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Humour/Détente
solidane : Dépareillées
 Publié le 20/08/09  -  12 commentaires  -  5392 caractères  -  71 lectures    Autres textes du même auteur

Il n'est de cause perdue que les combats qu'on n'a pas menés, pas ceux où l'on a échoué.


Dépareillées


Un problème bien banal, si récurrent ; et pourtant je ne me rappelle pas d’un article, d’une émission radio ou télédiffusée qui se soient penchés sur le sujet. Tant de familles, de célibataires, de couples recomposés ou décomposés vivent cette expérience douloureuse ou pour le moins contrariante que n’y avoir jamais consacré une ligne pour ne pas dire un mot me semble presque révoltant. Et quel que puisse être l’éclairage que j’y donnerai, au moins aurai-je mérité de vous en avoir informés.


Cette chose que je n’ai pas encore dite peut sembler de peu d’intérêt, insignifiante, mais que l’on vienne à multiplier le nombre d’interrogations, de recherches inutiles, de colères larvées ou pleinement exprimées par le nombre d’individus qui y sont confrontés quotidiennement, et là, on touche à une représentation première de l’infini. Cette épreuve journalière, hebdomadaire pour d’autres, selon les schémas d’organisation, c’est celle de la quête des chaussettes dépareillées, ou pour mieux dire des chaussettes esseulées. C’est un difficile moment que celui du regroupement des enveloppe-pieds à la suite d’un lavage et séchage indispensables. Il finit inévitablement par le même constat, deux ou trois chaussettes resteront sur le carreau, devenues inutiles. Il restera l’ambition de mettre la main sur les comparses fuyardes lors d’un prochain exercice du même style, mais cet espoir est bien souvent déçu. Alors outre le désagrément du matériel perdu et nécessairement à remplacer, se dressera cette question mystérieuse et angoissante : que deviennent les compagnes des chaussettes esseulées ? Et là, le mystère est entier. Sont-elles avalées par le lave-linge, oubliées au fond d’un placard, glissées sous un lit, mais on les retrouverait nécessairement tôt ou tard. Non sincèrement la disparition est le plus souvent totale, dématérialisation. Faudra-t-il se résoudre à s’amputer d’un pied afin de conserver leur utilité aux malheureuses chaussettes devenues célibataires, misérables jouets d’un hasard funeste et toujours inexpliqué ? Mais alors que fera-t-on des paires ? Le problème de ces isolées semble bien sans solution. Ne pourrait-on ouvrir des centres d’accueil dont la vocation serait de les récupérer, de les rassurer, de leur redonner confiance : même seul, la vie vaut d’être vécue. Quel pied !


Cette quête humanitaire mérite toute notre attention, en convaincre mes semblables peut sembler une gageure. Mais qui le fera si je ne m’y attelle ? À qui s’adresser dans un premier temps ? Aux chaussettes délaissées dans un coin de tiroir ou aux disparues dont on ne sait si elles ont choisi leur sort ou si elles ne sont qu’autres victimes ? Au deux à la fois, mais ce serait déjà les réunir, ce qui fausserait entièrement l’objectif de cette mission. Compliqué tout cela, et pourtant je sais leur détresse, ma première irritation passée. Chaussettes, chaussettes pourquoi hanter ma conscience, je n’y ai aucune responsabilité. En quoi votre solitude me sera-t-elle plus importante que la mienne ou de quelque autre ? Cessez ces larmes inutiles, vous trouverez chaussure à votre pied. À quoi bon regretter l’autre, elle était déjà défraîchie, avouez-le. Quel regret de ce petit trou que nul jamais ne reprisa, en quoi était-il si particulier que vous y mettiez un tel attachement ? Bien entendu qu’elle était jolie, qu’elle possédait un charme que jamais vous ne retrouverez. Ces fines rayures, cette façon de se tenir droite dans mes bottes. Tout cela est vrai, et quoi encore ? Cette odeur particulière, cette fragrance étrange qui n’appartient qu’à elle. Votre faculté à être interchangeables, pied droit, pied gauche, me jouant ce drôle de tour à chaque occasion. Je sais votre union et la douleur de cette séparation. Toi celle qui m’est restée, cesse de te tordre, renonce à cet essorage exaspérant. Où qu’elle soit, elle est bien, sache t’en convaincre. Aspire l’air, sois manche à air, ou que sais-je ; j’ai besoin de toi encore. Je peux, s’il le faut, me promener un pied nu, l’autre chaussé. Je peux beaucoup pour toi. L’esquisse d’un sourire, tu es sur la bonne voie, l’orteil me remue, tu as à nouveau l’envie de sortir. Bien, très bien même.


