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Fantastique/Merveilleux
olyy : Comment créer du temps en rab ?
 Publié le 19/08/07  -  4 commentaires  -  21074 caractères  -  14 lectures    Autres textes du même auteur

Petite réflexion et expérimentation sur le problème de nos journées trop courtes.


Comment créer du temps en rab ?


Au cours de nos échanges de mails, entre l'un de mes amis écrivain et moi-même, il arriva un jour que celui-ci me pose la question de savoir si je n'avais pas le secret de fabrication d'une machine à créer du temps en plus.


« Juste un peu, quelques heures supplémentaires quoi. »


Il nous semblait à tous deux ne pas avoir suffisamment de temps dans une journée. D'ailleurs, quand j'y réfléchis, je suppose que beaucoup de mes contemporains ont eu un jour ou l'autre la même réflexion.


Et donc, avec mon esprit imaginatif, cette petite phrase ne resta pas neutre et je me demandais si justement il ne me serait pas possible de faire quelque chose et de tenter cette aventure extraordinaire. Il est vrai que vingt-quatre heures dans une journée, c'est un peu court lorsque l'on doit faire mille et une choses durant celle-ci. Et voilà que depuis cet échange de courrier électronique j'y pense beaucoup et me casse pas mal la tête sur cette problématique. Que de choses pourrions-nous faire avec un outil temporel ? Waouh... Je me mis donc à étudier la question par le début.


« En toute logique, me dis-je, le rythme de défilement du temps est immuable, ça tout le monde le sait, en tous cas chez nous, sur notre bonne vieille petite planète et pour le cerveau d'un être humain. Sinon pour le reste de l'univers, il y a encore de quoi étudier la question. »


Mais... à bien y penser pourquoi parfois rechercher loin quand on peut faire simple ? Non ? Je me souvins que très jeune j'avais plaisir à faire une expérience sans conséquence et pas compliquée qui me permettait de « ralentir le temps ». Du moins il me semblait à cette époque ! Eh oui, vous avez bien lu, et je vais tâcher de l'expliquer ici même, et peut-être apporter une solution au problème de mon ami bien malheureux ainsi qu'au reste de notre société. Pourquoi pas ?


Adolescent donc, il m'arrivait de me mettre debout devant une horloge ou une montre murale avec une envie folle de stopper le temps. Simple affaire, non ? C'était déjà une idée qui me trottait derrière la tête, vous voyez ? Or vu qu’a priori cela est impossible, je me disais que je ne pouvais en rester là et qu'un jour je trouverais une tactique qui me permettrait d'y arriver. Avec du temps, de l'entraînement et au terme de longues et fastidieuses tentatives, je parvins un jour à ressentir comme une sensation de lenteur autour de moi, à l'intérieur de ma bulle spirituelle. Une impression d'étirement, un peu comme si subitement votre vie subissait une décélération et qu'il vous était possible d'apprécier le moment présent en toute simplicité. Mais attention, réellement en un instant précis de votre vie.


Je m'explique : debout devant l'horloge du salon qui me martyrisait de son tic-tac éternel (enfin, le temps que la pile daigne marcher), je fermais les yeux et me laissais bercer par ce rythme régulier et constant, tout en pensant très fortement à ce son. J'essayais d'attraper au vol chacun de ces tics et de ces tacs, mais surtout je m'imaginais les retenir avec une main spirituelle greffée directement à partir de mon cerveau. Comprenez-vous l'affaire ? C'était comme si des doigts internes s'emparaient de ce son afin de le maintenir sur place quelques instants. Au bout de quelques tentatives qui me paraissaient fructueuses, je me relâchais et souriais fièrement de ma réussite.


