendais donc à une autre fin. Droit dans le mur, c'était tellement peu probable. Juste un doux cauchemar qui s'invite une fois de plus dans la lâcheté de monsieur et puis... arggh le destin impitoyable qui vient frapper au moment où le feu finit son décompte de secondes et passe au vert. C'est vous l'auteur et il y avait plein de possibles, juste après ce feu.
Dommage que votre histoire est manqué de si peu son effet. Pas grave, j'ai passé néanmoins un agréable moment en votre compagnie, comme toujours d'ailleurs.
A vous relire.

   JulieM   
3/10/2016
La rage intérieure, cette haine féroce et sans limite du personnage est particulièrement bien décrite et pour moi du moins se suffit à elle-même. Ces treize secondes d'une intensité rare aussi. Perso, j'ai apprécié ce portrait silencieux et terrible, ces treize secondes où lui bascule dans la folie meurtrière sans qu'il soit pour autant nécessaire d'aller au-delà du feu. Toute la fin me semble superflue et affaiblit considérablement le propos.
j'aime beaucoup votre écriture.

Merci.

   Blacksad   
5/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour (oui, je sais...)

Idée géniale, sur un thème pas si facile que ça.

Une belle écriture et des phrases vraiment bien trouvées(ex : "Je serre le volant de toutes mes forces, strangulation discrète").

Le mot laideur est répété et il vient en contradiction avec le passage où il ne peut s'empêcher d'admirer une dernière fois les seins, les cuisses, le ventre qu'il a tant aimé. Contradiction voulue pour montrer une hésitation ?

J'aurais préféré (mais c'est très subjectif) qu'il y ait une construction dans le texte, que la décision de foncer contre le mur et de déboucler la ceinture de la passagère se construise en gradation au cours des 13 secondes d'attente. Le problème, c'est qu'au deuxième paragraphe, j'avais eu l'impression d'avoir lu la nouvelle et d'en connaître la fin et la justification. C'est dommage parce qu'encore une fois, l'idée est superbe.

   Anonyme   
6/10/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Le devoir de l'écrivain est de s'engager dans son écriture, sans concession, pari tenu ! J'ai tout aimé, le style, l'histoire, l'habileté de l'auteur, ses changements de tons de rythme, un très bon moment que je commente en souriant parce que c'était bien bon et que j'en ai encore le gout..

   MAXOREB   
26/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai bien aimé ce texte. Je le trouve remarquablement dense. Son écriture adaptée au thème. Exemple de phrase que je trouve intéressante : "C'est un moment de bascule, un jour à péter les plombs. Je suis au carrefour du combat et de la résignation, perdu...entendues". Je trouve intéressant la juxtaposition des images sensuelles et absence d'amour ; le plans quasi désespéré non sans cynisme car le narrateur espère bien s'en sortir mais c'est très risqué. Tout cela en si peu de pages ! Le parallèle entre les diverses couleurs des feux et ce moment critique. Non vraiment, bravo. Le rythme haché des phrases met le lecteur "en situation".

   Anonyme   
13/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui se lit vite car le suspense est là.
La haine est mêlée à un reste de concupiscence et ça passe très bien.
On peut se demander s'il ira jusqu'au bout de son geste ou s'il ne s'agit que d'un fantasme.

J'ai un peu tiqué sur le terme de "voisine", trop banal

   Berndtdasbrot   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour In-flight
L'idée est intéressante et je trouve qu'il était préférable de la traiter sur un texte court, comme un uppercut. Le narrateur est crédible, les sentiments de haine et de dégoût bien amené, cependant j'ai eu un peu de mal à y croire. Le choix définitif et sans appel me serait paru plus crédible si j'avais senti le narrateur désespéré, suicidaire plutôt que haineux.
La chute du coup est trop attendue. Une fois qu'on avait compris qu'il voulait aller dans le mur, restait plus qu'a embrayer.
Bonne soirée
Berndtdasbrot


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