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Sentimental/Romanesque
jaimme : Dieu et la rentrée des classes (2)
 Publié le 19/08/09  -  24 commentaires  -  20406 caractères  -  172 lectures    Autres textes du même auteur

Où l'on apprend, si ce n'est pas trop tard, que l'enfance est un mot qui refuse toute définition.


Dieu et la rentrée des classes (2)


Dieu et la rentrée des classes

4. Matthieu


Les notes de Matthieu en CM2 ? Entre « moyen pas terrible » et « moyen pas mal cette fois ».

Sur son carnet de santé sa courbe de croissance est exactement sur la moyenne. Poids, taille, tout est conforme.

Il a deux amis et toujours plein de copains. Il fait autant de bêtises que les autres. Pas plus.

Quand son instituteur de l’année dernière remplissait les carnets de notes, il posait son stylo, regardait son trombinoscope, se déboulettait la narine et disait immanquablement : « Si, si, c’est bien lui ».

Facile de remplir la case « Appréciation » d’un bon élève. Pas dur non plus pour un mauvais élève (croyait-il). Mais là…

Un gamin sans problème donc.

Qui lève le doigt quand il est sûr de lui. Soit une moyenne de 0,13 fois par jour (eh, c’est bien d’être dieu ! Pas besoin d’Excel et de formules du type :

« division (n2 + n8) – exponentiel [(5 jusqu’à la ligne 246)2+n] » !

Il paraît que certaines formules donnent les coordonnées du Graal ! J’ai trouvé celle-ci : « rémanence (p£-m£)= ǚ+Ж », et tu sais quoi ? Elle affiche une licorne angora ! L’ultime formule pourrait même cramer Internet, donc j’évite ! Mais là je m’éloigne, non ?).


Matthieu est donc en rang, comme les autres, dans la cour.


… Comment ? Oui, on est revenu dans la cour. Oui, c’est vrai aussi, j’étais monté en classe pour Marlène. Mais c’était pour la cohérence du récit précédent. Comment ce n’est pas logique ? Mais si ! Tu m’énerves là. Vraiment.

Et on évite d’énerver un dieu. Si j’en avais le pouvoir je… Oui, je sais je ne suis qu’une divinité très secondaire, monopotente, imbue de ce pouvoir sapiental.

Mais en l’utilisant je peux lire en toi et j’y vois de la jalousie et…

Non, attends, reste.

Mais c’est pas vrai, t’es parti(e) ?

Hérétique, athée, mangeur de courgettes ! Je t’autodafe, t’excommunie, te maudis, t’anathémise !

Reviens, JE LE VEUX !!

.

.

.

Ah ! Tu reviens ! J’ai donc un deuxième pouvoir ?!!

Tu… étais allé(e) te chercher un pot de Nutella ? Non, je n’ai rien dit/écrit.

On reprend ? Oui, oui, tout va bien.


Matthieu est un garçon bien dans ses baskets.

Alors qu’en dire ?


Plongée divine.

Ses parents sont normalement incompétents. Autant dire qu’ils essaient d’être de bons parents et accumulent les incohérences d’éducation. Mais comme ils aiment leur Matthieu tout va pour le mieux.

Ils auront droit à toutes les crises prévisibles de l’adolescence. Pas de drogues en vue. Un peu trop de jeu sur la console. Un abus de colonies de vacances, pour souffler un peu. Ce qui fait le plus grand bien à l’enfant comme aux parents. De toutes les façons c’est ça ou la grand-mère car ils travaillent tous les deux. Et la grand-mère est aussi profitable à l’éducation de Matthieu qu’un long séjour dans un service de psychiatrie adepte des électrochocs.

Ils ont tendance à trop chouchouter le plus petit, mais n’oublient pas leur aîné.

Matthieu a découvert des revues pornos chez son grand cousin. Il les cache derrière sa commode. Il croit que ce sont des manuels pour faire l’amour. Et les étudie très scientifiquement. Six ans plus tard une gentille fille lui met une claque retentissante et lui montre tout de suite après l’existence de la tendresse et de l’érotisme.

Dans deux ans Matthieu va être surpris en train de voler des DVD à Carrefour. Ce sera la dernière fois qu’il s’essayera à la délinquance. Les larmes de sa mère le brûleront plus sûrement que la gifle qu’elle ne lui a pas donnée.

Il va essayer tous les uniformes de l’adolescent qui cherche une identité : baggies informes soumis à une gravité jupitérienne et donc très près des chaussettes, coupe de cheveux improbable, recherche d’une virilité animale dans ses seize ans avec rangers et achat de revues d’armes, réaction peace and love, écolo warrior et frénético-manga.

Il va devenir un bon commercial dans une entreprise importante.


Alors ?

Rien. Tout va bien.

Mais Matthieu voulait devenir pilote de chasse. Top Gun. Une personne d’exception.

Il va détruire son fils en lui imposant son rêve.


Interlude (avec un petit train porteur de rébus, pour une illustration inutile et destinée aux plus âgés)


Pas d’accord, là c’était trop facile. Et pourquoi pas aussi : le descendant de Jimmy à la dix-septième génération sera terroriste et se fera exploser avec l’Élysée ?!


Parce que tout est en germe chez Matthieu : qui rêve de normalité ? Quand un enfant de dix à quatorze ans n’a pas de rêve, cela m’inquiète. Et quand il a un rêve merveilleux et qu’il sait déjà, à peine sorti de la petite enfance, qu’il ne pourra jamais le réaliser, là je suis carrément liquéfié !

Mais qu’est-ce que ce monde qui empêche les enfants de rêver ? Qui prédétermine leur vie en fonction de 13, de 18 sur 20, voire de 9,5 ? Alors qu’ils me donnent entre 25 et 55 ans quand je m’amuse à leur faire deviner mon âge ?


