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Fantastique/Merveilleux
macalys : Le réel n'a pas d'imagination
 Publié le 08/09/09  -  11 commentaires  -  3724 caractères  -  122 lectures    Autres textes du même auteur

Plus le rêve est doux, plus le retour à la réalité est cruel.


Le réel n'a pas d'imagination


Au bout d’un escalier tortueux, une trappe mène au grenier de la maison familiale. L’accès est noyé dans l’obscurité, mais la curiosité le nimbe d’une aura scintillante. Les parents interdisent l’endroit aux petits, ils sont trop jeunes, c’est sale, il faut d’abord se débarrasser du nid de guêpes. Mais entre eux, les adultes l’évoquent avec les yeux brillants. Ils ont retrouvé tel jeu de leur enfance, et l’essayent dans le jardin ; ils exhument des albums poussiéreux qu’ils regardent pendant des heures. Des années durant, j’envie leurs conciliabules joyeux, leur excitation fébrile au sortir de la salle qui abrite les trésors de nos ancêtres. Croisades, Nouveau Monde, Asie millénaire, à chaque génération ses voyages et ses merveilles ! Défi entre cousins : t’es cap, t’es pas cap. Les marches inégales craquent sous nos pas, on nous rattrape toujours avant l’Éden. Puis, enfin, la surveillance se relâche. Nous nous hissons dans les combles. Une lumière dorée filtre à travers une lucarne, et nous clignons des yeux, enveloppés par cette clarté surnaturelle.


Parmi les toiles d’araignées, des meubles rongés par les vers recèlent des vêtements passés, des médailles ternies, des photos d’inconnus.


*


Une allée champêtre entaille la ville : revêtement de terre battue, des arbres en guise de lampadaires. Aux abords, un chalet veille, toit pointu, un as de pique découpé au centre de chaque volet. Dans tous les contes d’enfant, la sorcière habite cette masure envahie par le lierre. Affaiblie par les ans, un peu aigrie sans doute, elle entretient son jardin. Le temps a usé ses pouvoirs, plus personne ne la craint ; les enfants goûtent chez elle tous les mercredis. Mais ils n’ont pas le droit de franchir la haie, et de s’enfoncer sur le sentier. L’aïeule le leur rappelle, avec force menaces, convoquant tour à tour le croque-mitaine, le vampire et le loup. Et moi, j’attends mon bus, près de cette maison, en face de sa ruelle pleine de promesses. Un jour, je l’emprunterai, j’y découvrirai des arbres chargés de fruits délicieux, des rivières de chocolat, des tapis d’herbe moelleuse. J’y fuirai la grisaille des trottoirs, les cahots du macadam, le labeur quotidien. Je me dis un jour j’irai, mais je reste là, bras ballants, regard vague, à rêver. Les mystères méritent qu’on les imagine avant de les découvrir.


Après le virage, au-dessus de barbelés fatigués, on ne distingue qu’une demi-douzaine de silos mangés de rouille, au milieu des mauvaises herbes.


*


La librairie, minuscule, est assaillie de livres. Du sol au plafond, les quatrièmes de couverture concourent à l’adoption. À chacun sa méthode : couleurs chatoyantes pour les uns, cuir bruni pour d’autres, lettres dorées encore. Ils chuchotent des histoires de pays fabuleux, de galaxies lointaines, de héros fantastiques. Dans sa boutique, le maître des lieux accueille tous les voyageurs las de l’agitation extérieure. Il nous présente ses protégés, raconte leur histoire, autant avec les mots qu’avec les gestes. La tension s’évapore. Je me détends. Le libraire me désigne un siège, m’offre un verre. Tout en guettant ses mouvements du coin de l’œil, je survole les premières lignes d’un roman. Il se dirige vers une étagère. Sous les ouvrages, entre deux jaquettes en carton, un bouton de porte : une pièce secrète ? Une réserve, garnie de piles bancales, de nouveaux trésors à feuilleter ? L’entrée d’un monde parallèle, peuplé de dragons et de vaisseaux spatiaux ?


Mais derrière, en face d’un lavabo ébréché, ne se cachent que des toilettes sales, surmontées d’un frigo de célibataire.


Passages secrets, chemins égarés, greniers négligés, devraient rester inexplorés.



 
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   Selenim   
8/9/2009
Sous une plume sensible et raffinée, trois mini portraits élégants.