Tout cela est bel et bon, mais je me vois difficilement mener cette tâche planétaire tout seul, faire des adeptes n’est guère plus mon style. Informés, vous l’êtes maintenant. Alors quoi, poursuivre cette lutte à la Saint Vincent de Paul, partager mon manteau avec ces malheureuses ? Non, ma gentillesse, mon altruisme, ma blancheur immaculée ne sauraient aller jusque là : autre chose à faire. Pourquoi alors avoir lancé cette quête sitôt interrompue ? Probablement parce que je n’aime pas qu’un sujet reste injustement dans l’ombre, désir de donner la lumière, que sais-je encore ? Mais de là à y consacrer ma vie quand vous vous contenterez de pester régulièrement en jetant hypocritement les damnées à la poubelle, très peu pour moi !


Gardez donc vos chaussettes, cousez-les l’une à l’autre jusqu’à faire un méridien de quarante mille kilomètres de long qui, ceinturant la Terre du nord au sud et du sud au nord, sera un rappel vivant et permanent de ces tristes sorts oubliés. Enfilez-les, les unes dans les autres, pour faire un gigantesque pied de nez à ceux qui vont pieds nus et se sont ainsi rarement posé ce grave problème existentiel : mais où vont les compagnes des chaussettes oubliées ?



 
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   Anonyme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

c'est sympathique, bien écrit, amusant, on sourit, mais c'est tout non ? Tu me diras, c'est déjà pas si mal. Mais sitôt lu, sitôt oublié, ça fait un peu article de vacances, qu'on lit sur la plage faute de mieux, entre un voici et un closer.
Y'a aucune honte à ça, mais je trouve personnellement dommage de ne pas confronter tes facilités d'écriture qui sont évidentes, à des challenges d'un niveau un peu plus relevé.
Au plaisir de te lire dans un prochain texte, un peu plus consistant.

   jaimme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis le premier (voir édit), alors je me donne le droit de la faire: ce sujet c'est le pied! (pardon)
Le traitement est plaisant, fouillé (les odeurs, les couples...).
Et pourtant je reste un peu sur ma faim (sans aucune appétit ou appétence pour un sandwich aux chaussettes). J'aurais voulu (c'est seulement mon goût, beurk!) un peu plus de délire sur cet excellent sujet.
Les chaussettes disparaissent-elles dans un trou noir au fond du panier à linge sale?? Et la mode des chaussettes dépareillées doit-elle être confiée à une ONG?
Je suis d'autant plus sensible à ce thème que bientôt je pourrai affréter un cargo pour l'île de Pâques avec les chaussettes dépareillées de ma fille!
Bref: un texte vraiment bien écrit. Un sujet en or. Un beau traitement. Mais de l'audace, encore de l'audace! Please.
Ah oui: le manteau coupé en deux c'est saint Martin du IVème siècle.
Merci!

Edit: pfff! Jphil est dopé c'est sûr! Mais que fait le service anti-dopage d'Oniris!

   Anonyme   
20/8/2009
Sympa. J'avais lu un article dans le magazine Marianne qui traitait des petites cuillères et des couvercles des boîtes en plastique (type tuper). Les chaussettes c'est un peu dans le même ordre d'idée. Une réflexion amusante et un texte qui vient peupler cette rubrique de l'humour parfois délaissée. Merci solidane.

   Anonyme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Pour ma part, j'ai un petit problème avec cette nouvelle.

Ce n'est pas qu'elle traite du sujet délicat des chaussettes qui m'embête (loin de là) c'est la façon donc elle le traite qui me chiffonne.

Une chaussette c'est amusant en soi. Il suffit de prononcer le mot et on sourit. Casé dans une conversation, ça fait toujours un malheur. Une chaussette c'est loufoque par nature.

Seulement voilà, ici on ne retrouve rien de cette légèreté. Le texte à beau être bien écrit (rien à dire là dessus, vraiment) le ton n'y est pas. Le style ne colle pas avec les mots qu'il porte. L'humour faussement sérieux rate ça cible et si le lecteur sourit, il ne rit pas. Or, quand on s'attaque un un thème aussi sensible, il faut faire rire !

Le charme n'a donc pas agit sur moi. Désolé Solidane. Une autre fois sûrement, car j'aime beaucoup ton style malgré tout.

   Anonyme   
20/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour solidane

J'ai aimé. J'ai adoré le premier paragraphe. Et la petite phrase du résumé. Une grande belle phrase, empreinte de belle sagesse, qui m'a fait me demander à quelle grande cause - perdue - tu t'étais attaqué. Quand j'ai compris que ça allait parler de cette quête éperdue autant que bien mystérieuse, je suis remontée vite fait voir dans quelle catégorie j'étais. Humour.
Ha !
Il n'empêche que je ne peux m'empêcher de remettre en question le premier paragraphe. Tu écris :
"... que n’y avoir jamais consacré une ligne pour ne pas dire un mot me semble presque révoltant."
Non, solidane, j'ai l'immense regret de te dire qu'avec la lessive machin qui sent si bon, utilisée dans le lave-linge had-hoc dont le mouvement est si doux, les chaussettes - mêmes perdues - se retrouvent ! La pub, solidane, la pub ! a percé le mystère de la disparition de ces esseulées et a trouvé le remède miracle.
Change de lave linge, ou de lessive, ou peut-être même d'adoucissant... tes recouvre-pied n'éprouveront plus l'appel du grand gouffre !
Merci pour ces sourires, et cette écriture, en parfait contraste avec le sujet. Je trouve que c'est du beau travail.
Bonne continuation.

