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Réalisme/Historique
MissNode : Duo d'étrangers
 Publié le 04/03/17  -  16 commentaires  -  7079 caractères  -  111 lectures    Autres textes du même auteur

Une fois, j'ai pleuré en lisant mon texte.


Duo d'étrangers


Une fois, j'ai pleuré en lisant mon texte. Devant cette assemblée hebdomadaire à laquelle je participais, l'atelier d'écriture. Chacun lisait le sien. Pour conclure un après-midi d'écriture sous consignes. Chacun dans son coin dans la même pièce. Puis lecture commune.


Lui, c'était l'être bizarre, à la marge de nos accords tacites sociaux. On sentait d'emblée ce décalage de réalité, cet exotisme d'un univers autre.

À son regard jamais fixe, ou bien dans un lointain invisible. À ses interminables tâtonnements pour choisir ses mots avant d'en émettre un, le plus souvent. D'autres fois, explosant dans une parole abrupte pour le commun d'entre nous, tempêtant souvent contre les consignes de l'animatrice. Mais la plupart du temps, il était difficile « d'entrer en relation » avec lui, il se recroquevillait au fond de lui-même, comme un animal apeuré parmi les humains.


Lui, l'être bizarre, il aimait écrire – nous avions au moins tous ça en commun. Au point qu'il bravait toutes ces peurs-là pour rejoindre l'atelier, y endurer les exercices, puis prendre la parole quand venait le tour de lecture.

C'est là qu'il m'attendrissait : il devenait moins hermétique.


Cette fois-là où je lisais à voix haute, j'ai pleuré dans le passage "des gouttelettes dans les grands sapins noirs". J'ai levé les yeux pour reprendre mon souffle et j'ai croisé son regard.

Un fil invisible s'est tissé là le temps d'un fil d'araignée. Je ne le savais pas encore. Lui si, je crois. C'est ce jour-là, à cet instant-là, qu'il a pris sa décision.

C'est là que je l'ai attendri. Voilà pourquoi l'échange a commencé, voilà comment. A-t-il reconnu dans mes mots un écho à sa propre écriture ? A-t-il ressenti qu'il pouvait avoir un "pair" dans notre monde, hors de son univers à lui, en toute sécurité, grâce à la familiarité entre nos écritures ? Étais-je à cette époque moi aussi autant éloignée que lui de la société humaine, par trop de pressions à endurer de la vie ? Deux mondes étrangers l'un à l'autre se rencontraient, aussi étrangers l'un de l'autre que chacun l'était avec le monde. L'entremetteuse était l'écriture. La passeuse de son univers au mien. La passerelle offrant son sentier de lignes d'écriture comme pont entre le monde et nous.


***


Lorsqu'il m'a recontactée, deux ans plus tard, c'est ce que j'ai éprouvé – la magie de nos "pâtes" d'écritures.

Subitement, il était au bout du fil, il en avait pris l'initiative, il s'y était préparé pendant deux ans. Il lui avait fallu téléphoner d'abord à l'animatrice de l'atelier d'écriture pour avoir mon numéro. Il me présentait son projet d'écriture en duo. En vue de publier ensuite nos textes communs. J'ai sauté dans son bateau. Accepté de naviguer sur ses eaux fracassées et fracassantes.


Il avait dit : tous les quinze jours, chez moi. J'avais négocié : de temps en temps chez moi. Mais c'était compliqué. Il tenait à son autonomie. Or, "chez moi", c'était faire appel à sa mère pour le conduire.

J'étais exigeante. Je me souviens du jour où je lui ai fait arpenter le village où il a toujours vécu, totalement désorienté, sans repère, à cause de son handicap. Il m'a appelée, désespéré, pour que je vienne le chercher au bureau de Tabac. Je n'ai pas lâché : le bureau de Tabac était situé à deux cents mètres de chez moi, il n'avait qu'à suivre la grand-rue en guettant les numéros des portes.

De son côté, il était intransigeant. Certes, il paniquait si j'arrivais trois minutes en retard sur l'horaire convenu. Autisme oblige, je crois. Il tournait en rond sous mes yeux, tout en s'énervant en boucle sur la même obsessionnelle phrase "on avait dit quatorze heures !"…

Je respectais totalement ses frayeurs – j'avais mes propres cauchemars. Je m'en voulais lorsque je lui faisais subir mon comportement aléatoire. Mais il se rattrapait bien durant notre séance de travail.

Il me reprenait systématiquement sur la moindre faute d'orthographe, et me balançait des "c'est complètement nul" à tire-larigot sans aucune hésitation.