Que le lecteur qui a dit : « Tout le monde ne peut pas être chirurgien ou notaire » s’en aille immédiatement. De même que celui qui a craché : « Il n’avait qu’à travailler à l’école » ! Non, en définitive, celui-là doit rester. Je lui réponds plus loin. Ou plutôt la vie d’un enfant se chargera de lui répondre.


Tiens, c’est vrai, on est plus nombreux, là… Salut les nouveaux.

Mais c’est toujours à toi que je parle.

Allez, récréation : allons examiner de très près le petit Jimmy (dont le descendant à la dix-septième génération sera d’ailleurs peintre sur éruptions solaires).


Dieu et la rentrée des classes

5. Jimmy


Jimmy est un coquin. Une crapule. Qui a rendu fou tous ses professeurs des écoles. Mais il est tellement craquant que les adultes lui passent beaucoup de ses bêtises.

Et il le sait.

Là il est dans la file, bien sûr. Mais en une minute il est passé du deuxième rang au quatrième et maintenant au dixième. Avec retour vers le centre et adoption de l’archétype du masque de l’innocence.

Stop. Come back. Ralenti. Et plongée avec une caméra montée sur un drone minuscule : Jimmy a subtilisé le cartable d’Amélie tout en glissant deux places en arrière. Accroupi, il l’ouvre et prend la trousse. Il échange le cartable d’Amélie avec celui d’Iman et file vers le fond de la rangée. La trousse d’Amélie se retrouve dans le sac d’Iman. Et il envoie ce dernier sac vers le devant, tout près d’Amélie. Il glisse la trousse d’Iman dans le cartable le plus proche. Et revient vers le milieu de la rangée.

Conséquence vers 18 heures : échange d’insultes entre la mère d’Iman et celle d’Amélie, mettant en cause les ancêtres d’icelle et la certitude d’un père unique d’icelui. Vers 19 heures, le téléphone sonne à nouveau chez Iman, c’est la mère de Yohan qui présente des excuses assez confuses sur la présence de la trousse d’Iman au fond du cartable de son fils.

Retour à ce matin. Jimmy, maintenant, s’adresse à Thierry. Il lui dit que la fille juste derrière n’arrête pas de le mater. Thierry se retourne. « Mais elle tient la main du gars à côté d’elle ! », rétorque-t-il. « Oui, mais elle arrête pas de te mater quand même ! ».

Deux heures plus tard, le principal apprend que la première bagarre vient d’avoir lieu à la récréation. Des petits de sixième en plus !


Dieu se penche.

Sans intérêt. Ce gamin est espiègle. Sa mère adore ça et l’a toujours encouragé en riant de toutes ses bêtises.


Rien à en dire, alors ? Ouf, c’est rafraîchissant.

Non, rien. Jimmy va faire une belle carrière de député. Pour commencer.


Dieu et la rentrée des classes

6. Barbara


Barbara est une adorable petite fille d’origine Han. Adoptée par un couple d’Américains à l’âge de huit ans. Ses parents travaillent en France depuis un an.

J’ai lu tout ça dans son dossier scolaire. Mais pas le fait qu’elle est jolie à croquer, le photomaton était minable. Je le sais parce qu’elle est là, juste devant moi, au premier rang de la file de mes sixièmes.

Alors que j’attends que les chenapans se rangent correctement, je lui lance un « Hello, Barbara ». Que je prononce « Bar’bra », à l’anglaise. Je suis fier de ma prise de contact.

Qui est un échec absolu.

Ai-je omis de lire dans son dossier qu’elle était déficiente auditive ?

Barbara ne me regarde pas. Ni le sol, ni ses camarades. Geisha chinoise en jean brodé, elle ne regarde rien. Ne sourit pas. N’a pas l’air triste. Ne cille même pas.

Je suspends ma tentative.


Et dieu vit.

Son premier prénom était Feng.

Feng a été abandonnée à l’âge de 12 jours. Laissée devant la maison du commissaire du peuple de son village. Sa mère biologique avait déjà une fille et aurait gardé un deuxième enfant ou même un troisième si elle avait été de la minorité Kadaï ou Miao. Une Han ne peut pas et une Han ne veut pas avoir deux filles. Si sa mère avait eu les moyens de se payer une échographie, elle aurait avorté.


Son arrière-grand-mère l’aurait fait noyer. Pas de tombe, pas de pensée émue pour Feng lors de la grande fête des morts, le jour de clarté.


Mais le bébé fut prénommé, nourri, langé, et aligné entre trente-deux autres lits-cages.


Deux jours avant son probable huitième anniversaire, Feng fut présentée à un couple d’étrangers, très grands, aux cheveux de paille sèche et les bras chargés de trop de cadeaux.

Feng est perçue comme une enfant sage. Donc très présentable.

Elle accepte rapidement le prénom de Barbara. Sa nouvelle maman est fan de Barbara Streisand.

Elle apprend très vite l’anglais. Par nécessité. Les mathématiques par obligation. Le violoncelle par amour de la solitude.

Arrivée sur notre sol elle est capable d’écrire, dès le troisième mois, un texte simple en français.

Barbara veut être traductrice. Pour voyager.


Et dieu… aurait mieux fait de s’abstenir.

Feng a été souillée à de multiples reprises par le gardien de l’orphelinat.

Feng veut dire « phénix ». Ashes to ashes.

Feng est violée très souvent par son père adoptif.

Aigle sombre bicéphale.


Alors dieu pleure.

Il lui faut savoir, maintenant.

À dix-neuf ans Barbara a changé de prénom. Son père est en prison depuis plusieurs années.

Elle a choisi An. Que l’on peut traduire par « paisible ».

À vingt-six ans elle a son premier enfant.

Elle meurt à quatre-vingt-onze ans. Somme toute une belle vie.


Je regarde Barbara, ce deux septembre. Petite demoiselle en petit chignon brillant.

Elle me regarde. Longuement. Mes yeux captés lui offrent tendresse et force.

