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Science-fiction
Maindor : Le paradis, pardi !
 Publié le 08/11/15  -  6 commentaires  -  16434 caractères  -  54 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme rêve dans un monde de cauchemar.


Le paradis, pardi !


Deux choses tourmentaient Murno : un rêve et un soupçon.

Le rêve n’était pas un rêve ordinaire, de ceux ridicules et fugaces qui peuplent le sommeil de tout un chacun. Ce n’était pas non plus un rêve merveilleux, du genre que l’on aimerait faire chaque nuit, ni un cauchemar dont on sort l’écume à la bouche. C’était un de ces bons gros rêves bien ficelés qui font les délices des oniromanciens, un songe bourré de symboles complexes, propre à stupéfier le psychanalyste le plus blasé.

Le soupçon, lui, était vague, insignifiant, presque imperceptible. C’était à peine une ombre au tableau lumineux qui s’imposait à son esprit quand il pensait aux mille et une activités du Shelter.

Il rêvait qu’il était couché et dormait. Soudain, une sonnerie stridente le réveillait en sursaut. Elle continuait, s’éternisait, jusqu’à ce que fatigué de l’entendre, il plaque la main sur son réveil. Ensuite, il se levait en bâillant, chaussait ses pieds nus de pantoufles et enfilait sa robe de chambre. Il passait alors dans une autre pièce et allait se préparer le petit déjeuner : un bol de café noir accompagné de biscottes. Il mangeait la tête vide, un mauvais goût sur la langue, les yeux bouffis, comme au sortir d’un sommeil trop court ou trop agité. Cette opération achevée, il passait dans une nouvelle pièce et se regardait longtemps dans un miroir. Ce n’était pas lui. Il commençait alors à faire couler de l’eau, prenait une douche, se brossait les dents, puis, après s’être délicatement tâté les joues, il entreprenait de se badigeonner la peau du visage avec de la mousse et se rasait. Pendant ce temps, une radio crachotait de la musique suave entrecoupée d’informations… C’était toujours au moment où il enfilait hâtivement son pantalon qu’il se réveillait pour de bon, stupéfait de retrouver la réalité familière ; non pas hagard et suffoqué comme un masculin qui vient d’échapper à la noyade, mais interloqué et indigné, comme un masculin à qui on aurait fait une mauvaise farce.

Il lui fallait alors de longues minutes pour chasser de sa mémoire ce rêve insistant et absurde.

Cependant, le songe ne s’évaporait jamais tout à fait de sa conscience, pour la seule raison qu’il revenait chaque nuit le hanter. Bien au contraire, le rêve prenait de plus en plus de place dans son esprit. C’est que toutes sortes de bizarreries venaient s’y incorporer, qui contribuaient à lui donner toujours plus de vraisemblance, comme si ce que Murno rapportait du royaume de Morphée n’était pas une pure élucubration, mais les archives d’une autre existence. L’étrangeté en effet, venait de ce que le songe ne s’allongeait pas, malgré sa complexité croissante, mais que dans le même intervalle de durée s’inscrivaient des détails nouveaux. Le noir et le blanc, par exemple, laissaient la place à des couleurs sépia ; les sons, d’abord absents puis étouffés, acquéraient de l’ampleur et de la netteté : tel le bruit lancinant de la cuillère raclant son bol de café, le craquement du plancher sous ses pas, les mélodies à la radio qu’il pouvait presque identifier ou les gargouillis de son propre ventre. Et puis, il ne se reconnaissait pas. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Il voulait de toutes ses forces ne pas y attacher d’importance, mais en concevait pourtant comme une crainte obscure, comme une angoisse inexplicable. Peut-être aurait-il dû en parler à Walter ?