Mais je suis un peu dubitatif quant à l'intérêt de proposer ce travail sous cette forme. Malgré la qualité évidente de l'écriture, il s'agit plus d'un classeur à idées pour bâtiments à insérer dans une histoire potentielle.

Selenim

   xuanvincent   
8/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une jolie évocation de la maison de l'enfance et des trésors d'une librairie , j'ai apprécié cette courte nouvelle en trois volets. Même si, pour le registre du "Fantastique/merveilleux" je suis restée sur ma faim.

Le texte m'a paru bien écrit.

   Anonyme   
9/9/2009
Bonjour,

bien écrit, à l'évidence. Evocateur aussi, mais un goût de trop peu, vraiment. Et puis, la déception est inévitable non, c'est le tribut payé au temps qui passe me semble-t-il. Et l'important, c'est tout de même d'avoir rêvé et d'en savourer la nostalgie.
Je ne suis pas convaincu par la construction de la démonstration en trois volets pour arriver à la conclusion. Du coup, je comprends la brièveté du récit. Trois exemples, exposés de façon linéaire, presque mathématique, avec chaque fois une phrase détachée pour détruire l'illusion, c'est déjà presque trop à mon goût. Mais c'est un choix d'auteur.
Je ne note pas, car ça reste pour moi à l'état embryonnaire de quelque chose de plus profond.
Bonne continuation.

   jaimme   
9/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Merveilleux pour l'imagination. Ou plutôt c'est l'imagination qui est merveilleuse. Plutôt sentimental ce texte, je trouve. Mais c'est un détail.
Écrit agréablement il nous rappelle que le fantastique est œuvre d'espoir. Nécessité humaine. Que le rêve est de l'enfance, mais aussi de tous les âges. Que sans rêve, il ne faut pas vivre.
C'est judicieux et pesé. Bien écrit, mais peut-être pas assez pour ce beau thème. Car il fallait à tout prix nous faire rêver sur tous les plans pour nous tirer vers cette absolue nécessité. L'avant dernière phrase est d'une tristesse...inutile.

   Anonyme   
9/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour macalys

Ma préférence va pour le second volet. J'aime bien les sorcières.
L'ensemble me convient, je trouve le tout bien dosé.
Le seul regret, c'est que quitte à "imaginer" j'aurais aimé que l'imagination se délie et invente plus de choses merveilleuses. Il y avait de quoi extrapoler.

Relu plusieurs fois, apprécié à chaque fois pour la qualité et la douceur de l'écriture. J'aime aussi particulièrement la toute fin. Le tout est poétique et rythmé.
Bonne continuation

   Welthes   
9/9/2009
Les petits détails d'une enfance qui respire par l'imagination.
Merci.

   Anonyme   
9/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Macalys. Une belle écriture. Je préfère la troisième partie. Cependant, il manque (selon moi, bien sûr) juste un peu de merveilleux pour m'emmener dans un monde + étrange...

   Anonyme   
9/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ecriture légère qui a beaucoup de charme, un brin nostalgique...
Merci pour cette lecture qui nous renvoit à notre enfance, perdue irrémédiablement.

   florilange   
10/9/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Voilà 1 joli texte, bien écrit, qui nous attire dans des rêves, des imaginations d'enfant ou d'adulte?
Mais non, juste 1 nostalgie, à chaque fois on nous ramène brutalement sur terre. Tant pis pour moi, j'aurais du me méfier en lisant le titre, il annonçait bien la couleur. Serait-ce la morale?
Elle ne nous empêchera pas de continuer à rêver.
Florilange.

   Anonyme   
10/9/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Jolie histoire qui devrait parler à tous les enfants à l'âme aventureuse que l'enchantement a quitté en grandissant et en découvrant ce qu'était réellement l'objet de leur émerveillement d'autrefois.

Mais je reste sur ma faim. Ces trois courts portraits sont trop brefs, le sujet méritait sans doute plus d'approfondissement.

Bonne idée de base donc, mais traitée trop superficiellement à mon goût.

   NICOLE   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Alors c'est donc ça la morale de cette histoire : mieux vaut ne pas essayer d'aller au bout de ses réves de peur de risquer de les perdre ?
Bien sùr que l'on vit mieux avec des réves que sans, mais peut étre bien qu'il aurait pù y avoir un jardin merveilleux derriére la porte....alors on pousse le porte, ou on reste sur le seuil ?
Un joli conte léger, qui pose des questions que l'on se pose tous, sans avoir l'air d'y toucher.
J'aime bien.


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