Je sais que tu ne me diras rien cette année. C’est trop tôt.


Ses yeux marmoréens n’expriment rien. Mais j’ai cru voir, là, une fossette se dessiner.


Dieu et la rentrée des classes

7. Marie


Marie est follement amoureuse de Yohan depuis un an. Un amour d’enfant c’est mignon. Mais seulement mignon, voire un peu ridicule, pour les adultes. À mettre au niveau de l’attachement éprouvé pour le gros Médor ou pour Chounette le cochon d’Inde…

Toutes les filles de CM2 étaient au courant.

.

.

Comment ? Quoi ? Oh, mais… Oh, vous vous calmez là ! Mais qu’est-ce que c’est ce foin ? Et toi aussi tu t’y mets ! Bon, là je ne comprends rien du tout dans cette cacophonie. Un seul à la fois. Ok, toi, preums. Qu’est-ce qu’il y a ?


Tu peux pas nous balancer l’histoire de Barbara, comme ça, en deux temps trois mouvements et passer ensuite à Chounette le cochon d’Inde. C’est trop rapide comme traitement, trop lapidaire. Je veux bien que ce soit ton style. Mais avant de continuer on veut en savoir plus sur la petite Feng, oui : Barbara. Son passé, son devenir, ce que tu vas faire cette année avec elle maintenant que tu sais. Il faut qu’on respire. Tes points partout avec des phrases très courtes m’ont déclenché une tachycardie ! Marie on verra, mais après.

.

.

Ok, ok… Tu veux un style plus classique ?... Une histoire avec des détails, et tout ? Pfff... Ok.

J’accepte, mais…

Je ne sais même pas pourquoi j’accepte d’abord. Parce que, moi aussi, sans doute, j’ai envie de reparler de Barbara. Petite Barbara.


6. Barbara (version deux)


Aujourd’hui c’est ma vingt-sixième rentrée des classes. Je ne compte pas celles que l’enfance m’obligea à subir, charybdant puis scyllayant, et heureusement, parfois, Annapurnant. Être professeur ce n’est pas monter de grade dans la hiérarchie de l’école, ce n’est pas être élève puis grand élève enseignant.

C’est ouvrir les yeux des enfants. Leur offrir l’idéal, et des idéaux. Et des sourires.

Je pourrais décrire les pins aux persona de bonsaïs géants et surtout le soleil matinal qui m’oblige déjà à saluer d’un haut revers de main les élèves qui s’agrègent. Mais je préfère m’attarder sur ce petit peuple qui s’assemble devant moi.


La cour je la connais. J’ai passé bien des heures sur ces bancs alors que le soleil s’immobilise pour me donner des coups de lui-même, à m’amuser avec d’autres élèves, les regarder se regrouper, puis, de façon incompréhensible, s’enfuir et s’unir en d’autres groupes un peu plus loin.

Ne pensez pas à des métaphores animales, aux bancs de poissons ou aux troupeaux de buffles, j’ai horreur des comparaisons animales. Les enfants ne sont ni des petits adultes, ni de mignons petits animaux.


Les enfants jouent aux adultes quand ils se mettent en groupe de cinq ou six. Ils ne vont pas engager une discussion sur les prises de position de Ségolène, ni sur les progrès des recherches en énergies durables. Ils ne discutent jamais dans cette configuration.

En fait, ils préparent un nouveau regroupement plus restreint, c’est tout.

Ou bien ils marchent et sont tout surpris de faire partie d’un groupe aussi nombreux. Ils se sentent puissants mais ça les dérange rapidement car pour discuter à cet âge il faut être deux et prendre un air de conspirateurs avec tous les gestes de la panoplie : yeux plissés dans yeux plissés, puis regards périscopiques, genoux fléchis et retraites soudaines et préparées, éclats de rires hystériques pour être certains d’être catalogués dans la catégorie des détenteurs de secrets mettant en jeu la sécurité nationale. Puis kidnapping d’une copine (copinapping ?) qui passait justement par là, et partage du secret.

La teneur du secret est toujours la même : « T’as vu le garçon, là, le super mignon ? Je crois qu’il est en quatrième ! Ouah, trop craquant ! Et il a des birks aux pieds. Mais c’est interdit ! Et on dirait qu’il s’en moque ! Pfff, s’il est pris il est mort. J’le kiff trop. Tu pourrais aller lui parler, pour voir comment il est ? Allez, t’es ma meilleure copine. S’te plaît. S’te plaît. ». Bien sûr, aucune des conjurées n’ira faire un pas vers l’apollon. Jamais. Ou alors « C’est une pute c’te fille ! ».

L’étude ethnologique poussée du petit peuple montre que dans l’ordre des sujets les plus répandus on peut mettre à la seconde place l’annonce catastrophée à sa meilleure copine de la critique acerbe dont elle fait l’objet de la part de cette saleté de Claudia. « D’ailleurs je l’ai su de Jonathan qui le sait de… qui le sait de… ». La tradition remonte à l’établissement des généalogies bibliques qui tiennent une place insupportable dans l’Ancien Testament.

Là une bagarre est attendue, dont les belligérants ne veulent pas. Mais ils sont enivrés par les courageux qui les encerclent, les empêchent de trouver une solution à l’amiable et les encouragent avec des incitations hémoglophiles sans répons possible.


C’est donc ma vingt-sixième rentrée, j’accueille cette classe de sixième. Encore quelques secondes avant de monter en classe et… Barbara est là, devant moi. C’est une poupée chinoise. Elle en a la beauté. Et surtout l’immobilisme.

Personne n’a osé se mettre à côté d’elle. Je suis moi-même impressionné par ce sommet de crâne, noir de jais. Dans un rang on doit bien regarder devant soi, mais quand le milieu de mon torse, à trente centimètres, est le seul point de vue… je pense que n’importe qui devrait chercher à regarder à droite ou à gauche.

