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Fantastique/Merveilleux
oxoyoz : Souffle, Flotte et Flamme
 Publié le 13/09/08  -  7 commentaires  -  9594 caractères  -  28 lectures    Autres textes du même auteur

Le vent souffle et se perd, l’eau coule et fait des rêves, le feu brûle et s’énerve.


Souffle, Flotte et Flamme


Il était une fois Souffle, un petit vent qui parcourait la plaine avec sa mère. La plaine était belle : blanche en hiver, verte au printemps, jaune en été. Souffle n’avait encore jamais vu d’automne, et se demandait bien de quelle couleur s’habillerait la plaine à cette saison-là. En attendant il courait la campagne, jouant avec les feuilles et tirant les cerfs-volants. Sa mère transportait de nombreuses choses d’un bout à l’autre de l’étendue d’herbe, et le laissait parfois en porter un peu. Il était ravi d’amener l’odeur des fleurs aux papillons et le chant des mâles aux oiseaux femelles.


Mais un matin tout à fait quelconque, alors qu’il courait comme une rafale pour faire tomber les gouttes de rosées suspendues, il prit tant d’élan qu’il passa malgré lui par-dessus la colline bordant la plaine. Tout bête et tout seul, il se retrouva alors dans une vallée inconnue. Désemparé, Souffle essaya de gravir à nouveau le flan du monticule, mais ce versant-là était bien plus abrupt, et chaque tentative s’avérait plus vaine que la précédente. À bout de souffle, le petit vent alla tourner en rond dans la vallée et arriva au bord d’un lac. Il n’avait jamais vu d’étendue d’eau, c’était beau, froid comme les rochers à l’ombre, brillant comme les étoiles la nuit, malléable comme l’herbe de la plaine. C’était drôle, en appuyant dessus, elle se plissait.


- Hé ! toi, le vent ! appela soudain l’eau.

- Hum ?

- Je m’appelle Flotte, et toi ?

- Je m’appelle Souffle. Je suis perdu.

- Un vent perdu ? C’est marrant ça. Je pensais que les vents étaient partout chez eux, libres comme l’air, capables d’aller où bon leur semblent.

- Peut-être bien, mais moi je veux aller dans la plaine, et j’y arrive pas.

- Moi je veux partir d’ici, je veux voir d’autres horizons.

- Qu’est-ce qui t’en empêche ?

- Je peux difficilement me déplacer seule tu vois. Tu veux bien m’aider ?

- D’accord. Je fais quoi ?


Flotte expliqua à Souffle qu’elle voulait traverser le grand lac pour atteindre la rivière qui s’écoulait dans la vallée.


- Plus fort, plus fort, je fais que rouler sur moi-même là, se plaignit l’eau.


Redoublant d’intensité, Souffle poussa de toutes ses forces, les ondelettes devinrent des vagues, et Flotte traversa le lac, glissant en écume jusqu’au début de la rivière.


- Merci à toi le vent. Pour rejoindre la plaine, essaye de traverser la forêt. À une prochaine fois peut-être, dit Flotte en coulant le long de la berge.


Souffle suivit les conseils de sa nouvelle amie et se dirigea vers le bois. C’était difficile de s’y déplacer, le lieu était sombre et plein d’obstacles, troncs et branches. Téméraire mais pas courageux, le vent préféra rejoindre la lisière. Sifflant dans les feuilles en longeant celle-ci, il passa sur un petit cercle de pierres.


- Ahhhh… merci. Tu veux pas recommencer ? dit une petite voix.

- De quoi ? demanda Souffle surpris.

- Je m’appelle Flamme, j’ai bien cru que j’allais m’éteindre, mais tu m’as attisée. Tu veux bien recommencer ?

- Euh… d’accord, mais tu es quoi ? et qu’est-ce que je dois faire ?

- Je suis un feu bien sûr ! J’étais épuisée alors je me suis cachée sous une braise. J’ai besoin d’air, tu veux bien m’en donner ?


Souffle passa et repassa, Flamme respira à grandes bouffés, s’étira, soupira et reprit des couleurs.


- Merci, je me sens mieux là. Mais qu’est-ce que j’ai la dalle !

- Et qu’est-ce que tu manges ?

- Du bois, c’est ce que je préfère. Là, à côté il y a un arbre mort, tu veux bien m’y emmener ?


Flamme s’accrocha à sa braise et Souffle la porta jusqu’au creux de la souche.


- Tu es bien là ?

- Oui ça va. Et j’ai plein à bouffer.

- Ça te suffira ? Tu feras quoi quand il ne restera plus rien de cet arbre ?

- Oh, j’en ai pour un bout de temps si je le grignote doucement. Puis après j’irai sur cet autre arbre. T’en fais pas.

- D’accord. Alors je te laisse, je vais essayer de rejoindre la plaine.

- Ça risque d’être dur par ici. Rejoins plutôt le village, quelqu’un pourra sûrement t’y indiquer un meilleur chemin.

- Merci. Au revoir Flamme.

- Au revoir vent, et merci à toi.


