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Policier/Noir/Thriller
Vilmon : Crime sur les landes
 Publié le 17/08/23  -  6 commentaires  -  7870 caractères  -  55 lectures    Autres textes du même auteur

Erwan s’arrête, le gendarme est encore en poste pour lui barrer la route, comme hier. La découverte du corps inerte de la belle Annwenn sur la plage lui revient en mémoire. Qui pourrait vouloir du mal à la belle Annwenn ?


Crime sur les landes


C’est une belle journée du printemps qui commence. Erwan s’est réveillé à l’aube, comme toujours, pour grimper l’échelle menant au toit de chaume. Juché sur ses derniers barreaux, il observe avec un sourire béat le lever du jour. Le coq de la basse-cour se met à chanter et il lui répond avec enthousiasme. Pendant un moment, il laisse les rayons du soleil lui réchauffer le visage puis descend, s’avance à grands pas vers l’enclos des poules, saisit le sac de grains, ouvre la barrière et la ferme avec précaution. Pendant qu’il leur lance des grains, il récupère la plus belle des plumes au sol, l’admire un instant et la laisse filer dans le vent. Il en a déjà une semblable dans sa collection qu’il garde dans sa poche de manteau.


Après avoir compté dix poignées de grains, il ressort de l’enclos, remet le sac en place et se dirige à la cuisine dans la chaumière. Il pige deux biscuits de sarrasin dans le pot de terre cuite, se découpe un morceau de fromage, se sert une tasse d’eau chaude avec trois pincées de fleurs de bruyère et s’installe à la table. Il savoure son petit déjeuner lorsque sa mère entre avec une chaudière de lait. Elle lui sourit chaleureusement, lui tapote affectueusement l’épaule en passant près de lui et dépose le lait sur le comptoir de bois, près de l’évier et de la pompe à eau en fonte.


– Bon matin, mon bel Erwan, lui dit-elle. As-tu bien refermé la barrière ? N’oublie pas de nourrir les vaches, ajoute-t-elle après avoir vu l’adolescent acquiescer. Ton grand frère Brieg dort encore alors ne fais pas trop de bruit.


Elle transvase la crème accumulée en surface dans la petite baratte à beurre, la referme et tourne la manivelle vigoureusement.


– Il est comme ton père, Dieu ait son âme, reprend-elle. Il boit trop, revient tard et ne fait rien de bon, poursuit-elle en maugréant. Au moins, ton père, lui, est mort en héros pendant la Grande Guerre, à combattre pour notre patrie dans les tranchées. Sans doute la seule bonne chose qu’il a faite de toute sa vie après notre mariage.


Son repas terminé, Erwan se lève, porte sa tasse près de l’évier, embrasse sa mère sur la joue et se dirige vers la porte.


– Fais attention sur les falaises, mon beau, je ne voudrais pas que tu t’y rompes le cou, l’avertit-elle avant qu’il ne passe le pas. Tu n’es pas très futé, mon enfant, mais tu m’es très précieux, ajoute-t-elle en chuchotant.


Erwan va près de l’appentis servant d'étable aux deux vaches, prend une poignée de tiges d’ajonc et les passe dans le broyeur, une mécanique simple qui les taille et les écrase pour éclater leurs épines. Le parfum s’accentue lorsque les tiges sont broyées, il aime bien la senteur de ces fleurs jaunes, elle ressemble à la noisette. Après plusieurs poignées, il les dépose dans la mangeoire des vaches, les regarde mastiquer et les imite en roulant sa mâchoire. Son rire s’estompe en entendant son frère aîné s’écrier en juron. Il sort de l’écurie, voit Brieg lui prendre son vélo et emprunter la route de terre en direction du village, son visage rouge de rage. Il sait qu'il ne faut pas lui parler lorsque sa figure est de cette couleur, il peut le frapper ou lui donner des coups de pied. C’est à cause de la boisson, lui avait expliqué sa mère. Tant pis pour son vélo, il ira sur les falaises du Trégor en coupant au travers des landes. Il retourne au broyeur, prépare une autre brassée, la dépose devant les vaches et, à son tour, quitte la chaumière en courant dans une étroite piste à travers les fleurs jaunes des ajoncs.