Pourtant non, la petite fille semble hypnotisée par le premier bouton de ma chemise, celui juste au-dessus de ma ceinture !

Je suis pris de compassion pour mon bouton qui doit être gêné d’être le nombril du monde, alors que celui-ci est juste en dessous ! Alors je me décale vers la droite pour observer la réaction de la petite asiatique.

Aucune. Aucune réaction !

Je peux voir maintenant les yeux de Barbara. L’inexpressivité de ces yeux est insupportable.

Je sais qu’elle se prénomme ainsi car j’ai gardé le défaut d’examiner les dossiers des gamins la veille de la rentrée. Je sais aussi que ses parents sont américains. Sans doute une adoption.


Inutile d’utiliser jusque-là mes dons de prosateur divin.

Inutile non plus d’attendre plus longtemps : l’attitude de cet enfant est par trop inhabituelle.


[Et là, lecteur adoré, tu te dis : « Moi aussi je sais déjà ! Je suis un lecteur divin !!! ». Bon, tu arrêtes de te la péter. Je continue. Merci.]


Et dieu vit.

Barbara ne s’est jamais battue, pas avec d’autres enfants dans la cour d’une école en tout cas.


Elle ne marche pas sur le même sol qu’eux et ne s’est jamais intéressée aux potins, car ils génèrent parfois de la souffrance et le petit diamant noir n’est pas assez empli d’amour pour rayonner en empathie.

Mais ils génèrent aussi du rire, et ce dernier ouvre l’étroite écluse de ses larmes.


Feng/Barbara a de mauvaises notes en musique et en arts plastiques. Le pragmatisme est un refuge très sûr et l’art une introspection insoutenable. La musique l’obligerait à ne plus contrôler ses pensées. Et vagabonder c’est prendre le risque de se retrouver.


La solitude est une amie sans risque : elle ne veut pas de confidence.


Il n’y a pas de peluche dans le lit de Barbara.

Barbara veut être seule dans son lit. Et ne jamais dormir.


Elle attend que son père soit parti de la maison pour se lever.

Elle se précipite alors à la salle de bain et se frotte l’entrejambe jusqu’à ce que la douleur l’emporte sur l’horreur.


Barbara a des projets : elle veut devenir grande très vite. Et partir. Elle veut avoir des enfants. Elle veut les aimer pour être aimée, véritablement.

Avoir un mari, un compagnon, est une idée très accessoire. Mais qui va grandir avec son désir éperdu d’être aimée, véritablement.


Elle est très intelligente. Par obligation. Résiliente. Elle sait déjà qu’elle est une victime. Non une coupable. Elle sait même que, dans son cas, c’est exceptionnel. Non, elle n’a pas de sentiment de culpabilité car elle n’a jamais cherché l’affection de cet homme. Bourreau qui a pris la place d’un autre bourreau, ce maigre Zhen, gardien de l’orphelinat de ses huit premières années.


[Et les potes, il ne serait pas en train de retourner à son style syncopé, là ?

Chhhut ! On a bien vu. Mais quand ce qu’il écrit le retourne on dirait qu’il ne peut pas faire autrement.

Moi j’aime.

Toi t’es amoureuse. Arrête !]


Et dieu s’accorde sur le futur proche

Cette année je vais avoir à affronter les yeux de Barbara. Presque tous les jours.

Je ne peux pas lui poser de questions directes. Une déclaration au juge est indispensable autant qu’impossible. Basée sur un regard impassible ?

Je pourrais aussi aller éclater la tête de ce connard. Au coin d’une rue sombre. Juste pour me défouler et venger ce bout d’chou !

Mais je sais.

Je sais que sa mère n’a pas obtenu d’équivalence pour son diplôme américain d’infirmière. Et donc qu’elle ne fait plus les nuits comme lorsqu’ils habitaient à Orlando. Le lâche n’a pratiquement plus d’occasions d’aller violer la petite.

Je sais que d’ici quelques mois elle va lui planter un couteau dans la cuisse et qu’il n’y reviendra pas. Que d’ici deux ans elle va trouver le courage de parler et que l’ordure va passer dix ans en prison.

Je connais aussi toute sa vie, jusqu’à son dernier regard apaisé, et elle n’est pas mal du tout sa vie. Ensuite.

Alors ? Bouleverser le futur et prendre le risque du pire ?


Mais que puis-je pour cette petite tête brune qui a tant souffert, alors qu’effleurer ses pensées profondes me tétanise ?


Agir comme avec les autres : lui faire passer une heure sympa, quelques fois chaque semaine.

Mais avec des sourires en plus. Rien que pour elle.

Lui donner des forces.


Alors je la regarde. Et une fossette s’aligne sur mes espoirs.





(to be continued)


 
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   Anonyme   
19/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Preum's ! J'ai du temps libre, en ce moment, mais pas trop de temps libre puisque je l'occupe bien, comme vous pouvez le constater.
Vous les avez bien regardés, les loulous, dans la cour...et vous avez bien rendu les rêves des uns qui se heurtent à ceux des autres. Je comprends mieux pourquoi Dieu ! Et puis plongée dans la Chine, avec la jumelle (du côté noir de la force) d'une bébé Dongfeng (vent d'est, sauvée de l'hiver) tirée de l'orphelinat, que j'ai connue autrefois. La vôtre, elle est fèng, ton descendant. Cela signifie aussi crevasse, fissure. Et si on ne tient pas compte du ton, on a aussi : ironie, raillerie, fou, aigu, tranchant, rapiécer, sceller ; mais aussi : vent, notions de richesse et d'abondance, abeille, et "considérer comme un objet le plus précieux", recevoir. C'est mon dictionnaire qui me l'a dit.
J'aime toujours autant. Il y a un parfum de discussion en salle des profs, là-dedans, et d'introspection pendant le calme d'une interro. Je note en gourmet(te)...