Souffle s’éloigna de la forêt et arriva bientôt au village. Sa mère lui en avait parlé, mais un village était une chose bien intrigante. Un peu comme dans la forêt, il y avait plein d’obstacles, mais ils étaient ici plus espacés et formaient de larges couloirs dans lesquels on pouvait courir à toute rafale. On appelait ça des rues. Souffle s’amusait comme un fou, il courait, entrait dans les maisons en passant par les fenêtres et sortait en claquant les portes. Il passa dans une cour et aida une nappe - traversant et retraversant celle-ci - pressée de sécher pour le repas du soir. Il emportait les chapeaux de petits vieux endormis sur les bancs publics, il soulevait les jupes des filles qui sortaient de la boulangerie.


- Hé ! tu es bien espiègle toi, s’exclama un pigeon.

- Pardon ? dit le vent surpris.

- Je t’observe depuis tout à l’heure. Tu ne te lasses pas de jouer des tours. Tu n’as rien de plus sérieux à faire ?

- Ben je suis perdu, je cherche à rejoindre la plaine, on m’a dit qu’ici je trouverais de l’aide.

- C’est pas faux. Viens avec moi, je vais te montrer.


L’oiseau se faisait appeler le Pigeon Fakir. Il allait de ville en ville enseigner la voie du fakir à ses camarades. Il conseilla à Souffle de le suivre jusqu’à la plage.


- C’est quoi la voie du fakir ? demanda le vent intrigué.

- Toi tu voles sans peine et sans arrêts. Mais nous autres avons besoin de sites où nous poser afin de reposer nos ailes. Le fait est que les meilleurs sites sont toujours recouverts de pics.

- Et c’est gênant ?

- Pas pour les fakirs justement.


Après une longue discussion sur la nature et l’urbanisme, ils arrivèrent finalement sur la côte. Le Pigeon Fakir dit au revoir à Souffle et continua son chemin. Souffle longea la plage en jouant avec le sable. Il ne connaissait pas le sable, ni la mer. La mer était comme le lac, mais en plus grand. Et jouer avec le sable était encore plus amusant que jouer avec l’herbe, c’était une matière légère et docile. Il rencontra alors un autre petit vent qui jouait avec l’écume.


- Salut. Qu’est-ce que tu fais ?

- De l’embrun, répondit-t-elle nonchalamment. Je t’ai jamais vu ici toi !

- Je m’appelle Souffle. J’essaye de rejoindre la plaine. Tu sais comment on fait ?

- Moi je m’appelle Brise. Je vais demander à ma mère.


La mère de Brise poussait les voiliers, elle gonflait les grandes voiles et amenait les bateaux au large. Quand Brise l’accompagnait, elle se contentait de décoiffer les marins. La mère de Brise expliqua à Souffle qu’au Soleil, il pourrait prendre de la hauteur, et qu’une fois en altitude, les Grands Vents l’escorteraient jusqu’à la plaine.


À sa grande surprise, Souffle retrouva Flotte qui se condensait.


- Tiens, qu’est-ce que tu fais là ? interrogea l’eau.

- J’ai pas osé traverser la forêt. Alors je suis venu jusqu’ici sur les conseils de gens que j’ai rencontrés.

- Alors je vais faire le reste du voyage avec toi.


Souffle dit adieu à Brise et sa mère, puis lui et Flotte profitèrent de la chaleur du Soleil pour s’élever avec douceur dans le ciel. Flotte était élégante et vaporeuse, habillée pour la première fois en nuage. Une fois qu’ils eurent atteint un banc de cirrus, les Grands Vents firent avancer le cortège, comme une locomotive éolienne et ses wagons nimbus. La journée s’achevait, et au-dessus de cette mer de coton, la lune et les étoiles commençaient à briller. Souffle trouva alors dans ces ensembles de gouttelettes en suspension un matériau plus souple et ductile que tout autre. Il cisela et façonna les nuages, les pétrit et confectionna des formes abstraites et évanescentes.


Mais lorsque la parade blanche arriva aux abords de la forêt, ils virent celle-ci rougeoyer comme un coucher de Soleil. Flamme, ivre de grandeur, s’étendait, s’étirait, pour brûler toujours plus et plus loin. Les arbres n’étaient plus que des torches et le bois une immense fournaise. Consumant tout sur son passage, Flamme comme en transe dansait sur ses braises. Sourde aux appels de Souffle et aveugle à son désastre, elle rongeait bois et branches avec allégresse.


- Mais faut faire quelque chose ! dit le vent terrifié par le spectacle, faut l’arrêter !

- Presse-moi, compresse-moi, répondit Flotte, je vais la calmer.


Souffle enlaça et serra le nuage pour que Flotte pleuve sur Flamme. Le nuage se vida en une nuée de gouttes qui piquèrent le feu comme un flot de flèches. Souffle pressa son étreinte et Flotte se fit diluvienne. Les trombes d’eau agressaient les langues de feu, qui n’osaient plus rien lécher. Sous un bombardement terrible et massif, Flamme perdit peu à peu son ardeur. Assaillie et harassée, elle finit par se réfugier au creux d’un arbre. La bataille finie, Flotte ruissela au milieu des racines, charriant avec elle la suie noire de la folie carnivore de Flamme. Celle-ci reprit doucement ses esprits. Honteuse, elle demanda pardon pour le mal qu’elle avait fait.


