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Fantastique/Merveilleux
ROBERTO : Planète oubliée
 Publié le 19/03/23  -  8 commentaires  -  28953 caractères  -  68 lectures    Autres textes du même auteur

Bien loin de la Terre, dans la constellation des Hyades, les hommes du vingt-huitième siècle installent des bases afin d’exploiter les ressources minières de ces planètes dénuées de vie… Mais d’autres formes de « vie » peuvent exister. Sur l’un de ces astres, le lac d’Hali recèle une menace.


Planète oubliée


Voici le début d’un journal intime, d’autant plus étonnant que ma formation de scientifique et mon caractère logique s’opposent à de telles futilités romantiques. De plus, mes fonctions militaires devraient m’interdire de rêver ou de laisser mon imagination vagabonder au détour des couloirs d’YDRI-86 et s’évader vers la nuit parsemée d’étincelles d’argent. Mais voici près de douze années terrestres que je scrute inutilement les yeux verts des écrans radars, mettant à rude épreuve ma concentration professionnelle…

Andromeda est une cité scientifique fondée sur cette planète par la volonté du gouvernement de la Fédération à laquelle on avait adjoint plus tardivement quelques bases militaires de type « YDRI ». À l’origine notre installation sur cette gigantesque planète, nom officiel dans la nomenclature intersidérale NGC 2156/73, ne devait durer que quelques années. Andromeda servait à l’origine de plateforme pour lancer dans un cadran de vingt-cinq années-lumière des vaisseaux d’exploration afin d’analyser les possibilités d’installations humaines sur les systèmes solaires voisins. Cette partie de la constellation des Hyades se situe sur la VGP/2 (Voie Galactique Principale deux) et à l’époque la Fédération craignait les attaques des vaisseaux pirates venus d’Hyrkas, les redoutables rebelles à l’Ordre international. Les unités militaires YDRI furent adjointes afin de jouer le rôle de sentinelles le long de la VGP/2, dans notre cas pour protéger les installations d’Andromeda.

Je n’étais guère enthousiaste à l’idée de m’exiler vers cette partie de notre galaxie ! La région des Hyades est essentiellement constituée de planètes à vocation minière d’une laideur repoussante inspirant une morosité à vous faire regretter le sable rouge de Mars ou les hivers éternels de Neptune. Mais l’administration sait comment attirer les scientifiques en quête de prime et surtout de points de pension ; chacun rêvant de finir ses jours sur Éden, notre planète-mère la Terre…

En l’année 2715, le jeune technicien de trente ans que j’étais reçut une offre de l’administration pour rejoindre une équipe militaire sur NGC 2156/73. Salaire triple, ancienneté quadruple… Je fis rapidement le calcul et je comptais accumuler en dix années assez d’éléments pour présenter ma candidature pour une nomination sur Éden. C’est uniquement cet espoir fou qui me décida à partir vers cette monstrueuse planète noire d’où toute vie est absente.

En 2716, j’arrivai sur Andromeda et l’on me confia le commandement du poste de surveillance YDRI-86. Les UMA (Unités Militaires Avancées) de type Ydri sont de petites bases autonomes où vivent quatre hommes, militaires ou spécialistes, aidés dans leur tâche quotidienne par des robots. Outre la surveillance, ces bases possèdent un armement constitué de missiles et d’un intercepteur rapide puissamment armé. La vie y est rude, le confort limité à cause de l’exiguïté des pièces réservées à la garnison.


Dès les premiers mois de notre installation, je perçus rapidement que les instances administratives et scientifiques qui dirigeaient notre colonie n’aimaient guère ce système solaire. On peut même parler de phobie de la part de certains dirigeants qui démissionnèrent dans un délai inhabituel. On chuchotait que les planètes du système NGC 2156 n’avaient pas bonne réputation ! Certains évoquaient une curieuse forme de vie sur NGC 2156/45 que les autorités avaient fait disparaître à l’aide de bombes antimatière. Un commandant de vaisseau, de passage sur notre planète, m’assura qu’un monstre hybride d’une taille gigantesque hantait le système solaire ! Tout comme les marins de l’époque lointaine de la marine à voile sur Terre, l’homme galactique s’inventait des créatures mythiques, des endroits maudits et des malédictions obscures.

En 2718, je fus convoqué, comme tous les commandants d’Ydri à Andromeda, pour apprendre une nouvelle catastrophique. La Fédération avait décidé d’abandonner les recherches dans notre système solaire et la cité d’Andromeda serait partiellement démontée et transportée vers une série de planètes plus prometteuses en ressources énergétiques. La plupart des UMA devenaient ainsi inutiles et seules trois bases seraient maintenues en vue d’une protection, fort symbolique, de la VGP/2, artère vitale à l’effort de colonisation de l’homme dans la galaxie.