   Anonyme   
19/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Deuze !
Bonjour jaimme, juste un petit mot pour dire que je suis venue, j'ai lu, j'ai ressenti. Le regard. la compassion. La tendresse silencieuse.
Joli, particulièrement joli le fait que cette petite fille aime la musique mais obtienne de mauvaises notes parce que la musique, ça libère les émotions et que ces émotions elle ne peut pas les gérer.
Rien que ça, rien que de l'avoir dit, c'est le summum de l'empathie.
Je vais imprimer ces deux opus, et le troisième et les autres. Les relire à tête reposée et faire un commentaire, un vrai... plus tard.
Merci pour ce regard.

   Anonyme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Y a pas à dire, tu as un rapport original avec les mots toi. Un phrasé bien personnel.

Au-delà du style incisif, parfois presque télégraphique, qui tire à certains moments plus sur le synopsis que sur le récit, tu nous concoctes parfois de ces expressions, de ces tournures rondes en bouche, de ces excentricités langagières aussi surprenantes que jouissives, parfois limite capitaine Haddock, parfois plus exotiques encore ("il se déboulettait la narine", "mangeur de courgettes. Je t'autodafe... t'anathémise", les pins aux "persona de bonsaïs géants", les "incitations hémoglophiles" etc., j'en passe).

Et puis ces interludes humoristiques, où parfois on s'emmêle tellement entre émotions et sourire qu'on ne sait plus trop où on en est, ces arrêts et ces retours en arrière, comme si on sautait d'un chapitre à l'autre de manière aléatoire, alors qu'au contraire on s'aperçoit que tout cela est empli de cohérence. Au fond, le fil conducteur, c'est simplement l'humanité qui sourd de tout cela. Il faut se laisser porter. Ca chahute parfois. C'est bien ainsi.

Sinon que dire ? Qu'encore une fois tu parviens à toucher ton lecteur ? Evident.
La petite Barb'ra sur laquelle on s'attarde... longtemps. Les choses qui sont dites tout en pudeur, esquissées, sans entrer dans le pathos ou dans les grandes déclarations, c'est bien, c'est efficace et prenant. Très.


Je vais juste souligner quelques petites choses qui m'ont un peu fait tiquer (l'encensoir est vide là ;-) Passons au plus "technique" :

- J'ai trouvé quelques toutes petites choses "en trop" ou un peu lourdes (comme dans le premier opus d'ailleurs), comme la formule pour "cramer Internet", ou le "pouvoir sapiential", et quelques toutes petites outrances dans ce genre (just my opinion bien sûr, chacun ses goûts). C'est du chipotage.

- Petit détail de cohérence temporelle quand on parle de Matthieu et de ses revues porno. J'aurais mis ceci : "Six ans plus tard une gentille fille lui met une claque retentissante et lui montre tout de suite après l’existence de la tendresse et de l’érotisme." au futur personnellement. "Six ans plus tard, une gentille fille lui mettra une claque etc...". Comme tu le fais d'ailleurs à d'autres endroits du récit. Détail ? Oui, je sais, mais tant qu'à commenter, autant ôter toutes les pelures de l'oignon.

- "Jimmy est un coquin. Une crapule. " --> je trouve ce mot "crapule" beaucoup trop fort. Ou alors il n'a pas, par chez moi, la même acception. En tout cas, par rapport à tout le reste de la description, ce terme m'a choquée.

- "mâter" --> non, c'est mater, sans accent circonflexe.
Mâter avec accent signifie "garnir un vaisseau de ses mâts". C'est passé à travers la correction ça, mais c'est à vérifier (ptêt que je me trompe)
mot corrigé dans le texte après accord de l'auteur


Sinon, je relis et j'ai envie de dire aussi que j'ai beaucoup aimé (il reste encore quelques gouttes au fond de l'encensoir) :

- "Feng veut dire « phénix ». Ashes to ashes."

- ta description des airs de conspirateurs que prennent les enfants pour se dire des secrets, les "regards périscopiques" et tutti quanti. C'est jouissif et tellement bien observé.

- et cette dernière phrase : "Et une fossette s’aligne sur mes espoirs."

Merci pour cette (encore une fois) belle lecture.

   Farfalino   
19/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le texte peu sembler décousu (digression plus ou moins comique, aparté avec le lecteur ou lectrice, ou n'importe qui qui passait dans la pièce à ce moment là :)) mais cela ne l'est pas.

J'aime bien ces portraits et évidemment l'histoire de Barbara est poignante.

   brabant   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Dis-donc Jaimme, le trombinoscope, c'est pour les profs de collège, non? Et encore les profs de sciences nat. (vieille école), ceux qui ont 180 bouilles à se remémorer. Un instit connaît vite ses vingt-cinq petites canailles. Tiens! J'ai un neveu qui s'appelle Matthieu, je ne sais jamais combien de "t" je dois mettre à son prénom (celui de la Bible n'en compte qu'un, ma soeur lui en a mis deux comme au tien, ce qui a rendu le curé de la paroisse totalement furieux à l'époque), ça le fait marrer, "appelle-moi Matt, me dit-il, deux "t", mais je persiste à l'appeler thieu, un "t"! Aujourd'hui il fait trois têtes de plus que moi, alors je m'écrase.
- Formidable ton aparté! On dirait du Michaux, du Queneau ou du Pérec...
Je reconnais mon Thieu dans le portrait que tu fais, hilarant et sérieux comme un pape.
Les parents, la grand-mère, l'apprentissage de la vie, tout est en notations justes.
Fabuleux!

Wouah! Le portrait de Jimmy, le voyage de la trousse, de la fille qui mate, renversement des valeurs... et les ancêtres, la mère laxiste mais tellement sympathique.

