Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Fantastique/Merveilleux
Neojamin : Au carrefour des temps présents
 Publié le 08/12/14  -  13 commentaires  -  9800 caractères  -  124 lectures    Autres textes du même auteur

Je partirais bien quelque part, dans un lieu où le rire est facile et la vie légère.


Au carrefour des temps présents


C’est vraiment un lieu bizarre la rue d’Aujourd’hui.


Il y a tellement de choses qui se passent au même moment qu’on en choperait un mal de crâne rien qu’à y penser. Des passants qui s’agitent dans leurs vêtements gris. Des cyclistes qui transpirent sous le vent. Des gens qui bavardent sur la terrasse d’un café, d’autres qui s’ignorent sous un arrêt de bus. Des hommes pressés qui courent quelque part et d’autres qui flânent sans savoir où aller...

Vu comme ça, de loin, un vrai bordel. Quand on s’approche en revanche, on peut discerner quelques détails intéressants, des petits éclats de génie oubliés dans la trame d’une peinture maladroite. Un conducteur absorbé dans quelques rêves secrets qui oublie de démarrer et provoque la colère des autres automobilistes… la braguette ouverte d’un contrôleur zélé devant les yeux écarquillés de honte d’une vieille dame… et soudain, un rire, comme une porte qui claque.


Je ne savais pas qu’on pouvait encore rire ainsi.

Me serait-il encore possible… ?

Non, bien sûr.


Le rire a continué, repris par d’autres rires. Ça claque de partout et j’enfonce ma tête dans mon blouson. Il fait froid tout d’un coup. Ça chouine du ciel depuis plus d’une heure et pas un seul taxi ne se pointe. Il faut vraiment que j’y aille. Moi aussi j’ai envie de rire, de faire des choses qui ne servent à rien et qui rendent heureux.


Je m’appelle Constantin et je suis né dans un pays où tout a trop d’importance. Rire est souvent déplacé, sourire est anormal et être heureux est indécent.

Au début, c’est génial. On ne se rend compte de rien, on gazouille, on touche, on agite ses membres dans l’inconnu. On demande en pleurant et on remercie en riant. Ensuite, ça devient un peu plus clair, il y a les autres et nous-mêmes et plein de choses qui tournent autour. L’esprit devient insistant, les pensées naissent et ne s’échappent plus au lointain. Elles demeurent, obsèdent. Ça devient sacrément ennuyant de vivre dans ce monde-là. On a envie de partir, de s’évader. On joue à des jeux vidéo qui lassent très vite et qui donnent mal à la tête. On boit pour aborder les amours potentiels et se perdre dans les douceurs du sexe. On prend des pilules pour voir des choses colorées dans l’air. On fume, on en oublie pourquoi on est là et où on va et on ne s’en porte pas plus mal.


Et puis on s’habitue. Petit à petit, on se fait une raison, on cherche un but, on lit des livres qui inspirent et on regarde des films qui donnent envie de sourire aux inconnues. Ensuite il y a elle, puis une autre puis plein d’autres qui viennent et qui partent, comme des chapitres d’un livre qui ne veut pas s’achever. Des fois on se dit que la vie est magnifique et d’autres fois que c’est un enfer, qu’ils sont tous pourris. L’amour… la haine... et puis l’indifférence au milieu qui surprend. La vie quoi, comme une valse sans fin. En trois temps. J’ai cru que ça irait et puis ça m’a démangé de nouveau. L’envie de partir, de m’évader. J’ai voyagé, j’ai vu d’autres gens, d’autres lieux pour comprendre qu’ici ou ailleurs, c’était un peu la même chose. On fait tous ce qu’on peut avec ce qu’on a. Qu’on possède des palaces ou quelques pesos, la routine reste la même. Passer le temps, s’occuper, attendre.


Et puis un jour, je me suis rendu compte qu’on me disait monsieur dans la rue et que les enfants n’osaient pas me parler. J’étais devenu un autre de ces grands inconnus qui n’ont jamais le temps de jouer et pas plus d’imagination qu’un tournevis.

J’avais grandi, comme tout le monde. Grandir, c’est vouloir être libre de faire tout ce qu’on veut et découvrir qu’en fait, l’enfance c’était bien mieux.

Seulement voilà, il faut avoir grandi pour s’en rendre compte...


– Taxi !


Il s’arrête. Soulagement.


