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Policier/Noir/Thriller
victhis0 : S.D.A.
 Publié le 23/04/09  -  13 commentaires  -  28981 caractères  -  65 lectures    Autres textes du même auteur

Une vie presque parfaite, à cent grammes près.


S.D.A.


La douceur de ce petit matin du vingt avril est presque odorante ; il règne dans ce parc recroquevillé sur lui-même de Bloissy comme un sentiment de plénitude et de grâce qui rend magique ce lieu en cet instant précis… Pourtant, à bien y regarder, on ne peut pas vraiment parler du chef-d’œuvre d’un paysagiste inspiré, à commencer par l’exposition globale du parc, plein est, qui ne lui confère un peu de dignité que quelques courtes heures matinales par jour. Pour le reste, le tracé géométrique et attendu des chemins ensablés, les massifs d’épineux malingres, les grillages rouillés, le gazon bombardé de crevasses et de papiers gras et même le coin crottes à chien n’ont rien à raconter d’intéressant.


Il y a bien un coin pour les jeunes enfants, mais, coincé plein nord, il faut vraiment avoir des garçons à défouler pour les y plonger sans remords : les balançoires sont maculées de chiures de pigeons dégénérés, le toboggan aux couleurs délavées est usé jusqu’à la trame, les agrès sont tout de guingois, le sable est gris clair, truffé de mégots ; franchement, c’est assez déprimant.


Chaque jour, des centaines de gens passent par là et chaque jour, personne ne prête une quelconque attention à ce paysage terne, voire sordide dès qu’il pleut. Un petit parc trop sombre dans un quartier gris, dans une ville molle, en somme. Mais pas ce matin. Ce matin, allez savoir pourquoi, c’est vraiment beau : les ombres bleutées des feuilles se marient à merveille avec les verts ondoyants d’un gazon aux reflets d’une mer plissée de vagues, un rossignol entame un solo magistral, quelques colombes immaculées irradient l’air de leur vol saccadé… Pas un bruit autre que naturel n’ose se manifester dans ce tableau au romantisme échevelé, cette véritable ode à la Nature régnante digne d’un tableau de Corot, …


C’est du moins la réflexion que se fait Pierre en son for intérieur, presque impressionné lui-même par ce parallèle plein de lyrisme et d’une sensibilité presque surjouée qui l’émeut. Pierre se prend donc à ralentir le pas, à savourer son tableau, à se chercher d’autres parallèles picturaux, avec toutefois moins de succès, sans que cela le chagrine vraiment pour autant : après tout, ce n’est pas trop son registre.


Pierre, cadre supérieur dans une P.M.E informatique en forme, M.S.P. Conseil – Business Solutions, menée d’une main de fer par un autre ingénieur hargneux et cyclothymique surnommé Groscon qu’il méprise, Pierre accro à sa progression sociale et ingénieur assumé, qui chaque jour passe par le parc Champris sans le voir, aujourd’hui, s’arrête.


À sa grande surprise, en lutte avec son logiciel interne, il s’assoit même carrément sur un banc élimé, face au soleil, la tête en arrière, à goûter ces secondes irréelles comme si de sa vie il n’avait jamais rien éprouvé d’aussi merveilleux. Il vient de poser sa sacoche qui en a vu d’autres à côté de lui, comme si elle aussi avait droit à un peu de bonheur et de repos, à recevoir un peu de chaleur sur sa peau – va-t-elle prendre un coup de soleil ? - S’interroge Pierre que l’image de sa sacoche caramel avec un coup de soleil ocre rouge amuse.


Il en est là à sourire de sa propre facétie quand il la remarque : une enveloppe. Sur son banc. Fermée. Sans adresse ni destinataire. Quelle incongruité. Quelle rencontre improbable. Mais, de toute évidence, cette enveloppe n’avait pas été oubliée : elle était posée en équilibre sur le banc, avec un caillou pour éviter qu’elle ne s’envole. Mystérieuse, muette, offerte, prête à être violée, elle l’attend, l’aguiche, l’excite.


Ils se regardent mutuellement en silence. Ils s’observent, se jaugent. Pierre a rangé ses blagues et ses tableaux, son logiciel d’ingénieur compétent vient d’être rebooté, totalement opérationnel désormais :


- Option A : prise en main de la lettre, observation de l’entourage en quête d’un éventuel destinataire qui se manifesterait – pourcentage estimé à moins de dix pour cent – ouverture / lecture / inscription dans la mémoire / histoire à raconter rendant Pierre potentiellement intéressant.


- Option B : abandon / retour à la contemplation et/ou action et marche vers le bureau / avancement sur le dossier Schmiddlin / devoir & satisfaction du travail accompli.


Estimation de la capacité de nuisance du jour de la part de Groscon : vingt pour cent (pourcentage tout à fait acceptable, très largement inférieur à la moyenne observée depuis trois ans, proche des soixante-dix pour cent). Pierre, se laissant guider par son côté rationnel, choisit la solution B.


Très vite. Trop vite en fait, tous les paramètres ayant été survolés sans que son processeur à matière grise ait vraiment eu le temps de terminer tous ses calculs. La petite caresse d’un vent tiède et aussi doux que la main de sa Louise lui parcourt le cou, l’incitant avec perfidie à prolonger la douceur du moment. Bug. Pierre est comme gelé dans son élan, pendant quelques secondes il reste entre deux positions, une jambe pliée l’autre droite, le dos courbé, un bras en avant et l’autre sur sa sacoche, dans une posture grotesque. Un putain de bug ce petit vent qui, allez savoir pourquoi, fait chanceler sa logique.


