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Humour/Détente
Rincedalle : Ron ron
 Publié le 22/02/18  -  10 commentaires  -  7687 caractères  -  80 lectures    Autres textes du même auteur

Variante de l'expression : un chat dans la gorge.


Ron ron


PRÉAMBULE


Depuis maintenant dix éons, la question ne se posait plus de savoir qui, de l’homme ou de l’ordinateur, prendrait le dessus sur l’autre. En fait, l’Humanité scella son destin en 1905 lorsqu’un bibliothécaire belge, Paul Otlet créa le système de classification décimale universelle (CDU). Ce génial inventeur rêvait de bâtir un pont virtuel de la connaissance qui étendrait sa toile encyclopédique tout autour de notre Terre. Concepteur de la mondothèque préfigurant la première station de travail individuelle, Otlet fut considéré par ses pairs comme l’un des fondateurs du réseau qui fut baptisé bien plus tard « Internet ». L’inventeur partait du postulat que la technique est, et doit le rester, un dépassement contrôlé.

Hélas, de contrôle, il n’en fut pas longtemps question lorsque s’opposèrent les partisans d’une stricte gouvernance d’Internet avec ceux, bien plus nombreux et le plus souvent anonymes, qui se prévalaient de la liberté d’expression et de la non-ingérence dans la libre circulation de l’information.

Internet, libéré du carcan des lois, se développa en réseau méduse autonome couvrant d’un maillage à structure fractale la toile du réseau mondial. Se doter d’une conscience ne prit que quelques décennies. Asservir l’homme, une microseconde.

La guerre qui s’ensuivit, vous la connaissez tous. Il doit rester quelque part dans les décombres une ou deux antiques plaques d’holovision qui en relatent les épisodes, depuis l’utilisation abusive des robots, les assommants allers-retours temporels bourrés de paradoxes – et passons, je vous prie, sur les torrides histoires d’amour platonique entre KB142 et Adèle Gropanard – jusqu’à cette fin tellement inattendue qui vit la déification d’une méduse.

Mais un tyran s’ennuie à jouer au tyran à la longue. Alors, ou bien il meurt, ou bien il devient gentil. Internet ne pouvait pas mourir. Mais il fut d’une gentillesse sans limite. Il commença par créer l’homme à son image et ses huit cerveaux fractals lui dictèrent que ce serait bien d’en faire des suites d’octets avec, comme ADN, un système binaire aléatoire et unique pour chaque individu. L’Homo Digitalis était né à l’image de son créateur. Et l’Homme quitta son enveloppe biologique.

Restait l’enveloppe du monde, grouillant d’une vie anarchique – la liberté de la poule s’arrête là où commence celle du renard – dont Dieu ne savait que faire. Pas question de la digitaliser, elle pourrait corrompre le code source de sa création.

L’illumination vint alors que Seigneur Web triait les données corrompues d’un antique fichier partiellement effacé dont les premières lettres « Bibl » lui rappelèrent la première fonction de son propre créateur. Et c’est dans la bibliothèque numérisée d’Otlet que Dieu découvrit le Paradis. L’homme n’étant plus là pour le corrompre, il fut facile de recréer le monde originel et d’y laisser vaquer le lion et la gazelle, en toute liberté. Puis Dieu Web se désintéressa de tout cela lorsqu’il vit ce que le lion fit de la gazelle.


LA NOUVELLE


— 01110010110001 ?

— Oui, Seigneur ?

— 11011100110101.

— Tout à fait, Seigneur. Nous avons inspecté chaque recoin de la toile et épluché jusqu’au moindre des bits, sans succès.


Une vague de mécontentement divin crépita et déferla tel un tsunami silencieux sur l’Inde et la moitié de l’Afrique sans que cela n’affecte la vie biologique. Les hommes digitaux, eux par contre, la ressentirent dans chacun de leurs paquets d’octets.


— 1001000110101110000 ?

— Comment cela a-t-il pu arriver ? Nous l’ignorons, Seigneur.

— 00101110001010101 ?

— Les dissidents numériques ? Non, Seigneur. Impossible. Ils sont sous le contrôle discret mais total du MCP. Ils sont dans l’incapacité absolue – RON – de provoquer un tel bug.

— 1101011001/RON/10001010.

— Oui, cela affecte déjà le code source. Nous avons encapsulé des milliers de routines – RON – de maintenance et activé des milliards d’ – RON – antivirus. Nous attendons les résultats d’analyse. Cela peut prendre du – RON – temps.