– Vous allez où m’sieur ? me dit un chauffeur à l’allure bien sympathique, moustache foisonnante, casquette vissée sur un visage tout rond.

– Rue de mon enfance, au numéro 22. J’ai 8 ans. Roulez doucement, j’ai le vertige.

– Ça marche.


Le taxi file à vive allure sur l’avenue des Oubliés d’hier. Il pleut dru sur l’asphalte bleu. Il n’y a personne sur les trottoirs, que des ombres qui s’effacent immédiatement. Très peu de trafic, un taxi rouge en face. Je croise le regard du passager, ses yeux brillent, son sourire comme gravé sur son visage tout gris. Un nostalgique qui revient de là-bas.

Le chauffeur me dépose en bas de la rue.

J’ai mes nouvelles baskets imitation Nike Air de chez Kiabi, mon short Adidas à pression, mon tee-shirt Magic Johnson. Damien m’attend sur les marches.


– Salut !

– Salut, on y va ?


Je le suis, je l’ai toujours suivi. Ce que c’est bon de suivre quelqu’un. Damien a toujours su où aller. Aujourd’hui c’est sous l’arbre. Les filles nous attendent, deux petites blondes qui en pincent pour lui.

Il fait doux, c’est l’été. Les grandes vacances qui semblent toujours interminables. Tout le monde est détendu, le voisin du dessous est assis sur son balcon en train de ronfler comme un chat. Le chien de Mme Girard se prélasse sur la pelouse. Il y a le silence aussi. Un silence de sieste. Ma mère doit être là-haut, devant la télévision. Seule. Affalée dans le fauteuil, les pieds posés sur la chaise. Elle tient son bol de café dans la main droite et un biscuit dans la main gauche qu’elle trempe tout en regardant son feuilleton. Elle n’a pas pris une ride.

Sous l’arbre, Anna est là. Jupe légère qui lui tombe juste au-dessus de ses petits genoux osseux.


– Aline va arriver, ses parents n’ont pas fini de manger.


Elle parle en remuant les lèvres comme un chaton qui a soif. Elle est trop belle. J’ai envie de lui faire la bise mais je m’agrippe plutôt à une grosse branche et je me hisse dessus. Les pieds dans le vide et les mains posées sur la peau rugueuse de l’ancêtre, je la regarde, perché comme un zouave. Elle est belle aussi vu d’en haut. Elle dit des choses à Damien que je ne comprends pas.


– C’était bien le film hein ?

– Ouais, un film de fille, y avait Hercule sur la 6. C’était mieux.


Damien sait y faire avec les filles. Il ne les regarde pas, il a les mains dans les poches de son jean et il sifflote, comme s’il n’avait pas envie d’être là. En même temps c’est facile pour lui. Il est blond, il a les yeux bleus et il a déjà fugué deux fois. Je l’observe en train d’ignorer Anna qui ne le lâche pas des yeux.

Je l’aime beaucoup Damien mais il m’énerve un peu quand même.


Coup de Klaxon. L’inconvénient avec les taxis c’est qu’il faut les payer même quand ils sont à l’arrêt. Je n’avais que 500 grammes sur moi.


Le retour est brutal. Une brume épaisse s’est emparée de la route et je peine à discerner les visages blafard de la ville qui vont chercher un peu de bonheur. Le chauffeur me dépose au carrefour des temps présents. J’ai 29 ans. Il est 18 heures. Le trottoir grouille de gens de toutes sortes qui gesticulent.


– Bonne soirée.


Tu parles. Tout est lourd de nouveau.

On s’est trompé de verbe. Je m’alourdis qu’on devrait tous se dire.

“Oh comme il s’est bien alourdit !”

“Tu t’es alourdi depuis la dernière fois.”

“Et si on faisait comme les lourds ?”

C’est l’impression que ça me fait. Tout est plus lourd dorénavant, moi, les autres, les choix, les envies, même l’atmosphère semble être plus pesante.

J’essaye de sourire mais ça ne vient pas.


– Taxi !


Tant pis, j’en reprends un. J’ai crié sans le vouloir. La semaine va être longue, j’ai besoin d’une bonne dose avant de réattaquer.


– Quelle adresse ?


Ce chauffeur-là a l’air plus professionnel. Il a l’autocollant officiel, le costume des passeurs et son badge accroché à l’épaule. Gentris Malick.


– Mmm, laissez-moi réfléchir… Je n’ai que 130 grammes et des poussières, vous me faites un rabais !?