Ses pages d'écriture étaient des tableaux bien contemporains. Il n'écrivait qu'en majuscules, sans espace entre les mots, en justifiant son texte entre deux parfaites marges de droite et de gauche. La lecture de ses écrits était ardue, mais le résultat visuel si surprenant !


Nous choisissions ensemble le thème d'écriture du jour, ou le type d'exercice, avec un temps d'écriture individuelle au besoin.

Me restent les somptueuses traces des séances d'écriture commune. Il cassait tellement les règles ! Assemblant des mots en apparence antinomiques, accumulant les verbes, ou les absences de verbes. De ses écrits suintaient les témoignages d'un monde tourmenté, aux rythmes saccadés, aux couleurs vives et lumineuses, avec parfois des passages en suspension, comme fruits de longues contemplations immobiles, apaisantes ; comme si, soudain, tout était permis pour le lecteur dans ses interprétations… du fait que l'auteur – lui – se permettait tant d'infractions aux codes de la syntaxe, par exemple.


***


L'enjeu était d'importance – pour lui, surtout. Il rêvait de publier notre travail en duo. Il me parlait de ses contacts dans l'édition. J'ai accosté à ce moment-là : je suis descendue de son bateau. Je n'ai pas cru en son rêve.


Alors que je le crois viable aujourd'hui. Je l'ai cru perché dans son monde, et c'était moi, sans doute, la perchée. Voilà ce que je me dis. Parce que décider de publier commence par une aventure humaine – en tous cas, chez moi. Et que l'aventure avait lieu, elle existait – ses traces sont bien là. Elles auraient pu être réunies dans un ouvrage, nul doute. C'est un constat maintenant dénué d'amertume, que je fais en revisitant le moment de la rupture. Aurais-je inconsciemment eu peur ?… (Je n'avais alors jamais encore été publiée.) En tous cas, je me suis sauvée presque en courant de cette « relation d'écriture », prétextant que j'avais beaucoup de charges de famille et plus de temps à nous consacrer.

Il a eu beaucoup de mal à avaler. Il ne comprenait pas. Il a repris contact avec moi épisodiquement, il m'appelait au téléphone, me parlait de « notre » projet de livre. Je devais lui répéter ma lâche décision – quelque part, il m'enfonçait le couteau dans la plaie de ma nonchalance. Non, nous n'écririons plus ensemble, non je ne voulais plus parler de recueil de poésie. Oui, c'était dommage.


Je ne peux évoquer cet échange littéraire sans en fournir un extrait… et je laisserai le lecteur en m'éclipsant hors du salon de poésie sur la pointe des pieds.


l'horizon

frétille

comme un sournois

paysage,

aurore printanière.


la floraison

vibrille

comme aveuglant

présage,

émeraudes généreuses.


les frissons

pétillent

comme éblouissant

rivage,

zéphyrs prometteurs.


***



 
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   plumette   
12/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte est très touchant, respire la sincérité et rend hommage à un frère en écriture dont la narratrice nous livre en filigranes les "différences". La narratrice exprime aussi son remord de n'avoir pas pu aller au bout de l'expérience proposée.

l'écriture est fluide et soignée.

je pense que j'aurais préféré rester sur le "bizarre" du départ plutôt que soit nommés petit à petit " handicap" ou "autisme";

La narratrice nous fait bien sentir ce bizarre dans le regard de cet homme, dans l'exigence du lieu des rencontres, dans la description formelle de cette écriture.

Sur un registre moins personnel, ce texte est un témoignage de ce qui peut se passer en atelier d'écriture. J'aime bien ce témoignage car j'aime bien le principe des ateliers d'écriture qui sont un lieu de partage, goût du partage qui nous conduit peut-être d'ailleurs à être actif ici, sur oniris!

Plumette

   Donaldo75   
17/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Cette histoire d'une relation artistique entre deux êtres si différents est racontée avec finesse, sans le moindre artifice. Elle est crédible parce que justement il n'y a pas de chichi dans la narration.

Le style est sobre mais exprime bien les sentiments de la narratrice, et ce dès la première phrase.

La fin, avec le poème, est risquée parce que le poème peut être soit décevant pour le lecteur à qui on vient de parler d'un génie, soit de trop parce que le lecteur veut rester dans le flou de la narration.

J'ai bien aimé.