Il ouvrit les yeux. Tout de suite son regard se posa sur la table de deux mètres de haut qui faisait face à son cercueil. Il poussa un soupir de soulagement. Le monde tel qu’il le connaissait était bien la réalité. C’était sur cette table qu’il prenait ses repas malgré ses dimensions disproportionnées. Une règle absurde du Shelter, une parmi tant d’autres… Plus d’une fois, il avait réclamé à l’Administration un mobilier à sa taille ou à défaut un escabeau ou même une simple caisse pour pouvoir y accéder plus aisément. Mais l’Administration n’avait jamais donné suite à sa requête. Pour atteindre son assiette, immense elle aussi, il était condamné à grimper sur le tabouret géant tout aussi réglementaire mis à sa disposition. Walter en avait tiré une conclusion bien dans sa manière. Selon lui, ces inconvénients étaient dus aux « indéterminées insuffisances de l’univers ». Sans doute entendait-il par-là, dans son langage tarabiscoté, que certains problèmes seraient toujours insolubles et qu’il serait toujours impossible de savoir pourquoi…

Walter était son Grand Applicateur.

« Indéterminées insuffisances de l’univers » était une des expressions favorites du G.A. avec cette autre formule tout aussi stupide : « L’improbabilité métaphysique de l’être ». Mais celle dont se délectait Murno et qu’il se répétait souvent (parce qu’elle l’aidait à tenir pendant les longues heures d’interrogatoire) c’était : « L’intrinsèque fatalité du mal ». Qu’importe que ces grands mots ne veuillent rien dire, puisqu’ils avaient, tels des mantras, le pouvoir étonnant de le réconforter. Et il était reconnaissant au Grand Applicateur de les lui avoir soufflés.

De là, cependant, naissait le soupçon.

Murno n’était pas sans deviner que par le biais de ces propos surprenants, de cette parodie de métaphysique, le Grand Applicateur s’essayait à exprimer des idées personnelles. N’y instillait-il pas même de la malice ? Le G.A. ne pouvait pas lancer ces formules sans quelques arrière-pensées ni le malin plaisir de mesurer l’effet qu’elles produiraient sur les autres membres du Shelter. Oui, Murno comprenait très bien la joie naïve naissant chez Walter quand, ânonnant avec application ces expressions trop compliquées pour lui, il voyait les sourcils broussailleux des autres géants se soulever…

Walter pensait-il ?

Walter pensait-il ou n’étaient-ce encore que des bribes de conversations, attrapées au hasard des couloirs ? Des paroles entendues pendant une séance d’interrogatoire ou au fond d’une cellule sinistre du Shelter ? Étaient-ce les mots d’une victime obscure répétés mécaniquement par le bourreau ou bien les premiers pas maladroits d’une conscience naissante qui se cherchait ?

Il ne pouvait pas exister de Grand Applicateur déviant. L’envisager même, c’était déjà faire une dangereuse concession à cette déviance, c’était en soi l’expression d’une déviance.

Et cependant, le soupçon était là, et cependant le rêve était là, qui revenaient le distraire et l’agacer comme des mouches importunes.

Il fallait éclaircir cela.

Murno bâilla et s’étira. Ce fut à ce moment que la douleur revint et lui arracha un cri.


****


Le Shelter était son univers.

Que suis-je ? pensait Walter.

La question l’irritait depuis longtemps déjà. Elle flottait dans l’air autour de lui ; elle s’infusait lentement dans sa réalité. Elle ne disparaissait qu’à l’heure du sommeil. Ce pourquoi il dormait mal parce qu’il craignait qu’à son réveil elle ait disparu… Depuis toujours, c'est-à-dire depuis qu’il avait pris conscience, quelque chose crissait en son âme. Il définissait cela par une formule bien à lui : le sentiment tragique de sa vacuité fondamentale.

L’organisation du Shelter était parfaite ; son fonctionnement, proche du mouvement perpétuel. Une énergie quasi inépuisable lui assurait une durée d’existence illimitée. Lui était un rouage parmi d’autres, un bourreau anonyme dédié à la nuit éternelle. Cela l’avait toujours irrité de se sentir programmé, utilisé comme une machine, obligé de suivre ce qui n’était nullement un destin mais un rail. Bien sûr, il prononçait des paroles, il commettait des actes. Mais un autre que lui aurait pu exactement prononcer les mêmes paroles, commettre les mêmes actes. Unique mais anonyme. Utile mais non irremplaçable. Cela ne lui suffisait plus. Pourtant, il aimait bien son activité. Des abominations nouvelles étaient pratiquées de temps à autre. On n’était point fermé à l’imagination.