Régulièrement donc, je pris l'habitude d'exercer ce talent incroyable. Et le plus surprenant de tout cela, c'est que cela marchait ! Oui, c'est une certitude pour moi ! Et aujourd'hui, à nouveau, lorsque je repense à cette expérience temporelle, j'ai la certitude de ne jamais avoir rêvé ! C'est pourquoi, je vais donner à ce cher ami le secret de fabrication de temps en rab. Un petit surplus à rajouter dans son existence, et puis d'ailleurs, je vais par la même occasion, me gâter aussi.



o-o-O-O-o-o



Mardi 17 mai


Au départ


Ma première expérience depuis longtemps. Waouh ! Ça fait tout drôle de se dire que je vais retenter, comme lorsque j'étais enfant, de "retenir" le temps. J'ai décidé de prendre note de ces tentatives. Qui sait ? Peut-être qu'un jour il me faudra en faire part à la communauté scientifique ? En attendant, je vais, d'ici cinq minutes, me lancer dans l'aventure. Bon je vais coucher ici même ma façon de procéder ! Voilà, j'ai devant moi la grosse horloge du salon, elle est d'un style Napoléon, marche très bien car régulièrement je la fais réviser. Ce qui revient à dire que j'ai une confiance totale en ce petit bijou.


Et puis, de l'autre côté, j'ai déposé ma montre suisse (là aussi pour vous dire la qualité) dont j'ai réglé le chrono sur les secondes de l'horloge ci-dessus nommée. En cours de travail je tâcherai de noter ici mes impressions.


Mais avant toute chose, je dois expliquer sur ce cahier ma démarche : je vais donc tenter par mon esprit, de faire ralentir la marche de l'horloge et ce dans le but d'en apprécier et de pouvoir palper mentalement le temps qui s'écoule. C'est-à-dire le temps qui passe entre deux secondes. Il me faudra maintenir ce moment en suspens dans je ne sais quelle dimension, et ne plus le lâcher durant un « maximum de... temps » (que c'est amusant cette expression, et puis si cela se trouve, d'ici peu elle n'existera plus).


Je commence ! En premier je vais devoir fermer les yeux, faire le vide et écouter le temps qui s'écoule. C'est-à-dire le tic-tac régulier de mon horloge napoléonienne. Puis m'imaginer avoir une main spirituelle qui me permettrait d'attraper chaque seconde fuyante et surtout de la retenir. C'est parti !


Au retour


Oh rien ! Je dois dire que rien ne s'est passé. Ai-je vraiment imaginé tout cela petit ? Je serais tenté de le croire. C'est adulte que l'on est le plus malheureux ! Lorsque l'on se rend compte que les rêves d'enfants ne sont que des pensées oniriques. Et pourtant je voudrais bien y croire encore. Mais cela ne m'empêchera pas de continuer cette expérience. Ne serait-ce que pour me relaxer. En cela il faudra que je le dise à mon ami Laurent. Peut-être cela lui conviendra pour ses journées si courtes ? De la relaxation ! Voilà ce que mon expérience m’a permis de découvrir... Amusant !



o-o-O-O-o-o



Jeudi 19 mai


Troisième jour de tentative. Je persévère malgré tout et je garde bon espoir. En fait je me demande s'il ne faut pas que je retrouve ma petite âme d'enfant ? Quoiqu'il en soit je me lance à nouveau aujourd'hui, comme hier et avant-hier. Allez, Olivier, au boulot !


Au départ


Bien assis dans mon fauteuil, j'écoute à nouveau le temps qui passe. Que me réserve-t-il ce bougre ? J'aurai bien l'occasion de l'apprendre. Je me mets en condition, règle ma respiration, attends d'attraper en vol la "bonne" seconde, celle qui me portera sur un même rythme, et... c'est parti !


Au retour


Eh bien. Rien ! Rien de rien et ça fait trois jours. Peut-être suis-je vraiment gâteux ? C'est un peu n'importe quoi en définitive. Et pourtant j'insiste. J'ai encore en moi ce souvenir palpable de cette sensation d'être bien et "d'avoir le temps". Laurent, je te promets que je vais y arriver ! En tout cas cela ne m'aura pas fait de mal, plutôt reposante comme expérience. Encore heureux que je ne m'endorme pas.



o-o-O-O-o-o



Dimanche 29 mai


Voilà maintenant douze jours que je m'entête à vouloir réussir cette expérience. Je ne sens rien de neuf dans mon état de scientifique "à la petite semaine". Mais cela n'empêche que je vais persévérer. Bon il faut noter ici que peut-être dois-je avoir d'abord une certaine pratique de la chose avant que cela ne fonctionne et, qui sait, étalée sur des années en définitive ? Et là, ce serait un autre problème parce que je doute faire ça tout le reste de ma vie. Laurent il faudra te tourner à ce moment-là vers quelqu'un d'autre ! En attendant il est l'heure de retenter l'expérience.