Merci pour la lecture,

Donaldo

   Anonyme   
22/4/2017
Commentaire modéré

   Anonyme   
4/3/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je ne voudrais pas tourner le couteau dans la plaie mais c'est lui qui avait raison et vous qui étiez "perchée" pour reprendre votre terme. En fait vous n'étiez pas vraiment perchée, c'était plutôt la petite lâcheté qui nous prend tous lorsqu'il faut se pencher un peu sur la rambarde pour contempler le vide, l'inconnu.
Je vous félicite pour oser dire l'indicible, cela n'a pas du être facile de conter par le menu le courage d'oser tout d'abord et ensuite la fuite éperdue.
Il n'y a pas grand-chose de littéraire dans ma critique, c'est plus une critique du sujet mais je ne m'arrête pas aux faiblesses supposées du texte d'autres s'en chargent.

Bravo, vraiment un grand bravo

Maintenant passons à l'essentiel : la poésie !

C'est bien ce qui me laisse à penser que vous avez eu grand tort ! Vous n'avez pas su voir la beauté de votre création mais par chance nous sommes là pour le faire. Ces vers sont beaux parce qu'ils sont vrais en poésie ! J'entends qu'il n'y a là aucun maniérisme, ce n'est pas seulement un poème ( ça c'est bon pour la forme et je m'en fiche un peu ) mais pour le fond c'est une composition vraiment poétique.

Reprenez langue avec ce poète merveilleux et cette fois ne vous dégonflez pas, souquez ferme avec lui dans la barque jusqu'au but final.

Chanceuse...

   PierrickBatello   
4/3/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour MissNode,

Voici un texte qui à mon goût relève plus du journal intime que de l'oeuvre littéraire. Je ne trouve pas le style suffisamment travaillé que pour pallier à cet inconvénient. Le poème final ne rajoute pas grand chose à la lecture (pour être franc, je le trouve assez moyen, mais je vous avoue être très dur comme lecteur de poésie, expliquant pourquoi je ne commente aucun poème sur Oniris). Point positif: le sujet est intéressant. Malheureusement, je trouve que le thème n'est pas traité à fond, vous êtes restée en surface, sans doute par pudeur. Votre ami autiste n'a pas de caractère propre dans ce récit; il me semble, dans ce texte, réduit à son autisme. C'est mon reproche principal. Or, il y a autant d'autismes que de caractères. C'est difficile de parler de quelque chose d'aussi intime. Voilà pourquoi cette impression de journal intime.

Petit détail: "Autisme oblige, je crois". Aïe, phrase très réductrice je trouve. Je connais des personnes qui paniquent après trois minutes de retard et qui ne sont pas autistes, et une autiste qui se fout de l'horloge. En réalité, ce n'est pas vraiment un détail...

Cordialement,

Pierrick

   Anonyme   
4/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Surface :
"Je n'avais alors jamais encore été publiée." Vous voulez dire "éditée"? Avec des droits d'auteur, une villa à Ramatuelle et des séances de dédicaces pour pécho? (Sinon, les trois adverbes collés râpent un peu)


Fond :
1 - "C'est là qu'il m'attendrissait :" - "C'est là que je l'ai attendri."
2 - "J'étais exigeante" - "il était intransigeant"
3 - "Je l'ai cru perché" - "c'était moi, sans doute, la perchée"
4 - "Je respectais totalement ses frayeurs" - "j'avais mes propres cauchemars"
5 - "Deux mondes étrangers l'un à l'autre se rencontraient, aussi étrangers l'un de l'autre que chacun l'était avec le monde"

Le #5 résume le texte. Mais si nous avons fait la connaissance de l'être bizarre, exotique, qui est la narratrice ? Ou bien "qui est MissNode" ?
Les Oniriens assidus ne se posent sans doute pas la question, mais celui qui ne lit que ce texte est frustré.
Alors, je suis allé lire Hors siècle, le texte avec quatre plumes, où j'ai retrouvé : "Dispersé en gouttes légères entre les branches des sapins noirs". Et j'ai compris qu'il y était question d'une enfant sage, timide, avec une violence intérieure contenue. Moins frustré du coup :))

Merci pour cette double lecture.

   Solal   
4/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Vous nous offrez un texte d'une sensibilité à fleur de peau. (Remarque, on parle de poésie)
Est-ce facile de partir à la rencontre de l'étrange, de l'étranger ? Pas forcément.
Est-ce facile de construire avec l'autre ? Encore moins.
Mais plus encore,votre histoire m'a parlé de l'Appréhension. Celle qu'on écrit avec un Grand A.
De ce qu'on appelle les "carrefours" de notre vie. Quand il faut choisir entre un chemin escarpé et un sentier balisé.
Pour choisir la difficulté, on a parfois besoin d'un guide, de quelqu'un qui nous tend la main. Il ne reste plus qu'à la saisir...