Il se rassoit, écarte le caillou sur la lettre avec détermination, repose sa sacoche. Les clignotants d’alerte interne qui hurlent au danger ne sont d’aucun secours, ils sont balayés tout comme le petit caillou.


Pierre a décidé l’option A, celle qui le rendrait potentiellement intéressant. Et Pierre est loin, très loin de penser qu’il s’est juste laissé aller à une curiosité malsaine. Il soupèse l’engin – un bon cent grammes – contemple la qualité réelle du vélin granulé, ressent la dureté intrigante d’un cachet de cire en guise de scellé.


Si Pierre n’était pas dévoré par l’indiscrétion, il aurait presque ri de cette mise en scène un peu grandiose, ce côté romantico-Cartland induisant la déclaration amoureuse dithyrambique d’une pucelle en mal d’aventures ébouriffantes ou un truc du même acabit, écrit avec une encre voilette parfumée sur des lettres tout en rondeurs, des cheveux, une fleur séchée...


D’un geste maladroit, il déshabille la lettre d’un vilain bruit, une sorte de « pschhhhhhhhhh » grave, râle de douleur et d’agonie du corset de papier outragé. Ou ultime cri d’alarme avant l’irréparable. Tout est encore dans le bruit : le papier épais, bien plié, qui se plaint de ses rhumatismes en s’étirant, le frottement des doigts secs de Pierre sur le vélin, l’enveloppe qui se fait la malle en douceur, le corps de Pierre qui s’installe plus confortablement sur le banc qui grince, le rossignol qui a terminé son récital, les colombes qui continuent à roucouler, la respiration bruyante de Pierre. Un petit sachet en plastique avec une poudre blanche qui glisse sur quelques rares décibels timides. Puis le bruit plus trivial d’un autre papier plié standard type photocopieuse.


Puis le silence.


La présentation de la lettre est pour le moins inattendue : point de belles anglaises, point de lettres manuscrites sur ce papier qui n’est pourtant fabriqué que pour cet usage. Il s’agit d’un document genre administration municipale, Times corps 10. Aucun effet de style, aucune fioriture. Aucune signature.



S.D.A. Bloissy, le 20 avril 2009

Cette lettre vous est destinée ; vous l’avez ouverte.

Projet : élimination physique.

Nom : DECOINTES.

Prénom : Jean-Pierre.

Nº : BL/04/09-17

Adresse : 6, rue de la Caichonnière / Bloissy Saint-Léger.

Pedigree : violences répétées / coups et blessures. Torture sur enfants mineurs. Séquestration.

Durée d’activité : plus de quinze ans.

Trois condamnations. Récidiviste.

Suspects potentiels : famille proche – une femme / deux enfants de dix et dix-sept ans.

Mode opératoire : empoisonnement.

Synopsis proposé : Très simple : DECOINTES est pilier du club de Football des « Red Bastards » et porte-parole/chargé des relations publiques.


- Lui demander une interview (dont il raffole) au nom du journal régional ; vous trouverez ci-joint quelques éléments crédibles sur « Le Bloissien Éclairé » pour étayer votre demande.


- Lui servir une bière préalablement complétée de la dose de cyanure également jointe dont la composition a été modifiée avec l’ajout d’un retardateur.


- Lui poser les trois questions (cf. PJ). Partir calmement.

Délais accordés pour exécution : deux semaines à compter de l’ouverture de cette lettre.


PS : Vous venez d’être photographié durant cette lecture. Votre sort est désormais intimement lié à celui de J-P DECOINTES.


SIGNATURE : S.D.A. : « Les Salauds Des Autres. »

Vous avez le droit d’en savoir plus : Tout le monde a un ennemi, un homme ou une femme qui nous a heurtés, profondément. Les faibles, ceux qui n’osent pas répondre aux coups et aux humiliations par lâcheté, par logique, ne passent jamais à l’acte. Leurs bourreaux s’en donnent à cœur joie, en toute impunité, salissant des vies gratuitement, par pur vice.


C’est pour lutter contre cette ignominie que S.D.A. est née. S.D.A. est entré en guerre. Son principe est simple : nous sommes un groupe d’individus de tous âges et de tous milieux, nous identifions, par le vaste réseau social de la ville, dans lequel nous sommes très actifs, des ordures, des tortionnaires du quotidien.


Nous sommes implantés dans les hôpitaux, la police, les services sociaux d’où nous recroisons les sources pour en vérifier la crédibilité. Nos cibles sont alors listées et choisies par vote au suffrage par voie épistolaire. Puis une lettre est rédigée décrivant sommairement la cible et le mode opératoire choisi pour son exécution. C’est elle que vous tenez entre les mains. En tant que parfait étranger, vous exécuterez le projet, sans affect. N’ayant aucun lien avec la cible, vous ne risquez aucune enquête. Vous ne prenez aucun risque. Il en découle très vite un cadavre sans meurtrier et une victime soulagée, quelque part. Et un peu de justice dans ce monde. Et la satisfaction d’avoir fait une action juste.


Les bénéficiaires du crime ne sont en aucun cas impliqués et restent en dehors de tout complot, dont ils ignoreront tout jusqu’à leur dernier souffle. En accomplissant cette œuvre de salubrité, S.D.A. vous est redevable. S.D.A. n’oublie jamais ceux qui l’aident. Jamais.