Après cela, la forêt repoussa avec lenteur, se nourrissant de ses propres cendres. Flamme fut apprivoisée et travailla dans une forge où elle était bien nourrie. Flotte continua ses cycles de l’eau, d’une rivière à une autre, de fleuve en embouchure. Elle venait de temps à autre voir Souffle, qui avait retrouvé sa plaine. Elle lui racontait ce qu’elle avait vu dans ses voyages. Elle pétillait presque, emportée par sa narration. Le vent l’écoutait et, se faisant illustrateur de ses propos, il sculptait dans les nuages.



 
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   xuanvincent   
13/9/2008
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai apprécié ce conte pour sa fraîcheur.

Les rencontres successives du petit vent m'ont fait penser à un conte initiatique. Au terme duquel le personnage sortira grandi.

Je note l'absence de sujets dans différents dialogues. Cela donne l'impression d'un langage parlé mais par moments peut-être qu'il aurait été possible d'écrire le sujet.

A la fin, tout est bien qui finit bien.

Détails :
. "A bout de souffle" : cette expression suit "Souffle" (le nom du vent), j'aurais préféré quelque chose du genre " tout essouflé".

. « qu’est-ce que j’ai la dalle », "j'ai plein à bouffer" : ces expressions m’ont paru trop familières, en décalage avec le reste du texte.

. « après une longue discussion sur la ville et l’urbanisme » : je n’ai pas trop aimé « urbanisme », quelque chose de plus simple comme « la ville » m’aurait davantage plu.

   victhis0   
13/9/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ca c'est une idée ! Bien vu. j'aime beaucoup la poésie et la malice de cette nouvelle ; tout comme xuanvincent je déplore quelques expressions triviales, mal venues (flotte, bouffer, etc.) qui gâchent un peu le plaisir; la fin ou tout rente dans l'ordre me déçoit un peu et reste trop anthropomorphique (pourquoi Flamme devrait elle s'excuser? elle fait son boulot de flamme et ne doit pas en rougir (hi hi). Merci Oxoyoz

   Anonyme   
13/9/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Désolé j'ai pas aimé..

Je trouve et l'écriture et l'histoire un peu 'simplistes' (sans être désobligeant oxo).
Mon avis ? On dirait un exercice d'écriture pour ado dont l'auteur se tire pas trop mal.
L'écriture est certes correcte et appliquée. Mais sans relief et sans risque..
Sinon pas grand chose..

Pour moi c'est très moyen..Et encore !

   Maëlle   
14/9/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Toute encore sous le charme des "confession d'accessoire", j'ai du mal à me faire à ce ton là. C'est très simpliste, volontairement, mais en effet parfois trop.
Reste un joli petit conte, de facture très classique, avec quelques pointe d'humour. Ce qui n'est pas si mal, non plus.

   Anonyme   
19/9/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai trouvé ce texte rafraichissant, ça m'a fait penser aux comptes du style les musiciens de Breme ou un truc comme ça...
J'aurais aimé qu'il soit plus long, un rien plus long, plus de protagonistes peut-être?
J'ai particulièrement apprécié les rencontres et les dialogues.

Merci m'sieur.

   Cha   
19/9/2008
C'est un conte un peu comme ceux que je dévorais dans les énormes "Mille ans de contes", avec une ambiance douce et plusieurs degrés de lecture, selon l'âge... Sauf que ce n'est pas un conte classique.

D'abord, il y a les dialogues. Le registre et la syntaxe sont familiers, comme s'ils étaient dits par des enfants qui discutent entre eux. À mon avis, c'est une bonne chose qu'ils tranchent avec le reste du texte, ils le rendent plus original. Sortons donc des conventions du conte traditionnel !

Ensuite, il y a le pigeon fakir. Même si le passage est raconté dans le même style que le reste, c'est presque un OVNI dans l'histoire. J'ai quand même été très agréablement surprise de tomber sur ce dialogue à moitié absurde entre un petit vent et un pigeon qui sait marcher sur des pics à brochettes. Mais une histoire consacrée entièrement au petit volatile sera la bienvenue...

Enfin, il y a la poésie, parce que mine de rien, les parties narratives du texte en comportent. Particulièrement dans le passage où Souffle teste ses talents de sculpteur de nuages, c'est onirique mais pas lourd. Dommage, au contraire le premier paragraphe donne toujours une petite impression de mièvrerie, même une fois qu'on a lu le texte et qu'on sait à quoi s'attendre.

J'en retiendrai surtout la douceur de l'ambiance et la fraîcheur des personnages. Et le pigeon fakir, bien sûr...

   Flupke   
17/10/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Pendant toute ma lecture je ne cessais de me répéter à moi-même « c’est mimi ! ». Un texte plein de fraicheur. Je pense qu’avec de chouettes illustration ça pourrait faire un bon livre pour enfants. (Cette dernière remarque se veut un compliment et non pas une critique négative). Lecture vraiment agréable. Merci


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