J'ai apprécié votre écriture saccadée (cela n'a rien de péjoratif, je l'ai ressentie comme telle) mais j'ai buté sur quelques tournures (exemple : "A ses interminables tâtonnements pour choisir ses mots avant d'en émettre un, le plus souvent." la dernière partie de la phrase est' elle nécessaire ? Point de vu rythme elle a enlisé ma lecture.)

Merci pour ce moment.

   Anonyme   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, MissNode,

Je viens de lire une histoire simple et jolie dans tout ce qui se laisse deviner. Menée par une écriture sans fioriture qui met si bien en exergue la magie, puis un peu de la torture de cette rencontre hors des sentiers battus.

Le sujet est original, et il y a, comme à chaque fois dans vos nouvelles, un investissement personnel sincère dans les tranches de vie que vous offrez.

On sent qu’il en faudrait très peu, ou alors beaucoup trop, pour que la narratrice change de cap. Mais la peur, c’est tellement paralysant, pas vrai ? Surtout retranchée derrière une sensibilité à fleur de peau farouche et peu poussée aux démonstrations.

J’ai apprécié que vous approfondissiez le côté “bizarre” du personnage. Il y a comme ça, des histoires où je n’aime pas trop rester sur ma “fin”, préférant des mots directs qui ne laissent planer aucune ambigüité.

Les mots clés, dans la poésie finale qui ressemble à des haïkus, combinent une belle sensibilité. Persévérez dans cet envol ! Et good luck ! (je n’ose pas l’écrire en français) ^^

Avez-vous le sentiment, comme moi, que votre nouvelle est un appel du pied au hasard qui fait souvent si bien les choses ?

Je souhaite le meilleur à venir pour vous, et de vous relire encore.

Cat

   vendularge   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour MissNode,

J'ai lu ce texte plusieurs fois (ce que je fais de plus en plus souvent parce que la première lecture dépend de trop de paramètres). L'écriture est faussement simple, dense et parle très bien de ce fil ténu entre deux êtres qu'à priori tout sépare sauf cette envie de s'exprimer (ici l'écriture). Ce sont de belles rencontres que vous avez eu raison de grader quelque part dans vos mots.

Un petit bémol pour la poésie, j'aurais aimé lire ces passages en majuscule sans espace entre les mots qui étaient les siens...

Une très agréable lecture
vendularge

   silvieta   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une lecture en abîme sur le déroulement des ateliers d'écriture ( les exercices imposés, la présence parfois pesante du groupe qui, à mon sens ne façonne pas les meilleures conditions pour une introspection, l'exercice obligé de lecture des textes, les participants qui pleurent en lisant leurs textes...)

Puis vient l'expérience de créations à deux avec les critiques sans concessions ( à mon avis si cette expérience est menée avec passion, partage et sincérité elle s'avèrera plus fructueuse que les ateliers, formatés, à la bienveillance d'apparat contre-productive...mais je m'éloigne du texte ).

Puis l'abandon du projet.

Un récit tout en finesse et sensibilité qui devrait nous parler à tous car, si certains d'entre nous n'ont pas encore expérimenté la spécificité bisounours des ateliers d'écriture tels qu'il en éclot un peu partout nous avons en revanche presque tous subi ici leur sombre versant antithétique consistant à lire à la marge de nos textes des commentaires parfois un peu rudes.

Le poème qui est apposé à la fin est très beau.

Donc j'aime plutôt cet ensemble même si j'y vois davantage une réflexion sur les processus de création qu'une nouvelle.

   hersen   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Ce texte a plusieurs facettes et la première est qu'il me fait un peu découvrir les ateliers d'écriture dont je n'ai nulle expérience. Tel que l'auteur le décrit, cela me semble peu tentant mais finalement amènera un lien intéressant dans le cas présent.
Et c'est la deuxième facette, de loin la plus intéressante, celle d'un compagnon d'écriture; l'auteur sait nous sensibiliser grandement à cet échange et le valoriser. Peut-être montre-t-on aussi que dans un échange, il y a inéluctablement déséquilibre, même infime, qui entraîne souvent un désistement, d'une manière ou d'une autre.