   Arnaud   
21/8/2009
 a aimé ce texte 
Pas
C'est vrai que ça a un petit côté chronique de magazine féminin. Pas très passionnant donc mais qui peut faire sourire.

Cela dit, il reste encore selon moi trop d'erreurs dans le texte...

* "d’un article, d’une émission radio ou télédiffusée qui se soient penchés"... Normalement on devrait mettre "soit penché" car les sujets sont séparés par des "ou", écrit ou sous-entendu. Donc le sujet reste au singulier.
* "n’y avoir jamais consacré une ligne pour ne pas dire un mot ". Ca fait bizarre, une ligne pour ne pas dire un mot... Il faudrait soit mettre des virgules, soit remplacer par "ni même un mot", par exemple.
* "aurai-je mérité de vous en avoir informés". Non, il faudrait écrire "aurai-je le mérite de vous..."
* "à la suite d’un lavage et séchage indispensables". Soit on considère "lavage et séchage" comme un seul acte et alors il faut mettre indispensable au singulier, soit il faut écrire "d'un lavage et d'un séchage" pour conserver le pluriel.
* "même seul, la vie vaut d’être vécue". Comme on parle de chaussettes, il aurait mieux fallu mettre "seule"... au féminin...
* "lutte à la Saint Vincent de Paul, partager mon manteau". Si je me souviens bien, le saint connu pour avoir partagé son manteau, c'est Saint Martin. Mais bon... St Vincent de Paul l'a oeut-être fait aussi...

De bonnes idées donc, mais à mon avis il faut retravailler ce texte.

   brabant   
21/8/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'écrirai pas: "nouvelle sans prétention", les chaussettes aussi ont le droit d'être prétentieuses, qu'elles soient basses, mis-bas ou chaussettes hautes voires très, très hautes pour s'accrocher à un haut-de-chausse, une guêpière ou un porte-jarretelle, je sais, je suis très, très approximatif là; je passe donc aux odeurs: je trouve le plus souvent leur fragrance importune, et tout autant quand elles exhalent le détergent; jamais, au grand jamais jusqu'ici les chaussettes ne m'avaient permis de prendre mon pied. Eh! Bien! c'est fait! Ce texte au sujet anodin et au style très égal, leur confère désormais des fragrances de sassafras qui me font défaillir sous l'oeil étonné de ma voisine, alors que je hume, nouvellement conquis, et mes pieds et les siens...
Merci infiniment pour ce voyage extatique!

   florilange   
24/8/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien les lectures de vacances & celle-ci est si bien écrite qu'elle passe toute seule. Bon, c'est vrai que ça fait un peu article pour magazine féminin. Parce que le problème existe! Que sont-elles devenues ces chaussettes perdues, ont-elles rejoint les petites cuillères qu'il faut sans cesse racheter? Quels que soient la machine, la lessive ou le pays : ça disparaît. Merci d'avoir souligné ce grand mystère avec un petit sourire.
Florilange

   costic   
31/8/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Chez moi à Perpignan, nous savons très bien où vont les chaussettes disparues: un jour d'élection, si on sait se montrer assez attentif, on peut les voir, repues et ventrues de bulletins électoraux. J'ai beaucouop aimé la nouvelle, qui pose légèrement un problème existentiel des plus mystérieux.L'idée d'en faire un méridien me parait très interressante, et certainement réalisable. Je suis prête à y apporter ma contribution qui sera conséquente
( je possède un grand nombre de spécimens esseulés.) Merci encore!

   widjet   
9/9/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je connais bien le problème : j'en ai jeté des chaussettes esseulées ! Alors forcément, même si cela n'est pas à se rouler par terre, ce phénomène doit parler à chacun d'entre nous.

Maintenant, il est vrai que ça ne décolle pas trop dans l'humour (même si on a compris qu'il s'agissait d'un humour pince sans rire). Les trouvailles, jeux de mots (avc pied) et autres traits d'esprit ne sont pas révolutionnaires non plus, mais ça se lit sans gros effort et comme je l'ai dit en préambule, ça parle aux quidams que nous sommes !

Widjet

   NICOLE   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Un joli mot d'humeur, qui prétend à faire sourire...et qui ma fois, y arrive fort bien.
Je lirai le prochain délire de l'auteur avec plaisir.
Merci

   noway   
18/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Et bien j'ai aimé ce texte sans grande prétention. Le thème est savoureux d'absurdité, le ton est léger (quoique parfois un peu trop solennel pour un thème aussi léger) et je me suis pris à sourire quelques fois. De là à avoir un grand éclat de rire, je ne pense pas que c'est ce que tu visais.

Bref, j'ai aimé et j'ai pris du plaisir à cette lecture


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