La torture n’était pas seulement pour lui un métier, il en éprouvait du plaisir, un plaisir qu’il aurait appelé « sportif » s’il avait connu la signification du mot. Oui, il aimait mesurer sa force en brisant une mâchoire. Il aimait faire saillir ses muscles en cassant un bras. Il aimait shooter dans la tête d’une victime à terre ou lui défoncer à coups de poings la cage thoracique. Il aimait écrabouiller ses victimes, leur arracher les yeux, entendre leurs cris et s’asperger de leur sang. Mais pas seulement. Il avait aussi le goût du travail bien fait. Il répugnait à employer des méthodes trop sophistiquées ; il affectionnait plutôt les vieilleries comme le fouet ou la matraque. Il n’était pas non plus favorable aux raffinements de cruauté ; il préférait administrer de formidables corrections en laissant libre cours à sa brutalité native. Mais toujours avec style. Ce qu’il lui fallait d’abord, c’était un contact intime avec ses victimes pour ressentir pleinement l’intensité de leur douleur, humer le parfum de leur peur… Ses camarades se moquaient souvent de lui pour cette raison et l’avaient surnommé « le petit artisan du Shelter », même si le mot « artisan » n’avait pas vraiment de signification dans leur monde. Oui, il aimait son métier, il aimait le travail bien fait. D’ailleurs les autres G.A. aussi avaient leurs manies, leurs tics et leurs ambitions secrètes. Ainsi le jeune Werther, qui répétait toujours avant d’entrer dans un cachot : « Les souffrances doivent être belles. »


****


« Qui sommes-nous ? »

Walter avait posé la question avec toute la délicatesse dont il était capable, non sans avoir au préalable martelé le visage de Murno de ses énormes poings et non sans s’être appliqué ensuite à lui lacérer le dos au moyen d’un antique « chat à neuf queues », instrument de punition employé couramment dans la marine anglaise du dix-huitième siècle. Il lui avait aussi cassé les doigts de la main droite et de la main gauche, lentement, un par un, et sans y penser. Il lui avait arraché les ongles des pieds et crevé les yeux. Il lui avait arraché les dents avec une tenaille et brisé la mâchoire. Il l’avait scalpé, écorché, éventré, éviscéré, piétiné. Il lui avait fracassé les os des bras et des jambes, l’avait réduit à l’état de marionnette sanguinolente. Il l’avait ensuite noyé dans une baignoire, électrocuté et brûlé vif. Ce corps calciné, il l’avait encore attrapé et lancé avec une rage indescriptible contre les murs de la cellule jusqu’à ce qu’il se disloque. En réalité il s’ennuyait. Il s’ennuyait au milieu des hurlements, il s’ennuyait en proférant d’absurdes menaces, il s’ennuyait tandis qu’il reposait le corps dans le cercueil régénérateur. Enfin, épuisé, le bourreau s’était assis sur le tabouret réglementaire, s’ennuyant de lui-même et s’ennuyant d’entendre les hurlements qui provenaient des cellules voisines, où ses collègues s’acharnaient avec la même application et le même ennui à torturer leurs victimes immortelles. C’était encore par ennui qu’il avait imaginé de poser à Murno des questions que celui-ci qualifiait de « métaphysiques », des questions qui n’appelaient pas de réponse. Elles n’étaient qu’un prétexte futile pour prolonger des supplices aussi vains qu’inévitables et aussi inévitables que monotones.


« Qui sommes-nous ? »


Cette fois, la question appelait une réponse.


