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Policier/Noir/Thriller
Blacksad : Audimat et gastronomie
 Publié le 06/11/15  -  14 commentaires  -  12511 caractères  -  116 lectures    Autres textes du même auteur

Ego démesuré et susceptibilité exacerbée sont souvent les défauts des grands artistes.


Audimat et gastronomie


Exquis. Quoi que cela puisse lui coûter de penser cela à cet instant, aucun autre mot ne lui venait à l’esprit. Ce plat était absolument exquis. Les arômes discrets des agrumes rehaussaient la chair délicatement nacrée mais parfaitement cuite du sandre, les épices soulignaient chaque ligne gustative, les saveurs et les textures s’exprimaient à tour de rôle, se répondaient. Et le pire, c’est que ce plat s’accordait parfaitement avec son vin. Il en révélait des facettes insoupçonnées et le rendait encore… meilleur. Alors même que son vin était une perfection en soi.

Habitué à se maîtriser, il ne renvoya à la caméra que l’image d’une intense concentration. Cependant, comme à regret, il se leva lentement et fixa le convive attablé en face de lui.


– La une, travelling arrière, doucement… La deux, le zoom sur Lavallière et on bascule à mon signal. La trois, gros plan sur Chéreau, je veux sa réaction en live !


À l’écran, on voyait Henri de Lavallière, debout, immobile. Puis, il leva ses mains et… se mit à applaudir silencieusement. Son visage apparut en grand sur les écrans et on vit un léger sourire s’y dessiner. Henri de Lavallière applaudissait et souriait à René Chéreau…


– On va péter les scores ! Record d’Audimat c’est sûr ! Arnaud, je retire tout ce que j’ai dit, tu es un génie !


Celui qui hurlait ainsi dans l’oreillette d’Arnaud Philipon, c’était le producteur, visiblement ravi d’avoir fini par accepter de monter cette rencontre improbable à une heure de grande écoute. Mais le célèbre présentateur et critique gastronomique n’y prêta pas attention, il savourerait son triomphe plus tard. Pour l’instant, il était médusé par le spectacle qu’il avait devant lui. Lavallière qui félicitait silencieusement et dignement Chéreau ! Il tourna la tête vers ce dernier. Comme s’il attendait ce signal, le régisseur annonça :


– On bascule sur la trois !


René Chéreau était rouge. Littéralement. Des années de bonne chère certes mais aussi le stress accumulé ces derniers jours et l’émotion du moment, la fierté… Un grand sourire vint s’étaler sur son visage. Un sourire de triomphe et de satisfaction. Il avait fait lever ce cul-pincé de Lavallière par la seule puissance de sa cuisine.


– OK Arnaud, ne laisse pas le soufflé retomber, relance.


Obéissant à son oreillette, le présentateur reprit la parole :


– Mesdames, Messieurs, nous vivons un moment que je n’hésite pas à qualifier d’historique ! Visiblement, le plat préparé par le meilleur chef de France, et probablement même du monde, n’a pas seulement l’air délicieux, il l’est véritablement. Et je fais toute confiance au goût très sûr de celui qui vient de le savourer. Voyons maintenant si le vin de monsieur de Lavallière saura convaincre les papilles expertes de monsieur Chéreau… Pour mémoire, il s’agit d’un chablis millésime 2009, produit sur le domaine familial, vinifié et sélectionné par Henri de Lavallière lui-même.


Lavallière se rassit, et Chéreau se reconcentra. Il prit le verre de vin devant lui et le monta bien haut pour l’observer, la robe en était magnifique. De l’or, du soleil, comme si la lumière avait été enfermée dans des parois de verre… il ne pouvait s’empêcher de parler tout haut. C’était le vin de Lavallière et ça lui pinçait le cœur d’y penser mais la passion prenait le dessus. Le nez au-dessus du verre, il huma longtemps les arômes, en fermant les yeux, la caméra toujours fixée sur son visage. Les parfums éclataient sur son palais avant même que le liquide ait touché sa langue. C’était incroyable.

