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Sentimental/Romanesque
Robin : Ta fragrance, cette frustration
 Publié le 01/10/09  -  9 commentaires  -  7749 caractères  -  121 lectures    Autres textes du même auteur

"Mon regard se porta alors sur lui, ses épaules, son buste, ses courbes parfaites, une poésie incarnée, un bonbon pour les yeux."


Ta fragrance, cette frustration


La place est pure en ce moment. Non pas qu'elle soit propre et dégagée, mais si sale elle était, sale elle ne le paraît plus. Tout était blanc, un soupçon de vert par-ci, un soupçon de gris par-là. Mais la verticalité, quant à elle, était ô combien réticente à se laisser recouvrir d'un bon manteau, préférant laisser place à des points lumineux, de toutes les couleurs chaudes qui existent.


Décembre veut dire Noël, un Noël sans neige n'est que Noël à moitié, et décembre plus la neige, donnent le Père Noël. On en voudrait souvent des relations logiques de ce genre, dans la vie.


Là, dans cette rue piétonne, des gens sortaient de magasins, faisant sonner la petite clochette au tintement fin et majestueux. Ici, il y avait une lumière tamisée. Et là encore, une dame en bottes, surchargée de cadeaux, dont un semblait plus gros que les autres, entouré d'un ruban rouge.


Les toits étaient tous recouverts d'une épaisse couche de neige, d'une neige qui semblait aussi moelleuse qu'un gâteau de pâtissier, comme si vous pouviez découper une part dans cet amoncellement opaque, froid et blanc, et qu'elle avait la particularité d'être tout à fait molle.


Tiens, c'est pas bête comme idée, note à moi-même, passer chez le faiseur d'embonpoint. Premièrement, aller chez le boucher. Toujours ce personnage haut en couleur, bedonnant, un crayon rouge sur l'oreille, accessoirisé d'un tablier quadrillé blanc et rouge ensanglanté, avec la calvitie, pour vous recevoir avec un sourire chaleureux, tout en essayant de vous refourguer la plus grosse dinde de la boutique.


Étape suivante, le libraire, section cinq/six ans. Un endroit spectaculaire. On entre, essayant de ne pas déranger la liseuse d'aventures, qui captive sa jeune audience par des intonations dans la voix qui sont remarquables. Petit mouvement de la main, sourire en retour. Mon regard se promène dans un coin doux et apaisant, des petites tables sont disposées ça et là dans la pièce à la moquette bleue et aux murs rouge cochenille. Tout autour, les murs sont surchargés de livres grands ou tout petits et pleins d'images. Cet espace respectant sa clientèle, les livres les plus hauts placés culminaient à un mètre vingt. Contrairement aux préjugés, c'est très difficile de passer inaperçu dans une librairie avec un sac duquel sort une patte de dinde.


M'adressant à la dame qui enregistre mon achat de Noël, je lui demande de bien vouloir passer mon bonjour et mes vœux de Noël à ma sœur, la conteuse d'histoires. Quelques instants plus tard, je suis de nouveau dehors, agressé par les brises gelées d'un soir de réveillon. Le sapin au centre de la grande place était à la fois magnifique et spectaculaire, le centre du monde en cette nuit blanche. Sans oublier le petit air de blues, joué par un saxophoniste, qu'on entendait encore résonner dans les ruelles.


Avant-dernière étape, le magasin de jouets. Emmitouflé dans une écharpe, un bonnet et des gants en laine, ainsi qu'habillé d'un épais manteau, j'entrais maintenant dans un atelier à l'odeur de bois fraîchement travaillé. Là, trônaient des pantins, des marionnettes, des voitures, tout de bois réalisés. Un plaisir pour les enfants. Après une longue hésitation, j'optais pour une voiture rondouillarde, sans qu'elle ne soit ni trop lisse, ni trop faite grossièrement : une voiture travaillée qui en garde quelques séquelles.


Après avoir complimenté le vieux monsieur pour ses créations, je partis du magasin, l'odeur du vieux bois laissant place à un autre tintement aigu de clochette et à une brise glacée qui vint m'emplir les poumons.


Dernière étape, la maison blanche. À pieds, on en a pour cinq minutes, même si le trottoir est enneigé. Je regardais mes membres inférieurs s'enfoncer dans le sol, les sentant briser la couche de ouate dure, me provoquant un plaisir insatiable à chaque pas.


- Salut petit Poney ! Comme je sais que tu as interdiction de manger, je ne te laisserai pas toucher à la dinde ah ah ah ! En revanche, sur la route pour venir jusqu'ici, il y avait un fleuriste, je suis arrivé à temps, juste avant qu'elle ne ferme la boutique. J'ai pris des roses. Des roses rouges. Comment ça, « pas original ? », tu t'en contenteras.