Au départ


Mon fauteuil ! Depuis des jours que je le retrouve celui-ci, il va finir par s'user plus vite que la normale ! Je reprends donc ma respiration tranquille, j'ai cette fois-ci branché un appareil qui mesure la vitesse des battements de mon cœur. On ne sait jamais cela peut toujours servir ! Ma montre est une fois de plus prête dans l'autre pièce. Il est temps de démarrer l'expérience.


Au retour


Cette fois-ci, j'ai donné beaucoup de sérénité dans mon travail. Peut-être plus que les autres fois. Ai-je remarqué quelque chose de particulier ? Je ne saurais dire en vérité. Mais il est fort possible en tout cas, et je le crois intimement, qu'il se soit passé quelque chose d'assez étrange. Ce cahier est là dans ce but, et c'est réellement une bonne idée que j'ai eu de l'utiliser comme témoin de mon expérience. Donc voilà, je suis resté dans mon fauteuil je dirais près de trente minutes. Je le sais parce que c'est ce que ma montre suisse indiquait lorsque je me suis penché vers elle. Or, en cours d'exercice il m'a bien semblé avoir eu la chance de pouvoir attraper en vol l'une de ces satanées secondes. J'ai eu la nette impression que je la tenais d'une main. Aurais-je retrouvé mon esprit d'enfant ? Celui qui croyait tout possible ? Bon en tout cas il est clair que je ne dois pas en rester là, et dès demain je renouvelle une fois de plus l'expérience. La chose avait l'air convaincante en tout cas. En attendant, j'ai un e-mail à envoyer. Dois-je préciser ici à qui ? Laurent bien sûr !



o-o-O-O-o-o



Lundi 30 mai


Et c'est reparti pour une nouvelle tentative. En toute franchise, si hier je n'avais pas eu cette sensation de réussite, aussi minime soit-elle, je crois bien que je me serais arrêté là. J'ai d'autres choses à faire. Il me faut aussi noter, avant de commencer, que j'ai donc contacté mon ami Laurent par courrier électronique. Et lorsque je lui ai, un tout petit peu et sans donner plus de précisions, fait part de mes tentatives et de ma façon de faire pour avoir, je dirais, un peu de temps en rab, celui-ci m'a bien amusé car il eut une question assez pertinente.


« As-tu réellement tenté l'expérience durant plusieurs jours ? »


Oui, Laurent, oui. Je te l'assure ! Et je te promets une chose : si je réussis à gagner du temps dans mes journées, je t'expliquerai le truc ! C'est le but, non ? Mais il est temps de me préparer consciencieusement et de me lancer à nouveau à la chasse aux secondes.


Au départ


Je suis bien, serein et reposé. J'ai omis de préciser qu'avant chaque tentative il faut absolument prendre un bon bain. Se préparer en quelque sorte. Le fauteuil est prêt, l'horloge aussi ainsi que ma petite montre en qui j'ai toute confiance. D'ici peu je vais m'asseoir et me connecter avec une autre dimension. Pourvu qu'elle m'apporte ce que je cherche bien vite.


Au retour


Oh j'ai eu quelque peu de mal à émerger cette fois-ci. Mais voici le résultat. J'ai bien réussi à attraper au vol l'une de ces secondes. Je dois dire que c'est impressionnant de ressentir que le temps passe et que l'on ne peut rien y faire. En tout cas, moi je persiste : j'ai peut-être la solution. Tu sauras Laurent, j'ai peut-être bien trouvé le moyen de freiner ce bateau ivre qu'est le temps qui fuit. Alors donc, je suis là pour le rapport, non ? Il me semblait dire plus haut que j'avais réussi à prendre au vol une seconde ! Peut-être était-ce la moins rapide ? Que c'est amusant...