– Ah non hein, j’ai des frais moi et c’est pas la joie ce mois-ci. Il a fait trop beau, les gens préfèrent marcher ou partir en vélo, et en plus il y a cette histoire de taxis indépendants, je sais pas si vous avez entendu mais ça complique pas mal notre situation si vous voyez ce que je veux dire...


Je le laisse parler. Ça se voit qu’il en a besoin. Je me suis toujours demandé s'ils y allaient aussi. Peut-être qu’ils ont des réductions. Ou alors, ils sont trop blasés. C’est vrai que ça ne doit pas être évident d’y aller un petit peu chaque jour, rester dans le taxi et attendre. Moi j’avais horreur de ça, je m’en rappelle quand ma mère allait faire des courses et qu’elle me laissait dans l’auto. Tu joues trois minutes avec les boutons du milieu, le chauffage, la ventilation et les petits bonhommes qui s’y infiltrent. Mais après t’en as marre.


– ... Enfin voilà, j’aimerais bien mais je ne peux pas, désolé.

– Oui, c’est pas grave. Juste un petit tour alors. Parc des Alouettes, j’ai 5 ans.


Il y a un nuage fascinant qui glisse tout là-haut. On dirait un hippopotame en marshmallow. Maman parle avec ce monsieur qui sourit beaucoup. Elle a mis sa belle robe verte qui chatouille. Elle est toute belle aujourd’hui. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vue sourire comme ça, à quelqu’un d’autre.

Il y a cette fille aussi qui ne veut pas regarder les nuages parce qu’il y a un tourniquet et qu’elle a peur d’en faire toute seule. Forcément, elle veut que j’y aille avec elle. Peut-être que les nuages seraient encore plus beaux vus du tourniquet.

Allez, je lui montre. Elle a intérêt à s’accrocher. Je vais super vite même qu’un coup j’ai fait tomber Damien et il saignait du nez.


Coup de klaxon.


Zut, ça commence à peine à tourner. Tant pis, je reste un petit peu plus longtemps. Je sens un rire pousser du fond de ma gorge. Ce serait dommage...

Waouh, c’est plus un hippopotame là, c’est un tourbillon, un tourbillon de coton. Ça tourne si vite… on dirait qu’on est ailleurs, sur une autre planète ou plus loin encore.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Asrya   
16/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Pour le coup on se situe bien dans du "fantastique" ; du fantastique qui n'est pas excentrique, du fantastique léger.
L'idée est bonne, voyager dans son passé, dans l'enfance qui est ici adulée, immortalisée, vénérée. Payer ces voyages en "poussière" ; c'est intéressant.
Fouillis cependant.
Pour moi en tout cas. Je n'ai pas eu suffisamment d'informations quant à la réelle nature de cette poussière, cette "drogue" qui vient transcender la jeunesse et son lot de souvenirs.
Une position qui n'est d'ailleurs pas la mienne ; il me reste probablement à grandir pour admettre votre point de vue.

D'ailleurs... ces retours en enfance nécessitent-ils absolument l'utilisation de cette "poussière" ? Ne peut-on pas simplement se permettre de se souvenir ? Replonger dans les évènements de sa vie librement, sans dose, sans stock, sans payer ?

Cette nouvelle offre une vision... assez pessimiste sur la vie au final.
Seule l'enfance apparaît comme savoureuse. Être "grand", adulte apparaît presque comme un calvaire ; je trouve cela vraiment dur.
Peut-être est-ce parce que j'entre petit à petit dans ce monde misérable de "grandeur" que je ne veux me résigner à penser que mes plus belles années sont derrière moi, que le reste de ma vie ne vaudra rien à côté.
C'est l'effet que votre texte m'a fait en tout cas.
Triste n'est-ce pas.

Mais au-delà de ce ressenti... plus profond si je puis dire, je trouve que l'assemblage, la manière dont l'histoire est racontée manque de lien. Notamment le début de la nouvelle qui me paraît en décalage complet avec le reste du récit.
Ce bordel de la Rue m'inspirait, l'appel du premier taxi attisait ma curiosité, la suite m'a principalement défrisé.