Par contre, dur le portrait de Barbara (je n'ose pas risquer: "Il pleuvait sur N...", mais ce serait à drashes!), très dur! Là! Tu me déçois... Cela n'est pas Dieu qui pleure, navré, c'est Dieu qui viole!
Très bon par contre le passage qui la montre comme une surdouée. Malaise cependant: surdouée oblige, que restera-t-il d'humanité? peut-il rester de l'humanité?
Aux yeux marmoréens (blanc nacré de marbre et le marbre n'a pas de larmes) il aurait fallu ajouter le noir froid et impénétrable de l'onyx du cristallin et de la pupille opaque.

Et voilà Marie!...
Et voilà que tu reviens à Barbara!...
Je suis lâche, mais cela me met mal à l'aise, cette noirceur "ajoutée", j'ai l'impression de lire "Détective" ou "Ici Paris", je n'aime pas parce que je sais que tu dis vrai. Tu dis vrai et c'est insupportable. J'étais en train de me marrer, moi, avec ma bonne conscience d'occidental, et voilà que tu me forces à voir!...
Alors! oui! "to be continued", continuons avec Barbara (elle-aussi violée, par son (tuteur?), le prénom n'est pas dû au hasard), j'attends la suite avec "impatience"... en priant pour que tu la sauves, d'une manière ou d'une autre (le feras-tu?), mais lâche je suis, lâche je demeure, tu sais, moi, j'attends que tu tournes la page, je préfère à mon grand déshonneur, l'Immaculée Conception! Pourquoi m'as-tu mené sur cet horrible cheminement du Mont des Oliviers?

   thea   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
comme le premier j'ai adoré ce deuxième volet...c'est filmé avec beaucoup de sensibilité et une belle pointe d'humour...

la seule chose j'accroche un peu sur l'écriture parfois....

ceci dit, j'attends le troisième volet avec impatience.


Théa

   prisca   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette histoire est très intéressante et bien écrite.
Cette façon de parler aux lecteurs entre-deux est joliment fait.
L'émotion est bien rendue car je serais presque rentrée dans l'histoire pour aller casser la gueule(pardon) de ces violeurs !!
Bravo jaimme pour ce second volet.
bonne continuation et au plaisir de te lire

   Anonyme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est superbe. Beau, émouvant, drôle, merveilleusement bien écrit. Le mot parfait se presse à mes doigts, la note exceptionnelle appelle le clic de ma souris. Oserai-je l'écrire ? Oui, c'est fait alors je ne regrette pas.


To be continue...ouf je n'avais pas envie que ça s'arrête.

   Anonyme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Incroyable, encore une fois je suis happé par cette lecture !
Cette seconde partie confirme bien ce que nous laissait deviner la première, à savoir une véritable aisance dans la langue(là je me répète) mais aussi au niveau du plan du récit : nous faire découvrir le destin tragique de Barbara juste après ceux, très communs, de Mattieu et Jimmy ma vraiment prise de court. J'ai d'abord cru que cette deuxième partie serait plus "banale", mais visiblement mon inquiétude était prévue (t'es un dieu après tout...). Chapeau bas pour les interactions avec tes lecteurs, dans lesquelles je me retrouve complètement, très efficaces pour faire oublier la pauvre vie de la petite Feng. Tu t'attendais à chacune de mes réactions de pauvre mortelle, décidément on ne lutte pas contre les dieux.
Je suis vaincu. Bravo !

   Anonyme   
23/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'avoue que je suis habituellement sceptique quand le lecteur prend la parole, que l'auteur leur répond, bref… Un jeu un peu usé à mon goût.
Mais là ça n'a pas vraiment d'importance. Parce que c'est drôle, d'abord. Et puis parce que c'est pertinent, ensuite. C'est juste, et on s'y habitue.
Et puis moi je trouve ça génial de voir directement l'incidence de l'enfance de Matthieu sur celle de son futur fils.
Pour la petite Barbara… Je reste coi. C'est terriblement troublant.

   widjet   
31/8/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Pour ma part, j'ai préféré le premier volet qui me semble plus fluide et moins "tarabiscoté", bref plus sobre, plus contrôlé. Ce nouvel opus a bien sûr les qualités du précédent, "maîtrise" des sentiments pour ne pas tomber dans l'apitoiement où le misérabilisme, pudeur, sensibilité et écriture de qualité. TU sais y faire pour dire des choses fortes, de façon non détournée et sans en faire des louches. L'impact n'en est que plus saisissant.

Mais parfois, tu en fais trop.

En effet, je regrette quelques déchets (dans la partie Matthieu), de la confusion, et des rajouts évitables (l'interactivité avec le lecteur est une fausse bonne idée, l'interlude est dispensable et cette légèreté - même si je pige bien l'intention de l'auteur - desamorce bcp les effets, et finit par diluer un peu l"émotion, attention à bien doser de sorte que la comédie n'empiete pas trop sur la dramaturgie) et une fois encore (comme dans le premier opus) un déséquilibre dans la traitement des personnages (le portrait de Barbara est certes touchant...mais fallait pour autant sacrifier cette pauvre Marie ? Et Jimmy, pas envie d'en dire plus ?).

Je suis un peu déçu (l'attente etait sans doute trop forte apres le premier texte) mais il va sans dire que j'attends la troisième partie !

Merci l'artiste !