Cette décision signifiait la perte d’une partie des avantages que la Fédération offrait à son personnel ; rien ne pouvait personnellement m’atteindre plus ! Après quelques négociations, je pus resigner un contrat assez avantageux, à condition de rester encore quelques années de plus sur cet astre mort. La perspective de vivre cinq ou six longues années sur ce désert éternellement plongé dans une quasi-obscurité ne m’enthousiasmait pas ! Mais je gardais en moi l’espoir d’un retour vers Éden.


* * *


Nous sommes le 12 octobre 2720, selon l’ancien calendrier toujours en vigueur sur Éden. L’homme seul que je suis aujourd’hui ne s’intéresse plus à l’heure donnée par des horloges atomiques qui tombent souvent en panne par manque d’entretien, faute qui est intégralement de mon fait.

Ma solitude a débuté avec le départ du groupe YDRI-85 et j’ai encore en mémoire l’ultime geste d’adieu de mon ami Mark Johnson-Douglas. La Fédération ne tenait plus à payer trois garnisons sur ce sol mort. Puis ce fut le malencontreux accident survenu sur YDRI-84 qui provoqua la mort d’Heinz Schaeffer et ses trois adjoints. Les faits remontent à… ? juillet 2719, je crois. Leur intercepteur venait de survoler une région où nos radars avaient détecté de curieux mouvements d’un objet non identifié. Le petit vaisseau revint plusieurs heures après un inexplicable silence radio. L’astronef se précipita sur l’aire d’atterrissage et explosa, détruisant la base. Malgré notre intervention rapide, aucun des quatre hommes ne fut sauvé.

La Fédération resta sourde à mes demandes répétées de renforts et la mort de deux de mes hommes n’arrangea pas les choses. Gustav Miller et Gregor Ivanov disparurent à quelques kilomètres près du grand lac noir au sujet duquel traînent de bien curieuses légendes. L’émetteur de leur véhicule tout-terrain avait cessé de fonctionner. Pier Andersen, mon adjoint, et moi-même découvrîmes leurs corps à plus de vingt kilomètres du dernier contact radio. Ils étaient morts apparemment sans souffrir, le visage tourné vers l’horreur de cette nuit sans fin faiblement éclairée par un soleil trop lointain. Il nous fut impossible de déterminer les causes exactes de leur décès : mauvais fonctionnement de leurs scaphandres, radiations provenant de roches dangereuses… Leurs corps reposent aujourd’hui à côté des quatre malchanceux de la base YDRI-84 sous un tertre de pierres grises, ultime tumulus improvisé.

Pier Andersen resta plusieurs jours prostré dans un silence parfois entrecoupé de crises de larmes. J’eus beau essayer de le calmer, rien n’y fit. En désespoir de cause, j’interrogeai à nouveau l’administration qui me promit du renfort. Je menaçais mes supérieurs d’abandonner cette planète morte avec Andersen en utilisant le dernier intercepteur et de laisser leurs belles installations aux vents mauvais de NGC 2156/73. Cette menace intempestive eut pour effet l’envoi d’un corps médical qui emporta mon compagnon vers un centre de traitement des maladies mentales que je soupçonne fort de n’être qu’un mouroir déguisé. On me dit de patienter encore quelques semaines avant l’arrivée d’une nouvelle équipe… qui ne vint jamais.

Maintenant, de la cité scientifique Andromeda et des espoirs des hommes de peupler cette partie de l’univers, il ne reste que des ruines envahies par des dunes de poussières grises et les trois bases YDRI dont seule la n° 86 vit encore au rythme des lumières que j’allume ou éteins. J’ai cru devenir fou de solitude et d’ennui et ma dépression fit naître l’ombre sinistre du suicide. J’ai envisagé de fuir ce cauchemar grâce à l’intercepteur mais il y a un hic et il est de taille : le pilotage de ces petits vaisseaux nécessite DEUX personnes ! Nos robots sont programmés pour des tâches moins sophistiquées. Me voilà seul et sans possibilité de fuite.


* * *


Je crois qu’il est utile d’expliquer l’origine de ma solitude et ce qui me pousse aujourd’hui à comprendre le mystère qui règne sur cette planète. Je sais que cela peut paraître étrange mais au fil des mois et des années, ce paysage plongé presque toujours dans une pénombre crépusculaire commença à m’attirer. Au début, je me bornais à jeter un œil de temps en temps par la grande baie vitrée du poste central de l’YDRI-86. Si ce n’est quelques arbustes rabougris qui ont poussé on ne sait comment dans les environs de la base, rien ne vit sur cette surface grise et morne. Je tuais le temps en d’inutiles et monotones tâches administratives ou à entretenir, graisser, vérifier les installations du sous-sol au troisième étage de cette base dont je suis le seul occupant. Au fil du temps, je m’investissais moins dans ma « maison » et découvrais la région environnante. Depuis que j’étais sur cette planète, je n’avais jamais eu vraiment l’occasion de parcourir les nombreuses vallées, survoler le col des montagnes, planer au-dessus des lacs aux eaux sombres. Le soleil de NGC 2156 a beau être dix fois plus important que celui du soleil, il ne représente pour moi qu’un modeste point brillant un peu plus lumineux que les autres étoiles, distribuant une clarté semblable aux nuits terriennes où la lune se cache derrière les nuages.