Il se décida enfin à en prendre une gorgée, qu’il garda longtemps en bouche, qu’il aéra… et qu’il savoura comme il n’avait jamais savouré aucun vin. Lui d’habitude si prolifique, si riche en expressions fleuries et tonitruantes, ne laissa échapper qu’un mot, un seul :


– Putaaiinnng…


Mais personne ne s’y trompa. C’était le summum du compliment chez René Chéreau.

La caméra bascula à nouveau sur le visage de Lavallière. Il esquissa un demi-sourire, et hocha légèrement la tête, comme s’il acceptait l’hommage, même exprimé de la sorte.

Intérieurement, il jubilait.


– Alors, le gros René, tu as perdu tes moyens ? Pour une fois tu te tais ? Finalement, tu sais peut-être apprécier les bonnes choses… ? Dis-toi que c’est un clin d’œil divin : tu partiras avec le goût de l’ambroisie en bouche.


Philipon reprit la parole :


– Eh bien mes amis, je crois que nos deux artistes se sont surpassés et il semble que par leurs chefs-d’œuvre respectifs, chacun ait gagné le respect de l’autre. Je vais à mon tour goûter ce plat et ce vin…

C’est un grand moment de gastronomie. Je vous parlais d’Histoire mais je n’exagère rien. J’aimerais que vous tous derrière votre écran puissiez partager… mon bonheur. Car il s’agit de ça, rien de moins, Mesdames et Messieurs. À force de travail, de talent et de volonté, mes invités ont atteint la perfection. C’est tellement beau et bon que j’en pleurerais !

Je dois vous avouer que réunir ces deux géants ne fut pas facile. Et c’est un euphémisme. Leur emploi du temps bien sûr mais aussi leur… antagonisme bien connu. Ils sont arrivés au sommet de leur gloire et de leur carrière mais qui des deux représente le mieux la culture du bien-vivre à la française ? Qui est le professionnel le plus accompli, le plus talentueux ? Les médias n’ont jamais pu trancher… Et au-delà de cette sempiternelle querelle de notoriété, leurs philosophies radicalement opposées les ont conduits à une rivalité féroce. Mais ce soir, devant vous, ils ont su voir plus loin et se surpasser. C’est la marque des génies.

Je les remercie donc sincèrement d’avoir fini par accepter cette rencontre gastronomique et je les félicite à nouveau pour leur art. Pendant que nous finissons de savourer ces merveilles, je vous propose une rapide rétrospective de la vie incroyable de nos deux invités et je vous retrouve juste après pour répondre à vos questions que vous pouvez nous envoyer au numéro qui s’affiche en ce moment sur votre écran.


Philipon n’avait pas besoin de regarder les téléviseurs sur le plateau, il avait monté lui-même cette présentation et connaissait par cœur la vie de ses invités.

Deux parcours si différents, presque deux stéréotypes.

Le gamin de la campagne qui avait bossé dès ses douze ans et commencé la cuisine presque par hasard, en tant que commis. Il avait monté tous les échelons, dur avec lui et avec les autres. Meilleur ouvrier de France, étoilé à de nombreuses reprises, reconnu mondialement, il n’avait jamais perdu son franc-parler et son mépris pour les « arrivés dès le départ ».

Et de l’autre côté, l’héritier d’un beau domaine viticole, manoir et particule compris. Grandes écoles de commerce et de management mais sa passion pour le vin ne l’avait jamais quitté. À force de travail, d’investissements et de marketing, il avait porté son vignoble à l’excellence mondiale. Fin connaisseur, sommelier reconnu mondialement, il était aussi célèbre que son grand cru et voyait l’œnologie en particulier et la gastronomie en général comme un art réservé à une élite. Il plaçait cependant l’art viticole très au-dessus du reste et ne manquait jamais de moquer les cuisiniers, qui ne faisaient que réunir des produits créés par d’autres.