Il croise trois lièvres, observe quelques rossignols dans leur vol d’un buisson à l’autre, écoute leur chant sous les cris stridents des cigales et atteint le début du sentier qui descend vers la petite plage. Il s’arrête, le gendarme est encore en poste pour lui barrer la route, comme hier. La découverte du corps inerte de la belle Annwenn sur la plage lui revient en mémoire. Qui pourrait vouloir du mal à la belle Annwenn ? se demande-t-il. Il rebrousse chemin et, d'un pas lent, va joindre la pointe rocheuse où il y avait souvent rencontré la belle Annwenn. Il est raconté qu'une personne l'aurait poussée du haut des falaises parce qu'elle aurait refusé de l'embrasser. Il aimerait bien toucher les lèvres de la belle Annwenn avec les siennes, comme font les amoureux, mais ce n'est plus possible, conclut-il tristement. Arrivé à la pointe rocheuse, en observant la petite plage tout en bas, il réalise que c'est ici même qu'on aurait sans doute précipité la belle Annwenn vers sa mort. Ils partageaient tous deux la même passion pour ce paysage de parois de grès rouge, parsemées de bruyères, et ses récifs acérés sur lesquels se brisent d’énormes vagues. Humant l'air salin des embruns, il observe pendant un moment les taches roses des fleurs des bruyères parmi les buissons verts sur les parois de grès rouge. Il aperçoit alors une jolie plume qui virevolte un peu plus bas, près d’un éperon rocheux. Habile grimpeur, il y descend pour la cueillir et y découvre aussi un bouton, exactement comme ceux de son manteau. Il range la plume avec les autres dans sa poche et réalise deux choses : sa poche de plumes est vide et il lui manque deux boutons. Le cri d’un homme au-dessus de lui le tire de son apathie provoquée par son incompréhension.


– Que fais-tu là, mon garçon ? C’est dangereux, remonte immédiatement.


Il le rejoint sans peine, tout sourire, se présente à l’homme qui lui annonce être monsieur Chavreault, l’enquêteur de l’affaire Annwenn. Il lui demande ce qu’il a trouvé, Erwan lui montre la plume et le bouton, remarque le changement d’attitude sur le visage de l’homme et sans savoir pourquoi, celui-ci le plaque au sol, l’immobilise et lui passe les menottes.


***


À bord d'une voiture de police conduite par un agent, Chavreault ramène Erwan à sa chaumière, menotté et amorphe. Chavreault ne comprend rien au discours de l'adolescent, il bafouille sans cesse à propos des plumes qu’il a perdues. Il veut ainsi éclaircir certains points avec la mère de celui-ci, un pressentiment l’assaille malgré les faits. La voiture s’arrête devant la maison, sa mère et sans doute son frère se présentent sur le seuil. L’homme descend, guide Erwan en lui prenant le bras et remarque, en s’approchant d’eux, le visage livide de la mère et le sourire en coin du frère.


– Madame, je suis peiné de vous annoncer que votre fils, Erwan, est accusé du meurtre d’Annwenn, leur déclare-t-il et poursuit sans attendre : nous avons trouvé des preuves compromettantes qui l’inculpent, dont la principale, le bouton recueilli dans la paume serrée de la victime, le même manquant au manteau de votre fils. Je l’ai retrouvé sur les lieux du crime, essayant d’effacer les traces de son méfait. Je suis désolé, madame, j’aurais quelques questions à vous demander pour clarifier la situation, termine-t-il en voyant la mère qui s’effondre, soutenue à temps par son fils aîné.

– Que voulez-vous, mère, c’est ainsi, tente de la consoler l’aîné. Comme l’affirme ce monsieur, Erwan doit être le coupable, il ne l’a sans doute pas fait volontairement, tu sais comment il est parfois maladroit et violent. Ces deux boutons ne mentent pas, ce sont des faits indéniables.

– Excusez-moi, jeune homme, personne n’a fait mention de deux boutons. Ce n’est que tout récemment que j’ai appris qu’il y avait un deuxième bouton. Seuls moi-même et cet agent près de la voiture en sommes au courant.

– Un ou deux boutons, quelle importance ? réplique-t-il nerveusement.


Au même moment, Chavreault remarque le manteau de l’aîné, identique à celui porté par Erwan. Prestement, il s’approche de lui, fouille ses poches et y découvre des plumes dans l’une d’elles. Brieg le repousse et tente de s’enfuir, mais l'agent l’attrape au collet et l’immobilise. Brieg avait échangé son manteau avec celui d'Erwan.