W

   David   
2/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est soutenable de lire une histoire évoquant les viols d'une enfant, j'ai même ri plusieurs fois, durant les intermèdes... ça me gave fortement, ce genre de ressort, dans d'autres contextes. C'est pas vraiment cynique, enfin dans l'écriture non, plus globalement, la façon dont ce personnage arrive entre les autres, comme faisant partie d'une panoplie de portraits, ça n'en est pas étranger non plus, dans ma lecture. J'ai peur que ce soit gratuit, que ça ne dépasse pas l'effet d'annonce, et que ça s'enchaine par une suite d'autres portraits.

   florilange   
2/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Eh bien quoi? C'est 1 suite de portraits, en effet. Les intermèdes sont placés fort judicieusement pour éviter de nous envoyer, pan! 3 ou 4 portraits d'affilée, en pleine figure. Si Jaimme avait fait ça, on lui aurait dit, c'est bien, mais, cette énumération, c'est indigeste, faudrait alléger... Bon, ben, il a allégé, il a bien fait. En +, cela permet de passer d'1 histoire légère à 1 autre, + lourde ou l'inverse. Ça laisse respirer le lecteur. Très judicieux.
Personnellement, j'aime beaucoup.
Florilange.

   calouet   
4/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Comme Tinuviel, je crois, j'ai relevé quelque jolies trouvailles narratives, qui parsèment agréablement ma lecture. Je tique toujours un peu sur le style parfois un peu "too much" dans la volonté de percuter le lecteur. Les appartés où le narrateur dialogue avec son fan club sont distrayants et reposants, mais je me demande si à la longue leur utilité sera vraiment évidente...
D'une façon générale, je me demande si ce texte n'est pas un genre d'imposture. J'entends par là que j'y ressens beaucoup plus d'intellect que de coeur; j'ai l'impression de lire le texte de quelqu'un d'habile, de malin, de lucide. Mais je ne vibre pas vraiment. L'impression (peut-être fusse) de voir les ficelles, la fermeture éclair dans le dos de chubaka...

   mousange   
5/9/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Et je passe au second. Celui qui m'a le plus marquée. A cause du portrait de Barbara.
J'ai tout aimé: les jeux avec les mots, la tendresse encore, les portraits astucieuses agencés, entre forts et très forts, les dialogues savoureux avec le ou les lecteur(s).
Je recommande à ceux qui n'ont pas encore lu de ne pas s'arrêter entre les épisodes, on voit mieux la continuité, le rythme.
Tout simplement splendide. A quand une édition en librairie?

   nyqueldan   
11/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Jaimme!
Pardon de ne pas trop donner dans la critique "constructive", celle qui sait être riche de reproches pertinents... Encore une fois, je me suis laissé porter.
J'ai apprécié à sa juste valeur la fine observation du ballet des élèves dans la cour.
Dans le désordre, le ralenti sur Jimmy avec caméra en plongée, montée sur drône, la teneur de ces secrets confidentiels défense qui permettent d'avoir un statut, et leur mode de transmission façon généalogie biblique, l'échange d'insultes avec mise en cause des ancêtres d'icelle et de la certitude d'un père unique d'icelui..; on s'y croirait! Le tout exprimé avec une délectable aisance.
Restent ces deux questions: mais qu'est-ce que ce monde qui prédétermine leur vie en fonction de 13, 18 sur 20, voire de 09,5?
Et évidemment, mais que puis-je faire pour cette petite tête brune qui a tant souffert(...)?
Encore une fois, je suis séduit, conquis, interpellé!

   marogne   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un coup de poing à l’estomac, puissant, appuyé, mais tout en délicatesse. Ca ne fait pas moins mal pour cela, plutôt le contraire. Je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à ce procès d’assise quand l’histoire de cette jeune fille a été racontée devant le tribunal, et les yeux des deux hommes dans le box pendant, les deux hommes qu’il faudra que je juge….. Mais elle, la mienne, elle avait, en plus, été tuée. J’avais essayé d’en exorciser le souvenir en le racontant, ces trois fameuses minutes qui ont détruit la vie d’une famille heureuse….

C’est cette histoire que je retiens de cet opus, et je m’abstiendrais presque de commenter le reste….

Mais, non, passons à ce qui entoure ce drame et cet espoir.

J’ai vraiment failli arrêter la lecture après quelques paragraphes tant le texte m’a paru - comment dire ? – énervant. Cette façon de s’adresser au lecteur ne m’a ni intéressé ni fait sourire, presque potache ?

Mais, et toujours en oubliant Barbara, je trouve intéressante cette idée de nous brosser un petit pan d’humanité en partant de ces enfants qui représentent, presque, l’ensemble de notre société. Et puis j’ai bien aimé le livre de Nancy Huston, Dolce agonia, retrouver ici le même stratagème est plaisant, et presque une sorte d’hommage.

   Meleagre   
26/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
En lisant tard ces nouvelles, j'ai l'avantage de ne pas avoir à trop attendre pour connaître la suite. J'ai donc pu vite lire ce deuxième volet, qui m'a autant plu que le précédent !
Même si la première partie de cet épisode m'a paru un peu en-dessous, moins captivant. Le portrait de Matthieu est un peu convenu ; il intègre tous les lieux communs de l'élève moyen et de l'adolescent. L'originalité se situe plutôt, ici, dans le lieu avec le lecteur critique et maudit. L'interlude ne m'a pas convaincu (sauf le "peintre sur éruptions solaires" : une sacrée trouvaille !). Le portrait de Jimmy est moins stéréotypé que celui de Matthieu, mais moins savoureux que ceux du premier épisode.
Par contre, le portrait de Barbara est magnifique, d'un touchant réalisme débordant d'émotions. En passant à l'histoire de Marie, je suis resté sur ma faim, et j'ai eu la surprise de voir mes pensées écrites par l'auteur, qui a heureusement comblé mes attentes de précisions. La description des groupes d'enfants, des meilleures copines, conspiratrices, est savoureuse, débordante de réalisme et de jeunesse, et met en valeur, par contraste, la solitude et la maturité précoce de Barbara. Et son histoire est poignante ; le style haché, ciselé, "syncopé", blesse autant que les événements, il les expose avec une cruelle simplicité, en refusant de tomber dans le pathétique, mais en suscitant la compassion et la colère du lecteur.
Merci pour ce deuxième volet qui tient ses promesses. J'attendrai un peu, le temps de me remettre, avant de lire les volets suivants...

   Myriam   
26/9/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je poursuis ma lecture...

Encore une fois, j'ai tout aimé. Savouré davantage que pour le premier texte, parce que je savais, cette fois, à quoi m'attendre.