– Nous voici de retour et je vois que vos questions sont nombreuses ! Je dois vous dire que nous nous sommes régalés ! Allez, je ne crois pas m’avancer en disant que ce repas divin va sceller la réconciliation de nos deux artistes ! La gastronomie française en sortira grandie ! Je m’aventure, je fantasme même, mais j’imagine déjà un restaurant réunissant le meilleur chef et le meilleur vigneron-sommelier du monde…


À ces mots, Chéreau ne put s’empêcher de rire. Et même Lavallière esquissa un sourire ambigu. La tension présente en début d’émission revint d’un coup sur le plateau. Le présentateur eut soudainement peur d’en avoir trop fait… Il prit rapidement une question dans le panel qui s’affichait devant lui.


– Eh bien justement, madame Marcilloux, de Dijon, vous demande quels sont vos prochains projets ? Qui veut répondre en premier, monsieur Chéreau peut-être ?

– Oui, avec plaisir. Ma grand-mère, paix à son âme, disait toujours : ce qui importe dans la vie, ce n’est pas de rêver de demain, c’est de bien faire son travail du jour. J’ai toujours suivi ce dicton. Aujourd’hui, j’ai montré à mon meilleur ennemi que la cuisine était un art majeur et qu’il n’y avait pas besoin d’avoir de sang bleu pour briller. J’en suis fier, oui, et je n’ai pas honte de le dire ! Et je pense que monsieur de Lavallière va devoir en rabattre pour un moment, au propre comme au figuré.


Philipon resta un moment abasourdi : la trêve n’avait pas duré longtemps. Il se tourna vers l’intéressé qui recula un peu son fauteuil et se mit à répondre avec calme.


– Monsieur Chéreau, je n’ai jamais dit que la cuisine ne requérait pas de compétences. Ni même que vous en étiez dépourvu. Je dis seulement que ces compétences ne sont rien sans le regard de l’esthète, de l’artiste. Et malgré votre plat merveilleux que j’ai goûté ce soir, vous restez à mes yeux un vulgaire assembleur. Il n’y a pas de long terme dans votre démarche de cuisinier, il n’y a pas de noblesse, pas de trame de fond. Vous avez choisi un métier qui vous correspond : superficiel, instantané et vain. Mais je suis malgré tout heureux pour vous que votre carrière s’achève sur une réussite.


Le débat lui échappait, le présentateur connaissait ce risque mais il ne put s’empêcher de lever les yeux vers la régie. La réponse du producteur fusa immédiatement dans l’oreillette :


– Laisse-les se déchirer, super rebondissement ! On va tout exploser !


Comment lui expliquer qu’au-delà de l’Audimat, Philipon espérait sincèrement à travers cette émission réunir ces deux géants qu’il estimait tant, qu’il aurait voulu les réconcilier et les voir se respecter, s’aimer, travailler ensemble… Mais leur haine viscérale semblait décidément trop profonde.


Chéreau s’étranglait presque :


– Ma carrière qui s’achève !!? Tu manques pas de culot ! Je peux en tout cas te prédire que la tienne va être brève, aristo de mes deux !

– On dégustera encore mes vins qu’on aura oublié jusqu’à ton nom, René Chéreau. Ils me survivront, pas tes plats !


Lavallière avait la répartie cinglante mais il changea soudain de ton pour demander :


– Et à part ça, mon cher René, comment te sens-tu ?


Le René en question était au bord de l’apoplexie et il envisageait sérieusement d’aller étrangler Lavallière lorsque soudain, il se rappela qu’il n’avait qu’à attendre. À la surprise générale, il se rassit et répondit d’une voix presque calme :


– Bien, merci… et toi, l’éleveur de raisins, ça va, pas de douleur au foie depuis le temps ? Et méfie-toi, les poissons de rivière ça passe mal parfois…


Et il ajouta dans un souffle :


– Mais moi j’ai pris l’antidote…


Philipon ne comprenait plus rien, il se jouait là quelque chose qui le dépassait.

