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Policier/Noir/Thriller
TITEFEE : Le village aux sept péchés - suite 11
 Publié le 10/09/07  -  4 commentaires  -  10481 caractères  -  12 lectures    Autres textes du même auteur

Quand les corbeaux s'en mêlent


Le village aux sept péchés - suite 11


Marguerite s’est levée très tôt ce matin…


Elle est au bord de l’écoeurement et son pas est mal assuré. La lumière lui fait mal aux yeux. Maudite migraine qui la terrasse ainsi tous les mois ! Elle flotte mais surtout elle ressent en plus un immense malaise car dans la boîte-aux-lettres, elle vient de trouver une enveloppe non timbrée, adressée « personnellement » à Gilles Gaucher.


Elle n’a pas osé l’ouvrir comme elle le fait d’habitude pour tout courrier arrivant à la ferme. Elle l’a simplement posée bien en évidence devant le grand bol de Gilles, encore occupé à changer la litière des vaches avant de les conduire aux champs.


Elle entend le pas rapide de son mari, et tout aussitôt le bruit caractéristique des grosses bottes qu’il frotte contre la barre de fer, devant l’entrée. Avec lui entre dans la pièce un rayon de soleil pâle qui met en évidence le gros pétrin où le grand-père de Marguerite pétrissait le pain pour tout le village, et l’enveloppe qui trône sur la table.


Gilles enlève sa casquette, se lave les mains et enfourche le banc de ferme pour prendre son petit-déjeuner. Le café attend déjà dans le thermos et le pain est sous son torchon à carreaux rouges et blancs.


Comme à son habitude, Gilles est peu loquace le matin et se coupe de grands morceaux de pain dans son bol de café.


Il prend la lettre entre ses doigts et la retourne.


- C’est quoi ça, Margotte ?

- J’en sais trop rien ! C'est pour toi, tu vois bien, c’est marqué personnel.

- Ça me rappelle de bien mauvais souvenirs tout à coup !!

- Ce n’est peut-être qu’une proposition d’achat de la ferme. On en reçoit de temps en temps, tu sais bien ! On la convoite notre affaire et depuis longtemps. Le notaire est venu, pas plus tard que la semaine dernière, me dire qu’il avait un client potentiel pour la ferme et les terrains autour, et qu’il cherchait dans la région. M’a même demandé si je ne connaissais pas une ferme semblable dans les environs…

- Tu vois bien Marguerite que l’enveloppe ne porte pas de nom d’agence ni de personne, rétorque Gilles en retournant entre ses doigts l’enveloppe écrite à la machine en lettres capitales. Il la déchire enfin en introduisant son index dans l’interstice qui ferme l’enveloppe, ce qui d’habitude a pour l’heur de déplaire fortement à Marguerite qui ouvre le courrier soigneusement avec un ouvre-lettre… mais là, elle est impatiente de savoir ce que recèle la missive et ne fait aucun commentaire.


Gilles déplie la feuille et au premier coup d’œil, les lettres prédécoupées dans du papier journal attestent que ses craintes sont fondées !! Il a vite fait de parcourir la phrase qui s’étale devant ses yeux en lignes inégales et mal alignées :

Pr 12:28 – SUR LE SENTIER DE LA JUSTICE : LA VIE ; LE CHEMIN DES PERVERS MÈNE À LA MORT.


- Tiens, lis !!! m’a tout l’air d’être un ou une fondue, en tous les cas bigot ! Car c’est tiré de la bible on dirait !

- Mais ça veut dire quoi ? Qu’est-ce qu’on nous veut ?

- Nous faire peur, ou du chantage, le signe même d’un « corbeau » et à Créteil j’y ai eu droit aussi. Rien qui ne puisse être pris au sérieux. Je la remettrai aux gendarmes ce matin. Pas la peine de se casser la tête pour ça.


Là-dessus Gilles remonte à la chambre se changer pour aller avec Marguerite voir les gendarmes et leur montrer la lettre qu’il vient de mettre dans sa poche dans laquelle se trouve déjà une première lettre qu’il n’avait montré ni à Marguerite ni aux gendarmes hier matin… et sur laquelle était inscrit en lettres capitales elles aussi, mais cette fois-ci écrites au feutre noir, avec les S écrits à l’envers ;


Pt 20;12- L’OREILLE QUI ENTEND, L’ŒIL QUI VOIT, L’UN ET L’AUTRE, YAHVÉ LES A FAITS ;


*

* *


L’entrevue avec le capitaine n’a pu avoir lieu car il est avec son brigadier en compagnie du père Mathieu dont on entend la voix rocailleuse et forte à travers la porte du bureau. Le brigadier les reçoit un instant pour dire qu’il était prévu de passer dans l’après-midi à la ferme si Gilles pouvait leur accorder une entrevue et leur demande si leur visite est vraiment urgente auquel cas il leur faut attendre au moins une heure, et donc de repasser.