Néanmoins, certains rochers épousant des formes extraordinaires m’attiraient particulièrement et faisaient naître dans mon imagination des histoires fantastiques de dieux. Tel Mercator au XVIe siècle, je découvrais un nouveau monde. Les scientifiques d’Andromeda avaient pratiqué naguère le relevé géomorphologique de cette planète pour ensuite abandonner un travail jugé inutile. Pour moi, Andromeda devenait ma véritable patrie ! J’étais ici comme un roi désuet, seul maître d’un empire désert et éloigné de tout. J’avais baptisé certaines régions de noms tirés de mes lectures ou de films d’heroic fantasy : il y avait l’Empire de Tsahana, le royaume de Charlemagne, célèbre empereur des temps jadis sur Éden dont j’avais lu l’histoire. La mer Terrible était le nom donné à cette immense étendue d’eau à l’est qui baignait les Montagnes de Lucifer, volcan encore en activité. Je fis aussi l’inventaire de ce qui restait dans les ruines d’Andromeda et de la base jumelle de la mienne, l’YDRI-84 où je découvris ce qui me pousse à rédiger ce journal.

J’ai visité les installations dévastées d’YDRI-84 il y a presque deux mois et j’ai pu constater que les vents violents qui règnent en maîtres à la surface de cette planète détruisent presque tout en un temps record. La base avait déjà souffert de l’explosion de l’intercepteur, la poussière grise qui s’insinue partout achevait vite cette désolation. Seule la partie réservée aux membres d’équipage avait relativement bien résisté. À la lumière de ma puissante torche électrique, je découvrais ce qui avait été le décor quotidien du commandant Schaeffer et de ses trois collègues. Je connaissais peu cet homme taciturne mais excellent technicien. Nous nous sommes rencontrés à quelques reprises lors des réunions du personnel sur la base centrale. S’il m’apparut d’abord peu sympathique, je devais découvrir plus tard un personnage fascinant, aussi cultivé que misanthrope. Chose étonnante, il m’avoua avoir choisi volontairement la responsabilité d’une base militaire sur NGC 2156/73, qu’il appelait du nom de « Hali ». Il m’expliqua que ce nom provenait d’un antique livre écrit sur Éden-Terre il y a bien des siècles. À cette époque, je pensais qu’il se moquait de moi car j’imaginais mal un simple commandant d’Ydri posséder de vrais livres en papier produits sur Terre ! Ceux-ci étaient extrêmement rares et coûtaient une fortune.

Chaque chambre des membres d’équipage était décorée selon le goût de son occupant. Au premier niveau, je découvris les appartements des deux techniciens. Je ris devant les photos pornographiques que la chambre de Kurosowa exhibait et m’étonnai des reproductions d’art de celle d’Arthur Cleveland. Au second niveau, j’entrai dans les deux pièces qui servaient d’appartement à Schaeffer. Là, comme ailleurs, le vent jetait mille et un petits déchets de plastique, des bouts de fil ou d’appareils, le tout tourbillonnant entre les meubles abandonnés.

L’un des murs de son bureau possédait encore quelques planches des étagères en métal de format standardisé que l’on trouvait sur ce type de base. Je fus stupéfait d’y trouver des livres. Il s’agissait d’ouvrages en papier ancien, TRÈS ancien, des objets que je ne connaissais que par les hologrammes du cours d’histoire. Là, je pouvais les toucher, délicatement les ouvrir et entendre leur léger craquement telle une plainte surgie du fond des siècles. Ignorant le latin, je ne pus que transcrire le titre du premier, écrit par un certain Lully : « Ars magna et ultima ». Le second était anonyme et jamais je n’avais entendu parler des « Celaeno Fragments ». Un volume, petit mais fort épais, était tombé sur le sol et j’eus une curieuse sensation de chaleur en ouvrant le « Ghorl Nigral », comme si ce témoin millénaire avait été un être vivant ! L’ancienneté évidente de ces livres choquait dans le décor aseptisé et ultrafonctionnel de la base.

Le commandant de cette unité Ydri n’était pas seulement un lecteur mais aussi un écrivain et un chercheur. En visionnant les fichiers qui étaient encore lisibles sur son ordinateur, je découvris l’histoire de notre planète.