Lavallière répéta :


– L’antidote… moi aussi… mais…


Et soudain, le regard des deux protagonistes se croisa par-dessus la table et se figea. Les deux comprirent en même temps. Et ils se mirent à rire. D’un rire absurde et sonore.

Lavallière porta la main à son estomac. Il se tourna vers le présentateur et lui dit :


– Désolé Arnaud, mais ce n’était pas contre toi. J’ai atteint le sommet mais il restait une dernière ombre au tableau de ma réussite…

– La une, gros plan sur Lavallière, on dirait qu’il se sent mal, il est tout gris même avec sa tartine de maquillage ! Et demandez à un médecin de se tenir prêt au cas où !


Lavallière se redressa un peu, fit un sourire crispé à Chéreau et lança :


– On était peut-être de la même trempe finalement, René… avant de s’écrouler sur la table.


Chéreau ne bougea pas, il sentait la sueur couler dans son dos et sa respiration se faire difficile. Il porta la main à sa gorge et se tourna vers Philipon :


– Même idée en même temps, c’est trop con.


Les secours étaient entrés sur le plateau et la retransmission interrompue. Cela n’affectait pas le présentateur qui restait assis sans répondre malgré le producteur qui hurlait à son oreille. Les derniers mots de Chéreau… Il savait qu’il serait la victime collatérale de la haine de ces deux êtres hors du commun qu’il avait tant admirés au cours de sa vie.

Avant de sombrer, il songea que son dernier repas aura été le meilleur de sa vie. Et que le producteur avait raison : ils avaient dû exploser l’Audimat.


 
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   AlexC   
4/10/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

Nouvelle maitrisée de bout en bout. Le thème est rafraichissant et la trame originale. Le propos à la fois léger, critique et cynique. Les personnages, extrêmes caricatures (du chef, au noble vigneron en passant par le présentateur et le producteur) incarnent parfaitement, par leurs répliques savoureuses et leurs actes (plus ou moins néfastes) les camps et opinons qu’ils incarnent. On ne s’ennuie pas une seule seconde et ne s’arrête jamais sur aucun mot. L’écriture est impeccable. Et la chute tonitruante.

Une nouvelle grandiose. A la hauteur des génies qu’elle décrit. Et la meilleure lecture que j’ai eu depuis bien longtemps. Un grand bravo.

   carbona   
5/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Une idée qui au départ m'a plu, l'ambiance sur le plateau télé avec le chef-cuistot, celui qui goûte...

Mais, je me suis rapidement heurtée à une confusion persistante dans les personnages, surtout entre Lavallière et Chéreau, qui fait quoi ? J'ai eu du mal à m'y retrouver car au début du texte, j'ai cru qu'on avait affaire à un critique gastronomique et un grand chef alors, ajouté à cela le présentateur, c'était un peu compliqué.


Quelques remarques :

- "Dis-toi que c’est un clin d’œil divin : tu partiras avec le goût de l’ambroisie en bouche ». < ça annonce la couleur, ok mais du coup on a hâte d'en venir à la suite que l'on peut trouver un peu longuette surtout à travers le discours "too much" du présentateur

- " Comment lui expliquer qu’au-delà de l’Audimat, Philipon espérait sincèrement à travers cette émission réunir ces deux géants qu’il estimait tant, qu’il aurait voulu les réconcilier et les voir se respecter, s’aimer, travailler ensemble… mais leur haine viscérale semblait décidément trop profonde." < j'ai du mal à croire que ce soit une de ses préoccupations

- la question de la téléspectatrice < "Quels sont vos projets ?" < bof bof bof


- l'antidote < pas compris sur le coup, je comprends maintenant qu'il s'agit de l'antidote correspondant à leur préparation respective, j'avais l'idée d'un antidote universel donc je ne voyais pourquoi le récit se terminait ainsi

- La toute fin< sympa


Merci pour votre texte.