Les Gaucher assurent que ce n’est pas important en effet et que cet après-midi conviendra très bien, car le métayer est à nouveau sur pied après avoir été absent une semaine pour cause de sciatique. Affection qui l’invalide souvent mais que Gilles pense diplomatique et permet à son aide d’aller prêter main-forte à d’autres agriculteurs… cela coïncide toujours avec le moment de la fenaison ou de l’écobuage… ou des labours !!!


À leur retour, alors qu’ils viennent de s’engager dans la grande allée de tilleuls, ils aperçoivent presque en même temps qu’un vantail de la grille est à demi ouvert et sur le moment Marguerite pense même que Coraline est de retour. Cette dernière sait très bien où l’on dissimule d’habitude, sous la tuile romane descellée sur le faîte du mur, la grosse clé retenant la chaîne de la grille.


Mais arrivés devant l’huis, ils découvrent dans l’herbe, la chaîne un maillon cisaillé.


- Reste dans la voiture Marguerite, je vais voir ce qui se passe.

- Non, je viens avec toi Gilles, sois prudent, ce sont peut-être des voleurs ? Je fais le n° de la gendarmerie tout de suite…

- Non, attends un peu et surtout ne fais pas de bruit, je vais passer par la porte qui donne sur le champ derrière… toi, surveille la cour et crie si tu vois quelque chose !


Et Gilles s’éloigne tachant d’éviter le moindre bruit en contournant le mur d’enceinte. Il revient peu après.


- Personne ! Mais la porte de l’étable est grande ouverte elle aussi. Heureusement que j’avais mis les bêtes au pré avant de partir. Attends-moi là, je vais vérifier si elles y sont encore.


Gilles part en courant à l’enclos, mais point de bêtes… Un carillonnement lui indique que le troupeau est près de l’abreuvoir des Roubault. Il se hâte en appelant par leurs noms les vaches afin de les ramener vers lui. Mais rien n’y fait.


Les clôtures sont enfoncées mais les fils ont été, là aussi, cisaillés volontairement. Les vaches restent agglutinées près de l’abreuvoir où elles s’abreuvent.


- Saloperie de parisien, saloperie de saloperie, je savais bien qu’il fallait se méfier de toi. T’as vu ? Non mais t’as vu ? Tes satanés bestiaux ont tout saccagé et même mon carré de patates est piétiné… Tu mériterais que je prenne mon fusil et que je tire sur tes bêtes. Ici je suis chez moi ! Je m’en vais porter plainte aux gendarmes pour violation de propriété, moi !!!

- Fais-le donc, mais crois-le si tu veux, je ne suis en rien dans tout cela. Nous étions absents Marguerite et moi, on revient à peine du village et je peux t’assurer que je n’ai pas vu les bêtes pénétrer dans ton champ. J’ai même eu de drôles de visiteurs chez moi. À notre retour on s’est aperçu qu’on nous avait scié la chaîne de la grille…

- À qui tu vas faire croire ça ? Amener tes bêtes à boire à la fontaine du village ça ne te suffisait pas ?

- Tu sais bien que le Maire me l’a interdit !

- M’en fous, ce ne sont pas mes affaires, crédieu, t’as qu’à te creuser un puits !

- C’est ce que j’ai commencé à faire, mais je n’ai pas encore atteint l’eau. Le père Mathieu m’a dit que l’eau était à plus de 8 mètres à l’endroit où on vit mais que la limite du cours souterrain débutait surtout chez toi...

- Et alors !

- Alors faudra mettre une pompe pour faire relais pour la colonne d’eau. En attendant mes bêtes manquent d’eau et elles avaient l’habitude d’aller sur ton pré avant…

- Avant quoi ?... Et là le fils Roubault toise Gilles qui ne se contrôle plus et tremble d’une fureur contenue trop longtemps.

- Avant que j’épouse Marguerite. Et depuis tu en crèves de jalousie ! Autant pour elle que pour les terres aussi. Ce n’est pas ma faute si elle m’a choisi.

- Moi, jaloux !!! Ah elle est belle celle-là… t’as pas besoin de prendre tes grands airs et retire tes bêtes… retire-les vite sinon je fais un malheur !!!!

- Arrête de jouer les excités… je les retire et te promets de reconstruire les barrières à mes frais même si ce n’est pas de ma faute !

- Et tu me paieras aussi ma récolte de patates !