Selon Schaeffer, NGC 2156/73 n’était autre que la planète Hali dont parlait un sage birman du XVIe siècle nommé Li Pan Ho. Ce savant qui cumulait les qualités de poète et philosophe avait découvert d’antiques manuscrits en chinois. Ceux-ci étaient eux-mêmes des traductions de livres plus anciens au sujet desquels Li Pan Ho semblait vouloir rester très discret. En interprétant les stances de cet auteur en termes modernes, Schaeffer estimait que bien avant la naissance de notre système solaire, donc environ cinq milliards d’années avant l’Homme, la constellation des Hyades était déjà un ensemble de systèmes solaires, nous disons en astronomie un « amas ouvert », vieux de plusieurs milliards d’années. Des forces obscures, dieux aux noms étranges, se disputèrent la suprématie de l’univers. De toutes ces créatures, une seule réussit à échapper au cataclysme qui engloutit ce qu’il nomme les « Anciens Dieux ». Et c’est au sein des Hyades et plus précisément sur Hali, gigantesque planète du troisième système de ce groupe d’étoiles, que le « Seigneur Noir de l’Attente » trouva refuge. Schaeffer était persuadé qu’Hali n’était autre que la planète où nous nous trouvions. De toute évidence et malgré le côté fantasmagorique de cette hypothèse, le très sérieux commandant de Ydri-84 croyait réellement en cette théorie. D’après les notes qu’il avait laissées, il avait commencé une exploration systématique d’Hali et était arrivé à des résultats surprenants. Une carte des régions septentrionales indiquait l’existence d’une cité en ruines jouxtant la trace d’importants travaux effectués par une civilisation dans un passé lointain. À plusieurs endroits du texte, Schaeffer insistait sur l’importance du grand lac noir, de la taille du continent européen sur Éden-Terre. Ce lac aurait servi de refuge au « Seigneur Noir », dont le nom était Hastur. Dans le « Ghorl Nigral », auquel Schaeffer se référait souvent, cette divinité était décrite comme l’une des plus anciennes, entité immortelle née du vide infini.

Il avait joint à ces notes des photos prises en survolant cette région ainsi que des relevés aux rayons X, complétés par les analyses chimiques d’échantillons des terres prélevés par des robots. L’ensemble laissait supposer qu’il y avait eu effectivement par-delà le grand lac noir une activité intelligente dans un passé incroyablement ancien.

J’expédiai un rapport complet de mes découvertes à l’administration, n’omettant aucun détail, y compris les notes et les photos de Schaeffer. Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir une rapide réponse qui confirmait que ces faits étaient bien connus de la Fédération ! L’administration jugeait ces spéculations inutiles et sans intérêt par rapport à l’exploitation des matières premières qui justifiait la mission Andromeda.


Schaeffer avait noté en annexe de ces recherches quelques indications montrant qu’il n’était pas dupe de la prétendue indifférence de l’administration pour ses théories concernant Hali.


« Il est évident, surtout après avoir découvert certaines banques de données que cachait l’ingénieur en chef Marchetti, que le Grand Conseil de la Fédération savait beaucoup de choses sur Hali. Par exemple, cette fameuse mission constituée de biologistes, de chimistes et d’archéologues ne fut pas un échec, loin de là ! Même si l’expédition se solda par la mort de plusieurs hommes, ils découvrirent des choses stupéfiantes mais aussi inquiétantes pour l’avenir de la présence de l’homme dans cette région de l’univers. La base Andromeda, cette fois-ci j’en suis certain, n’a jamais eu la vocation d’exploiter les ressources minières. Tout le projet, du début jusqu’à la fin, n’a été lancé que pour vérifier certaines hypothèses concernant des faits occultés par les médias. Qui sait que pas moins de six vaisseaux d’exploration ont disparu mystérieusement dans cette partie des Hyades ? Qui sait que NGC 2156/73 émet des radiations sur une longueur d’ondes tout à fait inhabituelle ? Je ne suis pas seul à posséder les livres anciens et je commence à croire que les sciences dites "parallèles" (sorcellerie, magie, occultisme…) ont beaucoup plus d’audience auprès des instances scientifiques que ne l’imagine le commun des mortels.

Une preuve ? "On" m’a autorisé à transporter ma collection d’ouvrages anciens jusqu’ici. "On" connaissait bien la teneur de ces livres et "on" espérait que j’allais faire le boulot dont personne n’osait prendre la responsabilité : combattre Hastur l’innommable. »


* * *


Indéniablement, un mystère entourait le rôle réel joué par les instances supérieures de la Fédération. Schaeffer s’était bien rendu compte du black-out imposé autour des motifs réels de l’installation d’Andromeda. Que devais-je en déduire ? Que l’on mentait depuis le début, qu’on me gardait contre toute logique dans un but précis ? L’idée de jouer à la chèvre pour le loup ne me plaisait guère, d’autant plus que j’ignorais totalement à quel « loup » j’avais affaire !


Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre ensuite que cette partie de la galaxie était tout bonnement abandonnée ! Depuis quelques mois, je n’avais guère noté de trafic le long de la VGP/2, deux vaisseaux étaient passés à quelques millions de kilomètres de mon étoile. Inquiet, j’interrogeai une nouvelle fois l’administration qui m’indiqua que la Voie Prioritaire Galactique deux avait été modifiée pour des raisons techniques et commerciales. L’ancien tracé ne servait plus qu’à des convois militaires ou des « missions spéciales », sans autre précision que cette appellation assez vague.