   Anonyme   
16/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Pas mal du tout, c'est plutôt rigolo. Je pensais que les ennemis irréductibles s'étaient enfin réconliés mais non, chacun empoisonnant l'autre à la faveur de l'émission ! L'idée est bonne et le texte bien rédigé, la description des mets et des vins finement évoqués. Bon, ça ne va pas me marquer plus que ça, cependant c'est plaisant à lire et la scène cocasse à imaginer.

   lala   
6/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour BLACKSAD,

Super bien écrit, fluide, avec le respect de la langue et de ses règles, un vocabulaire simple mais précis, sans recherche inutile de complexité ou de vulgarité.
La construction est claire et maîtrisée, les personnages et la thématique générale étudiés, ce qui apporte une crédibilité à l’ensemble.
Je trouve les propos de l’animateur un peu longs, mais certains s’écoutent parler, ou meublent sur l’antenne, c’est cohérent en ce sens.
Derrière le sens premier des histoires ordinaires, je ne sais plus si c’est moi qui cherche du second degré ou s’il y a souvent une réelle intention. Ici, dans ces querelles de partenaires qui partagent des plaisirs similaires mais ont besoin de flatter leur ego respectif et de se comparer à l’autre pour se trouver meilleur, dans une lutte sans retenue, devinez quel univers familier j’ai cru reconnaître ?... Mais toute ressemblance avec des personnes…
Néanmoins, une forme de morale conclusive ouvre un océan de réflexion. C’est toujours un plus quand un texte ne ferme pas une porte avec son point final.

   Vincendix   
6/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Deux ennemis jurés qui se retrouvent sur un « plateau », normal pour des « toqués », empoisonnement réciproque, une fiction bien entendu, quoique…Et le présentateur, il en réchappe ? Il me semble qu’il avait mangé une bouchée de chacun des deux plats et bu leur vin ?
Une histoire un peu trop pimentée à mon goût mais qui a le mérite de dénoncer les pratiques « charlatanesques » de la télé-réalité (et pas seulement) où tout est préparé à l’avance. Les interventions « bidon », les fameuses anecdotes que racontent les candidats dans les jeux, pour la plupart dictées dans les loges et qui permettent au présentateur cabotin de se mettre en valeur. Sans compter les confessions larmoyantes dans certaines émissions qui, en fait, sont jouées par des comédien(ne)s, inconnu(e)s naturellement.
Bidonnage et trucage sont les deux piliers de la télévision, cela vaut bien les 136 euros de redevance.audiovisuelle !

   alvinabec   
6/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Blacksad,
Les deux fanfarons sur le plateau m'ont paru assez jouissifs...peut-être un peu trop d'antagonisme, le portrait de l'un renvoyant à celui de l'autre jusqu'à la caricature, c'est un peu le point faible ici à mon sens.
Quant à Arnaud Philipon, il oscille entre maîtrise calculée et une certaine niaiserie (le fait de vouloir que tout le monde s'aime) qui m'étonne.
Le texte est punchy autant que drôle passé le premier § trop descriptif pour mon goût mais bien écrit. C'est vivant, rapide, on boit le tout d'un trait.
A vous lire...

   Pepito   
6/11/2015
Bonsoir Blacksad,

Kriture : Vu l’excellent niveau de criture, j'en déduis que dans "Quoi que cela puisse lui coûter de penser cela à cet instant,... " la répétition de cela est un fait exprès.
En grattant les angles de fonds de tiroir, j'ai trouvé " parfums éclataient sur son palais", le "sur" est curieux, à moins d'avoir la tête en bas... bon, d'accord, on en parle plus... ;=)
Pour le "Putaaiinnng…" j'ai droit à un pourcentage ? ;=)

Fond : On passe de "L'aile ou la cuisse" à "Amicalement votre", le tout à la téloche... Dommage pour moi, je ne peux pas encadrer ce genre d'émission (sans parler du média lui même) et même raconté, bien de surcroît, j'ai du mal.