PS : S.D.A. n’oublie jamais non plus ceux qui ne l’aident pas, ceux que la lâcheté ou l’incrédulité font reculer. Complices des cibles désignées, leur condamnation à mort est votée à l’unanimité d’office. Vous verrez, c’est beaucoup plus facile que vous ne croyez : tous les soldats du monde dorment après le massacre d’inconnus. Vainqueurs, ils sont acclamés. Vaincus, ils sont pardonnés assez vite. S.D.A. ne vous demande rien de plus ni rien de moins que ce qu’un bon père de famille fait sous les drapeaux. Et cette guerre est bien plus juste que toutes celles jamais déclarées.


Bon courage.



Pierre n’a pas bougé le moindre muscle, il y a fort à parier qu’il n’a même pas cillé pendant cette lecture. Une vraie statue. Pas de grimace, pas de réaction. Une goutte de sueur, puis deux, puis trois, perlent sur son front. Un réflexe de survie le pousse à chercher des yeux un photographe. Il y avait bien une femme, il y a dix minutes, assise en face, en plein contre-jour, mais il n’est même pas sûr.


Sur l’autre feuille bien pliée, d’un papier plus ordinaire, il lit à une vitesse qu’il n’avait jamais atteinte la dizaine de lignes énumérant des faits sur le « Bloissien Éclairé » et une série de questions à caractère sportif.


Tout d’un coup son rythme cardiaque s’affole, son logiciel est en vrac. Il balance des hypothèses en batterie (c’est une blague / je vais mourir / c’est qui ces tarés/ je vais voir la police / j’en ai rien à foutre de leur conneries / quel connard ce Decointes / qu’est-ce que je risque après tout / c’est vraiment n’importe quoi / je suis en plein rêve, allez mon vieux faut aller bosser maintenant/ elle est bien bonne / maman je peux t’appeler / je vais foutre le camp de cette ville de fous / elle est bien bonne, ils m’ont bien eu, ça suffit maintenant, on a bien rigolé / non mais quel con je fais de croire à un truc pareil.)


C’est sur cette dernière réflexion que Pierre entend le bruit singulier d’un moteur d’appareil photo qui déclenche une rafale de clichés. En fait, Pierre ne sait même pas s’il ne vient pas de se fabriquer tout seul le bruit, s’il a existé pour de vrai. Il se lève comme un automate, il a froissé la lettre, ramassé le petit sachet et la seconde lettre qu’il a fourrée machinalement dans sa sacoche.


Le petit zéphyr féminin de tout à l’heure siffle un courant froid comme la lame d’un couteau sur ses épaules saisies par une sueur glacée. Le coin des enfants prend un air sinistre, lugubre, sous le nuage qui vient bien sûr d’obscurcir le parc Champris.


Les épineux se froissent, noircissent à vue d’œil, le gazon se noie dans la terre fangeuse, les courbes des chemins ondulent comme un reptile sous le pas lourd de Pierre. Allez, Pierre, le croassement du corbeau, tu viens de l’inventer pour le coup : il n’y a pas de corbeaux au parc Champris. Et l’heure tourne, il faut y aller maintenant.


********************


Cela fait plusieurs jours que Pierre ne dort plus. Plusieurs jours qu’il a décroché dix fois son téléphone, composé dix fois tous les numéros d’assistance possible (police, gendarmerie, détectives privés, Sécurité du Territoire, etc.) et raccroché dix fois, rattrapé par le ridicule de son histoire.


Jeudi, il s‘est déplacé au commissariat avec la lettre, a commencé à raconter son histoire en brandissant le petit sachet mortel sous le regard peu inspiré de l’agent de police de service : une petite brune aux cheveux courts, quinze ans de métier à vue d’œil, qui en a vu d’autres.


Des tarés, des bluffeurs, des dangereux, des lâches - beaucoup de lâches. De ceux qui détournent le regard quand on les questionne, qui rient quand il faut pas, qui nient avec la dernière énergie devant les évidences. Ils sont souvent menteurs, les lâches pense Corinne (c’est son nom à la petite policière).


Elle n’est pas très maline, la petite Corinne, un peu feignasse aussi. Elle regarda Pierre, le trouva ridicule. Pendant qu’il lui servit son histoire à dormir debout, elle pensait à ses vacances. Elle est lasse de tous ces connards qui s’inventent des trucs à la con pour se rendre intéressants. Pierre se rendit compte que la policière ne l’écoutait qu’à peine. Découragé, il finit par faire demi-tour ; Corinne n’a même pas pris la peine de lui demander ses papiers : un dingue de plus ou de moins, ça mérite pas que je m’emmerde à remplir un dossier pensa-t-elle en haussant les épaules.


Le plus embêtant dans la vie de Pierre depuis le vingt avril, c’est Groscon, alias Michael Saint-Paulin. Il s’est fabriqué tout seul Saint-Paulin, et, assez curieusement du point de vue de son entourage, l’est vachement fier. Un mètre soixante-trois, soixante-dix kilos, le poil rare et le double menton en guise de collier, on ne peut pas vraiment parler de play-boy. De toute façon, Saint-Paulin n’a jamais compté sur son physique, malgré l’infinie beauté de ses yeux bleu foncé. Il peut lui arriver de faire varier l’intensité de son regard à l’envi, ce qui impressionne, mais c’est bien là sa seule coquetterie.


Très tôt jeté sur le marché du travail sans bagage par un père borné, il a gravi un à un tous les échelons jusqu’à ce qu’il en arrive à cette conclusion limpide : pourquoi faire pour les autres ce que l’on peut faire pour soi alors que le risque n’est pas supérieur ?


À trente-cinq ans, le couteau entre les dents, la rage au ventre, Saint-Paulin a fondé sa boîte M.S.P. Conseil- Business Solutions. Malin et opportuniste, il a débauché quelques types brillants ou utiles – qui ne sont pas forcément les mêmes - dont Pierre, dès le départ de son aventure.