- Ça, c’est pas encore dit !! D’abord il y a plus d’un mois que tu aurais dû les arracher tes patates. Les tiges sont toutes noires et fanées depuis belle lurette… au lieu de passer ton temps accoudé au zinc du bar tu ferais mieux de t’occuper de tes terres…

- Occupe-toi donc de ta femme, cocu !


Sitôt sa phrase lancée rageusement, le fils Roubault détalle en courant, Gilles sur ses talons. Ce dernier le rattrape près de la mare aux canards et le plaque aux jambes le projetant violemment par-terre.


Les deux hommes s’empoignent avec rage et roulent tous deux dans la fange des bords de l’étang.


Gilles, qui a pris le dessus sur son rival, a posé son genou sur la poitrine de Roubault et d’une main largement ouverte sur le visage de son adversaire, essaye de lui faire plonger la tête dans la boue et l’eau.


Le fils Roubault émet des borborygmes et se débat avec toute la force de son instinct de survie…


Gilles ne se contrôle plus.


Marguerite qui a entendu les cris des deux hommes, les rejoint et découvre le spectacle de ces deux corps enchevêtrés, aux visages rendus méconnaissables sous leur masque de boue.


- Gilles je t’en supplie… arrête ! Arrêtez tous les deux. Mon Dieu vous êtes fous !!!


Gilles, dégrisé par les appels désespérés de sa femme, rejoint la berge, titubant comme un boxeur sonné. Son adversaire essaie de reprendre son souffle et se relève péniblement ; une rigole de sang dégouline à la commissure de ses lèvres qui ont gonflé. Mais son regard furieux ne quitte pas Gilles.


- Tu me paieras ça !! C’est moi qui te le dis !! Tu ne l’emporteras pas au paradis ! Et que je ne vois pas une seule de tes bêtes, chien y compris, venir boire à mon baquet, car je te le jure, moi je le plombe !

- Ne réponds pas, Gilles ! supplie Margueritte. Viens, sois raisonnable, surtout ne réponds pas. Je vais rentrer les bêtes à ta place, ne t’inquiète pas. Demain on posera une clôture électrique et cette histoire ne se renouvellera pas…

- Ah si je tenais le fieffé enfant de salaud qui a pu couper les fils de fer des barrières, je te jure que je lui ferais passer un sale quart d’heure…

- Les gendarmes doivent venir cet après-midi, on leur expliquera tout ça. Il vaut mieux qu’ils l’apprennent de notre bouche que par n’importe quelle rumeur.


 
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   Aliceane   
11/9/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Les événements sont souvent mal amenés, comme le passage avec le "parisien" par exemple que l'on n'avait pas vu venir.

J'ai été étonnée de voir que la deuxième partie de ce texte n'a aucun rapport logique avec la première.
Par contre je trouve qu'il y a quelques expressions bien choisies, et qui font très "couleur locale".

Et je pense un intérêt croissant.

   Otus   
11/9/2007
Pour ma part, je trouve le style fluide, les mots bien choisis, la recherche lexicale soignée. L'ensemble se tient bien et en te lisant je me revoyais dans le village breton de 15 âmes où j'ai grandi. J'aurai cependant deux bémols: les phrases sont souvent longues et peu ponctuées, et j'ai repéré deux répétitions: pétrin-pétrissait et "l'abreuvoir où elles s'abreuvent". Mais je viens de commencer par cet extrait et cela m'a donné envie de lire cette histoire dans son intégralité.

   Maëlle   
25/1/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
On avance clairement dans l'intrigue. La deuxiéme partie me semble manquer un peu de soin (des problémes de ponctuations, notamment)

   xuanvincent   
25/9/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Cet épisode m'a davantage intéressée que le précédent.

Le portrait du couple des Gauchers, ainsi que la rixe entre les deux hommes m'ont paru plus crédibles que le moment de l’entrevue, dans l’épisode précédent, du gendarme et du radiesthésiste.

Le passage des lettres de menace, d'un corbeau on peut penser, m'a intéressée.

Le texte m'a paru rester assez bien écrit dans l'ensemble. Toutefois, le changement de temps dans cet épisode m'a un peu gênée. Or, le récit (certes, 10 épisodes avant) a commencé au passé dans le premier épisode, et à un moment que je n'ai pas bien déterminé, le récit est tantôt écrit au passé, tantôt au présent.



Détails :

. « boîte-aux-lettres » : les traits d’union sont de trop

. « Saloperie de parisien » : j’aurais mis une majuscule à « parisien ».

. « Il vaut mieux qu’ils l’apprennent de notre bouche que par n’importe quelle rumeur » : « que par n’importe quelle rumeur » m’a paru un peu maladroit et superflu.


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