Après, pourquoi deux stars de l'art de grossir à la française iraient s’entretuer... je vois pas bien.

En gros (oups !) je trouve que la qualité d'écriture est un peu gaspillée par rapport à un sujet qui ne la mérite pas. Mais ce n'est que mon avis et je ne me suis pas ennuyé en lisant cette nouvelle.

Merci beaucoup.

Pepito

   nemson   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
je ne suis pas un hommes de fond, mais quand il y en a un, je m'y intéresse par la force des choses... là qu'est ce qu'on nous dit? " regardez comme l'homme est prêt a tout pour écraser l'autre au bénéfice de sa propre gloire, regardez comment pour le pouvoir et l'argent, il est prêt à montrer n'importe quel spectacle il n'a pas changé depuis les expositions de monstres de foire et il se repaît du sang et du malheur d'autrui ,regardez comme il est mauvais et patati et patata..." le refrain qu'on nous chante dans tout les bon milieux artistiques bien pensants depuis les années 60 Pffffffff je ne nie pas tout ça mais est t on toujours obligé de se positionner en donneur de leçon pour faire de l'art? ça devient convenu et ennuyeux. Reste l’écriture... un style que j'aurais aimé avoir pour mes recherches d'emploi, nickel, rien a dire. Une situation très cinématographique très télévisuelle, j'ai eu l'impression d’assister à un épisode de Columbo de 1978. voila, bon si tu me trouves trop dur hésite pas à m'envoyer balader,au moins il se passera quelque chose, et dis toi qu’après tout je ne suis personne.

   ameliamo   
7/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un texte très bien écrit, ayant un style clair, concis, fluide, qui soutient l’authenticité de l’action. Le sujet est original et intéressant. Les personnages sont bien dessinés avec des touches caricaturales.

   Donaldo75   
9/11/2015
Bonjour Blacksad,

J'ai eu du mal à terminer cette nouvelle, je dois l'avouer, parce que le thème me gonfle au possible, autant la gastronomie que l'audimat mais j'ai quand même essayé de sortir de ma zone de confort.

Côté écriture, c'est du beau travail, du genre premier de la classe qui relit toutes ses phrases pour ne pas laisser une seule scorie. Rien que pour ça, je te tire mon chapeau.

Côté narration, c'est un peu poussif, surtout pour introduire les personnages, du coup ça manque de vie.

Côté rythme, tu mélanges le rapide, à la limite de l'instantané, et le plus lent, du genre analytique. C'est une bonne idée mais là ça sonne faux.

Il y a un élément dramatique mais il est un peu noyé dans le verbe des paragraphes précédent. Du coup, il parait presque minimaliste, pour ne pas dire riquiqui.

Bref, je ne sais pas si j'aime ou pas d'où ma neutralité dans ce commentaire. Je suis venu, j'ai lu, j'ai baillé, serais-je tenté de conclure.

Une prochaine fois, peut-être.

Donald

   Anonyme   
10/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
C’est rondement mené, l’écriture est efficace, mais j’ai beaucoup de mal à adhérer à l’intrigue, trop invraisemblable pour moi.

Je ne crois pas une seule seconde (et ce n’est pas faute d’avoir essayé) que la seule différence d’origines puisse amener deux passionnés à s’entretuer. Parce que l’un naît dans le sérail et l’autre aura toujours de la terre collée à ses bottes, n’est pas une raison suffisante pour en arriver au meurtre. Si j'ai tout bien compris, c’est mince comme trame ! Il aurait fallu glisser un contentieux ancien entre les deux, qui marinait depuis trop longtemps dans son jus, qui aurait pu expliquer la fin excessive.