Je reprends un passage que je n'ai absolument pas compris, peut-être pourriez-vous m'éclairer à ce sujet :

"Tu parles. Tout est lourd de nouveau.
On s’est trompé de verbe. Je m’alourdis qu’on devrait tout se dire.
“Oh comme il s’est bien alourdit!”
“Tu t’es alourdis depuis la dernière fois.”
“Et si on faisait comme les lourds?”
C’est l’impression que ça me fait. Tout est plus lourd dorénavant, moi, les autres, les choix, les envies, même l’atmosphère semble être plus pesante.
J’essaye de sourire mais ça ne vient pas. "

J'ai cherché, vraiment, mais n'ai trouvé le verbe en question ; ni les expressions d'origines. Peut-être est-ce l'heure tardive qui me fait défaut.

L'écriture est agréable, heureusement, j'ai donc, malgré mes critiques, passé un bon moment.

Merci pour ce partage, ce voyage dans poussiéreux,
Au plaisir de vous lire.

   Anonyme   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'ai beaucoup, beaucoup aimé cette écriture décalée, toute simple en apparence mais qui a eu l'art de me transporter ailleurs avec des expressions comme ce merveilleux : "Elle parle en remuant les lèvres comme un chaton qui a soif."

Le texte, sur le fond, ne dit pas grand-chose de neuf, nostalgie, tristesse d'avoir quitté le pays magique, retours furtifs dans cette beauté, mais cette idée des taxis qui assurent le trajet m'a beaucoup plu, avec la monnaie comptée en unités de masse... Tout le texte est très cohérent dans sa vision, pour moi, simple et profond. Chapeau.

   Anonyme   
8/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
"Le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants". Vous avez fait votre Mistral Gagnant.
L'écriture est claire comme la ligne des dessins dans les BD pour enfants, et ça va bien. Les images sont là, faciles à voir.

C'est donc fluide et, malgré ça, j'ai accroché trois fois. Mais considérez que je n'ai pas beaucoup plus d'imagination qu'un tournevis. J'ai du mal avec le merveilleux que j'ai laissé, comme vous le dites si bien, à l'enfant que j'étais...

- Mon hésitation au début. Le narrateur redécouvre le rire. Je comprends. Mais quand "Le rire a continué, repris par d’autres rires", le narrateur se souvient-il ou bien est-il dans le présent ? Pas clair pour moi. Car à ce moment, la démonstration veut nous dire que, dans le monde des adultes, le rire est exceptionnel. La suite est à cet égard très didactique, trop peut-être. Alors, j'ai dû relire, après m'être imprégné de l'ambiance générale, du ton, pour comprendre que cette avalanche de rires n'était que dans la tête du personnage qui devient obsédé par le souvenir des rires perdus. Mais bon, je n'ai relu que parce que j'avais décidé de commenter. Sinon, ça passait très bien :)

- J'apprends que les vertiges en taxi du narrateur, qu'il n'avait pas sur le tourniquet, sont apparus entre 5 et 8 ans. Je voulais savoir pourquoi. Mais je suis peut-être passé à côté de l'explication, pour peu qu'elle soit implicite. Un peu "tournevis" mwa :/

- Les paiements avec 500 g d'abord et avec les 130 g restants ensuite m'ont fait penser qu'à la fin le gars allait disparaître, après avoir dépensé toute sa masse corporelle en taxis. Je m'en veux d'avoir pensé ça car la fin est charmante :)

   Perle-Hingaud   
8/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup la simplicité de cette narration qui nous emmène dans un monde "magique". Malgré le fond qui pourrait être "gentillet", (je veux dire par là, le monde magique de l'enfance, bon, oui, c'est déjà pas mal pris comme secteur et parfois dégoulinant de guimauve), mais là, non, le dosage reste équilibré, grâce je pense à l'inventivité (le paiement en grammes, en grammes de quoi, à nous de trouver...), au vocabulaire poétique et imagé et à la légèreté du traitement. Peut-être que ce qui est habile et marche pour moi, ce sont justement les "trous dans la trame" que l'auteur laisse au lecteur: à nous de colorier le tableau avec notre propre vécu. Bravo et merci !