 
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   Jemabi   
3/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le dénouement rappelle ceux des enquêtes de l'inspecteur Colombo, lorsque le coupable est piégé par un mot de trop qui l'accuse inexorablement. On ne doute pas un instant que le gentil Erwan soit innocent du crime dont la police l'accuse, d'ailleurs c'est un "innocent", comme on appelle les simples d'esprit qui vivent dans un monde à eux où toute violence est absente. Le reste, le travail à la ferme, sa relation avec sa mère, ses escapades, l'atmosphère générale et sa passion pour les plumes, est joliment raconté. Un récit qui se laisse lire avec plaisir.

   jeanphi   
17/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Je suis moi même très enthousiasmé par cette lecture, c'est joliment écrit. Vous amenez quelque chose d'authentique par vos choix lexicaux. Histoire rustique dont je recevrais avec envie le second volet, un procès qui revient sur la genèse ou une sortie de prison en règlement de compte.
Votre écriture se prêterait à livrer des chapitres de roman.

   Corto   
17/8/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Voici une gentille nouvelle sur un sujet plutôt simple. L'histoire n'est pas compliquée, le dénouement se perçoit aisément.

Malheureusement certaines formulations semblent bien curieuses, mais quand on constate que l'auteur est Québécois on lui pardonne bien volontiers...
Ainsi "Il pige deux biscuits de sarrasin" parait exotique, de même pour "une chaudière de lait".
Par ailleurs le verbe de: "la seule bonne chose qu’il a faite" est fautif sauf s'il s'agit d'évoquer un parler populaire et les 4 ou 5 répétitions de "la belle Annwenn" dans le même paragraphe auraient dû être évitées.
Plus loin "quelques questions à vous demander" semble inhabituel puisqu'on dit plutôt: des "questions à vous poser".

Au total l'histoire n'est pas inintéressante mais un peu trop simple, la trame aurait mérité un meilleur développement.

Merci pour cette lecture.

   cherbiacuespe   
18/8/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
Écrire dans le genre policier n'est pas une sinécure, loin s'en faut et j'en sais quelque chose pour m'y être souvent frotté, sans résultats probant.

L'écriture doit être précise et soignée, sinon elle engendre des confusions, on lit sans vraiment se mettre dans l'histoire. Je vois trop d'approximation dans ce texte, malgré un effort pour installer l'ambiance. Le fond, pour ce type d'histoire, est de prendre son temps avant d'arriver au dénouement. Il faut caler le suspens, choisir une cible pour le déroulé. Le lecteur doit se poser des questions, se sentir dans la peau d'un des acteurs, ou de tous, au choix. Ici, la conclusion est trop rapide, trop vite tombée du ciel. Mon impression générale est d'être devant le premier jet d'une histoire qui demande encore du travail. C'est dommage.

   Cyrill   
20/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Salut Vilmon,
j’ai trouvé l’enquête un peu trop simple, il ne faut pas grand-chose à l’inspecteur pour avoir des certitudes. On devine aisément comment l’histoire va se retourner : un classique du genre.
Je remarque une grosse ficelle dans le dialogue de début destinée uniquement à renseigner le lecteur : «  Ton grand-frère Brieg... », car Erwan sait fort bien que Brieg est son grand-frère.
Plus loin, je suppose que les répétitions de «  la belle Annwenn » sont voulues, sensément pour indiquer combien Erwan est admiratif, mais ça passe difficilement.
Une tournure fautive à mon avis : « … Erwan lui montre la plume et le bouton, remarque le changement d’attitude sur le visage de l’homme et sans savoir pourquoi, celui-ci le plaque au sol ... » : exprimé ainsi, on a l’impression que c’est Chavreault qui ne sait pas pourquoi il le plaque au sol. «  sans qu’il ( Erwan ) sache pourquoi » aurait mieux convenu.
Je remarque que le récit est bien documenté et j’aime bien la description de la ruralité, de la vie à la ferme. Dommage que l’intrigue tienne si peu la route et en tout cas pas trop en haleine le lecteur.
Merci pour le partage.

   Vilmon   
23/8/2023
Bonjour,

Pour les explications et remerciements, c'est ICI

Vilmon


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