****


Murno ne se lassait pas de la franche bestialité de Walter. Si les supplices initiés par le Grand Applicateur lui avaient toujours paru revigorants, c’est que Walter y déployait une aptitude inconnue chez les autres G.A. : un acharnement ; une sauvagerie qui ne semblait pas uniquement mue par le respect du règlement. Ses actes ne témoignaient-ils pas qu’il éprouvait à torturer son maître un intérêt personnel ? Une sorte de plaisir ? Ce détail transformait les séances de remise en forme en petits scénarios de cruauté authentique. Il y avait là quelque chose de « vrai », une intention que Murno pouvait ressentir dans sa chair ou qu’il aurait voulu en tout cas ressentir dans sa chair. Et à cela s’ajoutaient les inénarrables stupidités proférées d’une voix rauque par ce géant terrifiant… Si les expressions qu’employait le bourreau n’avaient aucune signification dans le Shelter, elles n’en constituaient pas moins une autre forme de torture et donc un autre genre de distraction. Tenter d’expliquer à son bourreau les subtilités heideggériennes de « l’être » ou la conception de la morale dans la philosophie kantienne tandis que ce dernier lui arrachait les entrailles le libérait de son cauchemar. Une libération momentanée, hélas ! Chaque nuit, ce qui s’appelait nuit dans le Shelter, qui ne connaissait ni jour ni nuit, il refaisait en songe les mêmes gestes, vivait les mêmes scènes, sentait la monstrueuse banalité de son existence onirique. Il éprouvait jusqu’au dégoût la moiteur des draps à son lever, le frottement de ses pantoufles sur le plancher et entendait la rumeur larvée des autres vies qui s’affairaient autour de lui, et en même temps que lui, à des tâches tout aussi monotones et tout aussi absurdes. Cela empirait, même ! Chaque nuit, il redevenait plus faible, plus humain. Et maintenant, il y avait cette voix qui répétait sur un ton lancinant, cette voix épouvantable, cette voix exécrée :


« MONSIEUR LE PRÉSIDENT. »


Jamais Murno n’avait plus eu besoin de Walter. Jamais son corps indestructible n’avait plus eu soif de tortures et de mort. Un hurlement le réveilla.

Il se retrouva couché sur le dos dans son cercueil, les yeux grands ouverts, fixant le plafond de son cachot. Chacune des cellules de son corps était neuve ; il avait maintenant la peau d’un bébé. Dans son âme meurtrie, il conservait quelque part de l’admiration pour ce qui venait de se produire. Aux angoisses familières, il savait désormais qu’une nouvelle angoisse s’était jointe. Il connaissait la peur de souffrir ; il connaissait la peur du bourreau ; il connaissait la peur du silence, la peur de l’obscurité et de l’ennui. Il connaîtrait désormais la peur du rêve. De l’autre côté du mur, il entendit les hurlements de ses voisins, des coups sourds, des bruits de bottes et des claquements de fouet. Pourtant, ces bruits rassurants ne le satisfaisaient pas. Son corps grandissait à chaque seconde. Il se leva de son cercueil avec difficulté et commença à marcher, à réapprendre à marcher, passant et repassant sous la table géante.

Dans ce refuge, dans cette prison, dans ce tombeau, il n’y avait plus de jour, il n’y avait plus de nuit, il n’y avait plus de temps. Les cris, les coups, l’horreur de chaque minute se répétaient et se répéteraient indéfiniment. Car ils ne mouraient pas et ils ne vivaient pas. Immortels, ils aimaient la peur. La peur, celle que l’on inspire et celle que l’on ressent, c’était leur vie, le prix à payer pour l’abandon de leur condition humaine. Sans la peur, que seraient-ils devenus sinon de simples mécaniques pensantes ? Ils torturaient et ils se torturaient pour se sentir exister, pour éprouver le temps d’une fugitive étincelle quelque chose dans ce corps qui n’était plus qu’une boîte de conserve indestructible.

Soudain, la porte de sa cellule s’ouvrit. Et Walter entra. Il n’y eut plus en Murno qu’une peur abjecte, une peur animale. Il s’immobilisa puis commença avec zèle à effectuer les gestes ordonnés par le règlement qu’il avait lui-même établi. Le G.A. se mit à rire. Un rire qui sonnait faux, comme un rire enregistré. Murno s’agenouilla. Les coups recommencèrent à pleuvoir. Mais ils n’arrivaient à le distraire. Le rêve, le rêve envahissait tout. Soudain, des images défilèrent dans sa tête. Il revit le soleil, l’océan et les montagnes du Colorado, une piste de ski à Aspen. Il revit ses parents, une fille qu’il avait aimée, un taxi new-yorkais, un film à la télé, sa femme, des enfants qui jouaient, son chien, le Bureau ovale, les chevaux dans une prairie, un match de base-ball, des oiseaux dans le ciel de Washington. Il revit le monde tel qu’il était lorsqu’il l’avait abandonné à son sort. Avant la Destruction.

Il savait désormais qui il avait été dans cette autre vie : Georges Abraham Murno, dernier président des États-Unis d’Amérique.