Tout à fait par hasard, je surpris un message provenant de l’un des rares vaisseaux traversant mon cadran d’observation radar. Celui-ci évoquait l’anxiété de son commandant à « traverser cet endroit maudit » qu’étaient devenues les Hyades. Quelques semaines plus tard, je captais une information destinée aux Pionniers Galactiques. Celle-ci annonçait l’arrêt officiel et définitif de l’exploitation du système NGC 2156.

Ce qui faisait de moi probablement le dernier être humain dans ce système solaire, le dernier homme abandonné par les siens !


Devant la fatalité, tout homme a le choix entre trois positions : la révolte, la résignation ou l’indifférence. Dans ma situation, la révolte étant parfaitement impossible et d’ailleurs inutile et la résignation pas dans mon caractère, restait une indifférence « active » que j’envisageais par la découverte approfondie de cette prison qu’était devenue Hali.

Il peut paraître étonnant que le désespoir ne m’ait pas gagné alors que j’étais isolé et suspendu à une hypothétique aide de mes semblables. Paradoxalement, je m’installai avec beaucoup de philosophie dans cette situation pourtant désespérée. Je passais des heures à lire et relire les notes de Schaeffer, à étudier ses plans. Ma nouvelle raison de vivre n’était plus ce bonheur lointain de voir Éden-Terre mais la découverte d’Hali et de ses mystères.


Conjuguant courage et imagination, grâce aux ressources du « système D », je parvins à bricoler l’un de mes robots d’entretien en copilote tout à fait acceptable. Je n’étais plus cloué sur place, mon intercepteur pouvait m’emmener maintenant aux limites de cette planète, c’est-à-dire vers ces ruines extraordinaires que les photos prises par Schaeffer m’avaient révélées.


Elles étaient bien là où les cartes du commandant de l’Ydri l’indiquaient, ou du moins ce qui « ressemblait » à une ville. Encaissés entre deux montagnes, des rochers aux formes étranges s’érigeaient en formant une sorte de cité, bien qu’il fût difficile de situer où commençait l’artefact par rapport aux rochers mêmes. Je volais à basse altitude, frôlant des pseudo-cubes aux arêtes irrégulières, des cônes parsemés de trous (sortes de fenêtres ?), des plans inclinés descendant vers des fosses tels des escaliers pour géants. Avais-je sous les yeux une preuve d’une civilisation ancienne ou ces amoncellements n’étaient-ils qu’une interprétation de mon imagination ?

N’était-ce qu’une paréidolie de voir dans ces roches le fruit d’une quelconque volonté intelligente ?

Au bord de cette vallée, le grand lac ne m’apprit rien de particulier et cette immense plaque d’ébène reflétait seulement un ciel sans vie. Ce sont les appareils de mesure qui m’en apprirent le plus sur ses eaux sombres : à une profondeur d’environ sept mille mètres, les ordinateurs-analystes détectèrent une masse informe dont l’origine n’était ni minérale ni assimilable à une flore sous-marine. Les rapports de données faisaient plutôt penser à une forme organique, bien qu’une série d’éléments restent parfaitement inconnus. Schaeffer n’avait-il pas écrit qu’il pensait qu’Hastur, ce dieu terrible des temps anciens, gisait au fond du lac ? Était-il fou d’accorder de la valeur à ces textes ésotériques ?


* * *


6 août 2722 du calendrier « terrestre » que j’aime à utiliser plutôt que l’officielle chronologie galactique préconisée par la Fédération. J’ai relu mon petit journal et je reprends aujourd’hui ma confession.

Depuis plusieurs mois, j’ai cessé de m’intéresser à cette légende et aux délires de Heinz Schaeffer. D’ailleurs, même si je voulais poursuivre mes recherches, je n’en aurais plus les moyens ! En effet, il y a quatre mois, le moteur de mon intercepteur a rendu l’âme et je ne possède pas les pièces indispensables pour sa réparation.

Me voilà donc bien cloué ici, dans cette miniforteresse d’YDRI-86 qui subit courageusement les assauts du vent et les séismes fréquents.

J’inspecte les murs quotidiennement, radiographie les piliers de soutien des structures, analyse les fondations, répare telle ou telle porte, entretiens l’installation de chauffage et surtout les appareils qui assurent l’approvisionnement en oxygène et en eau. Figé, je passe de longues heures devant la baie vitrée du poste de commande, suivant des yeux une comète, admirant ce lointain soleil pâle qui disparaît à l’horizon, écourtant les mille petits bruits discrets qu’émettent les robots d’entretien. Inlassablement, les grandes antennes radars balaient le ciel vide de toute circulation d’engins spatiaux. Ni vaisseaux terriens, ni croiseurs des belliqueux Hyrkas, rien ne vient distraire ma solitude ! NGC 2156 est un système mort que tous évitent désormais pour une raison que je soupçonne sans preuve réelle…


Je repense à cette œuvre de l’écrivain italien Dino Buzzati dans laquelle il relatait la vie d’un officier dans une citadelle oubliée aux confins d’un désert d’où un hypothétique ennemi devait surgir. Les mois et les années coulaient sur son uniforme sale et le temps ridait son visage ainsi que son âme. Je songeais que chaque être humain était semblable à ce lieutenant, prisonnier d’un rôle inutile dans l’attente d’un rêve d’action éternellement déçu. Nous en sommes tous là, à guetter les signes avant-coureurs de l’aventure, du bonheur, de la réussite. Nous tendons vers un idéal qui ne viendra jamais et qui sans doute nous décevrait.