L’opiniâtreté, la manipulation, voire la corruption légère dont il n’hésita pas à se servir ont fait le reste : une jolie petite P.M.E, avec son chiffre en noir d’azur au circuit imprimé d’or et cerclé de même. Passionné de Comics et de culture américaine, Saint-Paulin rêve de clients outre-Atlantique, bûche son anglais via des tutoriaux en ligne à défaut d’interlocuteurs anglophones et passe son rare temps libre à compter ses sous qu’il ne dépense jamais, son trésor qu’il accumule pour le seul plaisir de l’accumulation.


Pas d’enfants (cher), pas de femme (encore plus cher) pas d’amis proches (ça rapporte rien). Mais beaucoup de relations (ça rapporte potentiellement gros). Toujours vêtu d’un costume gris pas net et mal coupé, étranglé par une cravate ringarde sur une chemise blanche, souliers pourris qui couinent à chacun de ses petits pas rapprochés, Saint-Paulin n’inspire pas vraiment le succès, il n’impressionne pas.


Cette allure de looser, Groscon en joue à merveille, endort ses proies avant de les avaler, petit à petit, par une sorte de méthode Kaizen retournée d’une efficacité redoutable. Sa méthode vis-à-vis de l’interne est plus droite : coup de gueule homérique, sanction quand il désapprouve, rien quand il approuve (potentiellement, un compliment signifie une augmentation de salaire : inimaginable).


Saint-Paulin-Groscon, lui, l’en a rien à foutre des nuits blanches de Pierre. Le dossier Schmiddlin n’avance pas. Pierre avait promis une résolution des conflits entre logiciels « dans les deux semaines, Boss ». Et puis rien du tout. Schmiddlin envoie des mails dont le ton se durcit chaque jour « something smells in the kitchen » comme disent les Anglais...


Groscon convoque Pierre pour la énième fois. Il lui trouve vraiment une sale gueule : blanc comme un linge, maigre, le regard affolé, Pierre a un peu perdu de sa superbe. Groscon est tenté par un « faut dormir mon gars ! » mais décide finalement que ce n’est pas ses oignons : si Pierre se farcit des kangourous la nuit ou se tripote sur le web, c’est pas son problème, ça le regarde pas. Boulot-boulot. « I don’t care. I don’t give a fuck ! » pense Saint-Paulin qui adore ponctuer ses paroles et ses pensées d’un anglais international bon marché. Ça fait drôlement classe et ça impressionne Claire, sa secrétaire. Easy money.


- Pierre. J’en ai plein le cul de Schmiddlin. Il me casse les bonbons tous les jours. J’en ai marre aussi de vous poser la même question everyday.


Fed up : « z’avez quarante-huit heures pour calmer les Suisses, sinon, you’re out. Inventez ce que vous voulez, rédigez n'importe quoi, mais calmez-les. Et bossez. Fin de l’entretien. Salut. Exécution. Get out. »


Pierre fixe Groscon puis il baisse les yeux. Salaud d’égoïste avec sa boîte de merde. Rien à foutre de Schmiddlin. Le dossier Decointes me prend trop de temps…


- C’est quoi ça Decointes ? Are you kidding me ? J’ai pas de client à ce nom-là !

- Désolé, je parlai pour moi-même.

- Rien à b… cirer. Quarante-huit heures ! Pas une de plus ou t’es viré ! Get back to your bloody computer tout de suite !


Le tutoiement était sorti tout seul, Groscon s’en aperçut et pensa que c’était de circonstance. Tutoyer sa victime, « ça le fait » pensa-t-il.


Un petit sourire de crotale se dessina sur sa bouche lorsque la porte de son bureau se referma sans bruit. Avec une branlée pareille, il va se bouger this fucking weirdo…


********************


Le deux mai, au « Bar des Buteurs », Pierre attend sa cible. Il est étonnamment calme et détendu, très concentré. Il s’est habillé de vêtements neufs, sa barbe est assez fournie et sa perruque d’un blond décoloré est savamment nouée à ses cheveux de jais courts. Une paire de lunettes en écaille épaisse : il est vraiment méconnaissable ce qui ne change pas grand-chose, personne ne le connaissant dans ce coin de Bloissy.


Jean-Pierre Decointes se pointe avec une bonne demi-heure d’avance, jovial. C’est un type de grande taille, athlétique voire carrément baraqué. Le sourire étincelant, les dents étonnamment blanches, assez élégant, il a tout d’une affiche de pub qui célébrerait l’emploi pour tous, une sorte de « yes I can » à lui tout seul.


Aux antipodes de l’image de monstre mal rasé à la moustache gauloise, le ventre énorme, bardé de tatouages, de boucles d’oreilles et de bagouzes à tête de mort que Pierre s’était fabriquée. Mais Pierre a effacé d’emblée toute empathie de son esprit.


Poignée de main franche, peau chaude, parfum délicat, le tout orné par un « bonjour ! » franc et massif. Pierre lui tend une main molle. Son Nagra est posé sur la table, il a à côté de lui les derniers opus du « Bloissien Éclairé » et un carnet de notes. Pierre a pris soin de réviser le palmarès des « Red Bastards », afin de professionnaliser ses répliques, de toute manière Decointes s’en fout : il veut juste lui communiquer son enthousiasme, qu’on le cite sans oublier le « s » final à son nom, et que l’on ne raccourcisse pas ses réponses :


- C’est trop souvent fait comme ça, un peu comme si on jouait un match en dix minutes, arrêts de jeu compris.