« Qui sommes-nous ? »


Il rouvrit les yeux. Son corps se régénérait. Quand la question avait-elle été posée ? Hier ? Il y a dix ans ? Il y a un siècle ?

Du fond de son cercueil berceau, il répondit :


« Nous sommes les survivants, les élus, ceux qui ont échappé à la destruction du monde. Nous sommes au paradis, le paradis du transhumanisme. »


 
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   AlexC   
6/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Votre texte se lit plutôt bien. L’écriture est agréable, sans fioritures mais pas simpliste.

Sur le fond, j’ai trouvé l’idée intéressante et originale et l’angle adopté plutôt bon. La torture de personnes immortelles, le rêve, archive d’une existence passée, tout cela est pas mal du tout mais votre nouvelle me laisse quelques questions en bouche et je n’aime pas cela. Qui sont ces géants ? Des extra-terrestres, j’imagine. Pourquoi torturent-ils les humains ? Pourquoi les G.A. ne peuvent pas être déviants ? Il y a tellement de non-dit que l’on s’y perd un peu. Comme si le texte attendait une suite, une fin.

   carbona   
9/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Une nouvelle pas évidente à comprendre mais que l'on veut suivre jusqu'au bout quand-même pour justement comprendre mieux. Bon ben j'avoue, malgré mon application, je n'ai pas tout saisi.

J'ai une partie des réponses mais il m'en manque. Ce que je regrette peut-être le plus est de ne pas parvenir à me représenter physiquement les personnages et les décors, ça me manque pour me plonger dans le récit.

Je tente de faire un résumé de ma lecture : il y a des victimes (Murno) et des bourreaux (Walter) qui semblent être des géants mais dont je ne visualise pas l'apparence. La scène se passe dans un Shelter (j'imagine une prison avec ce terme de cercueil qui est utilisé pour désigner des cellules je pense).

Les victimes sont immortelles. La vie des bourreaux consiste à les torturer jusqu'à la mort et après zouip direction le générateur de victimes pour recommencer un cycle.

Mais le système n'est pas infaillible et une victime Murno arrive à percevoir des choses de sa vie d'avant grâce à ses rêves et peut-être à des pensées qui émaneraient des bourreaux (sur ce point, je suis larguée).

Curieuse d'en savoir plus !

Merci pour votre texte.

   Shepard   
19/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Une histoire complexe à laquelle, je pense, certains pourraient passer à côté tant il est facile de se perdre.

Dans son ensemble, l'écriture est de qualité. Néanmoins je regrette qu'elle ne soit pas plus simplifiée pour aborder une intrigue aussi fumeuse (ce n'est pas péjoratif), cela vient ajouter à la confusion du texte - même si, j'imagine l'aspect 'mystique' voulu, je pense que l'auteur en rajoute un peu trop. De fait, le texte se perd et reste hérétique. C'est dommage car il pourrait soulever des questions intéressantes.

Donc, si je résume (j'espère être correct... Attention 'spoilers', ne pas lire si vous voulez vous faire votre propre idée) :

Murno, ancien président des Etats unis est devenu transhumain avec une poignée 'd'élus', probablement des décideurs ou personnes d'influence, après ou avant un cataclysme planétaire (ce n'est pas clair). Peut-être qu'ils sont devenus transhumains et qu'ils ont provoqués une catastrophe de part leur manque 'd'humanité', on peut spéculer. Ils vont ensuite au 'Shelter' (l'abri - ce qui semble indiquer que le reste de la planète est inhabitable ?), accompagnés de leur 'Grand applicateurs' respectifs, probablement des transhumains eux aussi. Ensuite il est décrit que la souffrance et la peur engendrées par la torture quotidienne est l'ultime moyen pour les transhumains de se sentir 'vivants'.

Il semble également, qu'au fur et à mesure, les transhumains oublient littéralement leurs souvenirs, peut-être dû aux morts répétées ou à 'l'immortalité'. Jusqu'au jour où Murno se rappelle qui il est et ce qu'il fait là.

Finalement, je m’accommode des parties suggérées ou volontairement manquantes du récit (Qu'est-ce que le cataclysme, pourquoi les transhumains oublient... etc...) ; mais je trouve l'ensemble contradictoire.