Bref, de toutes mes forces, je me suis mis à croire avec une certaine certitude que je la tenais. Une fois donc la chose faite, et toujours les yeux fermés et en gardant une totale maîtrise de moi, j'ai commencé par suivre le rythme imposé par le défilement du temps. Au fur et à mesure je réussissais à me raccrocher, et il n'y a pas d'autres mots, à tous ces tics et autres tacs de l'horloge, un peu comme si je jouais à saute-mouton avec ma vie. Oui, c'est bien ça en fait, j'ai trouvé la bonne expression. Donc durant quelques secondes, je me raccrochais à mon propre temps qui passe et essayais de le ralentir tout en gardant une certaine conscience de moi et surtout de mon horloge interne. Le rythme me traînait vers un ailleurs dont je ne voulais pas encore. Mais qu'est-ce que je me sens fatigué.



o-o-O-O-o-o



Samedi 4 juin


Voilà quelques jours que j'ai retrouvé l'immense plaisir de surfer sur la vague du temps. Quelques jours qu'il m'est à nouveau possible de rester en rythme avec celui-ci qui s'écoule devant moi. De temps à autre maintenant, je tente de les ralentir, ces secondes fuyantes. Je m'accroche à elles comme si elles étaient des comètes et moi leur queue. Et puis je les tire vers l'arrière dans le but de les ralentir. Mais la meilleure de toute cette histoire est que j'ai l'intime conviction d'y arriver bientôt !


Au départ


Me voici arrimé dans mon bon vieux fauteuil, je dis vieux parce qu'il a peut-être pris de l'âge par rapport à moi depuis que je fais cette expérience ? Tout est prêt pour l'envol. Montre, horloge, cahier et moi-même sommes tous fidèles au poste. Il est grand temps.


Au retour


Un peu l'esprit fatigué une nouvelle fois. C'est à noter, car peut-être que cela a sa part d'importance dans cette aventure. Cette fois-ci, il n'y a plus de doute. Il m'a été réellement possible de ralentir un tant soit peu six ou sept de ses secondes ! Véridique ! La preuve en est que le décalage est voyant entre ma montre et cette vieille Napoléonienne qu'est mon horloge. Oh pas de beaucoup non, puisque seul le rythme est décalé. Mais la preuve en est que je l'entends par le tic-tac.


Alors comment expliquer la chose ? Quatrième dimension ? Réelle faculté de l'esprit sur la matière ? Aurais-je véritablement ralenti le temps ? Ou du moins celui qui m'appartient, puisque seule la montre suisse a gardé le rythme d'origine. Que penser de cette affaire ? Dans l'immédiat je ne vais pas en parler à Laurent. Mais d'ici peu je pourrai enfin lui proposer une façon de faire qui lui permettrait d'avoir du temps en rab. Cela va lui faire grandement plaisir et dès demain, à la même heure, je repars !



o-o-O-O-o-o



Lundi 6 juin


Hier je n'ai rien noté dans ce cahier. Il n'est pas besoin d'y écrire tous les jours, puisque de toutes façons très souvent l'expérience reste quasiment la même à une journée près. Mais aujourd'hui, je compte bien aller plus loin dans cette aventure. J'ai l'espoir d'arriver à ralentir, - qui sait ? - une seconde entière et pourquoi pas deux ? Ce qui serait une avancée formidable pour cette expérience un peu folle.


Au départ


Fin prêt pour le décollage, j'ai bien attaché ma ceinture si je puis dire, et d'ici peu, à nouveau, je vais repartir vers ce nouveau monde temporel. En réfléchissant, je me dis que c'est merveilleux de pouvoir "marcher" ainsi aux côtés du temps qui passe. Combien de grands philosophes n'ont-ils pas rêvé de voyager ainsi ?


Au retour


Oh, cette fois-ci, je me sens las, je me demande s'il ne faut pas intégrer dans cette expérience des moments de repos. Je préconise six jours de tests et puis une journée sans, afin de récupérer. En réalité, les efforts demandés pour créer des "extensions de temps" (j'ai nommé cette pratique ainsi car je crois que c'est le cas), sont beaucoup plus fatigants que ce que j'avais prévu. Après chaque séance, maintenant, je le ressens. Mais ça ne fait rien ! Bon, qu'en est-il aujourd'hui ?