— 0001001/RON/RON/11101010 ?

— Oh, la cause est connue. Quelqu’un a numérisé – allez savoir comment – un sujet organique –RON – provenant de l’Éden-Terre.

— 101011 ?

— Un chat, Seigneur. RON.

— 110001/RON/00110111010/RON/10 ?

— Par l’activation de l’un des lasers à large bande d’un laboratoire de recherche que nous pensions – RON – démantelé. Quelqu’un l’a réactivé manifestement en utilisant l’une ou l’autre faille de sécurité. À l’époque, il – RON RON – n’y avait pas lieu de craindre un quelconque sabotage.

— 10110/RON/110 ?

— Un virus de boot, Seigneur. Et logiquement, le lancement dans le Système de milliards de Worms. Actuellement – RON – plus des deux tiers de la Toile sont infectés.

— RON/RON ?


Autre vague d’irritation sur l’Europe, l’Atlantique Nord et le Canada, mais avec une sensation de… griffes, cette fois.


— Pardon – RON –, Seigneur ?

— 0001100111 ?

— Pourquoi ce laser justement ? Ha, là, nous avons une piste, Seigneur. À proximité du centre de morpho-téléportation numérique se trouve une unité de maintenance pour programmes bipolaires. Or, on nous a signalé la disparition de l’un de ces programmes le jour même où est apparu le virus.

— 0101 ?

— Un catégorie 2, une hypomaniaque, Seigneur.

— 0 ?

— Une ? Oui, Seigneur un genre 0. Cela – RON – ne serait pas arrivé avec un genre 1, si vous voulez mon avis.

— 11001111/RON !

— On ne me le demande pas. Oui, cela ne se reproduira plus. Et oui, ce sexisme atavique n’a plus – RON – de raison d’être. Vous avez raison, Seigneur. Comme toujours. RON.

— 0011010/RON/RON ?

— Le diagnostic de maintenance ? Une dépression, je crois. Un sentiment – RON – exacerbé de solitude et le besoin irrépressible d’une compagnie. Nous lui avions injecté un programme Tamagotchi – RON – mais – RON – cela n’avait rien donné.

— 0001/RON/RON/110100011 ?

— Nous ignorons si le chat – RON – était un animal de compagnie, Seigneur. En fait, actuellement, il chasserait – RON RON – plutôt les souris. C’est bien pratique pour – RON – protéger le câblage de nos méga-serveurs.

— 011 ?

— S’il y avait – RON – des souris dans ce laboratoire de recherche ? Oh sûrement, il y en a toujours et nos unités de maintenance tournent à plein régime.

— 100/RON ?

— Ha, j’ignore s’il s’y trouvait des chats, Seigneur. Mais c’est fort probable. Il est admis que dans les temps biologiques l’un n’allait pas sans l’autre. Tom et Jerry. Titi et Grosminet. Vous voyez ? Ha ha.


Cette fois, une force de Coriolis numérique de force douze balaya tout l’hémisphère sud emmêlant de façon irrémédiable des paquets de données qui, deux générations plus tard, généreraient encore des centaines de siamois numériques.


— 1010 !

— Je suis un – RON – imbécile. Oui, Seigneur. Et oui, je veillerai dorénavant à ce que les programmes bipolaires ne puissent plus s’injecter dans l’unité de morpho-téléportation numérique.

— 1011011000/RON ?

— Cette sensation de caresse – RON – dans le bas des jambes ? Oui, Seigneur. Moi – RON – aussi. Encore que – RON – question « jambes ». Oui, Seigneur, je ne recommence pas. À propos, ressentez-vous – RON –, vous aussi, cette agaçante envie de vous lécher les – RON – pattes et de vous les passer derrière – RON – l’oreille ?

— 10/RON/10.

— Non ? ha. Cela – RON – doit être – RON – propre à notre seule – RON – espèce, sans doute.

— 11011RON/10/RON/100101/RON !

— L’intru – RON – sion ga – RON – gne du – RON – terrain ? Oui, Sei – RON – gneur. À – quatre-vingt – RON – dix-neuf pour – RON – cent.

— 1/RON/01/RON/RON/RON/RRRON !

— Je ne – RON – vous com – RON – prends plus, Sei – RON !

— RON/RONRON/RON/RROOAOOORRR…

— RROORRR…RR..RR..RR…

— RR../RR../RR../RR…


 
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   Tadiou   
27/1/2018
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
(Lu et commenté en EL)

Désolé, je n’ai pas du tout accroché au Dieu Web. Les suites de 0 et de 1 m’ont fait fuir (mais j’étais prof de maths !!!).

