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Fantastique/Merveilleux
Twinkle : Un koto de gouttes d'eau
 Publié le 05/10/07  -  7 commentaires  -  3939 caractères  -  10 lectures    Autres textes du même auteur

La naissance d'un instrument de musique


Un koto de gouttes d'eau


Autrefois, sur les bords de la rivière Kamo, vivait un habile luthier. Il fabriquait les meilleurs kotos du pays. C'était un luthier très célèbre. Un jour pourtant, il se réveilla l'âme inquiète. Un poids énorme l'écrasait. Il gâcha plusieurs cordes, et finit par abandonner son travail. Pensant qu'une visite au temple le réconforterait, il alla prier, et se fit dire la bonne aventure. Hélas, le voyant n'avait que des malheurs à prédire. La santé, le succès, l'amour ne seraient pas là pour lui. Il lui était déconseillé d'entreprendre un voyage ou de conclure une affaire. Le luthier attendrait en vain quelqu'un qui ne viendrait pas, et ses enfants feraient de mauvais mariages. Le pauvre homme s'empressa de réaliser tous les rites nécessaires à la conjuration du mauvais sort et rentra chez lui bien abattu. Il s'attendait à ce qu'une calamité s'abatte sur lui à chaque pas.


Justement, une tempête s'annonçait. La famille du luthier avait fort à faire pour protéger la maison et le petit atelier surplombant la rivière. Le luthier lui-même n'osait pas les aider, craignant d'attirer le mauvais œil sur tout le logis. De temps en temps, une lourde pluie venait s'abattre sur la ville et apporter un peu de fraîcheur. Les nuages couraient à une vitesse folle. Le vent faisait danser les arbres, et même les cigales se taisaient face à cet étonnant spectacle. Mais la famille n'avait d'yeux que pour la rivière qu'elle surveillait avec inquiétude.


Avec la nuit, pluie et vent se firent soudain si violents que la femme du luthier ordonna à tous de se réfugier au plus profond de la maison. Les faibles murs ne protégeaient pas des sifflements de la tempête, du tambour assourdissant de la pluie et des craquements sinistres du bois, mais au moins on y était au sec. Le luthier imaginait les mouvements fantastiques des arbres et le flot grossissant de la rivière. Il tremblait de peur, sentant que le malheur qui l'accompagnait allait bientôt frapper.


Un bruit assourdissant fit soudain vaciller la maison. Le luthier et sa femme se précipitèrent dehors et entre les bourrasques virent l'atelier éventré par un vieux pin, les instruments emportés par la rivière. Il n'y avait rien à faire, mais la femme dut tirer son mari pétrifié pour qu’il s'abrite.


Dans l'obscurité du foyer, tous se lamentaient sauf le luthier. Étrangement, il se sentait plus calme maintenant que le mauvais sort avait frappé. Quand la tempête se fut éloignée, le vent permit enfin au luthier de sortir. Il passa de longues heures à contempler le désastre de son atelier. Il avait tout perdu, ses outils, le bois, des kotos tout juste achevés et qui ne chanteraient jamais.


Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que la pluie se faisait de plus en plus légère. Soudain, quelques notes éclairèrent le tintement monotone des gouttes d'eau. Surpris, le luthier rechercha qui pouvait jouer du koto en cet instant. Il ne vit personne, et pourtant la musique reprit pour se taire aussitôt. C'était une mélodie étrange mais qui donnait envie de sourire. Le luthier tendit l'oreille. Le son venait de son atelier détruit. Quelqu'un était assez fou pour rester au milieu des ruines fragiles. Mais le luthier ne vit personne. Il n'y avait là que la musique fantasque qui montait du sol. Le luthier n'y trouva que quelques bambous éparpillés par le vent. La musique s'arrêtait puis reprenait. Le luthier eut soudain un large sourire. Il s'inclina respectueusement, puis ramassa les bambous. Il courut chez lui, étala sa trouvaille sur le sol, se releva, alla chercher de l'eau et commença à arroser doucement les bambous. Sa femme crut qu'il avait perdu la tête. "Tu abîmes les tatamis, commença-t-elle". Son mari lui fit signe de se taire et d'écouter. Les fines gouttelettes d'eau tombant sur les bambous faisaient parfois surgir les notes envoûtantes d'un lointain koto. Les deux époux écoutaient en souriant la mélodie du koto de gouttes d'eau.