Pierre se garde de lui répondre que, pour sa part, ça lui suffirait amplement, mais bon. À la place, il le gratifie d’un sourire entre-sportifs-qui-se-comprennent. Le patron du bar appelle Decointes :


- Hé, J-P, téléphone pour toi !


J-P présente ses excuses et va prendre le combiné au bar. Pierre s’était entraîné chez lui avec un peu de farine : abrité du regard par l’épaisseur du Nagra, en moins de vingt secondes il avait agité le verre et dilué le poison. Il a agi comme un bon petit logiciel bien programmé, sans une faute, sans affect. Le battement du cœur de Pierre ne dépasse pas les quatre-vingt-dix quand la cible se rassoit :


- Sincèrement désolé !


Pierre avait pris soin de faire appeler Decointes par un de ses collègues sous un prétexte facile, genre « J-P veut vous parler vers dix heures, il m’a demandé que vous l’appeliez sur son mobile, il compte sur vous. » Pour plus de sécurité, Pierre avait fait une demande approchante auprès de plusieurs des proches de la cible, au cas où. Le téléphone sonna quand même deux fois sur les trois. Pas mal. D’autant que la bière est bue par J-P entre deux coups de fil.


- Je comprends rien : tout le monde m’appelle mais je leur ai rien demandé moi ?


Pierre est un peu pâle. Il remercie son interlocuteur, lui laisse une carte de visite bidon. Et il s’en va, avec un sentiment curieux, mélange d’angoisse pure et de délivrance absolue. Il note quand même comme une étrange lueur teintée d’une vraie gêne dans le regard de Decointes au moment où ils se séparent, un point d’interrogation qui se détord vers un point d’exclamation, comme s’il se doutait de quelque chose.


Pierre quant à lui ne cille pas, son visage est de marbre, ses sourcils broussailleux rapprochés, il fixe sa cible atteinte comme le ferait un chasseur devant une bête agonisante, avec ce regard dénué de culpabilité mais avec une pointe de pitié mêlée à la froideur de l’inéluctable. Et la certitude que c’est dans l’ordre des choses et que tout est bien : les proies et les prédateurs, les victimes et leurs bourreaux, car ainsi va le monde.


Assis dans sa voiture, le regard perdu, il ferme les yeux. Son cauchemar prend fin. Sa vie va reprendre un cours normal, ses nuits ne seront plus le théâtre d’angoisses invivables, fini l’horreur du châtiment à venir et la trouille absolue qui lui mangeait le ventre ! Sa décision fut prise lorsqu’il reçut chez lui des clichés de lui au parc Champris, une lettre à la main.


Il en a presque fait une attaque, il a hurlé à en perdre la voix, il a vomi de la bile pure. Et il a pris sa décision. Maintenant que tout est terminé, il n’est même pas vraiment sûr que tout ça c’est vraiment passé. Il se retournerait presque pour constater que même le « Bar des Buteurs » n’a jamais existé que dans son imagination : dommage Pierre, le bar existe bel et bien. Et la cible se prépare à regagner ses pénates, à mille lieues de se douter qu’il quitterait ce monde dans moins d’une heure ce qui n’est pas plus mal, finalement.


********************


Pierre contemple le plafond de son appartement. Cela fait dix jours qu’il ne sort plus, ratisse sans appétit ses fonds de placard pour survivre. Il a perdu dix kilos. Son appartement est un bouge dégueulasse. La presse passe progressivement à autre chose : des articles émus sur « La disparition brutale d’un bloissien apprécié de tous, sportif accompli laissant deux enfants en bas âge et une veuve éplorée. « La police n’exclut pas la thèse criminelle » aux articles de moins en moins fournis, les interviews vides des flics, l’enlisement…


Pierre n’est même pas étonné que l’agent Corinne Decoisne n’ait pas été mentionnée, son incompétence à donner un nom l’ayant d’office disqualifiée... L’émotion quotidienne des nouvelles est passée à d’autres sujets, vachement plus graves : des déculottées sportives, des pogroms, des discours, des fêtes, cycle bien huilé distillant avec un savant mélange dosé à la perfection un peu de sordide de la porte à côté (vous avez de la chance, c’est pas vous), une larme de génocide lointain (putain le bol, c’est pas encore vous et ça risque pas), un trait des décisions gouvernementales lointaines (de toute manière, vous êtes pas concernés), un zeste de distraction du moment (chouette on va pouvoir oublier tout ça).


Mélangez, avalez, digérez, recommencez.


Maintenant le logiciel interne de Pierre a court-circuité un certain nombre d’applications pour se concentrer sur une seule : haro sur Michael Saint-Paulin, dit Groscon, coupable de lui avoir bousillé la vie. Car c’est lui le responsable de toute cette merde, lui qui l’a fichu dehors, qui l’a humilié depuis trois ans, s’est servi de son intelligence et de sa foi en M.S.P. Conseil pour son seul profit. Et lui qui l’a éliminé à la première occasion. Saint-Paulin, lui, il existe pour de vrai. Et Pierre tient l’outil de sa vengeance.


Il se lève avec difficulté, attrape une feuille de papier A4 standard. Il rédige un brouillon rapide de la lettre. Il recommence à plusieurs reprises, son stylo trace des lignes dyslexiques, parfois la pointe crève le papier, parfois elle le caresse à peine. Il prend son temps pour décrire par le menu toutes les tortures professionnelles, menaces et magouilles de Groscon, il a pris soin de détourner la boîte mail de la direction avant de partir pour recevoir une copie de toute la correspondance de Saint-Paulin.