Mon regard se porta alors sur lui, ses épaules, son buste, ses courbes parfaites, une poésie incarnée, un bonbon pour les yeux.


- J'ai laissé mes sacs à l'entrée, tu n'imagines même pas combien ça pouvait être lourd, mes épaules étaient sciées. Se promener partout avec une dinde, c'est pas commode. J'espère que je ne te dérange pas, j'ai marqué dans ma mémoire que tu étais libre entre quinze et vingt heures.


Et je choisis ce moment pour marquer une pause. Il n'était pas question qu'il ait le temps de placer un mot ce soir, c'était le mien.


- Dis, à ce que je vois, la tornade blanche est encore passée, elle passe tous les jours j'ai l'impression !


Délicatement, je m'approchai de lui, de sa personne, de sa présence ; je décidai de m'asseoir de la façon la plus légère qui soit. Amoureusement, je lui pris le bras, et le caressai. Longuement, dans les deux sens du poil, avec les ongles, effleurant sa peau si douce, sans imperfection. J'eus le temps d'évaluer son contour de poignet, de contempler son bras, la position de ses os qui donnait à l'énergumène un charisme extraordinaire, une ossature unique, une ossature mieux pensée. Et sans aucune approbation, je lui pris la main, lui dépliai les doigts, croisai ma main dans la sienne, la comparai, vérifiai ses articulations au niveau des phalanges...


Cette main était tiède, non pas brûlante, ni chaude, ni gelée, ni fraîche ; elle était de cette chaleur dont on ne fait pas attention, tant on a l'impression que la température extérieure et la température du corps ne font qu'une.


Comme une maman tient sa progéniture, je lovai la main de l'intéressé dans les miennes, m'obligeant à lever les yeux vers lui.


- J'ai ramené une photo. Comment ça « trop sentimental » ? Je suis sentimental si j'ai envie de l'être, non mais, déclarai-je en libérant l'une de mes mains pour fouiller dans une poche.


- Tiens, c'est celle où on était allé en week-end à la montagne, tu te souviens ? le questionnai-je sans lui montrer la photo. C'est la fois où j'ai dévalé la piste de ski tout schuss, parce que je savais pas où étaient les freins, expliquai-je en riant de bon cœur, les larmes aux yeux, l'écharpe étouffant les trémolos de ma voix.


Je sentis une douce caresse sur ma main, une pression imperceptible. Mais tout ça ne pouvait qu'être imagination, et je me sentis devenir fou l'espace d'un instant. Remontant mon regard le long de son bras, je regardai son torse soulever les couvertures de quelques centimètres, sentis son pouls dans ma main. Une concentration intense n'était pas nécessaire, il emplissait facilement la salle de sa présence.


Comme on fait attention à de la porcelaine, j'approchai ma tête de son visage, et humai sa fragrance à pleins poumons. Mon cœur fit un bond dans sa cage, mon rythme cardiaque s'accéléra, et je devins rouge. Et avec la douceur d'un ange, je lui déposai un baiser sur le cou, ainsi que sur la joue.


D'un geste calculé et délicat, je reposai soigneusement sa main dans le prolongement de son corps, lui souhaitai un bon réveillon, et avant de sortir, lui lâchai un « Moi aussi, j'aime les fleurs. » avant de m'écrouler en sanglots devant sa porte. Une infirmière vint m'aider à me relever, tentant de me parler, mais je ne l'entendais pas, mon monde s'était rapetissé, le nombre de personnes importantes dans ma vie avoisinait zéro. J'étais seul dans un monde où j'étais l'unique acteur, tandis que le public s'attendait à un duo. J'étais perdu et condamné à goûter comme cendres les vraies valeurs de la vie.


 
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   Perle-Hingaud   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Une matinée qui commence bien avec cette lecture. Tentons un commentaire:
A la première lecture, le début du texte ne m'a pas accroché: trop de clichés, je ne voyais pas où menait cette suite de courses répétitives. Le tout a commencé à m'intriguer à l'arrivée dans la maison blanche, et ensuite j'ai été prise dans l'émotion de la description. La suite m'a donc vraiment retourné dans mon appréciation.
A la deuxième lecture, on comprend mieux les petits riens de la vie quotidienne, leur importance pour le narrateur.
Je trouve le titre excellent.
Bon, d'autres sauront mieux que moi commenter, je ne donne que mon ressenti: peut être revoir un peu le début, pour que le lecteur n'ait pas la mauvaise idée de zapper. Ah, et puis aussi: il m'a semblé, par de petits détails d'écriture, que le narrateur était un jeune garçon, ce qui par la suite m'a semblé étonnant: ex: il parle à "la dame"... Bonne continuation.

   jaimme   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"bonbons pour les yeux": très beau ça!

Et puis j'ai lu le reste.
Ressenti? Que dire? Touché et coulé. J'ai relu: touché et coulé à nouveau. Plus encore.