En effet, selon la définition même du transhumanisme, le 'but' du transhumain est de ne plus souffrir (en s'affranchissant partiellement ou totalement du corps biologique, soumit à la douleur/souffrance/mort). Donc je ne comprends pas pourquoi les transhumains choisiraient la souffrance éternelle comme 'Paradis' (il y a d'autres émotions qui pourraient vous faire sentir humain) - c'est un antagonisme que je n'arrive pas à concilier avec l'histoire.

On pourrait bien sûr imaginer que l'absence partielle ou totale de douleur/souffrance puisse conduire à une palette d'émotions totalement différentes de l'humain 'normal', et peut-être sous une forme 'ironique' une envie du retour à la souffrance pour le transhumain (un 'manque' de douleur - et c'est peut-être ce que veut montrer le texte ici). Mais je trouve l'idée assez mal présentée et exploitée ici, juste esquissée. Au lieu de s'attarder sur les détails des tortures diverses et variées, un questionnement plus approfondi sur la condition transhumaine m'aurait fait apprécier le récit pour son fond.

En conclusion de ma lecture : Une belle écriture, peut-être trop belle pour ce que l'auteur veut raconter. Une bonne idée de départ mais trop dispersée, je dirais presque pas assez assumée.

   Mare   
8/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Rien à dire sur l'écriture, c'est efficace au possible. Attention quand même à l'abus d'adjectifs au début, ce n'est pas trop dans le ton du reste de la nouvelle, j'ai trouvé: "bons gros rêves", par exemple, me semble déplacé.

Sur le fond, la trame est accrocheuse. On se pose plein de questions, on veut comprendre. Et puis arrive la fin. Et là, je dois admettre que j’espérais quelque chose de plus originale. Pour de la SF, c'est un peu convenu, classique. Cela respecte parfaitement la règle du genre mais... le propre de la SF n'est-il pas justement de repousser les limites ? De surprendre le lecteur en l'amenant à pousser plus loin sa réflexion ?

Je n'aime pas d'habitude lire des descriptions si violentes (je suis une sensible, que voulez-vous !), mais là je dois quand même reconnaître que c'est bien fait.

Merci pour cette lecture,
Mare

   Blacksad   
8/11/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Cette nouvelle a un gros intérêt et un gros défaut (à mon sens) : elle suscite beaucoup d'interrogations et donne peu de réponses. C'est intéressant car ça fait travailler la cervelle et l'imagination. C'est pénible parce qu'on a du mal à accrocher jusqu'au bout devant un univers trop hermétique, trop étrange pour être crédible en si peu de lignes et on ressort de la lecture avec une impression de frustration.

L'écriture est plutôt bonne. Pour le reste, le passage de description détaillée de la séance de torture me semble exagérément détaillé... quel est le but de ce luxe de détails ?

Une nouvelle qui mériterait d'être étoffée un peu pour rendre son univers plus dense et plus compréhensible ce qui inciterait à se l'approprier plus facilement.

   Anonyme   
26/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est bien écrit et plutôt agréable à lire malgré la difficulté d'obtenir les informations. Le mystère à mon avis ne poserait pas de problème sans le flou du concept de l'histoire. On se perd en partie parce que si le rêve est évoqué régulièrement on perd la trace du deuxième "jalon" de l'histoire, le soupçon. Pour aider à s'y retrouver je pense qu'il aurait fallu mentionner le terme par la suite. Je comprends que le transhumanisme perturbe les sujets qui peuvent du coup supporter une telle violence et même la demander mais comme l'histoire sera lue uniquement par des humains normaux il y a quelque chose qui gêne dans ce concept qui peut même choquer que de préférer souffrir à ce point que se souvenir du passé. La torture est décrite si précisément (et bien) qu'on peut ne pas comprendre son but car en tant qu'humains normaux ce n'est pas normal, il manque à mon avis au moins un indice ou une suggestion des changements apportés aux "sujets" pour se représenter l'horreur de ce qu'ils ont fait. On a l'impression qu'on les a juste rendus immortels et qu'ils aiment souffrir pour oublier leur vie d'avant ce qui en l'état rend la morale de l'histoire peu abordable ou acceptable à mon avis.


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