J’entretiens encore, par une sorte de plaisir masochiste, l’espoir de voir la Terre, d’apercevoir un grand vaisseau de la Fédération se poser sur l’esplanade devant ma base et m’apporter le salut loin de cette planète morte. Je lave mon uniforme de cérémonie dans cet espoir ! Puis je le rejette au loin en riant, tel un fou. D’ailleurs toutes ces années d’isolement complet ont dû perturber mon esprit. Il me semble même entendre des voix, telle une longue plainte provenant de l’est, là où gisent le grand lac noir et son mystère…

Ma vieille base Ydri se plaint en osmose avec mon propre corps, tous les deux nous luttons contre le déclin inévitable de nos deux vies. Le moindre signe de décrépitude d’un mur, d’une installation électrique, éveille autant mon attention que mes propres maux de dos.


Les ordinateurs m’ont prévenu qu’il serait bientôt impossible de maintenir une température normale. Ils réagissent selon les besoins les plus élémentaires ; nourritures synthétiques, production d’eau, énergie électrique. Dans quelques jours je devrai m’habituer à une température tombée à 10°, ce qui vaut mieux que les -45° de la température extérieure ! Dans l’ordre des choses qui vont disparaître prochainement, il y a l’éclairage extérieur ainsi que moins de chauffage, enfin une importante diminution de l’alimentation et de l’eau, après…


Je commence à souffrir d’hallucinations, sans doute dues à des repas de plus en plus pauvres. Il me semble que l’on m’épie, d’un endroit situé au-delà de la chaîne montagneuse qui domine la plaine où ma base se meurt. Parfois, je suis persuadé de voir une longue forme noire évoluer à la limite des cimes de ces cols déchirés telle une vague venant mourir sur les rochers d’une côte tourmentée.


Tous les cadrans s’accordent avec les données de l’ordinateur pour confirmer la fin prochaine de la dernière vie humaine sur Hali. Aujourd’hui, la lumière s’est éteinte pendant une bonne partie de la journée afin de récupérer un peu d’énergie nécessaire à la création d’aliments et à un minimum de chauffage. Mes installations radars sont mortes et je ne parviens plus à recevoir des émissions radios. Le pilier ouest de l’YDRI-86 s’est enfoncé de près d’un mètre dans le sol. Les crevasses qui naissent au plafond rejoignent un sol de plus en plus penché et dessinent sur les murs les frontières et les fleuves d’un atlas de mort. Le froid est intense malgré les efforts de l’installation de chauffage ; ma combinaison protège mon corps mais mes membres s’engourdissent malgré tout.

La base YDRI-86 aura lutté jusqu’au bout et moi aussi ! Nous pourrions encore tenir quelques mois, j’en ai parlé avec elle… enfin je veux dire avec l’ordinateur. Je m’adresse à lui comme s’il s’agissait d’un ami, d’un coéquipier fidèle. Nous sommes tombés d’accord sur les chiffres et la date d’échéance fatidique.


Voilà c’est terminé. Je vais utiliser le petit transporteur à chenilles pour rouler vers le grand lac noir. Je sais très bien qu’il ne me reste plus assez de carburant pour un voyage aller-retour. J’ai expédié un ultime message destiné à l’administration pour leur signifier la fin. Cet acte de décès sera-t-il reçu ? Au demeurant, qui s’intéresse encore à mon destin…

J’avais découvert dans les notes de Schaeffer des formules magiques copiées des livres anciens. J’ai une vague idée de leur sens et je crois savoir comment les utiliser. Je vais me rendre près du grand lac noir d’Hali où réside Hastur, le Seigneur des ténèbres, celui qui a fait fuir tout le monde sauf moi…


Je jette un dernier regard vers ma vieille amie usée par le temps et les vents de cette planète. Ma base mourra après moi, elle s’éteindra comme une bougie, à court d’énergie, dans une ultime lueur de son ordinateur central.


Peut-être les hommes reviendront-ils ici et ils découvriront ce message que je laisse dans le véhicule à chenilles. Ils noteront la présence des vestiges des trois bases de surveillance et s’étonneront devant les ruines étranges qui bordent le lac noir.

Peut-être auront-ils les moyens de mieux comprendre la nature de ce qui gît au fond du lac d’Hali et sauront-ils ce qu’il faut faire.