Eh bien au vu de ma montre et du lent tic-tac de la Napoléonienne, j'ai réussi à atteindre quasiment deux secondes de décalage. Les choses se précisent et je peux en être fier ! Juste une annotation : j'ai l'impression qu'aujourd'hui ces efforts m'auront fait transpirer. Je me sens un peu flasque. Comme si mes gestes étaient lents. La fatigue. Du repos me fera un grand bien. Demain je ne tente rien. C'est décidé.



o-o-O-O-o-o



Vendredi 10 juin


Je me prépare à reprendre mon test. Je couche ici mes impressions depuis maintenant près d'un mois. La fatigue me gagne malgré le repos du soir et mes cours de relaxation. Eh bien oui, j'ai démarré des cours dans un club. Cela fait deux jours. Je prends toujours mon bain avant la séance d'extension de temps. J'y reste près d'une heure pleine. Et néanmoins, je me sens toujours plus lent dans mes gestes. Un peu "à côté de la plaque" comme on dit. Je n'ai pas rappelé Laurent, ni consulté mes e-mails. Je me demande ce qu'il en pense. Malgré ces quelques petits désagréments, j'ai décidé de continuer à réussir pleinement cette expérience. Et puis je dois dire que je n'ai pas été raisonnable. En effet, je ne me suis pas autorisé de jour de repos. En définitive je n'ai nul besoin de break. Trop impatient de réussir. Quant au résultat donné ? Eh bien j'arrive maintenant à retenir les secondes un peu comme je veux. J'ai compris l'astuce. Le déclic s'est fait et il m'est réellement possible de maintenir une seconde hors du temps ! Secondes après secondes, elles se laissent maîtriser un peu comme je le veux. Je suis le maître du temps !


Mais mon Dieu que je me sens fatigué.


Au départ


Je suis vraiment content de pouvoir me mettre dans mon fauteuil. C'est un peu comme si plus rien d'autre n'avait d'importance par rapport à ces instants magiques que je passe avec mes montres et horloges. Je suis devenu le maître et je prends le temps, et là, nulle expression n'est employée, mais c'est la réalité dans toute sa puissance. Je suis le "propriétaire" de ma vie et puis la rallonger à ma guise. Cette fois-ci, le but de mon expérience, sera de retenir au maximum les secondes, de me lever du fauteuil et de vaquer à quelques occupations somme toutes normales. Vivre dans l'instant ! En quelque sorte, comme figé dans un espace temporel sans tic-tac. Je ne traîne pas et m'installe de suite. Je précise que depuis quelques jours, j'ai rajouté des montres et horloges un peu partout. Quelle puissance que de voir tous ces cadrans sous contrôle !


Au retour


Hum j'ai beaucoup de mal à bouger. Sensation d'être au fond de l'eau. Tout est si calme autour de moi. J'ai à l'instant pris la décision d'arrêter l'expérience suite à un phénomène suffisamment étrange pour que j'en sois inquiet. Oh qu'il m'est difficile d'écrire...

Donc...

Et que j'ai mal à la tête !

Je disais que, oui, le bruit ! En cours de test, ma vieille Napoléonienne s'est brusquement arrêtée. Je tenais, de par mon esprit, l'une de ces satanées secondes, ah celle-ci ne pouvait rien faire elle était bien prisonnière, et puis soudain donc plus un bruit ! Plus de tic-tac. Je viens donc de me lever à l'instant et c'est pourquoi j'écris de suite mes impressions sur le cahier. À noter qu'il m'a été fortement difficile de prendre ce stylo... Comme si cela me coûtait tous les efforts de la journée.


J'arrive à écrire, encore heureux, mais si lentement... Je crois qu'il me faut prendre l'air. Oui, c'est cela, je vais un peu sortir, reprendre quelques forces, et puis, je reviens ici terminer de coucher mes impressions.


Oh mon Dieu, combien de temps s'est-il écoulé depuis que j'ai posé mon crayon et que je suis sorti ? Je n'ai plus rien qui puisse m'indiquer l'heure ! Tout est arrêté. Les montres sont stoppées dans leur course. Nulle n'indique l'heure ! Que se passe-t-il ? Je ne puis plus courir, ni penser rapidement, mes gestes sont lents, si lents. J'ai voulu au retour de ma promenade, téléphoner à Laurent. Mais rien ! Aucune intonation dans l'écouteur. J'eus beau réessayer plusieurs fois de le contacter, à chacune de mes tentatives je ne rencontrais que le vide. Ma sortie de tout à l'heure a viré au cauchemar ! Mais que suis-je devenu ?


