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Fantastique/Merveilleux
solidane : Gros morceau
 Publié le 11/01/09  -  4 commentaires  -  3022 caractères  -  42 lectures    Autres textes du même auteur

Passer l'aspirateur, partir en mer. "Les deux" sont merveilleux, je les connais.


Gros morceau


Une petite cuillère qui tourne lentement dans une tasse de café noir encore trop chaud. Une bobine de fil au sol, dévidée, nœuds épars, boucles lâches ou resserrées. Et un gros morceau d’émotion qui sourd dans un coin reculé d’une conscience affadie. Le temps marque une pause, la cuillère a cessé le mouvement, ça bloque sur un nœud du fil. Le rompre et rabouter ne ferait que complexifier l’exercice, il convient donc de dépasser l’obstacle en dénouant pour que reprenne le fil de l’histoire. Le gros morceau enfle, c’est ainsi à chaque fois que le récit suspend son cours, ou se trouve ralenti par un amas de boucles désespérant.


Chaque fois l’emmêlement semble le plus important à venir, celui-ci passé, le reste sera jeu d’enfant. Pensée d’enfant justement, voir à court terme pour ne pas être par trop effrayé. Le chat joue avec la bobine, rajoute au problème à résoudre. La peur est instigatrice, la conscience est maîtrise insipide, leurs retrouvailles sont inévitables et indispensables.


Elle a embarqué sur ce minuscule canot, petite virée en bord de mer, la côte n’est guère à plus de cent mètres, rassurante. Maëva a lancé son filet, se laisse porter par la dérive. Ivan est resté à la maison, tâches ménagères pour le gros pépère. Elle a préféré fuir cet aspirateur dont il va user et abuser. Un soleil tendre, personne en mer, calme si reposant et cette brusque embardée, l’embarcation pique du nez puis verse dangereusement à bâbord. Le filet s’est tendu à rompre. Et Ivan qui n’est pas là. S’arc-boutant au plat bord, Maëva agrippe le filet et tente de le remonter, ça lâche pour mieux se tendre. Elle n’y parviendra pas seule. Elle appelle Ivan à son secours. Il entend cette sempiternelle interpellation, sourit comme toujours, coupe l’alimentation, l’aspirateur cesse à regret son ronflement. Que veut-elle encore ? Difficile de mener à bien une simple tâche quand on est interrompu toutes les cinq minutes.


La voix d’Ivan sonne haut et fort, rebondit de crête en crête, portée par la vague renouvelée, les nœuds du filet cèdent l’un après l’autre, Maëva ne s’en préoccupe plus, elle est passée à autre chose. Ce jaune trop citron lui déplaît, lui minera la semaine, et rien n’est régulier. Repeindre le canot dans ce mouvement incessant n’est pas la meilleure idée qui lui ait traversé l’esprit. L’esprit et ses nœuds si compliqués, psychologue de formation, qui le sait mieux qu’elle ? Elle est prête à jeter l’embarcation par-dessus bord. Bord de quoi, et comment s’y prendre ? L’avale-poussière mugit à nouveau, Ivan a repris sa tâche, jusqu’au prochain appel.


Le chat s’est pris dans le filet qui gît en bordure de plage. Le mouvement se crée, la cuillère et ses rotations lentes dans un café maintenant refroidi. Les nœuds se sont amoncelés et l’étau se resserre, le gros morceau d’émotion, comprimé, révulsé, s’agite dans les mailles du filet ; le chat sourit à la souris captive, pousse la bobine et se paye ma bobine ; j’attends la vague brassée par Maëva qui enfin tout nettoiera.


 
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   Menvussa   
11/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un récit étrange, comme un petit clin d'œil. Mais qui donc tourne la cuillère dans la tasse... l'auteur peut-être. Oui, j'ai l'impression d'un jeu interactif entre l'auteur et son récit, l'auteur qui attend que ses idées se démêlent pour aller plus avant dans son écriture... et le café qui refroidit.

Alors, comment noter... si je l'ai bien compris je serais tenté de dire que c'est un très bon texte, sinon, je suis dubitatif... curieuse cette notation suspendue au degré de compréhension du lecteur... mais n'est-ce pas toujours ainsi...

   Nobello   
11/1/2009
Je trouve très bien écrit ce texte qui ne m'a pas attrapé.

   dude   
11/1/2009
Trop hermétique à mon goût. Heureusement c'est court. Demeure tout de même une pointe de poésie légère.

   Anonyme   
11/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien
hmmm

J'ai comme un air famillier à la lecture... étrange.
Moi qui ne suis pas fana des tranches, celle-ci m'a assez plue.
J'aime la narration, un peu trop lourde parfois mais imagée et juste.
J'aime la douleur qui se dégage derrière l'apparente tranquilité, le noeud si symbolique qu'il faut dénouer... et qui peut prendre la forme de tellement d'émotions...

Merci.


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