Je vais mener un dernier combat en homme libre et fier. Je vais marcher vers ce vaste miroir sombre et plonger vers l’inconnu…


 
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   Asrya   
24/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
"sur les systèmes solaires voisins" --> maladroit ; système solaire = système autour du Soleil, un seul Soleil dans l'Univers ; plusieurs étoiles certes, on parlera plutôt de systèmes stellaires (le Soleil est le nom de l'étoile du système stellaire auquel appartient la Terre).
La notion est reprise dans l'ensemble du texte et me paraît à rectifier pour partir sur une base plus solide.

"peu cet homme taciturne mais ..... technicien" ---> coquille

"antique" est repris à peu d'intervalle, il aurait été pertinent d'en remplacer un.

"par les analyses chimiques d’échantillons des terres prélevées par des robots. L’ensemble laissait supposer qu’il y avait eu effectivement par-delà le grand lac noir une activité intelligente dans un passé incroyablement ancien." --> peut-on en savoir plus ? C'est étrange de livrer une telle "bombe" sans s'attarder un minimum sur les détails. Difficile d'y croire et de comprendre.
Bon... en allant plus loin dans la lecture, vous en parlez, ouf ! Mais je trouve que cela vient un peu tard. En tout cas, on se pose la question bien avant et lorsque cela arrive enfin, ça tombe un peu à plat.

Et vient la fin.

Déroutant.
On sent une maîtrise certaine dans l'écriture autour de la thématique. Dans cette fiction totalement inventée, ou Ydri devient la norme et le fond qui entoure cette base suinte de crédibilité.
J'aurais très certainement en apprendre un peu plus pour structurer la nouvelle, et comprendre davantage cette histoire d'attaque pirate etc ; ou alors en apprendre beaucoup moins.
Était-ce nécessaire d'expliquer tout cela ? Je n'en suis pas certain.
Il y a soit un trop dit, soit un pas assez pour clarifier l'ensemble de la situation.

Le début reste bien campé et la description de la vie de votre personnage sur cette planète est plutôt bien rendu, on s'y projette assez facilement, on se met à sa place et on entre dans le côté mystérieux de cette planète avec plaisir.
On s'intéresse à ce mythe, on ne sait pas si on y croit, si on aimerait y croire, si on y croit pas, mais c'est prenant.
Et puis... la fin annihile une grosse partie de vos efforts.
Tout ça pour ça ?
Diantre... quelle déception.

La dernière partie m'a totalement lâché, assez redondante, qui nous sort totalement de l'intrigue que vous avez pris soin de mettre en œuvre ; et alors que je pensais tomber sur quelque chose de palpitant, voilà seulement ça. C'est... dommage. En tout cas pour moi, et pour mon plaisir de lecteur.

Je trouve, dans l'ensemble, une belle qualité d'écriture. Malgré certaines interrogations sur l'emploi des points d'exclamation et des mots en majuscule (hormis le nom des planètes évidemment).

J'ai trouvé regrettable un certain nombre de retours à une temporalité très ancienne, les livres, le latin, les philosophes à pensées ésotériques ; j'ai trouvé qu'il y en avait trop.

Donc très mitigé sur l'ensemble, sur la finalité surtout, qui ne correspond pas à ce que la majorité de la nouvelle laissait présager.
De bonnes choses, une bonne maîtrise, mais cela fait chou blanc sur la propension à retenir le lecteur jusqu'au bout.

Merci pour le partage donc, ce fut une lecture très agréable, malgré cette énorme déception sur la fin.

Au plaisir.
A.

(Lu et commenté en espace de lecture)

   cherbiacuespe   
27/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Il y a du Lovecraft dans ce récit. Il est moins angoissant que prévu, puisqu'il se contente d'en rester aux conjonctures mais n'en est pas moins captivant. La référence au sage Birman Li Pan Ho donne une note exotique par rapport aux habitudes d'Howard Phillips dans ses propres récits.

L'ensemble est d'une écriture agréable, bien construit, bien agencé. Je ne m'y suis pas perdu. Très cohérent, je n'ai pas été gêné par la longueur du texte qui se prête à l'ambiance morne autant que mystérieuse de l'histoire. Et la courte référence au "désert des tartares" est une trouvaille qui m'a fait plaisir. Très agréable nouvelle.

Cherbi Acuéspè
En EL

   Dugenou   
21/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour ROBERTO,

J'avais pressenti assez vite, à la lecture, que vous alliez faire intervenir une de ces bébêtes chères à Lovecraft... seulement, là où d'autres se contentent juste de citer ces Grands Anciens aux noms imprononçables (par flemme de devoir suggérer une horreur indicible ?), vous poussez l'hommage plus loin : l'horreur peut exister dans les endroits où la main de l'homme n'a qu'à peine mis le pied - une autre composante de certaines nouvelles du maître.

Merci du partage.