Il en rajoute, cite d’autres noms de victimes de cette P.M.E dont « les vies foutues sont facilement identifiables ». Implore le paiement de sa dette par S.D.A. Il donne l’emploi du temps de Groscon, le nom de sa secrétaire, ses manies et ses habitudes. Il précise qu’il n’a plus rien à perdre, que c’est sa seule bouée de sauvetage, la disparition de Saint-Paulin. Que sa vie ne tient plus qu’à une résurrection, et que cette résurrection est dans les mains de S.D.A., ce qui est la moindre des choses. Que cette disparition pourra lui permettre de rattraper le dossier Schmiddlin dont il est le seul à connaître tous les rouages depuis trois ans, et, par là même, de sauver M.S.P. Conseil d’un dépôt de bilan inévitable, que de toute façon il est le seul capable d’enrayer. Et que la Terre sera débarrassée d’une ordure de plus.


Alors que Pierre va sceller sa lettre, une évidence s’installe face à lui et le regarde droit dans le fond du raisonnement : ça ne sert à rien Pierre, pas comme ça. « No way » dirait Groscon.


Avec une fièvre soudaine, Pierre se rue alors sur son PC, reprend la lettre originale de S.D.A. dont il recopie à l’identique la structure. Il ne lui reste qu’à changer le nom et l’adresse de la cible et à rédiger un motif pour l’exécution. Plutôt que viol il met « corruption active, détournements de fonds, humiliations et tortures psychologiques poussant au suicide ses victimes ». Pour le mode opératoire, faisons simple : le coup du poison est le plus discret, il suffit juste de glaner une recette efficace sur le web.


Quant à l’occurrence, une interview mandatée par une revue américaine fera l’affaire. Cette fois Pierre pleure de joie, il prend une belle enveloppe en vélin beige qu’il a remplie des papiers nécessaires, il la scelle avec un petit cachet de cire rouge sang. Il vérifie le chargement de son appareil photo, enfile un manteau léger et marche calmement vers le parc Champris. Et il se fiche bien de savoir, dans le fond, si S.D.A. existe vraiment, ou s’il vient juste de lui offrir une descendance.


La douceur de ce petit matin du quinze juin est presque odorante ; il règne dans ce parc recroquevillé sur lui-même de Bloissy comme un sentiment de plénitude et de grâce qui rend magique ce lieu en cet instant précis…



 
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   Anonyme   
23/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
L’idée de départ est excellente.
Il y a dans les premiers paragraphes des tournures de phrases un peu difficiles : « qui ne lui confère un peu de dignité que quelques courtes heures matinales par jour. » qui/que/quelques
« il faut vraiment avoir des garçons à défouler pour les y
plonger sans remords » (à défouler)
« pigeons dégénérés » (dégénérés, un rien trop agressif parce qu’il ne concorde pas avec l’état d’esprit du héros, ce matin là)
« au romantisme échevelé » ne cadre pas, puisque le décor est quand même sinistre, même si ce matin là, Pierre est d'excellente humeur. C'est juste "échevelé" qui me gêne parce que c'est "trop"
« Pierre, cadre supérieur dans une P.M.E informatique en forme, » (il manque ici quelque part une virgule)

La signature et toutes les informations qu’elle contient est indispensable, mais elle est un peu trop détaillée.
Je pense que l’auteur aurait pu tourner la difficulté en faisant faire par Pierre des recherches sur Internet concernant la SDA. Ou donner dans la lettre une clé permettant d’accéder à un site la concernant.
« et une victime soulagée, quelque part. » le quelque part est en trop. Trop d’affect, du coup, dans la lettre. Ou une manière d’excuse de la part de la SDA. Il suggère aussi un soupçon de culpabilité de leur part.
La signature aurait pu (si informations complémentaires ailleurs) se contenter de la seconde partie : la menace : SDA n’oublie jamais ceux qui ne l’aide pas.
1m63/70kilos, pas nécessairement de double menton, il n’est pas si gros. Il a juste 6 kilos en trop. Et encore…
« Par plus de sécurité, Pierre avait fait une demande approchante auprès de plusieurs des proches de la cible, au cas où. » Pas très crédible. Comment Pierre s’est-il débrouillé pour que des proches l’appellent à cette heure-ci, à cet endroit là ? Pour la police c’est du gâteau de remonter la piste. D’autant que le personnage est connu et qu’il y aura enquête. Non seulement sportif reconnu mais aussi pédophile à ses heures… Très peu crédible. Car il est récidiviste, donc fiché.
« sportif accompli laissant deux enfants en bas âge et une veuve éplorée. » Ici, rappel du « sportif accompli » mais pas des accusations/soupçons de pédophilie et de tortures ? Il est récidiviste et condamné.
Ensuite : deux enfants en bas âge : 10 et 17 ans, ce n’est pas « en bas âge ».
Pourquoi abandonne-t-il l’idée d’écrire à la SDA pour lui raconter ses déboires avec Groscon ?
On dirait à ce moment qu’il doute vraiment de la réalité de la SDA ; pourtant, il ne devrait pas douter puisqu’il a été photographié et a reçu lesdites photos.
Une excellente idée de départ et une très bonne histoire.

   Anonyme   
23/4/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai hésité avant d'entamer la lecture.
28900 caractères tout de même, et dans une catégorie qui dérape trop souvent dans le glauque.
Tiens le personnage s'appelle Pierre ?
Un petit survol pour prendre la température ?