   Coline-Dé   
9/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Un bon dosage pour une recette éprouvée, avec une touche personnelle, ce que l'on appelle un " tour de main" et voilà, y a plus qu'à manger tout chaud et se lécher les doigts !
Le début m'a beaucoup plu c'est le pessimisme d'un optimiste, et ça , pour moi, ça touche juste. Les taxis aussi m'ont séduite.
Après... les souvenirs m'ont paru un peu platement évoqués (sauf la petite fille qui parle "en remuant les lèvres comme un chaton qui a soif").
Il manque un poil de magie ( selon moi), quelque chose d'aussi inventif que payer le taxi en grammes. Sinon, c'est pas la peine de faire le voyage !
Et puis surtout, j'attendais le rire, ce fameux rire perdu et non pas de rire, du sentimental, mais pas de rire, alors moi qui suis une rieuse avide, j'ai été un peu déçue.
Mais c'est quand même un très chouette texte, tendre et évocateur. Merci, Neojamin

   Anonyme   
9/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, magnifique nouvelle... Fantastique, non, peut-être pas ? "Comme une porte qui claque, le rire", l'enfance, ce taxi qui vous emmène vers avant... ou bien maintenant, dans un petit bout de l'esprit qui ne s'est pas encore détaché de notre vanité de grande personne, de cet orgueil maladif qui bouffe ce monde... Enfin, un petit saut vers une autre planète ( je passe les marques de godasses et de vêtements: arrêtons avec ces références de m... qui donnent une valeur débile à notre monde. " Ah oui, elle l'a..." "Parce que je le vaux bien..." etc...), enfin une balade autre part que sur le site universel "Je me la péte.com". Je note au passage que ces fuites vers l'enfance se monnayent également ( triste réflexe. Serions-nous déjà dans une phase irréversible de ce lavage de cervelle indolore et quotidien ?)
J'ai adoré la lourdeur des uns et des autres, la description de la rue. Merci pour cette gentille promenade.

   VinceB   
9/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai aimé le fond de l'histoire; la nostalgie de l'insouciance de l'enfance et sa forme qui entretien légèreté et gravité en ménageant la curiosité du lecteur. Certains passages ont réveillé en moi des sensations qui n'ont appartenu qu'à l'enfance, notamment ce "silence de la sieste" m'a fait faire un voyage dans le temps, sans taxi, sans - je n'ai pas bien compris la monnaie d'échange - peu importe, la magie de l'écriture m'a projeté dans le passé. Bravo !
J'ai aimé l'écriture à la fois simple, presque naïve et décalée, j'ai pensé à Boris Vian dans l'Ecume des jours, encore un souvenir plutôt lointain...
Du coup, j'ai du mal à suggérer des améliorations. Bon, il y a les deux premiers paragraphes qui retardent l'entrée dans l'histoire, je suggère de les réduire au strict nécessaire, je suggère également de retravailler sur les trop nombreux "on" à mon goût et qui donnent toujours une tonalité de généralité aux phrases qui les contiennent.
Après "Partir" et "Un coup de Hache" c'est le troisième texte de votre plume que j'apprécie, merci Neojamin.

   Anonyme   
9/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Neojamin

C'est vrai qu'il faudrait resserrer les premières phrases et qui sait, démarrer par ce rire qui claque.
Etant donné que vous écrivez "bordel" j'aurais préféré "emmerdant" plutôt qu'"ennuyant."
De très jolies choses et d'autres qui s'attardent, le dialogue sur le film par exemple.
Je ne savais pas qu’on pouvait encore rire ainsi.
Me serait-il encore possible… ?
Non, bien sûr.
Etonnant de la part d'un narrateur penché sur son enfance d'oublier que justement les enfants - les petits - ça fait rire et qu'à leur contact, on réapprend, on se souvient.

Un texte qui m'a fait pensé aux dix ans de Souchon.

Douce nostalgie fort bien racontée, un chouia de trop de pessimisme.
Un bon moment
Merci

   Anonyme   
10/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Nous sommes dans la rue et toute son agitation est parfaitement présente. Et cet "incongru" est si bien décrit. Oui, mais il y a les femmes, dans la rue, et le temps qu'il faut tuer. Constantin le bienheureux l'arpente et devient malheureux, la rue le bouffe, l'avale. Et c'est anxiogène, les femmes, les amours, les désamours, le temps qui vieillit, le refus, le retour payant vers la jeunesse. Et le paradis de l'enfance, celle qui parle comme un chaton qui a soif, quelle merveilleuse image ! Et ce poids que l'on porte, qui revient comme un sac de patates ! Le taxi, le passeur qui fait le con ! J'adore ces chauffeurs de taxi qui vous mènent pour l'unité du gramme, j'ai été pris et j'ai pris mon taxi pour mes sept ans ! J'ai adhéré, je trouve le transport agréable. Vraiment. C'est une idée qui mérite un compteur !

   odkali   
14/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Néojamin,

Au numéro 22, mes petites mains applaudissent votre déambulation des âges.