J'adore les ruptures de ton et de style, et la mise en scène du narrateur, ( le point de vue omniscient n'a jamais aussi bien porté son nom... je penserai à ces textes à chaque fois que j'expliquerai: C'est le point de vue de Dieu!).
Les apartés allègent le récit et m'ont fait rire plusieurs fois... et c'est bon de rire aussi, au milieu de tout cela...

Ces enfants... que dire que le texte ne dit pas 100 fois mieux...
C'est si criant de vérité... qu'on en crierait de rage, parfois.

Et ce narrateur... je le veux comme prof, je le veux comme collègue, je le veux comme ami... je le veux bien comme dieu aussi...

   NICOLE   
28/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est un concentré de vie, ça ricoche commer une joute verbale, on en sort pas indemne.
Les appartés où l'auteur s'adresse au lecteur me semblent participer activement à ce sentiment d'insécurité...vraiment c'est malin, et ça m'énerve de trouver ça bien, je n'aime pas que l'on me rappelle les années d'école. Je lirai la suite, mais pas ce soir, il va me faloir du temps pour digérer.
PS : quel est le problème avec les courgettes ? (je cite :"Mangeur de courgettes !", et ma fois, ça sonne vaguement comme une insulte).

   Anonyme   
11/11/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bon. The mitigeur is back.

Alors on a une chouette histoire, un rien mégalo, mais une chouette histoire. On survole les enfants... c'est bien.
On a un narrateur Divin un rien mégalo mais qui intervient de manière assez sympa et puis... POUF... Barbara.

Hum.

Bon.

Désolée mais moi quand je vois de loin un truc qui ressemble à un tire larmes, je prends un peu de recul je vérifie que c'est pas un tire sein, et j'en déduis que c'est un tire larmes... Et oh, surprise, v'là Barbie... Feng. Et son histoire est triste. Belle. Mais pourquoi revenir dessus? Pourquoi la traiter différemment des autres...
Je reconnais bien là les profs qu'ont leurs chouchous gnagnagna et moi j'ai jamais été un chouchou gnagnagna pasque je faisais des exercices dadaistes avec les formules mathématiques tout ça... pffff. Bref.
Trop.
Du coup je suis super déçue de cet épisode. Qui aurait pu être bon sans la larmoyance gratuite...

Je ne reviens pas sur le style, je trouve que c'est parfois toujours un peu fastoche, mais ça se lit bien et c'est un avantage considérable. Merde j'en arrive à me dire que j'ai préféré le premier volet...

Désolée.

Merci.

Au suivant...

   Cortese   
24/12/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Wahou, là, je suis bluffée ! L'ensemble se lit bien, même si ça a toujours un côté facile, l'histoire du narrateur de droit divin, ça permet de respirer entre 2-3 trucs pas drôles.
Mais alors, ce qui m'épate surtout, c'est une phrase : ta description de la bagarre de collégiens typique: "Là, une bagarre est attendue...." Et la suite. Tu vises en plein dans le mile. On sent le vécu, et pourtant c'est littéraire, extrêmement bien formulé, et parfaitement vrai. Encore bravo !

   Milwokee   
18/1/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
Oh la la... Comment commenter un texte comme celui-ci sans passer pour la groupie qui hurle ton nom en te croisant dans les couloirs ?
Déjà, en rationalisant mon adoration : je ne peux pas ne pas adorer quelqu'un qui écrit des phrases telles que "Hérétique, athée, mangeur de courgettes ! Je t’autodafe, t’excommunie, te maudis, t’anathémise !" Que j'aime les gens qui manient bien les mots !
Et alors les pseudo-interventions extérieures et tes réponses à celles-ci, là c'est carrément exquis. Le neck plus ultra reste pour moi le tout simple mais si drôle "Toi t’es amoureuse. Arrête !".
Maintenant j'arrête de t'encenser parce que tu risques de t'endormir sur tes lauriers et ça nuirait gravement à ton talent.
Pour la peine, j'te mettrai même pas le "+" à côté de "Exceptionnel", ha ! Et j'espère que t'es déçu ! ça t'inciteras à faire mieux, si tant est que ce soit possible.

   Flupke   
11/11/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Toujours agréable à lire. Le style est à la fois débridé et contrôlé ; j'aime bien cette originalité dans la structure narrataire.

bien aimé se déboulettait la narine

Les larmes de sa mère le brûleront plus sûrement que la gifle qu’elle ne lui a pas donnée. Sublime !!!

Il va essayer tous les uniformes de l’adolescent qui cherche une identité, verbe au singulier donc c'est celui qui cherche qui va essayer ? pas très clair

Interlude (avec un petit train porteur de rébus oh oui je me souviens !!!

lors qu’ils me donnent entre 25 et 55 ans (ah oui toi aussi ? Good old cucumber slices !!! :-)

Bien troussé cet échange de trousses avec les adultes qui trinquent LOL

émouvant tous ces enfants malmenés par des adultes ... qu'ils imiteront probablement plus tard.

Elle apprend très vite l’anglais. Par nécessité. Les mathématiques par obligation. Le violoncelle par amour de la solitude. MIAOU ! quel panache dans l'énumération !!!

sans répons possible manque un E non ?

mangeur de courgettes ! alors c'est vraiment de l'anticourgettisme primaire. Tu n'as jamais dégusté une courgette crue à la Flupke ? Correction suggérée : laver une courgette, la peler, puis continuer à la peler jusqu'aux pépins, là c'est plus difficile et il faut s'arrêter. Huile d'olive, poivre fraichement moulu, sel, citron et saupoudrer de copeaux de parmersan. Si tu en reprends une deuxième fois merci de remplacer "mangeur de courgettes" par adorateur de choux de Bruxelles où toute autre saloperie fadasse dont le négativisme est universellement reconnu.

Et toujours beaucoup de finesse dans ton analyse. Un vrai régal de lecture. Triste pour la chinoise mais il doit y en avoir plein dans son cas.

Amicalement,

Flupke


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