Je n'ai pas relâché mon attention une seconde. L'intrigue est intelligente, les caractères bien campés.
On s'identifie au personnage principal et on s'interroge.
Groscon vient à point nommé pour brouiller les pistes et créer le suspense.

Un vrai polar, bien ficelé dont on a l'impression de sortir moins con.

   Selenim   
23/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Une idée plutôt originale.

Le premier paragraphe est étouffant: les phrases à rallonges sont lourdes et rigides. L'écriture s'améliore par la suite, mais je ne suis pas fan. il manque une certaine fluidité. Ah, subjectivité...

J'ai trouvé déstabilisant les passages en écriture "informatique". Pourquoi à ces moments précis alors qu'à d'autres, Pierre réagit normalement ? Un peu maladroit et caricatural.

Groscon... pas très recherché, même pour un ingénieur.

Dans l'ensemble, le récit manque de rythme. toute la partie avant la découverte de la lettre est bien trop longue.

Un écrit contradictoire qui ne m'a pas transporté.

Selenim

   widjet   
23/4/2009
Ca manque franchement de légèreté dans l’écriture. La première partie (avant la découverte de la lettre) pèse un quintal, on est pas loin de décrocher. Trop abondant pour moi dans le style (dans certains cas, les formulations auraient largement pu être simplifiées). Je finissais par perdre le sens du message et ne plus comprendre la phrase !
Ce n’est que mon avis, mais à la longue ce genre d’effet nuit à la lecture.

Mais, je connais un peu l’ingéniosité de l’auteur qui se distingue souvent dans le registre de l’imagination et de la cruauté. Alors j’ai poursuivi. Après la lecture de la lettre on rentre dans le vif du sujet et on se dit « cool, ça commence vraiment »…avant de déchanter encore. Longue tartine de texte sur le gros con qui mériterait d’être raccourci (le texte hein, pas le gars !)
Le texte s’étire à l’infini. L’écriture est trop chargée. Le rythme s’en ressent terriblement.

Et je finis par lâcher prise. Merde. J’aime pas ça.

Je n’évalue pas encore. J’y reviendrais sans doute.

Widjet

   Leandrath   
23/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Je rejoins Coquillette, l'idée de départ est pas mal, un peu genre "que font les hériters de Charles Bronson dans la vraie vie". Je ne suis pas très polar habituellement par contre ce concept de groupuscule marginal et ses implications sociales m'ont rappelé Palahniuk. Malheureusement si le ton acide et jenfoutre du narrateur essaie de flirter avec celui de l'auteur de Fight Club, il manque de "violence" pour exacerber le ressenti du pauvre gars impliqué dans qqch de noir et qui le dépasse.
L'univers mis en place manque un peu de "panache" à mon gout.

en dehors de ces ptits details c'est du bon boulot.

   Anonyme   
23/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Mais ce n'est pas mal du tout, cette idée là... et la liberté que le lecteur garde de s'imaginer ce qu'il veut concernant cette S.D.A.
Existe ? Existe pas ?
Et le pauvre sportif cyanurisé : vraiment un salaud pédophile, ou simplement quelqu'un de gênant à éliminer d'une manière ingénieuse ?
Excellente embrouille que cette idée de "chaîne" où chaque pauvre type chargé du meurtre d'une supposée crapule et s'étant acquitté de sa tâche, refile la patate chaude à un suivant, afin de pouvoir à son tour faire éliminer qui le dérange dans sa petite vie... C'est vicieux, j'aime :-)
Voilà pour le fond.

Pour la forme, je suis un peu plus mitigée. Je trouve également le style souvent un poil trop lourd. Pourtant, j'aime lire les descriptions et les ambiances longuement campées. Mais là, il y a quelques passages qui gagneraient quand même à être écrémés à mon goût. Quelques "respirations" qui se perdent au fil du texte, par manque de ponctuation, phrases à rallonges, subordonnées en cascade...
Cela dit, le style est intéressant, et la maîtrise de la langue est là, indiscutable.

Cela dit, Vichtis, tu seras mon premier "cobaye", ça se fête : j'ai décidé, à partir d'aujourd'hui et après plus d'un an de débat avec moi-même (et dieu sait si je me contredis sans cesse, c'est fatigant), de commencer à mettre des notes en plus de mes commentaires. Et c'est toi qui ouvres le bal :-)

   Menvussa   
23/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
« il règne dans ce parc recroquevillé sur lui-même de Bloissy » Je trouve la construction un peu curieuse, j’aurais écrit : il règne dans ce parc de Bloissy, recroquevillé sur lui-même,…

« Pour le reste, le tracé géométrique et attendu des chemins ensablés, les massifs d’épineux malingres, les grillages rouillés, le gazon bombardé de crevasses et de papiers gras et même le coin crottes à chien n’ont rien à raconter d’intéressant. » Alors là, je n’ai carrément pas compris la phrase : « le tracé géométrique et attendu des chemins ensablés » ne me semble n’avoir aucun sens. N’y a-t-il pas une faute, un mot manquant, un défaut de ponctuation… ?

L’auteur nous parle d’une louise : « La petite caresse d’un vent tiède et aussi doux que la main de sa Louise lui parcourt le cou », mais nous n’en saurons pas plus et je m’étonne qu’elle n’interfère aucunement dans l’histoire.

Sinon, cette histoire m’a bien plu. Difficile de s’identifier au personnage sans ressentir des frissons, sans se demander comment on réagirait. Très bon scénario pour un court métrage. Le thème est original, terrifiant. Peut-on faire faire n’importe quoi à n’importe qui ?