Bravo!

   Myriam   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Pour la première partie... j'ai eu du mal aussi.
Des phrases trop lourdes parfois ( mais avec de belles fulgurances. J'ai beaucoup aimé la description de la librairie...)
L'hésitation dans les temps m'a un peu gênée aussi, j'aurais préféré qu'on reste au présent durant toute la nouvelle.
La dernière partie, par contre, m'a bouleversée. Évidemment. Comment ne pas l'être?

   Coline-Dé   
1/10/2009
Le début me parait un peu laborieux, la recherche d'originalité donne des tournures artificielles.
Ensuite, le " note à moi-même" m'a fait espérer de l'humour, avec son faiseur d'embonpoint à la suite.
Mais le ton change encore, la librairie est joliment décrite.
On se promène ainsi de tableautin en tableautin , sans déplaisir, mais sans savoir où l'auteur veut nous mener.
Puis cela change de nouveau. Et là, j'ai du mal à situer les personnages.Deux êtres masculins. Amis, amants, frères, parent/enfant ? " Amoureusement" semble indiquer une direction...
Ce questionnement m'empêche de me laisser atteindre par l'émotion que véhicule la fin du texte. Dommage ! J'aurais aimer adorer !

   florilange   
1/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bien aimé cette promenade, 1 veille de Noel, sans savoir où elle me mènerait.
J'ai moins aimé le problème des conjugaisons et aussi : "cette chaleur dont on ne fait pas attention..." (à laquelle on ne fait pas attention).
Sinon, c'est bien vu & très joli. Merci de cette lecture,
Florilange.

   Automnale   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Avant tout, il y a de l'émotion dans ce texte... Une émotion qui se transmet au lecteur...

Pour les petits détails :

- La place est "pure"... Est-ce le bon terme ?
- Le gâteau de pâtissier... Ou de pâtisserie ?
- Le "Note à moi-même" choque.
- Une voiture "rondouillarde". Rondouillarde ?

Ensuite, les temps, en l'espace de quelques secondes, changent : "Je lui demande"... "Le sapin était magnifique"... "Je partis"...

"Tu t'en contenteras" dit le narrateur en évoquant les fleurs. A qui s'adresse-t-il ?

L'émotion arrive... Mais le narrateur reste très discret. Sans doute est-ce par pudeur... Qui est "l'énergumène", "l'intéressé" ? Ces deux termes sont-ils vraiment appropriés pour quelqu'un dont l'état bouleverse à ce point ?

Je pense qu'il aurait fallu oser donner des explications, même si elles sont très difficiles à avouer, à écrire. Mais le texte aurait été tellement plus fort, tellement plus poignant.

Et le souhait de "bon réveillon"... Hum...

Cette lecture laisse un sentiment étrange, Robin. Tu n'en dis pas assez... Et pourtant, la tristesse est bien là... Cependant, le lecteur ne peut que supposer... (il s'agirait, peut-être, d'un ami, le meilleur, un jeune homme victime d'un tragique accident...).

   Anonyme   
2/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

un court récit qui n'est pas totalement abouti à mon sens. Un problème évident sur les temps choisis. Il aurait fallu à mon sens conserver le présent tout au long de l'histoire.
Je n'ai pas été emballé par le style, que j'ai trouvé parfois trop recherché dans le mauvais sens du terme, avec la volonté trop visible d'obtenir des effets. Et les effets, on les voit, car ils ne sont pas toujours très heureux et desservent l'émotion qui se dilue (sans parler de quelques lourdeurs et maladresses qui cassent un peu le rythme et arrêtent la lecture).
Les derniers paragraphes m'ont laissé froid, l'évocation de la mort (ou quasi) ne suffit pas à rendre les choses poignantes. Je sais pas, c'est peut-être moi mais je trouve qu'il manque quelque chose. Peut-être trop de descriptions, de descriptions dans les derniers paragraphes au lieu de laisser toute la place à l'émotion.
Maintenant, ça vient peut-être aussi de moi.
Bonne continuation.

   Anonyme   
5/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Merci pour ce texte alerte, chaleureux, un vrai bonbon pour le coeur. Au plaisir de vous relire !

   NICOLE   
11/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai bien aimé que rien ne soit vraiment dit, que l'auteur laisse toute la place à l'imagination du lecteur.
Par contre, de nombreuses maladresses m'ont gênée : on passe du présent à l'imparfait, puis à nouveau au présent, alors que tout se passe dans la même journée (soirée).
Par ailleurs, le parti pris de toucher la corde sensible du lecteur est un peu trop visible pour que je puisse y céder sans arrière pensée : Noêl, la solitude, l'hôpital...presque trop, et pourtant j'ai trouvé assez touchant tout de même, mon côté midinette probablement.


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