Dans la rue, tout est figé ! Rien ne bouge ni ne vit ! Lorsque je suis sorti de chez moi après cette courte expérience aujourd'hui, je crus bien faire et il me semblait que j'allais retrouver de la vie. Mais non, oh mon Dieu, tout est si mort ! Je suis allé jusqu'à l'église, qui se trouve sur la place près de chez moi, même cette immense horloge, qui jamais ne s'est arrêtée, ne fonctionne plus ! Elle n'avance plus et ne rythme plus le temps !!!


Que suis-je devenu ? Est-ce mon cerveau qui me joue des tours ? Et pourtant les gens sont là, debout sur les trottoirs, mais si figés dans leurs expressions. Dans le ciel il m'a semblé apercevoir quelques oiseaux. Eux aussi paraissaient ne donner aucun signe de vie !


Que dois-je faire ? Retourner dans ces rues hantées par des ombres ? À l'aide... Oh mon Dieu, à l'aide...




Copyright Olivier Fischer 8 août 2007© Conformément au Code de la propriété intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage et ses illustrations, et ce, par quelque moyen que ce soit, sans l'autorisation préalable de l'auteur.


 
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   pupuce   
22/8/2007
Je mentirai en disant que j’ai apprécié la forme (mais d’autres Oniriens sont plus compétents que moi). J’ai même trouvé le texte finalement un peu longuet dans certains cas. Je n’ai pas non plus compris le rôle réel de Laurent. Je n’en ai pas vu l’utilité. Mais j’ai par contre beaucoup aimé l’idée. Ce n’est plus la machine à remonter le temps, ni la recherche du temps perdu, mais la recherche de l’extension du temps qui nous est imparti, quitte à se retrouver finalement seul. J’aime beaucoup les phrases suivantes « je suis devenu le maître et je prends le temps » ou encore « je suis le "propriétaire" de ma vie », tout un programme de discussions philosophiques sans fin, mais si on a le temps pourquoi pas. Cela va sans dire !

   Cyberalx   
23/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
écrire sur le temps est déjà un exercice périlleux en soi, trouver un angle de vue particulier et n'ayant pas encore été exploré est plus ardu encore...

Pourtant, tu ne te démontes pas et tu nous trouve un angle qui m'a l'air original (et à ma connaissance inédit), et tu ne te débrouilles pas mal du tout pour l'exploiter.

Le problème du huis clos est qu'il faut garder le lecteur en haleine, ici, même si je trouve le tout plutôt bien emballé, j'avoue que je me suis un peu ennuyé dés le milieu du texte, j'ai trouvé qu'il manquait quelque chose, un rythme plus soutenu, une dynamique plus forte peut être.

La fin m'a déçu mais, là, il s'agit d'une considération toute personnelle : je m'attendais à une fin à la hauteur de l'idée.

En somme, un bon moment de lecture qui gagnerait certainement à être retravaillé.

   guanaco   
24/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Curieuses sensations. Le début qui part sur une base originale (ça été dit), un récit qui s'enlise dans les tentatives du narrateur mais finalement ce narrateur a réussi ce qu'il voulait peut-être? Rendre le temps plus long...
C'est le rythme qui m'a manqué dans ce texte car quelques fois j'ai vraiment l'impression que je suis devant la trotteuse et qu'on me dit: "vos paupières sont louououourdes...!"

   Bidis   
22/9/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Texte très curieux. A la fois fluide et mal écrit. Génial et absurde.

Pour l’écriture, je prendrai deux petits exemples parmi toutes les expressions « parlées » et tournures peu heureuses dont fourmille le texte :
-« beaucoup de mes contemporains ont eu un jour ou l'autre la même réflexion » au lieu de « se sont fait la même réflexion »
-j'y pense beaucoup et me casse pas mal la tête – pléonasme et expression parlée (se casser la tête)

Côté génie, cela fait penser à Bernard Werber et ses expériences avec les confins de la mort (Les thanatautes)
Côté absurde : Le temps lui-même, dans l’absolu, n’est pas décomposé…. c’est l’homme qui a inventé de le fragmenter

Mais j’ai marché et ne me suis pas ennuyée du tout.


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