Bel hommage à l'enfance, parfois l'on pense que perdre du poids c'est redevenir poussières, mais comme Michel Ocelot le dit si bien : on a tous les âges en nous. A nous de lâcher du lest.

Merci pour cette lecture.

   in-flight   
14/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Je pense tout de suite à une citation de je ne sais qui: "les jeunes rêvent d'être vieux, les vieux rêvent d'être jeune et chacun meure de ne jamais avoir été."

Texte assez pessimiste (réaliste?) en effet. L'idée des taxis est sympa, un peu moins compris le mode de paiement: j'ai d'abord pensé à de la poudre pour planer et retomber en enfance mais les taxis se chargent en partie de ce travail donc...

Bref, ça n'a pas gâté ma lecture. J'ai également pensé à Le clézio pour qui l'adulte n'a de cesse de rechercher les plaisirs et l'insouciance de l'enfance à jamais perdus.

   caillouq   
20/12/2014
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Je n'ai pas accroché à ce texte. Comme je regarde rarement les classifications, je n'ai pas vu que c'était en "fantastique/merveilleux", et ai tenté d'interpréter tout ce qui est dit en rêveries intérieures. Ca ne marche pas trop mal, à quelques détails près, mais ça ne change rien à la structure avec laquelle j'ai du mal (trop décousue). Je comprends le lien qu'il peut y avoir entre la description désenchantée du monde des adultes et l'envie de retrouver la légèreté de l'enfance, mais le côté trop sporadique des différentes considérations ne m'a pas permis d'accrocher.
Et je n'ai toujours pas compris "Je m’appelle Constantin et je suis né dans un pays où tout a trop d’importance. Rire est souvent déplacé, sourire est anormal et être heureux est indécent." iL parle de son enfance ? Ou alors, l'enfance dont il est nostalgique est rêvée ? Encore plus compliqué avec la suite : "Au début, c’est génial. Etc..."
Début de quoi ? Début de son enfance tristoune ? Début du taxi-qui-ramène-où-on-veut ? Je n'arrive pas à trouver quelque chose qui colle vraiment, et la question de resituer cette phrase qui semble avoir de l'importance a pourri toute ma lecture.
Bref, texte trop crypté pour moi. J'attends que l'auteur se décrypte pour essayer de le suivre.

   Alice   
26/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très beau texte. Comme je n'arrive pas à prendre l'habitude de regarder la catégorie avant de lire, j'ai été un peu surprise lorsque la normalité s'est estompée après quelques paragraphes, mais ça n'a pas trop gêné ma lecture.
Pessimisme, oui, c'est un mot qu'on peut apposer sur ce texte. Un pessimisme de jeune adulte qui me rejoint certainement, mais dont je suis consciente qu'il faut bien s'extirper. Qu'on en soit sorti ou non, ou que notre personnage en soit sorti ou non, rien de mal à traduire ce cuisant sentiment de perte. Asrya suggère le pouvoir du souvenir. Le souvenir seul, dans l'état où me semble être le personnage, est plus un coup de poignard. Il sert à faire pleurer avant que les années ne nous attendrissent (ou nous désillusionnent). Bien que le personnage me fasse pitié, je suis heureuse qu'il puisse réellement revivre des parcelles d'enfance. Reste à savoir si l'effet est plus dévastateur ou non, ne faisant qu'entraîner une dépendance ou nous permettant de garder la tête hors de l'eau.

Je crois aussi qu'il est possible de voir la vie de façon plus amère sans que ce soit triste ou purement pessimiste. Il y a une douceur dans la mélancolie, et de toutes les mélancolies, la nostalgie est la plus douce de toutes.

Bref, comme vous le voyez, votre texte soulève de nombreuses et grandes questions, ce qui prouve sa profondeur. Le style est admirable et coulant, si ce n'est le début qui verse peut-être trop dans la métaphore et dans les tournures plus proverbiales ("On fait tous ce qu’on peut avec ce qu’on a.") Les passages les plus forts sont ceux où l'action mène l'écriture vers une simplicité précisément enfantine qui émeut et fait réfléchir.

Bravo et un grand merci,

Alice


Oniris Copyright © 2007-2023