 
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   macalys   
8/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Une jolie nouvelle sous forme de conte poétique, qui selon moi gagnerait à être étoffée et retravaillée.

Je trouve que le rythme du début est un peu trop haché. En particulier la phrase "c'était un luthier très célèbre" me semble inutile. Son élément essentiel, l'adjectif "célèbre" pourrait être insérée dans une des deux phrases précédentes, ce qui aurait l'avantage de supprimer la répétition de "luthier". Quelques autres petites phrases m'ont interpelée, comme "Il n'y avait rien à faire, mais la femme dut tirer son mari pétrifié pour qu’il s'abrite." Je trouve que cette phrase est un peu maladroite voire même pas très cohérente. Mais il y a aussi de très belles phrases comme : "Le luthier imaginait les mouvements fantastiques des arbres et le flot grossissant de la rivière." (un exemple parmi d'autres^^)

D'autres choses m'ont gênées lors de la lecture. J'aurais aimé que les personnages soient plus développés, car on a du mal à se représenter leur caractère et donc à suivre leurs états d'âme et à s'y attacher. De même pour les décors, je crois que pour l'endroit que tu as choisi, il y a de quoi multiplier les détails "couleur locale" pour nous faire un peu plus rêver.

Ensuite, la nouvelle a l'air inachevée. Je crois qu'une petite conclusion philosophique serait appropriée pour un conte comme celui-là. Un truc du genre "a quelque chose malheur est bon", formulé plus adroitement bien sûr. Ou peut-être que tu pourrais reprendre des éléments du début dans la fin pour "boucler la boucle". Ou inventer une fin de toutes pièces... Enfin bref à mon avis il y a quelque chose à faire pour le dénouement.

   Twinkle   
5/10/2007
C'est super d'avoir des avis critiques, merci !

J'ai écrit trois contes dont celui-ci dans l'avion qui me ramenait du Japon, comme une sorte de carnet de voyage. C'était trop court mais j'avais peur d'oublier pleins de choses en ne les écrivant pas immédiatement... Les personnages n'y sont pas développés car l'individu ne se mettant pas en avant au Japon, ça ne m'a pas paru naturel de le faire.

Le koto de goutte d'eau est un ornement des jardins zen. J'avais réfléchi à une conclusion mais j'ai abandonné car cela serait contraire au zen.

   Aldaron   
9/10/2007
L'histoire est courte mais plaisante à lire. La nouvelle tournant autour de la musique (et étant musicien moi même) je pense qu'il aurait été interressant de faire un rapprochement entre la tempète et la musique. En fait faire de ce conte une explosion de sonorités.
A part ça, j'ai apprécié! Merci.

   irisyne   
26/10/2007
J'aime beaucoup les contes zen et j'ai apprécié celui-ci. Il m'a semblé entendre les notes de musique...

   xuanvincent   
22/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Un bien joli conte zen !

   marogne   
11/11/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il est un temple à Kyoto, le temple Zenri-Ji, où, au fond d’un vallon, entre deux volées d’escaliers qui montent vers des temples, est une source, et un puits. L’eau de la source coule dans une coupelle ; le puits est recouvert d’une natte de bambous. Un petit récipient de bois, au long manche permet de prendre un peu de cette eau, et de la verser ensuite sur les nattes du puits. La musique de l’eau qui frappe les bambous, et qui ensuite « goutte » dans la caisse de résonance qu’est le puits permet à l’esprit de comprendre ce qu’est la musique de la terre, de la création, la musique encore pure de la sophistication des hommes.

C’est à ce temple que m’a fait penser ce conte de Twinkle, qui n’est pas le premier sur ce thème, mais qui dans sa simplicité réussit néanmoins à faire passer un peu de cette pureté.

Dans une moindre mesure, le conte suivant (dans mon ordre de lecture, colporte un peu la même idée).

Je trouve qu’encore une fois Twinkle excelle dans les contes « Zen », qu’il continue !

   Anonyme   
23/12/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un joli conte, tout en douceur.
Ce n'est pas ce que je préfère, je n'y suis pas particulièrement sensible, mais ça se laisse lire sans déplaisir.


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