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Brèves littéraires
Laz : PsiKoTik•E
 Publié le 27/08/25  -  3 commentaires  -  2956 caractères  -  15 lectures    Autres textes du même auteur

Le Drac faisait beaucoup de bruit. Témoignage d'un instant long et dense.


PsiKoTik•E


Tez tourne le dos à la rivière, au torrent. C'est le Drac, peut-être, à Fontaine, près de Grenoble. Devant Tez, une rue nue file tout droit. Une rue de dictionnaire, simple, où on marche, où on roule, sauf pour l'instant. Pour l'instant, on doit être dimanche, ou autre chose ? – enfin, il fait beau, il fait très beau. Cette rivière et son bruit, derrière, donnent comme du volume à la rue ouverte et vide. Fontaine semble s'ennuyer mais Tez est insensible à cet ennui. Il est trop vivant pour s'ennuyer, ici, au cœur de la mort. Tez, comme d'habitude, et ici pas moins qu'ailleurs, aujourd'hui autant que toutes les autres fois, Tez, il vit sa mort à fond.


Aujourd'hui, qu’ai-je fait avant de me retrouver au départ de cette rue, remous de rivière dans les oreilles ? J'ai dévalé, escaladé, redévalé et réescaladé les drôles de bosses de mon existence. Et maintenant, il y a ce moment, encore, une rue devant, des mètres cubes d'eau qui courent derrière, et quelques humains qui emplissent les alentours de leur lente agitation. Parce que tout n’est pas complètement vide ici. Les magasins, à gauche et à droite, sont fermés, les pavés, en face, sont calmes et gris, mais ces quelques autres, pas loin, un peu à droite, je les vois aussi. Je les regarde, même, pendant que la rue ne bouge pas, aller et aller encore, entrer et sortir, pousser leurs portes, ouvrir leurs camionnettes, pédaler sur leurs vélos, passer, se garer, passer de nouveau à quoi ? deux mètres ? même pas, se demander l'heure et aussi rire à la terrasse du café, là-bas.


Et je me régale. Comment veux-tu ne pas te régaler ? Tu as tout le maintenant devant toi, tu n'as ni chaud ni froid, tu pourrais marcher droit jusqu'au bout de la rue, je veux dire l'extrémité, vraiment le bout de la rue, et il y a là des gens à regarder. Comment veux-tu ? Je me réjouis. Pour la dixième fois aujourd'hui, j'aime ça, ma mort, ma vie, enfin ça, ce truc avec dedans des rues des rivières et des gens.


Voilà, je décide d'avancer. C'est bon de m'éloigner de l'eau qui coule, c'est bon de laisser derrière moi le bruit qui a fini par me fatiguer. Quelques pas suffisent pour être enfin dans la rue, au milieu de la chaussée. En voyant de plus près le rideau de fer baissé que j'avais remarqué une ou deux heures avant, je me fais une réflexion sur l'URSS. L'ex-URSS ? L'URSS ? La fermeture, le fer, rideau, l'absence, la tristesse, et il n'est déjà plus question d'URSS ni d'ex-URSS, c'est ici et maintenant que je souffre un peu. Et pour la millième fois depuis la Grande Solitude, Tez se récupère en voyant une femme, une femme qu'il croit connaître en sachant bien que ce n'est pas elle, cette femme qui marche au loin. Pour la millième fois depuis le début de la drôle de vie, Tez s'étourdit du simple amour qu'ils ne voient pas et ne peuvent pas voir. Et leurs querelles lui reviennent, et leur Dieu ? et leur pas Dieu ? et leur Vie et leur Mort et leurs cerveaux qui les empêchent.


 
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   Damy   
16/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Poignant et très émouvant. Une façon très originale d'aborder la psychose et qui permet de prendre du recul, une façon aussi, peut-être d'accéder à la résilience (mot que je n'aime pas, il est tellement galvaudé).
La dictature, l'amour, l'absence, savoir si Dieu existe, la mort : une mélancolie maladive d'un désordre neuronal, sociétal, politique, et spirituel.

Je ne sais que dire d'intelligent sur le style de la forme : très beau, très parlant, très simple, etc.

Merci
Damy en espace lecture

   David   
16/8/2025
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bonjour,

Ça manque d'objet, pas une théière ou une horloge, mais quelque chose à ressentir, à poursuivre au fil de la lecture. Là, ça m'évoque une tranche de vie romancée d'états d'âme. En fait, j'ai été un peu énervé par cette histoire de mort vécue, alors qu'il y a quelques heures, aux infos... bref, l'histoire d'une partie de mikado avec des bâtons de dynamite m'aurait fait rire, mais là je reste à côté. C'est bien dosée et pas sans rythme sinon.

   Salima   
17/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un texte très intéressant et riche. Écriture maîtrisée pour évoquer une sensation hors des sens et de la maîtrise. Jr remarque que l'élocution est très simple, (syntaxe et vocabulaire, pas de mots rares, pas de conjugaison compliquée, pas de subordonnées en cascades) et réussit à atteindre ce quelque chose d'insaisissable qui fait tout le sel de cette petite œuvre.
Une très belle expérience. Merci.

Salima, en EL


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