Ici, l'édition semble être le point de rupture. Ou plutôt la peur de l'auteur de s'engager sur un chemin inconnu.

par contre, je me demande pourquoi l'auteur développe le handicap de son compagnon d'écriture; Il ne me semble pas si important dans l'histoire, seule l'écriture compte et le rapport que chacun des deux en a. Du coup, ça me fait un peu sortir de l'échange littéraire, de ce "compagnonnage".

Et puis, l'effacement de la narratrice. Elle se cache derrière sa poésie et la fin en est l'illustration. le déséquilibre du duo sans doute vient de là : lui était sans doute prêt depuis longtemps pour cette étape tandis qu'elle ne le serait peut-être jamais.

Les moments d'écriture en commun racontée semble aussi montrer un déséquilibre : l'auteur raconte de façon très sage l'inventivité de l'écriture de son compagnon.

Franchement, coller à l'écriture un peu barrée d'un auteur doit être une expérience extraordinaire !

Merci de cette lecture,

hersen

   Velias   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte rempli d'humanité où la culpabilité de l'auteure transpire à travers les lignes. Un récit comme pour expier sa "faute" pour ne pas être allé jusqu'au bout : l'édition. Manque de courage ? Peur du regard des autres d'être si "mal" accompagnée ?

Une narration claire, franche, qui ne s'embarrasse pas de formules alambiquées. On a le sentiment que l'auteure écrit dans un souffle, une respiration : la plume est régulière, sans fard. C'est frais et intéressant. Sauf cette phrase dont je n'ai pas aimé la tournure:
"un fil invisible s'est tissé là le temps d'un fil d'araignée"

Merci pour la lecture.

   papipoete   
5/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour MissNode,
" l'étranger " qui avait tout à apprendre de sa propre langue, handicapé de l'illettrisme, au fil des ateliers d'écriture me subjugua ...
NB l'auteure quitte ce bateau où elle naviguait avec cet " aventurier ", qui de mousse est devenu capitaine qui ordonne, commande et domine les éléments de son talent ; il en laisse une trace dans ce poème délicat .

   MissNode   
6/3/2017

   Tadiou   
6/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très touchant récit d'amitié (d'amour?) avec l'écriture comme entremetteuse. La magie des mots qui tissent mille liens. Et qui permettent de "casser les règles".

C'est écrit avec grande simplicité, sans recherche d'effets de manche : cela permet aux émotions, dont ce texte est imbibé, d'éclore et de s'épanouir en toute liberté.

La silhouette se précise peu à peu : d'abord le mot "handicap" puis le mot "autisme". Puis de petites évocations des séances d'écriture.

J'apprécie la lucidité de la narratrice qui ne se livre pas à une "confession" : ce n'est pas un texte de recherche d'absolution.
C'est assumé.

J'aime l'expression "le temps d'un fil d'araignée" qui mélange les mondes et les dimensions.

A vous relire avec plaisir.

Tadiou

   Mare   
23/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Attirée vers cette nouvelle par son titre étonnement mélodieux, je n'ai pas été déçue. Toute la nouvelle chante comme un poème tant l'écriture est travaillée. Elle parvient à nous entraîner dans l'intimité de la narratrice (qui est aussi l'auteur ?), qui nous décrit ses regrets mais tout en justesse. Parfois, cependant, je suis restée un peu en dehors, sans oser vraiment entrer dans l'espace privé de l'auteur.

La nouvelle est aussi mélancolique que la poésie finale semble joyeuse. J'ai trouvé ce contraste bien choisi.

Un texte agréable et délicat. Merci !

   Bidis   
24/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Très jolie histoire dont on ne peut s’empêcher de se demander si elle est autobiographique. Au début de ma lecture, j’ai fait des commentaires quant à l’écriture, puis j’ai cessé. Ce n’est pas que l’écriture soit désagréable, loin de là. Je trouve qu’elle n’est pas très soignée. C’est dommage.
Le poème est très beau.
Voici donc ce que j’ai commencé à relever :
Dans le premier paragraphe, pour moi, l’écriture est un peu relâchée. « Le sien » mis pour texte arrive deux phrases plus loin, il y a répétition du mot « chacun » et puis « lisant, lisait, lecture », là aussi la répétition gêne.
Dans le second paragraphe, le mot « lui » revient trois fois. Et se trouve repris comme premier mot du paragraphe suivant.
« Un fil invisible s'est tissé là le temps d'un fil d'araignée » :répétition du mot « fil ». Et on retrouve un « lui » tout de suite après. Je ne peux m’empêcher de faire une fonction recherche : le texte comporte 13 « lui ». Pour +/- 6000 signes, c’est beaucoup…


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