Le parallèle entre ce parc qui pour une fois se montre sous un bon jour et ce destin monstrueusement tragique est saisissant, logique en sorte. Il fallait bien sûr que ces conditions soient réunies pour que cela fonctionne.

   Flupke   
24/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Victhis0,

personne ne prête une quelconque attention à ce paysage terne UNE QUELCONQUE absolument indispensable ?

5e paragraphe je trouve la phrase bien longue

Il vient de poser sa sacoche qui en a vu d’autres à côté de lui, comme si elle aussi avait droit à un peu de bonheur et de repos, à recevoir un peu de chaleur sur sa peau – va-t-elle prendre un coup de soleil ? - S’interroge Pierre que l’image de sa sacoche caramel avec un coup de soleil ocre rouge amuse. S’interroge Pierre le S majuscule suggère-t-il une nouvelle phrase ? Un peu bancal ...

Pourcentage estimé à moins de dix pour cent – tu veux dire probabilité ?

Pierre a décidé l’option A, je mettrai plutôt Pierre a choisi l’option A,

leur condamnation à mort est votée à l’unanimité d’office. Pourquoi voter si la condamnation est d'office ? Il suffit d'appliquer la règle et de ne pas voter.

Pas très bien compris comment Pierre s'est débrouillé pour convaince les proches de Decointes de l'appeler à plus forte raison sur le téléphone du bar (plutôt que sur son mobile). En plus s'ils suivent les instructions à la lettre Decointes devrait flairer qqchose de louche, plutôt que de se demander ce qu'ils ont à l'appeler. Étrange manque de curiosité que de renoncer à savoir pourquoi tout le monde l'appelle.

Bon c'est à la limite du crédible si ce n'était pour la fin où il décide de court-cicuiter le SDA et continuer la chaîne.L'idée est originale, mais je trouve qu'il y a pas mal de détails à peaufiner. Les caractères des protagonistes semblent mieux soignés que l'intrigue elle-même. Je me demande s'il n'y a pas des longueurs à supprimer. Néanmoins, l'ensemble est intéressant et pourrait faire une très bonne nouvelle policière avec un peu plus de crédibilité. Par exemple qqun aurait pu le faire chanter (de manière anonyme) pour obtenir ce meurtre, lui donnant à lui aussi l'idée de faire chanter quelqu'un pour parvenir à ses fins.

Pierre a rangé ses blagues et ses tableaux, son logiciel d’ingénieur compétent vient d’être rebooté, totalement opérationnel désormais : bien aimé l'émulation du raisonnement algorithmique.

D’un geste maladroit, il déshabille la lettre d’un vilain bruit, ...râle de douleur et d’agonie du corset de papier outragé. Bien aimé l'image

Bien aimé le bar des buteurs (polysémique)

Bon en résumé ce n'ai pas mon préféré de tes textes, mais il a néanmoins un très bon potentiel si tu décides de le remanier un peu.
Amicalement,

Flupke

   horizons   
30/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Idée de départ très sympa qui ns tient en haleine jusqu'au bout. Le passage du relais à la fin est habile et le mystère qui entoure SDA reste opaque mais attractif...tellement que ça me semblerait être un sujet à développer, à creuser, sous la forme d'un roman peut-être...
Pour le style, de très jolies formules alternent avec des phrases plus bancales mais ce qui m'a surtout gênée c'est la présence récurrente des: putain, con, groscon, connard...pas très subtils (ex: Elle est lasse de tous ces connards qui s’inventent des trucs à la con pour se rendre intéressants.) Idem pour SDA: "salauds des autres" n'est pas assez percutant à mon goût.
Attention aussi aux descriptions par énumérations entre virgules: il y en a beaucoup, ça peu lasser.
Alors, on le lit quand ce roman?

   minouchat   
22/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai aimé. C'est bien écrit, c'est clair, intelligent, sobre.

   marogne   
23/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Un hommage à Hitchcock d'abord, puis à un ou deux films récents (dont j'ai oublié le titre, mais bon, les cinéphiles les trouveront ... et ce n'est pas trop important), mais avec un manque de légéreté, d'entrain qui gâche un peu le plaisir. D'abord le début, des phrases à n'en plus finir, des images lourdes (pour moi), et sans doute quelques fautes de frappes qui ont passé la correction.

Puis, malgré l'idée de base - excellente - des détails qui clochent, trop, qui font que l'on n'y croit plus. Dommage.

   florilange   
16/6/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Victhis0,
J'ai trouvé cette nouvelle originale, intéressante. J'aurais préféré moins de digressions & + de soin à expliquer pourquoi cette lettre tombait à pic pour le personnage, à ce moment de sa vie ou de son job. Attention à faire concorder les détails du décor avec l'humeur du personnage, quand on a commencé, faut s'y tenir.

Le policier est 1 genre difficile, ses adeptes ont le coup d'oeil, l'habitude, ils ne laissent rien passer. Alors, le truc des indices, primordial! La crédibilité, indispensable! Personne n'a encore trouvé la recette du meurtre parfait, sinon, ça se saurait. Donc, détails de l'intrigue à revoir (selon moi, bien sûr).

Merci de cette histoire sortant de l'ordinaire,
Florilange.

   NICOLE   
11/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une belle trouvaille que cette recette du crime parfait : pas de mobile.
Je repense à un vieux film où deux hommes, totalement étrangers l'un à l'autre, s'entendent pour que chacun tue la femme de l'autre. Le postulat de base me semble interessant, et ici je le trouve plutôt bien décliné.
Rien ne m'a vraiment géné dans l'écriture, elle est fluide et assez agréable. Elle sert bien l'intrigue.


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