Cela n’a pas empêché mes « aie, ouille, ouille… » lorsque j’ai compris que le présentateur, le pauvre bougre, passe à la trappe lui aussi.

Le « bien », c'est essentiellement pour la qualité de l’écriture.

Merci Blacksad

   hersen   
10/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Blacksad.

Evidemment, celui qui, comme moi, n'a pas la télé depuis des décennies est très content de voir que le niveau des émissions, les petits arrangements, les petits mensonges ne valent pas que l'on s'y mette.
Cependant, j'ai été intéressée par le sujet que l'on peut transposer à l'infini. Ici nous parlons de gastronomie et de la critique étoilée.

Il me semble que j'aurais mieux apprécié si l'histoire s'était déroulée dans un autre contexte. Mais je reconnais qu'un plateau de télé permettait un condensé de l'action.

Que le présentateur ait eu le désir secret de les réconcilier montre beaucoup de naïveté de sa part, ou alors qu'il ne comprend pas bien la place que peut prendre l'égo, ce qui est étonnant pour quelqu'un qui travaille à longueur de temps dans ce milieu.

Des petites confusions de temps en temps au niveau des personnages mais dans l'ensemble, j'en ai aimé le ton.

   Alice   
14/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai beaucoup aimé l'idée. C'est un de ces cas où je n'ai pas vu la fin arriver suffisamment consciemment pour dire que je n'ai pas senti de chute, mais que je l'ai suffisamment sentie inconsciemment pour ne pas en être assez surprise.
En revanche, le style est délicieux. Je n'y ai vu pratiquement aucune anicroche, mais je dois dire que cela vaut également pour les choses particulièrement appréciées. Je pense que le style a tout pour m'enthousiasmer davantage, mais que vu l'angle très souvent purement culinaire du vocabulaire, j'y suis restée plus hermétique cette fois. Mais le respect du thème dans toutes les dimensions du texte est tout à votre honneur. J'attendrai donc le prochain pour ce côté.

Le personnage d'Arnaud m'a attendrie, peut-être un peu trop. Par moment, on dirait vaguement un enfant voulant éviter le divorce de ses parents, mais je sais comme on peut être enfantin dans nos grandes passions pour les grands. Le fait qu'il soit le dommage collatéral est la seule chose de la fin qui m'ait réellement accrochée (et peinée, il faut le dire). Mais ça a été très bien exploité, le silence et l'acceptation, la façon dont les deux grands se foutent éperdument de son sort à lui, au moment de le faire goûter comme à la toute fin.
Des génies bien cons, qui nous sont présentés là. Une grande finesse d'écriture que j'aimerai relire dans d'autres textes, une bonne cohérence psychologique en dépit de l'énormité du crime. Enthousiasme réel pas trop au rendez-vous pour moi, je réserverai donc un beaucoup dont je ne doute pas de l'arrivée pour plus tard dans votre cas.

Merci, et bravo,

Alice

   matcauth   
15/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cadre dans une grosse boîte ? c'est ce que j'aurais dit si on m'avait posé la question. ça se ressent dans votre communication et dans vos mots, avec ce côté pragmatique dans la plume et dans l'équité. C'est étrange, ce qu'on peut ressentir alors qu'on est par ordinateur interposé. Après, je peux me tromper. D'autant que vous ne l'êtes plus, cadre.

Et c'est bien ce que j'ai apprécié dans cette nouvelle. Du pragmatisme, pas de fioriture, mon plus grand défaut, un message clair mais habillé d'un contexte que tout le monde comprendra. C'est ce que je retiens de cette histoire qui manque par conséquent d'un peu de folie, de quelques phrases percutantes ou d'une mise en contexte qui puisse mettre le lecteur davantage mal à l'aise, afin de le préparer à cette histoire perturbante.

Je note le sérieux du travail et également le côté un peu trop consciencieux et propre de l'écriture.

dès que j'ai 5 minutes je vais aller voir ce qu'il en est de vos autres textes.

Mat


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