   Anonyme   
19/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Pour moi, votre nouvelle opère une sorte de translation réussie de l'univers lovecraftien dans une intrigue de science-fiction ; le décor sinistre d'un lieu oublié, le narrateur isolé à la frontière de la folie, les bouquins antiques et maléfiques, les présences qui rôdent, menacantes, devinées toujours plus proches… Je retrouve les « marqueurs » de Lovecraft, réinterprétés. Du beau boulot à mon avis, la longueur qu'il faut, cette manière de glisser du normal à l'horreur et à la mort, abandonné de tous, vraiment je sais où je suis sans avoir l'impression d'un râbachage : vous avez su dire à votre manière. Une mention pour la dégradation de l'état de la station qui accompagne celle du corps du narrateur. Les deux sont indissociables.

   Disciplus   
20/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Roberto,
Écriture fluide, phrases correctement construites, le style est sans surprise mais tout à fait convenable. Compliments.
Bémol. Pour un lecteur comme moi, béotien en matière de science-fiction, le texte proposé est trop hétérogène.
Quel en est le thème principal ; la solitude, le temps qui passe, le désintérêt de l'administration pour un humain, l'avenir de l'homo, tout à la fois? Je m'y suis perdu. et y est laissé, en route, mon intérêt, pourtant éveillé par les premiers paragraphes.
Bien dommageable.

   jeanphi   
20/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour ROBERTO,

J'ai dévoré cette nouvelle. Il est vrai que l'on aimerait davantage être confronté à ce monde fantastique. Bien sûr, il reste une ombre puissamment évocatrice et sa confrontation au protagoniste est casiment exclue.
Parfois, dans Lovecraft cette confrontation a bien lieu ...
J'aurais apprécié ne pas me réveiller, qu'un rebondissement nous ramène sur terre ou dans les champs de force du lac d'Hali.
Votre écriture le justifierait amplement.

   Malitorne   
23/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
De la science-fiction comme je l’aime, qui ne s’égare pas dans des délires technologiques irréalistes mais se concentre à raconter une histoire. Récit de science-fiction classique, diablement efficace cependant, avec sa base isolée aux confins de l’univers où ne subsiste qu’un narrateur en proie à l’inconnu. Et quel inconnu ! Riche idée d’avoir fusionné le très ancien avec le futuriste, de faire converger les flèches du temps sur un point névralgique. La mythologie comporte déjà bien des monstres, des entités surnaturelles, pourquoi en réinventer d’autres ? Les transposer ailleurs exprime justement la dimension cosmique des croyances.
Excellent le parallèle avec Le désert des Tartares, lente décrépitude de l’esprit qui attend, espère en vain, et les lieux qui s’usent. Désespoir encore plus aigu au vu du contexte de cette planète désolée.
Je ne vois pas grand-chose de critiquable dans cette nouvelle, certainement pas le style solide et clair où pas un instant je ne me suis perdu. Peut-être la fin, trop facile, vite expédiée, où vous vous êtes dit : « j’ai fait mon taf, au lecteur maintenant ». Une erreur à mon avis, il aurait été plus judicieux d’établir un contact, fût-il minime, entre le Robinson de l’espace et la masse informe du fond du lac. Un évènement qui aurait permis à l’imagination de s’orienter un peu, là vous nous laissez dans le flou le plus total. Frustrant.
J’espère Roberto que vous n’êtes pas de ceux qui abandonnent leurs textes comme des chiens au bord de la route, qu’on vous verra commenter à votre tour et échanger avec nous. De toute évidence vous en valez la peine.

   Geigei   
28/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
"les yeux verts des écrans radars" Pourquoi verts ? Pourquoi encore le système radar, vieux de 8 ou 9 siècles?

"Nous sommes le 12 octobre 2720". Annoncé à la 1e phrase du 1e paragraphe, le journal débute au 2e paragraphe.

Entre "L’homme seul que je suis aujourd’hui" et "Me voilà seul et sans possibilité de fuite.", le 2e paragraphe est au passé. Le journal n'a pas encore commencé.

Le 3e paragraphe commence par "Je crois qu’il est utile d’expliquer l’origine de ma solitude." Le journal sera peut-être au 4e paragraphe.
C'est là que se trouve le pittoresque de l'affaire, l'exotique : "Selon Schaeffer, NGC 2156/73 n’était autre que la planète Hali dont parlait un sage birman du XVIe siècle nommé Li Pan Ho" et les "Anciens Dieux".
Des "faits occultés par les médias". "On' utilisé plusieurs fois. "Mystère" et "mystérieusement" utilisés 5 fois.

Le 4e paragraphe n'est pas un journal non plus.

Le 5e paragraphe commence par "6 août 2722". Le temps présent est utilisé. La promesse est là, à la fin, pour nous dire que tout est fini.
Des hommes reviendront et découvriront ce texte. Nous, donc. Me voilà propulsé en... 2800 ?

J'ai eu un problème avec la construction de ce récit. Avec l'absence de sens aussi. Le mot qui me vient est "kitsch", que j’utilise quand c’est "trop". Le sage birman, pour moi, c’est trop.

Je salue l’effort et l’écriture.


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