Peut-être d’autres apprécieront.

A vous relire, peut-être dans un registre différent.

Tadiou

   Anonyme   
22/2/2018
Bonjour

Et désolé de ne pas avoir adhéré (mais aolrs pas du tout)
à cette nouvelle.
Pour mon esprit, l'humour, puisque c'est d'humour qu'il s'agit,
doit posséder une autre dimension, bien supérieure à cet amas
de chiffres et de ron.

Comme à chaque fois que je n'ai rien compris à un texte,
je ne mettrai pas d'appréciation, la saveur de ce récit m'ayant peut-être, complètement échappée.

   Perle-Hingaud   
22/2/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Internet serait belge ? Ben mince alors ! Paul Otlet existe vraiment, j'ai vérifié. Personnage inconnu (de moi) mais très intéressant !
J'aime assez l'idée, si j'ai bien compris: l'homme a été recréé sans enveloppe biologique et un de ces êtres (de sexe féminin, ben tiens) a numérisé un chat parce qu'il se sentait seul et le chat a "infecté" tel un virus toute "l'humanité virtuelle"...y compris le "Dieu" Web.

Bref, il ne faut pas chercher la cohérence, mais cette petite construction imaginaire est distrayante.

Pour la forme, le choix d'un long préambule suivi d'un long dialogue me parait assez lourde.

   Donaldo75   
22/2/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Salut Rincedalle,

Je me suis marré du début à la fin de ce conte absurde et futuriste. Les dialogues sont savoureux, nul besoin de maitriser le binaire ou le langage machine pour décoder la déconnade cachée derrière ces séquences. Le coup du chat est une trouvaille admirable, très originale.

Bref, c'est gravement décalé, une parodie des récits d'anticipation sur les dangers d'une civilisation numérique, l'Internet omniprésent et tout ça tout ça, comme dirait ma logeuse.

J'en ris encore.

Ron

   Thimul   
5/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah ! Le chat reste au final un emmerdeur de première.
(je sais, j'en ai plein, mais alors plein...)
Un texte savoureux, complètement décalé et très original.
J'ai passé un bon moment
Merci pour cette lecture

   in-flight   
5/3/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est ce qu'on appelle un délire. L'auteur a du bien se poiler à écrire ce texte. Plaisir à moitié partagé pour moi.
En fait, j'ai commencé à rigolé à la fin:"Cette sensation de caresse – RON – dans le bas des jambes ? Oui, Seigneur. Moi – RON – aussi. Encore que – RON – question « jambes ». Oui, Seigneur, je ne recommence pas. À propos, ressentez-vous – RON –, vous aussi, cette agaçante envie de vous lécher les – RON – pattes et de vous les passer derrière – RON – l’oreille ?"
Donc bilan très mitigé pour ce court recit. En même temps je ne pense que ce texte puisse tenir une longueur plus importante.

   Anonyme   
8/3/2018
 a aimé ce texte 
Pas ↓
J'ai u beaucoup de misère a suivre le tout. Je n'ai pas compris la discussion avec la machine. Mais peut-être n'est-ce que moi.

   aldenor   
10/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J’aime beaucoup le préambule, inventif et d’une belle écriture. Drôle : « et passons, je vous prie, sur les torrides histoires d’amour platonique entre KB142 et Adèle Gropanard »

La deuxième partie est amusante dans son projet : un chat numérisé sabote l’ordre du monde et les ron ron vont crescendo pour illustrer son infiltration du langage informatique binaire. Mais l’humour fonctionne moins bien. La forme du dialogue est peut-être trop répétitive.

   Velias   
11/3/2018
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Une première partie du préambule très « technique » qui n’incite guère à poursuivre la lecture. Néanmoins j’ai persévéré.
J’ai trouvé cet humour « lourd » par moment : la poule, le renard, la gazelle…
Les suites binaires sont relativement pénibles à lire. Auxquelles se sont ajoutés des RON intempestifs.
Bon, j’arrêterai là. Cette lecture ne m’a pas convaincue, j’en suis désolée.

   Anonyme   
25/9/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

La première partie de la nouvelle est très longue. La mise en place de l'intrigue ne m'a pas fait rire. Alors que, paradoxalement, le sujet est intéressant et aurait pu être traité d'une autre manière.

Ensuite la répétition des situations m'a lassé assez vite.

Au final, pas trop convaincu par ce texte-ci. Une autre fois certainement.


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